Les Mamelle de Tirésias

visuel Tirésias

En mai nous accueillons la création en résidence des MAMELLES DE TIRÉSIAS d’après le drame surréaliste de Guillaume Apollinaire dans une mise en scène d’Ellen Hammer, grande femme de théâtre allemande dramaturge de Klaus Michael Grüber et Robert Wilson, en collaboration avec Jean-Baptiste Sastre.


HORS LES MURS :
Emmaüs Paris – Caserne de Reuilly, Paris 12
lundi 11 mai à 20h30 

AU STUDIO-THÉÂTRE DE VITRY :
mardi 12 mai à 20h30
mercredi 13 mai à 20h30 

AU THÉÂTRE GARONNE À TOULOUSE :
vendredi 9 Octobre 2015 à 20h30
samedi 10 Octobre 2015 à 20h30
lundi 12 Octobre 2015 à 20h
mardi 13 Octobre 2015 à 20h

AU THÉÂTRE L’AVANT-SEINE À COLOMBE :
vendredi 20 novembre 2015 à 20h30

LES MAMELLES DE TIRÉSIAS

d’après le drame surréaliste de Guillaume Apollinaire (écrit en 1903-1915-1917)

mise en scène Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre
lumière et scénographie Dominique Borrini
costumes Soraya Mangin
réalisation des costumes Kenny André avec la collaboration des Communautés Emmaüs Paris et Emmaüs Neuilly-Plaisance
réalisation décor Casimir – Compagnon Emmaüs de Neuilly-Plaisance

avec
Hiam Abbass
Éric Blakoski 
– Compagnon Emmaüs Paris
Bass Dhem
Catherine Germain- Le clown Arletti
Jean-Baptiste Sastre

production déléguée Théâtre Garonne, scène européenne – Toulouse
coproduction Studio-Théâtre de Vitry, Centre National de Création et de Diffusion Culturelles de Châteauvallon, Les Théâtres de la ville de LuxembourgLa Comète / Scène Nationale de Châlons-en-Champagne, Le Bois de l’Aune / Aix-en-Provence, les Communautés Emmaüs Paris et Emmaüs Neuilly Avenir
avec l’aide du Centre National de Création et de diffusion Culturelles de Châteauvallon et du Studio-Théâtre de Vitry dans le cadre de résidences de création, avec le soutien de l’Avant Seine / Théâtre de Colombes

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Suite au projet Phèdre les oiseaux texte de Fréderic Boyer, mise en scène par Jean-Baptiste Sastre, que j’ai accompagné pendant deux ans avec les compagnons d’Emmaüs en France, nous avons souhaité prolonger cette aventure avec Les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire.
En effet deux ans avant le début du travail sur Phèdre, Jean-Baptiste Sastre avait travaillé avec des compagnes et des compagnons ainsi que des responsables dans les différentes communautés d’Emmaüs en France pour constituer un chœur. Puis Phèdre s’est étendue dans le monde : à Berlin avec un chœur de sans-abri, à Los Angeles avec les enfants des rues de Venice Beach, en Palestine avec des jeunes du Camp de Réfugiés, Balata, ainsi qu’en Israël.

Les compagnes et les compagnons se sont révélés des interprètes magnifiques.
Ils se sont emparés du texte avec force et dignité. Cette aventure a tissé des liens forts, plus précisément elle a instauré des rapports d’amitié, de confiance et de fidélité.

Quand ce nouveau projet a mûri chez Hiam Abbass, Jean-Baptiste Sastre, et moi-même, l’idée de poursuivre notre compagnonnage avec Emmaüs nous semblait évidente et nécessaire. De plus, nous avons souhaité faire une première présentation dans la salle des ventes d’Emmaüs Paris «Caserne de Reuilly». Un lieu où tout se mélange, les visages, les corps, les accents, les langues, les objets cassés, jetés, à l’image de l’univers poétique de la pièce d’Apollinaire.

Les Mamelles de Tirésias « nous montre une femme nommée Thérèse, qui quitte le domaine conjugal. La révolte de Thérèse est déclenchée par la présence pesante d’un mari autoritaire qui n’a d’autre conversation que la phrase «Donnez-moi du lard»: animal primaire, il ne veut que nourriture et progéniture. Après l’avoir quitté, Thérèse adopte une identité masculine, afin de conquérir des postes de pouvoir militaire, social et politique. Le mari, de son côté, profite de son absence pour laisser s’épanouir la dimension féminine de sa nature… Il adopte très volontiers le rôle maternel et miraculeusement, en un seul jour, donne naissance à 49051 enfants » (Peter Read, Les Mamelles de Tirésias, Presse universitaire de Rennes).

Le texte d’Apollinaire conte la complexité de nos sociétés contemporaines, leurs détresses, leurs normes, leurs déchirures, leurs joies, leurs métamorphoses, leurs lâchetés…
Il ne s’agit pas de choisir ou d’indiquer, mais plutôt d’avoir la liberté de penser le rapport à soi et donc à l’autre. Personne n’est sauvé et personne n’est perdu tout à fait.

Ellen Hammer

Je me souviens de mon enfance
Eau qui dormait dans un verre
Avant les tempêtes l’espérance
Je me souviens de mon enfance

Je songe aux métamorphoses
Qui s’épanouissent dans un verre
Comme l’espoir et la tristesse
Je songe aux métamorphoses

C’est ma destinée que je lis
Dans les reflets incertains
Les jeux sont faits rien ne va plus
C’est ma destinée que je lis

Guillaume Apollinaire
Le Guetteur mélancolique


Ellen Hammer est née à Munich, où elle a étudié la littérature et l’histoire du théâtre.
De 1970 à 1978 elle est assistante à la mise en scène et dramaturge (Schaubühne de Berlin) avec Peter Stein et Klaus Michael Grüber.
Depuis son départ de la Schaubühne elle a régulièrement travaillé en tant que collaboratrice de Klaus Michael Grüber dans la plupart de ses mises en scènes en Europe. Mise en scène d’opéra : Tannhäuser de Richard Wagner (Maggio Musicale di Fiorentino, 1983), Elektra de Richard Strauss (Théâtre de San Carlo à Naples, La Fenice à Venise et Teatro Real à Madrid, 1988), Parsifal de Richard Wagner (Opéra d’Amsterdam, 1990), De La Maison des Morts de Leoš Janáček (Festival de Salzburg, 1992), Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi (Festival Provence, 1999), Othello et Aida de Giuseppe Verdi (Opéra d’Amsterdam, 2000), Le Retour d’Ulysse de C. Monteverdi (Opéra de Zurich, 2003). Mises en Scène de théâtre : Empédocle de Friedrich Hölderlin (Schaubühne de Berlin et Maison de la Culture de Nanterre dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, 1976), Sur La Grande Route de Anton Tchekhov, (Schaubühne de Berlin et Festival d’Automne à Paris, 1984), Bérénice de Jean Racine (Comédie Française, 1984), Le Roi Lear de William Shakespeare (Schaubühne de Berlin et Théâtre National de Chaillot dans le cadre du Festival d’Automne, 1985), Le Récit de la Servante Zerline de Hermann Broch (Théâtre des Bouffes du Nord dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, 1986), La Mort de Danton de Georg Büchner (Théâtre des Amandiers Nanterre dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, 1989), Voyage d’Hiver extraits du livre Hypérion de Friedrich Hölderlin (Stade Olympique de Berlin, 1991), Splendid’s de Jean Genet (Piccolo Teatro de Milan, Schaubühne de Berlin, Théâtre National de l’Odéon Paris dans le cadre du Festival d‘Automne, 1994), Roberto Zucco de Bernard Marie Koltès (AKademie Theater Vienne, 2002),OEdipe à Colonnes de Sophocle (Burgtheater Vienne, 2003).
Elle travaille également depuis 1987 comme dramaturge de Robert Wilson : Alceste de Heiner Müller et d’après Euripide (Théâtre de Stuttgart, 1987), Le Martyre de Saint Sébastien ballet de Claude Debussy (MC93 de Bobigny, Opéra Garnier, 1988), La Nuit d’Avant Le Jour de Massenet, Berlioz, Meyerbeer, Bizet, etc.. à l’occasion de l’inauguration de l’Opéra Bastille, 1989), Le Roi Lear de William Shakespeare (Schauspielhaus Francfort, 1990), Le Chant du Cygne de Anton Tchekhov (Tokyo, 1991), La Flute Enchantée de W.A. Mozart (Opéra Bastille 1991), Les Fables de La Fontaine (Comédie Française 2004), La Passion selon St Jean de J.S. Bach (Théâtre du Châtelet à Paris en 2008), Les Nègres de Jean Genet (Théâtre de l’Odéon, 2014/2015), Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi (Opéra Garnier, 2014/2015).
Elle collabore avec Jean-Baptiste Sastre sur les projets Richard II de William Shakespeare (Cours d’Honneur du palais des Papes à Avignon en 2010), Phèdre Les Oiseaux de Frédéric Boyer (France/Allemagne/Italie/USA/Palestine/Israël en 2011/2012/2013).
Elle signe de nombreuses mises en scène: Aus der Fremde d’Ernst Jandl (Schaubühne Berlin, 1980), Quartett et Philoctète de Heiner Müller (Théâtre de Bonn, 1982), Le Misanthrope de Molière (Théâtre de Bonn, 1983), l’Inconnue d’après Horváth (Piccolo Teatro de Milan, 1992), Les Bâtisseurs d’Empires d’Albert Camus (Théâtre de Francfort, 1991), Le Sicilien ou L’amour est un Peintre de Molière (Francfort), Caligula d’Albert Camus et Richard II de Shakespeare (Graz), La Traviata de Guiseppe Verdi (Opéra de Lyon, 2009).

Hiam Abbass est née à Nazareth en 1960. Elle suit des cours de théâtre durant toute sa scolarité. Étudie en parallèle la photographie à WIZO Institut à Haïfa de 1978 à 1980. De 1980 à 1982 elle continue d’étudier la photographie, mais aussi le journalisme ainsi que l’archéologie. De 1982 à 1986 elle programme le Théâtre « El Hakawati » à Jérusalem Est. Son travail de comédienne lui fait parcourir l’Europe. Tournées en France, Espagne, Angleterre, Suède, Danemark, Finlande, Allemagne, Pays Bas, Belgique, Autriche, Italie. De 1986 à 1988 elle est actrice au théâtre « Beit Al Karma » à Haïfa dans des spectacles pour enfants. Départ en 1988 pour Londres puis Paris. Au théâtre notamment dans La Nuit Miraculeuse d’Hélène Cixous, mise en Scène d’Ariane Mnouchkine en 1989, en 1993 Carmen de Bizet, mise en Scène de Jose-Luis Gomez à l’Opéra de Paris. En 2012 participe au projet Phèdre Les Oiseaux de Fréderic Boyer, Mise en Scène de Jean-Baptiste Sastre.
Au cinéma elle joue dans de nombreux films. Haïfade Rachid Mashharawi (Palestine 1995), Le Gone du Chaaba de Christophe Ruggia (France 1995), Vivre au Paradis de Bourlem Guerdjou (France 1998), Ali, Rabiaa et les Autres d’Ahmed Boulane (Maroc 1999), L’ange du Goudron de Denis Chouinard (Canada 2001), Satin Rouge de Raja Amari (France/Tunisie 2002) Aime ton Père de Jacob Berger (France 2002), La Porte du Soleil de Yousry Nasrallah (France/Syrie/Liban 2003), La Fiancée Syrienne d’Eran Riklis (Israël 2004), Paradise Now de Hani Abu Asaad (Palestine 2004), Le Démon de Midi de Marie-Pascale Osterrieth (France 2004), Free Zone d’Amos Gitaï (Israël 2005), The Nativity Story de Catherine Hardwicke (USA 2006), Dialogue Avec Mon Jardinier de Jean Becker (France 2007), The Visitor de Thomas McCarthy (USA 2007), Désengagement d’Amos Gitaï (Israël/Allemagne 2007), Les Citronniers d’Eran Riklis (Israël 2008), Un Roman Policier de Stéphanie Duvivier (France 2008), La Fabrique des Sentiments de Jean-Marc Moutout (France 2007), L’Aube du Monde de Abbas Fahdel (France/Iraq 2008), Kandisha de Jérôme Cohen-Olivar (Maroc 2008), Grenades et myrrhe de Najwa Najjar (Palestine 2008), Amreeka de Cherien Dabis (USA 2009), The Limits Of Control de Jim Jarmusch (USA/Espagne 2009), Persecutions de Patrice Chereau (France 2009), Chaque Jour est une Fête de Dima El-Horr (Liban 2009), Intégrations Ordinaires de Julien Sicard (France 2009), Miral de Julian Schnabel (USA/France/Palestine 2010), I am Slave de Gabriel Range (Angleterre 2010), Les Jeux des Nuages et de la Pluie de Benjamin de Lajarte (France 2011), Une Bouteille à la mer de Thierry Binisti (France/Palestine 2011), La Source des Femmes de Radu Mihaileanu (France/Maroc 2011), Le Sac de Farine de Kadija Lecrere (Belgique/Maroc 2012), Rock The Casbah de Laïla Marrakchi (France/Maroc 2013), May In The Summer de Cherien Dabis (USA/Jordanie 2013), Only In New York de Ghazi Albuliwi (USA 2013), De Guerre Lasse d’Olivier Panchot (France 2014), Exodus de Ridley Scott (USA/ Angleterre/Espagne 2014), Le Gout Des Merveilles d’Éric Besnard (France 2015), Degradee d’Arab et Tarzan Nasser (Palestine 2015).
Elle réalise Le Pain (court-métrage France 2000), La Danse Éternelle (cour-métrage France 2003), Héritage (long-métrage France/Palestine/Israël 2011), Tournée « Phèdre Les Oiseaux » (documentaire Palestine, Israël 2013), Le Donne Della Vucciria (court-métrage Sicile/Italie 2013). En montage d’un Documentaire autour de Phèdre Les Oiseaux dans les différents pays elle termine l’écriture d’un nouveau long-métrage.

Catherine Germain est née en Touraine dans une famille de paysans.
Après trois années passées à La Rue Blanche (ENSATT), elle rencontre François Cervantes en 1986 l’année où il crée la compagnie L’entreprise. Depuis cette date, elle collabore et joue dans la plupart des créations de la compagnie. Bars, Le venin des histoires, La curiosité des anges, On a marché sur la terre, Quelques jours avant l’équinoxe de printemps, Masques, Le sixième jour, L’épopée de Gilgamesh, Le voyage de Penazar, Le retour de Penazar à Bali, Les Nô européens, Le concert, Voisin, Les clowns, Une île, Le dernier quatuor d’un homme sourd, Un amour.
Sa collaboration avec François Cervantes tout au long de ces années a donné lieu à une recherche approfondie sur le travail de l’acteur, notamment dans le domaine du clown – création du clown Arletti dès 1988 dans La curiosité des anges et du masque. Son travail s’est axé autour de l’écriture de François Cervantes. Depuis 2006, elle propose des « veillées masque » soirées d’improvisation avec des masques. Elle enseigne pendant plusieurs années au CNAC, Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne, dirige des stages et ateliers pour comédiens professionnels ou public amateur, en France et à l’étranger (Inde, Java, Bali, Océan Indien, Norvège), elle dispense son enseignement également dans le cadre d’écoles, conservatoires (Conservatoire d’Avignon, ERAC)
En 2001 et 2004, elle travaille comme récitante avec les musiciens de l’Orchestre du Louvre de Grenoble sous la direction de Mirella Giardelli.
Elle joue en 2005 dans la pièce Plus loin que loin de Zinnie Harris, mise en scène par Pierre Foviau, artiste associé à la scène nationale de Dunkerque. Invitée par le danseur chorégraphe Thierry Thieû Niang en octobre 2007, elle participe à une Carte blanche au Théâtre des Salins à Martigues. De cette rencontre naîtra le désir d’aller au plateau ensemble : ils créent Un amour pour lequel ils invitent quatre metteurs en scène, quatre regards : François Cervantes, Patrice Chéreau, Laurent Fréchuret et François Rancillac (2009). En 2008, elle crée Médée sous la direction de Laurent Fréchuret, directeur du Centre Dramatique National de Sartrouville, texte d’Euripide dans une traduction de Florence Dupont.
Catherine Germain rencontre l’écriture à l’occasion du travail sur le masque. Elle écrit avec François Cervantes Le clown Arletti, vingt ans de ravissement, co-édité par les Éditions Maison et les éditions Magellan & Cie, 2009 : ce livre témoigne de la collaboration insolite entre un auteur et une actrice.

Jean-Baptiste Sastre Ancien élève du Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique (classes de Philippe Adrien, Jean-Pierre Vincent, Daniel Mesguich 1988-1992). En 2005, il est lauréat de la Villa Médicis hors les murs du Ministère des Affaires Etrangères à Londres, pour son projet d’études sur le théâtre élisabéthain.
Il interprète Ernesto dans La Pluie d’été de Marguerite Duras dans une mise en scène d’Éric Vigner en 1993, Hippolyte dans Phèdre Les Oiseaux de Fréderic Boyer (Version Française) en 2012/2013.
Il signe de nombreuses mises en scène dont Histoire Vécue du Rois Toto d’après des textes d’Antonin Artaud au Théâtre de la Bastille en 1995, Haute Surveillance de Jean Genet au Théâtre de La Bastille en 1997 puis en tournée à Strasbourg, L’affaire De La Rue de Lourcine d’Eugène Labiche au Théâtre des Amandiers de Nanterre puis en tournée à Chambéry et Brest, Tamerlan le Grand de Christopher Marlowe au Théâtre National de Chaillot en 2001puis en tournée à Hérouville et Mulhouse, Les Paravents de Jean Genet au Théâtre National de Chaillot en 2004 puis en tournée à Dijon, La Surprise de l’amour de Marivaux au Théâtre National de Chaillot en 2005 puis en tournée au Luxembourg et en Belgique, Léonce et Lena de Georg Büchner au Théâtre National de Chaillot en 2007, Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche au Théâtre National de Chaillot en 2007 puis en tournée à Amiens, Toulouse, Reims et Brest, La Ballade du Vieux Marin de Samuel Taylor Coleridge au Théâtre National de Chaillot en 2008 puis en tournée à Madrid, Richard II de William Shakespeare représenté dans La Cour d’honneur du Palais des Papes lors du Festival d’Avignon en 2010, puis en tournée à Châteauvallon, Lorient, Valenciennes, Clermont-Ferrand, Marseille, Amiens, Liège (Belgique), Nîmes, Les Gémeaux, St Quentin en Yvelines et Chalon-sur-Saône. Il prépare le chœur de Phèdre Les Oiseaux de Fréderic Boyer en 2011/2012 en France : Compagnons d’Emmaüs, Rédéné, Vannes, Nantes, St Brieuc, Paris, Neuilly Plaisance, Toulouse, Marseille, La Seyne sur Mer, Nice, Arles, Courthézon ; à Berlin : Straßenchor de Berlin, choeur des sans-abris de la ville de Berlin ; à Los Angeles : communauté de Venice Beach, choeur des enfants de la rue de Los Angeles ; à New York : Haïtian- Americans In Action (HAIA) ; en Italie : Compagnons d’Emmaüs d’Erba ; en Palestine : Enfants du Camp de Refugiés de Balatah, Naplouse ; en Israël : Enfants des villages de Galilée, Centre des Sourds et Muets. La mise en scène de Phèdre Les Oiseaux de Jean-Baptiste Sastre part en tournée en 2012 et 2013 en France (Lorient, Châteauvallon, IMA/Paris, Toulouse, Nantes, Marseille et Aix en Provence, dans le cadre de Marseille-Provence 2013-Capitale Européenne de la Culture), en Allemagne (Berlin), en Italie (Milan), en Suisse (Lugano), aux USA (Los Angeles, New York), en Palestine/Israël (Naplouse, Ramallah, Nazareth, Haïfa et Jérusalem).
Des liens majeurs se tisseront sur ce dernier projet ; en effet de nombreux participants se retrouvent sur Les Mamelles de Tirésias mis en scène par Ellen Hammer, dans lequel il interprète le rôle du mari et est étroit collaborateur artistique.

Bass Dhem est né au Sénégal. Dès l’age de 10 ans il fait du cinéma Ombres Chinoises en reprenant des histoires entendues à la radio sénégalaise. Dans la famille, chez les Peuls, on n’aime pas le théâtre, mais il persiste dans cette voie et intègre le cours Simon à Paris de 1978 à 1980. La vie d’artiste, la bohème, les petits boulots et enfin… des rencontres. Une rencontre importante avec Youssoupha John, professeur aux Beaux-Arts de Dakar. De leurs échanges fructueux, ils montent à Paris Chaka et les poètes de la diaspora. Bass Dhem fréquente de nombreux ateliers notamment avec Ariane Mnouchkine, Daniel Mesguich, Andrzej Seweryn. Au théâtre, il joue Yago dans Othello de William Shakespeare, mise en scène de Mahmoud Shahali, travaille avec Alfredo Arias, dans une pièce de Copi, mais aussi avec Moïse Touré, Gabriel Garan. Il entre en résidence en Guyane avec la Compagnie KS and CO, pour la création de La route de Zakes Mda et Kaïdara d’Amadou Hampâté Bâ, sous la direction d’Evelyne Guillaume. En 2014, il est choisi par Bob Wilson pour interpréter Monsieur Diouf dans Les Nègres de Jean Genet à l’Odéon. Au cinéma, il tourne avec Claude Berri, Bertrand Blier, Alain Gomis, Cédric Klapisch, Christine Pascal, Jacques Audiard, Mathieu Vadepied…. Acteur, musicien, peintre, Bass Dhem interprète dans Les Mamelles de Tirésias le rôle de Lacouf et Le Fils.

Éric Blakoski est compagnon d’Emmaüs depuis 2002. Il a collaboré comme comédien avec les compagnons d’Emmaüs sur le spectacle Phèdre les oiseaux de Fréderic Boyer, mis en scène par Jean-Baptiste Sastre. Il interprète le rôle du gendarme dans Les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire.
Il est coordinateur d’Emmaüs pour ce spectacle.


Une page facebook est spécialement consacrée au projet Les Mamelles de Tirésias

Concert du festival d’automne

REPETITION AU COLLEGE JEAN PHILIPPE RAMEAU -

En 2008 nous avions accueilli un premier concert du Festival d’Automne avec l’ensemble L’Instant Donné, entièrement consacré alors à l’œuvre de Gérard Pesson qui fut longtemps directeur du conservatoire de Vitry. Nous avons retrouvé L’Instant Donné en 2012 pour les répétitions de Criss-Cross, œuvre commandée par le Festival d’Automne à Benedict Mason, avec quarante élèves du Conservatoire de Vitry. C’est à nouveau L’Instant Donné qui créera cette année AMBIDEXTRE de Pierre-Yves Macé, composé pour les trente-deux élèves du Collège Jean-Philippe Rameau de Versailles. Placé sous le signe du jeu et du son, ce concert mettra en regard des œuvres du répertoire (classique et  XXe siècle) et cette nouvelle création prenant pour toile de fond le mythe de Billy the Kid.


samedi 6 décembre 2014 à 16h et 19h*  

* (NAVETTE RETOUR au départ du Studio-Théâtre direction Châtelet)

concert du Festival d’Automne à Paris

AMBIDEXTRE / PIERRE-YVES MACÉ (création)
& STRAVINSKY / BERIO / BACH / PESSON

Igor Stravinsky Trois pièces pour clarinette
Luciano Berio extraits des 34 Duetti pour violons
Johann-Sebastian Bach Chaconne de la Deuxième Partita pour violon
Gérard Pesson Nebenstück, filtrage de la Ballade Opus 10 n°4 de Brahms pour clarinette et quatuor à cordes
Pierre-Yves Macé Ambidextre pour chœur d’enfants, alto et violoncelle – commande du Festival d’Automne à Paris

avec
l’ensemble L’Instant Donné
le Chœur d’enfants Jean-Philippe Rameau de Versailles, direction Christophe Junivart

production Festival d’Automne à Paris, coréalisation Studio-Théâtre de Vitry, avec le concours de la Sacem

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Pierre-Yves Macé a été invité à créer une œuvre pour chœur d’enfant – cette œuvre intitulée AMBIDEXTRE s’inspire d’un texte de Julien d’Abrigeon sur Billy The Kid le mythique hors la loi américain. La légende a toujours voulu que Billy the Kid ait pour surnom « le gaucher », du fait que la seule photographie parue fut certainement tirée à l’envers au moment de son impression et inversa ainsi la position des mains. De cette unique photographie est née la légende de ce jeune homme qui a inspiré des écrits et de nombreux films.

À partir d’un texte de Julien d’Abrigeon (« Pas Billy the Kid », éditions Al Dante, 2005), AMBIDEXTRE narre et déconstruit l’histoire du célèbre Billy the kid, très jeune hors-la-loi américain devenu une véritable icône de la culture pop. Alternant moments de récit, ritournelles, documents, avec un souci du contraste, l’écriture pour voix fera la part belle aux répétitions de mots, jonglera avec le son et le sens. La question longtemps débattue de savoir si Billy the Kid était droitier ou gaucher alimentera ici un jeu stéréophonique sur la droite et la gauche.
Les enfants seront invités à accompagner leur chant de percussions diverses, qui rythmeront la parole et charrieront l’imaginaire du grand Ouest. Placé en stéréophonie face au chœur, un duo violon alto/violoncelle jouera le rôle de soutien instrumental, amenant la composition vers une plus grande complexité.

Pierre-Yves Macé

Concert 2

ENTRETIEN AVEC PIERRE-YVES MACÉ

Ambidextre a été composée “d’après un texte de Julien d’Abrigeon”, Pas Billy the Kid. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Je voulais contourner cette dimension angélique que l’on rattache trop souvent au chœur d’enfants. Je cherchais une image de l’enfance plus âpre, mais aussi plus ludique. C’est pourquoi la figure de Billy the Kid m’a tout de suite intéressé par son ambiguïté. Pas Billy the Kid est une sorte de faux roman – son auteur le qualifie de “roman avorté”. C’est un agencement de fragments textuels, avec des jeux de mises en pages, des éléments qui se répondent, et énormément de références pop, à la musique et au cinéma : un texte très profus, et souvent très drôle, qui “tourne autour” de la figure de Billy the Kid, mais en négatif, en quelque sorte. Avec l’autorisation de l’auteur, je me suis livré à tout un travail de sélection, de réécriture, de recomposition du texte, de manière à obtenir le “livret” d’une espèce de western sonore. C’était un vrai défi car ce n’est pas une langue qui se prête spontanément au chant : contrairement aux autres œuvres de d’Abrigeon qui relèvent plutôt de la “poésie sonore”, c’est un texte graphique, écrit, qui n’est pas, à l’origine, destiné à être performé. Je ne voulais pas d’un texte “prêt à être chanté”.

Pourquoi ce titre d’Ambidextre ?
On a longtemps prétendu que Billy the Kid était gaucher, parce que sur l’unique photo dont on disposait de lui, on le voyait porter son holster du côté gauche. Jusqu’à ce que l’on se rende compte qu’il y avait une inversion du tirage photographique… Parce que l’on ne sait plus vraiment s’il est gaucher ou droitier, Billy the Kid deviendrait ambidextre : de cette idée, qui revient à plusieurs reprises dans le livre, a découlé celle de diviser le chœur en deux, en créant un vrai jeu de stéréophonie entre ses deux parties. Mais aussi de jouer sur les notions d’“endroit” et d’“envers” : dans Song Recycle, on trouvait déjà des voix passées à l’envers, et c’est un procédé que j’ai repris dans Ambidextre, sur certains mots ou passages…
Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant l’histoire de Billy the Kid lui-même que l’histoire de sa postérité. La pièce commence ainsi par la mort du Kid, parce que la mort de l’individu marque l’acte de naissance du mythe. Plus elle avance, plus le thème de l’émancipation, déjà très important dans le livre, se fait présent. Pour Julien d’Abrigeon, l’évasion de Billy the Kid, peu de temps avant sa mort, marque le moment où il s’émancipe du mythe que l’on a créé autour de lui. J’aime l’idée que la pièce s’arrête là- dessus, sur ce geste de l’évasion et de l’émancipation, plutôt que sur la mort du Kid. Les derniers moments devraient ainsi correspondre à un éclatement total du chœur, dont chaque membre s’émanciperait, serait livré à lui-même, et libre par rapport aux autres…

Si vous avez souvent travaillé autour de la voix soliste, Ambidextre est votre première œuvre chorale…
Oui, et c’est ce qui m’a intéressé d’abord : la possibilité de créer des effets de masse avec la voix et la nécessité de limiter mon écriture à des idées simples productrice de résultats riches. Je me suis intéressé notamment à ce qu’avaient pu faire les musiciens expérimentaux américains ou anglais des années 1960. Si l’on prend par exemple The Great Learning de Cornelius Cardew, écrit pour un chœur amateur, on voit que des instructions assez simples peuvent produire des résultats très riches, mais qu’en même temps, il y a toujours une certaine “invariabilité” dans les réactions du chanteur amateur par rapport à ce qu’il entend (certaines règles se reproduisent : il aura tendance ainsi à chanter une note proche de celle qu’il entend). De la même manière, certains passages d’Ambidextre reposent sur des “jeux” qui autorisent une certaine liberté : “Répéter autant de fois que souhaité cette figure”, “Attendre qu’Untel ait chanté ci pour faire ça”, etc. Souvent les hauteurs sont libres, mais le contexte tonal implicite ne manque pas de les orienter. Si le violoncelle et l’alto jouent en do majeur, il sera difficile de chanter spontanément un do dièse, par exemple. J’ai également beaucoup morcelé l’effectif du chœur : les enfants chantent rarement tous ensemble, mais plutôt par petits groupes très éclatés, ou alors à deux, trois ou quatre.

Pourquoi ce choix de leur adjoindre deux instruments, l’alto et le violoncelle ?
Je voulais un duo pour que chaque groupe stéréophonique ait “son” instrument. Il s’agissait bien évidemment d’évoquer le western, mais pas de façon trop directe. Le violoncelle et l’alto offrent une grande plasticité instrumentale : l’alto peut évoquer le violon populaire, le fiddle (souvent joué en doubles cordes) et ce sont deux instruments que je pouvais amener, via divers types de jeu (pizzicatos, bottleneck), vers la guitare ou le banjo. Cet effectif est complété par une multitude d’accessoires joués par les enfants eux-mêmes et qui forment toute une “panoplie” du western et de la musique folk : harmonicas, sifflet de train, washboard… J’aimerais que ma pièce porte la trace, aussi décharnée et “spectrale” soit-elle, de la tradition musicale populaire américaine. C’est une musique que j’écoute beaucoup ces temps-ci, notamment grâce à cette mine d’or qu’est l’Anthology of American Folk Music (1952) de Harry Smith. Dans cette anthologie, il y a beaucoup de ballades qui me touchent notamment par leur caractère prosaïque : à travers l’histoire d’un personnage, elles parlent très simplement de la situation politique et sociale de l’Amérique.

Pouvez-vous revenir sur votre participation au projet de L’Encylopédie de la parole, qui semble avoir exercé une influence déterminante sur votre manière de travailler avec la voix ?
Le projet est né en 2007, aux Laboratoires d’Aubervilliers, à l’initiative d’un collectif d’artistes pluridisciplinaires désireux de travailler sur la parole enregistrée. L’idée était de rapprocher, sur un plan formel, des paroles qui, en termes de contenu, sont totalement étrangères ou hétérogènes. J’ai commencé par faire des pièces sonores qui mettent au jour ces transversalités au moyen du montage. Puis sont apparues plusieurs formes dérivées : des installations sonores d’un côté et de l’autre des formes plus performatives avec un projet comme Parlement (dans lequel je n’étais pas impliqué) et la Chorale de l’Encyclopédie. Pour cette “chorale parlée”, on choisissait un document sonore dans le corpus et on l’interprétait comme si c’était une pièce de musique. La partition n’était pas notée solfégiquement, mais il y avait quand même des indications de hauteurs relatives, des indications de départ pour le chef… Le fait d’avoir dirigé cette chorale m’aide aujourd’hui à envisager la parole comme un élément musical à part entière – il y a beaucoup de voix parlée dans Ambidextre. Autant que mes collaborations dans le domaine de la danse ou du théâtre, L’Encyclopédie de la parole m’a amené à m’intéresser de plus en plus à la dimension visuelle et théâtrale de la présentation scénique. Le simple fait de placer un haut-parleur sur une scène n’est pas innocent. C’est là que j’ai appris l’importance du haut-parleur, qui est devenu une évidence dans mon travail, où il a très souvent une présence scénique.

Si votre musique vocale, à l’image d’ailleurs de toute votre œuvre, peut être dite “contemporaine”, c’est peut-être avant tout au sens où elle est provient de l’ère de la musique enregistrée : que l’on songe à tous vos travaux sur la voix enregistrée et sur le document sonore, mais aussi à la manière dont vous utilisez, fût-ce en les transposant à la voix comme aux instruments, les artifices électroniques de la production de studio. L’une des singularités de votre parcours est ainsi d’avoir composé de la musique spécifiquement destinée au disque…
Après Song Recital – commandée par le Festival d’Automne 2012 –, Ambidextre est ma seconde pièce sans électronique destinée au concert. Il est vrai que je viens du travail du studio et que je m’oriente de plus en plus vers les pièces de concert. Cela n’est pas irréversible, puisque parmi mes projets, il y a celui de refaire un disque “pour le disque”, avec des pièces qui n’existent pas autrement, composées grâce à tous les moyens offerts par le studio. Composer, pour moi, c’est autant écrire des partitions que de réaliser des disques.
Ma façon d’être compositeur, c’est précisément de sortir du cadre : m’ouvrir à d’autres disciplines artistiques, d’autres champs musicaux, cultiver tout ce qu’il y a autour de l’acte même d’écriture. Dans mon cas, jouer avec des musiciens de la scène rock ou électronique, collaborer avec des chorégraphes ou des metteurs en scène, tout cela fait aussi partie de la composition, la nourrit, l’enrichit et la renouvelle. Prenez des compositeurs comme le Néerlandais Dirk Raaijmakers (récemment disparu) ou le Suédois Volker Raabe : ce sont des artistes qui composent aussi bien de la musique instrumentale que des pièces électroacoustiques, qui font des installations sonores… Il semblerait qu’en France, on ait encore du mal à accepter ce type de parcours…

Propos recueillis par David Sanson

Trente-deux enfants menés par Christophe Junivart pour Ambidextre

Les enfants sont assis sagement, les yeux rivés sur les quelques feuillets qu’ils tiennent en main. Ouverte sur la verdure, c’est une salle spacieuse du collège Jean-Philippe Rameau, à Versailles. Ce nom vénérable (celui d’un compositeur que ses contemporains surnommèrent “Euclide-Orphée”), le collège ne l’a nullement usurpé, puisqu’il accueille depuis quelques années ce que l’on appelle des “classes à horaires aménagés musique”. A côté de l’instrument et du solfège qu’ils travaillent assidûment au conservatoire, les élèves complètent leur formation entre ces murs, à travers la pratique du chant choral et l’étude de l’histoire de la musique. En dépit de ce nom vénérable toutefois, l’établissement n’est pas encore sexagénaire, et il a même subi l’an dernier, de la part de l’architecte Bernard Ropa, un lifting contemporain qui l’a transformé en un superbe bâtiment mariant le verre et le vert. Aujourd’hui, dans cette salle de répétition où Simon, Hélène, Faustine, Pablo et les autres (ils sont une trentaine) sont assis sagement – probablement intimidés par la présence d’une caméra chargée d’immortaliser les premiers jours de cette aventure –, c’est à une même collusion temporelle qu’on a l’impression d’assister. Actuellement en classe de 5e, ces enfants tout juste sortis du Gloria de Vivaldi s’apprêtent à participer à la création d’une œuvre nouvelle : les quelques feuillets qu’ils tiennent en main sont en effet extraits de la partition d’Ambidextre, pièce pour chœur et deux instruments (alto et violoncelle) composée par Pierre-Yves Macé au sujet de la figure de Billy The Kid…

“C’est justement l’un des intérêts que je vois dans ce projet : faire découvrir aux enfants d’autres univers – sonores, musicaux, culturels… “ explique Christophe Junivart, le chef de chœur, qui enseigne la musique et le chant choral au collège Rameau depuis près de vingt ans, et s’enthousiasme de cette nouvelle collaboration. “Cette pièce les amène vers beaucoup de choses complètement nouvelles, en termes d’utilisation de la voix (parlée, chantée), de rythme, etc. Des choses qui les surprennent, et par moments les déstabilisent – et c’est chose tout à fait normale, si l’on songe que depuis qu’ils sont petits, leur oreille s’appuie sur la consonance…” Voilà quelques semaines qu’en marge des multiples examens qui s’approchent, les voici immergés dans l’étude de cette partition plus ludique qu’angélique. Ce jour-là, c’est d’un regard tour à tour sceptique et espiègle, toujours curieux, qu’ils écoutent Pierre- Yves Macé, venu en personne leur expliquer les ressorts de sa musique, leur parler aussi de cette figure de Billy The Kid à laquelle il prête une dimension émancipatoire – et dont les petits chanteurs, divisé en deux groupes, vont aujourd’hui épeler le nom légendaire. Un groupe se voit confier les consonnes, l’autre, les voyelles. Ils cherchent la justesse, l’intonation, et puis le dialogue, déjouant la tonalité en un glissando, parfois ponctué d’un “solo de rire” dont Christophe Junivart, habitué à canaliser l’énergie souvent débordante de ses troupes, leur rappelle en souriant qu’il ne figure pas dans la partition.

“J’essaie de les faire sortir du simple “J’aime”/“J’aime pas”. Il faut attendre de l’avoir travaillée, d’avoir vu le résultat sonore une fois que la partition écrite est rendue correctement, pour arriver à s’en faire une idée. Ils sont rentrés dedans maintenant, ils savent dans quoi on est, et ils vont bientôt voir, quand toutes les pièces auront été réunies, quand les musiciens arriveront, vers quoi nous allons. Une fois le travail bien avancé, avec un peu de recul, il nous faudra revenir un peu au sujet : voir à quelle partie de la vie de Billy The Kid correspond tel passage. Il ne faut pas travailler une page pour elle-même, mais toujours en la ramenant à l’histoire, à ce qu’elle raconte. Notre apprentissage se fait de manière relativement traditionnelle – comme on travaillerait le Gloria de Vivaldi, finalement. Il y a beaucoup de difficultés dans cette pièce, mais rien n’est facile à mettre en place quand on veut que cela soit correctement réalisé : on sait bien que même si elle a l’air simple, une partition ne l’est jamais. Ensuite, tout dépend du niveau d’exigence que l’on veut se donner pour obtenir le meilleur des enfants…” On ressent confusément déjà, à l’écoute de ces quelques minutes de musique (l’œuvre en comptera au final une quinzaine), quelque chose de naturel. Peut-être parce qu’à l’image de son titre, Ambidextre, partition à la précision redoutable, convoque une vertu essentielle, qui est justement l’un des privilèges de l’enfance : la souplesse…

Propos recueillis par David Sanson


Pierre-Yves Macé
Née en France en 1980, Pierre-Yves Macé vit et travaille à Paris. Après des études musicales et littéraires, il sort son premier disque Faux-Jumeaux en 2002 sur Tzadik, le label de John Zorn. Suivent Circulations sur Sub Rosa (2005), Crash_test 2 (tensional integrity) sur Orkhestra (2006) et Passagenweg, sur le label Brocoli (2009). Il joue pour les festivals Octobre en Normandie, MIMI, Villette Sonique, Brocoli, Transnumeriques, Santarcan- gelo, Presences Electronique, Akousma… Il collabore avec les musiciens Sylvain Chauveau, That Summer, Louis- ville, les plasticiens Hippolyte Hentgen, Rainier Lericolais, Gaelle Boucand et Clotilde Viannay, les écrivains Mathieu Larnaudie, Philippe Vasset, Christophe Fiat, Joris Lacoste, les chorégraphes Anne Collod et Fabrice Ramalingom. Entre 2007 et 2011, il participe régulièrement aux activités du collectif “l’Encyclopédie de la parole”. Il écrit par ailleurs pour les revues Mouvement, Accents & Accents online, Labyrinthe, La Nouvelle Revue d’esthétique. Soutenu en 2009 a l’Université de Paris 8, son doctorat de musicologie parait aux Presses du réel en 2012 sous le titre Musique et document sonore.
En 2014, il est lauréat de la résidence Hors les murs (Institut Français) pour le projet Contreflux.
www.pierreyvesmace.com

Pierre-Yves Macé au Festival d’Automne à Paris : 2012 Segments et Apostilles / Song Recycle / Song Recital pour ensemble instrumental, piano, voix et bande (Théâtre des Bouffes du Nord / La Scène Watteau)

Ensemble L’Instant Donné
L’Instant Donné est un ensemble instrumental qui se consacre a l’interprétation de la musique de chambre d’aujourd’hui. Dès ses débuts en 2002, le choix d’un fonctionnement collégial et d’une équipe d’interprètes fixes s’impose. Les projets de musique de chambre non dirigée sont privilégiés : jouer sans direction implique un travail différent obligeant à une connaissance plus globale de la partition, à une grande intensité dans l’écoute mutuelle. L’Instant Donné a ainsi su s’imposer au fil des années comme une référence en matière de musique de chambre d’aujourd’hui. L’ensemble est installé a Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le répertoire s’étend des œuvres de la fin du XIXème siècle à nos jours avec, suivant l’inspiration, des incursions vers les époques antérieures (baroque, classique, romantique). Toutefois, la programmation est principalement consacrée aux compositeurs d’aujourd’hui (concerts monographiques consacrés à Frederic Pattar, Stefano Gervasoni, Gerard Pesson, Johannes Schollhorn, parmi d’autres…).
L’Instant Donné est l’invité de nombreux festivals français et étrangers ainsi que des salles de premiers plans (Festival d’Automne à Paris, Agora-IRCAM – Paris, Musica– Strasbourg, Wittener Tage – Witten, Allemagne, Musik- protokoll – Graz, Autriche, Manchester International Festival – Royaume-Uni, Opéras de Lille ou Montpellier, Philharmonie de Luxembourg, etc. L’ensemble a été invité au Mexique, Brésil, Pérou, Argentine, Maroc, Afrique du Sud, etc. Depuis 2005, l’ensemble est accueilli régulièrement par le théâtre L’Échangeur à Bagnolet pour de nombreuses créations.
L’Instant Donné est en résidence au Théâtre Garonne (Toulouse) avec l’aide de l’ONDA et reçoit le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France – Ministère de la Culture au titre de l’aide aux ensembles conventionnés, de la SACEM, et de la SPEDI- DAM.

Le Chœur d’enfants Jean Philippe Rameau
Le Chœur d’enfants Jean Philippe Rameau de Versailles est dirigé depuis plus de 15 ans par Christophe Junivart. Il se compose de 32 enfants scolarisés en Classes à Horaires Aménagés Musique (CHAM). Ces enfants étudient au Conservatoire de Versailles (formation musicale et instrumentale) et au Collège Jean-Philippe Rameau de Versailles pour l’enseignement général et musical (histoire de la musique, analyse, chant choral).
Le Chœur Jean Philippe Rameau a donné des concerts au Théâtre Montansier de Versailles, au Stade de France (Carmen), à la Basilica dei Frari à Venise, à la Chapelle Royale du Château de Versailles, à l’UNESCO à Paris en juin 2011. Le chœur participe à des tournées en Europe. Dans le cadre d’ateliers du Rectorat de l’Académie de Versailles, la culture vocale des enfants est assurée, pour partie, par Caroline de Corbiac, professeur de technique vocale au Centre de Musique Baroque de Versailles ainsi qu’au CRR et au Jeune Chœur de Paris.

La Poème

une POEME (3)

Jeanne Mordoj transporte toutes sortes de mondes avec elle. Nous la suivons d’année en année, semant plumes et poils et coquilles d’œuf. Depuis quelques mois elle nous visite régulièrement, accompagnée de ses créatures. Elle s’arrêtera chez nous tout le mois de janvier, y plantera ses tentes de papier, nous accueillera dans ses antres…


vendredi 23 janvier à 20h30
samedi 24 janvier à 20h30
dimanche 25 janvier à 16h
lundi 26 janvier à 20h30

LA POÈME, grand format

conception, dessins, interprétation Jeanne Mordoj
mise en scène Isabelle Vellay
création sonore Isabelle Surel
participation à l’élaboration de la lumière Claire Villard, Julien Poupon, Anne Vaglio
conception et construction du dispositif scénique Mathieu Delangle
costumes Isabelle Pasquier
recherche graphique Camille Sauvage
régie plateau Annabelle Pirlot
régie lumière et régie générale  Marianne Pelcerf
régie son  Raphaëlle Chevalier
collaboration artistique Hervé Pierre, Daniel Jeanneteau

production Compagnie Bal, co-production Studio-Théâtre de Vitry, La Brèche-pôle national des arts du cirque, Les Subsistances-Laboratoire international de création artistique à Lyon, La Scène nationale de Besançon, Le Merlan – scène nationale à Marseille. La Poème, grand format a reçu l’aide à la production dramatique de la DRAC Franche-Comté, le soutien du Conseil Général du Doubs, de la Région Franche-Comté et de la SPEDIDAM. Avec le soutien des Transversales / Verdun, du Centre Culturel Pablo Picasso / Homécourt, de l’Espace Pierre Jeliote / Oloron-Sainte-Marie, des Treize Arches – scène conventionnée de Brive, de CirQ’ônflex / Dijon. LA POÈME, grand format a bénéficié d’une résidence de création à La Brèche – pôle national des arts du cirque, à l’Espace Germinal / Fosses, aux Subsistances – Laboratoire international de création artistique à Lyon et au Studio-Théâtre de Vitry. 


LA POÈME, grand format - photo 2

© Réjane Michel

LA POÈME, grand format, est un agrandissement, un déploiement de LA POÈME, pièce courte. Apporter une nouvelle dimension en habitant une scénographie vivante, grotte ou forêt peuplée de dessins, représentations de corps de femmes en mouvement. Porter un masque naïf et goulu et donner vie à ces figures en se jouant intensément des transformations. LA POÈME est un hommage au monde sauvage et archaïque, une rêverie sur la beauté et la liberté du féminin dans ses états de transformation. Le corps est à l’œuvre, en prise avec des forces qui l’emportent et le débordent, le possèdent et le libèrent tout à la fois. La voix cherche ses mots, en chemin ça chante, ça grogne, ça borborise, ça barbaracte, ça ventripote, ça se joue des formes, ça dessine des figures. On est dans le conte, on est dans la peau, dans le mystère et le résolument vivant, on est en route vers la femme contemporaine en quête de sa parole.

Dessins La Poème, grand format
La féminité, le féminin, continuer à labourer ce champ de mystère, ce lieu si proche de moi et si secret, sans cesse en mouvement, en interrogation. Poursuivre le tissage de ce lien avec cette puissance créative et archaïque.

En 2012, à l’occasion du festival Mode d’Emploi, Les Subsistances de Lyon me proposent une carte blanche. C’est l’occasion d’élaborer une première étape de La Poème.
Cette première proposition est une pièce courte de 30 minutes, dense et organique. Je suis partie de cette question, moi femme de 43 ans, qu’est-ce-qui m’habite, comment j’habite ce corps, comment je le célèbre et je l’interroge.
En observant comment cet âge, ce corps est perçu dans notre société.
Désir de donner à voir et à sentir, la puissance de liberté du vivant à travers ce corps de femme, corps à la fois jeune et vieux, joueur, tendu, sensuel, drôle, sombre, beau, laid, sauvage, possédé, libre de l’image donnée.

L’œuf comme fil conducteur.
En prenant appui sur des sensations, des qualités d’urgence, d’intériorité, d’émotions, je suis transportée d’un lieu à un autre, je me transforme sans cesse, de ma bouche sortent des œufs, puis j’en ingurgite jusqu’au gavage et je continue à ingurgiter des œufs tout en semant des coquilles. Équilibre entre drame et drôlerie. Donner à ressentir dans le corps du spectateur.
Le ventre prend vie, ondule, à la fois beau et monstrueux, lieu de transformation, de gestation. Les seins se mettent à danser, débordent, comme emportés par leur vie propre, des œufs encore. Puis la femme plus sombre entre dans une transe, invitation dans un lieu secret, l’œuf est là toujours, son jaune s’étale sur le visage, se recouvre de coquilles d’œufs, pour aller vers une danse sauvage, chamanique. C’est un voyage à travers le féminin, le vivant, des états de corps.

J’éprouve maintenant la nécessité d’agrandir la pièce courte, en lui apportant une autre dimension, en approfondissant la dramaturgie et le jeu, l’intensité de la présence. En mettant en résonance le personnage féminin et ses métamorphoses avec des dessins grandeur nature, qui lui ressemblent, tel un prolongement, visages et corps de femmes en mouvement, intenses, expressifs, drôles, tordus, sombres, monstrueux, autoportraits en noir et blanc réalisés les yeux fermés. Un travail d’accumulation en mouvement, une façon de convoquer, sans la maîtriser, mon image, mes différents visages, en étant à l’écoute des mouvements intérieurs.
C’est une autre approche de mon exploration du féminin et c’est intimement lié.
Chaque dessin est sur un portant autonome et mobile. Par leur nombre, une trentaine, et par leur présence singulière, ils ouvrent des espaces oniriques. Ils sont une multitude face à la solitude du personnage féminin, elle pourrait tout à fait sortir de l’un d’eux, elle est du même moule.
Naissance de la première femme.
Rendre hommage à la nature et aux mystères des origines qui sont à chaque instant intimement vivants en chacune de nos cellules.
En quête de retrouvailles, les personnages sont ici en lien avec la source de leur animalité, tantôt à l’origine de celle-ci tantôt débordés par elle.
Donner à ressentir quelque chose d’enfoui, d’oublié.

Notes sur l’espace du jeu
L’espace est sobre, il va être habité par la présence des dessins, des coquilles d’œufs, des miettes de coquilles d’œuf, des morceaux de dessins, qui au fil su spectacle vont vider le costume, comme un déshabillage, une mise à nu progressive. Les dessins vont se déplacer en direct, manipulé par une accessoiriste plateau, une ombre accompagnante. Une circulation va se dérouler à la fois de façon artisanale et magique pour donner vie et bruissement au papier, aux corps dessinés.
La présence de ces grands formats apporte une dimension d’intranquilité et de mystère.

La lumière soutient ce mystère, le son est très présent, à la fois subtil et enveloppant.
Nous poursuivons la collaboration avec Isabelle Surel créatrice de son et Claire Villard pour la lumière, Mathieu Delangle pour la conception et la construction du décor. Hervé Pierre, Daniel Jeanneteau et Isabelle Vellay dans un rôle de compagnonnage.
Jeanne Mordoj – décembre 2014

LA POÈME, grand format - dessin

«L’avez-vous vu danser ? L’avez-vous entendu grogner, geindre, haleter, c’est la poème!
Elle est l’origine de l’humanité quelque part en Afrique. Elle est secoué par des forces redoutables.
Elle est la Vénus Hottentote.

Un corps exhibé, fantasmé, tatoué. C’est l’origine du monde.
Une pondeuse qui desquame des coquilles d’œufs.

Une magicienne, maîtresse du désordre et de la création .

Le trouble et la joie de voir Jeanne entreprendre ce voyage, l’accompagner dans cette transformation sensuelle et vitale , rien d’autre.»

Hervé Pierre – octobre 2013

 

« …. Ainsi sommes-nous façonnés par l’initiale perfection
Par cet état de prodigieux bien être
Qui pendant quelques mois a imprégné le non encore né en chacune de ses fibres
Ainsi est il probable que subsiste en notre part la plus enfouie
L’obscur souvenir de cet état
Un souvenir parfaitement insaisissable
Qui ne renvoie à aucun vécu particulier à aucune circonstance précise
Rien qui puisse être remémoré
Mais qui n’en continue pas moins d’entretenir en nous la brûlure d’un manque
La lancinante sensation que nous sommes jetés dans un monde et une vie qui ne nous conviennent pas
Que nous sommes définitivement maintenus au dehors
A jamais coupés de ce dedans vers lequel nous ne pouvons pas ne pas tenter de revenir
Combler ce manque, retrouver la jouissance première
D’où cette inlassable et avide et aveugle recherche de plaisirs
De tout ce qui va permettre de réinsérer l’être dans la joie
De tout ce qui va lui donner l’illusion qu’il se trouve à nouveau porté, baigné,bercé
Réchauffé nourrit par les riches eaux de l’origine… »

Charles Juliet
extrait de Pouvoirs du Poème / Thélème 2003


JEANNE MORDOJ par JEANNE MORDOJ
De la femme sujette aux objets dans mon travail

Naissance à Paris en 1970, enfance à la campagne, parents sculpteurs recyclés dans l’élevage de chèvres.
Depuis toujours, une relation toute particulière avec les objets, attachements étranges, rituels, collections de pierres triées sur le volet mises en sachets avec étiquettes, fabrication de petites sculptures, lien fort avec la matière peinture, le trait, le mot. Puis les objets de jonglage, les balles cousues mains.
Découvre le cirque à 13 ans, à l’école des Saltimbanques de Chenôve.
Passion immédiate, 4 ans de pratique amateur au sein de cette école ; acrobatie, contorsion et jonglage.
A 17 ans entre à l’école de Chalons en Champagne, mise à la porte après une année rude. Débute l’apprentissage sur le tas et les expériences diverses ; petits rôles dans le cinéma, l’opéra, le théâtre. Il y a les rencontres qui vont compter dans le temps comme Lan N’Guyen, pédagogue, alors professeur à l’école du Cirque Plume, qui m’enseigne la contorsion par le jeu et la créativité, Jérôme Thomas qui influence mon travail et m’encourage dans mes projets.
Il y a les stages marquants, avec Marc Michel Georges, Yoshi Oida et Guy Alloucherie pour le théâtre ; la pratique du dessin, du BMC (Boby Mind Centering) avec Lula Chourlin et Janet Amato.
Et plus récemment, la formation Transmettre avec Bénédicte Pavelak.

Les spectacles en compagnies

Les premières tournées, à 18 ans, c’est avec le Cirque Bidon – 300 spectacles – en roulottes et chevaux sur les routes d’Italie. Avec la compagnie de rue La Salamandre, spectacles et évènementiels entre 1990 et 1998, j’expérimente là cette qualité propre à la rue : apprendre à s’adapter à toutes sortes de lieux. Pratique de l’improvisation et création du spectacle Ça Roule avec les musiciens Matthieu Léon et Patrick Sapin. Avec la compagnie Jérôme Thomas je participe entre 1995 et 1997 au groupe de recherche le GR12, et joue dans Le Banquet, pièce pour 10 acteurs, jongleurs, danseurs.
En 1993, avec le jongleur Vincent Filliozat – membre fondateur du Cirque Plume – et le musicien Bertrand Boss, nous créons le Trio Maracassé. Bal jouera 300 fois dans le monde entier, cinq ans de tournées, de voyages. Entre 2002 et 2006 avec la compagnie Cahin Caha, il y a le cabaret Imprudent avec Arthur H, puis la création du spectacle Grimm sous chapiteau.

Les solos

En 2000, premier solo, 3 p’tits sous, solo de femmes , mis en scène par Vincent Lorimy et Jérôme Thomas. Portraits de femmes fortement inspirés des voyages.
En 2001, deuxième solo, Chez moi, pièce d’extérieur pour une femme et une caravane, mis en scène par Vincent Lorimy et Gulko, commande du centre des Arts du Cirque de Cherbourg et de la Grande Halle de La Villette dans le cadre du projet « les baraques ». J’aborde avec ces deux solos ma poétique propre et, de façon plus intimes, mes interrogations autour de la féminité et du sens.

2007, je continue de creuser avec Éloge du poil, troisième solo, mis en scène par Pierre Meunier. Cette création a bénéficié d’une aide à la recherche de l’AFAA – Villa Medicis Hors les Murs 2006 – 3 mois de recherche sur la femme à barbe, à parcourir les pays de l’Est. Ce spectacle est au répertoire de la compagnie, il a joué plus de 200 fois en France et à l’étranger.

En 2010, après Éloge du poil qui a été une sorte d’aboutissement de 10 ans de travail ; je crée Adieu Poupée , co-écrit et mise en scène par Julie Denisse. Avec ce quatrième solo, il y a un besoin de rompre assez radicalement avec les matières de cirque, je passe commande d’un texte à François Cervantes et choisi d’aller vers le jeu et la parole.
Pour la première fois, je fabrique mes objets compagnons, ici, des poupées de chiffons.

En 2012, à l’occasion d’une carte blanche aux Subsistances à Lyon, je crée La Poème, pièce courte et évolutive, travaille ici joyeusement autour du corps féminin. Renouer avec là d’où je viens tout en abordant de nouveaux langages, ici la voix chantée pour la première fois.

Isabelle Surel – création son

Après une licence de musiques vivantes à Paris VIII, dans un premier temps, elle s’intéresse à l’électro-acoustique pour s’orienter ensuite vers la création sonore au théâtre pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. Elle a collaboré pendant 14 ans avec la compagnie La Rumeur / Patrice Bigel et a aussi travaillé avec Anne-Marie Lazarini, Alain Bézu, Claude Yersin, Ricardo Lopez-Munoz et plus récemment avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, pour la danse avec la cie Fatoumi/Lamoureux et Brigitte Seth/Roser Montllo-Guberna.
Elle a travaillé au cinéma avec Christophe Loizillon et Eric Guirado.

Claire Villard – création lumières

Elle entre en 2007 à l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Technique du Théâtre) en département Réalisation Lumière. Durant 3 ans elle apprend le métier de régisseur lumière et aiguise sa sensibilité à la lumière. Elle travaille entre autre avec Mathias Langhoff, Christian Schiaretti et Jean-Pierre Vincent.
En 2011, sortant de l’école, elle commence à travailler pour Jeanne Mordoj en tant que régisseuse lumière pour Adieu Poupée. Après une saison de tournée, elle continue cette collaboration pour Éloge du poil pendant 2 ans de tournée tant en France qu’à l’étranger. En 2012, elle crée la lumière pour La Poème pièce courte.
Elle travaille également pour d’autres compagnies: création lumière, régie générale et régie lumière de 2011 à 2013 pour la compagnie de marionnettes La Pendue. En 2011 et 2012 en tant que régisseuse lumière pour la pièce La Petite d’Anna Nozières.
Elle se tourne également vers la régie générale et l’organisation logistique en travaillant pour différents festivals et évènements: régisseuse de site pour la biennale de la danse (2010 et 2012), responsable logistique pour Chalon dans la rue (2012), régisseuse de site off de Chalon dans la rue (2013), assistante de direction technique festival Cully Classique en Suisse (2011), co-régisseuse générale festival de la marionnette de Grenoble (2008 à 2010).

 

La dispute

la dispute

A Strasbourg, en janvier 2013, nous avions été impressionnés par la beauté de ce travail sans concession, mettant le texte de Marivaux en vie par le corps autant que par la voix. Nous avons alors proposé à Grégoire Strecker et son équipe de venir en résidence à Vitry, pour continuer leur recherche et la présenter en région parisienne sous une forme plus accomplie. Le CENTQUATRE – PARIS s’est associé au Studio-Théâtre pour la programmation commune d’une série exceptionnelle de huit représentations, au Studio-Théâtre.


vendredi 3 octobre à 20h *
samedi 4 octobre à 20h *
dimanche 5 octobre à 16h
lundi 6 octobre à 20h *
vendredi 10 octobre à 20h *
samedi 11 octobre à 20h *
dimanche 12 octobre à 16h
lundi 13 octobre à 20h *

 au Studio-Théâtre de Vitry, en collaboration avec le CENTQUATRE – PARIS

(* NAVETTE RETOUR au départ du Studio-Théâtre direction Châtelet)

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CIE CHAMP 719

C’EST SEULEMENT QUE JE NE VEUX RIEN PERDRE / LA DISPUTE

de Marivaux
théâtre-performance (à partir de 16 ans)

mise en scène Grégoire Strecker
dramaturgie Julie Sermon
création lumière Nicolas Ameil
création sonore Thomas Prulière
production / diffusion Mara TeboulL’œil écoute

avec
Quentin Bouissou, Benjamin Candotti-Besson, Alban Laval, Béatrice Venet, Charlotte Van Bervesselès, Charles Zevaco

Le Studio-Théâtre de Vitry et le CENTQUATRE – PARIS sont partenaires pour l’accueil d’équipes artistiques en résidence de création

production Cie Champ 719, reprise Studio-Théâtre de Vitry, en collaboration avec le CENTQUATRE – PARIS, avec le soutien du ministère de la culture et de la communication- DRAC ALSACE, avec la participation de la Région Alsace, avec la participation artistique du Jeune Théâtre National, avec le soutien du DIESE # Rhône Alpes, résidence d’essai Ferme du Buisson / Scène Nationale de Marne la Vallée
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la dispute 2

© Antoine Strecker

« C’est la nature elle-même que nous allons interroger. »

Un prince et une femme, une dispute.

Une dispute, d’où nait une fête, une comédie, une expérience qui doit déterminer l’origine de la première inconstance, infidélité. L’homme ou la femme ? Adam ou Eve ?

Quatre adolescents séquestrés depuis leur naissance, qui n’ont jamais vu d’autres humains que leurs nourriciers, sont lâchés afin de rejouer « les premières amours tel qu’ils étaient » sous les yeux de ce prince et de cette femme.

La dispute 3

© Antoine Strecker

« L’image dans la mesure où elle exprime un être nu est un médium parfait entre l’objet dans l’esprit et la chose réelle, et comme telle, elle n’est pas simple objet logique ni entité réelle : elle est quelque chose de vivant (« une vie »).
Elle est le tremblement de la chose, elle est ce frémissement dans lequel elle se donne à connaître. « Les formes qui existent dans la matière, écrit un élève d’Eckhart, ne cessent de trembler comme dans un détroit de mer en ébullition. C’est pourquoi on ne peut rien concevoir de stable à leur sujet. »
La nudité du corps humain est son image, c’est-à-dire le tremblement qui le rend connaissable, mais qui reste en soi insaisissable. »
Nudités, Giorgio Agamben.

« Si de même que nos corps sont habillés, nos âmes à présent le sont aussi à leur manière. Le temps du dépouillement des âmes arrivera, comme le temps du dépouillement de nos corps arrive quand nous mourons. »
Le cabinet philosophe, Marivaux

D’une dispute sur les lois du désir à l’affirmation d’un désir sans bornes. C’est ce que suggère la phrase-titre retenue par Grégoire Strecker pour répondre à la question posée par Marivaux : « Qui, des deux sexes, a trahi le premier ? » A défaut d’avoir assisté « au commencement du monde et de la société », un prince fait élever, dans des enclos séparés, des cobayes humains, mâles et femelles, pour les plonger, à l’âge adéquat, face à eux-mêmes et à l’autre sexe, et observer les oscillations du désir amoureux. Entre prophéties auto-réalisatrices et dérapages contrôlés, c’est à une expérience in vivo que sont livrés les êtres, manipulés par un pouvoir qui entend, à travers eux, disséquer les sentiments. Le jeune metteur en scène a repoussé le monarque hors de scène, dans un futur de science-fiction d’où l’amour rejaillirait des brusqueries d’enfants sauvages et des mots déplacés. La Dispute ne ferait plus théâtre de son texte mais des corps qui paraissent le contenir, comme rentré dans les mouvements d’une animalité en cage. Des êtres nus, non policés, pleinement exposés, tour à tour incandescents, inquiétants ou cocasses dans l’expression de leurs désirs. Le tableau évoquerait les créatures de Bosch (Jérôme) plus que les marquises de Boucher (François). La composition de Marivaux, toute de symétrie hétérosexuée, serait cassée, pour trouer les miroirs et écorcher les peaux, atteindre aux organes vitaux, s’en remettant à « l’intelligence d’un non-savoir » chez les comédiens pour répondre au non-savoir des personnages sur leur origine et destination. La « dispute » serait ainsi une guerre sans merci entre verbe et chair, dans laquelle le corps, l’écoute et le regard du spectateur sont confrontés aux pulsations intimes du désir.


Compagnie CHAMP 719

La compagnie se veut être un espace, un temps, un champ toujours à réinventer, à re-labourer si l’on peut dire, en vue d’une création. Une mise à disposition commune de temps et de moyens pour faire émerger un «quelque chose». Un «quelque chose» qui ne peut que résulter de l’accident, de l’instinct, du hasard, de tout ce qui n’est pas déjà prédéfini, «pré-théâtral», un «quelque chose» qu’on désire non achevé et pourtant comme une ligne dont le point de fuite ne nous appartient plus, un «quelque chose» comme avant tout résultat d’une expérience humaine, une mise en danger pour nous et pour vous. Car nous désirons partir de ce point invisible, à la fois physique et psychique, d’où une écriture semble jaillir, où le sens d’une œuvre semble se cacher. Chercher, traquer ce point afin qu’il en découle une poétique de la scène…

2009 : Des couteaux dans des poules de David Harrower, mise en scène Grégoire Strecker – Théâtre de l’Aktéon / Centre d’Animation des Halles. Création de la compagnie Champ 719 par Grégoire Strecker.
2010 / 2011 : diptyque Des couteaux dans les poules (Harrower) / Intérieur (Maeterlinck) – CENTQUATRE / Anis Gras. Des couteaux dans les poules – TAPS de Strasbourg, coup de pouce / Théâtre de l’Odéon, Festival Impatience. Fiction d’hiver de Noëlle Renaude – Centre d’Animation des Halles.
2011 / 2012 : Fiction d’hiver de Noëlle Renaude – Centre d’Animation des Halles / Théâtre de l’Aquarium. Je te peindrai pour effacer ton visage – Mélancholia de Jon Fosse – Galerie Lebenson, Paris.
2012 / 2013 : C’est seulement que je ne veux rien perdre – La Dispute de Marivaux – résidence d’essai à la Ferme du Buisson / CENTQUATRE / TAPS de Strasbourg.
2013 / 2014 : En Série – sérigraphie de portraits : Si d’Hélène Bessette, Zones de Jean Rolin, Mauvais sang d’Arthur Rimbaud, De tant en temps de Noëlle Renaude – résidence d’essai au CENTQUATRE et à la Ferme du Buisson, squat Le Shakirail, Galerie Lebenson, La Loge.


Grégoire Strecker, mise en scène, scénographie/responsable artistique.

Né en 1984, il se forme au conservatoire de Strasbourg dans la classe de J. Bachelier, à partir de 2000, tout en intégrant la compagnie La Mesnie H, où il joue divers rôles. Parallèlement, il étudie à l’université les lettres modernes. En 2007, il intègre La compagnie Luc Amoros, où il joue le rôle titre dans L’éternel tournage (les festivals in de rue). En 2008, il fonde la Compagnie champ 719, au sein de laquelle il assure la direction artistique et les mises en scènes. Dans le même temps, il donne des cours amateurs pour adultes et enfants à L’école Mélodie 7. Il joue dans le L-M Amour de jeunesse de Mia Hansen Love, fait des doublages et participe à divers stages.

Nicolas Ameil, créateur lumière/responsable technique.

Formé à la régie lumière au City of Wesminster College à Londres, il a travaillé avec The English Pocket Opera pour des opéras comme Les Clowns ou La Flute enchantée, ainsi qu’avec l’Institut Français de Londres, accueillant, à l’occasion des fêtes de la musique, de nombreux artistes francophones tels que Alexis HK, L’Attirail, Les Orientales, Lo*Jo ou Dominique A. A Paris, il multiplie les expériences dans l’événementiel ou le théâtre, notamment au Palais des Congrès de Paris et au théâtre des Bouffes du Nord. Installé en résidence depuis septembre 2008 au Centre d’animation les Halles le Marais du forum des halles en tant que régisseur de la salle de spectacle, il est régulièrement sollicité par de jeunes compagnies pour faire la création lumière de leurs spectacles. Il met notamment en lumières les spectacles de la compagnie Ose et de la compagnie Abréactives Zones ainsi que les spectacles de la compagnie de la Porte au Trèfle et de la compagnie le Don des Nues pour le théâtre et crée en 2011 les lumières pour le spectacle Les forces contraires présenté à Paris à la Loge. Depuis 2008 il travaille sur les créations lumière de la Compagnie champ 719.

Julie Sermon, dramaturge.

Née en 1978, elle mène une thèse intitulée L’effet-figure, états troublés du personnage contemporain (Jean-Luc Lagarce, Philippe Minyana, Valère Novarina, Noëlle Renaude), qu’elle soutient en 2004 à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle. Enseignant-chercheur à l’université Lyon 2 depuis 2008, elle consacre ses recherches aux écritures textuelles et scéniques contemporaines. Auteure de divers articles publiés dans les revues Agôn [en ligne], Frictions, Ligéia, Registres, Théâtre / Public, elle a co-signé, avec Jean-Pierre Ryngaert, Le personnage théâtral contemporain : décomposition, recomposition (Éd. Théâtrales, 2006), et a dirigé, en 2009, le n°193 de la revue Théâtre / Public, « La marionnette ? Traditions, croisements, décloisonnements ». Parallèlement, elle travaille comme dramaturge avec Johanny Bert, Frédéric Maragnani Robert Cantarella, Michel Didym, Joan Ollé (Barcelone).

Thomas Prullière, créateur sonore.

Formé à l’école de la Fémis en section son, il travaille notamment comme monteur son/ compositeur de musique/ créateur son et vidéo à la fois pour le cinéma, la danse, la publicité ou le théâtre.En 2011, Il travaille notamment dans Drari de Kamal Lazraq (deuxième prix de la cinéfondation, festival de Cannes), un moyen métrage de Nicolas Maury, Sous les arbres de Frédéric Maragnani. Avant, il a travaillé avec Albert Hoffman pour Perceptions, TSR Suisse, a fait le montage son pour Nuevo baile (Festival de Clermont Ferrand en 2011), pour la Compagnie “Das Plateau” à Main d’oeuvre (”Sig Pauer Pro”) et le film Blanck (Arte). Sinon en 2003, pendant un mois il était bibliothécaire et depuis qu’il est tout petit il est passionné de cuisine, notamment végétarienne.

Quentin Bouissou, comédien.

Avant de suivre les cours de Bruno Wacrenier au conservatoire du 5ème arrondissement de Paris, il se forme à L’ENMAD. Il joue dans Beaucoup de Bruit pour rien de Shakespeare, dans La petite Molière d’Anouilh à Ciel Ouvert en 2008, dans Je suis le peuple qui manque au sein de La compagnie Hirsute au Théâtre Pierre Tabard, dans La prise de la Bastide avec Les Tistics, dans Un caillou dans la semoule mis en scène de J. Lepers au Théâtre du Rond Point en 2009. En 2010, il intègre La compagnie champ 719.

Benjamin Candotti-Besson, comédien.

Titulaire d’un DET obtenu dans le cycle spécialisé de L’ESAD dirrigé par J-C Cotillard, il obtient également un master d’étude théâtrale à Paris 3. Il suit les cours du conservatoire du 18ème arrondissement avec J-L Galmiche, puis du 5ème arrondissement de Paris avec Bruno Wacrenier. Il travaille notamment avec Caroline Erhardt, Rod Godall, Christian Esnais au CDN d’Orléans, Patrick Haggiag au CDN de Gennevilliers. Depuis 2004, il partipe aux créations de la compagnie Uburik. En 2010, il intègre la Compagnie champ719.

Alban Laval, comédien.

Né en 1980, il fait ses premiers pas en 2003 avec Les productions de la fabrique, où il joue notamment Les cancans de Goldoni. En 2006, il intègre le conservatoire du 10ème arrondissement dans la classe de M. Garay. Il joue en 2008 Le bohneur à portée de main au Théâtre du Rond Point. En 2008, il joue dans Des couteaux dans les poule” au sein de la Compagnie champ 719 et il intègre la formation professionnelle d’art dramatique du conservatoire du val Maubuée, il y travaille avec Mourad MANSOURI, Michel ARCHIMBAUD, Laurent GUTMANN, Guy FRECKS, Adel HAKIM, Michel CERDA, Jean-François AUGUSTE et Cyril TESTE. En 2010, il adapte et interprète le roman de science-fictionSubstance Mort de Filip K. DICK sous le nom Il devient quoi Charles FRECK?, présentée à la Ferme du Buisson et obtient le Diplôme d’Etude Théâtrale (D.E.T.). En 2011/2012, il joue dans Fiction d’hiver au sein de la Compagnie champ 719.

Béatrice Venet, comédienne.

Après des études littéraires à Strasbourg, Berlin puis Paris (Master d’Allemand et licence de Lettres modernes), elle se forme à l’art dramatique aux conservatoires du 16e arrondissement (Stéphane Auvray-Nauroy) et 8e arrondissement (Marc Ernotte). En 2009 elle intègre la promotion X de l’école supérieure de la Comédie de Saint-Etienne et au cours de ses 3 ans de cursus elle travaille sous la direction notamment de Michel Raskine, Gwenaël Morin, Olivier Py, Laurent Hatat et Robert Cantarella avec lequel elle joue au printemps 2013 dans une adaptation de Faust à la ménagerie de verre. Parallèlement à son métier de comédienne, elle suit une formation de clown au CNAC dirigée par Cédric Paga en 2013. La même année, elle participe à la création du Collectif X  et joue sous la direction d’Arthur Fourcade dans Villes#1-Saint-Etienne  et met en scène L’histoire de Pelléas et Mélisande, une adaptation de la pièce de Maeterlinck. En 2009 elle joue au sein de La compagnie champ 719 dans Des couteaux dans les poules de David Harrower et en 2013 Portrait 1: Si de Hélène Bessette, au Théâtre de La loge et qui a été présenté au Centquatre suite à une résidence.

Charlotte Van Bervesselès, comédienne.

Née à Charleville-Mézières en 1989, elle intègre la Classe de la Comédie de Reims en 2007 (direction Emmanuel Demarcy-Mota). Elle travaille entre autres avec Jean- Pierre Garnier, Cyril Anrep, François Regnault, Laurence Roy, Joséphine Derenne, Victor Gauthier Martin. Au sein de cette Classe, elle joue dans L’Eveil du printemps de Frank Wedekind, Léonce et Léna de Georg Büchner, mis en scène de Jean-Pierre Garnier, dans Atteintes à sa vie de Martin Crimp mise en scène d’Emilie Rousset. Elle se forme ensuite au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris à partir de 2009, aux côtés de Phillipe Torreton, Daniel Mesguich, Phillipe Duclos et Nada Strancar. Parallèlement elle participe à plusieurs stages de marionnettes en France et en Allemagne, pratique le chant, la danse et le masque.

Charles ZEVACO, comédien.

Parallèlement à des études universitaires (Histoire – Paris IV-La Sorbonne), il suit les enseignants de Daniel Berlioux et de Bruno Wacrenier, successivement aux conservatoires d’art dramatique des 7e et 5e arrondissements de Paris. Il intègre l’école du TNS en 2008, et se forme auprès de Julie Brochen, Claude Régy, Jean-Pierre Vincent, Krystian Lupa, Gildas Milin, Bruno Meyssat, Laurence Mayor, Caroline Marcadé et Marc Proulx. Depuis, il travaille avec Yves-Noël Genod (Chic by accident, Ménagerie de Verre, mars 2012) et Amélie Enon (Et la nuit sera calme, festival Premières Strasbourg). En septembre il rejoindra IngridRekowski (Limbus limbo, TNS, Opéra Comique de Paris), retrouvera Amélie Enon en 2013 au Théâtre de la Bastille, puis au NEST-Théâtre (CDN de Thionville), et participera à la création de Maxime Kurvers, Spielraum. Il travaille également au sein du collectif Notre cairn (Strasbourg), pour lequel il créé Sur la grand route d’ Anton Tchekhov, dans le cadre d’une tournée itinérante en Alsace, durant l’été 2012.

 

CRIMP

Martin Crimp est l’un des auteurs de théâtre européens parmi les plus importants de notre époque. En novembre 2011, nous avions accueilli la création de sa pièce LA VILLE par le jeune metteur en scène Rémy Barché. Aujourd’hui associé à la Comédie de Reims, Rémy a poursuivi son exploration de l’œuvre de Crimp en traduisant et en mettant en scène PLAYHOUSE, pièce inédite en français que Martin nous avait confiée en pensant à lui. Nous retrouvons donc Rémy Barché et Martin Crimp pour une série de représentations et de lectures au Studio-Théâtre et hors les murs dans Vitry, en amont de la reprise prochaine de LA VILLE à La Colline – théâtre national.

HORS LES MURS DANS VITRY
mercredi 19 novembre : PLAYHOUSEMairie de Vitry 12h15 / Microlycée 16h
jeudi 20 novembre : PLAYHOUSELycée Jean Macé 14h / Centre social Balzac 19h

AU STUDIO-THÉÂTRE
samedi 22 novembre : 18h PLAYHOUSE – 20h LA VILLE *
dimanche 23 novembre : 16h PLAYHOUSE – 17h30 LA CAMPAGNE
lundi 24 novembre : 20H RENCONTRE AVEC MARTIN CRIMP *

* NAVETTE RETOUR au départ du Studio-Théâtre direction Châtelet


PLAYHOUSE – LA VILLE – LA CAMPAGNE 

JOURNÉES MARTIN CRIMP

traductions Philippe Djian (La ville ; La campagne), Rémy Barché et Adèle Chaniolleau (Playhouse)
mises en scène et en lecture Rémy Barché
dramaturgie Adèle Chaniolleau
scénographie et lumière Nicolas Marie
son Michaël Schaller
costumes Marie Larocca

avec
Marion Barché, Myrtille Bordier, Louise Dupuis, Alexandre Pallu, Tom Politano

production La Comédie de Reims-CDN, Cie Le ciel Mon amour Ma proie mourante, coproduction Studio-Théâtre de Vitry, avec le soutien du Fonds d’Insertion pour les Jeunes Artistes Dramatiques de la DRAC et de la Région Provence Alpes-Côte d’Azur ; L’Arche est éditeur et agent théâtral des textes représentés – www.arche-editeur.com


samedi 22 à 18h, dimanche 23 à 16h PLAYHOUSE

spectacle, création française, durée 50 minutes
traduction Rémy Barché, Adèle Chaniolleau

avec Tom Politano et Myrtille Bordier

Rentrez dans l’intimité d’un jeune couple, Simon et Katrina, qui vient d’emménager dans un appartement. Treize mini-scènes en kaléidoscope pour raconter avec humour et tendresse un grand amour qui se transforme en routine. « Se brosser les dents », « Nettoyer le réfrigérateur », « Post-coïtum »… : autant de situations apparemment banales et connues de tous. Le talent de l’auteur consiste à trouer cette réalité ordinaire d’inquiétudes soudaines ou de moments de grâce. Comment faire pour vivre une vie qui ne soit pas en « kit », comme tous les meubles que l’on a chez soi ? Comment empêcher l’amour de moisir comme les yaourts qui dépassent la date de péremption ou les sacs poubelle que l’on oublie de sortir ? Qu’est-ce que partager sa vie avec quelqu’un d’autre ?

Playhouse 2


samedi 22 à 20h LA VILLE

spectacle, version unplugged, durée 1h50
traduction Philippe Djian

avec Marion Barché, Alexandre Pallu, Louise Dupuis et Myrtille Bordier

Clair est traductrice, Christopher est informaticien. Elle rencontre un auteur, il perd son travail. Une série d’évènements étranges vont alors se produire, et la violence du monde va s’infiltrer dans le quotidien de ce couple jusqu’ici à l’abri. Une voisine infirmière vient pour se plaindre du bruit que font les enfants dans le jardin ; elle n’arrive pas à dormir à cause des images traumatiques qui la hantent depuis que son mari est parti à la guerre. Les enfants deviennent progressivement incontrôlables, jouant à des jeux atroces et sadiques. Clair et Chris se comprennent de moins en moins. En même temps que les éléments de la fiction sont déroulés, on commence à comprendre qu’ils sont peut-être inventés au moment où ils se produisent. Peut-être que ce que l’on voit, c’est le roman que Clair essaye d’écrire à partir de sa propre vie, de sa ville intérieure.

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dimanche 23 à 17h30 LA CAMPAGNE

lecture, durée 1h30

avec Marion Barché, Myrtille Bordier et Alexandre Pallu

Comme dans La Ville, Crimp procède ici avec une précision et un humour implacables à la dissection d’un couple. Richard et Corinne, anciens Londoniens, se sont retirés à la campagne. Richard est médecin, il vient de recueillir une jeune femme, Rebecca, qu’il prétend avoir trouvée évanouie au bord de la route. Plusieurs éléments ne tardent pas à instiller le doute dans l’esprit de sa femme et dans celui du spectateur.

La force de la pièce, qui se déroule presque intégralement la nuit, réside dans le mystère qu’elle laisse planer en permanence. C’est l’ambiguïté de ses personnages qui intéresse Crimp. Richard et Corinne se battent pour maintenir la stabilité de leur situation. Ils ont fui la ville comme on entreprendrait une cure de désintoxication. Mais le personnage de Rebecca sème un tel trouble chez eux qu’on comprend vite qu’ils ont trimballé leurs problèmes avec eux. Le couple ne se connaît pas si bien que ça, et l’on en vient à se demander si l’homme que Corinne prenait pour un père de famille respectable n’est pas un dangereux pervers, profitant de son autorité de médecin pour abuser de ses patientes. A-t-il amené Rebecca au domicile conjugal parce qu’elle était en détresse, ou s’agit-il d’un jeu malsain ?

La pièce est découpée en cinq longues scènes, dans lesquelles à chaque fois deux personnages s’affrontent. « J’aime entendre les gens parler, j’aime les voix, le mot parlé dans l’espace. C’est la raison pour laquelle je me suis mis à écrire pour le théâtre » explique Crimp, qui propose ici une partition extraordinaire pour les acteurs.


lundi 24 à 20h RENCONTRE AVEC MARTIN CRIMP

lecture-débat, durée 1h30 – entrée libre sur réservation

«Les règles du jeu». Pour chaque pièce, Martin Crimp établit de nouvelles règles dramaturgiques présidant au processus d’écriture. Nous nous entretiendrons avec lui au sujet de ces règles, de leur façon d’inquiéter le récit et, par ce questionnement de la forme, nous tenterons de voir comment ce théâtre opère pour troubler le monde qu’il reflète.

avec Martin Crimp, Élisabeth Angel-Perez, Rémy Barché, Daniel Jeanneteau

« J’ai une relation d’amour-haine avec le théâtre conventionnel. Je détruis la pièce à mesure que je la construis. L’étrangeté gagne aussi parce que je me laisse tirer par le fil de l’inconscient. »

« Je n’écris pas sur la violence. Ce n’est pas mon sujet. Je la laisse affleurer, tout comme elle cogne sous la surface de nos vies. »

Martin Crimp


Martin Crimp – auteur

Martin Crimp est né en 1956 dans le Kent. Il commence à s’intéresser au théâtre pendant ses études à Cambridge et écrit Clang, une pièce sur la manière dont les désordres psychologiques influent sur le langage. Pendant les premières années qui suivent l’obtention de son diplôme, il se consacre à une carrière d’écrivain peu couronnée de succès (il écrit deux romans qui ne trouvent pas d’éditeur) et pour réussir à vivre accumule les petits boulots que l’on retrouvera ensuite au fil de ses pièces (sondages marketing dans la rue, travailleur en usine…). Il est également musicien professionnel (piano, clavecin) ce qui influence considérablement sa vision du texte comme d’une partition où les pauses et les rythmes doivent être scrupuleusement respectés.

Ses premières pièces sont produites et montées par l’Orange Tree Theatre à Richmond, dans la banlieue londonienne où il habite, et comportent : Living Remains (1982), Four Attempted Acts (1984), Probablement les Bahamas (1987), Claire en affaires (1998), Play With Repeats (1989).

Bien que se présentant sous des formes différentes, très influencées par Beckett pour les premières puis davantage par Pinter ou Caryl Churchill, ses pièces traitent des thèmes récurrents parmi lesquels les rapports conjugaux, l’ambivalence du statut de bourreau ou de victime, et l’exploitation de l’être humain par ses pairs ou par son époque dominée par la technique, occupent une large place. Pourtant Crimp n’est pas, comme ont pu le croire au départ les critiques, un adepte du réalisme trash britannique (Kitchen sink drama), ni de l’ultra violence poético-politique de l’In-Yer-Face Theatre. Il constitue un auteur à part sur la scène anglaise, au sens où ses intérêts et ses références sont ce que ses compatriotes appelleraient « continentaux » ou « européens ».

Il avoue une passion pour Marguerite Duras, traduit Koltès, Molière, Genet, Ionesco. Depuis Cambridge, il lit le latin et le grec, ce qui veut dire qu’il dévore les tragédies antiques. De ces lectures, naîtra Tendre et Cruel, sa réécriture des Trachiniennes de Sophocle, et plus récemment Le reste vous sera familier à travers le cinéma d’après Les Phéniciennes d’Euripide.

Dans les années 1990, ses pièces commencent à être connues au-delà des frontières britanniques. En 1991, il effectue une résidence à New York durant laquelle il écrit Le Traitement, qui est clairement un hommage à l’esthétique du cinéma américain en même temps qu’une violente critique de la manière dont celui-ci utilise les gens et falsifie leurs histoires personnelles.

Il devient par la suite artiste associé au Royal Court, à Londres, et écrit notamment Personne ne voit la vidéo (1990), Getting Attention (1991), Atteintes à sa vie (1997), La Campagne (2000), Face au mur (2002), Tendre et Cruel (2004), Dans la République du bonheur (2012) ou encore Play House. Il a également collaboré avec le compositeur George Benjamin en écrivant le texte de deux opéras: Into the Little Hill (2006) et Written on Skin (2012).

Rémy Barché

Parallèlement à sa formation en arts du spectacle à l’université Bordeaux III, Rémy Barché monte La Semeuse de F.Melquiot et Fairy Queen de O.Cadiot ; réalise un spectacle acoustique à partir de 4.48 psychose de S. Kane dans le cadre du festival Novart. En 2005, il intègre l’École supérieure d’art dramatique du TNS, section mise en scène. Il travaille avec S.Braunschweig, K.Lupa, B.Sobel, F.Fisbach… Il monte Le Cas Blanche-Neigede H. Barker et réalise une adaptation de Cris et Chuchotements de I. Bergman pour son spectacle de fin d’études.

À sa sortie en 2008, il assiste L. Lagarde pour Un nid pour quoi faire de O. Cadiot ainsi que D.Jeanneteau et M.-C. Soma pour L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche

Il est metteur en scène associé au Festival Les Nuits de Joux (Haut-Doubs) où il a déjà mis en scène La Tempête de Shakespeare (été 2009), Amphitryon de Kleist (été 2010), Hamletde Shakespeare (été 2011) et La Campagne de M. Crimp (été 2012). Il a mis en scène La Ville de M. Crimp, présenté au 104 et au Studio-Théâtre de Vitry, ainsi que Blanc (trois pièces courtes de T. Williams) présenté au Théâtre de la Loge à Paris (automne 2011).

Il collabore régulièrement avec des Écoles de théâtre : avec les élèves comédiens de l’ERAC, il présente L’Epreuve du feu de M.Dahlström au festival Reims Scènes d’Europe 2011 ; il a mis en scène les spectacles de sortie des élèves de la Comédie de Reims promotion 2011 (Extermination du peuple de Schwab) ; 2013 (Dans la république du bonheur de Crimp) ; et intervient régulièrement à l’université de Besançon en arts du spectacle.

À l’automne 2012, il présente Les Boulingrin de Courteline, dans le cadre de la programmation hors les murs de la Comédie de Reims, dont il est metteur en scène associé. Il y crée quatre spectacles : Play House (hors-les-murs) et La Ville de M.Crimp et Le Ciel mon amour ma proie mourante et Les Présidentes (hors-les-murs) de Werner Schwab.

En mars 2015, il créera La folle journée ou Le Mariage de Figaro de Beaumarchais à la Comédie de Reims, puis L’amant d’Harold Pinter en avril, spectacle conçu pour être joué en appartement.

Elisabeth Angel-Perez

Elle est Professeur de littérature anglaise à l’université de Paris-Sorbonne. Son domaine de spécialité est le théâtre anglais contemporain. Ses publications incluent notamment Voyages au bout du possible : Les théâtres du traumatisme de Samuel Beckett à Sarah Kane (Klincksieck/Les Belles Lettres, 2006), Endgame : Le théâtre mis en pièces (PUF, 2009) ainsi que de nombreux volumes collectifs sur Howard Barker et le théâtre de la Catastrophe, Tom Stoppard, Tennessee Williams ou encore la faim sur la scène et les métamorphoses de la voix au théâtre. Elle est également traductrice de théâtre (Crimp, Barker, Churchill, Gill, Greig).

Marion Barché

Elle a commencé sa formation à l’école d’acteur Claude Mathieu (Paris 18ème) puis à l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg, d’où elle sort en 2008. Elle y rencontre Rémy Barché, avec qui ils fondent la compagnie Le Ciel Mon amour Ma proie mourante, et collaborent ensemble sur plusieurs spectacles, notamment Cris et chuchotements adapté du scénario d’Ingmar Bergman (théâtre de l’Université Paul Valery à Montpellier, festival Premières au TNS), La Ville de Martin Crimp (2013) et Le Ciel mon amour ma proie mourante de Werner Schwab (2014). En parallèle, Marion Barché a aussi travaillé avec Daniel Jeanneteau dans L’Affaire de la rue de Lourcine d’Eugène Labiche (Théâtre de la Cité Internationale), et dans une mise en scène de Marie-Christine Soma Les Vagues adaptée du roman de Virginia Woolf (Théâtre National de la Colline, Studio Théâtre de Vitry). Elle a joué dans 100 ans dans les champs !, spectacle écrit et mis en scène par Hélène Mathon autour de l’agriculture française (Théâtre de l’Echangeur à Paris, Comédie de Béthune, Les Subsistances à Lyon), et enfin dans un spectacle écrit et mis en scène par Carole Thibault L’Enfant (Théâtre de la Tempête à Paris).

Elle est aujourd’hui comédienne permanente à la Comédie de Reims, et enseigne auprès des élèves de la classe de la Comédie. Au cours de la saison 2014/2015, elle joue dans L’Avare de Molière, mis en scène par Ludovic Lagarde et dans La Folle journée ou Le Mariage de Figaro mis en scène par Rémy Barché.

Alexandre Pallu

Il a suivi le cursus professionnel de l’École nationale de musique, de danse et d’art dramatique (ENMDAD) du Val Maubuée (77) avant de rentrer à l’École supérieure d’art dramatique du TNS en 2005, sous la direction de Stéphane Braunschweig. Il y a travaillé avec Martine Schambacher, Pierre Alain Chapuis, Arthur Nauzyciel, Michel Cerda, Marie Vayssière, Claude Duparfait, Benoit Lambert, Richard Brunel, Philippe Garrel, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma. Depuis sa sortie en 2008, il a travaillé avec Cédric Gourmelon (Edouard II de Marlowe au festival Mettre en scène au Théâtre national de Bretagne) ; Guillaume Dujardin au festival des Nuits de Joux sur Marivaux, Shakespeare, Levin et Lagarce ; Caroline Guiela pour la reprise de Macbeth : inquiétudes d’après Shakespeare, Muller et Kadaré ; Julien Fisera pour Le Projet Roméo et Juliette d’après Shakespeare et Jacques Albert et la pièce Belgrade d’Angelica Liddell, joué notamment au festival international Bitef de Belgrade ; Daniel Jeanneteau dans L’Affaire de rue de Lourcine de Eugène Labiche ; Marie-Christine Soma dans une adaptation du roman Les Vagues de Virginia Woolf (Studio Théâtre de Vitry, La Colline). Il joue en 2010 au Festival d’Avignon dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes La Tragédie du roi Richard II mis en scène par Jean-Baptiste Sastre.

Il poursuit sa collaboration avec le metteur en scène Rémy Barché : Le Cas Blanche Neige de Barker, Cris et chuchotements d’après Bergman, La Tempête de Shakespeare, La Ville de Martin Crimp (2013) et Le Ciel mon amour ma proie mourante de Werner Schwab (2014).

En 2012, lors d’un voyage d’étude sur le théâtre argentin à Buenos Aires, il travaille avec Federico Léon pour son spectacle Multitudes créé au Théâtre San Martin. Il collabore également avec Sacha Amaral comme acteur, co-scénariste, traducteur et réalisateur. Merci Lucie, Un morceau de chacune avec moi et Tarte à la ricotta sont ses trois premiers courts métrages réalisés cette même année. Il travaille également avec le trio jazz expérimental Bridge Art.

Il est aujourd’hui comédien permanent à la Comédie de Reims. Au cours de la saison 2014/2015, il joue dans L’Avare de Molière, mis en scène par Ludovic Lagarde et dans La Folle journée ou Le Mariage de Figaro mis en scène par Rémy Barché.

Louise Dupuis

Elle commence sa formation théâtrale en 2007 au conservatoire du 20e arrondissement de Paris. En 2009, elle suit aussi des cours à l’école de clown Le Samovar. Elle rentre à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes en 2010 où elle travaille notamment avec Hubert Colas, Ludovic Lagarde, Guillaume Lévèque, Rémy Barché, Laurent Gutman ainsi que Catherine Germain sur le clown. En 2012, elle participe à un stage de physical theatre à la LAMDA à Londres avec Yorgos Karamelegos du Tmesis theatre. En juillet 2013, elle joue à sa sortie d’école au Festival d’Avignon dans Europia, fable géo-poétique, un spectacle écrit et mis en scène par Gérard Watkins, présenté dans Reims Scènes d’Europe en décembre 2013.

Depuis septembre 2013, elle est comédienne permanente à la Comédie de Reims. Elle joue dans les pièces La Ville de M. Crimp et Le Ciel mon amour ma proie mourante et Les Présidentes de Werner Schwab sous la direction de Rémy Barché. Au cours de la saison 2014/2015, elle joue dans L’Avare de Molière, mis en scène par Ludovic Lagarde et dans La Folle journée ou Le Mariage de Figaro mis en scène par Rémy Barché.

Myrtille Bordier

En parallèle de ses études au Conservatoire de Besançon, elle travaille avec la Compagnie du Sablier à Dijon (sous la direction de Brendan Burke) et sur une création d’Hélène Polette (Théâtre de la Manivelle) en tant que comédienne et costumière (Comme il vous plaira de Shakespeare). Elle suit de nombreux stages avec notamment Jérôme Thomas, Robert Cantarella, Hélène Cinque. Elle intègre ensuite la Classe Professionnelle du Conservatoire d’Avignon sous la direction de Jean-Yves Picq avant d’intégrer en 2010 l’École Régionale des Acteurs de Cannes où elle travaille notamment avec Hubert Colas, Ludovic Lagarde, Gérard Watkins, Richard Sammut, Rémy Barché, Catherine Germain (clown). Elle joue également sous la direction de Cyril Cotinaut dans Électre de Sophocle (2009) et Oreste d’Euripide (2011). En juillet 2013, elle joue à sa sortie de l’ERAC au Festival d’Avignon dans Europia, fable géo-poétique, un spectacle écrit et mis en scène par Gérard Watkins, présenté dans Reims Scènes d’Europe en décembre 2013.

En 2013, elle devient comédienne permanente à la Comédie de Reims. Elle joue dans les pièces Play House, La Ville de M. Crimp et Le Ciel mon amour ma proie mourante et Les Présidentes de Werner Schwab sous la direction de Rémy Barché. Au cours de la saison 2014/2015, elle joue dans L’Avare de Molière, mis en scène par Ludovic Lagarde et dans La Folle journée ou Le Mariage de Figaro mis en scène par Rémy Barché.

Tom Politano

Après une formation au Conservatoire national à rayonnement régional de Toulon, il intègre l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes en 2010 où il travaille avec Gérard Watkins, Richard Sammut, Hubert Colas, Ludovic Lagarde, Sonia Chiambretto, Laurent Gutmann, Guillaume Lévêque, Alain Zaepffel, Catherine Germain et Jean-François Peyret.

En 2011, il joue dans L’Epreuve du feu de Magnus Dahlström mis en espace par Rémy Barché à la Comédie de Reims dans le cadre des Ateliers d’écriture contemporaine ERAC/Université d’Aix Marseille. En 2012, il joue sous la direction de Véronique Dietschy dans Cabaret Brecht à la Friche Belle de mai et sous la direction de Ferdinand Barbet dans À des temps meilleurs d’après Lorenzaccio de Musset dans le cadre des Soirées Estivales du Conseil Général des Alpes-Maritimes. En juillet 2013, il joue à sa sortie de l’ERAC au Festival d’Avignon dans Europia, fable géo-poétique, unspectacle écrit et mis en scène par Gérard Watkins, présenté dans Reims Scènes d’Europe en décembre 2013.

En 2013, il devient comédien permanent à la Comédie de Reims. Il joue dans les pièces Play House de M. Crimp et Le Ciel mon amour ma proie mourante de Werner Schwabsous la direction de Rémy Barché. Au cours de la saison 2014/2015, il joue dans L’Avare de Molière, mis en scène par Ludovic Lagarde et dans La Folle journée ou Le Mariage de Figaro mis en scène par Rémy Barché.

 

PLAY HOUSE hors les murs dans Vitry

 

 

 

 

Thibaud Croisy

 Photo Rencontre avec le public

En décembre, nous retrouvons Thibaud Croisy que nous avions déjà accueilli en 2012 pour la création de Je pensais vierge mais en fait non et Soustraction du monde. Il revient au Studio-Théâtre du 18 au 21 décembre pour présenter la performance RENCONTRE AVEC LE PUBLIC.


jeudi 18 décembre à 20h30
vendredi 19 décembre à 20h30
samedi 20 décembre à 20h30
dimanche 21 décembre à 16h

RENCONTRE AVEC LE PUBLIC

de Thibaud Croisy
lumières et images Emmanuel Valette

avec
Véronique Alain, Sophie Demeyer, Léo Gobin

coproduction Ménagerie de Verre, Studio-Théâtre de Vitry


Véronique Alain dans "Rencontre avec le public" de Thibaud Croisy - © Emmanuel Valette
Et là, pile au moment où l’on ne s’y attendait plus, revoici la meilleure pièce de la saison 2013, 2014, 2015 et suivantes, l’œuvre emblématique des années 70, 80 et 90, celle qui n’a pas peur de passer le périph et de prendre le RER C pour accomplir un grand acte de démocratisation culturelle. C’est Noël en France, et voilà que Rencontre avec le public atterrit soudain dans la ville de Vitry et vient vous mettre le cœur en fête, parader dans les rues, parler aux géraniums, distribuer des boîtes de chocolats municipales et faire office d’étoile brillante au sommet du sapin artistique. Alors une fois de plus, au nom de la solidarité théâtrale et de l’amour du prochain, nous sommes heureux de lever notre grand rideau rouge devant vos yeux ébahis, de vous offrir enfin un spectacle chrétien digne de ce nom et de redire encore une fois pour les siècles des siècles : « venez, venez, nous sommes heureux de vous rencontrer ».

Thibaud Croisy

Extrait de l’entretien avec Sophie Grappin-Schmitt

Le communiqué de presse diffusé par la Ménagerie de Verre est particulièrement mystérieux et creux : il ne dévoile rien du spectacle qui va avoir lieu et s’offre à lire comme un exercice d’annonce. Pourquoi ce texte?
Thibaud Croisy : D’abord, ce n’est pas vraiment un communiqué de presse, c’est un texte de présentation ou de communication que les théâtres demandent. Du coup, on écrit toujours un texte avant même que la pièce soit créée et parfois avant que les répétitions aient commencé. C’est comme ça, c’est un état de fait. Ça ne me dérange pas forcément plus que ça, si ce n’est que ça met toujours le beau discours au centre. Mais j’aimerais bien savoir pourquoi vous dîtes que ce texte est «creux»…

Peut-être parce qu’il semble dire ce que disent tous les textes de communication : «Venez! Cela va être génial! C’est le spectacle que vous attendiez et qui vous attend». Le creux, ça résonne… Ou plutôt que creux, il serait dégraissé, à l’os même de l’exercice.
Ah oui, je ne l’avais pas entendu dans ce sens-là. Dégraissé, sans doute. En tout cas, il ne faut pas se voiler la face, c’est l’enjeu d’un texte de communication : communiquer, faire venir les gens, défendre son bout de gras. Il ne faut pas oublier que cet exercice part tout de même d’une contrainte car si ça ne tenait qu’à moi, je m’en passerais bien. Sauf que maintenant, il faut le faire et à tout prendre, je le fais parce que je n’ai pas envie que le premier venu écrive une connerie sur mon travail, je préfère encore écrire mes propres conneries moi-même. Après, je ne crache pas non plus dans la soupe parce qu’un texte de communication, ça amorce un dispositif, ça suscite des attentes et ça joue aussi, bien sûr, avec le désir du spectateur. Et jouer avec le désir, faire bouger le corps du lecteur pour qu’il aille jusqu’à son téléphone et qu’il fasse une réservation, ça m’intéresse assez. Finalement, j’ai toujours envie de réinventer ce texte de communication, cette adresse au public qui viendra ou qui ne viendra pas et à chaque fois, je me dis que c’est déjà là que la pièce commence.

Votre pièce s’intitule Rencontre avec le public comme si le spectacle avait déjà eu lieu. On a l’impression que vous nous conviez à l’étape suivante. À quoi va-t-on assister?
C’est vrai, le titre de cette création, Rencontre avec le public, peut donner le sentiment que le spectacle a déjà eu lieu car généralement, la convention de la rencontre avec le public se fait une fois la représentation terminée. Ici, on propose au public de se déplacer pour voir une forme qui s’intitule précisément Rencontre avec le public donc d’une certaine manière, la temporalité de la rencontre est déplacée, anticipée. Il ne s’agit plus d’un bonus, d’un supplément auquel on pourrait assister après le spectacle (car le rituel de la rencontre est toujours facultatif) mais il s’agit au contraire de la pièce même, de ce qui est imposé – ou posé, du moins. C’est vrai que c’est comme si la pièce était déjà passée, comme si elle n’était plus là, comme si on en avait fini avec le spectacle, qu’on l’avait enterré, et en même temps, ce titre littéralise aussi ce qui se joue dans toute forme d’art vivant : deux instances se rencontrent. Les artistes, sur scène, et les spectateurs, dans la salle. Deux instances se donnent rendez-vous à un horaire donné et tentent d’établir un contact. C’est le principe du théâtre.

Est-ce une façon de mettre à mal ou de questionner le temps de la représentation?
Sans doute les deux. Ce qui m’intéresse quand je crée une forme vivante, ce n’est pas simplement d’élaborer une représentation mais de penser à son antithèse, à ce que pourrait être aussi une non-représentation – tout en sachant que cela n’existe pas, nulle part – et de songer aussi à l’au-delà de la représentation ou à son en-deçà, c’est selon. Élaborer des représentations, c’est un truc assez fatiguant, assez chiant, assez facile à mettre en route, d’ailleurs : on passe son temps à en construire, tous les jours. Alors que tenter d’écraser un peu la représentation ou les représentations des autres et les siennes propres, c’est déjà plus excitant.

Suite de l’entretien

Entretien de Marie Richeux (France Culture)


Thibaud Croisy met en scène des textes de théâtre (Jean-Claude Grumberg, Copi, Thomas Bernhard) et crée des performances (Je pensais vierge mais en fait non, Soustraction du monde, Gymnase nihiliste, Rencontre avec le public) dans des théâtres ou des centres d’art (Ménagerie de Verre, Théâtre de Vanves, Studio-Théâtre de Vitry, CAC Brétigny). Il travaille également en tant que dramaturge avec Hauke Lanz, Olivier Normand mais aussi comme interprète avec les chorégraphes Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan). Ancien élève du département de théâtre de l’École normale supérieure et de l’Université Paris-X, il mène parallèlement des recherches sur les dramaturgies autrichiennes contemporaines (Werner Schwab) et publie régulièrement des textes dans des revues, dans la presse ou des ouvrages collectifs.

Prochaine création au Théâtre de Vanves : Tentative de fuite (plomberie)

MEDEALAND

visuel site

En février nous accueillons MEDEALAND de Sara Stridsberg, dans une mise en scène de Jacques Osinski créée cette année à Grenoble. Figure importante de la littérature suédoise contemporaine, inspirée par Louise Bourgeois, Marguerite Duras ou Sarah Kane, Sara Stridsberg explore les figures féminines de la radicalité dans des œuvres violentes et puissamment poétiques.


vendredi 13 février à 20h30
samedi 14 février à 20h30
dimanche 15 février à 16h
lundi 16 février à 20h30

MEDEALAND

de Sara Stridsberg
traduit du suédois par Marianne Ségol Samoy

mise en scène Jacques Osinski
dramaturgie Marie Potonet
scénographie Christophe Ouvrard
lumière Catherine Verheyde
costumes Hélène Kritikos
musique Dayan Korolic

avec
Caroline Chaniolleau, Grétel Delattre, Noémie Develay Ressiguier, Julien Drion, Jean Claude Frissung, Delphine Hecquet, Maud Le Grévellec et Dayan Korolic (musicien)

production Compagnie L’aurore boréale – coproduction MC2: Grenoble
avec le soutien artistique du Jeune Théâtre National
jtn-logo
construction du décor et réalisation des costumes par les Ateliers de la MC2


MEDEALAND
© Pierre Grosbois

MEDEALAND. Le pays de Médée… En nommant ainsi sa pièce, Sara Stridsberg désigne d’emblée ce qui en fait le cœur. Le pays de Médée, c’est un univers mental, l’espace clos dans lequel elle est enfermée. « L’espace est d’une blancheur éblouissante, une sorte de non-espace. Un lieu d’attente, de l’après, de l’éternité. La salle d’attente d’un hôpital. Un royaume des morts stérile. La salle d’attente du néant, un espace conscient ou peut-être rêvé. » écrit Sara Stridsberg dans cette belle langue à la fois concise et tumultueuse qui la caractérise. On peut voir la pièce comme un immense flash-back, le lieu de « l’après » étant celui de l’après meurtre de ses enfants par Médée. Le pays de Médée, c’est celui de la souffrance, celui du manque.
Le pays de Médée, c’est aussi le pays perdu, « le pays abandonné, oublié, celui dont rêve l’exilé ». C’est la « matrie » évoquée au début de la pièce, telle une mer. Cette mer qui, dans la pièce d’Euripide, sépare les deux pays, celui de l’enfance et celui de l’âge adulte dans lequel Jason a emmené Médée. Le pays de Médée, c’est cet entre-deux, passionnant à rendre scénographiquement, un espace sans contour, à la fois brumeux et tout en angles, pays du rêve dans lequel le concret de la réalité frappe, pays où l’esprit de Médée se fracasse contre la réalité des murs d’un hôpital. Ayant trahi son père pour Jason, Médée n’a plus de pays que celui qu’elle porte dans sa tête. Elle est désormais une étrangère, une sans asile, une sans domicile fixe. Et peut-être que plus encore que l’amour, c’est la violence de ce statut que Sara Stridsberg interroge.
Plein d’une évidente modernité, MEDEALAND s’inscrit dans une lignée littéraire. D’Euripide (dont la pièce porte de nombreux échos) à Sarah Kane, c’est aussi toute une histoire du théâtre que revisite Stridsberg et que j’ai envie de revisiter avec elle. Comme Le Chemin de Damas, comme Le Songe de Strindberg, comme Dehors devant la porte de Borchert, Medealand est un drame à stations. C’est un type de pièces qui me touche et que j’ai souvent montées. « Le corps disloqué/Avec sur le visage tous les signes de la fureur », pour reprendre les termes de Sénèque traduit par Florence Dupont, l’esprit de Médée erre. Des figures viennent à sa rencontre : la déesse (qui peut aussi être médecin), la mère, la nourrice, le roi Créon, Jason lui-même… Une à une, Médée franchit les étapes qui la mèneront au meurtre de ses enfants et à un étrange apaisement : « J’ai enfin arrêté de pleurer. Médée a enfin arrêté de pleurer ».
Souffre-t-elle plus de son amour bafoué ou de son statut d’étrangère ? Quelle est l’aliénation la pire, celle d’aimer ou celle de n’être pas d’ici ? La colère de Médée vient du rejet, rejet par Jason mais aussi rejet par un pays qui ne veut plus d’elle. Sara Stridsberg dit alors la vérité nue avec une absence de pathos qui oblige le spectateur à affronter la vérité du monde : « Après un temps dans le service, il apparaît qu’une décision d’expulsion a été prise concernant la jeune femme en question. Les renseignements ont été donnés par son ex-mari et, après vérification, ont été avérés. La jeune femme se trouve donc depuis plusieurs jours illégalement à Corinthe. Par conséquent, elle ne peut bénéficier de soins médicaux. Les services de police en ont été informés et il a été décidé que la femme devrait être reconduite à la frontière, escortée par les forces de l’ordre. »
La grande force de Sara Stridsberg est de rendre d’emblée absolument contemporaine cette Médée millénaire. Abandonnée par Jason pour qui elle a tout sacrifié, Médée n’a d’autre endroit où aller qu’un hôpital psychiatrique où l’on ne veut pas la garder. Puisant son inspiration dans la tradition littéraire, Stridsberg s’en affranchit pour rendre sa Médée totalement humaine, concrète. Elle parle directement au spectateur, abandonnant le mythe pour une intimité qu’elle rend fascinante. Avec Sara Stridsberg, Médée redevient une femme : Une femme dont le chemin bifurque, internée aux urgences psychiatriques d’un hôpital… Une femme étrangère, sans papier, seule, une valise à la main, aux prises avec le prosaïsme de l’administration, l’égoïsme ordinaire.
Pour Jason, Médée a tué son frère. Elle s’est faite meurtrière, exilée. Ses actions, qui sont aussi des actions de force et de courage, n’ont pas été reconnues. Dans l’alliance Jason/ Médée, il a obtenu tous les bénéfices, elle a pris tous les torts. C’est elle la meurtrière, elle la fugitive. En endossant ces rôles, elle a fait de Jason un héros. Lorsqu’il l’abandonne pour en épouser une autre, elle n’est plus rien. Elle n’a plus rien sauf son amour disloqué et ses enfants. Face à la prodigieuse indifférence de Jason, face à la tranquille assurance de sa beauté, Médée n’a d’autre arme que celle de ses enfants pour le toucher encore. Ses enfants qui sont aussi ce qui l’ancre encore dans la terre, au sol de ce pays inconnu qu’elle voudrait faire sien et qui ne veut plus d’elle. En les tuant, elle s’anéantit et se libère : « Maintenant tu ne peux plus me faire de mal. Maintenant je suis libre. L’homme n’a jamais existé. L’amour n’a jamais existé. »
Sara Stridsberg a étudié Sarah Kane. Elle en a la force. Pour elle, comme pour Sarah Kane, l’écriture a à voir avec la destruction. Son écriture, étrange mélange de violence et de poésie, part de la réalité la plus noire, la folie, l’exil, l’abandon, pour nous emmener dans un univers rêvé, qui peut aussi bien frôler le cauchemar que la transcendance. Ainsi le récit fait par la déesse des meurtres d’enfants est empreint d’une étrange douceur, douceur dont je ne sais si j’oserais la qualifier de maternelle.
Ainsi est Médée : d’une violence mêlée de douceur. Son apparence frêle, toute de volonté et d’humilité, renferme la force de ceux qui croient en la justesse de leur cause. Elle peut toucher la transcendance, transformant violence et prosaïsme en pureté. Mais Médée a aussi un corps, corps que Sara Stridsberg dépeint sans fard : corps de femme, amoureuse, délaissée, corps de nouvelle mère aussi, corps qui commande à l’esprit, prisonnier du désir.
Face à elle, Jason n’a pas le beau rôle mais il incarne la séduction. « Il doit être beau, il doit être possible à aimer » dit Sara Stridsberg. L’écrivain inverse en quelque sorte les rôles. Jason est celui qu’on regarde, rôle habituellement dévolu à la femme. Il est finalement un « homme fatal » par analogie avec la femme fatale, chère aux films hollywoodiens.
Dans une interview à L’Express, Sara Stridsberg dit, parlant de son roman, La Faculté des rêves : « La poésie et la beauté dans ce livre, sont un cadeau que je voulais faire à toutes ces filles seules, à celles qui vivent dans la rue, aux prostituées, aux marginales, à toutes celles qui se sont perdues en chemin ». Médée est de ces marginales. Mais elle est reine aussi. Elle a le corps en miettes mais son esprit flamboie. Elle ne plie pas. « Mais tu dois apprendre à t’incliner devant le monde quand il te regarde. Personne n’y échappe. Aucune femme. Pas même toi, Médée. » lui dit sa mère, personnage oublié dans la tradition et auquel Stridsberg donne un grand poids, ce qui n’a rien d’anodin. Abandonnée par l’homme qu’elle a aimé, Médée refuse de plier et c’est alors sa condition de femme qu’elle interroge. Sara Stridsberg ne se revendique ni comme féministe ni comme écrivain femme. Dans une interview, elle dit pourtant que ce qui l’intéresse dans l’écriture, c’est la destinée des femmes dans le monde. De grandes figures féminines sont d’ailleurs à la source de ses romans. La faculté des rêves s’inspire d’une figure réelle, Valérie Solanas, prostituée intellectuelle et féministe, qui tira sur Andy Warhol et faillit le tuer. Darling river s’inspire d’une figure littéraire, celle de Lolita. Pour Sara Stridsberg, Valérie Solanas incarne le mauvais rêve du patriarcat, tandis que Lolita en est le rêve. Avec Médée, elle s’attaque à un mythe. Sa force est de lui rendre toute son humanité. Sa Médée est une femme, une femme qui ne plie pas devant le regard du monde, une femme qui défie les lois et c’est cela qui m’intéresse.

Jacques Osinski
Juin 2013

MEDEALAND
© Pierre Grosbois

« Même si aujourd’hui je suis déchue et lamentable
Si je suis une fugitive, une mendiante solitaire
Une femme abandonnée
Un monceau d’afflictions
Je brillais autrefois aux côtés de mon père
J’étais une noble héritière
La petite fille du Soleil »
Sénèque, Médée, traduction de Florence Dupont

« C’est l’amour seul qui peut me sauver et c’est l’amour qui m’a détruit. »
Sarah Kane, Manque, traduction d’Evelyne Pieiller

MEDEALAND
© Pierre Grosbois

EXTRAIT

LA DÉESSE : La femme arrive au service des urgences. Âge : vingt-sept. État civil : divorcée, nouvellement séparée. Donne l’impression d’être confuse, est arrivée en sous-vêtements bien que la température extérieure soit en dessous de zéro. A du mal à expliquer sa venue de manière structurée mais répond clairement aux questions qu’on lui pose sur l’espace et le temps. Soutient qu’elle demande de l’aide pour cause de cœur brisé et qu’à part ça, elle se porte bien, qu’elle est en bonne santé. Deux enfants. Des garçons. Dont elle s’occupe seule depuis quelque temps. Sans logement. Sans revenus. A eu une activité professionnelle autrefois mais a arrêté quand son mari a eu un point de vue là-dessus. A tenté de travailler à domicile mais progressivement son activité est tombée à l’eau. Est originaire de Colchide. Pas de famille, pas d’amis, personne vers qui se tourner. Demande à être hospitalisée pour une nuit. Veut qu’on la guérisse de sa condition. Propose une opération du cœur et du sexe. Ne veut plus être ce qu’elle est. Absence de toute volonté de collaboration.

Sara Stridsberg, MEDEALAND, traduction de Marianne Ségal-Samoy
Éditions de L’Arche

TEXTES EN REGARD

Ne me dis pas non non tu ne peux pas me dire non c’est un tel soulagement de retrouver l’amour et de dormir dans un lit et d’être serré et touché et embrassé et adoré et ton cœur bondira quand tu entendras ma voix verras mon sourire sentiras mon souffle sur ton cou et ton cœur s’emballera quand je viendrai te voir et dès le premier jour je te mentirai et je t’utiliserai et je te baiserai et je te briserai le cœur puisque tu as brisé le mien, et tu m’aimeras chaque jour davantage et un jour ce sera trop lourd et alors ta vie sera mienne et tu mourras dans la solitude quand j’aurai emporté tout ce qui me plaira avant de partir sans plus rien te devoir c’est toujours là c’est toujours là et tu ne peux pas nier la vie tu sens merde cette vie merde cette vie merde cette vie merde cette vie maintenant je t’ai perdue.

Sarah Kane, Manque, traduction d’Evelyne Pieiller
Éditions de L’Arche

Il était cependant séparé de moi. Je me prêtais à lui pour qu’il se fasse. Dans ma chair baignait la sienne, naissante, mais distincte, avec sa jeunesse, ses énervements, sa fraîcheur, sa colère de bête sous-marine qui se débat pour atteindre la surface, son indépendance. Son indépendance était au fond de moi, tellement criante et nue, que je me tenais comme écartelée par la vérité, mise à nu, comme une femme baisante, sa vérité. Aucun des aspects les plus notoires de la virilité n’atteint celui-là, si dans virilité on entend l’exercice brutal d’une liberté. J’exerçais brutalement ma liberté en face de cette liberté totale qui grouillait au fond de moi. Je la sentais vivre et la mienne, autour, la contenir, aussi libre.
(Maintenant que je relis ces lignes, il est là, hors de moi, à quelques mètres, il dort. Sa liberté n’est pas moins totale, ni la mienne. Ma vie est liée à la sienne, elle en est dépendante jusque dans les moindres détails. S’il meurt, la beauté du monde meurt et il fera nuit noire sur ma terre. Autrement dit, s’il meurt, je meurs au monde. C’et pourquoi je n’ai pas plus peur de sa mort que de la mort. C’est pourquoi, au moment où je suis la plus enchaînée, je suis la plus libre. Jamais ma révolte, ma puissance de révolté n’a été aussi violente. Puisqu’un tel amour, un tel enchaînement amoureux est dans l’ordre du possible, en même temps que ce possible contient la mort de l’objet de cet enchaînement, dans ce cas je souhaiterais que Dieu existe pour incarner ce possible, et pour pouvoir le blasphémer. Parce que l’objet de mon amour m’importe plus que moi – non seulement à mes propres yeux mais en soi, il s’encastre dans le monde plus précisément, son prix est plus grand, ce n’est pas de moi à lui qu’il m’est précieux, mais il m’importe qu’il vive. Ceux qui n’ont pas d’enfant et qui parlent de la mort me font rigoler. Comme les puceaux qui imaginent l’amour, comme des curés. Ils ont de la mort une expérience imaginaire. Ils s’imaginent frappés par la mort, vivants, alors que morts, ils ne pourront pas jouir de cette mort. Alors que devant un enfant, cette idée se vit chaque jour et que si ça arrive, c’est vivant que vous jouissez de votre mort, vous êtes un mort vivant.)

Marguerite Duras, Cahiers de la guerre et autres textes
Éditions Gallimard

 

… De tout ce qui respire et qui a conscience
Il n’est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D’abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là : l’acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c’est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n’a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l’art d’en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand’peine,
s’il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d’envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n’a qu’à s’en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu’un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l’on dit que nous menons dans nos maisons
Une vie sans danger, tandis qu’eux vont se battre !
Mauvaise raison : j’aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un enfant !
Mais à vrai dire, tout cela compte moins pour toi que pour moi.
Tu es ici dans ta patrie, dans la maison de ton père,
ayant les plaisirs de la vie, des amis qui t’entourent.
Je suis seule, exilée, bonne à être insultée
par un mari qui m’a conquise en pays étranger.
Je n’ai mère, ni frère, ni parent,
qui me donne un refuge en ce présent naufrage.
Voici la seule grâce que de toi je voudrais obtenir :
s’il s’offre à mon esprit quelque moyen, quelque artifice
pour punir mon mari du mal qu’il me fait,
garde-moi le silence. Une femme s’effraie de tout,
lâche à la lutte et à la vue du fer ;
mais qu’on touche à son droit, à son lit,
elle ira plus loin que personne en son audace meurtrière. »

Euripide, Médée, traduction de Marie Delcourt-Curvers
Éditions Gallimard


Née en 1972, Sara Stridsberg a travaillé sur les thèmes de la destruction et de l’aliénation dans la littérature, de Médée à Sarah Kane. Elle a reçu en 2007 le Grand Prix de littérature du Conseil nordique pour son deuxième roman La Faculté des rêves (éditions Stock) qui l’a révélée en France. Son troisième roman, Darling River, est un hommage à la Lolita de Nabokov. Elle écrit également des pièces de théâtre qui ont été montées sur les plus grandes scènes scandinaves.

Jacques Osinski
Né en 1968, titulaire d’un DEA d’histoire, Jacques Osinski se forme à la mise en scène grâce à l’Institut Nomade de la Mise en Scène auprès de Claude Régy à Paris et Lev Dodine à Saint-Pétersbourg.
En 1991, il fonde la compagnie La Vitrine et met en scène de nombreuses pièces de théâtre. Parmi celles-ci : L’Ile des esclaves de Marivaux (1992), La Faim de Knut Hamsun (1995 – Prix du Public de la Jeune Critique au Festival d’Alès), L’ombre de Mart de Stig Dagerman (2002), Richard II de Shakespeare (2003), Dom Juan de Molière (2005-2006) et Le Songe de Strindberg (2006).
En 2007, Jacques Osinski crée pour la première fois en France au Théâtre du Rond-Point L’Usine du jeune auteur suédois Magnus Dahlström.
Il est nommé directeur du Centre Dramatique National des Alpes en janvier 2008.

Depuis sa nomination il privilégie l’alternance entre textes du répertoire et découvertes, il y créé en coréalisation avec la MC2 :
Le Conte d’hiver de William Shakespeare, création à la Scène Nationale de Saint Quentin en Yvelines, repris à Grenoble et en province.
Woyzeck de Georg Büchner au printemps 2009. Cette pièce initie un cycle autour des dramaturgies allemandes qui se poursuit en écho par la présentation d’Un fils de notre temps d’Ödön von Horváth et par Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert.
Le Grenier de l’auteur contemporain japonais Yôji Sakaté (à Grenoble et au théâtre du Rond-Point) en 2010 et Le Triomphe de l’amour de Marivaux repris à Paris et en province.
Le Moche et Le chien, la nuit et le couteau deux pièces de Marius von Mayenburg toutes deux jouées au théâtre du Rond-Point à Paris,
Ivanov d’Anton Tchekhov repris en tournée en région parisienne.
Mon prof est un troll de Dennis Kelly sera sa première mise en scène jeune public en 2012. Le spectacle fera le tour des villages de l’Isère avant de partir en tournée dans toute la France,
George Dandin de Molière, tournée dans toute la France ; une deuxième tournée est prévue en région parisienne et en province au printemps 2014.
Orage de August Strindberg, en mars 2013. Le spectacle est repris en novembre décembre 2013 au théâtre de la Tempête à Paris.
L’histoire du soldat Opéra de Stravinski sur un texte de Charles Ferdinand Ramuz, en collaboration avec Jean Claude Gallotta pour le ballet et Marc Minkowski à la direction des musiciens du Louvre.
Dom Juan revient de guerre de Ödön Von Horváth à la MC2 de Grenoble. Le spectacle sera repris à Paris en mars 2015

Parallèlement à son activité théâtrale, Jacques Osinski travaille également pour l’opéra. Invité par l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix-en-Provence, il suit le travail d’Herbert Wernicke à l’occasion de la création de Falstaff au Festival en 2001.
En 2006, à l’invitation de Stéphane Lissner, il met en scène Didon et Enée de Purcell sous la direction musicale de Kenneth Weiss au Festival d’Aix-en-Provence.
Puis c’est Le Carnaval et la Folie d’André-Cardinal Destouches sous la direction musicale d’Hervé Niquet à l’automne 2007. Le spectacle est créé au Festival d’Ambronay et repris à l’Opéra-Comique.
Jacques Osinski a reçu le prix Gabriel Dussurget lors de l’édition 2007 du Festival d’Aix-en-Provence.
En 2010, il met en scène Iolanta de Tchaïkovski au Théâtre du Capitole à Toulouse sous la direction musicale de Tugan Sokhiev.
A l’automne 2013, il mettra en scène l’Histoire du soldat et l’Amour sorcier, sous la direction musicale de Marc Minkowski, avec des chorégraphies de Jean-Claude Gallotta à la MC2: Grenoble, puis à l’Opéra Comique. Et en mai 2014, il mettra en scène Tancrède de Rossini au Théâtre des Champs-Elysées.

Maud Le Grevellec est formée à l’Ecole du Théâtre National de Strasbourg, et au Conservatoire National de Région de Rennes, elle a joué au théâtre sous la direction de Stéphane Braunshweig Six Personnages en quête d’auteur d’après Luigi Pirandello, Rosmersholm de H. Ibsen, Les Trois sœurs de A.Tchékhov, Le Misanthrope de Molière, La famille Schroffenstein de H. von Kleist, La Mouette de Tchekhov – Alain Françon L’hôtel du libre échange de G.Feydeau – Jacques Osinski, Le triomphe de l’amour de Marivaux, Le conte d’hiver de W.Shakespeare – Jean-Louis Martinelli La République de Mek-Ouyes deJ. Jouet – Charles Berling Pour ceux qui restent de P. Elbé – Jean-François Peyret Les Variations Darwin de J. F. Peyret et A. Prochiantz, La Génisse et le pythagoricien de Peyret et Prochiantz – Claude Duparfait Petits drames camiques d’après Cami – Laurent Gutmann Les Nouvelles du plateau S de O. Hirata, et Giorgio Barberio Corsetti, Le Festin de pierre d’après Dom Juan de Molière.
Elle est membre de la Compagnie « Le groupe incognito » pour des créations collectives : Cadavres Exquis projet initié par Catherine Tartarin, Cabaret des Utopies Maison du comédien, Festival Berthier, Padam Padam d’après Moscou sur vodka de V. Erofeiev (Maison du Comédien Maria Casarès à Alloue, Le Limonaire, Scène National d’Angoulême, Le cabaret aux Champs Maison du Comédien Maria Casarès à Alloue et Cabaret Amoralyptique (Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg).
Au cinéma, elle a tourné avec Mabrouk El Mechri dans le long métrage Virgil.

Julien Drion
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris après avoir suivi les classes de Jean Pierre Garnier, Cyril Anrep, Laurent Natrella et Maxime Franzetti au cours Florent en classe libre. Au cours de sa formation au CNSAD, il travaille sous la direction de Jean Paul Wenzel La nuit italienne de Ödön von Horvàth, Clément Bondu La musique la liberté d’après Baal de Brecht et Nous serons les enfants du siècle de Clément Bondu, et de Caroline Marcadé Another side of the story.
Au théâtre, il joue sous la direction de Emmanuel Demarcy Motta Wandted Petula de Fabrice Melquiot, Jean Pierre Garnier Lorenzzacio de Musset et La patrie de l’impatience d’après H. Baker, Daniel Martin Cabaret de Hanokh Lévin, Mathieu Jeunet Faust de Goethe, K Crespo Macbeth de W Shakespeare, Laurent Natrella Marie Tudor de Victor Hugo. Au cinéma, il participe aux courts métrages de Chloé Leplat Les inséparables et E Lemoine Juventa
A la télévision, on le voit dans Immersion 3X52 de Philippe Haim, Le soldat blanc de Eric Zonca, Alice Nevers « une ombre au tableau » de René Manzor, Simple de Yvan Calbérac, Engrenages de Gilles Bannier, Duval et Moretti de Denis Amar, Diane Femme flic de Nicolas Herdt,

Caroline Chaniolleau s’est formée à l’Ecole du Piccolo Teatro sous la direction de Giorgio Strehler et à l’école du Théâtre National de Strasbourg sous la direction de Jean-Pierre Vincent. Au théâtre, elle joue à plusieurs reprises sous la direction de Lukas Hemleb, Walter le Molli, Alain Françon, Hans-Peter Cloos, Jean-Pierre Vincent, André Engel, David Géry, Dominique Pitoiset, Joël Jouanneau, Sophie Loucachevski. Elle a rencontré Jacques Osinski sur Don Juan revient de guerre d’Odön Von Horvàth. Au cinéma, elle tourne sous la direction de Diane Kurys, Philippe Garrel, Bernard Stora, Gérard Jumel, René Allio, Dominique Crèvecoeur, Claude Lelouche, Pierre Granier-Deferre, Paolo Rocha, Pierre Jolivet, Rainer Kirkberg, Gilles Behat, René Feret, Hans-Peter Cloos, Ulrich Edel.

Grétel Delattre a suivi une formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (ateliers dirigés par Jacques Lassalle, Daniel Mesguich et Piotr Fomenko).
Au théâtre, elle travaille sous la direction de Jean-Louis Martinelli Ithaque de B. Strauss, Anne Contensou Ouasmok de S. Levey, Volodia Serre Le suicidé de N. Erdman, Philippe Ulysse dans Vénus et Eros de Philippe Ulysse, C’est comme du feu de W.Faulkner, Et le Vivant et On est pas si tranquille de Fernando Pessoa, Julie Recoing dans Phèdre de Sénèque, Laurence Mayor dans Les Chemins de Damas d’August Strindberg, Bruno Bayen dans Plaidoyer en faveur des larmes d’Héraclite, Jean-Pierre Miquel dans En délicatesse de Christophe Pellet, Ivan Morane dans Cérémonie du transport des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon, Jacques Osinski dans Orage d’August Strindberg, Le chien, la nuit et le couteau de Marius Von Mayenburg, L’usine de Magnus Dahlström, L’Ombre de Mart de Stig Dagerman, Richard II de William Shakespeare et Dom Juan de Molière, Daniel Mesguich dans Andromaque et Esther de Racine, Stéphane Olivie-Bisson dans Sarcelles sur mer de Jean-Pierre Bisson, Brigitte Jacques-Wajeman dans L’Odyssée de Homère, William Mesguich dans La Légende des porteurs de souffle de Philippe Fenwick, Didier Kerckaert dans Vendredi, jour de liberté de Hugo Claus.

Noémie Develay Ressiguier
Formée au Théâtre National de Strasbourg dirigé par Stéphane Braunschweig – Ateliers de Jean-François Peyret, Yann-Joël Colin, Alain Françon. Au théâtre, elle joue sous la direction de Jean-Michel Rabeux La nuit des rois de Shakespeare, Rémy Barché Blanc tryptique de trois pièces courtes de Tennessee Williams, Thierry Roisin Ennemi Public de Henrik Ibsen, Michel Cerda Siwa, Thomas Condemine L’Échange de Paul Claudel, Marie Ballet Liliom de Ferenc Molnar, Alain Françon La Cerisaie de Tchekhov avec Jean-Paul Roussillon et Didier Sandre, Volodia Serre Le Suicidé de Nicolaï Erdman, Pierre Ascaride Les communistes Lecture dirigée par Wajdi Mouawad, Jean-Baptiste Sastre Un chapeau de paille d’Italie de Eugène Labiche, Barbara Nicolier et Gilles David Les Mondes de Edward Bond, une chorégraphie de Jean-Claude Gallotta 99 DUOS. Elle rencontre Jacques Osinski sur Don Juan revient de guerre d’Odön Von Horvàth. Au cinéma, elle est dirigée par Alice Winocour, Jean-Jacques Zilbermann, Carine Tardieu, Julien Pacaud (La Fémis). A la télévision, on la voit dans La cerisaie de Tchekhov Réal. Vincent Bataillon, Caution personnelle Réal. Serge Meynard, Julie Lescaut – « Le Voyeur » Réal. Alain Wermus, Une fille dans l’azur Réal. Marc Rivière, ACCRO – « Carnets d’Adolescents » Réal. Olivier Panchot, Les filles à papa Réal. Marc Rivièren, Navarro – « Ne Pleurez pas Jeannettes » Réal. Patrick Jamain, Les forges du désert Réal. Pierre Sportolaro & Safy Nebbou.

Jean-Claude Frissung
Il a rencontré Jacques Osinski sur Ivanov de Tchekhov, depuis ils en sont à leur quatrième collaboration après Dandin de Molière et dernièrement Orage d’August Strindberg. Au théâtre, il a travaillé entre autres avec Victor Garcia, Maurice Massuelles, Claude Yersin, Michel Dubois, Charles Joris, Gaston Jung, Jean Guichard, Jacques Alric, G. Vassal, Guy Lauzin, M. Kulhman, André Gilles, Olivier Périer, Jean-Pierre Sarrazac, Jean-Paul Wenzel, Martine Drai, Alain Mollot, Jacques Nichet, Guy Rétoré, Jean Marie Frin, Jean-Yves Lazennec, Didier Bezace, Alain Mergnat, Alain Barsacq, Jean-Luc Lagarce, Eric de Dadelsen, Michel Raskine, Christian Schiaretti, Daniel Benoin, Jacques Lassalle, Joël Pommerat, François Berreur, Yves Beaunesne, Robert Bouvier, Zabou Breitman. Au cinéma, il a tourné avec Jacques Rivette, Bertrand Tavernier, Benoit Jacquot, Claude Miller, Sylvain Monod, Tonie Marshall, Jeanne Labrune, Zabou Breitman, Nicole Garcia, Robert Guedéguian, Pierre Jolivet, Roschdy Zem, Jean-Marc Moutout, Jean-Pierre Sinapi, Jeannot Szwarc, Diane Bertrand, Michael Lyndsey Hogg, Patrick Lambert, Marc Bodin Joyeux, Christian Drillaud, Bertrand Van Effenterre, Miroslaw Sebestik, Jean-Pierre Limosin, Gianfranco Mingozzi, Rémi Besançon, Claude Gaignière, Dominique Dehan. A la télévision, on le voit dans la série des Maigret réalisés par Olivier Schatzky, Claude Goretta, Michel Sibra, Denys de la Patelière, Juraj Herz, Joyce Bunuel. Il tourne également sous Jacques Renard, Phlilippe Lefebvre, Alain Boudet, Jeanne Labrune, André Michel, Claude Champion, Emmanuel Fonlladosa, Daniel Losset, Jean Claude Charnay, Claude Barrois, Jacques Audouard, Jean-Claude Charnay, Christian Faure, Bertrand Van Efenterre, Bernard Stora, Bruno Gantillon, David Delrieux, Miguel Courtois, Aline Issermann, David Delrieux, Fabrice Cazeneuve, Christophe Loizillon, Jérome Foulon, Jean-Pierre Sinapi, Denis Amar, Stéphane Kurc, Jean Claude Sussfeld, Pascal Chaumeil, Christophe Douchand, Denis Malleval, Virginie Sauveur, Jacques Maillot et enfin Joël Calmettes pour un docu fiction.

Delphine Hecquet
Formée au Conservatoire National de Région de Bordeaux en art dramatique et danse contemporaine, puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Professeurs Dominique Valadié et Alain Françon, joue dans l’atelier dirigé par Olivier Py autour de ses textes. Classe de cinéma avec Jacques Doillon. Formation de chant avec Alain Zaepffel. Dans le cadre de sa formation au CNSAD, elle met en scène, avec Dominique Valadié, Variations autour du Rayon vert d’Eric Rohmer. Elle travaille sous la direction Joris Lacoste dans Suite n°1 ABC au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles et festival d’automne à Paris (2013), Dominique Valadié dans Hedda Gabler de Henrik Ibsen, Léonie est en avance de Feydeau, La Mouette d’Anton Tchekhov, Juste la fin du monde de Jean-Luc Largarce, Alain Françon Chaise et Rouge, noir et ignorant d’Edward Bond, Caroline Marcadé Chicago Fantasy une comédie musicale, Retour à Bilbao de May Bouhada, Fanny Santer Ce formidable bordel d’Eugène Ionesco, Mario Gonzalez Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, Julie Duclos Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. Elle rencontre Jacques Osinski lors de la création d’Ivanov d’Anton Tchekhov pour le rôle de Sacha, Angélique dans George Dandin de Molière, elle le retrouve ici pour la quatrième fois. Elle interprète Edit Piaf dans Hymne à l’amour, ballet musical mise en scène de Misook Seo (Centre d’Art National Corée du Sud). Au cinéma, elle tourne avec Bruno Ballouard dans Lili-Rose, Eugène Green dans Correspondances (prix du Jury Festival de Locarno 2007) – Philippe Garrel dans Un été brûlant – Grégoire Pontécaille dans La rencontre (court-métrage, Fémis) – Laurent Bourdoiseau dans Sur son épaule (court-métrage) – Gaël De Fournas dans La bataille de Jéricho (court-métrage). Pour la télévision, elle a tourné dans Les Combattants de l’ombre de Bernard Georges (Arte).

Marie Potonet
Après des études de lettres, Marie Potonet devient assistante à la mise en scène auprès de Michel Cerda (La douce Léna de Gertrude Stein, Ma Solange, comment t’écrire mon désastre de Noëlle Renaude) et Louis-do de Lencquesaing (Anéantis de Sarah Kane). Assistante puis collaboratrice artistique de Jacques Osinski depuis 2002, elle participe à la création de L’Ombre de Mart de Stig Dagerman, Dom Juan de Molière, Le Songe de Strindberg, L’Usine de Magnus Dahström, Le Conte d’hiver de William Shakespeare. Elle signe l’adaptation de Richard II de Shakespeare, mis en scène par Jacques Osinski, ainsi que celle du Songe de Strindberg et la traduction du Conte d’hiver de William Shakespeare. Elle anime de nombreux ateliers tant dans les lycées qu’auprès d’un public amateur. Créé dans ce cadre en juin 2006 au Forum culturel de Blanc Mesnil, le spectacle Dom Juan, portraits éclatés qu’elle a mis en scène y est repris en 2007. Travailler plus ? y est joué en juin 2007. En 2009, elle collabore avec les Musiciens du Louvre-Grenoble et le Théâtre du Châtelet pour mettre en scène et signer l’adaptation d’un spectacle musical autour de l’opéra de Richard Wagner Les Fées. Le Voyage en Féerie est joué en avril dans le Grand Foyer du Théâtre du Châtelet à Paris et à Grenoble-Auditorium Olivier Messiaen – puis en tournée en Isère. En 2010, elle adapte et met en scène pour le Centre dramatique national des Alpes, La Petite Sirène, d’après Hans Christian Andersen à la MC2: Grenoble, au Nouveau Théâtre de Montreuil et en tournée. Elle est membre du collectif artistique et dirige le comité de lecture du CDNA depuis 2008. Dans le cadre des Mardis midis du théâtre du Rond-Point et d’Entrée Libre à Grenoble, elle a mis en lecture Le long de la principale de Steve Laplante, Testez-vous d’Ariane Zarmanti et Après cette journée de bonheur de Gerhild Steinbuch.

Christophe Ouvrard
Il se forme à la scénographie et aux costumes à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux puis à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg. Après avoir été l’assistant de l’architecte et designer Martine Bedin, il fait ses débuts au théâtre avec le metteur en scène Laurent Gutmann sur Légendes de la forêt viennoise d’Horvàth (2000). Au Théâtre National de Strasbourg, en 2001, il crée les décors et costumes du Jubilé, Plaisanterie en un acte de Tchékhov avec Stéphane Braunschweig, ceux de l’Orestie d’Eschyle avec Yannis Kokkos, puis le décor de Dom Juan pour Lukas Hemleb. Depuis, il crée de nombreux décors et costumes pour le théâtre avec des metteurs en scène comme Jean Boillot (au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis), Anne-Laure Liegeois (au CDN de Montluçon), Astrid Bas (au Théâtre National de l’Odéon), Marie Potonet et Jean-Claude Gallotta (à la MC2: Grenoble)… Depuis 2001, il est également le collaborateur régulier des metteurs en scène Guy-Pierre Couleau (La Forêt d’Ostrovski, La Chaise de paille de Sue Glover, George Dandin de Molière, Les diablogues de Dubillard, Marilyn en chantée de Sue Glover…) Jean René Lemoine (La Cerisaie de Tchékhov, Face à la mère de Lemoine…) et Jacques Osinski (Richard II de Shakespeare, Dom Juan de Molière, Le Songe de Strindberg, L’usine de Dahlström, L’éveil du printemps de Wedekind, Woyzeck de Büchner, Un fils de notre temps de Horvàth, Dehors devant la porte de Borchert, Le Grenier de Sakaté, Le triomphe de l’amour de Marivaux…)
A l’Opéra, il retrouve Guy-Pierre Couleau sur Vespetta et Pimpinone d’Albinoni (2006) et entame une collaboration avec Bérénice Collet pour laquelle il crée les décors et costumes du Petit Ramoneur de Britten au Théâtre des Champs-Elysées (2004), ceux du Verfügbar aux Enfers de G. Tillion au Théâtre du Châtelet à Paris (2007) et de Rigoletto de Verdi au Théâtre d’Herblay (2011). Toujours à l’Opéra, il crée pour Jacques Osinski, les décors et costumes de Didon et Enée de Purcell pour le Festival d’Aix-en-Provence (2006), ceux du Carnaval et la Folie de Destouches pour l’Opéra Comique à Paris (2007), et ceux de Iolanta de Tchaïkovski pour le théâtre du Capitole de Toulouse (2010). En 2011, il rejoint le metteur en scène Denis Morin pour lequel il crée le décor de l’Opéra Lumières à l’Opéra de Paris, Palais Garnier.


Hélène Kritikos

Petite fille et fille de tailleurs pour hommes installés à Tunis, Hélène Kritikos – artiste d’origine grecque – a été formée à ESMOD, école de stylisme parisienne. Elle participe aux présentations de collections d’Azzedine Alaïa et Thierry Mugler. Après un passage à l’atelier de costumes du Théâtre du Soleil, sa carrière la mène dans les années 80 au domaine de la publicité où elle croise des photographes tels que Jean-Loup Sieff, Jean-Louis Beaudequin ou des réalisateurs tels que Bill Evans, Billy August… Elle revient ensuite au spectacle vivant, conçoit et crée des costumes pour la danse ou le théâtre (Jacques Osinski, Pascale Henry, Karol Armitage, Jean-Jacques Vanier, Anne-Laure Liegeois, Marie Potonet, François Veyrunes, Philippe Macaigne…). Sa démarche actuelle tend à intégrer l’aspect scénographique à son travail sur le costume proprement dit, dans une approche globale du visuel scénique.

Catherine Verheyde
Après une licence d’histoire, Catherine Verheyde intègre l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, section lumière. Elle se forme auprès de Gérald Karlikow ainsi que de Jennifer Tipton et Richard Nelson. Elle travaille ensuite avec Philippe Labonne, Jean-Christian Grinevald… Elle rencontre Jacques Osinski en 1994. Leur première collaboration sera La Faim de Knut Hamsun. Ils travailleront ensuite sur Sladek, soldat de l’armée noire, Léonce et Léna, L’Ombre de Mart, Richard II, Dom Juan, Le Songe, L’Usine, Le Conte d’hiver, Le Grenier de Yoji Sakaté, Le Triomphe de l’amour de Marivaux et dernièrement Le Moche et Le Chien, la nuit et le couteau de Marius von Mayenburg.Parallèlement, Catherine Verheyde a travaillé avec les metteurs en scène Philippe Ulysse, Marc Paquien, Benoît Bradel, Geneviève Rosset, Antoine Le Bos…, et les chorégraphes Laura Scozzi, Dominique Dupuy, Clara Gibson-Maxwell, Philippe Ducou. Elle éclaire des concerts de musique contemporaine notamment à l’IRCAM (concerts Cursus, récital Claude Delangle) et aux Bouffes du Nord (concerts des solistes de l’EIC) et récemment, en Tchéquie, des pièces de Benjamin Yusupov avec Petr Rudzica et Juan José Mosalini. Elle éclaire également plusieurs expositions (Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Musée du Luxembourg, Musée d’Art Moderne de Prato…) et travaille régulièrement à l’étranger (Ethiopie, Turquie, Arménie, Italie, Etats-Unis, Allemagne…). A l’opéra, elle éclaire Le mariage sous la mer de Maurice Ohana mis en scène par Antoine Campo, Didon et Enée de Purcell mis en scène par Jacques Osinski sous la direction musicale de Kenneth Weiss au Festival d’Aix-en-Provence, Le Carnaval et la Folie d’André-Cardinal Destouches mis en scène par Jacques Osinski sous la direction musicale d’Hervé Niquet, créé au Festival d’Ambronay puis repris à l’Opéra-Comique et Iolanta mis en scène par Jacques Osinski sous la direction musicale de Tugan Sokhiev au Théâtre du Capitole de Toulouse. Elle intègre le collectif artistique du Centre dramatique national des Alpes en 2008.

Dayan Korolic
Compositeur, bassiste, contrebassiste, il a composé et/ou arrangé et joué sur scène les musiques des spectacles :
De Sylvain Maurice (Berlin fin du monde, Plume, Don Juan revient de guerre, Un Mot pour un autre, Le Marchand de sable, Les Sorcières, Peer Gynt, La Pluie d’Eté), Victor Gauthier-Martin (Ailleurs tout près, Le Rêve d’un homme ridicule, La Vie de Timon, Gênes 01, Docteur Faustus, Round’Up), Damien Caille-Perret (Ravel, On a Perdu les Gentils), Jacques Osinski (Le Grenier. Le Chien, la Nuit et le Couteau), de la chorégraphe Caroline Marcadé (Portraits de Femmes) et de Emmanuel Daumas (comédie musicale « Anna » de Gainsbourg)
Compositeur de fictions pour France-Culture et France Inter. A composé les musiques de plusieurs courts-métrages. Il joue dans différents groupes et intervient sur les albums ou concerts de différents artistes :
Rob, Darkel, Rockin’ Squat, Moonsonic et fait partie du Drifting Orchestra (avec Daniele Segre Amar, Rishab Prasanna, François Merville, Joseph Escribe, Nicola Tescari, Mathias Duplessy)

 

© Pierre Grosbois

LES AVEUGLES

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LES AVEUGLES de Maurice Maeterlinck, mis en scène par Daniel Jeanneteau en collaboration avec Jean-Louis Coulloc’h, poursuivront leur aventure au Théâtre des Quartiers d’Ivry en mars 2015. Ce projet, né de l’expérience des ateliers libres du Studio-Théâtre, réunit une équipe de comédiens amateurs et professionnels. Dans un paysage sonore conçu par Alain Mahé en collaboration avec l’Ircam, douze aveugles attendent le retour d’un prêtre qui les a menés jusque là. Mais ce prêtre est mort parmi eux. Il est absent d’être mort. Les aveugles sont perdus, ils ne le savent pas encore…


Création au Studio-Théâtre de Vitry du 23 janvier au 3 février 2014
au Centquatre à Paris du 8 au 16 février 2014
à la Scène Watteau à Nogent-sur-Seine les 14 et 15 mars 2014
au Théâtre Jean-Vilar à Vitry-sur-Seine les 11 et 12 avril 2014
au Théâtre de l’Archipel à Perpignan les 15 et 16 novembre 2014
au Théâtre des Quartiers d’Ivry du 26 mars au 5 avril 2015

Les Aveugles

de Maurice Maeterlinck

mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau
collaboration artistique Jean-Louis Coulloc’h
création musicale et sonore Alain Mahé (in memoriam Gérard Grisey)
koto basse Mieko Miyazaki / koto Alain Mahé
régie son Géraldine Foucault
stagiaire son Quentin Auvray
lumière Anne Vaglio
régisseur lumière Grégory Vanheulle
ingénierie sonore et informatique musicale Ircam Sylvain Cadars
assistant Jérémy Tourneur
régie générale Pierre-Damien Crosson
attachée de presse Claire Amchin

avec
Ina Anastazya, Solène Arbel, Stéphanie Béghain, Pierrick Blondelet, Jean-Louis Coulloc’h, Geneviève de Buzelet, Estelle Gapp, Charles Poitevin, Gaëtan Sataghen, Benoît Résillot, Azzedine Salhi, Anne-Marie Simons

REVUE DE PRESSE
ENTRETIEN AVEC CLÉMENT ROSSET (ART PRESS)
DOSSIER DIFFUSION

production Studio-Théâtre de Vitry, coproduction Ircam-Centre Pompidou, avec l’aide à la production d’Arcadi Île-de-France


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Une banalité trouée d’abîmes

« Que cette épouvantable aventure des humains qui arrivent, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, que cette catastrophe qui les attend ne nous rende pas tendres et pitoyables les uns pour les autres, cela est incroyable. »

Albert Cohen, Ô vous, frères humains, Paris, Gallimard, 1972.

Douze aveugles en pleine nature attendent le retour d’un prêtre qui les a guidé jusque là. Mais ce prêtre est mort parmi eux. Il est absent d’être mort. Le dénouement est donné d’emblée au spectateur voyant, à l’insu des protagonistes aveugles : ils sont perdus, ils ne le savent pas encore.
Dans ce poème visionnaire et très simple, presque immobile, la seule action réside dans la lente découverte, par un groupe disparate de personnes traversées par les mêmes sensations, de leur solitude dans un monde qu’ils ne comprennent pas, et de l’imminence de leur disparition.
Agissant comme un piège pour l’imagination, la pièce produit l’effet d’un attentat, d’un acte brut : d’un coup, la mise à nu d’une vérité ultime, obscène, et pas de réponse. Un geste contemporain, indéfiniment contemporain de tout vivant.
« Tu vas mourir. » C’est tout.
De quoi regarder ce qui nous entoure autrement, et reconsidérer le prix de chaque chose. De quoi, peut-être, repenser la communauté.
Le texte est un entrelacs complexe de motifs simples, une partition précise de silences et de mots, de répétitions, de cris confus et de respirations. Il ne raconte rien, mais il produit de l’espace, du froid, du temps, un monde de visions affectant les sens.
Il appelle une mise en œuvre chorale de la parole, avec une attention particulière aux questions du son, de la spatialité des voix, des tessitures. Plus qu’une scénographie, il exige la constitution d’un véritable paysage de la voix, à travers l’expérience d’une perception de l’espace qui ne passe plus exclusivement par le visible.
Il demande aussi de réunir une communauté d’humains, à la fois non différenciés et solitaires, sans nom mais solidement incarnés, sans visages mais tous singuliers. Pas des acteurs, mais des personnes, c’est pour cela que nous avons proposé à Jean-Louis Coulloc’h, Benoît Résillot et Solène Arbel de nous rejoindre ; c’est pour cela que nous avons proposé à certains des amateurs qui fréquentent les ateliers du Studio-Théâtre de nous rejoindre également.
Sur scène, les seuls moyens à la disposition des interprètes résideront dans leur capacité d’imagination : pratiquement aucun geste, aucun déplacement, aucune interprétation. Pas de mise en scène, pas de jeu d’acteur, mais une grande force psychique, un cerveau actif et à l’affût, tirant de chaque mot, de chaque silence et du rythme commun, la faculté de produire de la réalité.

Daniel Jeanneteau, octobre 2012.


Le chatoiement nerveux de l’incertitude
Note sur la scénographie

Dans ce drame sans action, l’écriture se consacre à la traduction en mots, selon chacun des protagonistes, de ce qu’il perçoit du monde. Métaphore et symbole, la cécité est aussi l’origine d’une sensibilité parallèle, inexplicable et angoissée, à ce qui prolifère et se meut sous la surface des apparences.

La cécité elle-même connaît des nuances : d’aveugle-né en aveugle qui a déjà vu, qui a oublié ou qui se souvient d’avoir vu, qui perçoit certaines lueurs ou demeure dans les ténèbres, Maeterlinck établit toute une géographie du non-voir…

L’image, le visible, l’aspect extérieur des choses, sont abolis. C’est alors qu’un monde sans aspect, tout d’intériorité, se déploie dans leurs paroles en visions qui ne relèvent plus du visible, irreprésentables, et qu’il s’agit néanmoins de rendre réelles.

L’espace requis par le texte ne peut rien représenter ; c’est-à-dire rien d’autre que ce qui est nécessaire à son fonctionnement symbolique et sensible. La scénographie échappe d’emblée aux questions habituelles de la forme et du style.

A travers « LES AVEUGLES », Maeterlinck met en question, et de façon radicale, l’utilisation habituelle de l’image au théâtre, et demande de reconsidérer la scénographie selon sa plus authentique vocation : guider le regard vers de nouveaux espace de la conscience ; intérioriser les enjeux profonds qui pèsent sur les personnages en tissant de subtiles correspondances entre les êtres et leur environnement ; susciter des espaces dont la force émotionnelle et la beauté ne préexistent pas à la représentation, inadéquats quant au réalisme, mais élaborés selon une économie de l’imaginaire qui tend à placer dans l’esprit du spectateur le lieu réel de l’apparition. C’est un travail d’accompagnement à travers lequel le visible s’attacherait à féconder l’écoute.

Nous faisons le choix de ne rien traiter de ce qui relèverait du visible : pas de costumes, pas de décor, pas de lumières. Le dispositif mêlera le public et les acteurs en un groupe indifférencié, assis sur des chaises dans l’espace vide, sans direction privilégiée. Les voix émaneront de cet ensemble humain sans avoir été préalablement désignées. Anonymes. Il s’agira d’évoquer une humanité ordinaire, sans histoire, sans identité. Le travail du son, élaboré par Alain Mahé en collaboration avec l’Ircam, aura pour tâche de susciter autour des corps immobiles le mouvement du monde, de la nature, l’infini travail des forces invisibles qui agissent sur les vies. Tout contribuera à produire les images du spectacle dans l’esprit du spectateur, qui les verra d’autant plus précisément qu’il fermera les yeux…

D. J.

Fortuites lueurs
« Longtemps encore, à moins qu’une découverte décisive de la science n’atteigne le secret de la nature, à moins qu’une révélation venue d’un autre monde, par exemple une communication avec une planète plus ancienne et plus savante que la nôtre, ne nous apprenne enfin l’origine et le but de la vie, longtemps encore, toujours peut-être, nous ne serons que de précaires et fortuites lueurs, abandonnées sans dessein appréciable à tous les souffles d’une nuit indifférente. A peindre cette faiblesse immense et inutile, on se rapproche le plus de la vérité dernière et radicale de notre être, et, si des personnages qu’on livre ainsi à ce néant hostile, on parvient à tirer quelques gestes de grâce et de tendresse, quelques paroles de douceur, d’espérance fragile, de pitié et d’amour, on a fait ce qu’on peut humainement faire quand on transporte l’existence aux confins de cette grande vérité immobile qui glace l’énergie et le désir de vivre. »

Maurice Maeterlinck, Préface au théâtre.

Mare tenebrarum
« Il y a dans notre âme une mer intérieure, une effrayante et véritable mare tenebrarum où sévissent les étranges tempêtes de l’inarticulé et de l’inexprimable, et ce que nous parvenons à émettre en allume parfois quelque reflet d’étoile dans l’ébullition des vagues sombres.
Je me sens avant tout attiré par les gestes inconscients de l’être, qui passent leurs mains lumineuses à travers les créneaux de cette enceinte d’artifice où nous sommes enfermés.
Je voudrais étudier tout ce qui est informulé dans une existence, tout ce qui n’a pas d’expression dans la mort ou dans la vie, tout ce qui cherche une voix dans un cœur.
Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de lumière, sur les pressentiments, sur les facultés et les notions inexpliquées, négligées ou éteintes, sur les mobiles irraisonnés, sur les merveilles de la mort, sur les mystères du sommeil, où malgré la trop puissante influence des souvenirs diurnes, il nous est donné d’entrevoir, par moments, une lueur de l’être énigmatique, réel et primitif ; sur toutes les puissances inconnues de notre âme ; sur tous les moments où l’homme échappe à sa propre garde ; sur les secrets de l’enfance, si étrangement spiritualiste avec sa croyance au surnaturel, et si inquiétante avec ses rêves de terreur spontanée, comme si réellement nous venions d’une source d’épouvante… »

Maurice Maeterlinck, Confession d’un poète.

L’évangile de la perdition
Nous sommes perdus dans le cosmos. Ce cosmos formidable est lui-même voué à la perdition. Il est né, donc mortel. Il se disperse à vitesse folle, tandis que des astres se tamponnent, explosent, implosent. Notre soleil, qui succède à deux ou trois autres soleils défunts, se consumera. Tous les vivants sont jetés dans la vie sans l’avoir demandé, sont promis à la mort sans l’avoir désiré. Ils vivent entre néant et néant, le néant d’avant, le néant d’après, entourés de néant pendant. Ce ne sont pas seulement les individus qui sont perdus, mais, tôt ou tard, l’humanité, puis les ultimes traces de vie, plus tard la Terre. Le monde lui-même va vers sa mort, que ce soit par dispersion généralisée ou par retour implosif à l’origine… De la mort de ce monde un autre monde naîtra peut-être, mais le nôtre sera alors irrémédiablement mort. Notre monde est voué à la perdition. Nous sommes perdus.

Ce monde qui est le nôtre est très faible à la base, quasi inconsistant : il est né d’un accident, peut-être d’une désintégration de l’infini, à moins qu’on ne considère qu’il est issu du néant. De toute façon, la matière connue n’est qu’une infime partie de la réalité matérielle de l’univers, et la matière organisée n’est qu’une infime partie de cette infime partie. Ce sont les organisations entre entités matérielles, atomes, molécules, astres, êtres vivants, qui prennent consistance et réalité pour nos esprits ; ce sont les émergences qui surgissent de ces organisations, la vie, la conscience, la beauté, l’amour, qui, pour nous, ont de la valeur : mais ces émergences sont périssables, fugitives, comme la fleur qui s’épanouit, le rayonnement d’un visage, le temps d’un amour…

La vie, la conscience, l’amour, la vérité, la beauté sont éphémères. Ces émergences merveilleuses supposent des organisations d’organisations, des chances inouïes, et elles courent sans cesse des risques mortels. Pour nous, elles sont fondamentales, mais elles n’ont pas de fondement. Rien n’a de fondement absolu, tout procède en dernière ou première instance du sans-nom, du sans-forme. Tout naît dans la circonstance, et tout ce qui naît est promis à la mort.

Nous sommes dans l’aventure inconnue. L’insatisfaction qui relance l’itinérance ne saurait être assouvie par celle-ci. Nous devons assumer l’incertitude et l’inquiétude, nous devons assumer le dasein, le fait d’être là sans savoir pourquoi. Il y aura de plus en plus de sources d’angoisse, et il y aura besoin de plus en plus de participation, de ferveur, de fraternité qui seules savent non pas annihiler, mais refouler l’angoisse. L’amour est l’antidote, la riposte — non la réponse — à l’angoisse.

Edgard Morin, Terre-Patrie, Seuil, 1993.


Maurice Maeterlinck, écrivain belge d’expression française, est né à Gand le 29 août 1862 et mort à Nice le 5 mai 1949. Lauréat du Prix Nobel de littérature en 1911. Auteur emblématique du mouvement symboliste, il a profondément bouleversé l’écriture théâtrale de la fin du dix-neuvième siècle, en recentrant notamment les enjeux de la représentation sur les questions du psychisme et de la vie profonde, loin du naturalisme qui régnait sur les scènes de l’époque. Ses pièces courtes, toutes écrites avant 1900, et dont il disait qu’elles étaient destinées aux marionnettes, ont influencé, avec les théâtres d’Ibsen et de Strindberg, la plupart des grandes dramaturgies du vingtième siècle. Il est l’auteur de La Princesse Maleine, L’Intruse, Les Aveugles, Les Sept Princesses, Pelléas et Mélisande (adapté en opéra par Claude Debussy), Alladine et Palomides, Intérieur, La Mort de Tintagiles, Aglavaine et Sélysette, L’Oiseau Bleu

Daniel Jeanneteau. Après des études à Strasbourg aux Arts Décoratifs et à l’École du TNS, il rencontre le metteur en scène Claude Régy dont il conçoit les scénographies pendant une quinzaine d’années. Il travaille également avec de nombreux metteurs en scène et chorégraphes (Catherine Diverrès, Jean-Claude Gallotta, Alain Ollivier, Nicolas Leriche, Jean-Baptiste Sastre, Trisha Brown, Jean-François Sivadier, Pascal Rambert…) Depuis 2001, et parallèlement à son travail de scénographe, il se consacre à la création de ses propres spectacles, en collaboration avec Marie-Christine Soma. (Racine, Strindberg, Boulgakov, Sarah Kane, Martin Crimp, Labiche, Daniel Keene, Anja Hilling, Tennessee Williams). Daniel Jeanneteau dirige le Studio-Théâtre de Vitry depuis janvier 2008.

Jean-Louis Coulloc’h a joué au théâtre sous la direction de Jean-Claude Fall (Platonov d’Anton Tchekhov) ; Sylvie Jobert (le Charme et l’épouvante de Marcel Moreau) ; Thierry Bédard (Pathologie verbale) ;  Claude Régy (Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel et Arthur Honegger, Mélancholia de Jon Fosse) ; François Tanguy (Choral, La Bataille du Tagliamento, Orphéon) ; Pierre Meunier (Le Tas, Les Égarés) ; Madeleine Louarn (La Légende de Saint-Triphine) ; Nadia Vonderheyden (Médée de Sénèque) ; Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma (Feux d’après August Stramm) ; Laurent Fréchuret (Médée de Sénèque) ; Sophie Langevin (Hiver de Jon Fosse) ; Benoit Giros, May Bouhada, (1939 au jour le jour). À la radio : La marée fait flotter les villes de Kay Mortley et Alain Mahé, France Culture. Au cinéma, courts-métrages : Synopsis de Florent Trochel ; Le début de l’hiver d’Eric Guiradeau ; Bake a cake d’Aliocha Allard. Longs métrages : Lady Chatterley, de Pascale Ferran ; Circuit Carole, d’Emmanuelle Cuault ; Skylab, de Julie Delpy ; Je suis un vagabond, de Charlie Najman. Il a participé également en 2006 au projet collectif Ultimo Round qui l’a emmené jusqu’à Valparaiso au Chili.

Alain Mahé. Compositeur, improvisateur, Alain Mahé développe des musiques électro-acoustiques et électroniques. Il crée le groupe Bohème de chic et depuis joue ou compose avec Jean-François Pauvros, Carlos Zingaro, Carol Robinson, Kamal Hamadache, Thierry Madiot, Pascal Battus, Emmanuelle Tat, Patrick Molard, Keyvan Chemirani, Hélène Breshant, Bao Luo… Compose La marée fait flotter les villes – Paul Klee. Il réalise des pièces radiophoniques : Chien de feu, La marée fait flotter les villes, (pour un) Paso Doble (sonore) avec Kaye Mortley. Alain Mahé compose musiques et créations sonores pour le spectacle vivant. Il travaille avec les metteurs en scène Francois Tanguy et les chorégraphes Carlotta Ikeda, Ko Murobushi, François Verret, le peintre Miquel Barcelò et Josef Nadj sur Paso doble, Nan Goldin sur Sœurs saintes & Sybilles. Il collabore aux spectacles de Pierre Meunier depuis 1999 : Le Chant du ressort, Le Tas, Les Egarés, Sexamor et Du fond des gorges.

Photo rencontre avec le public

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NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE LE GOÛT DE L’ANANAS PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS – ÉPISODE 4 : André S. Labarthe

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D’avril à mai nous accueillons Odile Darbelley et Michel Jacquelin pour la création du quatrième épisode de NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE LE GOÛT DE L’ANANAS PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS. Nous aimons leur approche singulière du plateau, nourrie de leur connaissance profonde des arts plastiques, et animée d’un humour délicat et toujours décalé. Entre autobiographie et auto-fiction, chaque épisode propose la restitution de la vie d’un artiste en sa présence et avec sa complicité. La tranche 4 de leur ANANAS aura pour invité André S. Labarthe, critique et réalisateur de cinéma


vendredi 23 mai à 20h30
samedi 24 mai à 20h30
dimanche 25 mai à 16h
lundi 26 mai à 20h30

NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE
LE GOÛT DE L’ANANAS
PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS

ÉPISODE 4 : André S. Labarthe

réalisation Odile Darbelley & Michel Jacquelin

avec
Jean-Marc Chapoulie
Odile Darbelley

Anna Gaïotti
Michel Jacquelin
André S. Labarthe

régie générale et lumière Guy Merlant

une production commune au fil des épisodes de l’Association Arsène ; Fondation Professeur Swedenborg pour l’Art Contemporain ; CCAM Scène Nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy ; Scène nationale 61 ; Frac Provence-Alpes-Côte d’azur ; Théâtre des Bernardines ; Actoral ; Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine ; Théâtre du Bois de l’aune d’Aix-en Provence ; MP13


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« Tant que les lions n’auront pas d’histoire, les histoires de chasse seront toujours à la gloire des chasseurs. »
Proverbe africain

Dans ce projet, des artistes bien réels venant d’horizons divers sont invités à être l’élément moteur dans l’élaboration d’une série de propositions théâtrales, entre autobiographie et autofiction. Une bulle gonflable transparente est donnée comme espace de création, à la fois cocon, loupe, lieu de projection physique et mentale.
A chacun de trouver une forme cohérente, un type de relation au public, pour faire partager les expériences qui l’ont constitué en tant qu’artiste. Au fil des rencontres, nous fabriquons, de notre côté, un prototype d’artiste tangent. Ce personnage récurrent inscrit son parcours fictif dans les différentes biographies dont il se nourrit.
Ces biographies, réelles ou imaginées, sont un des éléments qui constituent l’histoire de l’Art Tangent comme une œuvre d’art.

L’invité de cette quatrième tranche est André S. Labarthe. Critique cinématographique, dès 1956 aux Cahiers du Cinéma, producteur, auteur et réalisateur proche de la Nouvelle Vague, il coproduit à partir de 1964, avec Janine Bazin la collection « Cinéastes de notre temps » dont il réalise lui-même plusieurs numéros. Il a fait par ailleurs de nombreux documentaires sur la danse, la littérature et l’art contemporain…
Pour notre projet, André S. Labarthe a proposé d’être accompagné par Jean-Marc Chapoulie, artiste vidéaste, qui dans des formes hybrides, entre performance, conférence et installation, invente des dispositifs de fabrication et de monstration du cinéma.

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Odile Darbelley & Michel Jacquelin

Odile Darbelley a reçu une formation de comédienne (principalement auprès de Yorgos Sévasticoglou et Antoine Vitez) tout en poursuivant des études universitaires en particulier à Paris III (maîtrise de Lettres modernes et D.E.A. de Théâtre). Elle est co-responsable de la chronique Arrêt sur image à Théâtre/Public. Comme comédienne, elle participe au Petit Albert et à Pirates, des créations collectives en direction du jeune public, elle joue dans Thrène et Predelle de P. Kermann mis en scène par C. Bokhobza.

Après avoir été reçu en 1982 à l’Agrégation d’Arts Plastiques et avoir soutenu en 1990 sa thèse sur la photographie, Michel Jacquelin mène en parallèle deux activités : celle de plasticien (il expose entre autres au CREDAC et pour la Galerie Michèle Chomette) ; et celle de photographe pour le théâtre et la danse (il photographie en particulier les spectacles d’A. Vitez, T. Kantor, P. Bausch, C. Régy, W. Forsythe et collabore à de nombreuses revues comme Théâtre/Public, La Revue du Théâtre, Mouvement). Il aborde la scénographie en 1992 (spectacles de R. Dubelski, C. Jehanin, M. Guerre, C. Bokhobza, X. Marchand et O. Grandville).

Odile Darbelley et Michel Jacquelin créent ensemble, à partir de 1993, leurs propres spectacles/performances: Les Témoins Oculaires, Victor Singelshot scénographe, F.K./M.J. Séance de scrutation photographique, Hans K., un cas de figure , Le Vivarium (sur un texte de G. Didi-Huberman) et développent à partir de 1996 un triptyque de spectacles, Vvert Célacon The Living Ready- Made (une oeuvre de Duchamp Duchamp), La Chambre du Professeur Swedenborg et Dispositif pour une rencontre avec les Åsa chasseurs de météores (L’Antichambre D’A. Pophtegme). L’ensemble est créé au festival d’Avignon 2001 sous le titre: Un lièvre qui a des ailes est un autre animal. En 2003, ils créent Tout seul je ne suis pas assez nombreux, une pièce de Poussiv’Dance puis les 5 épisodes du Grand Feuilleton. En 2006, après plusieurs propositions autour de la performance, ils expérimentent une télévision d’art et essai avec Tout le Bonheur est à l’intérieur et entreprennent le travail sur l’Art Tangent qui donnera lieu à un livre et à une exposition en 2007. Ils créent Ur Asamlet en 2009, tout en continuant à tourner l’ensemble de leurs productions en France et à l’étranger.
« Conférenciers loufoques, savants illuminés, artistes dérisoires et grandioses, danseurs de hasard, les bouffons poétiques qu’inventent Odile Darbelley et Michel Jacquelin réveillent la drôlerie d’une création contemporaine et interactive, toujours en train de faire face à un public complice et hilare. Elle, comédienne, a suivi l’enseignement d’Antoine Vitez ou de Jacques Lassalle. Lui, plasticien, a photographié les spectacles de Tadeusz Kantor, Pina Bausch ou Claude Régy et réalisé des scénographies pour Richard Dubelski ou Xavier Marchand. Odile Darbelley et Michel Jacquelin explorent un rapport constructif au public, interrogeant la pérennité de l’objet culturel. Par leurs allocutions, exercices, démonstrations et réalisations en direct, ils torturent et triturent le bien fondé de la gravité de toute création artistique. » Pierre Notte (programme du Festival d’Avignon 2003)

 

ROUGE

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En novembre et décembre nous accueillons la création en résidence de ROUGE d’Igor Bucharles, première mise en scène de l’un de ses textes par Charlotte Bucharles. Dans une langue d’une grande densité, Igor Bucharles explore les rémanences infinies d’une catastrophe dont la formulation semble aussi nécessaire qu’impossible… ROUGE a obtenu les aides à la production dramatique du Centre National du Théâtre et de la Drac Île-de-France.


vendredi 13 décembre à 20h30
samedi 14 décembre à 20h30
dimanche 15 décembre à 16h
lundi 16 décembre à 20h30

ROUGE

d’Igor Bucharles
mise en scène, scénographie et costumes Igor et Charlotte Bucharles
lumières Pauline Guyonnet
régie générale Pierre-Damien Crosson

avec
Damien Houssier
Maxime Kerzanet

production déléguée Studio-Théâtre de Vitry; coproduction La Compagnie de l’Entre; avec l’aide à la production dramatique de la DRAC Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication, et l’aide à la création du Centre National du Théâtre


Un homme (1) a eu un traumatisme qui l’a rendu presque amnésique et aphasique. Un autre (2) le fait parler. 1 doit alors raconter son histoire : un accident de voiture auquel il a survécu et dans lequel sa femme est morte.

Qui est ce 2 qui vient rendre visite à 1 et qui lui extorque sa parole ? On peut penser à un interrogatoire ou bien à une situation d’analyse. Mais n’est-ce pas aussi une voix intérieure ?

Peu à peu, 1 et 2 entrent dans un étrange processus. Ils repartent sans cesse sur la route de la mémoire. Le mouvement de la voiture les entraîne. La situation se transforme constamment, dérive. Des scènes reviennent, heureuses ou coupables. Ils voyagent dans l’espace et dans le temps. Le rêve et la fiction se mêlent au souvenir.

Entre 1, personnage qui a perdu son identité, et 2, personnage plastique qui a virtuellement toutes les identités, se mettent alors en place des rapports de force, de contradiction, de substitution.

En une série de variations, le texte tourne autour d’un seul point impossible à dire, et se transforme sans cesse. Ce qui est d’abord fixation sur une catastrophe, répétition immobile du passé, se met peu à peu à devenir autre. La parole fait varier les possibles, les différentes versions, les hypothèses, les fictions peut-être nécessaires pour survivre.

Dans une langue dense et rythmique, ROUGE donne à entendre un jeu d’absence et de présence, un jeu de deuil et de survie. Et tente d’atteindre, contre l’immobilité de la fixation, le mouvement du jeu, et la joie de recommencer.


2          Encore
Recommence encore

1          Nous partons

2          Oui

1          C’est un matin d’été

2          Oui

1          Nous sommes dans la voiture
tous les deux

2          Oui

1          La route roule devant nous
la route s’en va devant nous

2          Oui

1          Rien ne nous arrête
Nous sommes sur la route
dans le mouvement de la route
Il fait chaud déjà
dans ce matin d’été

2          Oui

1          Et tu es là
à côté de moi
Seulement là
à côté de moi

2          Oui

1          La route roule devant nous
la route s’en va devant nous

2          Oui

1          De part et d’autre
les arbres bougent le long de la route
calmement le long de la route

2          Oui

1          La chaleur sort de la route
et nous entoure

2          Oui

1          Tu es là
à côté de moi

2          Oui

1          Tu dis oui
pour me faire plaisir

2          Oui

1          Mais parce que c’est vrai aussi

2          Je ne sais pas

(…)

1          Où es-tu

Tu es là
Temps bref
Tu es toujours là

2          Non

1          Tu n’es plus là

2          Non

1          Pourquoi tu n’es plus là

2          Parce que je ne suis plus là

1          Tu étais là avant

2          Oui
C’était avant

1          Pourquoi tu n’es plus là

2          Parce que je ne suis plus là

1          Rit
Ce n’est pas vrai
Je t’entends

2          Oui

1          Tu es là alors

2          Non

1          Qui est là alors

2          Je ne sais pas

1          Qui parle alors

2          Je ne sais pas

1          Pourquoi tu ne sais pas

2          Parce que je ne sais pas


Igor Bucharles est né en 1979. Il a fait des études de lettres et de philosophie à l’Ecole normale supérieure et a enseigné quelques années à l’Université. Il écrit des poèmes, des récits et du théâtre.

Charlotte Bucharles est née en 1980. Elle a mis en scène Agatha de Marguerite Duras (2009, Paris Jeunes Talents) et Un jour en été de Jon Fosse (2011, coproduction le Grand T à Nantes, le Théâtre d’Arras et le Théâtre National de Bretagne).

La Ville

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En novembre nous accueillons la création en résidence de LA VILLE de Martin Crimp, dans une mise en scène de Rémy Barché, jeune metteur en scène rencontré à l’école du Théâtre National de Strasbourg. L’occasion de retrouver un grand auteur britannique contemporain dont nous aimons l’oeuvre complexe et troublante.


jeudi 10 novembre à 20h30
vendredi 11 novembre à 20h30
samedi 12 novembre à 20h30

La Ville

de Martin Crimp
traduction Philippe Djian

mise en scène Rémy Barché
dramaturgie Adèle Chaniolleau
son Mickaël Schaller
scénographie Héloïse Labrande, Jean-Baptiste Bellon
lumière Victor Egéa

avec
Marion Barché
Marianne Benne
Alexandre Pallu
Marie-Pierre Rodrigue

production Studio-Théâtre de Vitry, Compagnie Léna sur la charrette


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“Ne nous faisons pas d’illusions au moment où elle nous imagine,
la réalité devient notre ennemi numéro un.”
Michelangelo Antonioni

Clair est traductrice, Christopher est informaticien. Elle rencontre un auteur, il perd son travail. Une série d’évènements étranges vont alors se produire, et la violence du monde va s’infiltrer dans le quotidien de ce couple jusqu’ici à l’abri. Une voisine infirmière vient pour se plaindre du bruit que font les enfants dans le jardin ; elle n’arrive pas à dormir à cause des images traumatiques qui la hantent depuis que son mari est parti à la guerre. Les enfants deviennent progressivement incontrôlables, jouant à des jeux atroces et sadiques. Clair et Chris se comprennent de moins en moins. En même temps que les éléments de la fiction sont déroulés, on commence à comprendre qu’ils sont peut-être inventés au moment où ils se produisent. Peut-être que ce que l’on voit, c’est le roman que Clair essaye d’écrire à partir de sa propre vie, de sa ville intérieure.


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A la fin de La Ville, comme les six personnages en quete d’auteur de Pirandello, les quatre figures de la pièce de Crimp sont reléguées dans un continent inconnu, où tout serait frappé d’inexistence. Au moment où chacun éprouve un doute profond quant à sa condition d’être vivant dans un monde réel, Clair avoue que ce qu’ils sont en train de vivre, c’est le brouillon d’une fiction qu’elle a tenté d’écrire. Ils seraient donc des personnages. Mais les personnages d’une histoire que Clair échoue à mettre en forme. La confusion qu’elle ressent devant la complexité du monde rend impossible la tentative d’écrire sa vie. Tous se retrouvent exclus du monde réel, et exclus de la fiction. A la différence des personnages de Pirandello, ceux de Crimp ne se révoltent pas. Les Six personnages en quête d’auteur avaient un “drame”, ils trouvaient légitime qu’on leur donne une forme, ceux de la Ville se sentent vides, ils ne voient pas très bien en quoi ils pourraient s’incarner.

Quel est ce monde fascinant et effrayant que décrit Crimp et où il serait impossible de s’incarner ? Il ressemble beaucoup à nos sociétés occidentales. C’est un monde où l’on peut perdre son travail du jour au lendemain, où l’on doit porter un badge pour être reconnu, un monde où la guerre est loin mais fait faire des cauchemars, où les enfants préfèrent se faire saigner que de regarder un merle construire son nid, un monde où l’on craint de mourir d’un cancer, où les mots ont un sens différent pour chacun. Un monde dépourvu de toute profondeur et où la peur est le motif de tous les agissements. La force de l’auteur est qu’il arrive à dépeindre cet univers à travers le délitement du couple que forment Chris et Clair. L’érosion du couple est le symptôme de l’absence de repères de la société dans laquelle ils évoluent. Chacun des deux traverse un moment de crise. Lorsqu’il perd son travail, Christopher sombre dans la dépression, il perd tout sentiment de dignité. Clair en a assez de traduire les mots des autres, mais n’arrive pas écrire avec ses mots à elle. A travers leurs doutes et leur incapacité à les communiquer, c’est tout ce monde en perte de sens que nous fait entrevoir Martin Crimp.

Ce qui est beau et surprenant, c’est que la structure de la pièce elle-même est progressivement contaminée par le malaise des personnages. La Ville est une pièce malade. Chaque scène semble inachevée, les situations se répètent, les personnages agissent de façon absurde… Le texte est plus labyrinthique que linéaire. A travers le personnage de Clair, Crimp semble parler de sa propre incapacité à construire un récit. Il interroge aussi de manière passionnante le statut d’un auteur aujourd’hui. Quel est le rôle d’un écrivain dans cette société de plus en plus superficielle qui s’apparente elle-même a une fiction ? La Ville répond à ces questions par son invention permanente et sa façon de sortir des codes habituels du théâtre. Si la pièce peut susciter l’effroi, elle rassure aussi par sa capacité rare à saisir avec beaucoup d’acuité et de sensibilité cette complexité parfois écrasante du monde.

Rémy Barché


Rémy Barché, metteur en scène

Parallèlement à sa formation en Arts du spectacle à l’université Bordeaux III, il monte La Semeuse de Fabrice Melquiot et Fairy Queen d’Olivier Cadiot. Il crée un audio-spectacle à partir de textes de Sarah Kane et Stig Dagerman pour l’édition 2004 du festival Novart.
Il entre en 2005 à l’École du TNS en tant qu’élève metteur en scène, et monte deux spectacles : Le
Cas Blanche-Neige d’Howard Barker et Cris et chuchotements d’après Ingmar Bergman. Il travaille avec Stéphane Braunschweig, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, Marie Vayssières, Frederic Fisbach, Bernard Sobel, Krystian Lupa.
En 2009/2010, il est assistant de Ludovic Lagarde sur le spectacle Un nid pour quoi faire d’Olivier
Cadiot (CDDB Lorient, Festival d’Avignon 2010). En 2010, il assiste Daniel Jeanneteau et Marie- Christine Soma pour la mise en scène de L’affaire de la rue de Lourcine d’Eugene Labiche.
Il est metteur en scène associé au festival des Nuits de Joux (Haut-Doubs), où il monte La Tempête de Shakespeare (été 2009) et Amphytrion de Kleist (été 2010).
Il prépare la mise en scène La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello pour la saison 2011/2012
(CDN de Bordeaux, Comédie de Reims, TNT de Toulouse…).
Il intervient régulièrement dans les classes de la Comédie de Reims et en option théâtre au lycée d’Asnières.

Le Cerceau

Cerceau

En novembre 2009 nous accueillons Laurent Gutmann et le Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine avec qui nous poursuivons une relation d’échange et de collaboration entamée la saison dernière (le stage professionnel dirigé par Daniel Jeanneteau s’est déroulé entre Thionville et Vitry ; « Feux » d’après August Stramm a été repris en résidence et joué quatre fois au Théâtre en Bois du CDN ; Marie-Christine Soma signe les lumières du « Cerceau »). Après une session de répétitions dans nos murs au mois d’août, nous présentons pour cinq représentations la mise en scène par Laurent Gutmann du «Cerceau » de Victor Slavkine. Magnifique chef-d’œuvre nourri de réminiscences de « La Cerisaie » de Tchékhov, « Le Cerceau » vient poursuivre la réflexion sur le monde postsoviétique que nous avions entamée en février 2009 avec « Ensorcelés par la mort » de Svetlana Alexievitch.


Le Cerceau

de Victor Slavkine

Le samedi 7 à 19 h
le dimanche 8 à 16 h
le lundi 9 à 19h

le samedi 14 à 19 h
et le dimanche 15 à 16 h

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© Béatrice Minda

« Si je vous ai réunis, c’est parce que
nous avons tous quelque chose en commun.
Moi, nous, tous, nous sommes seuls. »

Traduction Simone Sentz-Michel, Editions Actes-Sud Papiers
Mise en scène Laurent Gutmann

Avec Jade Collinet, Bruno Forget, Daniel Laloux, Marie-Christine Orry, Eric Petitjean, François Raffenaud, Richard Sammut

Scénographie Laurent Gutmann et Mathieu Lorry Dupuy
Lumière Marie-Christine Soma
Costumes Axel Aust
Son Madame Miniature
Assistante à la mise en scène Anne-Margrit Leclerc

Petouchok, un ingénieur d’une quarantaine d’années, célibataire et urbain, a hérité, à la suite du décès d’une grand-mère, d’une maison à la campagne. Il décide de réunir cinq amis, plus ou moins proches, pour un week-end dans cette maison qu’il découvre en même temps qu’eux. Les six protagonistes ont en commun de vivre seuls et d’avoir sensiblement le même âge (hormis une jeune femme de 26 ans). Petouchok rêve de faire de cette maison le lieu de rassemblement d’une communauté amicale et informelle, rempart durable contre la solitude de ses membres. Un vieil homme les y rejoindra à l’improviste, ancien amant de la grand-mère décédée. Avec la redécouverte des lettres qu’elle et lui échangèrent pendant de longues années, c’est le passé de chacun des invités du week-end qui sera convoqué.

Par certains motifs, on pense à Tchékhov, (la villégiature, l’oisiveté, un monde qui chancelle – ici l’Union Soviétique –, l’ironie). C’est avec les coups de hache abattant les cerisiers que s’achevait La Cerisaie. C’est avec les coups de hache que donne Petouchok pour ouvrir la maison dont il vient d’hériter que commence Le Cerceau. Comme si Petouchok rouvrait la Cerisaie, quatre-vingts ans après. Mais ce qui pourrait n’être qu’un jeu littéraire assez vain, au mieux un aimable pastiche, débouche au contraire sur le constat d’une impasse, sur la nécessité de réinventer cet héritage.

S’éloignant peu à peu de Tchekhov, la voix de Victor Slavkine devient alors absolument singulière, qui ose, dans l’apparente unité de temps, de lieu et d’action de son texte, une écriture jamais linéaire, faite d’échappées belles, de collage, de rupture de style. Un air d’opérette, un tour de magie ou un compte rendu de voyage viennent interrompre le cours de dialogues eux-mêmes apparemment décousus. Le passé n’a plus de valeur en lui-même, mais est réinventé au gré des jeux des protagonistes. Le théâtre est dans tous ses états : l’identité des uns et des autres se brouille, tout comme la situation qu’on pensait familière.

Le texte porte la marque de ses origines : les années 1980 en URSS. Le projet communautaire de Petouchok était alors sans doute compris comme une réponse sympathique et dérisoire au délitement en cours de la société soviétique. Mais c’est bien une question plus générale – celle de la contemporanéité – qu’il soulève. Être contemporains, c’est partager un même temps. Qu’advient-il dès lors que le passé est la seule dimension du temps que l’on parvienne à partager ? « J’ai compris une chose : il n’y a rien. Rien d’autre que ce qui existait avant. », dit Petouchok, au début de la pièce, à la femme qu’autrefois il a aimé. Et plutôt que de signifier que rien n’a changé, que leur amour a survécu à l’usure du temps, il nous dit là que ce n’est qu’en disparaissant que leur amour a trouvé sa réalité. Comme si n’était partageable que ce qui était perdu.

Mais la pièce ne se complaît pas dans l’exploration du sentiment nostalgique. Elle en met au contraire en lumière les dangers et se fait apologie du jeu et du théâtre comme conditions d’un temps partagé. « J’ai eu l’impression… J’ai pensé que… maintenant, justement, nous pourrions vivre tous ensemble dans cette maison. » Ce sont là les derniers mots de la pièce et ils offrent (au moins) deux interprétations : soit l’idée d’une vie commune dans cette maison n’est devenue désirable qu’à l’instant où il était clair pour tous qu’elle n’était plus possible, soit la pièce s’arrête là parce qu’enfin vivre ensemble dans cette maison est devenu possible. Comme si le théâtre avait eu pour fonction de mettre à nu le cheminement permettant d’en arriver là, ou mieux, comme si le théâtre avait été le moyen de cette communauté. Au moins, le temps de la représentation aura été un temps partagé.
C’est cette seconde hypothèse qui, à mon sens, justifie qu’on s’intéresse aujourd’hui au Cerceau.

Laurent Gutmann

Production Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine, Grand Théâtre de Luxembourg, La dissipation des brumes matinales.
Avec le soutien de l’Équinoxe, Scène Nationale de Châteauroux et du Théâtre du Jarnisy


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Victor Slavkine

Victor Yosifovitch Slavkine est né en 1935 à Moscou. Il fait ses études à Moscou à l’Institut d’ingénieurs du transport ferroviaire et durant quelques années travaille sur des chantiers et dans des bureaux d’étude de construction.

Déjà à l’université, il participe activement aux ateliers artistiques amateurs et ses premières pièces sont jouées dans le fameux studio du théâtre universitaire de Moscou des années 60 : « Notre Maison ».

Dès 1961, il est publié dans les journaux et magazines comme auteur de récits humoristiques et écrit également pour la radio et la télévision. A partir de 1963, il se tourne définitivement vers le travail d’écriture. De 1967 à 1984, il travaille pour le journal populaire « Yunost » (Jeunesse) dont il est responsable de la rubrique satire et humour. En 1979, sa pièce Fille adulte d’un jeune homme est présentée au Théâtre Stanislavski à Moscou. La mise en scène est d’Anatoli Vassiliev qui par ailleurs réalisera la mise en scène du Cerceau au théâtre Taganka. Par la suite, cette pièce comme beaucoup d’autres (Le Mauvais appartement, Le Tableau, Une place pour fumeurs…) seront jouées dans de nombreux théâtres d’Europe et d’Amérique.

Victor Slavkine travaille aussi pour le cinéma. Certains de ses films d’animation dont il écrit les scénarios sont récompensés aux festivals internationaux de cinéma.
Le recueil de ses pièces et un livre, intitulé Mémorial pour un jeune zazou, sont publiés.
Ces dernières années, Victor Slavkine était occupé par un important projet de télévision «Le vieil appartement». Mêlant moyens documentaires et artistiques, 52 épisodes racontent l’histoire d’une journée dans la période allant de l’après guerre (1947) à l’an 2000. Pour ce scénario, Victor Slavkine a reçu le Prix d’État de la Fédération Russe et le Prix National de la Télévision «Téffi». « Gofmaniada » – un long-métrage, film d’animation d’après le scénario de Victor Slavkine, est actuellement en cours de tournage.

Laurent Gutmann

Il reçoit une formation de comédien à l’École de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, puis au Théâtre National de l’Odéon, avec notamment Antoine Vitez, Yannis Kokkos, Aurélien Recoing, Jean-Marie Winling, Andrej Sewerine… Parallèlement, et après une Maîtrise de Sciences Politiques, il obtient un DEA de philosophie à Paris X Nanterre.

Avant de réaliser ses propres mises en scène, il travaille comme assistant de Jean-Pierre Vincent sur Les Caprices de Marianne et Fantasio d’Alfred de Musset, au Théâtre des Amandiers à Nanterre (1991 et 1992), et comme comédien dans Jeanne d’Arc au bûcher, oratorio d’Arthur Honneger et Paul Claudel, mis en scène par Claude Régy à l’Opéra Bastille.
En 1994, il crée sa compagnie (Théâtre Suranné) avec laquelle il réalise ses propres mises en scène : Le Nouveau Menoza, de Jacob Lenz (1994-95) ; Le Balcon et Ce qui est resté d’un Rembrandt déchiré en petits carrés et foutu aux chiottes, de Jean Genet (1996), Les Décors sont de Roger H, création collective (1996) ; Le Coup de filet de Bertolt Brecht (1997), La Vie est un songe de Calderon de la Barca (1997-1998) ; Œdipe roi de Sophocle, En Fuite –textes de Georges Perec, Nathalie Sarraute et Jean Genet– (1999) ; Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès, En route, création collective (1999-2000) ; Les Légendes de la forêt viennoise d’Ödön von Horvath (2001). A partir de 1999, la compagnie s’installe en Région Centre, associée à la Halle aux grains – Scène Nationale de Bois.
En 2002, il est lauréat du concours « Villa Médicis hors les murs » pour un projet de collaboration à Tokyo avec l’auteur et metteur en scène japonais Oriza Hirata ; dans la continuité de ce projet, il met en scène India Song de Marguerite Duras, avec des comédiens japonais, au Théâtre Agora de Tokyo.
Il anime par ailleurs de nombreux ateliers à Orléans, Grenoble, Strasbourg, Lima (Pérou), Barcelone et Tokyo.

En janvier 2004, il prend la direction du Théâtre Populaire de Lorraine qui devient CENTRE DRAMATIQUE DE THIONVILLE-LORRAINE puis obtient la labellisation CDN en janvier 2009.
En mai 2004, il présente Nouvelles du Plateau S. d’Oriza Hirata.
Il crée Splendid’s de Jean Genet en septembre 2004 et Les Estivants d’après Maxime Gorki en mai 2005, spectacle de sortie du groupe XXXV de l’École du Théâtre National de Strasbourg, où Laurent Gutmann a été responsable pédagogique associé.
Il écrit et met en scène La Nuit va tomber, tu es bien assez belle, spectacle à installer partout.

En janvier 2006, il recrée à Thionville Terre Natale de Daniel Keene, puis en mai de la même année, Lorenzaccio de Musset dont il assure l’adaptation en langue allemande, avec la troupe du Saarländisches Staatstheater. En janvier 2007 il crée Chants d’Adieu, une pièce écrite pour lui par Oriza Hirata. Le spectacle part en tournée trois saisons consécutives.
Je suis tombé, d’après « Au-dessous du Volcan » de Malcolm Lowry, a été créé en mars 08 au Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine. Laurent Gutmann en a assuré l’adaptation et la mise en scène.

Création 12-17 octobre 09 – Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine

Tournée 09-10 (sous réserve) :

Les 20, 22 et 23 octobre 09 – Luxembourg, Grand Théâtre

Le 27 janvier 10 – Vannes, Théâtre Anne de Bretagne

Le 9 février 10 – Saint-Brieuc, La Passerelle Scène Nationale

Le 24 mars 10 – Châteauroux, Équinoxe Scène Nationale

Le 30 mars 10 – Saintes, Gallia Théâtre

Anechoïcspeech

 

En septembre nous accueillons les jeunes comédiens et scénographes Fanny Sintes et Olivier Brichet pour la création de leur projet ANECHOÏC SPEECH, que nous présenterons au Studio-Théâtre du 27 au 30 septembre.


vendredi 27 septembre à 20h30
samedi 28 septembre à 20h30
dimanche 29 septembre à 16h
lundi 30 septembre à 20h30

ANECHOÏCSPEECH

site internet du projet

pièce électro-acoustique pour 3 voix et instrumentarium
de Olivier Brichet et Fanny Sintes

textes Christophe Tarkos, Alice Zeniter et Ghérasim Luca

avec
Olivier Brichet
Fanny Sintes
voix off Josseline Mayolle
régie et live sampling Julien Fezans

accompagnement à la mise en scène Alice Zeniter
collaboration à la recherche musicale Lawrence Williams
dispositif scénographique Olivier Brichet

Production Studio-Théâtre de Vitry avec le soutien des Laboratoires d’Aubervilliers.


AES
© Olivier Brichet

Deux voix forment deux voies parallèles.
Un couple tente de se parler. Chacun évoque ses souvenirs. Une litanie prend forme, les souvenirs reviennent, varient, formant une ritournelle contre l’oubli.
Jamais le dialogue au sens où nous l’entendons n’opère.
Mais un dialogue sonore s’esquisse entre les deux voix.

Le langage se fait geste sonore.
Le dialogue devient forme d’écho, de réponses et de mises en abîmes multiples.
Il effectue une mise en mémoire.

Contre l’oubli, la parole permet de s’entendre, de revivre et la voix par répétition entre en résistance contre l’effacement, contre l’oubli.
Se répéter – malgré soi – pour garder vive cette mémoire.
Le mot devient alors un pattern, un motif rythmique.
Le sens se mue en son.
Un nouveau type de langage plus poétique s’amorce.

Si l’écho participe à la perduration d’un son et ainsi à sa survivance,
il précipite également sa disparition en l’éloignant de la source.

Vie et mort se côtoient.

ANECHOÏCSPEECH
peut-être à la fois un hörspiel,
une pièce de théâtre,
un concert,
une performance.


AES
© « Still life » AvantGardenGroup

« Est-qu’en bougeant on rencontre plus de rencontres qu’en restant immobile? » Christophe Tarkos, Anachronisme

Ici le travail et l’esthétique radiophonique traités sur le plateau offre aux spectateurs un rapport ambigüe aux personnages, au(x) temps et au(x) lieu(x) de l’action. La question du hors-champ reste toujours active.  Cette prosodie elliptique, en creux, révèle un langage qui se veut en un sens «non-théâtral». Le sens du langage comme expression rationnelle est absent parce qu’empli d’incertitudes, d’oublis, de pertes.
Entre transe et somnambulisme, la communication semble alors être promise à l’échec. Le langage devient une poétique du langage.

Dans cette pièce, un couple tente de se parler. Chacun évoque des souvenirs personnels. Une litanie prend forme, les souvenirs reviennent, varient, comme une ritournelle luttant contre l’oubli. Se répéter pour garder vive cette mémoire.

A la manière de Echo qui ne peut parler que si un tiers amorce une parole, la mise en scène va distiller et expérimenter différents modes d’expression.L’enjeu étant de créer des instants qui semblent initier un dialogue.  L’inconscient parle et le silence crie. ANECHOÏCSPEECH est un espace de rencontres possibles pour qu’Une rencontre ait lieu. Confrontant les écritures sur le plateau, leurs résonances permettront une appréhension plus globale des événements et phénomènes langagiers. La partition des trois auteurs que sont Christophe Tarkos, Ghérasim Luca et Alice Zeniter vont interroger les différentes strates liées à l’émergence d’une parole. Considérant le langage comme une infime partie audible de ce qui se joue à un niveau plus souterrain de l’expression,  ANECHOÏCSPEECH explore la parole comme le fruit d’un système complexe au centre duquel se situe l’empathie et la mémoire.


Olivier Brichet ,scénographe-constructeur et créateur sonore

Après une formation aux Beaux-Arts d’Angers (2004-2007) où il entamera une recherche portée sur la perception/représentation visuelle et sonore de l’espace aux travers d’installations notamment, il poursuit ses recherches en intégrant la section scénographie de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (2008-2011). Il réalisa deux documentaires: Ljo Komoe_réalisé au Mali-2006 en collaboration avec des étudiants des Beaux-Arts d’Angers et du Conservatoire Balla Fasseké de Bamako; et In Dakar Off Dak’art biennal_ réalisé au Sénégal-2008 (commande de l’Harmattan-TV) en collaboration avec l’ONG Groupe Image et Vie (GIV) de Dakar. Entre 2009 et 2010, il collabora avec Gwenaël Morin sur le Théâtre Permanent ainsi que sur l’Encyclopédie de la Parole aux Laboratoires d’Aubervilliers en qualité de constructeur, machiniste et régisseur. Il rejoint l’équipe du théâtre de Bussang en 2009 en qualité de constructeur, régisseur plateau et son. Depuis 2010, il assiste Sylvain Ravasse en prototypage-nouvelle lutherie et Tanguy Nédélec (régisseur des Laboratoires d’Aubervilliers) à la construction. En 2012 il réalise le clip du groupe Mungo Park_Pilgrim (Third Side Records) avec Alexandra Epée. Il assiste le scénographe Julien Peissel sur le projet de fin d’étude du CFPTS au théâtre de Gennevilliers (m.e.s Ricardo Lopez Munoz_Home sweet home). Il créera la scénographie et les costumes pour la compagnie MoodMachine (création 2013-2014 ) avec Nicolas Marchand à la mise en scène. Il concevra en 2013 également, un jardin sonore dans le cadre de la 22è édition du festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire.
 
Fanny Sintes, comédienne

Suit une formation de comédienne au conservatoire d’Antony, au Studio Théâtre d’Asnière puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (promotion 11). En 2008, elle effectue un stage d’un an au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne et pratique la corde lisse. Elle a travaillé à Radio France et a joué dans plusieurs courts métrages. En 2011 elle joue dans le film « Les Lendemains » réalisé par Bénédicte Pagnot. Au théâtre, elle joue dans « Opus Magnum » mis en scène par Olivier Py. « Les Détraquées » mis en scène par Frédéric Jessua, «Love box, Boxons d’Amour» compositeur Benjamin Hertz, mis en scène par Olivier Fredj avec l’ensemble 2e2m (Chef d’orchestre : Pierre Roullier); « Le Lavoir » de Dominique Drurvin et Hélène Prevost, mis en scène par Brigitte Damiens. En juillet 2012, elle participe au festival de Villeréal dans la création de Marc Vittecoq «L’école». Elle joue dans “ Maitre puntilla et son valet Matti”de B.Brecht, mis en scène par Guy Pierre Couleau (création octobre 2012).

Julien Fezans, régisseur son et lumière

Après ses études en image et son à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, il travaille aux côtés de Daniel Courville afin de créer des outils permettant de traiter le format ambisonique à l’Université du Québec à Montréal. A son retour, il travaille en tant que chef opérateur et assistant son en fiction et documentaire. Parallèlement il participe à différents projets de création sonore, tout d’abord pour le théâtre, aux côtés de Clara Chabalier – Les Ex-citants, Elzbéita Jeznach – Miettes de spectacles, Judith Depaule – Mabel Octobre, Jacques Dor – Désordre alphabétique, Noelle Keruzoré – Dellie Compagnie, Sarah Oppenheim – Le Bal Rebondissant, Katja Ponomareva – L’ Ensemble à Nouveau, puis pour la radio avec l’émission 37.2 diffusée sur Radio Campus Paris. En 2011, il participe au groupe de recherche Gangplank, regroupant techniciens lumière, son, vidéo, musiciens, chorégraphes, metteurs en scène autour des interactions de la technologie et de la dramaturgie dans nos pratiques de fabrication scénique, soutenue par les Laboratoires d’Aubervillers.

Lawrence WILLIAMS, musicien

Saxophoniste britannique et compositeur, il joue du saxophone ténor et alto, de la musique électronique et travaille également avec divers musiciens à travers toute l’Europe. Il a étudié la musique au Kings College de Londres auprès de Silvina Milstein, Jonathan Colet George Benjamin. Auparavant, il a également étudié le saxophone avec Ian Dixon et Martin Speake à Londres et Irving Acao à La Havane. Il compose régulièrement pour le théâtre et la danse en mettant son expérience de la musique improvisée au service d’autres musiciens mais aussi d’acteurs, danseurs et artistes visuels dans le but de concevoir et développer des projets interdisciplinaires. Il utilise également ses connaissances de l’improvisation dans son travail éducatif lorsqu’il met en place des ateliers pour enfants ou pour des groupes amateurs aussi bien que pour des compositeurs et musiciens professionnels. Il a beaucoup travaillé avec Arpad Schilling au cours des deux dernières années (l’Apo- logie de l’escapologiste, notamment). Ses performances récentes incluent la Barbican, Londres, BLA, Oslo, et le Cha’ak’ab Paaxil Festival, Merida, Mexico.

Alice Zeniter, auteur et dramaturge

Alice Zeniter a 26 ans. Originaire de Normandie, elle a vécu entre Paris et Budapest au cours des quatre dernières années. Elle publie un premier roman en 2003, «Deux moins un égal zéro». Son second roman, «Jusque dans bras», sort en mars 2010 chez Albin Michel. Il reçoit le prix de la Porte Dorée en juin 2010. En janvier 2013, elle publie «Sombre Dimanche» (Albin Michel), saga familiale hongroise et roman lauréat du prix de la Closerie des Lilas. Alice travaille depuis près de sept ans comme dramaturge. Elle a été à plusieurs reprises collaboratrice artistique auprès de Brigitte Jaques Wajeman sur de nombreuses pièces classiques (Nicomède et Suréna de Corneille aux théâtres de la Tempête et de la Ville, ou encore Tartuffe de Molière au château de Grignan). Elle travaille également avec la compagnie Kobal’t sur un répertoire plus contemporain et, depuis peu, à la mise en scène de ses propres textes. Elle a écrit deux pièces, «Spécimens humains avec monstres» (lauréate de l’aide à la création du CNT en 2010) et «Trilogie inachevée», jouées et mises en espaces à plusieurs reprises, ainsi qu’un spectacle musical jeune public «un Ours, of cOurse». Le 3 juin 2013 elle obtient le 39ème Prix du Livre Inter pour son roman Sombre Dimanche.

Ensorcelés par la mort

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Ensorcelés par la mort

Le 31 janvier à 20h30
le 1er février à 16h
les 2, 6 et 7 février à 20h30

Des représentations hors-les-murs auront lieu durant la même période dans divers lieux de Vitry.

Texte français : Sophie Benech
Mise en scène : Nicolas Struve
Scénographie : Damien Caille-Perret
Lumière : Pierre Gaillardot

Avec :
Christine Nissim
Stéphanie Schwartzbrod
Bernard Waver

Production Studio-Théâtre de Vitry, coproduction Arcadi, en collaboration avec la Cie Trois-Quatre et L’oubli des cerisiers

Russie, début des années 90. L’URSS vient de cesser d’exister. Deux femmes, un homme parlent, tour à tour, du monde auquel ils ont cru. Des années durant ils ont fermé les yeux sur ce qui se passait au nom d’un rêve qu’ils avaient embrassé – un idéal de justice… Ils ont travaillé, se sont mariés, ils ont eu des enfants et, même s’ils ont parfois senti le vent de la répression passer sur eux, ils ont vibré pour Gagarine, les plans quinquennaux, le premier mai, pour un bonheur qui semblait venir ; puis, tout s’est effondré. Ils se sont retrouvés nus, leurs rêves enfuis, avec pour seule compagne une vie ayant perdu tout sens… Alors ils ont voulu mourir –– et ceux-là n’y sont pas parvenus. Un grand écrivain, Svetlana Alexievitch, les a rencontrés, les a fait parler.

Nicolas Struve

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© Photo Luc Delahaye

SVETLANA ALEXIEVITCH

Née en 1948 en Ukraine, élevée en Biélorussie, Svetlana Alexievitch, après avoir été diplômée de l’école de journalisme de Minsk, travaille pour divers journaux et revues. Elle publie ses premiers récits en 1975 et se consacre, à partir de 1984, entièrement à l’écriture.
Titulaire d’une vingtaine de prix internationaux, figurant sur la liste des futurs lauréats du prix Nobel de littérature depuis 2001, Svetlana Alexievitch est d’abord un écrivain d’une probité rare possédant cette oreille d’une justesse absolue qui lui permet d’entendre au plus profond, au plus contradictoire, au plus humain, ceux avec qui elle s’entretient avant de rédiger ses ouvrages.
Ouvrages qui sont, le plus souvent, des polyphonies fouillant le cœur des hommes tout en se consacrant à de grands événements historiques : La guerre n’a pas un visage de femme pour la seconde guerre mondiale, les cercueils de zinc pour la guerre d’Afghanistan, La supplication pour la catastrophe de Tchernobyl, Ensorcelés par la mort pour la chute de L’URSS.
Ce caractère polyphonique ainsi que l’extraordinaire justesse des voix dont sa plume est la dépositaire expliquent le formidable intérêt des gens de théâtre pour l’écriture de Svetlana Alexievitch : rappelons les deux mises en scène de Les cercueils de Zinc par Didier-George Gabilly et Jacques Nichet, ainsi que les nombreuses mises en scène de La supplication.
Les livres de Svetlana Alexievitch ont été publiés en allemand, anglais, biélorusse, bulgare, chinois, finnois, hongrois, japonais, lituanien, néerlandais, roumain, russe, slovaque, suédois, tchèque, ukrainien, vietnamien.
En français : Cercueils de Zinc, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1991, 2002. Ensorcelés par la mort, Plon, Paris, 1995. La Supplication. Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse, Jean-Claude Lattès, Paris, 1998/J’ai lu, 2000. La guerre n’a pas un visage de femme, Presse de la renaissance, 2004. Derniers témoins, Presse de la renaissance 2005.

NICOLAS STRUVE

Il a travaillé au théâtre comme comédien notamment avec Lars Noren dans À la mémoire d’Anna Politkovskaia, Claude Buchvald dans Vous qui habitez le temps, Le repas, L’opérette imaginaire de Valère Novarina et Tête d’or de Paul Claudel ; Christophe Perton dans Hop la, nous vivons ! d’Ernst Toller ; Alfredo Arias dans La dame aux camélias d’Alexandre Dumas ; Jean-Louis Martinelli dans Andromaque de Jean Racine ; Claude Baqué dans Bobby Fisher vit à Passadena et Eaux dormantes de Lars Noren ; Maria Zachenska dans Le babil des classes dangereuses de V. Novarina et Cette Nuit de M. Zachenska d’après F. Dostoievski ; Adel Akim dans La toison d’or ; Lisa Wurmser dans le Maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov et La mouette d’A. Tchekhov ; Richard Brunel dans Casimir et Caroline de Odön von Horvath ; B. Lambert dans La gelée d’arbre d’Hervé Blutch ; Richard Demarcy dans Les voyageurs et les ombres de Richard Demarcy ; Bruno Abraham-Kremer dans Le pépin du raisin – Cabaret russe…
Il a mis en scène Une Aventure de Marina Tsvétaieva aux Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon, il a dirigé plusieurs lectures de pièces traduites du russe par ses soins que ce soit au festival d’Avignon, au Festival Passages à Nancy ou au C.N.S.A.D. Il a été assistant metteur en scène et collaborateur artistique dans Devant la parole de Valère Novarina interprété et mis en scène par Louis Castel à l’école des beaux-arts d’Avignon (spectacle repris, entre autres, au théâtre du Merlan à Marseille et au théâtre du Cargo à Grenoble et au Théâtre Vidy-Lausanne…)
Au cinéma il a travaillé avec C. Lelouch et C. Denis.
Il a traduit du russe une dizaines de pièces d’Olga Moukhina, Anton Tchekhov, Nikolaï Erdmann, des frères Presniakov, Marina Tsvetaeva dont il a traduit aussi une correspondance (Clémence hiver éditeur 2007 – mention spéciale du prix Russophonie 2008, récompensant les meilleures traductions du russe).

Contact pour la diffusion :
Frédérique Payn
frederiquepayn@gmail.com
06 23 78 38 66

En tournée :
Au Phénix à Valenciennes, le 13 février 2009
Au Théâtre des sources à Fontenay-aux-Roses, les 6 et 7 mars 2009
À la Maison de la poésie du 12 au 28 juin

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© Photo Marie-Christine Soma

Kaspar

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Nous consacrerons les Ouverture(s) de mai à Axel Bogousslavsky, acteur au théâtre et au cinéma, en résidence au Studio-Théâtre avec Florence Pezon, cinéaste, dans une mise en jeu du texte autobiographique de Kaspar Hauser, mystérieux enfant sauvage trouvé un jour de 1828 dans une rue de Nuremberg…


Le vendredi 21 mai à 20h30

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d’après le récit de Kaspar Hauser par lui-même
traduit par Jürgen Ellinghaus et Florence Pezon

une performance d’Axel Bogousslavsky
 
en atelier avec Florence Pezon
avec la complicité de Thomas Favel, opérateur lumière
et Vincent Villa, opérateur son
et les regards de Jérôme Tisserand et Thibault Vancraenenbroeck.

Production Studio-Théâtre de Vitry.


 » Prenez note :
Avis officiel,
Au nom de sa majesté le roi de Bavière.
Le 26 mai 1828
Un jeune homme a été trouvé à Nuremberg,
Qui,
Par son comportement proche de celui d’un idiot,
Attira sur lui l’attention des autorités municipales de police.
Prétendument nommé Kaspar Hauser
Et
Agé selon toute apparence de 16 à 18 ans,
Mais qu’il fallait bien plutôt le considérer,
En dépit de ses très bonnes dispositions naturelles,
Comme un être qui avait été totalement abandonné à lui-même
Quant à son développement intellectuel
Et
Qui ressemblait donc à un enfant encore privé de langage,
A qui le monde extérieur dans son entier est encore demeuré inconnu.  »


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© A. Crews

Axel Bogousslavsky a joué au théâtre dans la plupart des spectacles de Claude Régy et avec les metteurs en scène Bruno Bayen (Stella) ; Jean-Michel Rabeux ; Xavier Marchand (Au Bois lacté) ; Jean-Baptiste Sastre (L’Affaire de la rue de Lourcine, Tammerlan) ; Etienne Pommeret (Drames brefs) etc.
Avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, il a joué dans la Sonate des Spectres de Strindberg en 2003, dans Adam et Ève de Boulgakov en 2007 et dans Feux d’après August Stramm en 2008.
Au cinéma, il a joué notamment dans le film de Marguerite Duras Les Enfants et a tourné sous la direction de Manoel de Oliveira dans Mon cas et d’Arnaud des Pallières dans Adieu.

Florence Pezon fait des films : I would prefer not to, Lieu de naissance, Résistance(s), Welcome out/in Sangatte, Vertige horizontal, Scenario du film Genie Kaspar et les autres, et mène depuis 2007 un atelier permanent avec des personnes ayant à voir avec la psychiatrie, élaborant un film collectif intitulé « Plusieurs fois la Commune ». Actuellement elle termine la partie Kaspar du film en diptyque « Genie, Kaspar et les autres ».

MANNEKIJN / TAHOE

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En mai-juin nous accueillons la création en résidence de TAHOE, nouvelle pièce de Frédéric Vossier écrite pour le metteur en scène Sébastien Derrey et ses comédiens. TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, du même auteur, et mis en scène par Sébastien Derrey en 2012. Après cinq semaines de travail dans nos murs, nous présenterons Tahoe (en étape de travail) et Mannekijn, pour la première fois réunis.


vendredi 7 juin à 20h30 – TAHOE
samedi 8 juin à 19h00 – MANNEKIJN + TAHOE
dimanche 9 juin à 16h – MANNEKIJN + TAHOE
lundi 10 juin à 20h30 – TAHOE

MANNEKIJN / TAHOE

texte Frédéric Vossier
mise en scène Sébastien Derrey
lumière Rémi Godfroy (MANNEKIJN), Coralie Pacreau (TAHOE)
scénographie Sallahdyn Khatir
son Régis Sagot (MANNEKIJN), Isabelle Surel (TAHOE)
costumes Elise Garraud
administration Silvia Mammano
conseil production Claire Devins

avec

Frédéric Gustaedt
Catherine Jabot
Nathalie Pivain

MANNEKIJN
spectacle créé à L’Échangeur en 2012 production migratori K merado, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide à la diffusion d’ARCADI, avec l’aide de Ramdam / Lyon, du Centquatre / Paris, d’Anis Gras / Arcueil et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri

TAHOE Production migratori K merado, co-production Studio-Théâtre de Vitry, avec l’aide à la production d’ARCADI – établissement culturel d’île-de-France, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide du Centquatre / Paris, de Théâtre Ouvert / Paris et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri création à l’Échangeur en décembre 2013

le texte est édité aux éditions Quartett


TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, une des premières pièces de l’auteur de théâtre Frédéric Vossier que Sébastien Derrey a mis en scène en 2012 à L’Echangeur. Après avoir vu le spectacle, l’auteur a souhaité prolonger l’expérience intense et joyeuse vécue avec l’équipe de MANNEKIJN, et a écrit, très vite, un texte sur mesure pour les mêmes acteurs et le même metteur en scène : TAHOE.

 » J’ai toujours pensé qu’il fallait aborder au théâtre la question de l’industrie du spectacle – de son pouvoir économique, social et idolâtrique. Le phénomène de la célébrité est un facteur de domination sociale qui s’exerce massivement sur les subjectivités. J’ai écrit Mannekijn il y a quelques années en partant de cette question. Sébastien Derrey et son équipe ont crée le texte. Il y a eu comme une évidence. L’évidence incalculable d’une rencontre artistique et d’une compréhension commune. Et donc est né un désir de continuer, d’apporter une étape qui suit. J’ai écrit pour eux, exclusivement, Tahoe. Avec ce texte, j’ai continué de tisser le fil de cette dramaturgie critique et cynique de l’Idole.  »

Frédéric Vossier

MANNEKIJN, sa pièce la plus à l’eau de rose selon l’auteur, est un théâtre de marionnettes vivant. Les clichés encombrent les têtes et collent les corps. S’y joue une description implacable de la violence de la domination, de son mécanisme. Au niveau moléculaire des mots on voit comment le langage devient instrument de la violence. Une deshumanisation est à l’œuvre. Malmenés, vulnérabilisés par la parole, les personnages ont des identités flottantes. Mots d’ordre, clichés, images publicitaires les recouvrent et rendent la perception de leurs vies très précaire. Derrière cette pellicule glacée perce pourtant la fragilité des corps et l’indéfini des vies.

Une mère rend visite à sa fille qui entretient une relation de couple très trouble avec un footballeur espagnol déchu. Cette ancienne star du football est l’objet de toutes ses curiosités. On ne le voit pas pendant longtemps. On l’attend. On l’imagine. Il n’apparaît que brièvement. Son apparition grotesque ébranle tout ce qu’on croyait établi. C’est un renversement. Quelque chose se trouble et notre regard en est contaminé.

Le néerlandais « mannekijn » a donné « mannequin ». L’étymologie dit : « petit homme », figure, « forme humaine », apparence, représentation de l’homme sous toutes ses formes, poupée, pantin, marionnette, statuette, figurine, avatar, point de jonction entre l’inanimé et l’animé, entre la chose et l’humain, entre le faux et le vrai.

MANNEKIJN a été créé en 2012 au Théâtre l’Échangeur – Avec l’aide de Ramdam/Lyon, du Centquatre/ Paris, d’Anis Gras /Arcueil – production Cie Migratori k. merado / avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise) / Le texte est publié aux éditions Quartett.

Dans TAHOE, les personnages ont pour nom les diminutifs des acteurs pour qui ils ont été écrits. Une succession de moments forment un récit elliptique librement inspiré des derniers jours de la vie d’Elvis Presley à Graceland, le manoir-mausolée où vivait « le King » entouré de sa cour. Mais on n’est pas obligé de s’attacher à cette référence. Ce qui compte ici, c’est moins les images telles quelles que leur force d’attraction et le jeu de regard qu’elles permettent d’instaurer avec le spectateur.

L’action se passe dans l’une des chambres de « la maison de la grâce ». Un lit grand et profond comme l’océan. Une salle de bains où l’on peut s’enfermer. On imagine autour un labyrinthe de pièces plus ou moins peuplé. On peut croiser des gens dans la propriété jusqu’aux abords du lac Tahoe. Les identités restent flottantes. On avance pas à pas. Voilà Freddy et Nath. L’intimité d’un couple. Kath pénètre cet espace clos. Sa fascination pour le pantin-roi (Freddy, star improbable) permet d’inventer, comme dans la reconstitution d’une scène symbolique, un semblant de distribution. Comme s’il suffisait que quelqu’un y croie pour que la fiction devienne réalité. Alors la vie arrive par improvisations successives. Vossier aime jouer avec ce que le spectateur peut reconnaître. Mais chez lui la sensation de « déjà vu » ne vaut que pour le moment où elle est contredite et troublée. Moment où le plus familier devient le plus étrange. La brèche ouverte alors laisse apparaître comme une blessure la domination des clichés sur les corps, dans les têtes, dans le langage. Quelque chose alors peut se décaler, gripper ou résister dans la machine. Un espace critique peut prendre forme. C’est ainsi que la lecture de MANNEKIJN nous a invitée à réagir au plateau, par une sorte de d’instinct de survie contre l’asphyxie. Nous avons choisi de nous engouffrer dans cet espace, qui est un espace de jeu, pour retrouver du mystère des vies et de la vulnérabilité des corps derrière les images. C’est ce même espace que nous allons continuer de creuser dans TAHOE, avec en plus la question de l’émotion.

MANNEKIJN nous entraîne avec des faux airs de vaudeville dans une zone trouble où on est suspendu entre violence glacée et burlesque. Mais TAHOE est un texte qui fait plus appel à l’émotion. Une émotion brute et directe qui lui donne des airs de mélo. Ce n’est pas vraiment un mélodrame, mais on y trouve des vrais moments mélodramatiques et des procédés qui visent à montrer l’émotion et à l’amplifier. Notamment par l’engagement dans le chant, afin sans doute, de réinvestir la parole et de l’écouter autrement. Le texte porte en son coeur la question dérangeante de l’émotion et de sa manipulation. En équilibre entre émotion transmise, spectacle de l’émotion et voyeurisme. C’est la question de la croyance au temps désenchanté où les rois solitaires, cyniques et dérisoires, ont perdu la capacité d’une écoute et d’une parole vivantes. Frédéric Vossier parle d’une sorte de « pourrissement du mélodrame », comme d’un coeur qui s’use.


La compagnie migratori k. merado est née en 2004 de la rencontre d’un groupe d’acteurs et de musiciens avec l’œuvre de l’écrivain Eugène Savitzkaya. Une équipe s’est constituée autour de Sébastien Derrey et Catherine Jabot, impliquant le plus souvent les mêmes acteurs et les mêmes partenaires techniques.
Concepteur et metteur en scène, Sébastien Derrey fait un travail de lecture. Il fore dans l’œuvre d’auteurs contemporains (Savitzkaya, Guyotat, Vossier), se ressaisit de questions qu’ils portent et qui toujours amènent à éprouver à nouveau et à s’interroger sur ce que le « commun » veut dire.
Avec ces auteurs apprendre à lire, à parler, et faire passer dans des corps vivants leur langue pour la donner et la recevoir.

Créations :
EST de Eugène Savitzkaya
Créé en 2005 au Théâtre de l’Echangeur, Bagnolet – Montevidéo Marseille, Ramdam Sainte-Foy-lès-Lyon, Théâtre Océan-Nord Bruxelles, NaxosBobine, Paris. Reprise en 2007 à Anis-Gras, Arcueil
production Cie Migratori k. merado

Célébration d’un mariage improbable et illimité, de Eugène Savitzkaya
Créé en 2006 au Théâtre de l’Echangeur – Anis Gras, Ramdam, La Fonderie, Le Mans, au Centre Wallonie Bruxelles, Paris et le « Lieu » à Tours.
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DMDTS et du DICREAM (aide à la création), d’ARCADI (aide à la production) et de l’ADAMI

EN VIE/Chemins dans la langue de Pierre Guyotat, adaptation de Sébastien Derrey, d’après les textes de Pierre Guyotat, Montesquieu et Buffon
Créé en 2010 au Théâtre de l’Echangeur – La Chartreuse de Villeneuve lès Avignon, au CENTQUATRE Paris, au CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin, et à Ramdam
production Cie Migratori k. merado – co-production CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin
avec le soutien de DRAC et d’ARCADI (aides à la production)

Mannekijn, de Frédéric Vossier,
Créé en 2012 au Théâtre de l’Echangeur –­ Le CENTQUATRE, Anis Gras, Ramdam
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise)

C’est à la suite de cette dernière aventure que l’auteur Frédéric Vossier a exprimé le désir de prolonger leur collaboration en écrivant un texte sur mesure pour la compagnie. Ce texte s’appelle Tahoe
Frédéric Vossier est né en 1968 à Saint-Martin de Ré. Docteur en philosophie (thèse sur Hannah Arendt et le totalitarisme), il enseigne la dramaturgie et la littérature dramatique contemporaine au Conservatoire de Poitiers, a fondé l’Atelier de Lecture Contemporaine en Poitou-Charentes, et intervient dans différentes universités en Arts du spectacle (Censier, Rennes, Poitiers, Tours). Il anime un atelier d’écriture au CDN de Nancy.

Frédéric Vossier assure les fonctions de dramaturge auprès du metteur en scène Jean-Pierre Berthomier (pour plusieurs créations dont Lisbeth de Fabrice Melquiot – coprod. TAP scène nationale de Poitiers), et auprès d’autres metteurs en scène pour lesquels il écrit des adaptations : Marie-Claude Morland, (La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset, Théâtre du Trèfle Poitiers), Jacques Vincey (d’après Le Banquet de Platon pour la Comédie Française, à venir l’adaptation de L’Ombre d’Andersen pour le Théâtre du Nord), Madeleine Louarn pour laquelle il adapte Les Oiseaux d’Aristophane pour le Festival Mettre en Scène à Rennes et le Festival d’Automne.

Ses pièces de théâtre Jours de France, C’est ma maison, Bedroom eyes, Rêve de Jardin, La Forêt où nous pleurons, Mannekjin suivi de Porneia, Bois sacré suivi de Passer par les Hauteurs, Ciel ouvert à Gettysburg, Lotissement sont publiées depuis 2005 par Les Solitaires Intempestifs, Théâtre Ouvert, Espaces 34, et aux Editions Quartett.

En 2011/2012 : deux de ses dernières pièces ont été créées : Mannekjin, mise en scène par Sébastien Derrey au Théâtre de l’Echangeur Bagnolet et Ciel ouvert à Gettysburg, mise en scène Jean-François Auguste à Théâtre Ouvert Paris ; et deux autres pièces ont été mises en chantier : Bedroom eyes au 104 par Cyril Teste (IRCAM / Comédie de Reims), C’est ma maison par Stuart Seide à Théâtre Ouvert / Théâtre Octobre / Théâtre de l’Aquarium.

A venir, Prairie, sera créé par le Théâtre du Trèfle Cie conventionnée en novembre 2012 en Poitou Charentes.
Les pièces de Frédéric Vossier ont aussi fait l’objet de productions radiophoniques sur France Culture, avec Jérôme Kirscher, Françoise Lebrun, Mireille Perrier.

Frédéric Vossier a écrit dernièrement en réponse à une commande de l’école du TNB pour Stanislas Nordey (L’Amour & l’Ennui).

Rabah Robert

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Nous retrouverons Lazare pour les Ouverture(s) de décembre avec la création de son prochain spectacle Rabah Robert. Rabah robert est le troisième volet d’un triptyque composé de Passé- je ne sais où, qui revient et Au pied du mur sans porte que nous avions accueillis en février 2010.


mardi 18 décembre à 20h30
mercredi 19 décembre à 20h30
jeudi 20 décembre à 20h30

Rabah Robert
Touche ailleurs que là où tu es né

texte et mise en scène Lazare

chorégraphie et assistanat à la mise en scène Marion Faure
scénographie, costumes Marguerite Bordat
lumières Bruno Brinas

conseil artistique Daniel Migairou

avec
Guillaume Allardi, Anne Baudoux, Benjamin Colin, Bianca Iannuzi, Julien Lacroix, Bénédicte Le Lamer, Mourad Musset, Giuseppe Molino, Yohann Pisiou

direction de production et diffusion Emmanuel Magis / ANAHI

production Vita Nova, coproduction Théâtre National de Bretagne/Rennes, Studio-Théâtre de Vitry, ARCADI, Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, le Grand T à Nantes.

avec le soutien de La Fonderie /Le Mans, du Théâtre de Gennevilliers – centre dramatique national de création contemporaine, de l’Institut Français – ministère des affaires étrangères et européennes
avec le soutien pour l’écriture de Montévidéo/Marseille et du Fonds SACD Théâtre
avec le soutien de l’association Beaumarchais – SACD
création du 13 au 17 novembre dans le cadre du festival Mettre en Scène au TNB.


L’avant et l’après de la mort d’un homme s’agite dans la mémoire d’une famille. Il y avait un monde et en voici un autre. Libellule et ses sœurs ont glissé d’entre les murs pour voyager et se heurter à la vie de leur père et ses mystères, Rabah Robert. Ouria, la mère n’attend plus au pied du mur sans porte mais saute par dessus. Elle se lève la nuit pour peindre des tableaux à la Van Gogh, des chemins avec houles de blé, et devant elle rien d’autre que le pur espace de la saison. Tous, ils embarquent dans le train qui part vers l’innommé. Fanfare et mesure du sentiment. Grincement de nerf à l’instant du départ avec le chœur effiloché de chacun chantant seul la chanson de plusieurs. Si les enfants rêvent de leur père c’est pour le voir vivant, mais autre, séparé. Ils arpentent l’enfer d’un passé sous le crâne, le soleil au dessus qui distille le sang, où nous sommes fait et défait les uns par les autres tandis que le train file à toute allure.

Extrait de Rabah Robert :

Derrière la gare
la marche creusée dans le mur
où le souvenir de Rabah Robert est assis.

Il me regarde.
Je le regarde.
Miroir loin comme la nuit face à face.
Je suis heureux, il me regarde.
Je suis heureux, je le regarde.

Nous sommes proches, proches et saisissables.

« J’ai cherché longtemps le titre, je m’en suis tenu à Rabah Robert parce qu’il est l’évocation de deux pays séparés, loin et si proches. La France, un pays soudé à un autre, l’Algérie, qui tantôt disparaît tantôt apparaît à la surface. »
Lazare


LAZARE

Né le 29 mars 1975 à Fontenay aux Roses. Nationalité française.

Est auteur, metteur en scène, acteur improvisateur. Comédien formé au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire) puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 par : Stanislas Nordey, François Tanguy, Claude Régy, Loïc Touzet, Bruno Meyssat , Frederic Fisbach, Marie Vayssière, Renault Herbin, Philippe Boulay et François Verret.

il écrit et met en scène :
• Orcime et Faïence, présenté au T.G.P de Saint-Denis en 1999.
• Cœur Instamment Dénudé – présenté au Lavoir Moderne Parisien en 2000.
• Purgatoire – au Limonaire à Paris en 2000.
• Les morts ne sont pas morts – les cendres sont germes – je ferme les yeux et viens me perdre dans l’eau qui dort (Le prélude de Passé – je ne sais où, qui revient) a obtenu une bourse d’encouragement du Centre National du Théâtre en novembre 2007. Création en août 2008 au festival de Langlade (Lozère)
• Passé – je ne sais où, qui revient. Cette pièce a reçu une bourse de création de la commission théâtre du Centre National du Livre, en juin 2007. En février 2008 : mise en voix du texte à la Fonderie, au Mans, puis au théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Du 7 au 21 février 09 : création du texte et mis en scène par l’auteur au théâtre l’Échangeur à Bagnolet. Cette pièce à reçu l’aide à la création de la DRAC Île-de-France.
• Au pied du mur sans porte a été créé au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010, puis repris au festival « Mettre en scène » du Théâtre National de Bretagne en 2011.

en 2006 il fonde la compagnie VITA NOVA

au théâtre il joue sous la direction de : Claude Merlin (Nocturne à tête de cerf – 2000, et La Sirène de Pascal Mainard– 2005 ; Théâtre de bouche de Ghérasim Luca– 2009), Ivan Stanev (Le bleu du Ciel de George Bataille, Berlin, Lille Rose des vent – 2000) Stanislas Nordey (Atteintes à sa vie de Martin Crimp, TNB à Rennes – 2004) et Le triomphe de l’amour de Marivaux (TNB et Nanterre-Amandiers – 2005) Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer : Mensch (Odéon – Ateliers Berthiers – 2007)

Au cinéma il joue sous la direction de Nicolas Sornaga (« Mr Morimoto » – 2007, « Chose rose Loula » – 2009)

En tant qu’auteur et acteur improvisateur, Lazare travaille pour le chorégraphe François Verret pour la préparation de son spectacle Sans retour, en 2006. Il fait de nombreuses improvisations (poésie spontanée, récits noirs, chutes et drames instantanés), seul ou accompagné de musicien.

• en juin 2005 Au théâtre des Bouffes du Nord pour le festival La Voix Est Libre, avec Elise Dabrovski ; en mai 2007 avec Benjamin Colin, en mai 2008 avec Jean François Pauvros, et en mai 2009 avec Balaké Sissoko

• En duo avec Benjamin Colin, il crée le spectacle d’improvisation Les chambres de hasard à la Guillotine, à Montreuil en 2006. Ils sont accueillis en résidence à la fondation Royaumont en 2008, puis dans de nombreux festivals. Ils participent tous les deux à la tournée franco Malienne du Griot au slameur (de mai à décembre 2008 ).

Textes édités :

• Trajectoire : Revue trimestrielle FRICTIONS n°5 en 2002
• Passé – je ne sais où, qui revient :
Première parution aux éditions L’ÉLASTIQUE en février 2009.
Une deuxième parution aux éditions LES VOIX NAVIGABLES en novembre 2009

Photo ménagerie de verre

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Milf

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En mars-avril nous accueillerons la création en résidence de MILF, pièce chorégraphique de Katalin Patkaï, en collaboration avec le graphiste Frédéric Teschner. MILF est un conte futuriste, une promenade sans but « dans des mondes inconnus et invisibles ».


vendredi 12 avril à 20h30
samedi 13 avril à 20h30
dimanche 14 avril à 16h
lundi 15 avril à 20h30

MILF

chorégraphie, interprétation Katalin Patkaï
interprétation Anna d’Annunzio
interprétation Justine Bernachon
interprétation Zsuzsa Féjer

collaboration artistique Frédéric Teschner
Coproduction : Studio-Théâtre de Vitry / CCAS / KBOX & CO
Mécénat : Diderot RealEstate


 » Je vais ouvrir un café à Pantin. Un café où les femmes seront les bienvenues.
Parce que dans mon quartier à Pantin aucune femme ne rentre dans les cafés, ils sont réservés à la clientèle masculine.
Ce n’est qu’à l’heure du pain au chocolat qu’elles apparaissent pour repartir bambins sous le coude.
Mais avant, je vais faire MILF. MILF ou ouvrir un café aux femmes à Pantin c’est pareil.
Même logique.
Cela se passe dans un NO MAN’S LAND, à entendre par land of women, terre de femmes, terre de feu.
Un petit îlot répandu
« Dans les forêts, dans les villes en braises rouges, au-dessus de la mer, sur les collines parfumées… »* C’est là.
Il faut se déchausser, se camoufler et se tapir, ne plus faire un bruit, chut, à coup sûr, Elles viennent.
Je flaire, Elles sont légions

Endurantes, pas endurcies
Larmes ou serpillières
Je pense donc j’essuie.

Au-dessus du volcan marmite,
Bout le ragoût dégoût

C’est délicat ou pas,
Ça a la rage, sûrement

Pas pas pas pas encore encore encore encore
Un volcan ça couve ?

L’enfant lave toutes tes peines
Mystère de l’amour au-delà
Dans ses yeux se reflète la bête bonheur

Maintenant, Médée regrettes-tu ?
J’ose comprendre ton geste à la mesure de tes amours
Immense d’horreur
Le volcan crache son sang

Le goût de l’enfant
Une chanson jazzy fredonnée qui t’accompagne pour toujours
Chair de ta chair délicieuse
Peau de chagrin  »

Louves, MILF.
Katalin Patkaï
* Brigitte Fontaine, Areski, le bonheur 1975


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© Piroska Simonyi

La chorégraphie s’élabore à partir de témoignages oraux de femmes ayant (eu) des enfants.
Les états de corps et les mouvements des interprètes expriment un état psychique et physique de femmes en (r)évolution avec leur corps.
Ils rendent compte d’une expérience de métamorphose.
Ils joignent deux états, physique et moral, différents.

Je nomme parcours (chorégraphique), le développé du mouvement qui modifie la vision d’un corps ordinaire.
A le point de départ : une femme se tient debout on peut percevoir le corps dans sa vérité ordinaire.
B point d’arrivée : la femme n’offre plus à voir qu’une partie de son corps sous un angle déformant.
Le mouvement : le parcours entre A et B et l’enjeu chorégraphique.

Mouvement
J’établie le mouvement comme une suite/gamme de poses.
Dans ma tête une série de dessins inscrite au fur et à mesure d’improvisations guidées.
Un mouvement cinétique à la Muybridge qui dévoile l’organisation du corps.
Un corps qui semble obéir à une loi inconnue.
Cette manière d’écrire un mouvement me permet de m’attarder et de m’attacher à la structure du corps, à son expression morphologique.

Rythme
Ici la lenteur d’exécution agit sur la rétine comme une suite d’images.
Le principe tiendrait presque des peintres expressionnistes, si je ne leurs préférais le plus contemporain Francis Bacon. On y discerne les formes mais également la trace ayant donné naissance à cette forme. La netteté de cette dernière n’étant pas totale cela permet au spectateur de porter sa vision « au-delà » du tableau.

« A » comme animal
Bien qu’inspirée par la peinture, je m’inspire aussi de la grâce naturelle de l’animal en mouvement. J’aime par dessus tout la pesanteur molle et assurée du félin, la détente d’une biche surprise, et l’état d’alerte de la plupart des animaux.
Sans faire d’anthropomorphisme, la qualité organique de leurs déplacements atteint des sommets d’émotion. Je recherche cette qualité.
La lenteur évoquée plus haut, rejoint l’idée de l’animal aux aguets, renvoie à la transformation biologique, au rythme de la nature dans son ensemble. Même si ce rythme peut s’accompagner de violents à-coups, d’accélérations et d’immobilités.
Ici, précisément sur ce spectacle, je me suis intéressée à l’isolement de parties du corps. Le loup par exemple, a la capacité d’isoler sa tête sans engager la globalité de son corps. Appliquée à l’homme, cette qualité de mouvement produit un effet déshumanisant et inquiétant.

Registre
Encore un peintre en référence : Jérôme Bosch.
La stupeur engendrée par le grotesque, l’absurde et le débordement dans les scènes de Bosch relègue en second la qualité et la composition de sa peinture.
C’est un phénomène que j’admire : le fond prend le pas sur la forme alors même qu’il dépend d’elle.
Pour moi c’est le caricaturiste du moyen-âge Flamand, un artiste qui peint son actualité et démasque sa société.
Les hybridations et les monstres que ma chorégraphie engendre passe par une étude empathique de mes semblables. Héroïne et victime à la fois, la femme dont je parle est double, triple et plus encore.
Perpétuel processus de métamorphose : adaptation, camouflage, mutation ?

 


Katalin Patkaï
Fille du sculpteur hongrois Ervin Patkaï, Katalin cherche avant tout à fuir une filiation trop évidente en s’inscrivant à la Sorbonne. Après une licence de lettres modernes, elle passe le concours de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. En 2000, avec son diplôme de scénographe, elle s’engage dans la danse contemporaine qu’elle vient de découvrir : d’abord comme scénographe auprès des chorégraphes Arco Renz, Marion Ballester et Marie-Jo Faggianelli, puis avec ses propres pièces : Spatialisation sonore pour un danseur (2002), qui soude une collaboration avec l’interprète et chorégraphe flamand Ugo Dehaes.
Vient ensuite X’XY (2004), Appropriate clothing must be worn (2006), Rock Identity (2007), Sisters (2008), la même année Daniel Larrieu lui remet le prix SACD du Nouveau talent chorégraphique. Puis, de sa rencontre avec l’artiste pluridisciplinaire Yves-Noël Genod, naît C’est pas pour les cochons (2009), une fable improbable qui réconcilie Nature et Artifice, Rousseau et Baudelaire.