MANNEKIJN / TAHOE

TAHOE1

En mai-juin nous accueillons la création en résidence de TAHOE, nouvelle pièce de Frédéric Vossier écrite pour le metteur en scène Sébastien Derrey et ses comédiens. TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, du même auteur, et mis en scène par Sébastien Derrey en 2012. Après cinq semaines de travail dans nos murs, nous présenterons Tahoe (en étape de travail) et Mannekijn, pour la première fois réunis.


vendredi 7 juin à 20h30 – TAHOE
samedi 8 juin à 19h00 – MANNEKIJN + TAHOE
dimanche 9 juin à 16h – MANNEKIJN + TAHOE
lundi 10 juin à 20h30 – TAHOE

MANNEKIJN / TAHOE

texte Frédéric Vossier
mise en scène Sébastien Derrey
lumière Rémi Godfroy (MANNEKIJN), Coralie Pacreau (TAHOE)
scénographie Sallahdyn Khatir
son Régis Sagot (MANNEKIJN), Isabelle Surel (TAHOE)
costumes Elise Garraud
administration Silvia Mammano
conseil production Claire Devins

avec

Frédéric Gustaedt
Catherine Jabot
Nathalie Pivain

MANNEKIJN
spectacle créé à L’Échangeur en 2012 production migratori K merado, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide à la diffusion d’ARCADI, avec l’aide de Ramdam / Lyon, du Centquatre / Paris, d’Anis Gras / Arcueil et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri

TAHOE Production migratori K merado, co-production Studio-Théâtre de Vitry, avec l’aide à la production d’ARCADI – établissement culturel d’île-de-France, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide du Centquatre / Paris, de Théâtre Ouvert / Paris et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri création à l’Échangeur en décembre 2013

le texte est édité aux éditions Quartett


TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, une des premières pièces de l’auteur de théâtre Frédéric Vossier que Sébastien Derrey a mis en scène en 2012 à L’Echangeur. Après avoir vu le spectacle, l’auteur a souhaité prolonger l’expérience intense et joyeuse vécue avec l’équipe de MANNEKIJN, et a écrit, très vite, un texte sur mesure pour les mêmes acteurs et le même metteur en scène : TAHOE.

 » J’ai toujours pensé qu’il fallait aborder au théâtre la question de l’industrie du spectacle – de son pouvoir économique, social et idolâtrique. Le phénomène de la célébrité est un facteur de domination sociale qui s’exerce massivement sur les subjectivités. J’ai écrit Mannekijn il y a quelques années en partant de cette question. Sébastien Derrey et son équipe ont crée le texte. Il y a eu comme une évidence. L’évidence incalculable d’une rencontre artistique et d’une compréhension commune. Et donc est né un désir de continuer, d’apporter une étape qui suit. J’ai écrit pour eux, exclusivement, Tahoe. Avec ce texte, j’ai continué de tisser le fil de cette dramaturgie critique et cynique de l’Idole.  »

Frédéric Vossier

MANNEKIJN, sa pièce la plus à l’eau de rose selon l’auteur, est un théâtre de marionnettes vivant. Les clichés encombrent les têtes et collent les corps. S’y joue une description implacable de la violence de la domination, de son mécanisme. Au niveau moléculaire des mots on voit comment le langage devient instrument de la violence. Une deshumanisation est à l’œuvre. Malmenés, vulnérabilisés par la parole, les personnages ont des identités flottantes. Mots d’ordre, clichés, images publicitaires les recouvrent et rendent la perception de leurs vies très précaire. Derrière cette pellicule glacée perce pourtant la fragilité des corps et l’indéfini des vies.

Une mère rend visite à sa fille qui entretient une relation de couple très trouble avec un footballeur espagnol déchu. Cette ancienne star du football est l’objet de toutes ses curiosités. On ne le voit pas pendant longtemps. On l’attend. On l’imagine. Il n’apparaît que brièvement. Son apparition grotesque ébranle tout ce qu’on croyait établi. C’est un renversement. Quelque chose se trouble et notre regard en est contaminé.

Le néerlandais « mannekijn » a donné « mannequin ». L’étymologie dit : « petit homme », figure, « forme humaine », apparence, représentation de l’homme sous toutes ses formes, poupée, pantin, marionnette, statuette, figurine, avatar, point de jonction entre l’inanimé et l’animé, entre la chose et l’humain, entre le faux et le vrai.

MANNEKIJN a été créé en 2012 au Théâtre l’Échangeur – Avec l’aide de Ramdam/Lyon, du Centquatre/ Paris, d’Anis Gras /Arcueil – production Cie Migratori k. merado / avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise) / Le texte est publié aux éditions Quartett.

Dans TAHOE, les personnages ont pour nom les diminutifs des acteurs pour qui ils ont été écrits. Une succession de moments forment un récit elliptique librement inspiré des derniers jours de la vie d’Elvis Presley à Graceland, le manoir-mausolée où vivait « le King » entouré de sa cour. Mais on n’est pas obligé de s’attacher à cette référence. Ce qui compte ici, c’est moins les images telles quelles que leur force d’attraction et le jeu de regard qu’elles permettent d’instaurer avec le spectateur.

L’action se passe dans l’une des chambres de « la maison de la grâce ». Un lit grand et profond comme l’océan. Une salle de bains où l’on peut s’enfermer. On imagine autour un labyrinthe de pièces plus ou moins peuplé. On peut croiser des gens dans la propriété jusqu’aux abords du lac Tahoe. Les identités restent flottantes. On avance pas à pas. Voilà Freddy et Nath. L’intimité d’un couple. Kath pénètre cet espace clos. Sa fascination pour le pantin-roi (Freddy, star improbable) permet d’inventer, comme dans la reconstitution d’une scène symbolique, un semblant de distribution. Comme s’il suffisait que quelqu’un y croie pour que la fiction devienne réalité. Alors la vie arrive par improvisations successives. Vossier aime jouer avec ce que le spectateur peut reconnaître. Mais chez lui la sensation de « déjà vu » ne vaut que pour le moment où elle est contredite et troublée. Moment où le plus familier devient le plus étrange. La brèche ouverte alors laisse apparaître comme une blessure la domination des clichés sur les corps, dans les têtes, dans le langage. Quelque chose alors peut se décaler, gripper ou résister dans la machine. Un espace critique peut prendre forme. C’est ainsi que la lecture de MANNEKIJN nous a invitée à réagir au plateau, par une sorte de d’instinct de survie contre l’asphyxie. Nous avons choisi de nous engouffrer dans cet espace, qui est un espace de jeu, pour retrouver du mystère des vies et de la vulnérabilité des corps derrière les images. C’est ce même espace que nous allons continuer de creuser dans TAHOE, avec en plus la question de l’émotion.

MANNEKIJN nous entraîne avec des faux airs de vaudeville dans une zone trouble où on est suspendu entre violence glacée et burlesque. Mais TAHOE est un texte qui fait plus appel à l’émotion. Une émotion brute et directe qui lui donne des airs de mélo. Ce n’est pas vraiment un mélodrame, mais on y trouve des vrais moments mélodramatiques et des procédés qui visent à montrer l’émotion et à l’amplifier. Notamment par l’engagement dans le chant, afin sans doute, de réinvestir la parole et de l’écouter autrement. Le texte porte en son coeur la question dérangeante de l’émotion et de sa manipulation. En équilibre entre émotion transmise, spectacle de l’émotion et voyeurisme. C’est la question de la croyance au temps désenchanté où les rois solitaires, cyniques et dérisoires, ont perdu la capacité d’une écoute et d’une parole vivantes. Frédéric Vossier parle d’une sorte de « pourrissement du mélodrame », comme d’un coeur qui s’use.


La compagnie migratori k. merado est née en 2004 de la rencontre d’un groupe d’acteurs et de musiciens avec l’œuvre de l’écrivain Eugène Savitzkaya. Une équipe s’est constituée autour de Sébastien Derrey et Catherine Jabot, impliquant le plus souvent les mêmes acteurs et les mêmes partenaires techniques.
Concepteur et metteur en scène, Sébastien Derrey fait un travail de lecture. Il fore dans l’œuvre d’auteurs contemporains (Savitzkaya, Guyotat, Vossier), se ressaisit de questions qu’ils portent et qui toujours amènent à éprouver à nouveau et à s’interroger sur ce que le « commun » veut dire.
Avec ces auteurs apprendre à lire, à parler, et faire passer dans des corps vivants leur langue pour la donner et la recevoir.

Créations :
EST de Eugène Savitzkaya
Créé en 2005 au Théâtre de l’Echangeur, Bagnolet – Montevidéo Marseille, Ramdam Sainte-Foy-lès-Lyon, Théâtre Océan-Nord Bruxelles, NaxosBobine, Paris. Reprise en 2007 à Anis-Gras, Arcueil
production Cie Migratori k. merado

Célébration d’un mariage improbable et illimité, de Eugène Savitzkaya
Créé en 2006 au Théâtre de l’Echangeur – Anis Gras, Ramdam, La Fonderie, Le Mans, au Centre Wallonie Bruxelles, Paris et le « Lieu » à Tours.
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DMDTS et du DICREAM (aide à la création), d’ARCADI (aide à la production) et de l’ADAMI

EN VIE/Chemins dans la langue de Pierre Guyotat, adaptation de Sébastien Derrey, d’après les textes de Pierre Guyotat, Montesquieu et Buffon
Créé en 2010 au Théâtre de l’Echangeur – La Chartreuse de Villeneuve lès Avignon, au CENTQUATRE Paris, au CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin, et à Ramdam
production Cie Migratori k. merado – co-production CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin
avec le soutien de DRAC et d’ARCADI (aides à la production)

Mannekijn, de Frédéric Vossier,
Créé en 2012 au Théâtre de l’Echangeur –­ Le CENTQUATRE, Anis Gras, Ramdam
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise)

C’est à la suite de cette dernière aventure que l’auteur Frédéric Vossier a exprimé le désir de prolonger leur collaboration en écrivant un texte sur mesure pour la compagnie. Ce texte s’appelle Tahoe
Frédéric Vossier est né en 1968 à Saint-Martin de Ré. Docteur en philosophie (thèse sur Hannah Arendt et le totalitarisme), il enseigne la dramaturgie et la littérature dramatique contemporaine au Conservatoire de Poitiers, a fondé l’Atelier de Lecture Contemporaine en Poitou-Charentes, et intervient dans différentes universités en Arts du spectacle (Censier, Rennes, Poitiers, Tours). Il anime un atelier d’écriture au CDN de Nancy.

Frédéric Vossier assure les fonctions de dramaturge auprès du metteur en scène Jean-Pierre Berthomier (pour plusieurs créations dont Lisbeth de Fabrice Melquiot – coprod. TAP scène nationale de Poitiers), et auprès d’autres metteurs en scène pour lesquels il écrit des adaptations : Marie-Claude Morland, (La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset, Théâtre du Trèfle Poitiers), Jacques Vincey (d’après Le Banquet de Platon pour la Comédie Française, à venir l’adaptation de L’Ombre d’Andersen pour le Théâtre du Nord), Madeleine Louarn pour laquelle il adapte Les Oiseaux d’Aristophane pour le Festival Mettre en Scène à Rennes et le Festival d’Automne.

Ses pièces de théâtre Jours de France, C’est ma maison, Bedroom eyes, Rêve de Jardin, La Forêt où nous pleurons, Mannekjin suivi de Porneia, Bois sacré suivi de Passer par les Hauteurs, Ciel ouvert à Gettysburg, Lotissement sont publiées depuis 2005 par Les Solitaires Intempestifs, Théâtre Ouvert, Espaces 34, et aux Editions Quartett.

En 2011/2012 : deux de ses dernières pièces ont été créées : Mannekjin, mise en scène par Sébastien Derrey au Théâtre de l’Echangeur Bagnolet et Ciel ouvert à Gettysburg, mise en scène Jean-François Auguste à Théâtre Ouvert Paris ; et deux autres pièces ont été mises en chantier : Bedroom eyes au 104 par Cyril Teste (IRCAM / Comédie de Reims), C’est ma maison par Stuart Seide à Théâtre Ouvert / Théâtre Octobre / Théâtre de l’Aquarium.

A venir, Prairie, sera créé par le Théâtre du Trèfle Cie conventionnée en novembre 2012 en Poitou Charentes.
Les pièces de Frédéric Vossier ont aussi fait l’objet de productions radiophoniques sur France Culture, avec Jérôme Kirscher, Françoise Lebrun, Mireille Perrier.

Frédéric Vossier a écrit dernièrement en réponse à une commande de l’école du TNB pour Stanislas Nordey (L’Amour & l’Ennui).