L’HOMME DU COIN

En janvier et février nous accueillons la création de « L’Homme du coin » de Ronan Chéneau par le metteur en scène et comédien Philippe Eustachon. Un homme est seul chez lui quand il devrait être au travail. Il nous décrit ce qu’aurait dû être sa journée, un quotidien à priori très banal… Dans un contexte où prédominent la norme, la discipline et la technique, la sensibilité de cet homme absent, de cet « Homme du coin », ainsi que certains évènements, vont le confronter à ce qu’il n’a pas l’habitude de faire : prendre une décision pour lui-même et pour les autres…


vendredi 22 février à 20h30
samedi 23 février à 20h30
dimanche 24 février à 16h
lundi 25 février à 20h30

L’Homme du coin

conception et interprétation Philippe Eustachon
texte Ronan Chéneau
regard extérieur et direction d’acteur Marie-Christine Soma
scénographie et costume Yvett Rotscheid
création sonore Thomas Turine
création lumière et régie générale Léandre Garcia Lamolla
administratrice de production Isabelle Périllat

production Les witotos
coproductions Studio-Théâtre de Vitry / 3bisF, lieu d’art contemporain à Aix-en-Provence, résidences La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée / Le 104, Paris
ce projet a reçu l’aide à la production de la Drac Île-de-France
ce texte a reçu l’aide à la création du Centre National du Théâtre


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« Que peut-on encore, dans l’avenir, attendre du capitalisme ?
La conclusion est qu’on peut en attendre,
non seulement une exploitation renforcée du prolétariat,
mais finalement aussi l’instauration de conditions
qui rendent possible sa propre suppression. »

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1936.

«L’homme du coin» est pour moi l’homme du commun au cœur d’une tension très contemporaine. Ce qu’il subit, comme tous, c’est l’assignation, la tension d’un rôle à tenir au cœur d’une société, une place assignée qui veut dire accepter implicitement une bonne partie de ce qu’elle est. A travers les thèmes qui jalonnent cette vie intérieure prise dans l’élan de la fuite, le désir d’une transformation profondément intime, morale, rejoint donc nécessairement la question d’une transformation plus ample, du monde, du pacte intime que l’on fait avec lui.

Ronan Chéneau

« Comme nous dévorons l’espace
et comme nous allons vite
tous
aussi vite que la lumière sans nous toucher
non jamais
plus vite
un mot aujourd’hui irait plus vite que la lumière
et la propagation est fulgurante s’évanouit aussi vite qu’elle est venue
et les mots et les moments raccourcissent
et les latitudes changent
et les attitudes et les postures les perspectives aussi
et on voudrait hurler pour qu’un moment peut-être cela s’arrête
et on ne le fait pas
parce qu’il n’y a tout simplement plus d’air et que les sons ne sortiraient pas
on ne le fait pas »

«L’homme du coin» pris dans les relations codifiées du monde du travail, c’est surtout l’histoire d’une émancipation, d’une libération.
Tous les jours, des micro-évènements s’accumulent et nous font prendre des décisions qui pourraient faire changer le cours des choses. Il ne s’agirait peut-être que d’une simple décision. Nous pourrions tous les jours être désarçonnés par le quotidien et ses évènements invisibles. C’est cette sensation de désarçonnement que je souhaite transmettre dans cette création.

Philippe Eustachon

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Ronan Chéneau
« J’écris sur commande, le plus souvent pour du théâtre. Je ne suis donc jamais très loin de la scène et des acteurs. Et mes textes sont toujours le résultat des désirs des autres, des autres écritures et de la place qu’on me donne. On y trouve du présent (la vie, le monde au jour le jour) et ces questions posées, toujours : qu’est-ce que l’écriture au théâtre ? Que peut-elle ? que doit-elle ? ».


Philippe Eustachon (metteur en scène et comédien) Yvett Rotscheid (scénographe)

Créations

MISTER MONSTER création en collaboration avec la Cie de cirque Anomalie, Octobre 2010, théâtre d’Arles
L’ETENDUE TROU création, Mai 2008, Festival Dedans Dehors, Théâtre de Brétigny
LE GRAND NAIN création en collaboration avec la Cie de cirque Anomalie, Mars 2007, la Ferme du Buisson / scène nationale de Marne La Vallée
NAKED BATTLES création, Janvier 2006, la Ferme du Buisson / scène nationale de Marne La Vallée
CONSTELLATION LE MARIN création d’après Le marin de F. Pessoa, 2004, théâtre Garonne (Toulouse), théâtre Gérard Philipe (Saint-Denis), Espace Jules Verne (Brétigny-sur-Orge)
L’ECOLE DE LA DOULEUR HUMAINE DE SECHUAN de Mario Bellatín, 2003 Teatro Casa de la Paz (Mexico)
KAMIKAZE TAXI de Mario Bellatín, étape de création, 2003, Festival 100 Dessus Dessous – La Villette (Paris)
VISION CAPITALE création, 2001, Centre National des Arts, Théâtre Salvador Novo (Mexico)
PORTRAIT A 2651 METRES création, 1998, Teatro El Galpon de Manizales, Casa del Teatro Nacional, Festival Ibéroaméricain de Bogota (Colombie)

Vidéo/performance
En collaboration avec l’artiste plasticien Carlos Amorales (Mexique), figure majeure de la scène artistique internationale, Philippe Eustachon est intervenu en tant qu’auteur et acteur dans une installation : à partir du Code Civil que l’artiste réimprime avec du crayon papier le rendant « effaçable », il s’entretient avec des avocats qui en effacent un ou plusieurs articles et en commentent les conséquences :

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Production du MAC/VAL et exposition du 22 oct au 5 février 2012

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Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le mépris)

Le Mepris

En février nous aurons le plaisir d’accueillir la nouvelle création de Nicolas Liautard, directeur artistique de la Scène Watteau à Nogent-sur-Marne. Dans une relecture du MEPRIS d’Alberto Moravia, il convoque les œuvres d’Homère, Dante, Hölderlin, Pétrarque et Jean-Luc Godard…


mardi 18 février à 20h30
mercredi 19 février à 20h30

Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le mépris)

d’après les œuvres de Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante, Hölderlin, Pétrarque

conception du spectacle Nicolas Liautard
son Thomas Watteau
administration Magalie Nadaud
diffusion Estelle Delorme

avec Jean-Yves Broustail, Jean-Charles Delaume, Aurélie Nuzillard, Fabrice Pierre, Wolfgang Pissors, Marion Suzanne

production La Nouvelle Compagnie
coproduction La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Ile-de-France, du Conseil général du Val-de-Marne et d’Arcadi


Quand on accepte de l’argent de quelqu’un c’est toujours que l’on a vendu quelque chose. Et quand ce quelque chose n’est pas définissable clairement c’est sans doute que l’on a vendu quelque chose d’une valeur bien plus grande que l’argent.
C’était l’erreur de Riccardo/Paul. Cet homme dont la vocation est le théâtre, mais qui n’écrit pas de théâtre. Qui accepte (provisoirement dit-il) un travail de commande pour le cinéma, dans le but de rembourser un crédit et qui, comme l’Ulysse d’Homère (ou de Dante) ne rentre pas directement chez lui mais s’attarde, fait des détours, tergiverse, remet à plus tard. La première méprise était méprise de soi. Chez lui, c’était Ithaque mais c’était aussi le théâtre.
Tiens, c’est curieux ! Lorsque Fritz Lang, dans le film de Godard, prononce cette réplique fameuse « Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé », il est justement en train de filmer Ulysse qui aperçoit Ithaque au loin, et Piccoli/Paul de lui annoncer son abandon du projet et sa décision d’écrire enfin sa pièce de théâtre.

Nicolas Liautard

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Nicolas Liautard

Nicolas Liautard suit une formation à l’Université d’Aix-Marseille auprès de Pierre Woltz, puis à l’Université Paris Xnanterre auprès de Robert Abirached, Jean Jourdheuil, Jean-Pierre Sarrazac et Bernard Faivre. En 1993, il est lauréat du Festival International de Théâtre Universitaire de Nanterre-Amandiers avec Le Procès de Franz Kafka.
Il met en scène La République Livre I de Platon, La Folie du Jour de Maurice Blanchot, Hyménée de Nicolas Gogol, Ajax de Sophocle, Amerika de Franz Kafka, Pouvais-je te demander de bien vouloir te déplacer de quelques millimètres (inspiré de l’œuvre de Christophe Tarkos), Le Nez de Gogol, L’Avare de Molière, Blanche Neige (nomination aux Molières 2010 Jeune Public), Le Misanthrope de Molière, L’Entretien (Zouc par Zouc) entretiens de Zouc avec Hervé Guibert. En 2012, il met en scène un opéra contemporain de Klaus Händl, musique d’Andreas Schett pour le Festival de Salzburg et The Little Matchseller (d’après La Petite Marchande d’Allumettes de H.C Andersen).
Comédien dans ses propres spectacles, il joue sous la direction de Pascal Rambert (Antoine et Cléopâtre), Michèle Foucher (L’Amour et l’Art, Platon/Godard), Jacques Rosny (Caligula), Pedro Khadivar (Les yeux bleus, cheveux noirs), Marion Suzanne.
Depuis septembre 2006, il est directeur artistique de La Scène Watteau, Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne

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L’Encyclopédie de la parole

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Nous nous associons pour la première fois avec le MAC/VAL pour accueillir en résidence L’Encyclopédie de la parole, qui viendra à Vitry commencer le travail sur sa prochaine création (COLLOQUE) et proposer aux amateurs de rejoindre le temps d’un stage la Chorale de l’Encyclopédie.


en résidence à Vitry en association avec le MAC/VAL
du 3 au 17 novembre 2012

stage amateurs du 3 au 17 novembre (les week-ends des 3, 4 et 10, 11 novembre de 13h30 à 17h30, les mercredi 7 et 14 novembre de 19h30 à 21h30)

récital de fin de stage dans différents lieux de Vitry le 17 novembre :

15h au Studio-Théâtre de Vitry
18, avenue de l’insurrection

16h à Carrefour Market
101, boulevard de Stalingrad

17h à la Bibliothèque Nelson Mandela
24, av. Maximilien Robespierre

17h30 au Mac/Val
Place de la Libération

19h au Centre Social Balzac
12, Rue Olympe de Gouge

entrée libre

L’Encyclopédie de la parole

L’Encyclopédie de la parole est un projet collectif qui cherche à appréhender transversalement la diversité des formes orales.
Depuis septembre 2007, l’Encyclopédie de la parole collecte toutes sortes d’enregistrements et les répertorie en fonction de phénomènes particuliers de la parole : cadences, choralités, compressions, emphases, espacements, mélodies, répétitions, résidus, saturations, timbres, etc. Chacune de ces notions constitue une entrée de l’Encyclopédie, dotée d’un corpus sonore et d’une notice explicative.
À partir de ces enregistrements, l’Encyclopédie de la parole produit des pièces sonores, des spectacles, des performances, des conférences, des installations, un jeu, qui sont présentés lors d’ouvertures publiques.
L’Encyclopédie de la parole est animée par un collectif de poètes, d’acteurs, d’artistes plasticiens, de musiciens, de curateurs, de metteurs en scène, de dramaturges, de chorégraphes, de réalisateurs de radio. Son slogan est : « Nous sommes tous des experts de la parole ».

La chorale de l’Encyclopédie interprète un répertoire composé de documents issus du corpus sonore de l’Encyclopédie de la parole. Au cours du récital, la multiplication synchronique des voix met en évidence les structures formelles des extraits choisis. Se construit une parole compacte aux contours changeants, qui donne à expérimenter un format inédit : l’ensemble vocal parlé.
Ce chœur est à géométrie variable : composé des membres de l’Encyclopédie, il s’augmente à chaque apparition de dix à vingt participants occasionnels, formés au cours d’ateliers.

www.encyclopediedelaparole.org
www.macval.fr

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Colloque
Une création de l’Encyclopédie de la parole

Colloque est une pièce chorale pour 12 interprètes, composée à partir du corpus sonore de l’Encyclopédie de la parole. A la suite de Parlement, dont elle prolonge et amplifie les enjeux, Colloque met en scène un grand nombre d’enregistrements de paroles reproduits vocalement. Mais cette fois, c’est moins l’enchainement effréné des paroles que le redoublement massif des voix qui permettra de faire entendre toute la richesse et l’étrangeté des formes de paroles les plus ordinaires. En multipliant les interprètes, les langues, les modes de distribution, les jeux de composition, Colloque se propose de dresser un monument précaire et joyeux à la diversité des formes orales.

Colloque est produit par Échelle 1:1.
Co-production : Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Parc de la Villette (Paris), Théâtre Universitaire (Nantes), Centre Georges Pompidou (Paris), Festival d’Automne à Paris, Festival La Batie (Genève), Vooruit (Gand), TNBA (Bordeaux)…. en cours.
Avec le soutien du Jeune Théâtre National.
Création : mai 2013 Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles)


Candidatures au stage

Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 23 octobre 2012, accompagnées de quelques lignes de présentation et de vos coordonnées (nom, adresse, téléphone). Vous pouvez éventuellement mentionner vos expériences artistiques ainsi que toute information qui vous semblerait pertinente.

Les personnes retenues recevront un mail de confirmation le 25 octobre 2012.

Le stage est gratuit et limité à vingt-cinq personnes; il aura lieu au Studio-Théâtre et sera animé par Nicolas Rollet, membre de l’Encyclopédie de la parole, les week-ends des 3, 4 et 10, 11 novembre de 13h30 à 17h30 les mercredis 7 et 14 novembre de 19h30 à 21h30

Présentations publiques le samedi 17 novembre 2012 entre 13h et 17h, dans différents lieux de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

 


La ballade du vieux marin

La ballade du vieux marin

Vendredi 17, samedi 18 octobre 2008 à 20h30

De Samuel Taylor Coleridge
Traduction libre et rimée d’Alfred Jarry

Mise en scène Jean-Baptiste Sastre

Avec
Jean-Marie Patte

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Production Théâtre National de Chaillot, Studio Théâtre de Vitry, Compagnie Narum, Le jardin

Après Tamerlan de Marlowe, Les Paravents de Genet, La Surprise de l’amour de Marivaux ou, tout dernièrement, Un chapeau de paille d’Italie de Labiche, Jean-Baptiste Sastre est une nouvelle fois là où on ne l’attend pas. Ce jeune metteur en scène s’attache à La Ballade du vieux marin, poème en sept chants du plus romantique des auteurs romantiques anglais, Samuel Taylor Coleridge (1772-1834).
« Il y a des moments dans votre vie où une œuvre vous transperce. La lecture de La Ballade du vieux marin est de ceux-là. Depuis une dizaine d’années je voulais travailler ce poème d’une grande douceur, où un marin raconte sa dérive du pôle Sud au Grand Océan Pacifique. Et je voulais également travailler avec Jean-Marie Patte. La direction d’acteur – au singulier – ira vers une certaine simplicité pour faire entendre la beauté, la voix, le corps de l’interprète. »

Création au Théâtre National de Chaillot du 17 septembre au 11 octobre 2008

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Concert Gérard Pesson

Concert Gérard Pesson

Mercredi 15 octobre 2008 à 20 heures

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@ Benjamin Chelly

Œuvres de Gérard Pesson

Par l’ensemble L’Instant Donné

Elsa Balas : Alto
Nicolas Carpentier : Violoncelle
Caroline Cren : Piano
Esther Davoust : Harpe
Maxime Echardour : Percussion
Saori Furukawa : Violon
Cédric Jullion : Flûte
Philippe Régana : hautbois
Matthieu Steffanus : Clarinette

Et en invitée Mélody Louledjian : Soprano

Programme :

Instant Tonné – nouvelle version
flûte, hautbois, clarinette, percussion, piano à cordes

La Lumière n’a pas de bras pour nous porter
piano

La Lumière n’a pas de bras pour nous porter
version instrumentée par Frédéric Pattar
flûte, hautbois, clarinette, harpe, percussion, piano à cordes

Cassation
trio à cordes, clarinette, piano

Cinq chansons
Soprano, flûte, clarinette, piano, alto, violoncelle

Vignette II – création
Soprano et ensemble

Nocturne en quatuor
clarinette, violon, violoncelle, piano

En collaboration avec le Festival d’Automne à Paris
Et les EMA de Vitry
Compositeur français né en 1958, à l’honneur cette année du Festival d’Automne, Gérard Pesson a été directeur du conservatoire de Vitry de 1995 à 2006. Ce concert, donné en premier lieu au théâtre des Bouffes du Nord le 13 octobre, parcourt quinze années de création. « Ces textures sonores qui se pulvérisent comme l’écume, ce travail de recherche sur la technique instrumentale forment une manière de précipité, laissant entrevoir l’essoufflement du geste, l’effacement du souffle. La musique de Gérard Pesson peut être décrite comme un processus de condensation ; elle est aussi un rébus de la mémoire, s’abreuvant à l’œuvre des grands aînés comme à de nombreuses sources extra-musicales, essentiellement littéraires et picturales. »

L’Instant Donné est en résidence à la Villa Mais d’Ici-Aubervilliers (Seine Saint Denis)
et reçoit le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France-Ministère de la Culture
au titre de l’aide aux ensembles conventionnés,
du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, de la SACEM, et de la SPEDIDAM.

Clyde Chabot

Clyde Chabot

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Après une session de travail à Gare au Théâtre, le Studio-Théâtre accueillera Clyde Chabot et sa compagnie La Communauté Inavouable pour la présentation d’une étape de sa prochaine création :

2009 Médées : variation n° 5

Texte et direction : Clyde Chabot
Assistanat : Anne Sophie Juvénal
Scénographie : Jane Joyet
Lumières : Pierre Yves Lohier
Avec : Françoise Huguet, Aliénor de Mézamat, Anna Schmutz Lacroix.
Et en vidéo : Stéphane Choukome, Xavier Guerlin
Vidéo : Ramon Diago
Son : Xavier Guerlin

Le 17 avril à 20 h 30 au Studio-Théâtre.

Médée a été abandonnée par Jason. Dans la tragédie grecque, elle tue ses enfants par vengeance.

2009 Médée(s) est une revisitation contemporaine de la figure de Médée dans la société actuelle où les couples se séparent souvent mais aussi une invitation au jeu de l’écriture face à l’effroi.

Fondé sur une expérience personnelle, ce texte est aussi nourri de nombreux échanges informels avec des femmes et des hommes, proches ou anonymes, sur la question de leurs amours. Au cours de ces échanges sont apparues des récurrences dans le fonctionnement des hommes et des femmes et dans la complexité de la relation à l’enfant après une séparation. Constellation de fragments de ces conversations, ce texte sonde l’être amoureux, part irréductible de chacun, intime et essentielle.

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Des variations

2009 Médée(s) est un projet en construction depuis septembre 2007. Il donne lieu à des croquis scéniques, appelés Variations, portant sur différentes facettes du texte et de la mise en scène. La création de l’intégralité de la pièce aura lieu en octobre 2009 à la Ferme du bonheur à Nanterre et à Gare au théâtre à Vitry sur Seine. Elle réunit trois Médée (une femme enfant, une femme mère, une femme plus âgée), deux Jason dont un guitariste (un homme mature et un homme enfant) et un ancêtre.

Le plateau

Avec la Variation n°5, ce sont la choralité des trois Médée et les traces audiovisuelles des Jason, hommes partis, qui seront développés.
Trois femmes viennent chacune faire un constat critique, désabusé, non sans humour de leurs relations aux hommes.
Face à Jason qui argumente (en voix off), surgit un CHŒUR MEDEE. Dans un dire commun ou successif, dans un mouvement vers le chant, le murmure, le parlé-chanté, un CHŒUR MEDEE portera leur rage commune – qui est l’envers de leur impuissance et de leur amour pour Jason. Lors d’une séparation, celui qui est parti est extrêmement présent. Jason sera là sous formes de traces vidéo réalisées par Ramon Diago et sonores réalisées par Xavier Guerlin.
Au final, les trois Médée retrouvent leurs singularités. Elles portent un regard différent sur ce qu’elles ont vécu et envisagent de réécrire leur tragédie domestique en comédie.

Production de la compagnie La Communauté Inavouable.

Gislaine Drahy

Gislaine Drahy

La compagnie THÉÂTRE NARRATION, qui a fêté ses 25 ans d’activités en 2007, s’est toujours attachée à transmettre la force de grands textes, littéraires ou dramatiques, appartenant principalement au répertoire contemporain. Le Studio-Théâtre de Vitry accueillera Gislaine Drahy et son collectif artistique en résidence du 15 au 25 mai. Durant leur séjour ils présenteront Berg et Beck d’après Robert Bober et ouvriront au public leur chantier en cours sur l’œuvre de Philippe Malone.


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d’après Robert Bober

Les dimanches 17 et 24 mai à 16h
Les lundis 18 et 25 mai à 20H30

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© Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés,
coll. Henri Alexander – Colonie d’Izieu, été 1943.

Conception du projet : Gislaine Drahy
Avec : Gislaine Drahy et Marc Susini
Lumière : Nicolas Faucheux
Son : Alain Lamarche

Un décor, fait de châssis, évoquant une salle de classe ou de réfectoire aux murs bicolores, avec des tables rassemblées et, autour, quelques bancs…
Dans ce huis clos, deux comédiens et une cinquantaine de spectateurs conviés, dans la plus grande proximité des corps, à accueillir quelques-unes des histoires d’enfances brisées échappées du livre de Robert Bober…
Orphelins de la Shoah, enfants déportés ou enfants de déportés, l’écriture de Robert Bober leur donne pour nous un visage. Ils s’appellent Marcel, André ou Milena, et on pourrait croire qu’ils dorment dans la pièce d’à côté, tandis qu’on parle d’eux…

G Drahy

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© Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés,
coll. succession Sabine Zlatin – Colonie d’Izieu, été 1943.

Coproduction Théâtre Narration / La passerelle, scène nationale de Gap et des Alpes du Sud, ce spectacle est, depuis trois ans, le moteur d’une action exemplaire de décentralisation en milieu rural à l’initiative du Conseil général et de la Médiathèque du Rhône.


CHANTIER PHILIPPE MALONE, en présence de l’auteur

Le samedi 23 mai

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© Alain Lamarche

Collectif artistique réuni autour du projet : Marie-Laure Boggio, Liliane David, Gislaine Drahy, Alain Lamarche, Christian Scelles, Christian Taponard…

18 h : Septembres, dernier texte paru de Philippe Malone, lu par Philippe Malone.
« Septembres est le récit d’un poseur de bombe. L’histoire d’un enfant qui sort d’une ville bombardée pour monter sur une colline et assister au lever du soleil. Une histoire en un souffle, une seule phrase sans ponctuation pour passer de l’aube au crépuscule, de l’enfance à l’âge adulte, du rêve à la barbarie… »

19 h : paroles croisées autour de l’auteur en présence de son éditrice, Sabine Chevallier (Editions Espaces 34), de metteurs en scène, de critiques…

20 h 30 : présentation d’une ébauche de « III », projet de création porté par le Théâtre Narration.

“Les laisses ont ceci de dangereux, Anne / Que parfois elles blessent les mains / Des maîtres.”

III . Philippe Malone

Variation très contemporaine autour de la figure de Richard III, la pièce de Philippe Malone emprunte à Shakespeare ses personnages pour réintérroger, dans les contradictions du monde d’aujourd’hui, la question du pouvoir. En 17 séquences, et dans une poétique implacable, elle nous décrit un monde au bord du gouffre, en proie à un étrange vertige, un monde qui nous rappelle le nôtre, assez furieusement….

G. Drahy

Carte blanche à Benoit Résillot & Tal Beit-Halachm

Danseuse et comédien, ils se sont rencontrés en 2001, jouant Bérénice de Jean Racine mise en scène par Frédéric Fisbach et Bernardo Montet. Ils en ont conservé le désir de retrouver le plateau ensemble, et viennent de présenter une série de performances mêlant danse, texte et chant à Tours et à Munich. Tal présentera à Vitry, en duo avec le musicien Pascal Maupeu, la performance Acoustic Pleasure, interrogeant le mythe de la Sirène, mêlant des textes de Baudelaire, un puissant travail vocal et une guitare complice. Benoît mettra en scène Twitille, étonnant texte de Catherine Hubert. Dans des saynètes courtes, fraîches et d’apparence simples, l’auteur met en jeu les questions premières de la solitude, de la recherche de l’autre, de la souffrance et du trouble. Un conte dialogué à la langue franche et lumineuse, tenant à la fois de Lewis Carroll et David Lynch. Pour enfants et adultes à partir de 7 ans.


Les vendredi 9 et samedi 10 octobre à 20h30
Le dimanche 11 octobre à 16h

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de Catherine Hubert

Création

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© Benoît Résillot

Mise en scène : Benoît Résillot
Avec Tal Beit-Halachmi et Benoît Résillot

Assistant à la mise en scène : Thomas Gonzalez
Costumes : Olga Karpinsky
Lumière : Laïs Foulc

à partir de 7 ans

« Catherine écrit des livres.
Elle vit dans une maison à la lisière d’une forêt en Touraine.
En Touraine, la lumière est couleur argent et les animaux parlent.
La langue que parlent les animaux est l’anglais et le français.
Twitille est une souris d’un genre particulier, une souris-chat.
Elle vit avec Catherine, dans sa maison.
Elles sont amies.
Elles se parlent alternativement comme une adulte à une enfant, ou d’égale à égale.
Elles sont complémentaires.
Elles s’aiment, le plus souvent. Elles se disputent aussi.
Il arrive qu’elles aient du mal à se supporter.

Un jour, Catherine décide d’écrire un livre avec et au sujet de Twitille… »

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© Benoît Résillot

Le texte de Twitille s’ouvre sur une apparente complicité entre Catherine, écrivaine, et Twitille, jeune souris. Très vite, le caractère autonome de Twitille apparaît, elle perd sa nature de poupée-qui-parle des premiers instants. Le rapport entre Catherine et elle devient énigmatique et souvent expose leur fragilité et leur vulnérabilité. Entre des moments plus éthérés de présence commune, elles se montrent impatientes et instables. Mais leur insatisfaction est peut-être jouée, elles s’en emparent pour s’en amuser ou pour l’observer, elles ne nous disent pas si elles sont sincères. Après tout : elles écrivent un livre. Les informations qui nous parviennent épaississent encore l’énigme : on apprend par exemple que Twitille est une « souris-chat », c’est quoi une souris-chat ? On apprend que Catherine souffre, elle est irritable, elle a mal aux dents, elle est allergique. Les symptômes s’accumulent, mais elle peut guérir. Son corps est tourmenté par ses pensées très vives. Twitille s’efforce d’être bonne conseillère. C’est elle finalement, à la fois émanation imaginaire et mise à distance, littéralement mise en scène, d’un mal-être de Catherine, c’est elle la meilleure réceptrice d’une parole enfin ouverte, d’une formulation plus franche. Le récit très court du massacre des biches suscite des prises de conscience surgies d’images abruptes, évidemment propres à chaque auditeur. En exposant ainsi un objet de ses préoccupations, Catherine accroît la densité de la présence de Twitille devenue indispensable. C’est comme cela que le livre sur Twitille s’écrit.

Benoît Résillot

Production Centre Chorégraphique National de Tours et Studio-Théâtre de Vitry


Le mardi 13 octobre à 20h30

ACOUSTIC PLEASURE

Performance de Tal Beit-Halachmi & Pascal Maupeu

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© CCNT

Conception et interprétation : Tal Beit-Halachmi
Création musicale et interprétation : Pascal Maupeu

Textes : Charles Baudelaire / Adriana Cavarero / Diamanda Galas
Lumières : Frédéric Tétart
Vidéo : Frédéric Tétart, dansé par Yehudith Arnon
Costumes : Rose-Marie Melka
Régie son : Raphaëlle Jimenez

durée 40 mn

« Sirènes ou Sibylles, toutes deux des voix emblématiques.

D’abord oiseaux, conteuses d’histoires et d’événements importants, les Sirènes ont perdu peu à peu leur parole. Ne devenant plus que belles et sensuelles, leur discours se fait moins clair, il perd son sens, il est articulé de moins en moins, jusqu’à ne plus être qu’un chant inarticulé, proche des cris d’un animal. Dès lors, leur rôle n’est plus le même. Ces monstres, mi-femmes mi-bêtes attirent les regards qui ne peuvent résister. Leurs voix charmantes, envoûtantes, l’absence de leurs discours, en deviennent d’autant plus dérangeantes. Venues des profondeurs, elles appellent l’homme par une promesse énigmatique, vers une mort plaisante, éveillant l’espoir et le désir d’un au-delà merveilleux. Leurs chants imparfaits conduisent le navigateur en direction de l’inconnu. Ce chant ne comporte-t-il pas quelque défaut, pour être si puissant ?

La vocalité n’annule point un discours.
La voix féminine, qu’elle soit portée par un homme ou par une femme, est-elle une manière d’apporter une vision différente des choses, du monde, d’une histoire et d’une époque.

Dans « Le silence des Sirènes », texte énigmatique de Kafka, les Sirènes possèdent une arme encore plus terrible que leur chant : leur silence. Quand les Sirènes voient Ulysse elle ne chantent pas, elles restent silencieuses pour atteindre cet adversaire à moins qu’elles ne soient si fascinées par sa béatitude et sa détermination, qu’elles en oublient de chanter.

Le chant des Sirènes était-il un appel impératif à la présence de l’autre ? La lutte qui se joue entre les Sirènes et Ulysse résonne comme un drame humain – chacun de ces parties veut être tout, veut être un monde absolu, ce qui rend impossible sa coexistence avec l’autre et chacun pourtant n’a pas de plus grand désir que de coexister et se rencontrer.

La Sibylle, figure avec une dimension surnaturelle ou en marge de la nature, plus prophétique, telle celle d’un possédé. Les caractéristiques des Sibylles d’origine sont toujours très actuelles et leurs messages sont apocalyptiques.

Le film du solo de Yehudith Arnon dans le travail, est précieux – sa danse est fondatrice ; elle est pour moi la figure de la Sibylle, celle qui émane de la sagesse divine, aussi vieille que le monde, le symbole même de la révélation. »

Tal Beit-Halachmi


Benoit Résillot

Il aborde le théâtre d’abord comme assistant de Laurent Pelly en 1995 pour la mise en scène de Loretta Strong de Copi, au Cargo de Grenoble.
Il participe au chœur amateur lors de la création de L’annonce faite à Marie de Paul Claudel en 1996, mise en scène de Frédéric Fisbach, avec lequel il entame une collaboration régulière. Il est acteur dans L’île des morts d’August Strindberg / Le gardien de tombeau de Franz Kafka et A trois de Barry Hall en 1999, Bérénice de Jean Racine, conçue par Frédéric Fisbach et Bernardo Montet en 2001, Les Paravents de Jean Genet en 2002 (reprises en 2004 et en 2007), L’Illusion Comique de Pierre Corneille en 2004-05, Feuillets d’Hypnos de René Char en 2007.
Il est assistant et dramaturge de Frédéric Fisbach pour Un avenir qui commence tout de suite – Vladimir Maïakovski en 1998, Agrippine de Georg-Friedrich Händel, Kyrielle du sentiment des choses de François Sarhan en 2003 et Shadowtime de Brian Ferneyhough en 2004.
Il joue également sous la direction d’Olivier Werner dans Les Perses d’Eschyle en 2000, et dans Madame Ka de Noëlle Renaude, mise en scène par Florence Giorgetti en 2002.
Pour France-Culture, il enregistre Andromaque de Jean Racine en 2000, et De Chuzenji à Brangues, textes de Paul Claudel, en 2001.
Il met en scène 40 minutes de théâtre réel sur des textes de Daniil Harms en 1998, C’est pas la même chose, textes de Pierre Louÿs, créée en 2000 et repris en 2004-05 et 2008, spectacle présenté dans les cafés. Puis Cavaliers vers la mer de John M. Synge en 2006 et le striptease When I was a child, I will be a girl en 2007.
Pour le théâtre, il a traduit du suédois L’île des morts d’August Strindberg, de l’italien le livret d’Agrippine de Vincenzo Grimani, de l’anglais Richard II de William Shakespeare, Cavaliers vers la mer et Deirdre des douleurs de John M. Synge, Les descendants de l’amiral eunuque de Kuo Pao Kun.
En 2009, il joue dans Bastards of millionaires de Laurent Quinton mise en scène d’Alexis Fichet et créée une série de performance avec Tal Beit-Halachmi à Tours et Munich.
Actuellement, il finalise un court métrage intitulé La stupéfaction et l’on peut voir ses pièces C’est pas la même chose et When I was a child, I will be a girl en tournée.

Tal Beit-Halachmi

Danseuse chorégraphe, elle est d’origine israélienne. Formée en Israël et à Londres (Calif Contemporary Studio, Royal Academy of Dancing, Kibboutz Ensemble, The Place, Laban Center, Théâtre chez Yoram Levinstein), elle a notamment travaillé avec Moshe Ef rati (Israël), Brigitte Farges et Catherine Diverrès.
En 1995, elle présente au Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne Why do we need…, un duo crée avec Fabrice Dasse. Depuis 1997, elle travaille avec Bernardo Montet, qu’elle assiste sur l’ensemble de ses créations, et danse dans Issê Timossé (1996), Ma Lov’ (1998), Dissection d’un homme armé (2000), Parcours 2C (vobiscum) en 2004, coupédécalé (2005). En février 2001, elle est Bérénice dans la pièce homonyme conçue par Bernardo Montet et Frédéric Fisbach. Elle participe en 2003 au spectacle de musique contemporaine mis en scène par Jean Jourdheuil à l’Opéra de Stuttgart, Im spiegel wohnen.
Parallèlement à sa carrière de danseuse, Tal Beit-Halachmi mène un travail pédagogique auprès des écoles maternelles et primaires. Elle s’intéresse à développer l’expression du danseur-amateur. En 2002, elle présente Plages urbaines, pièce créée au Festival « Les Antipodes » à Brest, avec vingt-deux élèves accompagnés par l’enseignant Yves Le Du et un danseur professionnel. Elle y revisite le ghetto, ghetto juif pendant la guerre, mais aussi ghetto d’ailleurs et d’aujourd’hui.
De même que les éléphants, cinq danseurs non professionnels, un danseur professionnel et un enfant, est la continuité du travail mené avec les amateurs. Cette pièce est portée par une recherche sur l’intime et élaborée au plus près de chaque personnalité.
En 2006, elle répond à une commande du Festival « Montpellier danse » avec Dahlia Bleu, une pièce autour de la mémoire, partagée avec Yehuith Arnon, grande figure de la danse en Israël, la chanteuse Rola MB. Bakheet de Palestine et trois autres interprètes.
Tal s’ouvre depuis plusieurs années au texte et au chant. En novembre 2007, elle crée un solo autobiographique Dina. Elle présente actuellement la performance Acoustic Pleasure avec le musicien Pascal Maupeu. Un duo où la figure féminine, telle la sirène ou la sibylle, est un point d’ancrage pour se questionner dans un monde où règne la confusion

Catherine Hubert

Elle est née à Paris. Elle a fait ses études à Londres et aux Etats-Unis. Elle a enseigné l’anglais en France. Elle écrit des récits et des poèmes depuis l’âge de 12 ans. Le plus souvent, elle écrit directement en anglais et traduit ensuite ses propres textes en français. Twitille est sa première pièce de théâtre, publiée en 2007 aux Editions Geneviève Pastre. Catherine est également plasticienne et sculptrice. Elle expose régulièrement.

Pascal Maupeu

Autodidacte de formation, Pascal Maupeu se produit entre 1997 et 2001 au sein de diverses formations de musiques improvisées. Puis il collabore avec divers artistes œuvrant dans d’autres disciplines : théâtre avec Nadège Prugnard, lectures avec Sophie Baudeuf, spectacles pour enfants avec la Cie La tortue magique… Depuis 2003, il fait partie du trio Tilbol avec Colin Neveux (batterie) et Hugues Vincent (violoncelle). Ses autres formations notables sont le duo post-rock « Shampoo meuchiine » consacré à la musique de Robert Wyatt ainsi que ses collaborations avec les chanteurs Valérian Renault et Eric Lareine.

Frederic Tétart

Artiste plasticien, il travaille et expose en France et à l’étranger. Son travail transversal qui explore les images photographiques et vidéo, la lumière, le son, l’écriture, est ouvert à de nombreuses collaborations avec la danse (Carole Paimpol, Tal Beit-Halachmi, Laurence Rondoni, Ko Murobushi) et récemment le théâtre (Atelier Hors-champs, Sébastien Derrey…). Il a récemment exposé la série de photographies Rudiments à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Tours, il a également créé la lumière pour l’ensemble du travail de Tal Beit-Hlachmi.

Le rythme et la vie L’œuvre poétique d’Henri Meschonnic

Henri Meschonnic, poète, traducteur et linguiste est mort il y a un an. Son œuvre extrêmement riche est centrée sur les questions du poème, de l’oralité, du rythme. Ses traductions de la Bible ont transformé notre perception de ces textes fondateurs. Les Ouverture(s) d’avril lui seront consacrées et rendront hommage à son œuvre de poète. Nous aurons le plaisir d’accueillir Gérard Dessons, universitaire et collaborateur d’Henri Meschonnic, Dominique Reymond et Axel Bogousslavsky, comédiens, pour une lecture/débat autour des enjeux de la poésie et de la traduction. La Compagnie des Limbes, en résidence au Studio-Théâtre, présentera NOUS LE PASSAGE, spectacle mis en scène par Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin sur des poèmes d’Henri Meschonnic.


Le rythme et la vie

L’œuvre poétique d’Henri Meschonnic
au Studio-Théâtre

Vendredi 9 avril
20h30 : NOUS LE PASSAGE

Samedi 10 avril
18h : LECTURE/DEBAT avec Gérard Dessons, Dominique Reymond et Axel Bogousslavsky
20h30 : NOUS LE PASSAGE

Meschonnic
@ J. Torregano/Fédéphoto

Toute ma vie est dans mes poèmes, mes poèmes sont le langage de ma vie. C’est par eux que je vais d’inconnu en inconnu. Ils me font plus que je les fais. Et ils sont reconnus par ceux qui sont du même côté du langage, du même côté de la vie que moi. Un poème, pour moi ne raconte pas d’histoires. Mes poèmes sont les condensations du sens de ma vie. C’est pourquoi ils tiennent moins de place que le reste de mon travail, mais c’est eux qui me font traduire la Bible comme je traduis, qui me font penser le langage, la poésie, la traduction comme je fais. Pour moi, un poème est ce qui transforme la vie par le langage et le langage par la vie. C’est mon lieu, et je le partage.
Il ne faut pas beaucoup de mots pour transformer notre rapport au monde et à nous-mêmes. L’exemple le plus simple, ce serait, entre autres, il se trouve que c’est le premier qui me vient à l’esprit, un poème de Giuseppe Ungaretti, fait de deux mots :

M’illumino
d’immenso.
(Je m’illumine d’immense.)

La poésie doit transformer le monde, elle transforme notre rapport au monde ou elle n’est pas la poésie, mais une poétisation. Autrement dit, la poésie, c’est l’union maximale du langage et de la vie. Écrire un poème, c’est faire la vie. Lire un poème, c’est sentir la vie qui nous traverse et être transformé par lui.

Penser, écrire, c’est travailler à être libre, c’est-à-dire vivant.


nouslepassage
Henri Meschonnic (1932-2009) est né à Paris, de parents juifs russes venus de Bessarabie en 1924. Il y a ensuite la guerre et la traque. Puis des études de lettres. Un passage de huit mois dans la guerre d’Algérie en 1960. Premiers poèmes dans Europe en 1962 : Poèmes d’Algérie. Linguiste, il enseigne à l’Université de Lille de 1963 à 1968, puis, de 1969 à 1997, à Paris 8. Henri Meschonnic a reçu en 1986 le prix Mallarmé pour Voyageurs de la voix. Il était membre de l’Académie Mallarmé depuis 1987.

Il a rencontré le travail théâtral d’Antoine Vitez et de Claude Régy, a participé aux recherches de l’Académie Expérimentale des Théâtres et a orchestré le cahier intitulé Théâtre Oracle, N°189, 2008-2 de la revue Théâtre/Public paru en juin 2008.

Henri Meschonnic est surtout connu pour son travail de linguiste, de théoricien de la poétique et de la traduction. Citons, parmi son imposante bibliographie, les cinq volumes de Pour la poétique I/ Pour la poétique, II/ Epistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction, III/ Une parole écriture, IV/ Écrire Hugo, V/ Poésie sans réponse (Gallimard, 1970 à 1978); Le langage Heidegger (PUF, 1990); Critique du rythme (Verdier, 1982); Modernité modernité (Verdier, 1988); Poétique du traduire (Verdier, 1999); L’utopie du Juif (Desclée de Brouwer, 2001); Spinoza poème de la pensée (Maisonneuve & Larose, 2002); Un coup de Bible dans la philosophie (Bayard, 2004); Dans le bois de la langue (Laurence Teper, 2008); Pour sortir du postmoderne (Klincksieck, 2009).

Dans le domaine de la traduction, Henri Meschonnic a entrepris une nouvelle et magistrale traduction de la Bible dont on rappellera les volumes parus chez Desclée de Brouwer : Gloires, traduction des Psaumes (2001); Au commencement, traduction de la Genèse (2002); Les Noms, traduction de l’Exode (2003); Et il a appelé, traduction du Lévitique (2005); Dans le désert, traduction des Nombres (2008).

Henri Meschonnic est également l’auteur d’une œuvre poétique importante. Nourrie de ses recherches théoriques, elle frappe par une écriture libre et inspirée.
On citera : Dans nos recommencements (Gallimard, 1976); Légendaire chaque jour (Gallimard, 1979); Voyageurs de la voix (Verdier, 1985); Je n’ai pas tout entendu (Dumerchez, 2000); Infiniment à venir (Dumerchez, 2004); Tout entier visage (Arfuyen, 2009); Et la terre coule (Arfuyen, 2009); De monde en monde (Arfuyen, 2009). Un numéro spécial a été consacré par la revue Faire Part à l’œuvre d’Henri Meschonnic sous le titre Le Poème Meschonnic.


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Lecture/débat

Avec Gérard Dessons, Axel Bogousslavski et Dominique Reymond
Samedi 10 avril à 18h

Avec la voix, il s’agit du poème, et il s’agit déjà du théâtre. La voix contient tout le corps et tout le sens. Elle fait que ni le corps ni le sens n’existent l’un sans l’autre. En lisant on ressent, en écoutant on comprend. L’important, dans tous les cas, c’est d’entendre.
Le théâtre est ce moment particulier, moment de tous les risques, où la voix de l’acteur fait entendre la voix du poème, telles qu’ensemble elles s’inventent infiniment. La voix de l’acteur — celui qui acte la parole — s’informe du poème, naît à son dire. Quant à la voix du poème, elle n’est pas dans le poème comme une substance en attente d’être manifestée. Elle est du poème, au sens où elle en provient. La force d’un texte — et c’est bien en cela qu’il est poème — réside dans cette capacité de tendre les voix singulières — de l’auteur, de l’acteur — vers cette voix plurielle, impersonnelle, migrante qui devient le théâtre lui-même. Les poèmes d’Henri Meschonnic ont cette force de transformer ceux qui les lisent, qui les disent et qui les écoutent, en voyageurs de la voix.


Gérard Dessons est professeur de langue et littérature françaises à l’université Paris 8, où il travaille sur la poétique, la théorie du langage et la théorie de l’art. Il est membre du groupe Polart, poétique et politique de l’art.
Il a notamment publié Emile Benveniste, l’invention du discours (In press, 2006); Rembrandt, l’odeur de la peinture (Laurence Teper, 2006); Introduction à la poétique. Approche des théories de la littérature (Armand Colin, 2005); Maeterlinck, le théâtre du poème (Laurence Teper, 2005); L’Art et la manière. Art, littérature, langage (Honoré Champion, 2004); et, en collaboration avec Henri Meschonnic, Traité du rythme: des vers et des proses (Nathan, 1998).

Il est également l’auteur de Petite théorie du papier, Marano Vicentino, Pino Guzzonato, 2000; Lieux communs (dessins d’Odile Druhen), La Licorne, 1993; Mon rêve d’une femme assassinée (dessins d’Hervé Sornique), Cardinaux, 1988.

Axel Bogousslavsky a joué au théâtre dans la plupart des spectacles de Claude Régy et avec les metteurs en scène Bruno Bayen (Stella) ; Jean-Michel Rabeux ; Xavier Marchand (Au Bois lacté) ; Jean-Baptiste Sastre (L’Affaire de la rue de Lourcine, Tammerlan) ; Etienne Pommeret (Drames brefs) etc.
Avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, il a joué dans la Sonate des Spectres de Strindberg en 2003, dans Adam et Ève de Boulgakov en 2007 et dans Feux d’après August Stramm en 2008.
Au cinéma, il a joué notamment dans le film de Marguerite Duras Les Enfants et a tourné sous la direction de Manoel de Oliveira dans Mon cas.

Dominique Reymond, après avoir suivi les cours des Arts Décoratifs et du conservatoire Populaire de Genève, intègre le C.N.S.A.D. dans la classe d’Antoine Vitez. Avec lui, elle joue dans Falsch de René Kalisky, la Mouette d’Anton Tchekhov, le Héron de Vassili Axiomov, l’Échange de Paul Claudel. Elle travaille notamment sous la direction de : Jacques Lassalle, l’Heureux stratagème de Marivaux ; Bernard Sobel, la Ville de Paul Claudel, la Forêt d’Ostrovsky, Tartuffe de Molière ; Klaus–Michael Grüber, la Mort de Danton de Büchner ; Bruno Bayen, Weimarland ; Pascal Rambert, John & Mary, Antoine et Cléopâtre de Shakespeare ; Sophie Loucachevsky, Phèdre de Marina Tsvetaeva ; Jacques Rebotier, l’Éloge de l’ombre ; Marie-Louise Bischofberger, Visites de Jon Fosse ; Luc Bondy, Une pièce espagnole de Yasmina Reza ; Marc Paquien, le Baladin du monde occidental de John Millington Synge; Manuel Rau, le Pélican d’August Strindberg… Avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, elle a joué dans Feux d’après August Stramm en 2008. Au cinéma, elle a joué entre autres dans Y aura-t-il de la neige à Noël et Il sera une fois de Sandrine Veysset, La naissance de l’amour de Philippe Garrel, Destinées sentimentales, Demon lover, et L’heure d’été d’Olivier Assayas.

lecturedebat
Nous le passage

poèmes d’Henri Meschonnic
mise en scène Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Vendredi 9 et samedi 10 à 20h30

avec
Solène Arbel
Romain Jarry
Brieuc Jeandeau
Martine Valette

Écriture voix/lumière : Johann Loiseau et Jean-Luc Petit
Création sonore : Jean-Marc Saint-Paul

Merci à Régine Blaig

Mettre en scène des poèmes d’Henri Meschonnic, c’est pour nous donner à entendre et à voir l’oralité, la corporalité de ce langage. Traduire ce que fait cette parole, et pas seulement ce qu’elle dit. Sentir le passage de la vie en nous, être à l’écoute de l’infime mouvement qui nous déplace, et nous transforme, à chaque instant. Envelopper scène et salle dans un climat intime et mouvant, mettre en relation la voix et la lumière.
Cette recherche nous invite à concevoir un dispositif scénique privilégiant l’écoute de la voix du poème à une théâtralité visuelle car au théâtre “c’est l’oreille qui voit, c’est ce qu’on donne à entendre qui fait qu’on visualise” (Henri Meschonnic, Le théâtre dans la voix, dans Penser la voix, La Licorne N°41, 1997).
Donner à entendre les échos, les résonances, d’un poème à l’autre, d’un recueil à l’autre, c’est mettre en scène la voix plurielle du poème, dont tous les acteurs sont les passeurs, jusque dans le silence. De même, le spectateur par son écoute devient coénonciateur de la voix du poème et par là-même acteur de la parole.

Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin

Production : Compagnie des Limbes, OARA – Office Artistique de la Région Aquitaine, TNT Manufacture de chaussures, IDDAC – Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel, Pôle Culturel Intercommunal des Anciens Abattoirs à Billères (84), Société bordelaise de CIC, Festival de Théâtre de Blaye et de l’Estuaire, Espace Jéliote – Oloron Sainte-Marie. La compagnie est subventionnée par le Conseil Régional d’Aquitaine, le Conseil Général de la Gironde et la Mairie de Bordeaux. Avec le soutien de l’UFR Arts et du Service Culturel de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3.


La Compagnie des Limbes a été fondée en 2001 par Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin. Elle est basée à Bordeaux.

« Des écritures appellent le théâtre. Parce qu’elles inventent un langage. Parce qu’elles transforment la représentation que nous avons du monde, le sens de notre vie. Parce qu’on y entend du corps, parce qu’on y entend une voix qu’on avait jamais entendue jusqu’alors. C’est pourquoi nous travaillons avec des poèmes, des romans plus qu’avec des pièces de théâtre. Peut-être pour donner à entendre et à voir que ce qui fait théâtre c’est d’abord le langage, l’énergie créatrice du langage, tout ce qui déborde la signification et qui ouvre sur l’invisible et l’inaudible du langage et de la vie.

Aussi différentes que soient les écritures avec lesquelles nous travaillons – Ghérasim Luca, Kurt Schwitters, Virginia Woolf, Jon Fosse, Henri Meschonnic, Arnaud Rykner -, chacune d’elle, de manière singulière, met en jeu ces questions : Qu’est-ce que vivre, comment vivre et comment dire/écrire. Chacune d’elle articule à sa façon dire et vivre. Chacune transforme à sa manière notre rapport au langage et à la vie.

À chaque aventure, nous rapprenons à lire, nous apprenons à écouter ce qu’un langage crée, à sentir la manière dont le mouvement de la parole s’organise, pour que la puissance de vie qu’invente une écriture se déploie à la scène et passe entre les acteurs et les spectateurs. A travers notre pratique du théâtre se dessine la recherche et la création d’un théâtre du poème. Un poème, entendu comme une activité qui transforme la vie par le langage et le langage par la vie, pour reprendre la définition d’Henri Meschonnic.

Le nom de notre compagnie – compagnie des Limbes – traduit bien notre idée du théâtre comme d’un espace par excellence ouvert et indéterminé où tout peut se passer, d’une expérience au-delà du vivant et du mort. Le caractère vague et incertain de l’état qu’on lui associe communément plutôt de manière péjorative : être dans les limbes, est ici l’état de possibilité de toute chose, indéfiniment naissante, infiniment disparaissante. Être et ne pas être, non pas successivement, mais en même temps : peut-être est-ce cela le théâtre des Limbes. »

Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin

Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin, comédiens et metteurs en scène. Formés au conservatoire de Bordeaux où ils ont notamment suivi l’enseignement de Pilar Anthony. Ils fondent la compagnie des Limbes en 2001 et mettent en scène, ensemble : Mues sur des textes d’Antonin Artaud, Ghérasim Luca et Kurt Schwitters en 2003, Hiver de Jon Fosse en 2005, Les Vagues de Virginia Woolf en 2006, Dépeçage de Kurt Schwitters en 2006, Vivre dans le secret et Matin et soir de Jon Fosse en 2007, No man’s langue poèmes de Ghérasim Luca, Écrire c’est créer un lieu ou on peut vivre, triptyque Jon Fosse en 2009. Projets à venir : Enfants Perdus d’Arnaud Rykner.

Jours souterrains

En mars nous accueillerons Jacques Vincey et son équipe pour la création française de JOURS SOUTERRAINS d’Arne Lygre, jeune auteur norvégien à l’écriture sobre mais violente. Jusqu’où peut aller le désir de maîtriser, de façonner le monde à son image ? Peut-on s’approprier la vie des autres, leur destin ? Peut-on faire le « bien » contre la volonté de ceux qui le subissent ? Arne Lygre ouvre un monde de doutes et de trouble en inventant une écriture radicalement déstabilisante.


samedi 19 mars à 20h30
dimanche 20 mars à 16h
lundi 21 mars à 20h30
vendredi 25 mars à 20h30
samedi 26 mars à 20h30

Jours souterrains

d’Arne Lygre
traduction du norvégien Terje Sinding

mise en scène Jacques Vincey

avec
Frédéric Giroutru
Jean-Claude Jay
Sabrina Kouroughli
Anne Sée

dramaturgie Vanasay Khamphommala
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy
lumières Marie-Christine Soma assistée de Raphaël de Rosa
costumes Claire Risterucci
musique, son Alexandre Meyer, Frédéric Minière
contribution artistique Rachid Ouramdane
régie générale André Neri
stagiaire mise en scène Louise Dudek
relations avec la presse Claire Amchin / l’autre bureau

production compagnie Sirènes, coproduction Scène nationale d’Aubusson, Studio-Théâtre de Vitry
Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France–ministère de la culture et de la communication et de La Ménagerie de Verre dans le cadre des STUDIOLABS.
Direction de production, diffusion Emmanuel Magis / A  N  A  H  I.
L’Arche est Agent théâtral du texte représenté.


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Quatuor.
Séquestration de trois personnes par le Propriétaire de la maison, pour les sauver du naufrage.
Pour écrire leur histoire et donner sens à la sienne.
Tentative désespérée de saisir une réalité, réelle ou imaginaire.
Les personnages écrivent leur histoire en direct, en la vivant sur le plateau.
Ils n’existent que parce qu’ils racontent d’eux-mêmes.

Une histoire où la réalité est loin.

Et pourtant. Dans cette histoire tout est réel.

La pièce frappe d’abord par sa violence.
Elle reste pourtant énigmatique et tisse des thématiques subtiles et profondes.

Le temps et l’espace ont une valeur relative : glissements spatio-temporels, comme dans les rêves ou les cauchemars. Un monde clos mais poreux, où suinte la férocité du monde extérieur. Un monde aux confins de la barbarie où l’on s’efforce de reconstruire une nouvelle humanité.

Les personnages s’expriment à la première et la troisième personne : apartés? adresses au public? didascalies?
Ils pensent à haute voix. Ils se racontent et sont racontés.
Ils disent l’extérieur et l’intérieur, le conscient et l’inconscient, la réalité et le fantasme, le visible et l’invisible…
Une forme reste à inventer pour cette écriture qui déstabilise, trouble le déroulement linéaire du récit, fait deviner d’autres perceptions et appréhensions du tangible.

Jacques Vincey

Biographie de Jacques Vincey


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Entretien avec Jacques Vincey

Comment avez-vous découvert le texte de Jours souterrains d’Arne Lygre et pourquoi avez-vous eu envie de le mettre en scène ?

Il y a trois ans, la maison d’édition théâtrale, L’Arche, m’a fait parvenir quelques textes d’auteurs contemporains inédits. La lecture de Jours souterrains, m’a provoqué une impression aussi forte que celle que j’avais pu ressentir à la lecture de Mlle Julie, de Mme de Sade et de La nuit des rois. Je retrouvais dans cette pièce écrite en 2006 par un jeune auteur norvégien, les thématiques qui sous-tendaient déjà mes trois précédents spectacles, mais ancrées cette fois dans notre réalité d’aujourd’hui et restituées dans une écriture théâtrale tout à fait nouvelle. Comme ses prédécesseurs, Arne Lygre traite de la difficulté à vivre dans le cadre de règles communément admises et de la nécessité d’échapper à l’apathie d’un monde dont les valeurs s’effritent. Son intrigue s’inscrit dans le contexte des affaires de séquestration régulièrement relayées par les médias ces dernières années : le personnage principal enferme successivement dans sa maison deux femmes et un jeune garçon pour les « sauver » dit-il, d’une déchéance à laquelle il les estime inéluctablement promis. Derrière la brutalité de la situation, Lygre tisse une réflexion subtile et profonde sur les rapports de ces êtres contraints de s’inventer une histoire commune pour survivre dans un monde clos mais poreux, où suinte la férocité du monde extérieur. Dans cet univers confiné, les rapports de dépendance, de soumission et de domination sont remis en cause pour tenter de reconstruire une nouvelle humanité. En filigrane de la fable, affleurent des questions philosophiques: qu’est ce qui est vrai ? qu’est-ce qui est imaginaire ? le réel, c’est ce qui se passe dans la tête des gens ? ou seulement la matérialité des faits ? jusqu’où peut-on aller dans son désir de façonner le monde à son image ?…

Le style de cet auteur est simple, l’écriture sobre mais violente. Comment comptez-vous rendre compte de cette écriture sur un plateau ?

Les personnages de la pièce s’expriment à la première et la troisième personne. Ils racontent et sont racontés. Ils disent l’extérieur et l’intérieur, le conscient et l’inconscient, la réalité et le fantasme, le visible et l’invisible… Cependant, rien n’est pénible ni appuyé. Et beaucoup de choses restent tues. La pièce, comme la vie elle-même, se développe de manière multiple, surprenante. Elle n’impose rien. Elle propose un arsenal de possibles. Les phrases sont courtes, le langage concret. Il y aussi tout un travail musical dans les rythmes, les reprises de mots, les phrases qui reviennent.
Une forme reste à inventer pour restituer cette écriture qui déstabilise, trouble le déroulement linéaire du récit et nous touche de façon subliminale, c’est à dire au-delà ou en-deçà de la compréhension claire des choses.
Notre travail doit donc donner à voir, mais par invitation. On doit procéder par appel, par suggestion parce que chaque fois qu’on accomplit une image ou qu’on ferme le sens, on reste en dessous du potentiel du texte et de la capacité du spectateur à se l’approprier.

De nouvelles collaborations sont venus étoffer votre équipe artistique. Pouvez-vous nous présenter vos nouveaux et fidèles compagnons ?

Chaque projet est l’occasion de prolonger le travail avec d’anciens collaborateurs, et de s’ouvrir à de nouvelles rencontres.
Parmi les acteurs, je retravaillerai avec Anne Sée qui jouait Madame de St Fond dans Madame de SADE, mais aussi avec Jean-Claude Jay, Sabrina Kouroughli et Frédéric Giroutru avec qui je travaillerai pour la première fois. Je suis heureux de rassembler sur ce spectacle ces grands acteurs aux parcours si différents.
Mathieu Lorry-Dupuy avait déjà conçu la scénographie du Banquet de Platon que j’ai créé au printemps dernier à la Comédie Française.
Ma collaboration s’enrichit et s’approfondit de spectacle en spectacle avec Marie-Christine Soma (lumières), Claire Risterucci (costumes), Alexandre Meyer et Frédéric Minière (musique et sons) qui ont participé à toutes mes dernières créations.

Jusqu’à présent, comment avez-vous abordé le texte avec les comédiens ?

Ce qui est intéressant lorsqu’on s’attaque à une écriture nouvelle, c’est de voir comment elle réagit. On a une impression, on va chercher dans un sens. Et puis on va être surpris parce qu’on va découvrir, on va découvrir de nouvelles portes qui vont nous permettre d’explorer de nouvelles pistes… Nous devons aussi travailler ce que le texte ne dit pas. Notre marge d’action, d’accompagnement se situe dans les interstices du texte. Il faut habiter ce qui n’est pas dit. Les plages de silence, par exemple.
Notre approche est empirique. Nous abordons ce texte avec humilité et sans à priori. Notre enjeu est de faire résonner cette écriture dans son foisonnement et son instabilité, et de déployer un spectre d’interprétation qui ouvre à d’autres perceptions et appréhensions du tangible.

Côté scénographie, quels vont être vos partis pris de mise en scène pour rendre compte de cette histoire ?

La difficulté principale à laquelle nous avons été confrontés avec le scénographe, a été de créer un support de jeu aux acteurs et à l’imaginaire des spectateurs, sans s’enfermer dans une représentation qui réduirait la portée de la pièce. En effet, les changements de temps et d’espace sont dits mais restent invisibles, comme dans les rêves ou les cauchemars. Les personnages « glissent » d’une pièce à une autre, d’un étage à l’autre, d’une piscine, à un bunker ou à une pièce vitrée…
Il nous fallait créer un espace mental, parcouru de vibrations sensorielles. La lumière jouera un rôle essentiel dans ce dispositif, ainsi que le son et la musique, dont on sait combien ils peuvent modifier notre perception du réel.

Entretien réalisé pour la Scène Nationale d’Aubusson le 3 janvier 2011


Arne Lygre

Arne Lygre est né à Bergen (Norvège) en 1968. Dramaturge, il a publié six pièces à ce jour : Mamma og meg og menn (Maman et moi et les hommes), traduit en français, allemand et anglais, créé à Stavanger (Norvège) en 1998 dans une mise en scène d’Ingrida Forthun (la création française, dans une mise en scène de François Chevallier, a été présentée au Mans, à l’Addition Théâtre, au cours de la saison 2OO6/2OO7). Le texte français, dû à Terje Sinding, est paru en 2OOO aux Solitaires Intempestifs ; Brått evig (Soudain l’éternité), traduit en allemand, anglais et serbe, créé en 2OOO au Théâtre National d’Oslo dans une mise en scène de Catrine Telle ; Skygge av en gutt (L’Ombre d’un garçon), traduit en allemand, suédois et hongrois, créé au Norske Teatret à Oslo en 2OO6 dans mise en scène d’Ola B. Johannessen ; Mann uten hensikt (Homme sans but), traduit en français, allemand et anglais, créé en 2OO5 au Théâtre National d’Oslo dans une mise en scène d’Alexander Mørk-Eidem (créé en France en 2007 dans une mise en scène de Claude Régy). Le texte français est paru aux Éditions de l’Arche ; Dager under (Jours souterrains, 2006), créé à Odense au Danemark en 2009 ; Så stillhet (Soudain le silence, 2007), créé à Oslo en 2009. Les œuvres romanesques d’Arne Lygre sont encore inédites en français. Certaines sont en cours de traduction. Son recueil de nouvelles Tid inne (Il est temps), publié en 2OO4 chez Aschehoug Publishing House, a été distingué par le Prix Brage 2OO4. Sa dernière œuvre parue : Et siste ansikt (Un dernier visage), roman (Aschehoug Publishing House, 2OO6), a été sélectionnée pour le prix de la télévision norvégienne du meilleur roman norvégien 2OO6.

Je pensais vierge mais en fait non

En janvier-février nous présentons, en association avec le Théâtre de Vanves, une performance de Thibaud Croisy.


mardi 31 janvier
vendredi 3 février
mardi 7 janvier
vendredi 10 février
mardi 14 janvier
vendredi 17 février

Je pensais vierge mais en fait non

performance
création 2010

conception Thibaud Croisy
interprétation Sophie Demeyer
durée 30 minutes environ

en association avec le Théâtre de Vanves, dans le cadre du Festival Artdanthé

partenaires : Théâtre de Vanves – Scène conventionnée pour la danse, Mairie du 18e arrondissement


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Un habitat est un espace intime, investi physiquement et affectivement par la personne qui y vit. Lorsque cette personne quitte son habitat, son investissement passé demeure inscrit plus ou moins fortement dans le lieu.
Je pensais vierge mais en fait non convie un public dans un appartement situé à Paris et met en évidence l’investissement physique et affectif d’individus ayant traversé cet espace.

Cette manifestation a lieu dans l’appartement de Thibaud Croisy. Un point de rendez-vous sera communiqué aux spectateurs lors de leur réservation.


Thibaud Croisy

En 2007, Thibaud Croisy entame une recherche qui se traduit par la mise en scène de trois pièces : Rixe de Jean-Claude Grumberg (2007), Le Frigo de Copi (2008) et un fragment d’Au But de Thomas Bernhard (2010). Toutes trois se fondent sur des normes (langagières, sociales, sexuelles) mises en crise par différentes formes de violence, voire de barbarie.
Avec Je pensais vierge mais en fait non, il conçoit un projet qui s’inscrit en dehors de l’espace scénique et prend en compte la sphère de l’habitat.
Il travaille également en tant que dramaturge avec Hauke Lanz, Olivier Normand mais aussi comme interprète avec les chorégraphes Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan).
Ancien élève du département de théâtre de l’École normale supérieure et de l’Université Paris-X, il mène parallèlement des recherches sur les dramaturgies autrichiennes contemporaines (Werner Schwab) et publie occasionnellement des textes.

Le passage de la comète

En mars-avril nous accueillons la création en résidence de PASSAGE DE LA COMÈTE de Vincent Farasse, jeune auteur et metteur en scène dont nous aimons les textes subtilement troublants. Dans un ensemble de fragments dont les liens se révèlent peu à peu, Vincent Farasse nous entraîne d’une comédie sociale à un poème apocalyptique…


vendredi 13 avril à 20h30
samedi 14 avril à 20h30
dimanche 15 avril à 16h

Le passage de la comète

texte et mise en scène Vincent Farasse

scénographie Julia Kravtsova
lumières Nathalie Perrier
conseillère costumes Delphine Brouard
administration Flora Vandenesch

avec Yves Beauget, Laure Giappiconi, Eve Gollac, Gaëlle Héraut, Jean-Marc Layer, Aymeric Lecerf
production Studio-Théâtre de Vitry, Compagnie Azdak
avec le soutien de Naxos-Bobine


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Deux traders, un mouchoir blanc, un canapé sur catalogue, une fille trop compétente, une usine vide, des cheveux secs, deux mille ouvriers, une fille trop discrète, une montagne à gravir, un bras de mer, un grand projet, un open-space, une table vide, une résidence, une piscine, une série de morts mystérieuses.
On a vu passer une comète. Son rayon avait la forme d’une épée.

MURIELLE : J’adore ce type de lieu. Je trouve ce bâtiment remarquablement bien aménagé. On voit que les espaces sont pensés par rapport à une logique globale, et que cette logique a pour objectif le bien-être des individus. Et ça se sent tout de suite. On le sent quand on entre dans ce bâtiment. Moi la première fois que je suis entrée dans ce bâtiment c’était il y a onze ans, je me suis sentie bien. Tout de suite. Parce que les types qui ont conçu ce bâtiment ne l’ont pas conçu suivant une logique bêtement utilitaire, froide, fonctionnelle, non ils ont pensé ce bâtiment dans une perspective humaniste, et ça c’est toute la différence, c’est ça qui fait qu’on se sent bien, parce que ces types se sont posés du départ, du démarrage, la bonne question. Comment faire pour que les gens se sentent bien dans ce lieu. Et ça n’empêche pas d’être fonctionnel. Au contraire. Bien au contraire.

Dans la société moderne, la violence est exclue du discours. Pas de « chefs » et de « subordonnés », d’ « exploiteurs » et d’ « exploités »,  de « vainqueurs » et de « vaincus », mais des gens qui participent, interagissent.

Dans le même temps, des volcans explosent, tremblement de terre à Haïti, centrale de Fukushima…
Plus la violence est exclue de nos sociétés, plus l’imaginaire de la catastrophe est prégnant.
Et si la catastrophe n’était pas ce qui pourrait arriver mais ce qui est déjà ?

MURIELLE : Et quand on sort de l’eau, on nous amène, tenez-vous bien, des serviettes chaudes.


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