Danseuse et comédien, ils se sont rencontrés en 2001, jouant Bérénice de Jean Racine mise en scène par Frédéric Fisbach et Bernardo Montet. Ils en ont conservé le désir de retrouver le plateau ensemble, et viennent de présenter une série de performances mêlant danse, texte et chant à Tours et à Munich. Tal présentera à Vitry, en duo avec le musicien Pascal Maupeu, la performance Acoustic Pleasure, interrogeant le mythe de la Sirène, mêlant des textes de Baudelaire, un puissant travail vocal et une guitare complice. Benoît mettra en scène Twitille, étonnant texte de Catherine Hubert. Dans des saynètes courtes, fraîches et d’apparence simples, l’auteur met en jeu les questions premières de la solitude, de la recherche de l’autre, de la souffrance et du trouble. Un conte dialogué à la langue franche et lumineuse, tenant à la fois de Lewis Carroll et David Lynch. Pour enfants et adultes à partir de 7 ans.
Les vendredi 9 et samedi 10 octobre à 20h30
Le dimanche 11 octobre à 16h
TWITILLE,
de Catherine Hubert
Création
Mise en scène : Benoît Résillot
Avec Tal Beit-Halachmi et Benoît Résillot
Assistant à la mise en scène : Thomas Gonzalez
Costumes : Olga Karpinsky
Lumière : Laïs Foulc
à partir de 7 ans
« Catherine écrit des livres.
Elle vit dans une maison à la lisière d’une forêt en Touraine.
En Touraine, la lumière est couleur argent et les animaux parlent.
La langue que parlent les animaux est l’anglais et le français.
Twitille est une souris d’un genre particulier, une souris-chat.
Elle vit avec Catherine, dans sa maison.
Elles sont amies.
Elles se parlent alternativement comme une adulte à une enfant, ou d’égale à égale.
Elles sont complémentaires.
Elles s’aiment, le plus souvent. Elles se disputent aussi.
Il arrive qu’elles aient du mal à se supporter.
Un jour, Catherine décide d’écrire un livre avec et au sujet de Twitille… »
Le texte de Twitille s’ouvre sur une apparente complicité entre Catherine, écrivaine, et Twitille, jeune souris. Très vite, le caractère autonome de Twitille apparaît, elle perd sa nature de poupée-qui-parle des premiers instants. Le rapport entre Catherine et elle devient énigmatique et souvent expose leur fragilité et leur vulnérabilité. Entre des moments plus éthérés de présence commune, elles se montrent impatientes et instables. Mais leur insatisfaction est peut-être jouée, elles s’en emparent pour s’en amuser ou pour l’observer, elles ne nous disent pas si elles sont sincères. Après tout : elles écrivent un livre. Les informations qui nous parviennent épaississent encore l’énigme : on apprend par exemple que Twitille est une « souris-chat », c’est quoi une souris-chat ? On apprend que Catherine souffre, elle est irritable, elle a mal aux dents, elle est allergique. Les symptômes s’accumulent, mais elle peut guérir. Son corps est tourmenté par ses pensées très vives. Twitille s’efforce d’être bonne conseillère. C’est elle finalement, à la fois émanation imaginaire et mise à distance, littéralement mise en scène, d’un mal-être de Catherine, c’est elle la meilleure réceptrice d’une parole enfin ouverte, d’une formulation plus franche. Le récit très court du massacre des biches suscite des prises de conscience surgies d’images abruptes, évidemment propres à chaque auditeur. En exposant ainsi un objet de ses préoccupations, Catherine accroît la densité de la présence de Twitille devenue indispensable. C’est comme cela que le livre sur Twitille s’écrit.
Benoît Résillot
Production Centre Chorégraphique National de Tours et Studio-Théâtre de Vitry
Le mardi 13 octobre à 20h30
ACOUSTIC PLEASURE
Performance de Tal Beit-Halachmi & Pascal Maupeu
Conception et interprétation : Tal Beit-Halachmi
Création musicale et interprétation : Pascal Maupeu
Textes : Charles Baudelaire / Adriana Cavarero / Diamanda Galas
Lumières : Frédéric Tétart
Vidéo : Frédéric Tétart, dansé par Yehudith Arnon
Costumes : Rose-Marie Melka
Régie son : Raphaëlle Jimenez
durée 40 mn
« Sirènes ou Sibylles, toutes deux des voix emblématiques.
D’abord oiseaux, conteuses d’histoires et d’événements importants, les Sirènes ont perdu peu à peu leur parole. Ne devenant plus que belles et sensuelles, leur discours se fait moins clair, il perd son sens, il est articulé de moins en moins, jusqu’à ne plus être qu’un chant inarticulé, proche des cris d’un animal. Dès lors, leur rôle n’est plus le même. Ces monstres, mi-femmes mi-bêtes attirent les regards qui ne peuvent résister. Leurs voix charmantes, envoûtantes, l’absence de leurs discours, en deviennent d’autant plus dérangeantes. Venues des profondeurs, elles appellent l’homme par une promesse énigmatique, vers une mort plaisante, éveillant l’espoir et le désir d’un au-delà merveilleux. Leurs chants imparfaits conduisent le navigateur en direction de l’inconnu. Ce chant ne comporte-t-il pas quelque défaut, pour être si puissant ?
La vocalité n’annule point un discours.
La voix féminine, qu’elle soit portée par un homme ou par une femme, est-elle une manière d’apporter une vision différente des choses, du monde, d’une histoire et d’une époque.
Dans « Le silence des Sirènes », texte énigmatique de Kafka, les Sirènes possèdent une arme encore plus terrible que leur chant : leur silence. Quand les Sirènes voient Ulysse elle ne chantent pas, elles restent silencieuses pour atteindre cet adversaire à moins qu’elles ne soient si fascinées par sa béatitude et sa détermination, qu’elles en oublient de chanter.
Le chant des Sirènes était-il un appel impératif à la présence de l’autre ? La lutte qui se joue entre les Sirènes et Ulysse résonne comme un drame humain – chacun de ces parties veut être tout, veut être un monde absolu, ce qui rend impossible sa coexistence avec l’autre et chacun pourtant n’a pas de plus grand désir que de coexister et se rencontrer.
La Sibylle, figure avec une dimension surnaturelle ou en marge de la nature, plus prophétique, telle celle d’un possédé. Les caractéristiques des Sibylles d’origine sont toujours très actuelles et leurs messages sont apocalyptiques.
Le film du solo de Yehudith Arnon dans le travail, est précieux – sa danse est fondatrice ; elle est pour moi la figure de la Sibylle, celle qui émane de la sagesse divine, aussi vieille que le monde, le symbole même de la révélation. »
Tal Beit-Halachmi
Benoit Résillot
Il aborde le théâtre d’abord comme assistant de Laurent Pelly en 1995 pour la mise en scène de Loretta Strong de Copi, au Cargo de Grenoble.
Il participe au chœur amateur lors de la création de L’annonce faite à Marie de Paul Claudel en 1996, mise en scène de Frédéric Fisbach, avec lequel il entame une collaboration régulière. Il est acteur dans L’île des morts d’August Strindberg / Le gardien de tombeau de Franz Kafka et A trois de Barry Hall en 1999, Bérénice de Jean Racine, conçue par Frédéric Fisbach et Bernardo Montet en 2001, Les Paravents de Jean Genet en 2002 (reprises en 2004 et en 2007), L’Illusion Comique de Pierre Corneille en 2004-05, Feuillets d’Hypnos de René Char en 2007.
Il est assistant et dramaturge de Frédéric Fisbach pour Un avenir qui commence tout de suite – Vladimir Maïakovski en 1998, Agrippine de Georg-Friedrich Händel, Kyrielle du sentiment des choses de François Sarhan en 2003 et Shadowtime de Brian Ferneyhough en 2004.
Il joue également sous la direction d’Olivier Werner dans Les Perses d’Eschyle en 2000, et dans Madame Ka de Noëlle Renaude, mise en scène par Florence Giorgetti en 2002.
Pour France-Culture, il enregistre Andromaque de Jean Racine en 2000, et De Chuzenji à Brangues, textes de Paul Claudel, en 2001.
Il met en scène 40 minutes de théâtre réel sur des textes de Daniil Harms en 1998, C’est pas la même chose, textes de Pierre Louÿs, créée en 2000 et repris en 2004-05 et 2008, spectacle présenté dans les cafés. Puis Cavaliers vers la mer de John M. Synge en 2006 et le striptease When I was a child, I will be a girl en 2007.
Pour le théâtre, il a traduit du suédois L’île des morts d’August Strindberg, de l’italien le livret d’Agrippine de Vincenzo Grimani, de l’anglais Richard II de William Shakespeare, Cavaliers vers la mer et Deirdre des douleurs de John M. Synge, Les descendants de l’amiral eunuque de Kuo Pao Kun.
En 2009, il joue dans Bastards of millionaires de Laurent Quinton mise en scène d’Alexis Fichet et créée une série de performance avec Tal Beit-Halachmi à Tours et Munich.
Actuellement, il finalise un court métrage intitulé La stupéfaction et l’on peut voir ses pièces C’est pas la même chose et When I was a child, I will be a girl en tournée.
Tal Beit-Halachmi
Danseuse chorégraphe, elle est d’origine israélienne. Formée en Israël et à Londres (Calif Contemporary Studio, Royal Academy of Dancing, Kibboutz Ensemble, The Place, Laban Center, Théâtre chez Yoram Levinstein), elle a notamment travaillé avec Moshe Ef rati (Israël), Brigitte Farges et Catherine Diverrès.
En 1995, elle présente au Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne Why do we need…, un duo crée avec Fabrice Dasse. Depuis 1997, elle travaille avec Bernardo Montet, qu’elle assiste sur l’ensemble de ses créations, et danse dans Issê Timossé (1996), Ma Lov’ (1998), Dissection d’un homme armé (2000), Parcours 2C (vobiscum) en 2004, coupédécalé (2005). En février 2001, elle est Bérénice dans la pièce homonyme conçue par Bernardo Montet et Frédéric Fisbach. Elle participe en 2003 au spectacle de musique contemporaine mis en scène par Jean Jourdheuil à l’Opéra de Stuttgart, Im spiegel wohnen.
Parallèlement à sa carrière de danseuse, Tal Beit-Halachmi mène un travail pédagogique auprès des écoles maternelles et primaires. Elle s’intéresse à développer l’expression du danseur-amateur. En 2002, elle présente Plages urbaines, pièce créée au Festival « Les Antipodes » à Brest, avec vingt-deux élèves accompagnés par l’enseignant Yves Le Du et un danseur professionnel. Elle y revisite le ghetto, ghetto juif pendant la guerre, mais aussi ghetto d’ailleurs et d’aujourd’hui.
De même que les éléphants, cinq danseurs non professionnels, un danseur professionnel et un enfant, est la continuité du travail mené avec les amateurs. Cette pièce est portée par une recherche sur l’intime et élaborée au plus près de chaque personnalité.
En 2006, elle répond à une commande du Festival « Montpellier danse » avec Dahlia Bleu, une pièce autour de la mémoire, partagée avec Yehuith Arnon, grande figure de la danse en Israël, la chanteuse Rola MB. Bakheet de Palestine et trois autres interprètes.
Tal s’ouvre depuis plusieurs années au texte et au chant. En novembre 2007, elle crée un solo autobiographique Dina. Elle présente actuellement la performance Acoustic Pleasure avec le musicien Pascal Maupeu. Un duo où la figure féminine, telle la sirène ou la sibylle, est un point d’ancrage pour se questionner dans un monde où règne la confusion
Catherine Hubert
Elle est née à Paris. Elle a fait ses études à Londres et aux Etats-Unis. Elle a enseigné l’anglais en France. Elle écrit des récits et des poèmes depuis l’âge de 12 ans. Le plus souvent, elle écrit directement en anglais et traduit ensuite ses propres textes en français. Twitille est sa première pièce de théâtre, publiée en 2007 aux Editions Geneviève Pastre. Catherine est également plasticienne et sculptrice. Elle expose régulièrement.
Pascal Maupeu
Autodidacte de formation, Pascal Maupeu se produit entre 1997 et 2001 au sein de diverses formations de musiques improvisées. Puis il collabore avec divers artistes œuvrant dans d’autres disciplines : théâtre avec Nadège Prugnard, lectures avec Sophie Baudeuf, spectacles pour enfants avec la Cie La tortue magique… Depuis 2003, il fait partie du trio Tilbol avec Colin Neveux (batterie) et Hugues Vincent (violoncelle). Ses autres formations notables sont le duo post-rock « Shampoo meuchiine » consacré à la musique de Robert Wyatt ainsi que ses collaborations avec les chanteurs Valérian Renault et Eric Lareine.
Frederic Tétart
Artiste plasticien, il travaille et expose en France et à l’étranger. Son travail transversal qui explore les images photographiques et vidéo, la lumière, le son, l’écriture, est ouvert à de nombreuses collaborations avec la danse (Carole Paimpol, Tal Beit-Halachmi, Laurence Rondoni, Ko Murobushi) et récemment le théâtre (Atelier Hors-champs, Sébastien Derrey…). Il a récemment exposé la série de photographies Rudiments à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Tours, il a également créé la lumière pour l’ensemble du travail de Tal Beit-Hlachmi.