Et la terre se transmet comme la langue

En septembre nous accueillons en résidence Stéphanie Béghain, Olivier Derousseau et Isabelle Gressier qui viendront poursuivre au Studio-Théâtre un long processus de recherche et de création portant sur l’œuvre du poète de Palestine Mahmoud Darwich. Sensibles à la nécessité du geste théâtral que manifeste leur recherche, nous souhaitons faire du Studio une étape dans ce parcours.

« La maison est plus belle que le chemin de la maison.
En dépit de la trahison des fleurs. »

Mahmoud Darwich


vendredi 28 septembre à 20h
samedi 29 septembre à 20h
dimanche 30 septembre à 16h
lundi 1er octobre à 20h

Et la terre se transmet comme la langue

poème de Mahmoud Darwich (Au dernier soir sur cette terre, Éditions Actes Sud)
traduction Elias Sanbar

par
Stéphanie Béghain
Olivier Derousseau
Isabelle Gressier

production Studio-Théâtre de Vitry, Association 1&1
avec le soutien de La Fonderie-Le Mans / Théâtre du Radeau
remerciements à Mohamed El Baz, Christophe Boulanger, Savine Faupin, Eyal Sivan, Bintou Sylla, Elise Vallois, Mariangela Gasparotto, Marc Pérennes.


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Nous aussi nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.
Mahmoud Darwich

Au tout-parlant de la poésie romantique et au tout-visible de la machine information monde, il faut opposer la solitude de la parole, sa seule résonance affrontant le mutisme de la terre.
Jacques Rancière

Et la terre se transmet comme la langue » est le titre français d’un poème de Mahmoud Darwich, écrivain de Palestine. Écrit en 1989 à Paris (pendant la Première Intifada) et traduit en 1990 par Élias Sanbar, il est publié dans le recueil AU DERNIER SOIR SUR CETTE TERRE, chez Acte Sud.

L’abord de ce texte demeure délicat. Nous sommes convaincus à ce jour que ce poème a besoin de lieux qu’il puisse habiter. Habiter peut ici vouloir dire “se tenir sur des seuils”. Ce poème est paradoxalement une prose qui emprunte ses formes à la métrique versifiée, au chant, et à la langue parlée. Il semble que son coeur vacillant nous guide, de seuil en seuil, vers un arrière pays peuplé d’évidences oubliées, de vieux morts qui vivants ou endormis — enfants, combattants, voyageurs, héros, martyrs, croyants — rentraient en terre de Palestine.

Darwich est un athlète formidable, consciencieux, aimable, lucide, érudit et désespéré. Sa radicalité ne tient pas dans l’invention “d’une langue”, ni dans une conception moderne de l’écrit, mais vient d’un trait calme et douloureux et d’une position intenable : avoir affirmé la nécessité du poème par delà la représentation politique d’une cause ô combien juste ; passer de la figure du poète palestinien au poète de Palestine. Et rejoindre la tradition des Vaincus.

“Cet enfer est l’enfer, ils ont appris à faire pousser la menthe dans leurs chemises”.

Notre souci commence par une exigence : travailler à imprimer un texte depuis une scène dont la figuration ne peut faire entendre et montrer que le mutisme et la solitude de l’histoire. Aucune guerre, pas d’arme, aucune vocifération mais des lambeaux ou fichus cousus par une voix qui avance, et avance à l’image de quelqu’un qui du lointain ne cesse d’arriver. Cette voix, celle de Stéphanie Béghain, tente de rendre ses visions au poème. Nous souhaitons repousser les
évidences pensant que le théâtre n’est ni une scène de parole, ni une chaîne d’actions, ni une scène de parole prise dans une chaîne d’actions. Mais un lieu où un public ou une audience serait invité à devenir le sujet d’un retard.

“Tu diras : Non. Tu déchireras les mots et le fleuve indolent, tu annonceras les mauvais jours et disparaîtras sous les ombrages. Non au théâtre du verbe. Non aux limites de ce rêve. Non à l’impossible.”

Il y a des arrières mondes sensibles qui tout en apparaissant disjoints, nous donnent à saisir l’histoire comme une suite de possibilités oubliées. Donner aux absents une image ; celle du retour et du rêve d’un retour. “Une mémoire pour l’oubli” écrivait-il dans Beyrouth assiégé. Le poème commence par “ils sont rentrés” et se termine par “et rêvaient et rentraient”.


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« Ils sont rentrés
Au terme du long tunnel à leur miroir, et rentrés
Quand solitaires ou rassemblés, ont retrouvé le sel de leurs frères et délaissé
Les légendes de la défense des places pour l’ordinaire des mots
Ils ne lèveront plus s’ils veulent, mains ou bannières aux miracles
Ils sont rentrés célébrer l’eau de leur existence, et ordonner cet éther
Marier leurs fils à leurs filles, faire danser un corps dans le marbre estompé
Suspendre à leurs plafonds tresses d’oignons, cornes grecques et ail pour l’hiver
Traire les pis de leurs chèvres et nuages qui ont coulé des livrées des colombes
Ils sont rentrés aux confins de leur obsession, à la géographie de la magie divine
Au tapis de feuilles de bananier dans la terre des tracés anciens
Une montagne sur la mer

Derrière les souvenirs deux lacs
Un littoral pour les prophètes

Et une rue pour les parfums de l’oranger. Aucun mal n’a atteint le pays (…) »

Mahmoud Darwich « Et la terre se transmet comme la langue »,
in « Au dernier soir sur cette terre », Ed. Actes Sud


Mahmoud Darwich, né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne.

Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il ne cesse pour autant jamais d’espérer la paix et sa renommée dépasse largement les frontières de son pays. Il est le président de l’Union des écrivains palestiniens. Il publie plus de vingt volumes de poésie, sept livres en prose et est rédacteur de plusieurs publications, comme Al-jadid, Al-fajr, Shu’un filistiniyya et Al-Karmel. Il est reconnu internationalement pour sa poésie qui se concentre sur sa nostalgie de la patrie perdue. Ses oeuvres lui valent de multiples récompenses et il est publié dans au moins vingt-deux langues.

Il est connu pour son engagement au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Élu membre du comité exécutif de l’OLP en 1987, il quitte l’organisation en 1993 pour protester contre les accords d’Oslo. Après plus de trente ans de vie en exil, il peut rentrer sous conditions en Palestine, où il s’installe à Ramallah.


Stéphanie Béghain a suivi une formation d’actrice après avoir interrompu sa scolarité, à Toulouse, puis à Paris au conservatoire. Poursuit sa formation depuis 20 ans au sein d’institutions ou de compagnies de théâtre et de théâtre de rue (Arche de Noé, 3BC compagnie, Éclat Immédiat et Durable, Lala Farcette) en pratiquant la tragédie, la danse, l’enseignement. D’abord engagée comme lectrice de manuscrits au Théâtre National de la Colline, Stéphanie Béghain est actrice dans les spectacles d’Alain Françon (E. Bond, D. Danis, M. Mayenburg), André Wilms (B. Srbljanovic), Christophe Perton (M. N’Diaye). Elle crée avec Joris Lacoste 9 lyriques pour actrice et caisse claire et participe à la création de sa pièce Purgatoire. A coréalisé, avec Olivier Nourisson, Hodinos, médailliste anatomanisé (oeuvre écrite par E.J. Hodinos à l’hôpital psychiatrique de Maison-Blanche à la fin du XIXe siècle), puis x=us avec le Collectif B/N qui est une digression sur le texte en ancien français de Perceval de Chrétien de Troyes. Stéphanie commence mais n’achève pas le projet de Théâtre Permanent (Les Justes-A.Camus, Lorenzaccio-A.de Musset) de Gwenaël Morin aux Laboratoires d’Aubervilliers. Depuis huit ans, elle réalise avec les patients et soignants de l’hôpital de jour de Bondy, un atelier de lecture qui ouvre ses portes au public deux fois par an.
Elle lit régulièrement dans des bibliothèques, librairies, hôpitaux, théâtres, musées, radios, des textes de théâtre ou non. Participe à la réalisation du film Salaud d’argent ; si je t’oublie Jérusalem avec le groupe Boris Barnet au sein de la Coordination des Intermittents et Précaires. Avec Isabelle Gressier et Olivier Derousseau, fabrique la pièce Et la terre se transmet comme la langue : c’est un poème de Mahmoud Darwich et une maison.

Olivier Derousseau
Suite à une scolarité faite d’ennui, de désoeuvrement et d’amour embryonnaire mais fantasmé, Olivier obtient son bac avec trois ans de retard. Devient acteur de théâtre puis de rue (Collectif Organum), passe neuf mois en compagnie de la Parole Errante, cinq ans à pratiquer la danse, accroche des oeuvres au Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq, mène des ateliers avec des petits vieux, des enfants, des jeunes universitaires et les acteurs de la Compagnie de l’Oiseau Mouche. Il rencontre l’Art brut & les écrits bruts à l’occasion de la donation de la collection Aracine au M.A.M. (désormais le LaM). Fabrique son premier film Bruit de fond, une place sur la terre en compagnie de son frère Grégory alors employé à Décathlon & de Nathalie Nambot, alors actrice, dans une colère et une honte irrépressible ; écrit si l’occasion se présente (revues Persistance, Alice, Chimère, Catalogue Habiter Poétiquement ). Ayant contribué dans la joie à l’arrêt du festival d’Avignon en 2003 (victoire à la Pyrrhus), il a réalisé depuis quelques films d’importance ; considère que le cinéma aura été la grande affaire du XXe siècle. Participe au Groupe Boris Barnet, collectif de fabrication & de projections de films, né à la CIP-IDF. Il s’apprête à reprendre Et la terre se transmet comme la langue de Mahmoud Darwich à Vitry-sur-Seine avec Stéphanie Béghain & Isabelle Gressier – retour au premier amour.

Isabelle Gressier
Après le spectacle de rue de 1990 à 1995, je suis rentrée dans les salles pour réaliser, avec différentes compagnies de théâtre, des scénographies se situant entre l’installation et les arts visuels. J’ai également collaboré à la conception et la réalisation d’expositions thématiques (Early man on a modern Road en 2009 ; Soit-dit-en passant en 2006 et en 2008). J’ai aussi en qualité de scénographe, travaillé avec différents artistes, pour la mise en place de leurs expositions. Mon domaine de prédilection est la photographie. Je travaille en noir et blanc argentique, et développe mes tirages qui sont généralement de grands formats. C’est une recherche autour du thème de la mémoire et de sa “matérialisation”. Je réalise également des vidéos s’intégrant à cette recherche.
J’édite depuis une année un journal sur l’actualité de mon travail.
http://i.gressier.free.fr/

stv

Direction artistique : Bérangère Vantusso

Administratrice : Réjane Michel

Chargée de communication et des relations avec les publics : Murielle Schulze

Régie générale : Cédric Jaburek

Agent d’entretien : Dina Ferreira-Peireira

Le projet

Historique

http://archives.studiotheatre.fr/le-studio-matrice-de-theatre/

Capturer le silence

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En partenariat avec la Région Île-de-France et dans le cadre du dispositif de résidences d’écrivains, nous avons accueilli Adeline Olivier au Studio-Théâtre de mars à décembre 2011. Nous avions découvert l’écriture d’Adeline par le biais du Comité des lecteurs du Studio-Théâtre, et nous avons eu le désir de soutenir son travail, en produisant notamment la mise en scène de l’un de ses textes par Jean-Pierre Baro en mai 2011 (OK NOUS Y SOMMES), en l’accueillant dans nos murs au quotidien, en l’impliquant dans certaines de nos activités (ateliers, stages d’écriture), en lui consacrant en mai 2012 une soirée dédiée aux divers aspects de son travail, en clôture de sa résidence.


Capturer le silence

L’écriture d’Adeline Olivier

par Jean-Damien Barbin, Gildas Milin, Adeline Olivier

et Stéphanie Béghain, Steve Fleury, Flavien Gaudon,
Antoine Orhon, Catherine Vinatier

le lundi 21 mai 2012 à 19h30

– PAN DE MURAILLE poèmes (éditions alidades)
par Jean-Damien Barbin et Adeline Olivier

La voix qui parle ici ne s’offre pas d’emblée. Fragmentaire, heurtée, allusive elle est difficile, comme essoufflée. Le tiret qui coupe, sépare, en est la seule ponctuation. La voix qui parle ici se cherche. Et d’abord, dans le mouvement d’une eau omniprésente à travers ces pages […]. Une eau qui vous emporte, vous éblouit, mais où vous pouvez aussi vous perdre.

Jacques Ancet

SILENCE théâtre
mise en espace Gildas Milin
assistant Paco Cabezas
lumières Eric Da Graça Neves

avec
Stéphanie Béghain
Steve Fleury
Flavien Gaudon
Antoine Orhon
Catherine Vinatier

production Studio-Théâtre de Vitry

Le silence qu’on entend est un bourdonnement. Ce bourdonnement est en partie une conséquence de l’activité psychique, cérébrale, d’un homme. Ce bourdonnement, c’est aussi l’enchevêtrement des ondes venant ou plutôt « revenant » de ce qui anime encore cet homme plongé dans le coma. Ces ondes se mêlent à celles des machines cliniques qui l’assistent dans sa chambre. Cette chambre est dans la maison. La maison est un territoire dont on ne connaît pas la nature. La famille est dans la maison. La famille est dans l’inceste. Elle attend l’éveil de l’homme en question. Elle attend que le père sorte de son coma ou alors c’est lui qui attend l’éveil de sa femme, de ses enfants, du monde. Assez vite on se demande si la famille a existé, si elle existe ou si elle existera. Ici, non seulement l’interchangeabilité entre évènements passés, présents et futurs est complète, mais cette sorte de réel qui se dérobe sans cesse est peut-être rendu possible grâce à un multiplex à incarnations, aux frontières d’une mort. Ce multiplex à incarnations, c’est un théâtre où l’homme malade, blessé, entre deux mondes, refusant de se dire que « c’est impossible », invente des scenarii, des fictions, des incarnations, des histoires, laissant la porte ouverte à son retour.

Gildas Milin


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Résidence d’Adeline Olivier

Mars 2011 / mai 2012

Adeline Olivier, née en 1980, est comédienne et auteure de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle a dirigé des chantiers-laboratoires à partir de ses textes dramatiques. Elle a également réalisé plusieurs court-métrages de fiction au sein de l’association Tribudom. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie.

Bibliographie

Elle a d’abord publié en revues (dans Encre Vagabonde, Algérie/Littérature/Action) et publications collectives (« Mes Algéries autour de ma chambre », Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour.), puis en 2011 aux éditions alidades le recueil de poèmes Pan de muraille, Postface de Jacques Ancet.
Son projet de résidence vise à poursuivre l’écriture de son premier roman, intitulé « Mouvements ». Elle animera des stages de théâtre, des ateliers libres, et travaillera en concertation avec le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre. La résidence se conclura par une Ouverture(s) au travail d’Adeline Olivier, présentation publique sous forme de lectures, rencontres et mises en espace.
Sur les liens qui suivent vous pouvez découvrir le dispositif de résidences d’écrivains ainsi que la liste des bénéficiaires depuis 2007.


La Fête + Bar

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En septembre nous accueillons en résidence le collectif toulousain DE QUARK qui viendra créer dans nos murs la pièce de Spiro Scimone BAR et reprendre LA FÊTE, du même auteur, sa précédente création. Les deux textes seront présentés en dyptique dans la même soirée.


jeudi 29 septembre à 20h30
vendredi 30 septembre à 20h30
samedi 1er octobre à 20h30

COLLECTIF DE QUARK

La Fête + Bar

de Spiro Scimone

Séverine ASTEL
Joke DEMAITRE
Julien LACROIX
Sébastien LANGE
Romain MERCIER
Renaud SERRAZ

www.collectifdequark.org


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« Depuis 2004 nous avons entamé un processus de mise en scène qui intègre différents textes contemporains de format relativement court à un dispositif scénique en évolution.
Pour des raisons artistiques mais aussi économiques et même politiques, nous envisageons la création sous l’angle d’un perpétuel recyclage, réinterrogeant sur plusieurs années les mêmes textes, le même dispositif que nous reformulons inlassablement dans des configurations radicalement différentes. Les lieux où nous nous produisons peuvent aller d’une scène de théâtre traditionnelle à une minuscule galerie d’art contemporain en passant par un ancien tri postal en friche, une salle de sport ou encore l’ensemble d’un immense musée d’art contemporain (Les Abattoirs de Toulouse).
Nous sommes tous comédiens et metteurs en scène et avons choisi la formation collective pour faire une œuvre singulière qui ne ressemble à aucune des créations que nous pouvons faire par ailleurs dans nos propres compagnies.
Le collectif – car il nous semble constitutif de ce projet qui s’attache à interroger les frontières au sens large : celles des identités d’une signature artistique, celles des différentes écritures que nous abordons dans un même continuum scénique, celles même qui définissent ce qu’est un artiste. Certains d’entre nous ont choisi de ne plus être intermittents du spectacle et de gagner leur vie dans d’autres métiers.
De Quark – car la notion de frontière s’estompe lorsque les scientifiques considèrent ces éléments constitutifs des particules élémentaires que sont les quarks.
Cette façon de concevoir le Projet De Quark nous permet d’inventer un autre rapport aux différents modes de production qui modèlent et parfois peuvent formater la création des arts vivants. Le rapport que nous entretenons avec le temps de création est par exemple une des libertés que nous permet ce processus de fabrique d’un objet (jamais fini et pourtant toujours assumé). »


la fête - De Quark
LA FÊTE

de Spiro Scimone
traduction Valeria Tasca – Éditions de l’Arche

La petite cuisine d’une famille. Le père, la mère et Gianni le fils, s’apprêtent à faire la Fête. C’est l’anniversaire des trente ans de mariage. La mère achète le gâteau, le père apporte le mousseux et « c’est Gianni qui paie ».
Partant du plateau nu, le collectif DE QUARK met en place un dispositif scénique qui se plait à décortiquer les mécanismes relationnels au sein d’une famille.
Un dispositif qui se joue également de son propre processus de représentation.
Lorsque l’image entre en scène avec l’introduction de caméras, c’est pour s’approcher au plus intime du familier tout autant que pour se jouer des codes visuels contemporains.
Une cinquantaine de mini-séquences s’enchaînent dans une langue du quotidien aussi drôle que rythmée. Un trio burlesque où l’on assiste aux préparatifs d’un événement qui met en abîme sa propre représentation : celle d’une famille qui semble se mettre elle-même en scène dans une comédie douce amère.

production Collectif De Quark avec l’Association La Catalyse, le Théâtre de la Digue et le théâtre Garonne – Toulouse
avec le soutien de la DRAC Midi-Pyrénées, de la Région Midi-Pyrénées et du Conseil Général de la Haute-Garonne, aide à l’export de la Région Midi-Pyrénées


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BAR

de Spiro Scimone
traduction Jean-Paul Manganaro– Éditions de l’Arche

Nino et Petru, deux losers échoués dans l’arrière-salle d’un bar miteux. L’un est barman l’autre chômeur. En 4 scènes courtes, la pièce décrit avec amusement des existences aussi quotidiennes qu’insignifiantes. Une arrière-salle, un jeu de carte, une poubelle remplie de verres cassés et une échelle qui permet d’accéder à l’extérieur sont les ingrédients qui permettent au collectif DE QUARK d’imaginer un jeu dont les protagonistes sont autant les joueurs que les pions du jeu. Nouvelle mise en abyme pour cette pièce que nous concevons comme un pendant de « La Fête »
Nino et Petru ressemblent aux petites frappes des films de Pasolini. Ils ont la grâce et ne le savent pas car ils sont innocents et enfantins.

production Collectif De Quark, Studio-Théâtre de Vitry
avec l’Aide à la création de la DRAC Midi Pyrénées


Spiro Scimone, né en 1964 à Messine, ville portuaire et industrielle du nord-ouest de la Sicile, est avant tout acteur. Avec son ami Francesco Sframelli, il a étudié l’art dramatique à Milan avant de rencontrer Carlo Cecchi qui les fait jouer tous deux dans sa célèbre trilogie shakespearienne – Hamlet, Le Songe d’une nuit d’été et Mesure pour mesure, dans l’impressionnant décor en ruine du théâtre Garibaldi de Palerme.
En 1990, Scimone et Sframelli fondent la compagnie qui porte leur nom, dans le but d’explorer plus intensément l’art de l’acteur, leur raison de vivre à tous deux. Quatre pièces – Nunzio (1993), Bar (1996), La Festa (1997) et Il cortile (2004) – naîtront de leur collaboration, toutes écrites par Scimone, et interprétées par le duo (avec la complicité d’un troisième acteur pour La Festa).
Le succès remporté par la création de ces pièces est tel que leur notoriété dépasse très vite le cadre de leur pays d’origine pour conquérir l’Europe.

De Quark

Séverine ASTEL est comédienne et metteur en scène. Après sa formation au conservatoire de Toulouse et à l’Atelier de Recherche et de Formation du Théâtre National de Toulouse, elle se dirige particulièrement vers les écritures et les formes contemporaines. Depuis 94 elle joue entre autres sous la direction de Jacques Rosner, Hervé Taminiaux, Michel Mathieu, Isabelle Luccioni, Jacques Nichet… Elle travaille au sein du groupe Merci sous la direction de Solange Oswald pendant 5 ans. En tant que metteur en scène, elle a monté 3 textes de Rodrigo Garcia et prépare actuellement un projet à partir de textes de Jon Fosse.

Joke Demaître. Comédienne formée au conservatoire de Bordeaux et aux Ateliers du Théâtre National de Toulouse, elle travaille depuis plus de quinze ans avec plusieurs compagnies autour de deux axes essentiels : l’écriture contemporaine et la pluridisciplinarité, notamment sous la direction de Florence Lavaud, Frédéric Maragnani, Pascal Dubois, Jean-Jacques Mateu. Elle a également été assistante à la mise en scène pour Laurence de la Fuente et Frédéric Maragnani.
Suite à un master en administration-production du spectacle à l’ENSATT à Lyon, elle a intégré l’équipe de l’Hexagone – Scène nationale de Meylan en tant qu’Attachée d’administration.

Julien Lacroix est interprète, dramaturge et metteur en scène. Il se forme entre autres avec Antoine Caubet, Claude Buchwald, Jean Yves Ruf, Nicolas Klotz, Jennifer Lacey, Francois Verret…Au théâtre il est interprète pour Laurence Mayor, Florence Giorgetti, Jacques Vincey, Patrick Haggiag, François Wastiaux, Lazare. Il intègre le collectif toulousain De Quark en 2008. Il tourne au cinéma sous la direction de Nicolas Klotz, Pierre Duculot et Renaud Cohen. Il performe avec Tomeo Verges (French Chicken au Palais de Tokyo) et collabore régulièrement aux mises en scène de Florence Giorgetti et Robert Cantarella. Il fait sa première mise en scène au Théâtre de Vanves en 2010 sur un texte de Werner Schwab Excédent de poids; insignifiant : amorphe

Sébastien Lange est comédien et metteur en scène. Formé au Théâtre National de Toulouse, il entreprend une longue collaboration avec le Groupe Merci (Solange Oswald) qui le conduira à travailler de nombreuses écritures contemporaines : P.Kerman, C.Tarkos, O.Cadiot, H.Barker… Il joue également dans les mises en scènes de Jacques Rosner. Il est aussi chargé de réalisation à France-Culture et réalise des fictions radiophoniques pour la Boutique d’écritures du grand Toulouse.
Il a récemment mis en scène Une sale histoire d’après Jean Eustache.

Romain Mercier vit à Lille. Formé à l’ISTS à Avignon (diplôme d’état de régisseur du spectacle), il a été régisseur pour le théâtre de la Digue (2000-2005), la cie Petit bois, la cie Mute in, technicien lumière pour le théâtre National de Toulouse, la cie La part manquante, le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse, le Zénith de Toulouse, la cie Baudrain de Paroi, technicien son à Radio France Bordeaux Gironde. Il est régisseur son au Vivat (Scène conventionnée d’Armentières) depuis 2008.

Renaud Serraz Après une formation de comédien au Théâtre National de Toulouse, il s’installe à Berlin en 1997 où il fait la rencontre de divers metteurs en scène issus de «l’Ernst Buch Schule » comme Claudia Bosse qui l’engage pour «Fatzer» de Brecht représenté à Genève. De retour en France, il joue dans les mises en scènes de Jacques Rosner, Alain Milianti, Alexis Forestier ou Patricia Allio et tourne sous la direction de Jean-Pierre Mocky. Il rédige son mémoire de maîtrise « Un Théâtre à l’heure de la physique quantique » sous la direction de Jean-François Peyret et travaille à la préfiguration du CENTQUATRE puis au Théâtre de l’Agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Soustraction du monde

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© Isabelle Giovacchini – courtesy galerie Espace À VENDRE

Après JE PENSAIS VIERGE MAIS EN FAIT NON en février dernier, nous retrouverons Thibaud Croisy les 9, 10 et 11 mai avec SOUSTRACTION DU MONDE, une nouvelle performance donnée hors les murs.


mercredi 9 mai
jeudi 10 mai
vendredi 11 mai

Soustraction du monde

performance hors les murs
création 2012

conception Thibaud Croisy
interprétation Sophie Demeyer
son Pierre-Damien Crosson

remerciements Esther Gouarné, François Lagarde, Nicolas Martz, Nathalie Perrard
durée 30 minutes environ

production Studio-Théâtre de Vitry


Un lien est un rapport d’ordre social, affectif et intellectuel qui s’établit entre deux individus. Lorsqu’un lien se rompt, le sujet tend à oublier la personne qu’il ne fréquente plus. Par la suite, il peut néanmoins la revoir grâce à une représentation physique (une photographie), une représentation mentale (un souvenir) ou alors, si cela est possible, en essayant de la retrouver, de retrouver le corps réel.

Cette manifestation a lieu hors les murs. Une adresse sera communiquée aux spectateurs lors de leur réservation.


Thibaud Croisy

En 2007, Thibaud Croisy entame une recherche qui se traduit par la mise en scène de trois pièces : Rixe de Jean-Claude Grumberg (2007), Le Frigo de Copi (2008) et un fragment d’Au But de Thomas Bernhard (2010). Toutes trois se fondent sur des normes (langagières, sociales, sexuelles) mises en crise par différentes formes de violence, voire de barbarie.
Avec Je pensais vierge mais en fait non, il conçoit un projet qui s’inscrit en dehors de l’espace scénique et prend en compte la sphère de l’habitat.
Il travaille également en tant que dramaturge avec Hauke Lanz, Olivier Normand mais aussi comme interprète avec les chorégraphes Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan).
Ancien élève du département de théâtre de l’École normale supérieure et de l’Université Paris-X, il mène parallèlement des recherches sur les dramaturgies autrichiennes contemporaines (Werner Schwab) et publie occasionnellement des textes.

Até

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En janvier nous accueillons en résidence la création du spectacle d’Alain Béhar ATÉ, après une première session de répétitions au Studio en octobre 2011. Dans une vision unissant profondément l’écriture et la scène, Alain Béhar invente une dramaturgie de la vie intérieure qui n’appartient qu’à lui…


vendredi 13 janvier à 20h30
samedi 14 janvier à 20h30
dimanche 15 janvier à 16h
lundi 16 janvier à 20h30

Até

texte et mise en scène Alain Béhar
Compagnie Quasi

musique et création sonore Benoîst Bouvot et Denis Badault
création hypermédia  Stéphane Cousot, Benoit Delbroucq et Cherry Manga
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy et Alain Béhar
création lumière Alain Béhar et Céline Domy
costumes Élise Garraud
administratrice Dolores Davias

avec
Denis Badault, Renaud Bertin, Mathilde Gautry, Julien Mouroux, François Tizon

avec la participation de
Dolores Davias, Hope Abramovic, Ubique, Picnolepte

coproduction : Compagnie Quasi, Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, Théâtre de l’Archipel – Perpignan et El Canal, Centre d’Arts Scéniques (Salt-Girona), dans le cadre de la Scène Catalane Transfrontalière (ECT-SCT), Studio-Théâtre de Vitry, Théâtre Garonne – Toulouse, Le bois de l’Aune – Aix en Provence ; avec le soutien du Théâtre des Bernardines – Marseille, du CNES / La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon et La Fonderie au Mans, et la participation de ConnaiSciences / le réseau des cultures scientifiques en Languedoc-Roussillon, Kawenga / lieu régional d’expérimentation arts et cultures numériques; le spectacle a reçu l’aide à la production du DICRÉAM

la compagnie Quasi reçoit le soutien de la DRAC Languedoc Roussillon / Ministère de la culture au titre des compagnies conventionnées, du conseil régional du Languedoc-Roussillon et du conseil général de l’Aude ; elle est en compagnonnage avec la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

production déléguée : Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau


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© Denise Oliver Fierro

« Quel avenir pour la réalité ? »

C’est avec cette question en forme de clin d’œil que s’ouvre Até. Poursuivant le jeu engagé avec le précédent spectacle Mô, nous parlons dans un « poème » de « tunnels sous la réalité », de l’entrelacement au quotidien de nos vies rêvées ou imaginaires, de « technomagie » et de mythologies contemporaines.

« Le franchissement de toutes les barrières jusqu’ici consolidées et l’effervescence qui meut le corps social dans des danses tourbillonnantes aux tonalités extatiques lacèrent la carapace que les dispositifs politiques et culturels modernes ont façonné dans le sens de la sécurité, de l’immunité, du contrôle de la vie et de ses remous démesurés. Sur la scène collective se dégagent alors les rayons – images, rêves, comportements, émotions – imprégnés d’un sentiment tragique de l’existence, celui ou l’exultation et la décadence, la jouissance et la douleur, la renaissance et la mort se correspondent continuellement. »

Vincenzo Susca, in « Joie Tragique »

Il est question de « natures ».
Il est question sans discours de liberté – celle qu’on éprouve avant d’avoir à la défendre – d’équilibre et de combinaisons à venir entre réalité et virtualité. Jouant de la confusion des deux, non pas comme d’un symptôme alarmant mais en tant que possibilité de vie, en tant que « monde » aussi pour des vivants actuels. L’usage pour nous de « médias » et technologies divers côtoyant des mécanismes anodins vise à produire une sensation d’harmonie, de « naturel », de complexités paisibles, des intensités, des émotions, à en effacer la valeur ostentatoire, il ne s’agit pas de « prouesses ». Il y aura – dans un dispositif où réalité – donc – et virtualité sont confondues, dans un poème, où son et sens se côtoient – le Mythe, le jeu, la loi, le Diable et moi. Pour jouer à notre endroit d’une petite métaphysique des mutations de nos rapports à l’autre, au temps et à l’espace, des géographies complexes qui se superposent à la cartographie. Pour tenter de dire et faire parler – d’imaginer – un (des) « humain(s) » augmenté (s) de diverses extensions « numériques » et autres avatars, avec ses réflexes et comportements pluriels, modifiés par ces usages et l’idée qu’il s’en fait (ou non), encombré – ou pas – par de nouvelles potentialités d’existence, de nouveaux désirs, sollicité perpétuellement entre « faire » et « imaginer faire » par des niveaux de réalités de plus en plus enchevêtrés.

Alain Béhar


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Notes sur le texte, la mise en scène et la scénographie

1/
On trouve trace par-ci par là dans la mythologie grecque d’une divinité de «l’égarement» (déesse aussi de la «fatalité» voire de la «folie», de l’illégalité et du mouvement irréfléchi) nommée Até. Fille de la discorde.
Issue d’une division, non d’un accouplement, c’est un détail qui compte. Qui porte partout l’erreur… Une divinité néfaste chez les Grecs.
Chassée de l’Olympe par Zeus furieux pour une sombre histoire d’embrouille plus ou moins conjugale et de premier enfant héritier… lancée au milieu des œuvres des hommes… ses pieds ne touchent jamais le sol, elle plane sur la tête des humains, ses complices ou ses victimes… partout où elle s’arrête, ses pas sont marqués par le ravage et la destruction : Il ne faut plus qu’elle s’arrête et elle le sait… déesse malfaisante, odieuse aux mortels et aux dieux… n’a d’autre occupation que de troubler l’esprit des hommes pour les livrer au malheur… parcourt la terre avec une célérité incroyable, et se plaît dans les injustices et les calamités des mortels… (l’exégète lui en voulait, manifestement)
Je l’aime bien.
Les Lites, c’est à dire les Prières, ses sœurs boiteuses, la suivent de loin et réparent tardivement le mal qu’elle ne cesse de faire.

2/
Il y a d’abord un texte – post dramatique, on dit -, et puis peu à peu – comme apparaissant dans les flux – des personnages et une histoire.
L’histoire, ici ne précède pas, elle est en fin de compte.
J’essaye à ma façon de rendre sensible l’idée que naissent, au travers de flux d’informations hétérogènes, des noms, des personnages – cinq – qui peu à peu s’installent, et une « fable » presque par inadvertance qui les relieraient en fin de compte comme on rencontrerait un « nous » en route. Comme si l’identité, l’histoire venaient donc en travers et ne précédaient pas. Comme apparaissant dans la masse du texte, disparaissant à nouveau pour réapparaître, disparaître encore dans les flux, réapparaître pour finir par rester. De rendre ça sensible. Cette apparition du nom, du personnage et de la fable. Presque comme une histoire en soi. Un peu – toute proportion gardée – comme ces pièces inachevées de Michel-Ange à Florence me donnent cette sensation : des « personnages » qui sortent de la pierre.

3/
Le père. Un archi-joueur contemplatif de piano argentique et de jeux en réseau plus ou moins hacker et monsieur Loyal. Hacker comme on le disait des premiers libertaires de la révolution numérique, pas des pirates de carte Kangourou. Qui dit : « L’ineptie consiste à vouloir conclure. ». La sœur. Un(e) avocat(e) spécialiste en data mining et de « gouvernementalité algorithmique », addicte à la bourse et aux marchés, qui parle d’économie alternative et d’éventualités parfaites dans un système de prévisions complexes.
Un abbé – que j’ai pour l’instant appelé l’Abbé Migne – d’on ne sait quelle confession, encombré de métaphysique improbable, en charge entre autre chose de la question du « mal » qui dit : « Mais foutre Dieu pourquoi diable faudrait-il résoudre ce conflit ? ». L’ami « on line » et l’ami présent. Mô, qui subsiste du précédent spectacle, la mémoire faite des souvenirs des autres. En quelque sorte « moi » mais sans le « i ». Enfin la question d’un « soi » en travers. Une divinité mineure, instable et en image, moitié des mythologies grecques moitié de World of Warcraft sans doute imaginée à mesure par les cinq autres qui donne le titre : Até, qui dit : « Je vais mentir, attention je mens ».

4/
Il y a des acteurs, des gens.
On en voit (c’est ce qu’on voit) quatre qui sont là « vraiment », un autre qui est là aussi exactement dans la même temporalité mais depuis « sa chambre » et chez lui.
(On travaille comme ça avec lui et d’autres depuis le tout début du processus, nous répétons en réseau en quelque sorte.)
Ça n’est pas un effet, mais une façon d’être ensemble, c’est en tout cas ce que ça voudrait laisser entendre.
Il y a simplement un réseau de webcams installées à la fois un peu partout chez Julien et sur le plateau, des écrans ou des supports de projection chez lui comme sur le plateau, une diffusion permanente en streaming dans les deux sens, un système pour « switcher » de l’une à l’autre et des effets miroirs.
Le rôle titre, Até vit dans les projections quelles qu’elles soient, et sur tous les supports. Elle change de visage régulièrement, mêlant sur un personnage blanc « neutre » dessiné au féminin en 3D, des éléments de la pièce filmés avec des actrices pour la circonstance, des extraits de films, des détails de tableaux et des photographies, des collages divers, des avatars de jeux en réseau…
Nous travaillons par ailleurs sur Second Life avec une « buildeuse » Cherry Manga à l’élaboration d’un lieu virtuel avec lequel nous ferons également des va-et-vient. C’est-à-dire qu’on retrouvera sur Second Life des éléments de la scénographie utiles à l’histoire qu’on raconte et dans la scénographie des éléments projetés (eux aussi simultanément) de ce lieu virtuel.
Les voix qui parlent dans Até et les personnages qui y paraissent ont tous des avatars ou des pseudonymes sur Second Life, Word of Warcraft, Facebook, Myspace, Twitter…. et naviguent le plus simplement du monde d’un niveau de réalité à l’autre.
Il n’y a pas une multitude d’écrans, tous les éléments, tout l’espace qui se déplie peu à peu, tend à devenir un seul écran sur lequel les images se mêlent aux volumes.
Il y a enfin un autre qu’on ne voit pas à propos duquel la conversation tourne souvent. Celui-ci ne sort jamais de sa pièce archi connectée, on ne le voit pas mais il contribue et participe par écrit, une sorte de « chartreux » dans une contemplation qui nous échappe, si ça se trouve. Il a inventé un système logiciel en capacité d’intégrer une part d’oubli à la mémoire numérique.
« À celle de chacun seul, à celle de chacun ensemble, et à celle de l’ensemble sans personne. » Il dit. Son père, sa sœur et quelques amis – dont je suis – se demandent en festoyant à la fois ici et « on line », le soir du « nouvel an » sur trois fuseaux horaires, s’il faut « vendre les droits » de cette invention, s’il faut qu’il sorte ou non.
Ça fait du monde.

5/
Il y a seulement un cube, d’abord. Un caisson sonore – on entend comme c’est « bruyant » dedans – dans lequel tout serait contenu, un peu la boîte de Pandore, qu’on ouvre et qu’on referme. (On peut ici refermer d’un clic la boite de Pandore, ça change la donne.)
Depuis ce cube (pour origine) un monde de pixels et de tracés (il y a des lignes qui se tracent en permanence, certaines sont des fils guidés dans l’espace par des petits moteurs, d’autres sont projetées et se dessinent à vue), de formes en volume – gonflables en partie – opaques et transparentes (peuplées de plein de Soi, donc) s’ouvre à l’infini, se déplie (il y a des plis), ouvrant au passage des espaces « naturalistes » juxtaposés, combinés, toujours en devenir pour le jeu (l’intérieur d’un appartement, une cuisine, un coin de nature, le château de la reine Shawa, un café… moitiés projetés). Progressant tranquillement – dessus-dessous – jusqu’à remplir l’espace, jusqu’à la butée du cadre, combinant objets, image et dessin des objets. On dit (entre nous) un mouvement d’ajout et de décentrement perpétuel, « baroque » en quelque sorte. Il y a de multiples petites projections sur ces formes qui se confondent aux volumes sans ostentation. Sources et supports sont idéalement masqués. La sensation visée c’est une saturation douce, un mélange « parfait » et en un sens « magique » au fil du texte et de l’apparition de la « fable » entre objet, image et dessin de l’objet, qu’on puisse (par exemple) manger en famille vers la fin – l’air de rien – moitié dans un film sur une vraie table en partie dessinée avec la reine Shawa et le fantôme de mon père. Lorsque le cadre est « plein », un événement se produit, donnant la sensation d’un écrasement par le haut du plein, tassant comme des « couches historiques » et obsolètes tout ce qui est entré jusque là, pour que nous finissions par jouer sur un plateau nu en hauteur, un beau désert en quelque sorte, prolongé d’horizon dans la profondeur sur un simple cyclo.
Parmi les tâches qu’on assigne à nos ordinateurs, c’est l’effacement qui demande (consomme) le plus d’énergie.

6/
Qu’est-ce qui nous égare, au fond, quand on aime ça, s’il ne s’agit pas de se fourvoyer ? Et qu’est-ce que c’est «égaré» sans forcément s’y perdre ? Até fait systématiquement quand « ça y est » autre chose de ce qu’il y a, sans effacer. Elle parle d’abstraire et d’abstraction et de métamorphose comme de libérations.
Elle dit – elle insiste – ne pas « libérer » les choses, mais « autre chose » d’une chose quand « ça y est ».
Elle nous égare avec des «Si», fait des fausses pistes. Elle est « extravagante » au sens de l’étymologie, au sens d’un vagabondage hors des limites. C’est à chacun, au fond, et « en puissance », la potentialité incarnée. Elle est pour ainsi dire « l’émergence » pérenne en soi comme hors de soi du nouveau dans l’ancien, l’incertitude au voisinage de quoi que ce soit et en un sens « la liberté », enfin l’idée qu’on s’en fait avant d’en parler et de devoir la défendre le cas échéant. Até protège – comme on le dit pour les marins en mer – les ouvriers insensés que nous sommes de la contrepartie conforme.

7/
Je suis curieux de l’endroit d’humanité où sont les gens – j’en connais – qui « disparaissent » chez eux des semaines, des mois des années immergés dans des mondes virtuels. Ça me plaît de penser – certains jours, certains autres c’est plus confus forcément – qu’ils seraient une sorte d’avant-garde du temps en marche, des pionniers en quelque sorte. Je suis curieux des communautés virtuelles de solitaires, de ce qui charge le présent de temporalités parallèles, de « tunnels sous la réalité », de la place du corps
du sexe et des fantasmes dans tout ça, des avancées empiriques de la loi pour borner ces usages ou en contraindre la valeur, de ce qu’en pensent la morale et les églises… Enfin de toute sorte de choses – beaucoup trop de choses – sur ce terrain-là qu’à la fois nous habitons et qui nous contient. C’est truc de rêveurs, sans doute.

Alain Béhar


Alain Béhar

Après une période (notamment au Théâtre de l’Est Parisien) où il met en scène Goldoni, Marivaux, Sélim Nassib, Bertolt Brecht, Ödön von Horváth, Arthur Schnitzler ou encore J.D. Salinger et Maurice Blanchot, Alain Béhar se consacre, à partir de 1998, à la mise en scène de ses propres textes.
En 1996, Didier-Georges Gabily devient son « parrain d’écriture » en l’invitant à une « résidence de compagnonnage » initiée par le CNES, Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Il y écrit Comment ouvrir le volet pour voir le tableau en entier. Ce titre est révélateur de la démarche d’Alain Béhar : ses recherches, tant textuelles que scéniques s’inscrivent à la croisée de plusieurs disciplines : théâtre, arts plastiques (performances, installations, expositions), chorégraphie, etc. Il s’agit toujours de proposer des contrepoints pour faire émerger une forme ouverte qui trace des perspectives et offre des trouées, le sens circule sans jamais se figer dans un discours clos.
En 1998, Alain Béhar revient à la Chartreuse où il prend en charge la rédaction du Cahier de Prospero n°9. Il y finalise également le projet débuté en 1996. Le texte se décline alors sous la forme d’un spectacle en plusieurs volets : Monochrome 1234, Monochrome 567, Monochrome 8 à 15.
En 1999, boursier du CNL, Alain Béhar part en résidence trois mois à Montréal où il écrit Bord et bout(s).
En 2001, il obtient une bourse de la Villa Médicis Hors les Murs et part dans les Balkans afin d’y écrire Tangente.
Parallèlement, il répond à des commandes d’écriture : d’Yves Gourmelon et Le Chai du Terral (La Pierre fendue, 1997), de Gare au théâtre et Denis Lanoy (Grand travers, 1998), d’Yves Reynaud et Yves Gourmelon (Et(é), Manifeste potentiel du mouvement, 1998), de la chorégraphe Muriel Piqué (Solillogues, 2001) ou encore de la Compagnie Eclats d’Etats (Je vais, 2000).
Avec sa compagnie Quasi, il crée quatre pièces depuis 2003 : Sérénité des impasses* 26 sorties du sens atteint en 2003-2004 ; Des Fins (épilogues de Molière), une variation avec les 33 fins des 33 pièces de Molière, en 2005-2006 ; Manège en 2007-2008 ; Mô en 2009-2011.
Ses spectacles sont présentés au Théâtre des Bernardines à Marseille, au Théâtre de la Cité internationale à Paris, au Festival d’Avignon, au Théâtre Garonne à Toulouse, au TNB à Rennes, au Quartz de Brest, aux Subsistances à Lyon, au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, à L’Échangeur à Bagnolet, à la Scène Nationale de Dieppe, au Théâtre de l’Université Paul Valéry à Montpellier… Il intervient par ailleurs régulièrement dans des contextes de formation, dans des écoles et à l’université.

Yves-Noël Genod

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© Photo Patrick Lafont

Yves-Noël Genod occupe le Studio-Théâtre de Vitry  du 1er novembre au 15 décembre

et présente

MAMZELLE POESIE

une pièce de Liliane Giraudon

avec Bénédicte Le Lamer

les vendredi 5 et samedi 6 décembre 2008 à 20h30
le dimanche 7 décembre à 16 heures

au Studio-Théâtre

Je regrettais que le public ne soit pas présent aux premières improvisations de Jonathan Capdevielle et d’Éric Martin dans le noir absolu à la Ménagerie de Verre pour ce qui a donné le spectacle Le Dispariteur. Elles étaient infiniment plus « belles », plus folles encore que le spectacle finalement proposé. Je n’avais pas de « notes », je me levais du gradin et je m’avançais vers eux – encore dans le noir – je me souviens leur avoir dit que « c’était cool de faire un chef-d’œuvre ». La matière de la pièce de Liliane Giraudon, Mamzelle Poésie, est l’équivalent de cette plongée dans le noir. Nous la proposons sans mise en scène, sans répétitions, sans représentations, « dans l’état de l’apparition », comme disait Marguerite Duras. Ceci est possible grâce à Bénédicte Le Lamer, une actrice exceptionnellement poétique qui se charge de tout ce qui charge dans le voyage du noir et de la lumière. Il y eut un soir, il y eut un matin…

Yves-Noël Genod

Travail ouvert au public tous les jours à partir du 12 novembre (réservation indispensable par mail : ledispariteur@gmail.com ou à défaut au : 06 84 60 94 58)

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Mamzelle Poésie est une « poérette », autrement dit un objet accidenté (entre poème et opérette). Les personnages (quatre) sont des couleurs (jaune, bleue, rouge, verte). Mamzelle Poésie a quelque chose à voir avec Marquise vos beaux yeux* et la disparition de l’autofiction par mixtion. Les voix y scintillent, légères, sur des trous. Comme elles ne racontent pas une histoire on ne peut pas leur reprocher de n’en proposer que des morceaux. « Comment on fait » pourrait être la question des « nous ». Ou « Comment on a fait ». « Pour vivre-écrire au vingtième siècle… Changer l’urine des cosmonautes en jus d’orange. »

Liliane Giraudon

*aux éditions Le bleu du ciel.

lien vers le site des éditions POL :
http://www.pol-editeur.fr/catalogue/ficheauteur.asp?num=86

Yves-Noël Genod dit tout de lui-même sur son blog. C’est là que sont archivées toutes les traces photographiques et textuelles de vingt-trois créations et de quelques reprises. Citons : Pour en finir avec Claude Régy ; Le Dispariteur ; Hommage à Catherine Diverrès ; Jésus revient en Bretagne ; Elle court dans la poussière, la rose de Balzac ; Hamlet ; Oh, pas d’femme, pas d’cri ; La Descendance ; En attendant Genod…

http://ledispariteur.blogspot.com

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© Photo Sophie Laly. Felix Ott et Yves-Noël Genod dans Felix, dancing in silence

Yves-Noël Genod dirigera également un stage professionnel du 8 au 14 décembre 2008.

Le Studio, matrice de Théâtre

A l’occasion des quarante ans du Théâtre Jean-Vilar de Vitry, Gérard Astor invite Daniel Jeanneteau à présenter le Studio-Théâtre et les états actuels de son travail de création, en compagnie de Jean-Pierre Thibaudat, chroniqueur de théâtre membre de la première équipe du Studio, et d’artistes amis…


mardi 5 février à 20h30

Le Studio, matrice de théâtre

soirée en compagnie de
Gérard Astor directeur du Théâtre Jean-Vilar, auteur
Daniel Jeanneteau directeur du Studio-Théâtre
Lazare auteur, metteur en scène
Lucien Marchal comédien, metteur en scène
Jean-Pierre Thibaudat chroniqueur de théâtre à Rue 89
Frank Williams compositeur, musicien

présentation d’extraits filmés, performances théâtrales et musicales

production Théâtre Jean-Vilar, Studio-Théâtre de Vitry

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Depuis plus de quarante-cinq ans, le Studio-Théâtre vit au cœur de Vitry d’une vie intense et discrète. Né du grand mouvement de décentralisation et de partage des années 60, il est apparu en même temps que les Maisons de la Culture de Malraux et les premiers Centres Dramatiques Nationaux. Son histoire est pourtant singulière et, à notre connaissance, unique. Prenant d’abord la forme d’un atelier amateur pour les jeunes du quartier, il est petit à petit devenu l’un des centres importants de la création théâtrale contemporaine. En quarante cinq années, la liste des comédiens et metteurs en scène qui sont venus y travailler est impressionnante. Pourtant le Studio n’a rien d’une grande maison prestigieuse, il est depuis 1986 installé dans un pavillon discret de l’Avenue de l’Insurrection, et les voisins ne soupçonnent pas toujours la richesse de ses activités. Dirigé aujourd’hui par Daniel Jeanneteau, metteur en scène et scénographe, le Studio poursuit son travail de recherche et de création, tant dans le domaine des écritures que celui de la scénographie et du jeu…En compagnie de Jean-Pierre Thibaudat (membre de la première équipe du Studio), Daniel Jeanneteau présentera l’histoire du Studio-Théâtre, les états actuels de son propre travail de création, et l’activité de défrichage, de rencontre et d’accompagnement qu’il mène avec son équipe…

Beur2kO

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À partir d’octobre 2010 le Studio-Théâtre accueillera le collectif de jeunes vitriots BEUR2KO pour un atelier de création mené par le metteur en scène Jean-Paul Delore. Nous avons découvert le collectif BEUR2KO lors de la présentation de leur précédent travail sur le thème de la violence faite aux femmes, et nous avons été impressionnés par la justesse et la puissance de leur vision. Ils écriront et expérimenteront avec Jean-Paul une nouvelle matière théâtrale, qu’ils présenteront à la mi-décembre au Studio-Théâtre.


Vendredi 10 décembre à 20h30
Samedi 11 décembre à 17h et 20h30

Beur2kO

atelier de création avec Jean-Paul Delore

en collaboration avec Sean Hart ( photographe ) et Alexandre Meyer (musicien)

avec : Elmod Batantou, Lamia Benhenia, Frédéric Bindzi, Fayçal Bouyachou, Fatoumata Camara, Sonia Gareche, Ali Khassani, Ignace Leneus, Niaralé Samassa, Mariame Sissoko.

beur2ko - Vitry

beur2ko - Vitry 2

Conversation avec Frédéric, Lamia, Nyuma, Brice, Mohammed, Patrick, Fayçal, Mariame, Assia, Sonia, Niaralé, Anthony et Ali :

Pourquoi ce nom, Beur2kO ?

C’est très simple, il suffit de nous regarder [rires] ! Plus sérieusement : on forme une compagnie dans laquelle chacun a des racines et des histoires différentes. Certains sont beurs, d’autres sont blacks. Beur2kO, c’est le reflet de ce mélange culturel. En optant pour ce nom, on voulait aussi faire un clin d’œil au beurre de cacao que l’on trouve dans le Nutella : en fait, que tu sois blanc, jaune, vert, finalement tout le monde adore le beurre de cacao !

Comment s’est constituée la troupe ?

Un peu par hasard, en se retrouvant au PIJ (service jeunesse de la mairie de Vitry). Certains, comme Fayçal, venaient juste récupérer des clés. Au final, il n’est jamais reparti ! Nous ne nous connaissions donc pas vraiment et la plupart d’entre nous n’avait jamais pratiqué le théâtre, sauf deux ou trois fois à l’école. On a appris ensemble en débutant à partir d’improvisations, puis par l’écriture de saynètes. Il y a un an et demi, nous avons ainsi participé au projet « Parle et t’es toi », un rendez-vous qui vise à donner la parole aux jeunes. Sous forme de théâtre-forum, nous avions effectué un travail autour du sida. L’idée de faire de la scène nous a plu. On a voulu continuer : en 2009 nous avons alors mené plusieurs projets avec Gare au Théâtre et le Studio-Théâtre.

Et la suite ?

Depuis la semaine dernière nous travaillons sur un court métrage. Ce sera une fiction de huit minutes dont le sujet traitera de notre quotidien. Nous la présenterons les 27 et 28 octobre à Paris à l’occasion du Festival Regards jeunes sur la cité.

Propos recueillis par Anthony Leroi pour Vitry Hebdo, mars 2010.


Jean-Paul Delore à Beur2kO :

« Ah oui, Beur2kO, la dernière fois  j’ai oublié de vous dire une part des choses ; en fait je voulais parler de cette sensation que j’ai eue lors de notre première rencontre ; en fait j’ai oublié de vous dire que ce jour-là, j’ai su immédiatement que nous avions quelque chose de théâtral à tenter ensemble et que ce ne serait pas si difficile ; je ne me vante pas, ça ne se discute pas, c’est comme ça…
Nous pouvons nous regarder dans les yeux et commencer à mentir, car le théâtre se fout de la vérité, non ? d’ailleurs ne dit-on pas « jouer » pour parler du travail de l’acteur ? Quel programme !!! Finalement, vous et moi, on devient comédien par hasard et nécessité, non ?
Finalement, que l’on joue devant son miroir, son écran, ses amis, ses parents ou bien devant quelques têtes couronnées, qu’est ce que cela change ? Ces publics restent de toute façon d’une éducation discutable et, nous, notre tâche la plus rude est bien de demeurer mal élevés, non ?
Ah oui, j’oubliais, j’aime bien votre nom « Beur2kO » et si vous êtes d’accord je propose que ce soit le titre de ce que nous présenterons au Studio-Théâtre de Vitry qui nous accueillera en décembre ; car ce qui me semble le plus drôle et tragique dans ce que nous pouvons rapidement construire ensemble, c’est vous ; je veux dire chacun d’entre vous et le groupe que vous avez décidé de créer…
Ah oui, j’oubliais, la première fois que l’on m’a dit votre nom, j’ai cru que kO s’écrivait chaos, comme la confusion générale !
Comme quoi ! du Nutella au désordre il n’y a qu’une lettre, qu’un pas !
On y va ? »

Septembre 2010.


Jean-Paul Delore est metteur en scène, auteur et comédien, sous la direction de Bruno Boëglin, Yves Charreton, Robert Gironès, Marie-Christine Soma et dans ses propres spectacles. Directeur artistique de la compagnie lyonnaise LZD Lézard Dramatique, il écrit et crée : Départ (82), Encore (92), Dommages (95), Suite (97), Divagations régionales (98), Absences de problèmes (00), et met aussi en scène des textes de E. Delore (Départ, Artic Bay, À L’Ouest ), E.Joannes (La forêt des Zuckers) puis de M.Couto, M. Bey Durif, E.Durif, H.Michaux, Ph.Minyana, N. de Pontcharra, J.Y Picq, R.M. Rilke, J.M.Synge, S.L.Tansi. LZD a été en résidence jusqu’en 2002 à Vaulx-en-Velin.
À la frontière des genres (son travail le poussant, un temps, à la rencontre et à la création avec des « groupes » inhabituels : sportifs, jeunes en difficultés et lycéens) sa démarche l’amène progressivement à travailler dans la proximité de musiciens et de compositeurs contemporains dessinant les contours d’un théâtre musical original (Les Hommes en 99 ; Mélodies 6 en 2001). En 1996 il rencontre Dieudonné Niangouna et depuis travaille régulièrement avec lui.
Depuis 2002 il dirige les Carnets Sud/Nord, laboratoire itinérant de créations théâtrales et musicales en Afrique Subsaharienne, Australe, au Brésil et en France, et réalise alors les spectacles : Affaires Étrangères, Songi Songi , Kukuga Système Mélancolique, Un Grand Silence Prochain, Peut-Être et Carnet 17 (Le Récital), ainsi que de très nombreuses performances dans les grandes villes de ces régions et pays.
En 2009 il a créé Kukuga système mélancolique 10 à Johannesburg/Maputo/Paris/Saint-Étienne, puis Parhasards.fr Paris, une première expérience de théâtre on line. Prochaines créations : Langue et Lueur, Banlieues Bleues, Mars 2011 ; Ilda et Nicole, Rio De Janeiro, Avril 2011 ; Ster City, Studio-Théâtre de Vitry, Septembre 2O11.
Jean-Paul Delore est artiste associé au Théâtre Paris-Villette.

Ok, nous y sommes

En mai nous accueillons la création d’OK, NOUS Y SOMMES d’Adeline Olivier, jeune dramaturge en résidence au Studio-Théâtre de mars à décembre 2011, dans une mise en scène de Jean-Pierre Baro. Nous avons découvert l’écriture d’Adeline par le biais du Comité des Lecteurs, et nous avons été d’emblée séduits par le caractère poétique de son œuvre, appliqué au monde du travail, à l’usine, aux dernières limites de la résistance ouvrière…


vendredi 13 mai à 20h30
samedi 14 mai à 20h30
dimanche 15 mai à 16h
lundi 16 mai à 20h30

Ok, nous y sommes

d’Adeline Olivier

mise en scène Jean-Pierre Baro

scénographie, costumes Magali Murbach
lumière Bruno Brinas
son Loïc Le Roux
collaboration artistique Adeline Olivier

avec
Simon Bellouard
Roxane Cleyet-Merle
Cécile Coustillac
Tonin Palazzotto

production Extime compagnie, Studio-Théâtre de Vitry
avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / Direction Générale de la Création Artistique (dispositif de compagnonnage auteur / compagnie)
administration et production Jean-Baptiste Pasquier, Cécile Jeanson (bureau FormART)
conseil production diffusion Daniel Migairou


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© Juliette Dieudonné

Elle – J’irai seule.
Et je suis pleine d’effroi au bord de ce monde où je vais aller seule. Et je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas où je dormirai, où je trouverai du travail, je ne sais pas si je dois avoir peur ou pleurer de ce que j’ai des pieds pour me porter partout où je voudrais aller, où je voudrais voir. Car je n’ai rien vu. Je ne suis allée nulle part. Mais j’ai traversé la grève, parmi les autres j’ai crié. Mais la grève est finie. Et mon frère part avec elle.
Il faut que quelque chose s’impose à moi, il faudrait que j’aie envie de quelque chose.

Extrait d’Ok, nous y sommes. Adeline Olivier


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© Juliette Dieudonné

Les origines du projet

En juillet 2009, Jean-Pierre Baro, metteur en scène d’Extime Compagnie, m’a commandé un texte de théâtre. J’étais alors très frappée par la lutte désespérée d’ouvriers dans diverses régions de France et par la découverte de l’œuvre de Simone Weil (philosophe, militante et mystique). Chez cette femme dont la parole (son engagement militant) et le silence (son œuvre) se rejoignent absolument, et qui me semblait si contemporaine, je trouvais cette force de se demander comment le courage de penser lucidement peut s’accommoder de l’impossibilité d’agir, et d’y répondre, individuellement par des actions. C’est à partir de sa voie singulière et solitaire que j’ai commencé à réfléchir à l’écriture d’Ok, nous y sommes, m’appuyant sur son ouvrage La condition ouvrière.
Si au départ de l’écriture mon intention n’était pas politique (je souhaitais m’emparer de cette question d’un point de vue intime et poétique), il m’a paru intéressant de traiter de la condition ouvrière au théâtre, précisément parce que c’est l’un des derniers refuges de la parole, parce que les ouvriers ne l’ont pas.
Avec la désindustrialisation et la déconcentration industrielle, l’existence même du monde ouvrier est mise en doute. Et toujours d’un point de vue poétique, c’est-à-dire sensible et personnel, j’ai travaillé à partir de l’idée de sa disparition, mettant en parallèle une catastrophe naturelle (une tempête dans une forêt de pins), la perte du travail (une usine à la fin d’une longue grève) et la perte de l’amour. L’amour est devenu le thème central de la pièce. Objet dont on ne peut maîtriser la circulation, il constitue une échappatoire au désespoir. J’ai travaillé à un monde où le système de médiation est brisé, jusque dans l’intime des êtres, suscitant des actions violentes et radicales. L’attention tenace de Simone Weil à ce qu’on ne réduise pas la vie humaine à une force matérielle brute, et sa vision obsessionnelle de la joie au travail m’apparaissent cinglantes aujourd’hui, et m’ont inspirée Ok, nous y sommes, poème d’un monde finissant.

Adeline Olivier


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© Juliette Dieudonné

Adeline Olivier

Née en 1980, Adeline Olivier est comédienne et auteure de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle a dirigé des chantiers-laboratoires à partir de ses textes dramatiques. Elle a également réalisé plusieurs court-métrages de fiction au sein de l’association Tribudom. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie. Elle a publié surtout en revues (dans Encre Vagabonde, Algérie/Littérature/Action) et publications collectives (« Mes Algéries autour de ma chambre », Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour). Elle est en résidence d’écriture au Studio-Théâtre de Vitry de mars à décembre 2011.

Jean-Pierre Baro

Jean-Pierre Baro est comédien et metteur en scène, formé à l’ERAC (entre autres auprès de David Lescot, Valérie Dréville, Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen…) Il joue sous la direction de Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Thomas Ostermeier, Didier Galas, David Lescot, Romain Bonnin, Enrico
Stolzenburg, Gilbert Rouvière, Stéphanie Loïk, Lazare… Il dirige la compagnie Extime avec laquelle il met en scène l’Epreuve du feu de Magnus Dahlström (Friche de la belle de mai), L’Humiliante histoire de Lucien Petit de Jean-Pierre Baro (Odéon/Ateliers Berthier, Théâtre Nanterre Amandiers), Léonce et Léna/Chantier de G. Büchner à (l’Odéon/Ateliers Berthier), Je me donnerai à toi toute entière d’après V. Hugo. (Théâtre Antique de Vaison-la-Romaine) Il est également l’assistant de Gildas Milin sur plusieurs créations (L’Homme de Février, Force faible). Il participe en 2010 au « directors lab » au Lincoln Center de New York. En 2010, il met en scène Ivanov {Ce qui reste dans vie…} d’après A. Tchekhov (CDN Orléans, Théâtre Monfort…) et joue en 2011 sous la direction de Jacques Allaire dans La liberté pour quoi faire ? Ou la proclamation aux imbéciles d’après G. Bernanos (Scène Nationale de Sète, Théâtre du Périscope-Nîmes…) Avec la compagnie Extime, Jean-Pierre Baro prépare pour la saison 2012-2013 sa prochaine création Woyzeck {Je n’arrive pas à pleurer}, d’après G. Büchner.

Au pied du mur sans porte

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Lazare, ce fut d’abord Passé je ne sais où qui revient, un texte que nous avions reçu, Sabine Quiriconi et moi, à l’intention du Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre de Vitry, ignorant alors tout de son auteur.
Cette lecture fut pour toutes les deux un choc : choc face à une écriture totalement singulière, dont nous nous sommes immédiatement dit qu’elle était profondément liée à un travail scénique, tant le corps et la chair des acteurs transparaissaient entre les lignes ; écriture à la structure éclatée, kaléidoscopique, hors de toute convention, et surtout mue par une intense nécessité ; choc enfin devant les thèmes abordés, l’origine, la guerre d’Algérie, le langage, tout cela mêlé de manière absolument organique. En un mot : un texte de théâtre, où l’on sent que la scène est le lieu où mettre en tension et peut-être éclairer des questionnements paradoxaux, un texte pour jouer, « un appel à poursuivre le jeu de la vie ; appel à se mouvoir et à danser à côté de son destin ; accolé à lui. » (Daniel Sibony, Le Jeu et la passe)
Bien loin d’une autofiction complaisante, Passé je ne sais où qui revient, comme une sorte d’autoportrait en jeu cubiste et chaotique, et d’une surprenante vitalité, nous a donné envie de faire partager cette lecture aux membres du Comité de Lecteurs, de rencontrer Lazare, puis d’aller voir sa mise en scène à l’Échangeur de Bagnolet.
De cette rencontre, tout aussi étonnante et détonante que le texte, est né le désir de poursuivre plus loin le dialogue entamé, et de soutenir la prochaine création de Lazare.

Marie-Christine Soma, novembre 2009


du lundi 15 au jeudi 18 juillet 2013 – Festival d’Avignon – Tinel de la Chartreuse
jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2013 – Le Trident – Cherbourg
jeudi 21 et vendredi 22 novembre 2013 – Bois de l’Aune – Aix en Provence
du mercredi 4 au vendredi 6 décembre 2013 – TNBA – Bordeaux

Au pied du mur sans porte

Texte et mise en scène de Lazare

Résidence de création au Studio-Théâtre en janvier et février 2010

représentations :

vendredi 19 février à 20h30
samedi 20 février à 20h30
dimanche 21 février à 16h00
lundi 22 février à 20h30

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avec
Jean-Pierre Baro
Anne Baudoux
Julien Lacroix
Claude Merlin
Mourad Musset
Claire-Monique Scherer

et les musiciens
Benjamin Colin
Frank Williams

Composition sonore : Benjamin Colin
Lumière : Bruno Brinas
Conseil chorégraphique : Marion Faure
Conseil scénographique: Marguerite Bordat

Production : Studio-Théâtre de Vitry, Compagnie Vita Nova.
Avec la participation exceptionnelle de la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication.


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PROJET D’ECRITURE

« L’homme est aveugle, sourd, fragile comme un mur
Qu’abrite et que ronge un insecte. »

Charles Baudelaire

Ce qu’il y a d’étonnant dans le seul fait de marcher dans une immensité jamais inactive
Invité au printemps dernier à venir partager les derniers jours d’un quartier de Bagneux voué à la démolition, sur une invitation du festival Auteurs en actes, j’ai résidé pendant une semaine dans la cour de l’école primaire de la cité des Tertres.
Sous le préau de l’école, j’ai croisé des amis d’enfance, écouté des parents, des enfants, des institutrices. Dialogues ordinaires au milieu d’une immensité jamais inactive. Exploration du monde de l’enfance.
Au cours de cette résidence, j’ai pu établir, esquisser les principales problématiques de la pièce. Inventaire de « petits » problèmes, ceux de chacun, hésitant, s’approchant ou s’éloignant de sa vérité, avec la crainte des uns et l’espérance des autres ; « petits » problèmes auxquels on ne prête pas attention, où se trouvent la subtilité de la haine, du mépris et de l’amour des hommes.

« Les mots quelques fois nous parlent plus solennellement de l’être et de sa destiné. »

Maeterlinck

Fantasme de résumé

Un enfant au fond de la classe avec de « grosses difficultés » perd toujours toutes ses affaires.
Derrière le mur, un chemin, il l’emprunte et s’initie, touche de ses mains les limites de ce qui fait un homme…
Le chemin qui mène à l’école fait école. Les rencontres sont des lumières, ou assombries, des envoûtements, une série d’épreuves ; les magiciens sont des rebouteux, les toxicos roulent en trottinette et les maîtresses sont dictées…
Sur le tableau sont écrits les mots absents : piège, liberté, esclavage.
L’enfant ferme son cahier, sort et fait de ces mots les pierres à fouler d’un homme qui va et ne sait où.

Le regard jeté en arrière au delà de la certitude : Hypermnésie

En guise de trajectoire, je travaille toujours ma chute de feuille d’automne.
Chute continue avec les vents brusques de la violence, avec des bruits de famille partout où nous passons. Par là je suis déjà passé, j’ai à me battre avec ma mémoire Tout ce que nous n’avons pas su dire quand nous sommes passés par là.
Vielles godasses trouées que peuvent être nos vies : être libre serait peut-être ne se souvenir de rien.
Tendre le cou vers la vie et essayer d’ouvrir la fenêtre du monde / Frapper à la porte de ce que nous sommes / Nul autre paysage que les murs d’une cité et ce goût passionné de l’écriture et de l’obstacle / Yeux mélancoliques, voilà l’endroit et le lieu, les détails de ce monde avec des instants lunaires.
Nous entendons jusque dans nos rêves, là bas, derrière ce rideau de béton de la vie oppressée d’où il me faut extraire la beauté.

Au pied du mur sans porte

MÉTAPHYSIQUE D’UN ANALPHABÈTE
Là, de l’autre coté de la porte, sur le seuil de la vie, un frère mort.
Imbéciles, nous sortons du nid où nous avions rêvé le monde et à peine nous dévalons la pente qu’il nous faut des béquilles.
Infirmes, aveugles, il faut nous mettre sur le chemin.
Marcher sur la cime de la pensée quand tout nous enferme dans une coquille.
Un homme nous salue de la main et montre : « Ces arbres sont des arbres en général. »
Toutes choses toujours pareilles aux autres, langue blindée qui parle pour ne pas parler !
Me voici, sale, minable à ma vingtième année, étouffant mes pas.
En une inspiration l’univers entier s’est figé.
Homme qui remue ciel et terre sans rien toucher !
Je vais échouer comme le songe le long des cités, géantes de béton prêtes à s’effondrer.
Elles s’effritent, s’émiettent, tombent et continuent de tomber sur mon dos.
Au ciel s’amoncellent des nuages, tout est triste et rose, le murmure des prières ne m’envole pas sur leurs tapis.
Plein de came, je suis comme une suite qui ne viendra pas.
L’air même est devenu policier. Les murs voisins contrôlent et regardent.
Une porte trouée de balles sous la peau et personne qui ne me tire dessus.
Septembre est un mois terrible où les enfants rentrent à l’école ! Ils tordent leurs doigts, marchent le long des malédictions, sous leurs cartables trop lourds, chantent afin de délier le sort.
De ce coté de la rue, les bruits sont coupés au couteau, je tourne la tête devant les portes du Carrefour qui réclame la grandeur idéale et vous prescrit un check-up à la machine à fric.
Rien au dedans de rien.
Dans mon vêtement d’ombre, au milieu du troupeau, je ne trouve rien, j ai plein mon cœur d’incendie.

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À la marge

IL N’EST PLUS POSSIBLE DE PERDRE

« Les animaux se tassent pour éviter d’imaginaires prédateurs »… et pièges.
Roland Barthes

Au seuil d’un monde normé, s’éprouve l’exclusion inhérente à un système dogmatique qui procède par élimination.
Écrire : s’attaquer à ce principe de marginalisation qui réduit l’autre au silence.
Combien d’entre nous sont restés assis jusqu’à ce qu’on ne puisse plus leur répondre au pied d’une porte ?
Avec l’essor de la volonté à réveiller l’avenir / aux yeux des autres quand toutes les portes claquent sur nous / tandis que les araignées de la patience tissent leur toiles grises / Que faire de cette blessure narcissique qui nous étrangle ?
Décider de s’absenter, constituer un monde et une économie parallèles.
L’ailleurs se trouve alors à la marge, peuplé de la pugnacité des punaises, dealers, craquements des os des criquets, brûleurs de crack, chevaliers de la B.A.C. en bécane roulant à vive allure dans la constellation des banlieues, voisines aux yeux démultipliés observant au travers des murs.
La cité est un centre délaissé, annexée de manière parallèle.
Elle se définit, se positionne « hors de », en redessinant inévitablement les contours d’un autre centre. Et ce sont de fait les mêmes mécanismes d’exclusions qui rassemblent autour de préjugés utiles.
Possédé du démon de l’intolérance, du pouvoir et de nos luttes internes, de nos groupes, la diagonale inscrit une violence sans verbe. Franchir, s’affranchir, rentrer ou sortir, la contradiction est partout et l’écriture est cette lutte contre les murs. Elle fait manger des tours aux princes, coupe les têtes aux rois, fracasse les parois contre les têtes amollies et catapulte les cavaliers d’un pallier à l’autre. Elle joue de l’espace du centre à la périphérie.

Nous révéler au monde ?

Les mots sont morts et peut-être que personne ne veut les enterrer.
Langue épuisée, ces mots qui tombent, écorce de notre humanité.
Le langage fait le sujet humain et quand nous pensons parler seul dans notre tête, nous nous adressons d’une façon plus ou moins halluciné à un autre (Le Double).
Voix faite pour rencontrer l’autre et repasser par la main (l’écriture) dans la distance et tracer les mots.
Au désespoir de ne pas trouver d’ouverture dans un monde qui nous coupe, éclat fugitif, le couteau de la parole mu comme par un instinct animal ouvre les carapaces humaines.

Contre jour

La sensation de la pluie, les chaussures que l’enfant met à l’envers,
Les lampes anonymes de nos repères, les pâles reflets de la clarté de la rue
À cinq heures du matin, la silhouette de la dame qui part au travail,
Une marrée de caféine farouche avec les locataires de l’immeuble
Et leurs discours, de minute en minute les bus tracent leurs sillons numérotés.
Les malheurs familiaux que la morphine de la magie apaise,
Le dégoût enseveli dans l’incapacité d’agir, les fers à repasser de l’avenir…
Celui qui rêve de changer pour de bon et se lève avec une sorte de lenteur parce que le sort s’est jeté sur lui !
Un climat de chômage dans les halls dont les yeux vous fixent – sauvagerie déchaînée des jeunesses pauvres – une menace de tempête va s’éteindre dans le commerce illégal…
Les jouets de l’enfance cassée des tréfonds absurde de la mémoire
Les mecs regroupés les uns près des autres, l’un d’entre eux, un « Libellule », voudrait tomber dans l’abîme d’autrui. Hors de lui-même rien que le vide. Quelqu’un le repoussa, quelqu’un voulu qu’il revienne à lui.
Le poids remuant que doit supporter cet homme qui aurait voulu se mêler aux passants et parler de son amour – mais ils ne remarquent rien. Être à part à rester là, à regarder autour de lui sa bouche aller vers eux, de visage en visage, pour un bruit, pour une ombre, pour un clignement d’œil mais il passe au travers, et ils restent évasifs (dans cette adhérence à la banalité aveugle berçant nos incapacités à recevoir le monde).
Libellule – au pied du mur sans porte de l’école – rêve d’être un jour invisible et de zigouiller la vérité glaçante de la vie (avec ses revendications pressantes qui surgissent dans le cœur et en fait de la confiture toute la journée), traîne entre ciel et terre et l’échec cette présence en lui de l’écriture. Métaphysique d’un analphabète. Son papier dans les mains, plein de fautes d’orthographe, il en fait une boule et la jette au sol, s’en va et dit cadavre nu qui dort. Il sait que le monde est toujours autre chose et l’écartèle de sa propre douceur, esclave des circonstances.

« Au pied du mur sans porte c’est comme une obligation de rendre possible le seul impossible. On dirait les éclats d’une métaphysique analphabète. L’éventualité d’être conçu et de ne pas naître instaure un doute universel, ébranle le monde parce que, justement, ce n’est peut-être qu’une éventualité. »
Claude Régy


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LAZARE

Né le 29 mars 1975 à Fontenay aux Roses.
Nationalité française.

Est auteur, metteur en scène, acteur improvisateur.
Comédien formé au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire)
puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 par : Stanislas Nordey,
François Tanguy, Claude Régy, Loïc Touzet, Bruno Meyssat , Frederic Fisbach, Marie Vayssière,
Renault Herbin, Philippe Boulay, François Verret.

Il écrit et met en scène :
• Orcime et Faïence, présenté au T.G.P de Saint-Denis en 1999.
• Coeur Instamment Dénudé – présenté au Lavoir Moderne Parisien en 2000.
• Purgatoire – au Limonaire à Paris en 2000.
• Passé – je ne sais où, qui revient.

Cette pièce a reçu une bourse de création de la commission théâtre du Centre National du
Livre, en juin 2007.
En février 2008 : mise en voix du texte à la Fonderie, au Mans, puis au théâtre des Bouffes
du Nord à Paris.
Du 7 au 21 février 09 : création du texte et mis en scène par l’auteur au théâtre l’Échangeur à
Bagnolet. Cette pièce à reçu l’aide à la création de la DRAC Île-de-France.
• Les morts ne sont pas morts – les cendres sont germes – je ferme les yeux et viens me perdre dans l’eau qui dort (Le prélude de Passé – je ne sais où, qui revient) a obtenu une
bourse d’encouragement du Centre National du Théâtre en novembre 2007.
Création en août 2008 au festival de Langlade (Lozère)
• Au pied du mur sans porte (en cours de construction) sera présenté au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010

En 2006 il fonde la compagnie VITA NOVA

Il joue sous la direction de :

Au théâtre

Claude Merlin : Nocturne à tête de cerf (2000) et La Sirène de Pascal Mainard (2005) ;
Théâtre de bouche de Ghérasim Luca (2009)
Ivan Stanev : Le bleu du Ciel de George Bataille (Berlin, Lille Rose des vent / 2000)
Stanislas Nordey: Atteintes à sa vie de Martin Crimp (TNB à Rennes /2004) et Le triomphe de l’amour de Marivaux (TNB et Nanterre-Amandiers / 2005)
Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer : Mensch (Odéon – Ateliers Berthiers / 2007)

Au cinéma

Nicolas Sornaga : Mr Morimoto (2007) – Chose rose Loula (2009)

En tant qu’auteur et acteur improvisateur, Lazare travaille pour le chorégraphe François Verret pour la préparation de son spectacle Sans retour, en 2006.

Il fait de nombreuses improvisations (poésie spontanée, récits noirs, chutes et drames
instantanés), seul ou accompagné de musicien :

• Au théâtre des Bouffes du Nord pour le festival La Voix Est Libre:
en juin 2005 avec Elise Dabrovski ; en mai 2007 avec Benjamin Colin et
en mai 2008 avec Jean François Pauvros, en mai 2009 avec Balaké Sissoko

• En duo avec Benjamin Colin, il crée le spectacle d’improvisation Les chambres de hasard à la Guillotine, à Montreuil en 2006. Ils sont accueillis en résidence à la fondation Royaumont
en 2008, puis dans de nombreux festivals.
Ils participent tous les deux à la tournée franco Malienne du Griot au slameur
( de mai à décembre 2008 ).

Textes édités :

• Trajectoire : Revue trimestrielle FRICTIONS n°5 en 2002
• Passé – je ne sais où, qui revient :
Première parution aux éditions L’ELASTIQUE en février 2009.
Une deuxième parution aux éditions LES VOIX NAVIGABLES en novembre 2009

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http://web.mac.com/zzlazare

La nuit porte caleçon

© Amandine Ferrando

© Amandine Ferrando

En octobre 2014 le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre avait déjà accueilli Hakim Bah pour l’étude de plusieurs de ses textes. Nous le retrouvons en octobre 2016 pour la première mise en scène de l’une de ses œuvres. Fable portant sur les tragédies de l’intime dans le contexte de la coupe du monde de football, La Nuit porte caleçon est le second volet de la trilogie Face à la mort ; elle a été écrite en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris dans le cadre de « Visa pour la création » de l’Institut Français, en partenariat avec le Tarmac, scène internationale francophone. Lauréat du comité de lecture du Tarmac en 2015, accompagné par « à mots découverts » association vitriote, le texte a été mis en lecture par l’auteur au Théâtre du Vieux Colombier – Comédie Française en mai 2016. Hakim Bah vient d’obtenir le Prix RFI Théâtre pour son texte Convulsions.

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LA NUIT PORTE CALEÇON

jeudi 6 octobre à 20h30
vendredi 7 octobre à 20h30
samedi 8 octobre à 20h30
dimanche 9 octobre à 16h

texte et mise en scène Hakim Bah
collaboration à la mise en scène Diane Chavelet
scénographie Irène Marinari
création sonore Guillaume-Van Roberge
création vidéos  Amandine Ferrando et John Bardakos
création lumière Gabriele Smiriglia
costumes Sara Bartesaghi Gallo assistée de Simona Grassano
administration Ninon Argis

avec Nicolas Blandin, Adrien CalendronRégis ChaussardClémence Laboureau et Clément Lejeune 

production Compagnie Paupières Mobiles  ; coproduction Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien de la DRAC Île-de-France, de Confluences (lieu d’engagement artistique), de la Fondation de France (bourse déclic jeune), de Lilas en scène, de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et du Crous de Versailles


À l’heure où sa ville s’apprête à accueillir la coupe du monde de football, la vie de Gaspard vire au tragique. Tout commence lorsqu’il est témoin du suicide d’un vendeur ambulant pris dans une opération de ratissage. Tandis que Gaspard est emporté dans une suite d’événements et de révélations inattendus sur ses propres origines, les autorités en font le coupable idéal pour calmer la population qui réclame justice suite à la mort du vendeur ambulant. Il ne faudrait pas entacher l’image du pays avant la grande rencontre sportive…


Note d’intention de mise en scène

George Orwell déclarait dans un article de 1945 : « Au niveau international le sport est ouvertement un simulacre de guerre ».

Aujourd’hui cela est d’une actualité criante, avec l’Euro 2016 en France marqué par des actes de violence et de vandalisme.

Longtemps j’ai été grand supporteur de football. Dans ce spectacle, j’ai envie de questionner ce sport qui a bercé mon adolescence où (au lieu d’aller au théâtre comme on n’avait pas de théâtre) on faisait des kilomètres de marche pour voir des matchs de foots dans des vidéos clubs. S’en suivait des discussions, qui pouvaient même amener au coup de poing. A cela d’ailleurs Orwell ajoutera : « Je suis toujours stupéfait d’entendre des gens déclarer que le sport favorise l’amitié entre les peuples. »

 Pour la mise en scène de « La nuit porte caleçon », j’ai envie de puiser dans les règles du football pour faire du théâtre. Eugène Ionesco écrit dans Notes et contre-notes : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Le match nous donne en effet l’idée la plus exacte de ce qu’est le théâtre à l’état pur : antagonismes en présence, oppositions dynamiques, heurts sans raison de volontés contraires. »

Le football comme théâtre donc. Car au théâtre comme au foot, on parle d’action. De même on joue une pièce, de même on joue un match. Dans les deux cas, on a affaire à un spectacle donné devant un public venu y assister, dans un lieu déterminé. Acteurs et joueurs sont des êtres humains en chair et en os qui font vivre le jeu. Chaque acteur se voit attribuer un rôle, un personnage, comparable à l’une des positions occupée par un joueur dans un match. L’affrontement est à la source de la dynamique sportive qui se construit sur la lutte entre deux joueurs ou deux équipes. Au théâtre, l’action repose aussi sur des oppositions.

Par contre, le théâtre donne une vision du monde et de l’homme. Le match, lui, ne prétend pas donner à réfléchir sur la condition humaine. Le joueur n’ouvre pas le chemin de la pensée à son supporteur.

C’est pourquoi, j’ai choisi le théâtre pour m’interroger, interroger et donner à réfléchir sur le football aujourd’hui. Ce qu’est devenu ce sport au-delà du simple fait sportif.

Avec le monopole des gros sponsors, le football est une grande manne financière où l’enjeu n’est plus que sportif, mais économique et politique. Il ne s’agit plus que de jeu, mais aussi de rentabilité et de pouvoir. N’a-t-on pas vu en 2014 au Brésil ou en 2010 en Afrique du Sud des populations entières violentées, délogées, chassées de force de leur maison pour l’organisation de la coupe du monde de football ? Un des dirigeants de la FIFA avait même dit en 2014 : «Je vais vous dire quelque chose qui peut paraître fou mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une coupe du monde ». Ou encore : «  Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays où il faut négocier à plusieurs niveaux ».

© Amandine Ferrando


La Compagnie Paupières Mobiles

La compagnie créée à Paris, en novembre 2015, est animée par le besoin de rencontre, d’ouverture, à d’autres cultures, d’autres façons de voir le monde, de dire le monde, de penser le monde. Animée toujours et à chaque fois par la volonté forte de croisement. Permettre à des artistes de continents différents, de cultures différentes, de se rencontrer dans un monde miné par les frontières.

Et.

Parce que nous croyons (fortement) que, sortir de chez soi, changer de lieu, tendre la main, aller à la rencontre des autres, à la rencontre du monde, c’est questionner sa propre identité, sa relation au monde et voir autrement, et entendre autrement, et penser autrement. Se déplacer, partir ailleurs, c’est provoquer le déséquilibre, le mouvement et permettre le renouveau nécessaire à l’artiste.

Mais pas seulement.

Nous pensons que les frontières se tissent aussi au sein des politiques culturelles, et de cloisonnements disciplinaires, que c’est en commençant par s’entre-écouter que se déferont les réseaux cousus et inhibant de la pensée et de la création. C’est des lieux de paroles et de rencontres que nous cherchons à créer, à développer. C’est l’opportunité de penser, simplement, le monde contemporain, dans ses écritures, dans ses paroles, dans ses apocalypses. Car ce qui guide notre pensée, notre parole, nos écritures, dans nos migrations et nos recherches, est une quête d’inconfort.

La nuit porte caleçon est la première création de la compagnie.


Hakim BAH, né à Mamou en Guinée. Il est sortant du Master mise en scène et dramaturgie à l’Université de Paris-Ouest Nanterre. Depuis 2012 il est invité régulièrement en résidences d’écriture en France (Maison des auteurs des Francophonies en Limousin, Théâtre de l’aquarium, Cité Internationale des Arts à Paris, Centre Intermonde de la Rochelle), au Burkina Faso (RECREATRALES), en Guinée (Univers des Mots), au Maroc-Tanger (Espace Pandora avec le soutien de la Région Rhône-Alpes). Ses textes sont créés et joués en Afrique et en Belgique et présentés sous forme de lectures dans différents lieux et festivals en France (Avignon, Francophonies en Limousin, Regards croisés, Text’Avril, Printemps des inédits, Comédie de l’Est, L’Apostrophe, Théâtre de l’aquarium, Ecritures en partage dirigée par Monique Blin, Comédie-Française, Le Tarmac, Théâtre 13…). Son travail reçoit de nombreux prix (Prix des Journées Lyon des Auteurs de Théâtre, Prix d’écriture Théâtrale de la ville de Guérande, Prix des Inédits d’Afrique et d’Outremer, Prix du public au festival Text’Avril) et bourses (Institut Français, Beaumarchais, CNL, CNT). Ses pièces À bout de Sueurs, Ticha-Ticha, Sur la pelouse et Le Cadavre dans l’œil sont publiées chez Lansman Éditeur. Il a par ailleurs suivi des stages de mise en scène avec François Rancillac et Jean-Lambert Wild.

Diane CHAVELET est née à Paris. Elle a suivi des études de Lettres et Arts à Paris 7 jusqu’à l’obtention de son Master. Elle a ensuite voyagé en Allemagne et aux Etats-Unis, où elle a enseigné la langue et la littérature française et suivi les cours de doctorat à l’Université de Pennsylvanie. Depuis qu’elle est retournée en France en 2010, elle est traductrice pour les éditions Robert Laffont, a travaillé pour la revue Feuilleton (Edition du sous-sol, Seuil), enseigne le français et l’anglais au lycée et anime des formations en entreprise. Elle conduit depuis trois ans une thèse à Paris 7 en littérature comparée, sous la direction de Catherine Coquio, intitulée, « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte autour de Dieudonné Niangouna (Congo- Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) ». Dans ce cadre elle réalise un film documentaire sur la place de l’évènement d’art dans la vie politique du Congo-Brazzaville et publie des articles scientifiques. Elle est à l’initiative d’un événement d’art intitulé « On ne paye pas », laboratoire d’expérimentation artistique et d’échanges. Elle vient d’achever son premier roman, Devenir, et un texte de théâtre, Mouvements. Ses nouvelles sont publiées dans la revue « Rue Saint-Ambroise ». Elle est co-directrice de la compagnie Paupières Mobiles et collabore à la mise en scène de La nuit porte-caleçon aux côtés d’Hakim Bah.

Nicolas BLANDIN, diplômé d’histoire à la Sorbonne, Nicolas se forme aux cours Florent au jeu d’acteur (caméra et théâtre), à l’écriture et à la  mise en scène. Il suivra également une formation de clown, pantomime et masque auprès de François Frapier. Il joue dans différents spectacles, du classique au contemporain, en passant par le spectacle pour enfant Venus et Eros au Purgatoire de Philippe Ulysse ; Monsieur de Pourceaugnac de Molière, mise en scène Clément Hervieu-Léger ; Le Saperleau de Gildas Bourdet mise en scène François Frapier ; Les Métamorphoses d’Ovide, création collective ; Grignotin et Mentalo mis en scène par Océane Pivoteau. En 2012 il participe à la création de la compagnie Grappa avec laquelle il crée plusieurs spectacle dont Britannicus de Jean Racine, mais aussi J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, présenté au festival Préliminaire 2014 et joué au théâtre de Vanves. Parallèlement, il se lance dans la réalisation, et plus particulièrement de courts-métrages d’animation.  Ainsi il réalise Look at me qui sera récompensé à la Journée du Court-Métrage de 2012. Il rejoint en 2015 les ateliers Joffrine qui proposent des ateliers de créations dans les hôpitaux et travaille régulièrement de la section pédopsychiatrique de la Pitié Salpetrière de Paris. Les films réalisés dans ces ateliers sont remarqués et exposés. On peut le retrouver également dans  plusieurs courts-métrages, notamment Terminus d’Iris Chassaigne et Clara Mary.

Adrien CALENDRON s’est formé aux cours Florent avant d’entrer dans une compagnie de théâtre pour jouer Atteintes à sa vie de Crimp, puis Roberto Zucco de Koltès, et Oncle Vania de Tchékhov. Il joue en parallèle dans des courts-métrages, et prépare pour la saison 2015-2016 Le 20 novembre avec sa propre compagnie, Quatrelements.

Régis CHAUSSARD, formé à l’école de la scène, il joue depuis l’âge de 9 ans. Il débute sous la caméra de Jacques Tréfouël puis se dirige naturellement vers le théâtre. Alternant les auteurs classiques et contemporains, il travaille Molière, Goldoni, De Obaldia, Vian, Dubillard, Kane, Handke. Il est également chanteur et a participé à plusieurs comédies musicales, dernièrement Blanche-Neige à Bobino, ou encore Phi-Phide Christine au Théâtre du Trianon, ainsi que de multiples soirées cabaret sous la direction de Victor Bianco en chantant Brel, Ferré ou Montand. Il est à l’affiche du spectacle Peter Pan depuis sa création en 2005, et toujours joué actuellement à Bobino. Il travaille également régulièrement pour France Culture où il enregistre des fictions radiophoniques sous la direction de Jean-Matthieu Zahnd, Michel Sidorof ou Étienne Valles. Dernièrement il tournait pour France 2 sous la direction de Frédéric Berthe, dans Silences d’État et plus récemment pour la nouvelle série Leibovitz contre Leibovitz.

Clémence LABOUREAU. Après un Master en Lettres Modernes à Diderot-Paris VII et en Littératures Anglophones à La Sorbonne-Paris IV, Clémence suit une formation en art dramatique au Conservatoire National de Région de Saint-Maur, au conservatoire du Centre à Paris puis en classe CEPIT  à l’ENMDAD. Elle collabore ensuite régulièrement avec Marie-Christine Mazzola – La charmante compagnie (Le temps et la chambre de Botho Strauss, Hiver de Jon Fosse, L’entre-deux de Marie-Christine Mazzola, Tu trembles de Bruno Allain) et Léonce Henri Nlend – La bande de Niaismans (Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, Big shoot de Koffi Kwahulé, Djeuhdjoah, keske tu fela de Koffi Kwahulé). En 2016-2017, elle joue dans Ogres de Yann Verburgh, voyage au cœur de l’homophobie, mis en scène par Eugen Jebeleanu – Compagnie des Ogres ; dans Colonies,  artifice familial sur la crise agricole, mis en scène par Nadège Cathelineau – Groupe Chiendent ; dans L’Atome, théâtre-documentaire sur le nucléaire, écrit et mis en scène par Julien Avril – Compagnie Enascor. Elle est également chanteuse au sein du quartet de jazz Oléo.

Clément LEJEUNE, est né à Melun en 1985. Il suit une formation scientifique. Après une expérience de journaliste sportif, il se tourne vers le théâtre. Participant à de nombreux ateliers notamment ceux du Vélo volé ainsi qu’à de stages avec Elisabeth Tamaris et Nita Klein, il continu actuellement sa formation auprès de Margaux Lecolier et de Victor Quezada Pérez. Il rencontre Hakim Bah aux ateliers du Studio-Théâtre de Vitry en janvier 2015 et embarque dans la foulée sur le projet La nuit porte Caleçon.

Hakim Bah vient de recevoir le Prix Théâtre RFI pour Convulsions, troisième volet de sa trilogie intitulée Face à la mort.

La nuit porte Caleçon sera également présenté à Lilas en scène les 14 et 15 octobre prochains.
Pour en savoir plus sur la compagnie Paupières Mobiles

Effleurement, Clara Chabalier, Asja Srnec Todorović

visuel Effleurement ciseaux

Nous suivons le travail de Clara Chabalier depuis plusieurs années et nous aimons l’opiniâtreté avec laquelle elle creuse une voie personnelle faite d’exigence et de curiosité. Concevant le théâtre comme un tout complexe rassemblant toutes les disciplines artistiques, elle imagine des formes scéniques mettant en jeu aussi bien les arts plastiques que l’écriture et la création sonore… Elle mettra en scène pour la première fois en France Effleurement d’Asja Srnec Todorović, auteure croate à laquelle notre Comité des Lecteurs a déjà consacré une séance…


vendredi 18 mars à 20h30
samedi 19 mars à 20h30
dimanche 20 mars à 16h
lundi 21 mars à 20h30

le 24 mars 2016 au Théâtre de Vanves dans le cadre du festival ARTDANTHE

Effleurement

texte d’Asja Srnec Todorović
traduction du croate par Christine Chalhoub
mise en scène Clara Chabalier 
scénographie Jean-Baptiste Née
création sonore Julien Fezans
création lumière Philippe Gladieux
conseil coiffure Judith Scotto
régie générale Adrien Geiler
production / diffusion Sébastien Lepotvin

avec Caroline Darchen, Pauline Jambet
et les voix de Clara Chabalier, Alexandre Pallu, Pierre et Anselme Barché

durée estimée 2h

production compagnie Pétrole ; co-production Studio-Théâtre de Vitry, Comédie de Reims ̶ CDN, Théâtre Ouvert ̶ Centre National des Dramaturgies Contemporaines ; la compagnie Pétrole bénéficie de l’aide au projet de la DRAC Île-de-France ̶ Ministère de la Culture et de la Communication ; avec le soutien de la Région Île-de-France, du Théâtre de Vanves et de la SPEDIDAM

LOGOS spedidam


derrière la vitre
© Anna Di Prospero

Dans un salon de coiffure en banlieue, Bouboule reçoit la visite de Puce, sa mère, qui souhaite l’inviter à fêter un anniversaire dont on ne sait si il est celui d’une naissance ou d’une mort.
Les gestes de la coiffure (shampoing, coupe, teinture, séchage) sont une tentative à renouer contact: un effleurement sensuel et destructeur entre les deux femmes, par lequel le corps de la mère, obèse, passif, par opposition à celui de sa fille, très maigre, tente de changer d’apparence.
Dans leur éternelle soumission – à leur environnement, aux hommes, figures cruelles, violentes, mais aimées – apparaît l’impossibilité pour ces femmes de sortir de l’enfermement. Elles parlent une langue approximative, bégayante, trouée, langue de la zone qui s’oppose au discours haché et standardisé d’une radio grésillante qui interfère dans leur tentative de (se) parler et fait rejaillir les souvenirs qu’elles préfèreraient oublier. Leur conversation est rythmée par les bruits étranges des voisins, qui tous les soirs se lancent dans une étrange course poursuite à la recherche de leur bébé perdu, et par les coupures de courant, qui les plongent dans une obscurité inquiétante et rédemptrice.
Asja Srnec Todorović, avec noirceur, déploie l’extraordinaire tension de la culpabilité réciproque d’une mère et de sa fille. Comment pardonner sans oublier ? Question douloureuse, que son écriture affine et aiguise en plaçant au centre le caché, l’invisible, l’absent.


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Entretien avec Clara Chabalier
– Comment avez-vous découvert cette pièce d’Asja Srnec Todorovic, inédite en français ?
En mars 2013, j’ai été invitée à intervenir à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes, dans le cadre des Ateliers d’Écritures Contemporaines . Cet atelier débute par un comité de lecture qui rassemble un grand nombre de textes contemporains français et étrangers. Parmi les textes issus des sélections du Centre National du Théâtre et de la Mousson d’Été, Michel Corvin, professeur d’histoire du théâtre et dramaturge, avait glissé ce texte qu’il avait jugé intéressant mais qui n’était passé par aucune commission. J’ai choisi de le travailler, et 6 élèves-acteurs m’ont suivi. Nous avons répété trois semaines, et l’atelier s’est clôt par une présentation publique. Enthousiasmée par la découverte de ce texte inédit, d’une auteure dont l’œuvre est encore peu connue en France (seulement 3 de ses pièces sont traduites et publiées en français), je ressens la nécessité de continuer ce travail.

– Quel est le lien entre le titre de la pièce et le salon de coiffure dans lequel elle se situe ?
Le titre original croate, Dodir, est intraduisible en français. Ce mot désigne la tentative d’un toucher, d’un contact, à la fois sensuel et meurtrier. Il est représenté précisément par le rapprochement du doigt de Dieu et de l’homme dans la fresque La création d’Adam de Michel Ange, qui orne la Chapelle Sixtine. Il se réfère donc également à l’acte de création : par le toucher, Dieu donne naissance à l’homme. Le mystère entourant la naissance de Bouboule est mis en lien avec l’histoire de l’Art. Puce vient pour fêter l’anniversaire de sa fille, mais cet anniversaire est-il celui de sa naissance ou de sa résurrection, le jour où sa mère a choisi de la faire vivre et de l’accepter comme « son unique enfant »? Pourquoi sommes-nous nés ? Y a-t-il une raison à notre passage sur Terre ? L’acte de création est aussi lisible dans la coiffure à laquelle travaille Bouboule. En agissant ainsi sur le corps de sa mère, sur son apparence physique, sur son identité, elle cherche à la transformer, elle agit par le toucher et tache de « faire œuvre ». La précision mécanique des gestes de coiffure est sans cesse perturbée car Puce n’est pas une cliente normale. Ce conflit entre l’artificiel et le vivant, entre la réalité et son mime, est un moteur principal de jeu, qui sous-tend toute la pièce. L’effleurement est ainsi au cœur de l’écriture, qui cherche à s’emparer de sujets aussi violents que l’inceste, le viol, le non-dit dans la relation mère-fille avec délicatesse, avec fébrilité : comme une main hésite à frôler une plaie à vif.

– La relation entre la mère et la fille est peu explicite, et à la fin de la pièce le suspens reste intense sur ce qu’il s’est passé entre elles. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette écriture fragmentée ?
Au cœur même de l’écriture cohabitent sans cesse plusieurs niveaux de sens, dont une partie restent ouverts, non résolus. A travers la situation quotidienne (mais peu fréquente sur les plateaux de théâtre) de la coiffure, le non-dit qui plane entre ces deux femmes apparait en creux, dans le silence d’une phrase suspendue, dans l’esquisse d’un geste qui sortirait du cadre. Cette langue ouverte, trouée, bégayante, amène le spectateur à écrire avec les personnages, en reconstituant les fragments, en remplissant les béances.
Leur langue simple et concrète s’oppose à la langue standardisée de la radio, avec ses publicités, ses appels, ses alertes. Tout le génie de cette écriture consiste à considérer les éléments du dispositif théâtral comme une langue en soi, à créer un espace narratif, dont le dialogue n’est qu’un des éléments. Le vocabulaire sonore mêle la citation de tubes radiophoniques (I will survive, The Man I Love, Elvis Presley…) à l’utilisation de sons concrets (fracas, rires d’enfants, jeux, cris venus d’au-dessus) et à toutes les possibilités de grésillement et de grincement émis par la radio.
La spatialisation du son est extrêmement importante car elle ouvre un hors-champ : ce qui est caché est beaucoup plus vaste que ce qui est montré, l’espace narratif n’est pas seulement celui que peut voir le spectateur, mais aussi celui qu’il projette au-dehors, à l’extérieur du plateau.
Le vocabulaire lumineux rythme la pièce de manière organique, d’abord en déployant toutes les nuances du crépuscule, puis en brisant violemment l’action par des coupures de courant qui plongent brutalement les personnages dans le noir.
Parfois agressifs, parfois apaisants, ces éléments dialoguent littéralement avec les personnages, qui n’hésitent pas à leur répondre. Ils sont également des organes dont les deux femmes subissent l’influence. Ils agissent à certains moments comme un baume, un encouragement à parler, à exprimer l’invisible, l’indicible, ce qui ne peut être regardé de face, agissent en écho comme dans ce moment où la radio s’apprête à dire le poème primé, ce qui incite Bouboule à faire rejaillir ses souvenirs.
Cette écriture se déploie en creux, entre les trous des textes, et en cela se rapproche du théâtre de Beckett. Elle fait de la réalité quotidienne une oeuvre poétique, passe brutalement du banal au sublime. C’est dans la rupture et le passage d’un état à un autre que se loge le burlesque et jaillit l’émotion, toujours pudique ; c’est alors dans un silence, dans un regard prolongé, que l’espace auparavant saturé s’ouvre, et que le sens apparait.
C’est tout l’enjeu du travail avec les actrices: chercher ce qui se loge dans les blancs du textes, dans ses suspensions, sans refermer le sens. Cela demande une extrême tenue de la langue et une grande virtuosité, au niveau de la construction des images mentales et de la qualité des rapports physiques, sans pour autant sombrer dans la gravité: l’humour permet de créer de la tension, du conflit.

– Certains symboles, comme la roue du destin, ou l’image du mur, reviennent fréquemment. En avez-vous l’explication?
L’image de la roue du destin revient plusieurs fois par la radio. C’est d’abord par la très célèbre cellule rythmique du premier mouvement de la 5e symphonie de Beethoven, appelée aussi Symphonie du destin, qu’apparait l’idée d’une fatalité qui mènerait toujours à la catastrophe. Puis, prétextant un jeu de « la phrase la plus longue », la radio demande que cette roue de l’univers, qui d’habitude est changeante et alterne entre bonheur et malheur, soit « la plus grande, la plus belle et la plus fiable, qui ne pourra jamais et ne devra jamais se détraquer dans la lutte sans fin… »
Cette image de la roue donne aussi à la pièce sa dimension cyclique. La pièce se clôt sur la même image qu’au début : Bouboule est penchée sur sa mère pour la laver, les notes grésillantes du standard de jazz The Man I Love résonnent dans la pièce, un sourire mélancolique se dessine sur le visage de Bouboule. Mais les rôles s’inversent : à la fin, c’est la mère qui s’occupe de la fille…
Ce symbole appelle à la quête éperdue d’un bonheur constant et stable, à la recherche d’un paradis perdu, mais il pose également la question centrale : peut-on pardonner sans oublier ? Peut-on faire son deuil du passé ? Peut-on revenir à « comme c’était avant », un état d’innocence originelle? L’image du mur est plus complexe : c’est l’endroit où Puce prend de la hauteur, regarde la ville de haut (« ce petit biscuit inoffensif »), un lieu où elle est enfin « paisible… en sécurité… ». Elle décide de se jeter en bas avec son bébé, dans une pulsion suicidaire, mais renonce en cours de route et bat des bras pour remonter sur le mur. C’est également un endroit où il fait frais, L’image du mur est plus complexe : c’est l’endroit où Puce prend de la hauteur, regarde la ville de haut (« ce petit biscuit inoffensif »), un lieu où elle est enfin « paisible… en sécurité… ».
Elle décide de se jeter en bas avec son bébé, dans une pulsion suicidaire, mais renonce en cours de route et bat des bras pour remonter sur le mur. C’est également un endroit où il fait frais,

– Le salon de coiffure désigne un univers particulièrement féminin où les hommes, et en particulier Dédé, sont évoqués fréquemment…
Les figures masculines évoquées (Dédé et le mari de la patronne du salon de coiffure) sont à la fois absentes, aimées et coupables. Le fantôme de Dédé – figure du père, de l’amant, de l’homme, virilisé par l’image du cheval à la crinière blanche et luisante qu’il chevauche avec sa fille – plane de manière obsessionnelle. Il est celui qu’elles aiment éperdument, dont elles ne peuvent se détacher. Il appartient lui aussi à l’univers du Centre. On apprend également que Bouboule a une relation avec le mari de sa patronne, qu’ils ont tous les deux décidé de liquider. Condamné pour vol, viol et meurtre, il se déshabille dans les bars. Pourtant il tourne de l’œil à la vue du sang, et Bouboule est obligée de prendre les choses en main pour arriver à ses fins. Les deux femmes sont complètement dépendantes des hommes, pour qui elles montrent une soumission malgré la souffrance qu’elles endurent. Pourtant, Puce rêve encore de sa famille réunie (« Nous tous qui respirons profondément… la rencontre dans un champ de camomille en fleurs… ») et incite sa fille à trouver un homme qui prendra soin d’elle.

– Les éléments extérieurs, et en particulier sonores, jouent un rôle fondamental dans la compréhension de l’histoire. Comment envisagez-vous de traiter ce hors-champ ?
Avec Julien Fezans, ingénieur du son, nous travaillons sur une dispersion des sources de diffusion, et sur leur vibration. La résonance de fréquences proches du son blanc permet de charger l’espace de manière presque imperceptible, et augmente la sensation du vide quand le silence tout d’un coup envahit l’espace. Le son de la radio provient d’un point bien précis, mais qui peut aussi envahir l’espace en étant diffusé également à la face. Les sons produits par les voisins seront soit enregistrés et diffusés au-dessus des spectateurs, soit produits en direct derrière le public.
Le miroir, vers lequel Puce est sans cesse attirée mais où elle n’a pas le droit de se regarder, est aussi un endroit où elles s’abandonnent. Un micro caché permettra au public d’amplifier l’intimité de la confidence, comme si le personnage chuchotait à l’oreille du spectateur. Le rideau qui cache le cagibi sera le principal élément scénographique, avec le fauteuil et le lavabo. Son agrandissement met en valeur toute la part cachée, absente, le voile de la vérité qui ne peut être déchiré impunément.


Asja Srnec Todorović. Née en 1967 est auteur dramatique, metteur en scène, scénariste, romancière, vit et travaille à Zagreb (Croatie). Ses pièces sont lues, mises en ondes et jouées tant en Croatie, où elle a monté ses propres textes au théâtre ITD (Zagreb), qu’à l’étranger (Royaume-Uni, France, Allemagne). Elle a reçu le prix de la meilleure pièce radiophonique de la BBC (1997), le prix Marulić (1992), et le prix du président de l’université de Zagreb (1988). En 2000, elle reçoit le prix du Meilleur texte dramatique au Festival International du Théâtre de Chambre d’Umag pour la version originale d’Effleurement. Ses autres pièces traduites en français sont : Mariages morts (Les Solitaires intempestifs, 1998), Bienvenue aux délices du gel et Respire ! (Éditions l’Espace d’un instant, 2008), ainsi que Failles et Compte à rebours (textes non publiés). Un extrait de Respire ! figure dans Une parade de cirque – anthologie des écritures théâtrales contemporaines de Croatie, réalisé sous la direction de Nataša Govedić. Mariages morts a été mis en scène au Théâtre National de Bretagne en 1994 par Christian Colin, puis mis en lecture par Stanislas Nordey au Théâtre Gérard Philippe en 1998. Bienvenue aux Délices du Gel a été présenté au Festival Regards croisés de Grenoble en 2005 et diffusé sur France Culture. Respire ! a été lu au Festival Regards croisés (2006) et mis en scène par Dominique Dolmieu (2014). Failles a été créé par Miloš Lazin, dans le festival Nous n’irons pas à Avignon 2009.

Clara Chabalier. Formée à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes, elle intègre en 2012 le deuxième cycle du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Elle joue notamment sous la direction de Jean-François Peyret (Re:Walden), Roméo Castellucci (Four Season’s Restaurant), Pauline Bourse (Voyage au Bout de la Nuit), César Vayssié (Un Film Évènement)… Elle créée en 2009 la compagnie les ex-citants, qui devient en 2015 la compagnie Pétrole, en hommage au livre inachevé de Pier Paolo Pasolini. Sa première création, Calderón de Pier Paolo Pasolini, a été programmée notamment au Festival Théâtre en Mai (CDN Dijon-Bourgogne). Elle créée ensuite Autoportrait en se basant sur les démarches photographiques de Cindy Sherman, Robert Mapplethorpe, Francesca Woodman et Edouard Levé (Théâtre de Vanves, Théâtre les Ateliers – Lyon). Une performance dérivée de ce spectacle est présentée à Ancone (Italie) pour la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de Méditerranée. Elle est invitée à intervenir dans des écoles d’acteurs : l’EDT91 (Par les villages de Peter Handke, 2012) et l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (Effleurement d’Asja Srnec Todorovic, 2014). Elle travaille avec des amateurs en partenariat avec le Théâtre de la Cité Internationale et le Théâtre des Amandiers – Nanterre. Elle réalise également des performances, des installations sonores et des documentaires radiophoniques.

Caroline Darchen. Formée à l’École du Studio d’Asnières avec Jean-Louis Martin-Barbaz et à l’École Internationale de Théâtre Jacques Lecoq. Au théâtre, elle joue dans les mises en scène de Sylvain Creuzevault (Le père tralalère, création collective d’ores et déjà), elle-même (Les Simone, Entre chien et loup), Damien Mongin ( A memoria perduda), Jeanne Candel (Le Goût du Faux et autres Chansons, Nous brûlons, Some kind of monster), Bénédicte Guichardon ( Les Vilains Petits, l’œuf et la Poule), Antoine Cegarra (Léonce et Léna de G.Büchner), Thomas Quillardet (le Repas de V.Novarina et Villégiature de Goldoni), Julie Deliquet (Amorphe, La noce de B.Brecht), Karine Tabet (Auschwitz et après… une connaissance inutile de Charlotte Delbo, Mort accidentelle d’un anarchiste de Dario Fo), Lionel Gonzalez (Le Médecin malgré lui de Molière, Escurial de Michel de Ghelderode, Sganarelle ou le cocu imaginaire de Molière).

Pauline Jambet. En 2007, elle obtient son master de philosophie de l’Art à la Sorbonne puis intègre l’École Régionale d’Acteurs de Cannes où elle suit l’enseignement entre autres de Catherine Marnas, Gildas Milin, Nadia Vonderheyden et s’initie à diverses disciplines telles que le clown, la marionnette ou le Krump. Depuis la fin de son cursus en 2010, elle a joué dans J’ai 20 ans, qu’est-ce qui m’attend ? mise en scène par Cécile Backès à Théâtre Ouvert, avant de travailler comme comédienne et assistante à la mise en scène avec Catherine Marnas sur l’adaptation de Lignes de Faille (Théâtre de la Passerelle-Gap-, Théâtre National de Strasbourg…) et Cécile Backès sur Requiem.
En 2012, elle joue le Futur dans le spectacle de Théo Mercier, Du futur faisons table rase. Elle participe aussi régulièrement à des fictions radiophoniques pour France Culture et France Inter, ainsi qu’à de nombreuses lectures (Paris en toutes Lettres, les Correspondances de Manosque, la Société des Gens De Lettres…).
Elle travaille avec Clara Chabalier sur les spectacles Autoportrait et Blasted [Anéantis].

Jean-Baptiste Née. Scénographe, peintre et plasticien, après une Hypokhâgne option cinéma au Lycée de Sèvres il intègre l’Académie Charpentier où il s’initie aux Beaux-arts. Il est diplômé des Arts-Décoratifs de Paris en 2012, son mémoire, “Le Chemin du Regard”, s’intéresse au parcours de l’œil dans les images et dans l’espace. Jean-Baptiste Née travaille pour les expositions (A.Hollan) et le théâtre (S. Seide), réalise des installations parallèlement à son travail pictural centré sur le motif de la montagne. Les différentes pratiques se font écho et se nourrissent mutuellement.

Philippe Gladieux. Sa recherche s’inscrit dans un espace résolument organique où les percepts du corps sont à la naissance du jeu. Il collabore avec le groupe T’chang (Didier-George Gabily), et créée l’outil shape dans le cadre d’un accueil au Théâtre de la Bastille sur la recherche d’un procédé d’interprétation de l’organicité en lumière. Il collabore régulièrement avec les chorégraphes Fabrice Lambert (Topo, Im-posture, Solaire, Nervures), Caterina et Carlotta Sagna (Heil Tanz!, Basso Ostinato, Exercices Spirituels, P.O.M.P.E.I… Tourlourou, Ad Vitam, Nuda Vita et Bal en Chine), Yves-Noël Genod (Chic by Accident, Je m’occupe de vous personnellement, Un petit peu de Zelda), Olga de Soto (Débords), François Chaignaud (ДУМИ МОЇ).
Avec Clara Chabalier, il compose les lumières d’Autoportrait et Blasted [Anéantis].

Julien Fezans. Après des études en image et son à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, il travaille à l’Université du Québec à Montréal aux côtés de Daniel Courville afin de créer des outils permettant de traiter le format ambisonique. Il travaille ensuite en tant que chef opérateur et assistant son en fiction et documentaire. Parallèlement il participe à différents projets en tant qu’ingénieur du son ou créateur son, tout d’abord pour le théâtre, aux côtés d’Elzbiéta Jeznach – Miettes de spectacles, Judith Depaule – Mabel Octobre, Jacques Dor – Désordre alphabétique, Noelle Keruzoré – Dellie Compagnie, Sarah Oppenheim – Le Bal Rebondissant, Katia Ponomareva – L’ Ensemble à Nouveau, puis pour la radio avec le festival Longueur d’Ondes de Brest et au sein de l’équipe de 37.2, émission diffusée sur Radio Campus Paris. En 2011, il participe au groupe de recherche Gangplank, regroupant techniciens lumière, son, vidéo, musiciens, chorégraphes, metteurs en scène autour des interactions de la technologie et de la dramaturgie dans nos pratiques de fabrication scénique, soutenue par les Laboratoires d’Aubervillers. Avec Clara Chabalier, ils mennent une expérimentation sur la technique binaurale dans le projet G., ils réalisent des interviews d’artistes pour le spectacle Autoportrait dont ils offrent une forme radiophonique intitulée Portrait Of Something I’ll Never Really See (Radio Campus). Il créée également le dispositif sonore de Blasted [Anéantis].

// Actualités récentes //
Clara Chabalier a travaillé à l’ENSAD (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier) avec les élèves de la 18eme promotion à la mise en scène du  LE VOYAGE D’HIVER d’Elfriede Jelinek. Les présentations se sont déroulées les 21 et 22 janvier dernier.
Elle vient également tout juste de participer au Festival JT16. Y créer CASSANDRE MATÉRIAUX à La Commune d’Aubervilliers (présentations les samedi 13 février et dimanche 14 février).
Vous pouvez suivre enfin l’actualité de la compagnie Pétrole


 

 

 

 

Lazare, Petits contes d’amour et d’obscurité

Petits contes

 

en co-programmation aver le CENTQUATRE-PARIS, au Studio-Théâtre

mardi 7 juin à 20h30
mercredi 8 juin à 20h30
jeudi 9 juin à 20h30
vendredi 10 juin à 20h30
lundi 13 juin à 20h30
mardi 14 juin à 20h30
mercredi 15 juin à 20h30
jeudi 16 juin à 20h30

PETITS CONTES D’AMOUR ET D’OBSCURITÉ

écriture et mise en scène Lazare
lumière Sonny Zouania
son Loïc Le Roux
régie générale du Studio-Théâtre Pierre-Damien Crosson
administration Olivia Bussy pour  la Gestion des Spectacles /Les 2 Bureaux
diffusion Jérôme Broggini

remerciement à Bruno Brinas

avec Anne Baudoux, Laurie Bellanca, Axel Bogousslavsky, Laurent Cazanave, Julien Lacroix, Claire Nouteau, Philippe Smith et Florent Vintrigner (musicien)

production Vita Nova ; coproduction  Théâtre National de Bretagne / Rennes, Théâtre Liberté / Toulon, le Granit / Scène nationale de Belfort, Théâtre des Bernardines / Marseille, Comédie de Saint-Étienne, le Grand T / théâtre de Loire-Atlantique ; coproduction de la reprise Studio-Théâtre de Vitry, CENTQUATRE-PARIS ; avec le soutien de H.A.S. Claire Lacombe / Marseillele Bois de l’Aune / Aix-en Provence ; le Studio-Théâtre de Vitry et le CENTQUATRE-PARIS sont partenaires pour l’accueil d’équipes artistiques en résidence de création

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« L’état amoureux transforme toute notre perception. Il est une porte ouverte aux émotions sourdes et indicibles, un passage du quotidien au merveilleux. C’est à l’instant du trouble que nous cherchons à définir notre réel. Au fond de nos peurs, tout fait semblant de se tenir droit alors qu’en réalité nous ne sommes qu’une chute perpétuelle. L’éclat du jour est devenu aussi étrange que le tumulte de la nuit. »

Petits contes d’amour et d’obscurité, dernière création de Lazare, présente la texture d’un puzzle dont les éléments en désordre animent un foisonnement luxuriant. Constitué de deux pièces, Les Illisibles et Quelqu’un est Marie, ce spectacle brasse un matériau composite en proximité télépathique avec le surréalisme, le cinéma, le théâtre de Feydeau, l’enfance, et où domine l’impulsion du sentiment amoureux.

Lazare est auteur et metteur en scène d’une œuvre dont la fantaisie débridée, proche de l’art brut, se joue des codes de représentation. Petits contes d’amour et d’obscurité, sa dernière création, brasse un matériau composite en amitié – avec le surréalisme, le théâtre de Feydeau, le cinéma, l’enfance – où domine l’impulsion du sentiment amoureux. À l’écoute du fourmillement du monde, cette parole rythmée allegretto traverse le corps des acteurs et leur donne une énergie vitale.

Petits contes...
© Hélène Bozzi


Entretien avec Lazare

Je vous ai rencontré la première fois au Théâtre de Gennevilliers pour le spectacle de Rabah Robert, et pour moi ce fut un véritable choc. D’où vient votre écriture, d’où vient votre langue ? On dit que vous êtes improvisateur, pourtant vos textes sont très écrits. Sont-ils écrits avant ou après l’expérience du plateau ?
Enfant et adolescent, j’avais beaucoup de mal à écrire, une impossibilité d’écrire. Mais là où c’est le plus empêché, ça pousse le mieux. Il y a des manques, et on sait des choses à notre insu, ça part
de là. Mon écriture vient d’improvisations, de surgissements de rêves, de croisements de personnes, d’éléments disparates qui n’ont d’abord rien à voir les uns avec les autres. Les différences provoquent le désir du croisement. Je rencontre des personnages dans la vie réelle ensuite je les rêve ou alors c’est l’inverse. Ma langue est faite du mouvement même de leur vie. Dans un songe je leur ai arraché le cœur et je le fais vibrer dans l’oreille des acteurs. Cette écriture n’est finalement rien d’autre qu’une indisponibilité à accepter la fatalité et la brutalité d’un monde. Mon désir est de trouver un équilibre entre un langage quotidien, une prose plus élaborée et une écriture poétique très ouverte. Que tout cela ne se juxtapose pas, mais se mélange. Ainsi, le fourmillement du monde est-il présent et concret sur le plateau.

Écrivez vous pour les acteurs ?
C’est une langue pour les acteurs. Elle part du corps. Celui qui porte la parole doit dire quelque chose au delà de ce qu’il profère… le langage derrière le langage, voilà les vrais enjeux de l’écriture portée par les acteurs… la vie est sur le plateau. Ce qui me demande d’accepter entièrement l’acteur, sa personnalité, et de travailler avec. Pas de parole sans qu’il y ait le corps avant. Je demande au corps de l’acteur d’ouvrir des temps de l’ordre de l’imaginaire, de les ouvrir comme étant un espace habitable. Par exemple, je dis à l’acteur : « Maintenant, tu marches sur l’eau ». Ce qui m’intéresse, c’est qu’il marche sur l’eau, qu’il le fasse en temps réel avec nous, que ça passe par son corps tout en parlant d’autre chose. Dans Alice au pays des merveilles, Alice aide la reine à mettre un chandail et la reine dit : « Maintenant, je vais bientôt me piquer ». Elle pleure, elle crie : « Je saigne ! », elle ne s’est pas encore piquée. Et le corps rentre dans une espèce d’intensité sans qu’elle se soit piquée, et bien plus tard, parce qu’elle s’est excitée, elle se pique. Au théâtre comme dans cette scène d’Alice, le temps peut être devancé par une énergie. Le geste vient, et après on dit ce qui a eu lieu, on peut jouer avec le temps, le changer, le déformer, le sceller. La question du temps est souvent posée dans ce théâtre-là : temps d’existence, temps des mémoires, temps du maintenant, temps impossible. Le temps impossible est lié au temps du rêve ou à des choses qui ne devraient pas être là, mais se trouvent là. Dans Au pied du mur sans porte, Loula morte d’une overdose ne devrait pas être là, mais elle est là avec un corps, un corps que Libellule a créé, une vision de Libellule. Ce qui m’intéresse, c’est de rentrer dans des temps de perceptions. Dans mes pièces, les personnages sont des ensembles, ils ressemblent à une page d’écriture où tout est déjà presque déterminé par des mouvements. Est-ce que, finalement, ce sont des monologues ? Je ne crois pas. Ils tissent un terrain ensemble, les corps donnent l’espace dans leur enjeu à eux, leur enjeu personnel d’acteur et de personnage. Ce à quoi j’aspire, c’est de travailler sur du temps réel. La fiction naît du corps, le réel est tissé de fiction. C’est parce que mon corps rentre dans un endroit précis, ou une forme ou un mouvement, que se crée de nouveau du réel.

Vous travaillez avec une équipe qui porte avec vous cette envie de dire à l’unisson toute la complexité d’un monde. Toute sa violence et toute sa poésie aussi. Qui sont-ils ? Vous accompagnent-ils depuis longtemps?
Je travaille depuis plusieurs années entouré d’une constellation de personnalités très différentes les unes des autres. Une bande très soudée, cosmopolite, mélangeant les générations, issue d’aventures artistiques très fortes et très différentes les unes des autres. Mourad Musset, un des chanteurs de la rue Kétanou qui a reçu une formation au Théâtre du Fil et qui connaît mieux les codes de la rue et du spectacle musical que ceux de l’art dramatique ; Axel Bogousslavski, l’acteur pour qui Marguerite Duras a fait une adaptation cinématographique de  La pluie d’été  ; Anne Baudoux, actrice qui depuis huit ans assiste à la naissance des textes, des premières improvisations jusqu’à l’édition ; Benjamin Colin, poète, musicien, inventeur avec qui j’ai créé il y a huit ans   Les chambres de hasard , un duo d’improvisations, Julien Lacroix, acteur et danseur qui partage sa vie d’artiste entre le collectif de Quark, Toméo Verges et moi, est un compagnon de la première heure ; Marion Faure, chorégraphe, qui m’accompagne dans le dessin du geste pendant toutes les répétitions. Pour les petits contes…, il y aura des nouveaux venus, Laurent Cazanave, jeune acteur révélé par Claude Régy dans  Brumes de Dieu  ; certains du groupe ne seront pas parmi nous pour ces premiers Petits contes… et d’autres qui étaient partis vers d’autres aventures reviendront, dont Philippe Smith, acteur, notre premier Libellule…. Cette équipe se retrouve autour du poème, chacun y apporte sa dissemblance, son champ, sa manière d’entendre le texte, c’est vraiment ce qu’on peut appeler une compagnie de théâtre. Des gens avec qui je chemine, j’écris en pensant à eux.

Votre compagnie s’appelle Vita Nova, depuis quand l’avez-vous créée ?
Officiellement en juin 2006, quand le Centre National du Livre m’a soutenu pour que je poursuive l’écriture de  Passé – je ne sais où, qui revient . Mais ça faisait déjà plusieurs années que le chantier était ouvert, et des travaux avaient vu le jour, beaucoup d’improvisations en duo avec des musiciens. Dés 1999, j’étais alors jeune ouvreur au Théâtre Gérard Philippe à Saint Denis, et j’y avais présenté  Orsime et Faïence , ma première pièce. Dans votre trilogie, l’espace de jeu est un espace de tréteaux, presque rien, un arbre qui bouge dans un pot, une table, des couleurs et des lumières assez crues. Une esthétique pas raffinée, pas en dentelles, mais bruyante. Comment dessinez-vous ces espaces de jeu et avec qui ? Au départ de notre aventure de compagnie, avec les moyens du bord, c’est à dire, pas grand chose, les acteurs étant quasiment mes uniques coproducteurs. Marguerite Bordat, scénographe et plasticienne, nous a rejoint assez vite, et petit à petit m’a aidé à structurer dans l’espace mes visions, mes intuitions, avec très peu de moyens. Nous avons beaucoup répété à la Fonderie, au Mans, le berceau du Théâtre du Radeau, et un certain nombre d’objets, structures, panneaux et végétaux construits et récoltés par François Tanguy nous ont adoptés ou se sont incrustés dans notre travail. Pour les Petits contes d’amour et d’obscurité, je fais appel à Vincent Gadras, constructeur et scénographe, compagnon de longue date de François Verret. Pour situer Les Illisibles, ainsi que Quelqu’un est Marie j’imagine un espace miroitant et réfléchissant, comme la pensée, minéral. Des grandes vitres, des matériaux transparents, miroirs déformants, tout ça pour dédoubler l’espace et le temps. Pouvoir donner place à cet ailleurs de la pensée, à des reflets déformants de notre réel, à notre subjectivité et notre imaginaire. Puis d’un seul coup toutes choses disparaissent derrière des voiles noirs, et la présence de l’être-là au monde, en face de nous, dans un récit et une adresse directe au spectateur.

Dans la trilogie, les personnages sont les membres d’une même famille, la mère, Ouria, Libellule, à l’esprit d’enfant, les soeurs, Ouistiti, Faïence, le père, absent. Les retrouvera-t-on dans cette prochaine pièce ?
Non, cette trilogie a représenté six années de travail. Une gigantesque toile d’araignée tissée sur les silences de l’histoire. Aujourd’hui je laisse reposer cette épopée et je passe à autre chose.

 

propos recueillis par Daniel Migairou et Magalie Olivier



Lazare est né 1975 à Fontenay aux Roses. Il suit une formation d’acteur au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire de l’enfance) de 1995 à 1996, puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 dirigé par Stanislas Nordey. Il a franchi un jour les portes du Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis. Depuis, il n’a plus quitté les salles et les plateaux, écrivant ses premières pièces et multipliant les rencontres avec des metteurs en scène tels François Tanguy, Claude Régy ou Stanislas Nordey qui l’invite à rejoindre l’École du Théâtre National de Bretagne. Auteur dès son adolescence, improvisateur dans les lieux publics, il devient acteur et metteur en scène avant de créer, en 2006, sa compagnie Vita Nova, dont le nom est une référence à la Divine Comédie de Dante. Il écrit et met en scène un triptyque. Passé – je ne sais où, qui revient, créée au Théâtre L’Échangeur à Bagnolet, en 2009, reprises Aux Ateliers Berthiers – Théâtre de l’Odéon pour le Festival Impatience, en juin 2010, puis en tournée en 2011. Au pied du mur sans porte Créée au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010, reprise au Festival d’Avignon In en 2013. Le texte figure au palmarès des cinq finalistes du grand prix de l’œuvre dramatique 2011 décerné par le Centre National du Théâtre. La création de la pièce a reçu le soutien de Beaumarchais- SACD. Rabah Robert (touche ailleurs que là où tu es né) créée au Festival Mettre en scène au Théâtre National de Bretagne à Rennes en novembre 2012, puis repris ensuite au T2G en février 2014, puis enfin en tournée. Parallèlement à son travail d’écriture et de mise en scène il fait de nombreuses improvisations, accompagné de musiciens au Festival La voix est libre au théâtre des Bouffes du Nord, de 2005 à 2009, avec entre autres, Balaké Sissoko, Jean François Pauvros, Benjamin Colin. Résident à la Fondation Royaumont en 2008, il participe à la tournée franco Malienne Du griot au slameur, de mai à décembre 2008. Il joue sous la direction du chorégraphe Josef Nadj dans le Sherry Brandy (2011), et des metteurs en scène Stanislas Nordey, Pascal Kisrch, Claude merlin, Ivan Stanev. Il dirige des ateliers d’écriture par l’improvisation. En 2012, il accompagne pendant trois mois l’atelier d’écriture hebdomadaire du T2G. En 2014, la classe de Terminale pro en plasturgie du Lycée Galilée à Gennevilliers.

Anne Baudoux est comédienne. Depuis 2008, elle participe à l’aventure artistique de Lazare et joue dans toutes les pièces du triptyque (Passé- je ne sais où qui revient/ Au pied du mur sans porte/ Rabah Robert). Sortie du Conservatoire national de région d’art dramatique à Rennes en 1989. Elle a joué au théâtre sous la direction des metteurs en scène : Marie Christine Soma (Les vagues de V.Woolf), Thierry Roisin (Woyzeck de Georg Büchner, Manque de Sarah Kane, L’Émission de télévision de Michel Vinaver), Didier Bezace (Une femme sans importance d’Alan Bennett, Grand-Peur et misère du IIIe Reich et La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht;) et des auteurs Jean-Paul Queïnnec (Les tigres maritimes), Sophie Renauld (Hantés, Exercices et échauffements pour princesses au chômage). Au cinéma et à la télévision, elle joue entre autre sous la direction de : Fabrice Gobert et Frédéric Mermoud, Thomas Vincent, Antoine de Caunes, Nicolas Klotz, Philippe Bérenger, Edwin Baily, Elisa Mantin, Hervé Balais. Entre 2009 et 2012, elle est conseillère pédagogique à l’École du Théâtre national de Bretagne
dirigée par Stanislas Nordey. En 2013, elle participe à la création du Théâtre du Radeau : Passim, à la Fonderie, au Mans.

Axel Bogousslavski. Acteur depuis plus de trente ans dans de nombreux spectacles de Claude Régy. Au cinéma, il est Ernesto dans « Les enfants » de Marguerite Duras. Il a tourné dans de nombreux films dont la liste s’est égarée… (En 2008 Adieu de Arnaud De La Pallière).

Laurent Cazanave. Il commence le théâtre à l’âge de 5 ans en 1993 avec Karin Catala et Les Enfants de la Comédie. En 2006 admis à l’École du TNB à Rennes. Depuis sa sortie en 2009 il joue avec S. Nordey, J. C. Saïs, R. Fichet, C. Letailleur, T. Bouvet, C.Bergon, S. Valensi, E. De Dadelsen, A. Preljocaj et Claude Régy. Il tourne également dans des courts métrages et dans « EDEN » réalisé par Mia Hansen-Love. En 2011 il est nominé au Molière du jeune talent masculin pour son rôle dans  Brume de Dieu de T. Vesaas mis en scène par Claude Régy. En Parallèle il crée sa compagnie La Passée  avec laquelle il monte  Tes yeux se voilent  extrait de sa pièce  4 saisons  qui a reçu les encouragements du CNT. La Passée est désormais en compagnonnage avec les Ateliers contemporains de Claude Régy. Il continue son travail d’écriture et est membre de LAMA collectif d’auteurs dirigé par R. Fichet.

Laurie Bellanca. Née en 1982 à Avignon, Laurie Bellanca est diplômée du Conservatoire National de Région de Marseille (musique) et d’une licence en philosophie et musicologie, elle rejoint en 2000 les Bancs Publics (Marseille) puis développe ensuite sa propre recherche (Les Hivernales d’ Avignon/2002). Elle participe depuis à plusieurs créations et laboratoires en tant qu’interprète ou créatrice sonore auprès de différentes compagnies (Adrien Mondot, Veronica Vallecillo, Hervé Diasnas, Yoann Bourgeois, Vincent Thomasset, Annie Abrahams, Maya Boquet). En 2007 elle est invitée à l’ École des beaux arts d’ Avignon (ESAA) comme artiste en résidence et créé avec les étudiants Contre-Clichés , mémoires du corps adolescent. Elle dessine dans les mêmes murs, le Foyer du spectateur, scénographie d’ un lieu de halte pour le public du festival in d’ Avignon en 2008 puis initie en 2009 un collectif de jeunes artistes et chercheurs ; Kom.post* (ICI /Berlin, La Chartreuse /Villeneuve-Les-Avignon, le 104/ Paris, Musée Bénaki / Athènes, Biennale de Moscou, Transmediale / Berlin, Reims Scènes d’ Europe / Reims, La Gaîté Lyrique/ Paris). Articulant pratique et théorie elle intervient régulièrement aux beaux-arts de Grenoble (ESAG) d’Avignon (ESAA) et de Poitiers (EESI) tout en continuant de développer les projets collaboratifs au sein de kom.post (REadWithUs, La Fabrique du Commun). Depuis 2012 elle expérimente plus particulièrement le médium radiophonique (Je n’ai qu’un toit du ciel, vous aurez de la place, Cnes / Paris , L’occupation des Ondes, La Panacée / Montpellier , Sonosphères / La Gaîté Lyrique, Ville- Mondes / France Culture).

Julien Lacroix est metteur en scène, interprète, dramaturge. Au théâtre il joue dans les trois créations de Lazare. Il est membre du collectif De Quark dont le spectacle La Fête de Spiro Scimone tourne toujours (l’Échangeur–Bagnolet, 104, Théâtre de Vanves …) et  Barbecues est créée en 2015. Il travaille aussi avec Laurence Mayor, Florence Giorgetti, Jacques Vincey, Patrick Haggiag, François Wastiaux, Robert Cantarella… Il danse pour Toméo Verges dans Anatomia Publica (2012-2013) ainsi que dans la prochaine création Troubles du rythme. Il crée trois performances En vacance au Musée des Abattoirs à Toulouse ainsi que dernièrement Fassbinderologie avec le romancier Alban Lefranc (Festival Hors- limites, Correspondances de Manosque..). Et Julian et Julien avec le comédien Julian Eggerickx au Palais de Tokyo en 2014. Il performe aussi avec Tomeo Verges (French Chicken au Palais de Tokyo), Robert Cantarella (au 104, à la Nuit Blanche, Faire le Gilles à la Ménagerie de verre). Il met en scène au Théâtre de Vanves un texte de Werner Schwab Excédent de poids; insignifiant : amorphe. Il joue au cinéma pour Nicolas Klotz, Renaud Cohen, Pierre Duculot, Eric Veniard, Jalil Lespert.

Philippe Smith. Après une formation à l’école du Théâtre National de Strasbourg, il travaille au théâtre, notamment sous la direction de Yann-Joël Collin, dans Violences de Didier Georges Gabily (Festival d’Avignon) ; Stéphane Braunschweig dans Tout est bien qui finit bien de William Shakespeare (Théâtre de la Cité Universitaire) ; Jacques Vincey, dans Le Belvédère d’Odön von Horvath (Théâtre de Gennevilliers) ; Laurence Mayor, dans Le Chemin de Damas d’August Strindberg (Cirque d’Elbeuf) ; Daniel Jeanneteau, dans Adam et Eve de Mikhaïl Boulgakov (Théâtre Gérard Phillipe) ; Lazare dans Passé je ne sais où qui revient (Théâtre de l’Échangeur-Bagnolet); Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, dans Ciseaux, papier, caillou de Daniel Keene (Théâtre National de la Colline) ; JF Auguste dans La Tragédie du Vengeur de Thomas Middleton (Ferme du Buisson) ; Guillaume Vincent dans Second Woman  (Bouffes du Nord) ; R. Vontobel dans Dans la Jungle des Villes de B. Brecht (Théâtre National de la Colline) ; Marc Lainé et les Moriarty dans Memories from the Missing Room (Théâtre de la Bastille); Mathieu Cruciani dans
Moby Dick, de H.Melville (Comédie de St Étienne).

Claire Nouteau. Acrobate, aérienne sur corde lisse. Après quatre années de formation à l’académie Fratellini en 2008, elle crée avec d’autres artistes de cirque, la Compagnie Mesdemoiselles, ainsi qu’un lieu d’accueil et de création à coté de Saumur. Son travail sur la corde est un voyage dans l’instant présent, une danse verticale en apesanteur.

Yohann Pisiou a grandi en Guadeloupe, puis a fini son lycée en Normandie. Comédien formé à la Compagnie Maritime (Pierre Castagné) à Montpellier et à l’ERAC. Au théâtre, il joue sous la direction d’Anne Alvaro et David Lescot, Jean Pierre Vincent, Laetitia Guédon, Brigitte Barilley et Lazare.

 


Au Pied du mur sans porte a été présenté du 7 avril au 17 avril dernier au Théâtre des Abbesses à Paris.

Les précédents projets de Lazare présentés au Studio-Théâtre
Du 19 au 22 février 2010
Au Pied du mur sans porte
Du 18 au 20 décembre 2012
Rabah Robert, Touche ailleurs que là où tu es né

© Hélène Bozzi

Michel Cerda, LA SOURCE DES SAINTS, John Millington Synge

chemin-de-pierre-ombre

© Erik Prunier

En partenariat avec le Théâtre Jean-Vilar, nous retrouvons Michel Cerda pour la découverte d’un texte peu connu de l’auteur irlandais John Millington Synge, dans une version française de l’auteure Noëlle Renaude.
Dans une terre désolée, – presque – abandonnée de Dieu, un couple d’aveugles est rendu à la communauté des villageois par miracle ; cet « enchantement » éclaire avec une ironie féroce le destin poignant des humbles.
Synge, cet homme « enraciné à en perdre les mots » comme le dit son ami le poète Yeats, attiré pour les « pays », chants et langues de la culture paysanne traditionnelle irlandaise, nous secoue et nous surprend dans ce conte plein d’une virulente malice.
Tel le soc de la charrue qui retourne terre et cailloux, la langue épaisse et rugueuse de Synge révèle un certain nombre de questions. Qu’est-ce que voir ? Quelle image a-t-on de soi ? Faut-il souscrire à la vision dominante, majoritaire, convenue, pour se frayer un chemin dans la vie et inventer sa part de bonheur ? Quelle valeur peut avoir aujourd’hui un sacré qui prétend corriger le monde ?

au Studio-Théâtre du vendredi 13 au mardi 17 janvier 2017 à 20h30 excepté  le dimanche à 16h
RÉSERVATION 01 46 81 75 50

LA SOURCE DES SAINTS

texte John Millington Synge
texte français Noëlle Renaude (éditions Théâtrales)
mise en scène Michel Cerda

avec Anne Alvaro, Yann Boudaud, Chloé Chevalier, Christophe Vandevelde, Arthur Verret
et la participation de Silvia Circu

scénographie Olivier Brichet
lumière Marie-Christine Soma assistée de Diane Guérin
son et régie son Arnaud De la Celle
costumes Olga Karpinsky
collaboration artistique, Charles Dubois (bruiteur)
assistanat à la mise en scène Silvia Circu
régie générale Florent Gallier
administration de production Sophie-Danièle Godo

production déléguée Compagnie Le Vardaman / Paris ; coproductions Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar de Vitry
le spectacle est soutenu par le Ministère de la culture et de la communication – DRAC Ile de France, ARCADI Ile de France, le Jeune Théâtre National, l’ADAMI et LA SPEDIDAM

Logo Jean-Vilar

À l’occasion de la création du spectacle, le texte est publié aux éditions Théâtrales.

autres représentations :
du mercredi 25 janvier au jeudi 2 février 2017 au Théâtre de la Commune – CDN d’ Aubervilliers
du mardi 7 février au vendredi 10 février 2017 au Théâtre de Dijon Bourgogne – CDN


UNE PIECE QUI REFUSE LE MAGIQUE

Cette pièce ne veut pas des marchands de bonheur, de charlatans, de Saints ni de prestidigitateurs qui veulent rendre invisible le visible !

Au contraire cette pièce donne une force et une puissance aux hommes : même démunis – pauvres et aveugles – les personnages de Synge ne sont pas pour autant anéantis, il ont toutes les ressources pour inventer leurs réels et toutes les projections nécessaires à construire leurs utopies.

Martin et Mary sont aveugles. Pauvres. Affreux. Mendient au croisement des routes. On leur a dit pour rire, qu’ils sont beaux. Ils s’aiment peut-être. En tout cas ils parlent, ça occupe leur vie. Mais le forgeron Timmy vient leur annoncer la nouvelle : un vrai saint du bon Dieu passant par-là va leur faire voir les beautés du monde, grâce aux vertus d’une eau sacrée. Le Saint guérit d’abord Martin puis voilà Mary guérie à son tour : ils voient leur laideur réciproque, leur misère, s’insultent, se battent. Et se quittent. Mais la cécité reviendra…


 

Ils sont aveugles. Pauvres. Affreux. Mendient au croisement des routes.

On leur a dit, pour rire, qu’ils sont beaux. Ils s’aiment peut-être. En tout cas ils parlent, ça occupe leur vie. Mais le forgeron, Timmy, vient leur annoncer la nouvelle : un vrai saint du bon Dieu passant par là va leur faire voir les beautés du monde grâce aux vertus d’une eau sacrée. Le saint guérit d’abord Martin : et Martin, dans l’ivresse du miracle, se trompe de femme. Il prend la merveilleuse Molly Byrne pour l’affreuse Mary. Voilà Mary guérie à son tour : ils voient leur laideur réciproque, leur misère, s’insultent, se battent. Et se quittent.

Le Saint reparti vaquer à ses actions pieuses, Martin est engagé comme commis à la forge. Il fait un temps de glace. La vie de voyant est rude, quand il faut travailler pour son pain. Quand Timmy est aussi rude que l’air. Quand il annonce que le Saint va revenir. Qu’il va lui demander de le marier à Molly Byrne. Et que Mary n’y voit déjà plus, et que les ténèbres guettent de nouveau Martin. Et que Martin tente de faire croire à Molly qu’elle doit partir avec lui. Tant qu’il y voit encore. On le chasse.

Les revoilà l’un et l’autre, Martin et Mary, aveugles, pauvres, affreux et le sachant, mendiant au croisement des routes.

Ils s’aiment peut-être de nouveau. En tout cas ils parlent comme avant, ça occupe leur vie. Mais ils entendent la cloche du saint de retour chez eux, tentent d’échapper à la guérison ultime, n’y arrivent pas, sont repris par la populace rigolarde ; Mary va accepter une nouvelle vue, Martin se révolte, puis feint d’accepter, puis renverse l’eau sacrée. Harcelés par les gens, maudits, ils s’en vont, aveugles et pauvres, tous deux par les chemins trempés vers les villes du sud où Martin voulait emmener Molly.

Noëlle Renaude


John Millington Synge (16 avril 1871 – 24 mars 1909)
Synge, fut dramaturge, prosateur et poète, l’un des principaux artisans du Celtic Revival mouvement littéraire formé pour redonner vie à la culture irlandaise. Il est l’un des fondateurs du Théâtre de l’Abbaye, à Dublin.

D’origine protestante, il s’est surtout intéressé au monde des paysans catholiques de son pays, chez lesquels il croyait retrouver le vieux fond culturel païen de l’Irlande. La première représentation de sa pièce la plus célèbre, Le Baladin du monde occidental, provoqua des émeutes à Dublin en 1907.

Synge fréquenta des écoles privées de Dublin et étudia la théorie de la musique ainsi que plusieurs instruments au Royal Irish Academy of Music. Il étudia l’irlandais et l’hébreu au Trinity College, où il obtint sa licence en 1892. Il lut également Darwin et s’intéressa à la vieille civilisation irlandaise, particulièrement aux îles d’Aran. En 1893, il publie son premier poème fortement influencé par William Wordsworth. L’époque de sa lecture de Darwin fut aussi une époque de crise spirituelle, et il renia la religion protestante dans laquelle il avait été élevé.

Après sa licence, Synge décida de devenir musicien professionnel et se rendit en Allemagne pour y compléter sa formation. Il séjourna à Coblence et à Würzburg. Cependant, éprouvant de cruelles difficultés à jouer en public, et doutant de ses capacités, il rentra en Irlande en en juin 1894. En janvier de l’année suivante, il partit pour Paris afin d’étudier les langues et la littérature à la Sorbonne.

La même année, de retour à Paris, il rencontre William Butler Yeats, qui l’incita à aller vivre un moment dans les îles d’Aran. À Paris, il fut également quelque temps du cercle de Maud Gonne, mais s’en dissocia bientôt. Il publia bon nombre de critiques et de poèmes de style décadent dans la revue Irlande libre de Gonne. Il assista aussi à des conférences à la Sorbonne par l’éminent spécialiste des questions celtiques Henri d’Arbois de Jubainville. En 1897, il eut sa première attaque due à la maladie de Hodgkin.

Il exprime l’idée que, sous le catholicisme apparent des paysans et des pêcheurs des îles d’Aran peut se retrouver un vieux fond de paganisme. L’expérience des Aran forme la base de la plupart de ses pièces.

Michel Cerda met en scène des pièces depuis 1986, date à laquelle il monte Tandis que j’agonise de W. Faulkner. Son répertoire est large, il met aussi bien en scène en 1987 Kleist ou la mort d’un poète – correspondance de Kleist, en 1989 La Double inconstance de Marivaux, en 1991 Mademoiselle Rose ou le langage des fleurs de Garcia Lorca. Il privilégie dans son parcours les écritures contemporaines et monte en 1995 Nuit bleue au coeur de l’Ouest de James Stock.
Durant sa résidence au Théâtre Gérard Philipe (Saint André les Vergers/Troyes) en région Champagne Ardenne, il s’intéresse tout particulièrement aux auteurs comme Serge Valletti, Eugène Durif, et Noëlle Renaude dont il monte les textes. En 1999, il crée le spectacle La Douce Léna, texte de Gertrude Stein. En 2000 il met en scène le texte de François Morel Les Habits du dimanche. En 2002, pour continuer son travail sur les auteurs contemporains, il crée le spectacle Maison du peuple, texte de Eugène Durif au Théâtre du Muselet, partenaire de la compagnie. Il diversifie en tant que metteur en scène ses collaborations artistiques en travaillant avec la compagnie de cirque Baro d’Evel sur le spectacle Bechtout ; avec Sylvie Louche, artiste Lyrique pour le cabaret lyrique Embrasse-moi beaucoup et avec la structure Opening Night sur le texte Monstre(s) de Yann Allégret, À coups de Bec avec la compagnie Nushka. Sur la saison 2004/2005 il participe à la manifestation Festivalletti où il présente deux textes de Serge Valletti à la MC2 de Grenoble puis au Théâtre 71 de Malakoff. Il met en scène également l’actrice Ariane Ascaride dans un texte intitulé Pour Bobby écrit par Serge Valletti. Ce spectacle a été créé en novembre 2004 à la MC2 de Grenoble puis repris au Théâtre de l’Est Parisien en décembre 2004. De 2009 à 2012, sa compagnie est en résidence au Forum/Scène conventionnée du Blanc-Mesnil où ses dernières créations sont présentées : Et pourtant ce silence ne pouvait être vide, de Jean Magnan, crée le 8 octobre 2008 au TNS ; In- fluences en collaboration avec Thierry Collet, crée en novembre 2009. Il s’intéresse également à la formation de l’acteur et est intervenu notamment au TNS, au Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne et à la Femis. Il a enseigné de 2010 à 2016 au Département des arts du spectacle de l’Université Paris Ouest-Nanterre La Défense, et enseigne actuellement à l’Université de Aix Marseille, en qualité de maître de conférence associé en Arts du spectacle.

Anne Alvaro, actrice de théâtre et de cinéma depuis 1970. Au théâtre elle a travaillé régulièrement entre autres avec Denis Llorca , André Engel , Georges Lavaudant et Giorgio Corsetti pour lequel elle obtient le Molière de la meilleure actrice en 2009 dans Cri. Elle s’aventure également sur des projets plus fragiles et rencontre des metteurs d’une autre génération comme Gérard Watkins, Patrick Pineau ou Claire Lasne. Au cinéma elle a travaillé avec des réalisateurs d’horizon très différents tels que Andrzej Wajda, Raoul Ruiz, Romain Goupil, Noémie Lvovsky, Sébastien Jaudeau.  Elle obtient le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1999 Le goût des autres d’Agnès Jaoui. En 2010, elle sera récompensée par le même César pour Le bruit des glaçons de Bertrand Blier. En 2016 elle travaille avec Roland Auzet qui monte Dans la solitude des champs de coton  de Bernard Marie Koltes, première fois que cette pièce est jouée par un duo féminin, l’accompagne au plateau Audrey Bonnet. Retrouvailles avec Michel Cerda pour La source des saints qui l’avait déjà dirigé en 2008 dans Et pourtant ce silence ne pouvait être vide de Jean Magnan.

Yann Boudaud commence sa formation de comédien au Conservatoire de Rennes, la poursuit à l’École du Passage de Niels Arestrup et à Théâtre en Actes. Il travaille alors avec Dominique Valadié, Laurence Mayor, Jacques Lassalle et Lucien Marchal. En 1996 il rencontre Claude Régy à l’occasion d’un stage autour de Fernando Pessoa au Théâtre Vidy-Lausanne. De 1997 à 2011, il participe à toutes ses créations : La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck (TGP Saint-Denis), Holocauste de Charles Reznikoff (Théâtre National de la Colline, puis tournée en France), Quelqu’un va venir de Jon Fosse (Théâtre Nanterre Amandiers), Des couteaux dans les poules de David Harrower (Théâtre Nanterre Amandiers), Melancholia Théâtre de Jon Fosse (Théâtre National de la Colline, puis tournée), Carnet d’un disparu de Leos Janacek (France et Belgique). Il a aussi travaillé avec Marc François Hubert Colas, Laurence Mayor, Noël Casale. Actuellement il poursuit sa collaboration avec Claude Régy : il joue dans La barque le soir d’après Voguer de Tarjei Vesaas, créé en 2012 et repris en 2015 au Théâtre Nanterre Amandiers et en tournée européenne. Yann Boudaud est aussi l’acteur de la dernière création de Claude Régy Rêve et folie de Georg Trakl, (créé en 2016 et repris prochainement).

Chloé Chevalier obtient en 2004 le Diplôme d’Etudes Théâtrales du Conservatoire d’art dramatique du Grand Avignon sous la direction de Pascal Papini et Eric Jakobiak. Elle écrit et joue En attendant les beaux jours ou une tragédie du bonheur. Elle joue dans L’Opéra de Quat’ sous de B. Brecht, mis en scène par Pascal Papini. En 2005, elle intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de la ville de Paris avec comme professeurs, entre autres, Dominique Valadié, Andrzej Seweryn, Daniel Mesguich et Caroline Marcadé… Elle est diplômée du CNSAD en 2008. En 2009, elle joue dans Sainte Jeanne des abattoirs de B. Brecht, mis en scène par Bernard Sobel, puis dans Baal, du même auteur, mis en scène par Jean-François Matignon. Elle joue ensuite dans Pylade de Pier Paolo Pasolini, mis en scène par Damien Houssier. Avec la compagnie du Hasard Objectif, elle joue dans Les deux nobles cousins de Shakespeare, et dans Théâtre à la campagne de David Lescot, mis en scène par Sara Llorca. Elle travaille avec la compagnie Kobal’t. Elle joue dans T.D.M 3 de Didier Georges Gabily sous la direction de Mathieu Boisliveau et récemment dans le Misanthrope de Molière, sous la direction de Thibault Perrenoud. En 2017, elle jouera dans la prochaine création de la compagnie : la Mouette d’Anton Tchekhov. Elle rejoint la compagnie de Brigitte Jacques Wajeman pour une reprise de rôle dans Sophonisbe et la mort de Pompée de Corneille. Elle joue Molly, monologue adapté du dernier chapitre d’Ulysse de James Joyce, mis en scène par Pascal Papini.

Christophe Vandevelde, formé au CNSAD, est acteur de théâtre et de cinéma depuis 1993. Il a travaillé régulièrement au théâtre avec entre autre Jean-Marie Patte, David Lescot, Georges Lavaudant et Patrick Pineau avec, qui en 2016, il participe à L’art de la comédie de Eduardo de Filipo. Il accompagne beaucoup de premiers courts métrages comme récemment Première nuit  de Sylvain Certain. On le voit régulièrement au cinéma, notamment sa dernière apparition dans le film de Julie Delpy, Lolo.

Arthur Verret, formé au CNSAD de Paris de 2012 à 2015, il suit des cours de théâtre depuis 2009 et pratique la musique de longue date. En 2011 il joue dans Je suis un Monstre sur cette terre magnifique d’après les Brigands de Schiller. En 2012 dans Fragments d’un pays lointain de Jean Luc Lagarce mise en scène par Jean-Pierre Garnier et Prix Olga Horstig 2012, mise en scène par Pétronille de Saint-Rapt. En 2013 Europeana, une brève histoire du 20ème siècle de Patrick Ourednik, mis en scène par Raouf Rais. En 2016  Le misanthrope(s), portraits d’Alceste d’après Molière, mis en scène par Alexis Moati et Pierre Laneyrie (Cie Vol Plané). 2 autres projets sont en cours sur l’année 2017. L’abattage rituel de Gorge Mastromas de Dennis Kelly, mis en scène par Chloé Dabert et le Déluge sans animaux,  mis en scène par Sandrine Righeschi (Cie Demeter).

 

 

 

 

 

 

 

L’art du théâtre, Julien Bouffier /Pascal Rambert

Vignette site Bouffier

© Marc Ginot


Le Studio-Théâtre et le Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine sont associés depuis septembre 2015 pour le soutien et l’accompagnement de jeunes compagnies. L’ART DU THÉÂTRE est le deuxième spectacle que nous présentons dans ce cadre, et nous sommes heureux d’accueillir Julien Bouffier avec ce court texte de Pascal Rambert. Déclaration d’amour pour un théâtre vivant et violent, affranchi de tout jeu social, L’art du théâtre n’est pas sans rappeler, selon Julien Bouffier, les fulgurances romantiques du Lorenzaccio d’Alfred de Musset…

vendredi 11 décembre 20h30
samedi 12 décembre 20h30
dimanche 13 décembre 17h30
au STUDIO-THÉÂTRE

L’ART DU THÉÂTRE

de Pascal Rambert publié aux Éditions les Solitaires Intempestifs
mise en scène Julien Bouffier
avec Alex Selmane et Alex Jacob
scénographie Emmanuelle Debeusscher et Julien Bouffier
création musicale Alex Jacob
vidéo Julien Bouffier
lumières Christophe Mazet
chargée de production Nathalie Carcenac
chargée de diffusion Claire Fournié

durée 50 minutes – à partir de 14 ans – création 2015

production Compagnie Adesso e sempre, co-programmation Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar
ce spectacle a reçu lors de sa création le soutien de Réseau en scène Languedoc-Roussillon et de la Spedidam.
remerciements à Domaine d’O, hTh CDN Montpellier, La Salle 3.
la Compagnie Adesso e Sempre est subventionnée par le Ministère de la Culture -DRAC L-R, la Région Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier.

logo theatre jean vilar vitry-noir

lecture de Répétition, texte de Pascal Rambert lors de la présentation de saison du Théâtre Jean-Vilar, juin 2015

Un manifeste

PASCAL RAMBERT : « L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
ALFRED DE MUSSET : « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge. »

Pascal Rambert écrit une vraie fausse leçon de théâtre que donnerait un acteur à un chien. Pourquoi un chien ? Évidemment des expressions de théâtre nous reviennent : « Quel cabot cet acteur ! » et on connaît le pouvoir d’un animal sur un plateau, il aimante tous les regards. Il ne joue pas, il est juste là, ici et maintenant. Alors qui donne la leçon à qui ? Qui se confie sur la difficulté de renouveler chaque jour une présence du premier jour, du premier instant ?
Qui demande à l’autre de l’attention ? Qui est le chien ? Y-a-t-il seulement un chien ?
Cet acteur est loin d’être un débutant. Il a beaucoup joué mais ne se reconnaît plus dans la pratique dominante de son métier. Est-ce son aigreur qui alimente son ironie ou est-il le seul à percevoir que le théâtre est malade ?
Alfred de Musset, au XIXème siècle, établit le même constat et décide de ne plus écrire du théâtre pour la scène. Son Lorenzaccio, en particulier, refuse les règles de la représentation théâtrale comme celles de la société. Des extraits sont joués par les deux interprètes autant pour leur valeur de miroir que de mise en jeu pour l’acteur de Rambert. Ainsi, nous avons une figure démultipliée allant du dandy romantique à celui contemporain « Rambertien ».


Une déclaration d’amour

Cet acteur intransigeant utilise l’insolence pour mieux déployer sa quête d’absolu. La cible qu’il vise est plus large que celle du théâtre. Ou plutôt est-ce la portée qu’on assigne au Théâtre qui est plus étendue ? Le Théâtre qu’il défend est avant tout amour. Ce n’est pas un art de classe ni un plaisir onaniste. Jouer est un acte charnel.
« L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
L’acteur de Pascal Rambert fait une déclaration d’amour au théâtre et au public. On oublierait même qu’il est acteur. Il nous apparaît comme un amant. Un amant délaissé. Cet amant malheureux dialogue avec un chien pour mieux encore percevoir sa solitude face au « meilleur ami de l’homme ». Le chien ne lui répondra pas, il le sait. Cette déclaration d’amour n’attend pas de réponse.

Un théâtre adressé

Une des premières questions que je remets en jeu à chaque projet, est, comment cette fois-ci, s’adresse-t-on au public ? Elle décide bien évidemment de la théâtralité que nous allons choisir. Elle est souvent l’enjeu pour moi de mon rapport à la tradition et donc à la modernité. La projection de la voix au théâtre empêche le plus souvent mon imaginaire de fonctionner. Quand je suis spectateur au théâtre, je peux parfois l’oublier  mais, en ce qui concerne mes spectacles, non. Très attaché au schéma d’identification produit par le cinéma, depuis de nombreuses années, je cherche mon chemin entre un théâtre sensible, onirique et une théâtralité assumée nous faisant basculer  à la réflexion le par choc de l’émotion.
La présence de la voix amplifiée permet à l’acteur de n’exister que dans l’engagement physique. Le corps de l’acteur est ainsi bien présent et le filtre de la voix amplifiée brise la distance du cadre de scène.
Je voudrais expérimenter aujourd’hui le rapport traditionnel de perception de la voix. Une voix, un corps qui nous regarde. Une frontalité assumée, sans masque qui éloigne tout spectaculaire. Je suis à la recherche d’un théâtre qui s’adresse à chacun de nous, sensible, introspectif et émancipateur.
Avec l’acteur Alex Selmane, nous avons déjà traversé ensemble l’œuvre de Pascal Rambert (il était le Pascal du Début de l’A en 2003). Sa présence de chien fou exhale tout à la fois une violence sourde et une mélancolie désarmante.

Entre surexposition et invisibilité

Face au public, un rectangle blanc de la taille d’un cercueil posé au sol au centre du plateau. Une boîte-écran de cinquante centimètres de profondeur d’où dépasse à son sommet de la terre, du charbon. Du lointain, des planches conduisent jusqu’au toit de ce monolithe blanc de plus d’un mètre de haut.
De cet espace en noir et blanc, passant de la lumière crue des néons à la noirceur de la pénombre, nous assistons au procédé photographique du développement, de la révélation chimique, mais le sujet est instable et l’image, difficile à fixer. L’acteur est toujours en déséquilibre, cherche le cadre, en quête d’appui dans un espace précaire.
Alex Jacob, chanteur et guitariste du Skeleton Band, l’accompagne dans le jeu. Cet autre, habité par les mêmes doutes, n’est pas un double. Il est plutôt sa mise en abîme.
Parfois l’acteur et le musicien interprètent ensemble des extraits de Lorenzaccio, ils associent leur solitude pour retrouver le sens de leur fonction, de leur rôle. La figure péremptoire de Lorenzo oscille entre une ironie très proche du personnage de l’Art du Théâtre et la dénonciation de la société dans laquelle il évolue.
À « L’art du théâtre se transmet dans le sang. (…) Prends-moi mon sang. Avale mon sang. Rentre-toi mon sang dans toi. Refile le sang que je t’ai donné à un autre.» que prône l’acteur de Rambert, Musset, par la bouche de Lorenzo lui répond « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge ».
La superposition des deux œuvres, leur noirceur commune, cette animalité, leur sens de la provocation  révèlent le romantisme de l’écriture de Rambert dans une fougue revigorante.
Alex Jacob nourrit le spectacle de son rock de fête foraine à la fois mystérieux et cabossé. Sa guitare électrique et son chant amplifié se confrontent à la voix nue d’Alex Selmane dans un combat où chacun provoque l’autre dans ses retranchements.

Des images carbonisées

Sur le plateau, une caméra filme l’acteur nous le donnant à voir alors qu’il nous est caché. Il connaît sa présence et il joue avec. C’est son métier de jouer avec les cadres. Cette caméra est fixe et offre un angle interdit au public, celui du lointain, de l’oubli de l’acteur, de son repli.
S’ajoutent des images filmées antérieurement qui figurent le rapport aux éléments, qui relient les corps des interprètes en représentation (et donc fictionnels), à la nature, à la sève du réel.
Cette image est très contrastée, en noir et blanc aussi. Elle a le grain d’une photographie sous exposée, charbonneuse, floue. Cette image consumée, carbonisée parle du feu passé, de nos entrailles, de nos motivations, de nos racines.


Julien Bouffier dirige la compagnie Adesso e sempre depuis sa création en 1991 en Languedoc-Roussillon. Comédien et metteur en scène, il a été formé par Jean-Michel Winling, Philippe Girard, Redjep Mitrovitsa et Yves Steinmetz. Depuis 1991, il a monté Angèle Box de Durringer, Squatt de Jean-Pierre Milovanoff, Suerte de Claude Lucas, Narcisse Autobiographie – commandée à Bernard Pingaud, Joseph Danan, Jean-Marc Lanteri, Hernani de Victor Hugo, La nuit je mens inspirée de l’œuvre de Sophie Calle, Le Début de l’A. de Pascal Rambert, Nos Nuits américaines, diptyque sur la désillusion du rêve américain (1ère partie : L’Échange de Paul Claudel, 2ème partie : Remember the Misfits), Perlino Comment de Fabrice Melquiot, Les Yeux rouges de Dominique Féret. En 1997, il se consacre à Suerte de Claude Lucas qui obtient le prix de la jeune création au Festival d’Alès. C’est ce spectacle « peep-show » qui le distinguera, au-delà de la région Languedoc- Roussillon. L’état reconnaît son travail et signe une convention avec la compagnie, qui est accueillie dans le même temps par la Scène nationale de Sète jusqu’en 2004. En 2007, la compagnie entre en résidence pour trois années au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier Languedoc- Roussillon. En 2007 et 2008, il y crée Les Vivants et les Morts (saison 1 et saison 2) de Gérard Mordillat. En mars 2009, il lance la première édition du festival Hybrides dans le cadre de la résidence de la compagnie au théâtre des Treize Vents, CDN de
Montpellier L-R. Dix lieux montpelliérains s’associent à cette première édition, La Chartreuse / CNES à Villeneuve-lès-Avignon, Kawenga, le Théâtre de l’Université Paul Valéry, le Crous / Trioletto de Montpellier, l’École supérieure d’art dramatique de Montpellier Agglomération, le Frac Languedoc-Roussillon, le Rockstore, le Diagonal, la Chapelle, la Fnac de
Montpellier. En avril 2013, le festival Hybrides est à sa cinquième édition, et rassemble douze lieux et onze organismes partenaires et institutionnels de Montpellier et son Agglomération. En octobre 2009, Julien Bouffier crée Hiroshima mon amour de Marguerite Duras au théâtre des Treize Vents, CDN de Montpellier L-R. En janvier 2011, il crée Costa Le Rouge, d’après le texte de Sylvain Levey dans cinq théâtres du Val-de-Marne. En janvier 2010, la Compagnie entre en résidence au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier pour deux années. En mars 2011, dans le cadre du festival Hybrides 3, il crée MANIFESTEment à Montpellier, la première partie d’une pièce en trois volets Les Témoins qui s’est jouée en octobre 2012 au théâtre Jean-Vilar de Montpellier. La compagnie est également en compagnonnage avec le théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine depuis 2009. Le travail développé est axé sur le monde du travail en adéquation avec le projet du lieu. En 2013, la résidence longue au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier s’achève. La même année, Julien Bouffier crée Le jour où j’ai acheté ton mépris au Virgin Megastore en région parisienne : à L’Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay, et au théâtre Jean-Vilar de Vitry. La sixième édition du festival Hybrides, du 9 au 19 avril 2014, s’est inscrite dans le cadre de la plénière du réseau IETM à Montpellier ; elle a rassemblé neuf lieux partenaires de la Ville.

Alex Selmane, se forme auprès de Philippe Adrien, Daniel Mesguich et Philippe Duclos. Acteur professionnel depuis 1983. Alex Selmane a travaillé avec : – Jean-Marc Bourg dans Richard II de Shakespeare (1995), Casimir et Caroline d’Odon Von Horvath, Antigone de Sophocle (1998), Pas bouger d’Emmanuel Darley (2000) puis L’Entrée des musiciens de Michaël Glück et Cendres sur les mains de Laurent Gaudé (2001), Six hommes grimpent sur la colline de Gilles Granouillet (2004) – Julien Bouffier dans Trilogie Joseph Danan (1996), Le Début de l’A. de Pascal Rambert (2002) – Patrik Haggiag dans Le Chant des chants (1996), La Trilogie de la villégiature de Goldoni (2007) – Gilbert Rouvière dans la trilogie Dormir, mourir, rêver peut-être d’après Copi, Shakespeare et Christine Angot (1996), Mon royaume pour un canal de Guy Vassal (1998) – Dag Jeanneret dans Au bout du comptoir, la mer, monologue de Serge Valetti (1997), Cendres de cailloux de Daniel Danis (2000) – Jean-Claude Fall dans Les Trois Sœurs de Tchekhov (2000), La Décision et Mauser de Bertolt Brecht et Heiner Muller (2002), Richard III et Le Roi Lear de Shakespeare (2008) – Michel Belletante dans L’Autre, monologue de Brahim Bendhari (2003) – Pierre Astrié dans Hôtel Sinclair (2004) et Fou de la Reine (2007) dont il est l’auteur – Guy Delamotte dans La Terre aux oliviers ! Écrire la Palestine (laboratoire théâtral) de Philippe Ducros et Mohamed Kacimi (2005), Plus loin que loin de Zinnie Harris (2006), L’Affiche de Philippe Ducros (2009), Tristesse animal noir d’Anja Hilling (2014) – Nicolas Oton dans Platonov de Tchekov (2010) – Fredéric Roustand et Christophe Lombard dans King A., opéra des champs de Purcell (2010) – Luc Sabot dans Le Pays lointain de Jean-Luc Lagarce (2012) – Patrick Sueur dans Monsieur Le d’Emmanuel Darley (2012) – en collaboration artistique avec Michel Quidu dans Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier (2013), monologue/projet personnel. En 2000, commande d’écriture à Emmanuel Darley de Qui va là ?, monologue joué à domicile de 2001 à 2003. Mises en scène de La Pièce du scirocco de Jean-Loup Rivière et diverses mises en espace.

Alex Jacob est né en 1986, il a suivi des études théâtrales à l’université Paul Valéry ainsi qu’au Conservatoire d’art dramatique de Montpellier. Il obtient un Master Arts du Spectacle Théâtre. Il s’intéresse durant ces années à la musique et fonde en 2007 Le Skeleton Band. Il chante, joue de la guitare et du banjo. Son univers musical navigue entre le blues, le bastringue et le rock’n’roll. On y entend des élans cinématographiques et des humeurs de musique latine. Depuis la sortie de son premier album, Preacher Blues, le groupe tourne très régulièrement en France et en Europe. Leur deuxième disque, Bella Mascarade, a eu une reconnaissance de leurs pairs (Printemps de Bourges, Chaînon manquant). La Castagne, sorti en avril 2014, a reçu un bel accueil de la part des publics et des critiques. Le Skeleton Band a composé de nombreuses bandes-son pour le théâtre, la radio ou le cinéma. En 2012, le groupe a participé à un spectacle d’Adesso e sempre, Épreuves. Aujourd’hui, Alex Jacob poursuit la création musicale avec son groupe, en France ou à l’étranger, avec un désir de confronter ses chansons aux publics.

Emmanuelle Debeusscher, scénographe, constructrice, régisseur  plateau, est membre fondateur de la compagnie Adesso e sempre. Conçoit et réalise la plupart des décors des
mises en scène de Julien Bouffier depuis 1994, dont quatre d’entre eux avec le soutien de l’atelier de construction du Centre dramatique national / théâtre des Treize Vents. Elle poursuit un travail régulier avec la chorégraphe Hélène Cathala depuis 2002. Assiste Gillone Brun et Julien Bureau, scénographes de Jean-Marc Bourg En une quinzaine d’années, elle crée des espaces ou des éléments de plateau pour Marc Baylet, Yann Lheureux, Fabrice Ramalingom, Claire Le Michel, Florence Saul, Fabrice Andrivon, Christophe Laluque, Frédéric Borie, Lonely Circus, Anna Delbos Zamore, Claire Engel. Aujourd’hui, elle engage un travail avec Hélène Soulié, Mitia Fedotenko, et bientôt Vanessa Liautey. En 2010 et 2012, elle intervient à la faculté Paul Valéry de Montpellier, auprès de Licence 3 et Licence 2 pour mener un atelier de pratiques scénographique. Récemment, elle a participé à l’élaboration d’une pièce en trois dimensions du peintre André Cervera, et à la mise en espace de l’exposition de Guillaume Robert, vidéaste-plasticien.

Christophe Mazet Concepteur Lumière, se consacre depuis vingt cinq années au travail de l’éclairage. À ses débuts, il collabore avec de nombreuses formations musicales avec lesquelles il crée les lumières et part exercer sa profession dans différents continents comme l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Dix années au cours desquelles il enrichit son expérience artistique et professionnelle avec des groupes musicaux tels que Rinôcèrose, Digitalis’m, The shoes, Superfunk, Souad Massi, Les Négresses vertes, Dimoné, Enzo Enzo, Le grand David, Regg’lyss, The Chase, Lunatic Age, Les Acrobates, Roé, Denis Fournier, Laurent Montagne, Pascal Corriu… ainsi qu’une trentaine d’autres formations. Son approche singulière de la lumière l’amène au théâtre, où il collabore avec Julien Bouffier depuis 2002 en résidence au Centre dramatique national des Treize Vents (Montpellier). Il travaille aussi avec Jacques Allaire et la Scène nationale de Sète depuis 2003, ainsi qu’avec les metteurs en scène tels que Jean-Marc Bourg, Bela Czuppon, Bernadette Bindaude, Yves Gourmelon, Alain Béhar, Gilbert Rouvière, Claire Engel, Flavio Polizzy, Lucas Franceschi… En danse, il signe la création lumière du spectacle de Mathilde Monnier Rino in Dance au Zénith de Montpellier en septembre 2007. En Août 2009, il crée la société MB Conceptlight spécialisée dans l’éclairage architectural et muséographique. Ce qui lui permet de signer en septembre 2009, la mise en lumière du Grand Palais (Paris) pour l’événement La Nuit Electro. Son travail depuis toujours s’attache à trouver la lumière juste pour chaque projet, celle qui donne du sens.

La compagnie Adesso e sempre est née dans la tête de dix lycéens sortis des cours de théâtre des comédiens d’Antoine Vitez au lycée Molière à Paris, il y a plus de 20 ans. Après la représentation de leur première création à Clermontl’Hérault, ils font le pari de s’installer dans l’Hérault pour éprouver plus simplement leur rapport au public. Après six ans de résidence à la Scène nationale de Sète, la compagnie, dirigée par Julien Bouffier, est associée au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier L-R, pendant trois ans puis au théâtre Jean Vilar de Montpellier pendant deux ans et en compagnonnage avec le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine pendant quatre ans. Pour suivre l’actualité de la compagnie Adesso e sempre.

Presse

— Bruno Paternot, dans Inferno Entretien : Julien Bouffier, voyage à l’intérieur

— Jean-Marie Dinh dans La Marseillaise Un souffle pour dire

— L’Humanité
Pascal Rambert se joue de l’art du théâtre comme de celui de la fugue. Par
son refus du théâtre avec un « T » majuscule, celui qui s’abreuve de
conventions, il défend un théâtre nourri de la respiration et de la chair
du présent.
Dans un dispositif scénique ciselé comme un diamant noir, Alex Selmane,
l’acteur, et Alex Jacob, le chanteur/ guitariste du groupe de rock Le
Skeleton Band, engagent leur souffle et leur corps et déclarent leur
passion du vivant, du théâtre et de l’amour.

« (…) Alex Selmane est touchant, dévoilant avec pudeur force et
fragilité. À ses côtés, Alex Jacob se révèle au il des accords dissonants.
Son allure mystérieuse donne chair à un personnage virtuel. »

 

Le Kabuki derrière la porte

© JP Estournet

© Philippe Domengie

Par le prisme du Kabuki, Gaël Baron et Laurent Ziserman fouillent, creusent l’essence de ce qu’est pour eux le travail de l’acteur en convoquant, non sans humour, leurs souvenirs de comédiens et le rêve qu’ils se font de cet art lointain et fantasmé. Nous sommes heureux de les accueillir en résidence pour la re-création de ce spectacle drôle et surprenant. Les représentations auront lieu au Studio-Théâtre du jeudi 19 au dimanche 22 novembre.


jeudi 19 novembre à 20h30
vendredi 20 novembre à 20h30
samedi 21 novembre à 20h30
dimanche 22 novembre 16h

Le Kabuki derrière la porte

direction artistique, création et jeu Gaël Baron / Laurent Ziserman
regard et direction d’acteur Julie Denisse
travail du corps Jérôme d’Orso
scénographie Emmanuel Clolus / Laurent Ziserman
lumière Diane Guérin
son Isabelle Surel
vidéo Philippe Domengie
régisseur général Fabrice Duhamel
administration et production Pauline Barascou La table verte productions

coproduction 3BisF / Aix-en-Provence, La Criée / Théâtre National de Marseille, Le Merlan / Scène Nationale de Marseille, du CNCDC Châteauvallon et du Pôle des Arts de la Scène-Friche de la Belle de Mai / Marseille ; coproduction de la reprise Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien et l’accompagnement du Bois de l’Aune / Aix-en-Provence ; avec l’aide du JTN / Jeune Théâtre National ; sous le patronage du Consulat Général du Japon à Marseille et du mécénat Bastide Médical à Nîmes ; la compagnie Panier-Piano est soutenue par le Ministère de la Culture – DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Région PACA

pour suivre l’actualité de la compagnie Panier-Piano
et sur facebook la table verte productions


Krystian Lupa dit que la vie d’un artiste dure 20 ans. Et que s’il veut continuer à pratiquer son métier il lui faut renaître. Il n’a pas d’autre choix pour rester un créateur, rester en vie. Cela fait un peu plus de 20 ans que Gaël Baron et moi sommes comédiens de théâtre. Comment continuer, c’est à dire comment renaître si l’on croit, comme nous le faisons tous deux, en la formule de Lupa ? En repartant à la source, en questionnant notre désir pour le théâtre, pour l’art de l’acteur. Et ceci de façon profonde et ludique. Que cela puisse entièrement se partager avec le public. Que cela soit du jeu, l’objet même d’un spectacle. Et aussi en le faisant seuls. De même qu’un musicien ou un danseur a besoin à certains moments de son développement personnel de se confronter au solo, nous ressentons la nécessité de travailler cette fois-ci sans metteur en scène, l’un à côté de l’autre, l’un en face de l’autre. Deux acteurs seuls sur un plateau avec, au centre, la question brûlante du jeu. Un questionnement très intime donc. Alors pourquoi le Japon? Pourquoi le Kabuki ? Parce que si l’on creuse en nous pour atteindre le noyau de notre amour du théâtre, de notre désir d’être comédiens, de notre goût pour le jeu, on en revient tous deux aux chocs esthétiques de Kabukis vus en France, aux films de Kurosawa, de Mizogushi, d’Ozu, à l’intensité spécifique aux grands acteurs japonais. Nous allons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Au tout début du XXeme siècle, deux acteurs de Kabuki ont quitté le Japon pour aller à la rencontre du théâtre européen. Ils se sont frottés au naturalisme, ont vu jouer Ibsen, et sont revenus dans leur pays, ensemençant leur grande tradition théâtrale avec ce qu’ils avaient découvert de la modernité. Nous proposons le voyage dans l’autre sens, mais un voyage intérieur : depuis nos enveloppes d’acteurs occidentaux vers le corps d’acteurs de Kabuki. Et ceci à vue, sous le regard des spectateurs rendus complices de cette métamorphose. Dans le Kabuki, l’acteur est roi. Il répond à lui seul à toutes les attentes du public, tout repose sur l’art de son jeu.

Laurent Ziserman


Mon plus ancien souvenir touchant le théâtre de KabuKi remonte à l’année 1889. J’avais dans les quatre ans et c’était au théâtre Nakamura, situé dans le secteur de Torikoé du parc d’AsaKusa. DanJûrô IchiKawa y interprétait « Nachi No taKi chiKai No Mongaku » (« le vœu de Mongaku à la cascade de Nachi »).

Tanizaki Junichiro Années d’enfance

Lorsque devant l’orient le spectateur occidental préserve une bénéfique dose d’ignorance et le comédien un juste pourcentage de désinvolture, il y a une chance pour que cet orient aide à féconder et non pas seulement à informer.

Paul Claudel Connaissance de l’Est


– À L’ORIGINE

En 1989, Gaël Baron et Laurent Ziserman se rencontrent dans la classe de Madeleine Marion, en première année du Conservatoire National Supérieur de Paris.
Ils passent beaucoup de temps à travailler ensemble et assouvissent leur soif commune de théâtre en allant voir de nombreux spectacles.
Ils sont frappés durablement par quelques mises en scène mémorables d’artistes étrangers (Ingmar Bergman, Luca Ronconi, Klaus-Michael Grüber, Deborah Warner, Lev Dodine…), des spectacles sur-titrés où le théâtre semble total : Eugène O’Neil joué en suédois avec Bibi Anderson, Peer Gynt interprété par un grand acteur italien, Labiche par de grands acteurs allemands… Les époques se mêlent, les langues se croisent, les cultures dialoguent sur la scène du théâtre-monde.
Au début des années 2000, Gaël et Laurent sont comédiens depuis plusieurs années, tous deux engagés dans des aventures de troupe qui les passionnent (Gaël Baron avec Stanislas Nordey au TGP, Laurent Ziserman avec Claire Lasne).

A cette époque une question occupe Laurent Ziserman : « À quoi ressemblerait un spectacle qui aurait pour seul sujet l’acteur, le jeu de l’acteur, l’art de l’acteur? ». Un spectacle dont l’acteur serait le centre, le roi. Une ode à l’acteur. Une fête du jeu. Non plus l’auteur ou le metteur en scène comme grands maîtres de la cérémonie, mais l’acteur seul, animant la scène par la seule force de son art et sa passion du jeu. Le projet murit au fil de quelques années. Le travail à mener n’a de sens qu’à deux, partagé, en dialogue. Il s’agit bien d’un projet sur l’altérité, l’autre, l’étranger.

Vingt années ont passé lorsque Laurent Ziserman propose à Gaël de le rejoindre. C’est le bon moment pour eux de confronter leurs deux pratiques singulières, leurs deux rêves de théâtre. Et ce que Laurent ignorait en lui racontant son projet, c’est la passion ancienne de Gaël pour le Kabuki, pour certains de ses très grands acteurs (Bando Tamasaburo et Kataoka Takao) qu’il avait eu la chance de voir jouer en France des années auparavant.

– L’ARGUMENT

Deux grands acteurs de Kabuki, Ichi et Onoé, ouvrent un soir les portes de leur théâtre pour prendre à témoin journalistes et spectateurs de leurs recherches : ils ont décidé d’aller à la rencontre de l’art occidental, de mêler le jazz européen à leurs danses traditionnelles, de jouer Molière sous leur maquillage de Kabuki, de faire dialoguer Shakespeare et la musique Gidayu. Chaque tentative porte en elle autant de réussites miraculeuses que d’échecs cuisants, l’équilibre de l’ensemble restant toujours précaire. Mais l’aiguillon du désir et l’esprit d’aventure sont pour eux de puissants moteurs…
Or il se trouve que ces deux acteurs japonais sont interprétés par deux acteurs bien occidentaux, qui eux-mêmes font sous nos yeux une plongée dans une des grandes formes du théâtre oriental, un voyage où ils abandonnent leur langue (Ichi et Onoé dialoguent en japonais, et ont quelques notions d’anglais), leurs visages, qui disparaissent sous les traits puissants des maquillages du Kabuki, jusqu’à leurs corps, soumis à des codes de jeu si étrangers à leur pratique habituelle.
Entraîner les spectateurs au bout de ce périple théâtral, en ignorant tout de son issue, voilà leur ambition.

– LE PROCESSUS DE CRÉATION

Nous avons souhaité écrire ce spectacle comme une variation, au sens musical du terme, ayant pour thème central le jeu de l’acteur.
Notre intuition, tout autant que notre goût profond pour l’art des acteurs japonais, nous a conduit vers le Kabuki, l’une des formes traditionnelles du théâtre japonais. Nous sommes donc partis de très loin, du plus lointain envisageable, nous présentant au public comme deux grandes vedettes du Kabuki.

De ce point de départ improbable, invraisemblable, hautement fantaisiste, mais nourri d’une passion et d’un goût véritables, nous tournons autour de notre thème comme des planètes affolées autour de leur soleil.
Nous prétendons être des maîtres dans un art ancestral extrêmement stylisé, à des lieues de nos codes de jeu occidentaux. Nous plongeons dans cet univers de formes, non pas pour en proposer une reconstitution ou un hommage, mais pour nous affranchir, par la fantaisie de ce voyage, de tout ce qui nous encombre bien souvent sur nos scènes: la psychologie, la construction du personnage, la dramaturgie héritée de notre âge classique, nos vieux débats esthétiques.

Les acteurs de Kabuki pratiquent la distanciation Brechtienne, mais comme le font les enfants quand ils jouent. Ils jouent à jouer, avec une conviction et un engagement inouïs.

Nous voulons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Nous nous exprimons dans une langue étrangère (ou plutôt nous feindrons de posséder cette langue : du jeu, encore), et si nous tentons d’aborder Molière ou Shakespeare, c’est en tant qu’acteurs japonais fascinés par le théâtre occidental. tout est donc jeu, fantaisie, inversion des miroirs, dialogue mutuel des cultures.

Pour ce qui est de l’esthétique du spectacle, nous souhaitons rendre compte de l’incroyable richesse de tous les éléments scéniques qui entrent en œuvre dans le Kabuki (décors, costumes, accessoires…), par des moyens volontairement pauvres, aisément repérables par un spectateur occidental.

Là encore il s’agit de fantaisie, de traduction, d’échos poétiques. Par un travail rigoureux, exigeant et ludique, nous cherchons à créer une illusion qui soit à la fois la plus belle possible, la plus convaincante, tout en ayant une dimension de drôlerie. Car le rire est aussi au cœur de ce voyage, où merveilles et catastrophes se mêlent certainement

– LE KABUKI DERRIÈRE LA PORTE, AU STUDIO-THÉÂTRE DE VITRY

Après trois résidences de recherche entre mai 2013 et février 2014, un mois de répétitions en janvier-février 2015 suivies de huit représentations à la Criée et au Bois de l’Aune, Gaël Baron et Laurent Ziserman repartent pour dix jours de travail au Studio-Théâtre de Vitry, du 8 au 18 novembre 2015.
Dès le départ, tous deux savaient que la forme singulière de cette proposition artistique, basée sur l’improvisation, demanderait toujours des ajustements plus ou moins importants.
Lors des premières représentations, la présence du public leur a permis de sentir ce qui participait pleinement de la rencontre, mais aussi ce qui pouvait la compliquer, la retarder, ou l’empêcher par moments.
Aussi n’ont-ils eu de cesse lors de la création, de remettre en jeu soir après soir leur façon d’entrer en scène, de se présenter au public, de commencer le récit.
Aujourd’hui, l’écriture est précise, arrêtée.
Reste à revenir à une forme plus artisanale, fragile, intime. La salle du Studio-Théâtre sera un espace idéal pour retrouver cette proximité avec les gens, cette qualité d’échange rêvée depuis le tout début. Une part importante du travail concernera la lumière, qui sera entièrement repensée dans cet esprit.

 


Kabuki B
© Philippe Domengie

GAËL BARON après des études initiées au conservatoire de région d’Angers, et au cour d’ateliers animés par Christian Rist, Jean Dautremay, ou Nelly Borgeaud, Gaël Baron devient élève, de 1989 à 1991, au conservatoire de Paris (classes de Madeleine Marion, Pierre Vial, Stuart Seide). Dès sa sortie du conservatoire, il entame un riche parcours avec Stanislas Nordey, avec qui il joue Pasolini, Koltès, Wyspianski, Lagarce, Schwab. Au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis il sera à deux reprises acteur permanent de la compagnie nordey, en 1992, puis en 1998. il joue aussi sous la direction de Stéphanie Loïk, Christian Rist, Claude Régy, Éric Didry (Boltansky interview), Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Antoine Caubet, Jean-Baptiste Sastre, Gérard Watkins (suivez-moi, et la tour de Gérard Watkins), Gislaine Drahy, Gilles Bouillon, Françoise Coupat, Jean-Michel Rivinoff, Daniel Jeanneteau (la sonate des spectres de Strinberg, et Anéantis de Sarah Kane), Jean-François Sivadier (la folle journée ou le mariage de figaro de Beaumarchais), Roland Auzet (Panama al brown)… Il participe à plusieurs spectacles pour le jeune public : la légende de siegfried, de S. Nordey ; Abou et Maïmouna dans la lune, mis en scène par Frédéric Fisbach ; Abou et Maïmouna à l’école, co-écrit avec Josée Schuller ; Même pas peur et facteur/sapin de Sarah Chaumette. en 2008, pour le festival d’Avignon, avec Valérie Dréville, Charlotte Clamens, J.f. Sivadier, et Nicolas Bouchaud, il a co-mis en scène et joué Partage de midi de Paul Claudel. il aussi mis en scène et joué Adieu, Institut Benjamenta…, un spectacle qu’il a créé d’après le roman de Robert Walser, l’Institut Benjamenta. À partir de 1999 il engage un travail suivi avec Bruno Meyssat et sa compagnie théâtres du shaman, et la saison 2011-2012 verra la reprise des deux dernières créations auxquelles il a participé: Observer, et Le Monde extérieur. en 2012-2013, il a joué dans : Un ennemi du peuple d’Ibsen, mis en scène par Guillaume Gatteau, 15%, de Bruno Meyssat, et Lost (replay), écrit et mis en scène par Gérard Watkins. en novembre 2014, il crée Apollo de Bruno Meyssat à la Mc2-grenoble, et en décembre 2014 la nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès mis en scène par Jean-Michel Rivinoff.

LAURENT ZISERMAN après une formation à l’école de la rue blanche (Marcel Bozonnet) et au conservatoire de paris jusqu’en 1991 (Madeleine Marion, Stuart Seide), il commence à travailler au théâtre avec Marcel Bozonnet (Scènes de la grande pauvreté de Sylvie Péju), Jean-louis Jacopin (Joko fête son anniversaire de Roland Topor), Bérangère Bonvoisin (le salon transfiguré de Philippe Clévenot), Jacques Nichet (le magicien prodigieux de Calderòn de la Barca), Mario Gonzales (Caliban dans La tempête de Shakespeare). Il participe ensuite à des aventures d’équipe. Trois étés à hérisson avec Jean-Paul Wenzel et la nombreuse troupe d’acteurs conviés à ces « vacances studieuses ». Cinq spectacles avec Gilberte Tsaï, pour la plupart construits autour de textes de Jean-Christophe Bailly. enfin, le parcours aux côtés de Claire Lasne Darcueil, depuis les premiers spectacles de la compagnie les acharnés: Les acharnés et Les nouveaux bâtisseurs de Mohamed Rouabhi, Ivanov de Tchekhov (tous ces spectacles joués au Théâtre Paris-Villette), jusqu’à l’aventure des « printemps chapiteau » qui a réuni, pendant une dizaine de saisons, une équipe fidèle d’acteurs et de techniciens, des villages du Poitou-Charentes au festival d’Avignon (Sganarelle dans Don Juan de Molière, L’homme des bois de Tchekhov, Joyeux anniversaire de Claire Lasne Darcueil). D’autres rencontres essentielles : Alain Enjary et Arlette Bonnard (animaux, suivis d’autres animaux), et François Cervantes croisé sur le plateau d’Ivanov. en 2004, François Cervantes écrit pour lui Jamais avant, une pièce de théâtre en appartement jouée près de 200 fois depuis sa création. depuis, il travaille en étroite collaboration avec l’entreprise-compagnie François Cervantes. il joue dans une île (2008), le dernier quatuor d’un homme sourd (2009), la distance qui nous sépare (2012), et carnages (2013). ces dernières saisons, il a joué aussi dans: dans la compagnie des hommes d’Edward Bond, mis en scène par Sélim Alik (création La Criée 2011), et Désir de théâtre, un spectacle de Claire Lasne Darcueil (rencontres d’Alloue 2012). Enfin, il a participé aux deux chantiers de recherche dirigés par Krystian Lupa (le corps rêvant en 2012, et l’élan intérieur en 2014).

JULIE DENISSE avant de se destiner au théâtre, elle tourne de nombreuses années avec le cirque bidon, où elle est, tour à tour : accordéoniste, contorsionniste, trapéziste. elle pratique aussi la voltige à cheval et le clown avec le cirque en déroute. ensuite elle entame une formation de comédienne, d’abord à l’école de la rue blanche, puis au conservatoire national supérieur d’art dramatique de paris dont elle sort en 1998. Elle travaille au théâtre avec, notamment : François Wastiaux (Paparazzi), Michel Didym (Le langue à langue des chiens de roche), Jacques Bonnafé (Comme des malades), Julie Bérès (Poudre), Victor Gauthier-Martin (Ambulance, la cuisine, ailleurs tout près), Gildas Milin (Anthropozoo), Julie Brochen (Hanjo, Oncle vania, Penthésilée), Daniel Jeanneteau et Marie-christine Soma (Feux, Adam et Eve), Patrice Chéreau (Elektra), Julien Fisera (Belgrade), Claire Lasne-Darcueil (Désir de théâtre). Elle est aussi engagée comme danseuse par Caroline Marcadé (Terres d’ailes, La nuit de l’enfant cailloux). Elle a enregistré de nombreuses dramatiques et lectures de poèmes pour France Culture, avec : Claude Guerre, Xavier Carrère, André Welter, Marguerite Gateau, Juliette Heymann… Ces dernières années, elle a mis en scène deux spectacles de Jeanne Mordoj : Adieu poupée et La poème. Elle est en tournée avec Trois sœurs d’après Les trois sœurs de Tchekhov, mis en scène par Claire Lasne-Darcueil à l’automne 2014 (Mc2-grenoble, théâtre de la tempête…).

JÉRÔME D’ORSO diplômé de biologie et de psychologie, il se professionnalise dans le spectacle vivant en 2001. L’art du mouvement qu’il pratique repose sur trois types d’apprentissage et de recherche : le théâtre acrobatique, lié aux arts du cirque et à l’enseignement de Jonathan Sutton ; l’axis syllabus développé par le danseur Frey Faust ; et enfin les arts Martiaux tels que les enseigne le maître vietnamien Luong Truong My. Il crée en 2001 la compagnie les Art’s Felus, dédiée aux spectacles de cirque de rue, dans laquelle il est danseur, fil-de-fériste, metteur en scène (créations 2011-2014 : Les paysagismes acrobatiques). Il a toujours associé son travail de recherche et de création artistique à la transmission. depuis 2008 il enseigne les arts du cirque et de la danse en milieu hospitalier, en prison, en milieu scolaire. Il est aujourd’hui enseignant certifié axis syllabus, et anime de nombreux stages, en France et à l’étranger. Il est danseur pour la compagnie Thierry Thieu Niang, pour le collectif de performers Ornic’art, pour la compagnie Hors Commerce (Montpellier). Ces dernières saisons, il a dansé dans Au fil de soi avec la compagnie Félicette Chazerand (Belgique), Ellipse avec la compagnie Mouvimento. Il a aussi animé de nombreux workshops à Berlin et à Bruxelles (fil de fer, contact improvisation).

EMMANUEL CLOLUS après ses études à Olivier de Serres (école d’arts appliqués), Emmanuel Clolus est assistant du décorateur Louis Bercut. Ensuite, il réalise de nombreux décors pour le théâtre : Le prince travesti de Marivaux, L’annonce faite à Marie de Claudel, Le Maître et Marguerite de Boulgakov, Bérénice de Racine, Affabulazione de Pasolini, Les paravents de Genet, Le président de Thomas Bernhard, Oh les beaux jours de Beckett, Les estivants de Gorki et Tartuffe de Molière avec des metteurs en scène tels que Frédéric Fisbach, Arnaud Meunier, Blandine Savetier et Éric Lacascade. Il collabore très régulièrement avec Stanislas Nordey au théâtre : La dispute et Le triomphe de l’amour de Marivaux, Tabataba de Koltès, Calderon et Pylade de Pasolini, Splendid’s de Genet, Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Les comédies féroces de Schwab, Violences et contention de Gabily, La puce à l’oreille de Feydeau, Électre de Hofmannsthal, Incendies de Wajdi Mouawad, Les justes de Camus, La conférence de Christophe Pellet, Se trouver de Pirandello et à l’opéra : Pierrot lunaire de Schönberg et Le rossignol de Stravinsky sous la direction de Pierre Boulez (Théâtre du Châtelet), Le grand macabre de Ligeti, Trois sœurs et Le balcon de Peter Eötvös, Kopernikus de Claude Vivier, Héloise et Abélard de Ahmed Essyad, Jeanne au bûcher de Honegger, Les nègres de Michael Levinas (opéra de Lyon), et La métamorphose de Kafka (Opéra de Lille), i capuletti e i Montecchi de bellini, saint-françois d’assise de Messiaen (opéra Bastille de Paris), Pelléas et Mélisande de debussy (festival de Salzbourg et Covent Garden à Londres), Melancholia à l’Opéra Garnier, Lohengrin de Wagner à Stuttgart. Depuis 2006, il collabore avec l’auteur/metteur en scène Wajdi Mouawad et a réalisé les décors de Forêts, Littoral, Seul puis le sang des promesses et ciels pour le Festival d’Avignon 2009, temps pour la Schaubühne de Berlin et les Trachiniennes, Electre et Antigone de Sophocle pour le Festival d’Avignon 2011. Dernièrement il vient de signer les scénographies de Tristesse animal noir de Anja Hilling et Par les villages de Peter Handke mis en scène par Stanislas Nordey à La Colline, de deux opéras : Lucia de Lammermoor de Donizetti pour Lille et La vestale de Spontini pour le Théâtre des Champs-Elysées ; ainsi que Ajax et Oedipe-roi de Sophocle (mise en scène de Wajdi Mouawad).

DIANE GUÉRIN elle débute sa formation en intégrant en 2008 le centre de formation artistique du spectacle vivant et de l’audiovisuel (cfpts), en option lumière. En tant qu’apprentie, elle suit pendant deux ans cet enseignement, en alternance avec le Théâtre National de La Colline (alors sous la direction d’Alain Françon, puis de Stéphane Braunschweig). Elle y participe notamment aux spectacles de : Sylvain Creuzevault, Michaël Thalheimer, Stanislas Nordey, et travaille avec les éclairagistes : Joël Hourbeig, Marie-Christine Soma, André Diot et Alain Poisson. En 2010, elle intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg (sous la direction de Julie Brochen), en section régie-techniques. elle y participe à des ateliers d’élèves, avec : Jean-Louis Hourdin, pierre Meunier, Georges Lavaudant, Jean-Yves Ruf, Christiane Burges, Robert Shuster, Alain Françon (lumière, son, vidéo, plateau). En juin 2013, elle sort de l’école et assure la régie lumière pour les metteurs en scène Laurent Gutmann et Martial Di Fonzo Bo. elle assiste Marie-Christine Soma sur les créations lumière d’Amphitryon et De l’ombre, deux spectacles mis en scène par Jacques Vincey. Cette collaboration se poursuit. Elle devient éclairagiste pour la compagnie Le Thaumatrope (Karim Belkacem), avec qui elle crée les lumières pour deux spectacles : Blasted en 2013, et Gulliver (création été 2014, en coproduction avec le Théâtre des Amandiers de Nanterre).

MARCO BENIGNO avant d’obtenir en 2011 sa licence d’arts du spectacle à l’université Montpellier III (mention très bien), il commence à travailler comme régisseur son, lumière et vidéo au théâtre de l’adresse (Avignon off), et en tant qu’éclairagiste avec Armand Gatti, Julie Mejean-Perbost, Maurice Fouilhé, Laura Fouqueré et Cyrille Olivier. Dans le même temps, il participe en tant que comédien aux ateliers travaux pratiques animés par Marie-José Malis. en 2011, il intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg, section régie-techniques. Dans le cadre des ateliers-spectacle, il travaille comme créateur lumière avec Cécile Garcia-Fogel et Vincent Thépaut, et comme créateur son avec Sacha Todorov et Éric Vigner. En 2013, il effectue un stage en régie lumière sur Twin Paradox de Mathilde Monnier, et assiste Xavier Jacquot pour la création son d’Ali Baba, de Macha Makeïeff. Il sort de l’école en juin 2014, et est régisseur son, lumière et vidéo pour la tournée du Prince, mis en scène par Laurent Gutmann (saison 2014-2015).

PHILIPPE DOMENGIE après des études de sciences à Lyon, il quitte les bancs de la faculté pour une école de Jazz. il est musicien et joue dans de nombreux groupes. son chemin le mène à Grenoble, où il se retrouve aux commandes d’un studio d’enregistrement. il y croise la route de Sinsemillia, Gnawa Diffusion, les Barbarins Fourchus. Puis il part à Annonay et découvre le spectacle de rue. Il habite au dessus d’une imprimerie : l’image, la photo, la vidéo entrent dans son quotidien. Il rejoint ensuite un cirque contemporain près d’Aix-en-Provence, à cette époque il réalise aussi le premier album de la chanteuse Anaïs (qui sera disque de platine). Enfin il s’installe à Marseille et collabore avec de nombreux artistes en tant que musicien, comédien, danseur, et vidéaste. Son goût pour l’image l’amène à suivre une formation professionnelle d’une année à la Femis. De retour d’un voyage au Japon, il fonde le collectif le nomade village, dont la vocation est de rassembler tous ces univers, ces artistes, croisés en chemin. Au sein de ce collectif, il est metteur en scène et réalisateur (il est notamment artiste associé au, Théâtre des Salins-Scène Nationale de Martigues en 2012-2013). Il collabore aussi en tant que vidéaste avec d’autres compagnies : l’Entreprise (François Cervantes), le Dynamo Théâtre (Joëlle Catino)…

ISABELLE SUREL après une licence de « musiques vivantes » à paris VIII, elle s’intéresse dans un premier temps à l’électro-acoustique pour s’orienter ensuite vers la création sonore au théâtre, pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. elle a collaboré pendant 14 ans avec la compagnie La Rumeur / Patrice Bigel, et a aussi travaillé avec de nombreux metteurs en scène : Anne-Marie Lazarini, Alain Bézu, Claude Yersin, Ricardo Lopez-Munoz, Laurent Fréchuret, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, plus récemment avec Sébastien Derrey et Jeanne Mordoj. Elle a travaillé pour la danse avec la compagnie Fatoumi/ Famoureux et Brigitte Seth/Roser Montllo-Guberna; pour le cinéma avec Christophe Loizillon et Éric Guirado.


Entretien de Laurent Ziserman avec Laurence Perez
Pour le Théâtre de la Criée, avril 2014

La pièce que vous créez la prochaine saison à la criée s’intitule le Kabuki derrière la porte. pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Kabuki ?
le Kabuki est l’une des trois formes du théâtre traditionnel japonais. Il y a le Nò, qui est un théâtre de masques, le Bunraku, qui est un théâtre de marionnettes, et puis il y a le Kabuki, que l’on pourrait qualifier de théâtre d’acteurs. Le Kabuki repose en effet sur l’art de ses grands interprètes, tout à la fois comédiens, danseurs, chanteurs,musiciens, acrobates et bien plus encore. C’est un art de l’acteur complet.

Est-ce là ce qui vous plait dans le Kabuki, au point d’en faire aujourd’hui la matière première de votre spectacle ?
Le point de départ du Kabuki derrière la porte réside dans l’envie de remettre le jeu de l’acteur au centre du théâtre. Quand j’ai commencé à penser à ce spectacle, je rêvais d’une trilogie qui me permettrait d’assouvir trois de mes plus grands fantasmes de comédien, à savoir : donner la réplique à Toshiro Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa (qui est aussi le mien ! ), devenir un acteur de la royal Shakespeare Company capable de jouer le grand William en anglais, et enfin, interpréter Hamlet en suédois sous la direction d’Ingmar Bergman. C’est en laissant libre cours à ces intuitions-là que j’ai commencé à travailler. Je me suis notamment rendu à la Maison de la culture du Japon, où je suis tombé sur un véritable trésor : des heures d’interviews de grandes stars du Kabuki par une speakerine de la NHK, la télévision publique japonaise. Le contraste entre les hommes empreints de modestie qu’ils étaient dans la vie et les acteurs époustouflants qu’ils étaient sur scène m’a tout simplement sidéré. J’ai été fasciné par leur maîtrise d’un art qui leur permet de se glisser avec autant de facilité dans la peau d’une femme que dans celle d’un chef samouraï. Je me suis dit que je tenais là une formidable piste pour mener à bien mon projet, une porte d’entrée d’un intérêt inouï.

Votre spectacle n’est pas un hommage au Kabuki, qui passerait par une reconstitution plus au moins fidèle, mais plutôt une rêverie contemporaine autour de cette forme théâtrale ancestrale… pourquoi l’avoir voulu ainsi ?
Je n’ai vraiment aucune raison intime de vouloir rendre hommage au Kabuki. Par contre, je revendique pleinement l’idée d’une rêverie à partir du Kabuki. Une rêverie d’acteurs, tentant d’entraîner le public à leur suite, à la découverte d’un monde à priori très lointain qui se révèle toutefois très accessible, presque familier. Car c’est aussi ce que j’aime dans le Kabuki : le fait que ce soit un art majeur de l’acteur et, en même temps, une forme extrêmement populaire. Dès sa naissance au début du 17e siècle, il a su toucher la société dans son ensemble et s’adresser aux petites gens comme aux grands lettrés.

Vous avez invité un autre acteur, Gaël Baron, à partager cette aventure avec vous. Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin d’avoir un compagnon et comment avez-vous travaillé ensemble ?
Seul, il me manquait un ressort, celui de l’autre, celui de la confrontation des idées. J’ai alors pensé à Gaël Baron, que j’ai connu au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris. Pendant nos années d’études communes, nous avons beaucoup partagé mais depuis notre sortie de l’école, nous n’avions jamais eu l’occasion de jouer dans un même spectacle. Travailler avec Gaël autour de cette création inspirée du Kabuki m’est apparue comme une évidence. J’ai tout de suite vu en lui le camarade de jeu idéal pour mener à bien ce projet. Et la réalité a dépassé mes espérances lorsque j’ai découvert que lui aussi nourrissait une véritable passion pour le Kabuki, qu’il connaissait d’ailleurs bien mieux que moi ! Nos deux rêveries se sont alors rejointes, l’imagination de l’un est venue féconder l’univers de l’autre pour donner naissance à ces deux acteurs occidentaux, qui se présentent devant le public comme deux grandes vedettes de Kabuki…

S’ils s’approchent des codes du Kabuki, les deux personnages que l’on découvre sur scène ne sont pas tout à fait conformes aux modèles originaux. Ils parlent d’ailleurs une langue qui rappelle les sonorités du Japonais mais qui n’en est pas, une langue totalement imaginaire. pourquoi ce choix ?
Tant qu’à ramener le théâtre au jeu de l’acteur, nous avons pensé qu’il fallait le faire dans une langue étrangère. Avec cette langue qui sonne comme du japonais mais qui n’en est pourtant pas, nos deux personnages apparaissent comme des passagers clandestins de cette culture, mais aussi comme de fervents amoureux de celle-ci. Dès leur arrivée sur scène, personne n’est dupe : on sent qu’ils se sont maquillés et habillés avec soin, mais leurs costumes ressemblent plus à des rideaux de salon recyclés pour l’occasion qu’à de véritables kimonos. Pour la langue, c’est pareil. On imagine qu’ils ont appris leurs rudiments de langue dans une méthode du style parler le japonais en voyage, mais cela ne fait pas d’eux des bilingues. Tout l’enjeu de notre travail réside dans le fait que les spectateurs acceptent de s’embarquer dans leur monde, de s’inventer une histoire avec eux, au-delà de cette langue qui n’est pas une barrière mais bien un langage commun.

Ce couple d’acteurs, que vous constituez sur scène avec Gaël Baron, tient un peu de Laurel et Hardy, de Bouvard et Pécuchet, en d’autres termes d’un duo comique.Le rire est-il quelque chose qui vous intéresse particulièrement ?
Le rire est pour nous quelque chose de central. Lorsque j’ai commencé à rêver à ce spectacle, cela faisait déjà quelques années que je pratiquais mon métier avec passion. En même temps, je me rendais compte qu’une part importante de ma personnalité, de ce qui m’avait conduit instinctivement vers le théâtre, ne trouvait pas sa place dans mon quotidien d’acteur. Faire rire les gens a été l’une des principales préoccupations de mon enfance et de mon adolescence et je me suis dit, en allant vers le théâtre, que j’allais pouvoir en faire un métier. faire rire est un exercice passionnant et beaucoup plus mystérieux qu’il n’y paraît… on ne pouvait pas préméditer du comique de telle ou telle séquence avant de se lancer dans une improvisation. Mais les répétitions nous ont très vite révélés comme un couple burlesque, proche du Bouvard et Pécuchet de faubert, du Mercier et Camier de Beckett. Voire même de Don Quichotte et Sancho Panza, car on a tout de même l’impression que les deux personnages que nous incarnons courent après une forme de rêve, une chimère qu’ils n’atteindront jamais : être de grandes vedettes de Kabuki. Malgré leur foi qui semble inébranlable, leur entreprise est aussi fragile que le décor dans lequel ils évoluent. ils se prennent sans cesse les pieds dans le tapis, ou plutôt les socques dans le kimono.
le rire provient aussi de leurs ratages…

Les pérégrinations de ces deux acteurs de Kabuki nous amènent naturellement au Japon, mais nous amènent également à revisiter comme une petite histoire du théâtre puisqu’ils s’essaient, à un certain moment de la pièce, à travailler du Molière et du Shakespeare et évoquent, à d’autres, les univers de Pina Bausch, de Maurice Béjart et de Nijinski…
Portés par un immense plaisir de jouer, ils en viennent effectivement à aborder le Misanthrope de Molière et richard III de Shakespeare, ou à esquisser des pas de danse du Sacre du Printemps de Pina Bausch, mais toujours de leur point de vue d’acteurs de Kabuki. C’est comme s’ils se retrouvaient sur des terres étrangères et qu’ils décidaient, avec beaucoup d’entrain, de les explorer et de tout faire pour les conquérir. Leurs pérégrinations finissent donc par constituer une traversée clownesque du théâtre et de ses traditions. c’est encore une manière d’inverser les miroirs, de brouiller les repères : on ne sait bientôt plus quelle poupée russe enferme l’autre…

Vous évoquiez tout à l’heure l’idée du ratage, comme possible source de rire. L’improvisation, à laquelle Gaël Baron et vous-même êtes rompus, a-t-il une place dans votre spectacle ?
Le spectacle est né de l’improvisation, dont Gaël et moi sommes en effet coutumiers. Lui, de par son travail avec le metteur en scène Bruno Meyssat et moi, de par mon compagnonnage avec François Cervantès. Je pense que c’est notamment pour cela que Gaël et moi réussissons si bien à travailler ensemble. Bien sûr, au final, le spectacle sera très écrit, mais nous pensons qu’il faut qu’il reste sur scène un peu de ce souffle de l’improvisation. Il faut que, comme dans les vieux couples, on puisse encore se surprendre ! d’ailleurs, dans le théâtre de Kabuki, il y a cela. Il y a des moments où, tout d’un coup, l’acteur s’autorise à partir dans une improvisation. Il faut absolument préserver cette liberté, cette légèreté qui ramène de la fragilité. La fragilité doit être au cœur de notre spectacle pour que le spectateur puisse s’immiscer dans ces failles, s’inviter dans notre monde et le partager joyeusement avec nous.

 

Récits des évènements futurs

(C) DOUG DUBOIS (2)

© Doug Dubois

Depuis quelques années nous suivons le travail fin et exigeant d’Adrien Béal et de son équipe, alternant mises en scène de textes contemporains et écritures de plateau. Les auteurs (Michel Vinaver, Roland Schimmelpfennig) ainsi que les thématiques abordées (l’objection dans « Le Pas de Bême », la catastrophe dans « Récits des évènements futurs ») ne relèvent jamais de choix ordinaires ou faciles. Nous sommes heureux d’être associés avec le Théâtre Jean-Vilar de Vitry pour produire, accueillir en résidence et programmer leur prochaine création. Les représentations auront lieu au Studio-Théâtre du 9 au 12 octobre.


vendredi 9 octobre à 20h30
samedi 10 octobre à 20h30
dimanche 11 octobre à 17h30
lundi 12 octobre 20h30

au Studio-Théâtre, en co-programmation avec le Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine

Théâtre Jean-Vilar Vitry

et du 30 octobre au 7 novembre à l’Échangeur de Bagnolet
le 21 novembre au Théâtre du Garde-Chasse aux Lilas
les 24 et 25 novembre au Tandem Douai-Arras
les 27, 28 et 30 novembre au Théâtre de Vanves

récits des évènements futurs

mise en scène Adrien Béal
collaboration Fanny Descazeaux
scénographie Kim Lan Nguyen Thi
costumes Benjamin Moreau
lumières Jérémie Papin
création vidéo Jérémie Scheidler

avec
Benoit Carré, Bénédicte Cerutti, Charlotte Corman, Lionel Gonzalez et Zoumana Meïté

L’invention de la bombe atomique, arme absolue, et les préoccupations écologiques actuelles amènent une réalité nouvelle, celle selon laquelle l’humanité peut sa propre fin, et qu’elle la prépare. Cette donnée avec laquelle il nous faut vivre résonne avec les grandes catastrophes du XXe siècle et place l’individu face à la question de sa responsabilité. Plus largement, toutes les catastrophes qui nous environnent défient notre capacité de représentation, d’imagination. Comment appréhender un horizon catastrophique? Comment vivre avec ?
Le spectacle que nous préparons sera le fruit d’une recherche menée au plateau, par un travail d’improvisation. Traitant notre sujet à l’échelle des individus, nous tenterons, par le théâtre, de mettre en jeu les conflits intimes et politiques générés par notre rapport si particulier à la catastrophe.

production Compagnie Théâtre Déplié
coproduction Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre de Vanves, TANDEM DOUAI-ARRAS ; coréalisation L’Échangeur – Cie Public Chéri ; avec le soutien d’Arcadi Île de France ; avec le soutien de la Drac Île-de-France- Ministère de la Culture et de la Communication ; avec le soutien du Fonds de dotation Porosus ; avec le soutien de Lilas en scène, de la Ville des Lilas, du Théâtre du Garde-Chasse et du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis dans le cadre d’une résidence partagée en 2015

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« Si chaque jour, exactement à la même heure, on faisait la même chose, comme un rituel inaltérable, systématique, chaque jour, toujours à la même heure, le monde serait changé. Quelque chose changerait, il ne pourrait en être autrement. Supposons que tu te réveilles, tu te lèves à sept heures précises, tu vas dans la salle de bain, tu remplis un verre d’eau dans le robinet et tu le verses dans les toilettes. C’est tout. »

Andrei Tarkovski, Le Sacrifice

NOTES D’INTENTION

* Un horizon de catastrophes

L’intuition qui est à l’origine de cette nouvelle création, à partir de laquelle commence ma recherche, est un sentiment ambiant, celui qu’aujourd’hui, la perspective commune pour tous les individus prend l’apparence d’une catastrophe pour l’humanité. L’invention au XXe siècle de l’arme atomique, arme absolue, et les préoccupations écologiques actuelles ont amené une réalité nouvelle, celle selon laquelle l’humanité peut sa propre fin, et qu’elle la prépare.

Ces nouvelles données avec lesquelles il nous faut vivre résonnent avec le souvenir des grandes catastrophes du XXe siècle et placent toutes l’individu face à la question de sa responsabilité. Comment appréhender cet horizon ?

* L’individu face à la catastrophe

Le travail que je souhaite faire ne s’attachera pas à utiliser le théâtre pour alerter ou pour dénoncer le désastre. Il ne s’agira pas de porter une parole ou de décrire scientifiquement les raisons qui mènent à la catastrophe. Je me pencherai avec mon équipe sur l’être humain et sur les enjeux qui se dessinent pour lui dans le monde tel qu’il se présente. Il s’agira de saisir aussi précisément que possible l’état humain propre à cette situation. Je souhaite penser les différentes perspectives catastrophiques (écologique, nucléaire, terroriste, …) comme un ensemble, plutôt que de les distinguer par leurs spécificités. Cet ensemble forme un phénomène prégnant pour l’être humain, qui nécessite qu’il redéfinisse son rapport au monde. Nous étudierons donc, entre autres, la manière dont la question du « mal » est posée, ainsi que le paradoxe qui appelle l’homme à se responsabiliser tout en le maintenant dans un état de sidération.

Le plateau de théâtre sera le support sur lequel nous mettrons en jeu les conflits qui peuvent animer l’individu face aux autres et face à lui-même dans un monde guetté par les catastrophes. L’échelle minuscule de la petite communauté qui occupe une salle de spectacle, au regard de l’humanité, m’intéresse. Je souhaite travailler dans un rapport de cohérence avec ces dimensions qui orienteront la nature des relations – relation au public, relation entre les acteurs, entre les membres d’une équipe, relation à soi. Le cadre fictionnel que nous nous donnerons (fable, contexte ou personnages) devra également répondre à cette idée, et s’inspirer de ce qu’en dit Günther Anders :

« Il se peut que certains en sachent plus que nous sur la bombe, et même beaucoup plus. Mais quelles que soient nos connaissances, aucun d’entre-nous ne dispose d’un « savoir » qui serait à la mesure de ce que pourrait être une guerre atomique : le général et le président n’en savent pas plus que le fantassin et l’homme de la rue. Car le décalage entre savoir et comprendre ne tient aucun compte des personnes ni du rang qu’elles occupent dans la société. Aucun de nous ne fait exception. » Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme

* Des sentiments inadaptés

Le théâtre que nous cherchons, toujours, se doit de questionner la représentation : l’espace, le jeu des acteurs, la place faite aux spectateurs, ce qui est donné à regarder. Ici, la mise en question de la notion de représentation activera pleinement notre sujet. Nous serons face à l’impossibilité humaine de se représenter les conséquences de l’apocalypse. Cette limitation de l’imagination, mais aussi des sentiments qui vont avec, est un enjeu fondamental de notre rapport à la catastrophe, et est dû, selon Anders, au décalage qui s’est créé progressivement entre les capacités de productions de l’homme et ses capacités à ressentir, qui n’ont pas suivi la même évolution :

« S’il en est ainsi, la seule tâche morale décisive aujourd’hui, dans la mesure où tout n’est pas encore perdu, consiste à éduquer l’imagination morale, c’est-à-dire à essayer de surmonter le « décalage », à ajuster la capacité et l’élasticité de notre imagination et de nos sentiments à la disproportion de nos propres produits et au caractère imprévisible des catastrophes que nous pouvons provoquer, bref, à mettre nos représentations et nos sentiments au pas de nos activités. » Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme

Voilà, à ce stade du travail, le point sensible vers lequel je souhaite faire tendre les différents éléments de notre recherche. Comment mettre en jeu, par le théâtre, la nécessité politique que l’homme se rattrape lui-même, en développant ses sentiments et son imagination. Que compose-t-il, et vers où regarde-t-il, lorsque son imagination a atteint ses limites. C’est une expérience à faire, par le plateau, sans cesser de confronter les subjectivités, les pensées de chacun.

* Écrire

C’est d’abord par les grands penseurs de la catastrophe que nous étudierons notre sujet, en commençant par Hannah Arendt, Günther Anders ou Hans Jonas. Nous nous appuierons aussi sur les écrits de Jean-Pierre Dupuy dont le point de vue est actuel et place l’individu au centre de la question. Ces lectures, ainsi qu’une recherche dans le cinéma et la littérature me permettront de préciser la problématique, de cerner le sujet. Elles constitueront également une matière commune, choisie, pour les acteurs et l’ensemble de l’équipe.

L’objet du travail de recherche avec les acteurs au plateau sera l’élaboration d’une fiction théâtrale.

Elle s’inventera progressivement en relation avec le dispositif de représentation, que nous inventerons lui aussi. Nous la construirons par des allers-retours entre un cadre que je donnerai, et des propositions des acteurs sous forme d’improvisations ou de textes. Cette manière a moins pour but la profusion d’idées et de propositions autour de notre sujet qu’une mise en relation aigüe des subjectivités de l’équipe. Nous nous efforcerons d’imaginer à plusieurs la fiction. Par là, nous approfondissons le processus expérimenté lors de notre dernière création, Le Pas de Bême. Nous sommes partis d’un roman de 1952 de Michel Vinaver, L’Objecteur, et nous avons écrit avec les trois acteurs une fiction pour aujourd’hui. Ce chemin vers une nouvelle fiction a imposé à notre travail d’être rigoureux face au sujet, de le traiter sans détour.

Il s’agit de produire un théâtre de pensée, en passant par une représentation théâtrale active et sensible. L’articulation entre le politique et l’intime guidera notre travail, ce que cette élaboration avec les acteurs permettra.

Cet enjeu de l’écriture d’une fiction, qui induira ici de trouver la manière de raconter et de représenter, cet effort d’imagination à plusieurs est pour moi l’enjeu principal du travail. Il justifie à lui-seul que nous partions de presque rien, d’une intuition, que nous travaillions à partir d’un sentiment pas encore formulé, ou pas encore clairement. Cet effort d’imagination, c’est la responsabilité que nous nous donnons.

Adrien Béal, novembre 2014


Adrien Béal a étudié le théâtre à l’université Paris III et au cours de différents stages en jeu ou en mise en scène. En 2004, il intègre comme comédien la compagnie Entrées de Jeu spécialisée dans le théâtre d’intervention, dirigée par Bernard Grosjean. C’est le début d’un long compagnonnage. Parallèlement, il se consacre à la mise en scène, et après une première expérience en collectif, il crée rapidement la compagnie Théâtre Déplié avec laquelle il développe ses propres projets. Il met en scène des textes de Michel Vinaver (Dissident, il va sans dire), de Roland Schimmelpfennig (Une nuit arabe) et de Henrik Ibsen (Le Canard sauvage). Il dirige également des lectures et mises en espace de texte de Guillermo Pisani et Oriza Hirata. À partir de 2010, il ouvre sa recherche au travail d’improvisation et alterne les mises en scène de textes avec des créations issues directement du travail mené avec les acteurs. Il crée avec l’acteur Arthur Igual Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives, à partir d’Affabulazione de Pasolini (Atelier du plateau, puis tournée). Puis il poursuit son travail sur Roland Schimmelpfennig avec Visite au père (Th. de Vanves, Echangeur, 2013) et La Trilogie des animaux (projet en cours, 2017). En 2014, avec la création au plateau du Pas de Bême (Th. De Vanves, La Loge) et la mise en scène de la pièce Les Voisins (Festival de Villeréal), il revient de deux manières différentes à l’écriture de Michel Vinaver. Depuis 2009, Adrien Béal collabore régulièrement à la mise en scène d’autres projets, comme assistant ou dramaturge, avec Guillaume Lévèque, Stéphane Braunschweig, Damien Caille-Perret, Julien Fisera, Juliette Roudet, Guillermo Pisani. Il travaille aussi occasionnellement comme acteur, notamment avec Thomas Quillardet. Enfin, il anime de nombreux ateliers, principalement auprès d’adolescents, et participe entre autres au programme « Education et proximité » mené par la Colline – Théâtre National depuis 2013.

Benoît Carré s’est formé au Studio-théâtre d’Asnières puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (classes de Dominique Valadié, Daniel Mesguich et Muriel Mayette), Benoit Carré a travaillé au théâtre avec Jacques Osinski (Richard II), Antoine Caubet (Les fusils de la mère Carrar), Noël Casale (Antoine et Cléopâtre), Lionel González (la Moschetta, Sganarelle ou le cocu imaginaire), Karine Tabet (L’île des esclaves, Mort accidentelle d’un anarchiste), Sylvain Creuzevault (Baal, Le père Tralalère, Notre Terreur, Le Capital et son singe), Jeanne Candel (Some kind of monster). Il a également travaillé au cinéma sous la direction de Valérie Donzelli (La reine des pommes, La guerre est déclarée, Main dans la main, Marguerite et Julien), Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay) et à la télévision avec Nicolas & Bruno (Le bureau), Philippe Bérenger (Guy Môquet, Mon père dort au grenier).

Bénédicte Cerutti Après des études d’architecture, elle entre en 2001 à l’école du TNS. Elle intègre la troupe du TNS en 2004 et participe à la création de Brand d’Ibsen mes S. Braunschweig et de Titanica, la robe des grands combats d’Harrisson mes C.Duparfait. Elle travaille ensuite sous la direction d’A.Guillet pour Penthésilée paysage d’après Kleist et Müller, puis sous la direction d’E.Vigner pour Pluie d’été à Hiroshima d’après Duras et également pour Othello de Shakespeare. Elle travaille avec O.Py dans l’Orestie d’Eschyle. Puis elle retrouve S.Braunschweig pour Les trois soeurs de Tchekhov et pour Maison de poupée d’Ibsen. Elle joue dans La nuit des rois avec J-M Rabeux. En 2011 elle joue dans Mademoiselle Julie de Strindberg mes F.Fisbach. Elle reprendra Maison de poupée cette fois ci mes par J-L Martinelli. Avec S.Chavrier elle créera Epousailles et représailles d’après Levin, Crash d’après Ballard et Plage Ultime au festival d’Avignon en 2012. Avec A.Béal dans Visite au père de Schimelpfenning, et de nouveau avec E.Vigner dans le Procès Brancusi. En 2013 elle retrouve F.fisbach au festival d’Avignon pour Corps d’après A.Badéa. Elle joue ensuite Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck sous la direction de C.Pauthe et dans une adaptation de Tristan et Yseult par E.Vigner. Elle travaille également avec l’artiste Rémy Yadan sur différentes performances comme Les fumeurs noirs présenté à Artdanthé en 2014. Elle crée en 2015 avec J.Fisera Eau sauvage de Mréjen. Au cinéma elle travaille avec B.Cohen, M.Laleu, R.Edzard et C.Cogitore.

Charlotte Corman étudie au Conservatoire de Paris (CNSAD 2006) où elle travaille sous la direction d’Andrzej Seweryn, Dominique Valadié, Nada Strancar, Muriel Mayette, Mario Gonzales et Matthias Langhoff ; elle passe une année à la London Academy of Music and Dramatic Art de Londres (LAMDA). Elle fait des stages avec Joseph Nadj, Ariane Mnouchkine, Alexandre Del Perrugia et Laurence Mayor, Pascal Luneau et Régis Mardon, Joël Pommerat. À la radio elle enregistre des rôles dans des dramatiques et des feuilletons pour BBC4, France Culture et France Inter. Au Cinéma elle joue dans Paris de Cédric Klapisch, Malher dans 304, long métrage de Pascal Luneau, Betty dans le moyen métrage La ménagerie de Betty d’Isabelle Mayor ainsi que dans des courts métrages d’Isabelle Mayor, Cyprien Vial et Luca Governatori. En 2010, elle est sélectionnée «Talents Cannes» de l’ADAMI.  Au théâtre, elle joue dans des spectacles de Laurent Gutmann (Terre Natale), Jorges Lavelli (Himmelveg), Didier Ruiz (La guerre n’a pas un Visage de Femme), Julia Vidit (Fantasio), Aurélie Leroux (Pas encore Prêt), Jean-Pierre Vincent (Meeting Massera), Adrien Béal (Visite au père), ou Anne-Margrit Leclerc (Marguerite Duras) ou dans les créations collectives de La Vie Brève (A Memoria Perduda, Entre chien et loup) ainsi que dans des spectacles de Jeanne Candel (Icare, Nous Brûlons, Montre moi ta PinaB, Le Gout du Faux et autres chansons) ainsi que dans Le Pas de Bême, création collective d’Adrien Béal.

Lionel Gonzalez suit l’enseignement du Studio-Théâtre d’Asnières et de l’Ecole Jacques Lecoq (1998-2000). Il intègre ensuite la Compagnie du Studio, dans laquelle il sera à la fois acteur et assistant à la mise en scène. Très vite, il fonde sa compagnie, Le Balagan’ (2000-2004), avec laquelle il entreprend une recherche sur le théâtre masqué. En 2003, il commence à enseigner au Studio-Théâtre d’Asnières. C’est ainsi qu’il rencontre Sylvain Creuzevault, avec qui commence une étroite complicité artistique, qui accompagnera toute l’histoire du D’ores et déjà. Pendant 7 ans, ils font plus d’une dizaine de projets ensembles dont notamment, Visages de Feu de Marius von Mayenburg, Baal de Brecht, Le père tralalère, et Notre terreur, deux créations collectives. Quand D’ores et déjà est dissous en 2011, il s’éxile pour participer à un laboratoire autour de Pirandello, pendant deux ans, avec Anatoli Vassiliev. Depuis 2013, il participe aux nouvelles créations de Jeanne Candel dans La Vie Brève.

Zoumana Meïté. Formé au théâtre de rue (Compagnie Moz’art) et à l’improvisation théâtrale (Compagnie Déclic théâtre), il développe depuis ses débuts à Trappes en 1997, une pratique de comédien singulière. Toujours à la recherche d’un théâtre au coeur de la société, il donne de nombreux ateliers, puis suite à une rencontre avec Bernard Grosjean au cours de son DEUG d’études théâtrales à l’université Paris III, il intègre en 2002 la compagnie Entrées de jeu, spécialisée dans le théâtre d’intervention. En parallèle, il s’initie à des techniques aussi variées que le jeu masqué, le clown ou le buto, et pratique des arts martiaux tels que le Kalari payat et le Taï-jutsu qui lui permettront de développer un jeu corporel tout en maîtrise et en inventivité. Il poursuit cette recherche autour du corps et de l’espace, en intégrant en 2007 le Laboratoire d’études du mouvement de l’école Jacques Lecoq. Dans la continuité de cette recherche, il participe à la fondation de la compagnie Pavlov qui jouera le spectacle Vertige / Vestige à Los Angeles. En 2010, après plusieurs années de collaboration sur des ateliers d’improvisation avec David Farjon, ils fondent ensemble la Cie Légendes Urbaines. Leur spectacle Comme j’étais en quelque sorte amoureux de ces fleurs là qu’ils co-écrivent, mettent en scène et jouent sera créée en Janvier 2013 au théâtre de Vanves. Zoumana Meïté y explore avec David Farjon la dimension intime et politique des frontières imaginaires de l’identité banlieusarde.

Fanny Descazeaux travaille avec le Théâtre Déplié depuis 2009. Après être passée par La Colline – Théâtre National et le festival Jazz à Porquerolles, elle travaille avec Claire Guièze pendant deux ans au sein du petit bureau comme chargée de production. Elle collabore notamment comme administratrice de production avec différents artistes depuis 2010. Lucie Berelowitsch – Compagnie Les 3 sentiers (2010-2013), le Collectif Jakart (2010-2015) et récemment avec Joris Avodo et Fanny Santer – Jackie Pall Theater Group. Par ailleurs, elle travaille comme assistante à la mise en scène notamment avec Thomas Quillardet. Elle  fonde en 2014 le bureau d’accompagnement Les aiguilleuses, avec Sabrina Fuchs et Fanny Spiess.

Benjamin Moreau Après avoir suivi la formation Scénographie-Costume à l’École du TNS (2005-2008), il crée des costumes pour des spectacles de Marie Rémond, Caherine Hargreaves, Adrien Béal (Visite au père), Julien Fisera et Lucho smit pour Galapiat Cirque, Les compagnies du Détour et Voix public. Il collabore régulièrement avec Richard Brunel, ainsi qu’avec la compagnie des Hommes Approximatifs sur les mises en scène de Caroline Guiela Nguyen. Il participe aux éditions 2011, 2012 et 2013 du Festival des Nuits de Joux comme scénographe-costumier sur des spectacles mis en scène par Rémy Barché, Guillaume Dujardin, Gilles Granouillet et Raphaël Patou. Il a récemment créé les costumes de Elle Brûle (cie Les Hommes Approximatifs), et de Avant que j’oublie de Vanessa van Durme, mis en scène par Richard Brunel.

Kim Lan Nguyen Thi vit et travaille entre Paris et Bruxelles. Plasticienne et scénographe, elle est titulaire d’un diplôme de scénographie obtenu à l’ENSATT en 2004. Ses interventions artistiques sont aussi bien visibles en galerie d’art contemporain que dans l’espace public et au théâtre. Une grande partie du travail de Kim lan Nguyên Thi consiste à interroger les jeux de subordination réciproques entre les modes de représentation et de définition qui nous entourent. Ses obsessions sont celles d’une femme appartenant à diverses minorités ethniques, sociales et sexuelles pour lesquelles la définition est une question récurrente. Scénographe, elle utilise régulièrement l’in situ et entraîne le visiteur dans des expériences participatives autour des différentes formes d’expression de l’identité en tentant ainsi d’échapper au processus de fabrication des définitions des uns pour les autres. Au théâtre, elle a entre autre travaillé comme scénographe avec Richard Brunel, Martin Engler, Blandine Savetier, Catherine Hargreaves, Cyril Hernandez, Véronique Petit, le collectif Jakart, Adrien Béal…

Jérémie Papin se forme au métier d’éclairagiste au sein du DMA régie lumière de Nantes, et sort diplômé en 2008 de l’école du Théâtre National de Strasbourg. Il collabore comme éclairagiste avec Didier Galas entre 2008 et 2012 sur les créations La flèche et le moineau, Les pieds dans les étoiles, (H)arlequin Tengu au festival de Shizuoka au Japon, Trickster et Par la parole au TNB et en tournée en Afrique de l’Ouest. Il crée la lumière des spectacles de l’auteur/metteur en scène Lazare Herson-Macarel: L’enfant meurtrier au Théâtre de L’Odéon, Le Chat botté, Peau d’âne et Falstaff pour Avignon. Il fait partie de la compagnie Les Hommes Approximatifs depuis 2008, au sein de laquelle il créé les lumières de Macbeth, Violetta, le Bal d’Emma et Elle brûle au CDN de Valence. À la Philharmonie du Luxembourg, il travaille comme vidéaste et éclairagiste sur le spectacle musical Cordes de Garth Knox en avril 2010. Entre 2010 et 2014, il créé les lumières de Nicolas Liautard pour Le Misanthrope, Eric Massé pour Les Bonnes de Jean Genet, Yves Beaunesne pour L’intervention et Roméo et Juliette au Théâtre de la Place à Lièges et de Maëlle Poésy pour Purgatoire à Ingolstadt et Candide. Il réalise également les lumières des spectacles Peter Pan de Christian Duchange à Genève, Son Son de Nicolas Maury à la comédie de Reims, En route Kaddish de David Geselson au Théâtre de Vanves et Une saison en enfer avec Benjamin Porée au TQI. Pour l’opéra de Dijon, il réalise les lumières de l’Opéra de la Lune composé et dirigé par Brice Pauset et celle d’Actéon dirigé par Emmanuelle Haïm, tous deux mis en scène par Damien Caille-Perret. Toujours à Dijon, il réalise les lumières de La Pellegrina dirigé par Etienne Meyer et mis en scène par Andréas Linos. Au Festival de Salzburg il créé les lumières de l’opéra contemporain Meine bienen eine schneise, composé et dirigé par Andreas Schett et Markus Kraler dans un mise en scène de Nicolas Liautard. Plus récemment, il travaille aux côtés de Julie Duclos pour Nos Serments et de Caroline Guiela pour le Chagrin tous deux présentés au Théâtre National de la Colline.

Jérémie Scheidler né en 1983, Jérémie Scheidler est vidéaste, réalisateur et metteur en scène. Titulaire d’un D.E.A. de Philosophie, il est ancien élève de Khâgne au lycée Lakanal de Sceaux, et a travaillé sur le cinéma de David Lynch, les rapports entre documentaire et fiction dans le cinéma des années 70-80, et sur la métaphysique matérialiste de Gilles Deleuze. Depuis 2008, il collabore avec des artistes de théâtre et des musiciens (Julien Fišera, David Geselson, Caroline Guiela Nguyen, Marie Charlotte Biais, Kristoff K.Roll, Adrien Béal, Nicolas Fagart, Olivier Coyette), en concevant des dispositifs et des écritures « vidéographiques ». Ses films sont montrés pour des festivals et dans des expositions, et il conçoit un travail de longue durée, un journal filmé, sur internet (http://hypermnesie.net). En décembre 2014, il publie un texte dans la revue Revue & Corrigée : La vidéo dans les arts de la scène, un art de l’aura En avril 2014, il met en scène son premier spectacle, Un seul été, d’après L’Été 80 de Marguerite Duras, et il travaille actuellement à son deuxième spectacle, Layla, dans le cadre d’un compagnonnage avec le metteur en scène Dieudonné Niangouna.

 

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© Réjane Michel

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