Ok, nous y sommes

En mai nous accueillons la création d’OK, NOUS Y SOMMES d’Adeline Olivier, jeune dramaturge en résidence au Studio-Théâtre de mars à décembre 2011, dans une mise en scène de Jean-Pierre Baro. Nous avons découvert l’écriture d’Adeline par le biais du Comité des Lecteurs, et nous avons été d’emblée séduits par le caractère poétique de son œuvre, appliqué au monde du travail, à l’usine, aux dernières limites de la résistance ouvrière…


vendredi 13 mai à 20h30
samedi 14 mai à 20h30
dimanche 15 mai à 16h
lundi 16 mai à 20h30

Ok, nous y sommes

d’Adeline Olivier

mise en scène Jean-Pierre Baro

scénographie, costumes Magali Murbach
lumière Bruno Brinas
son Loïc Le Roux
collaboration artistique Adeline Olivier

avec
Simon Bellouard
Roxane Cleyet-Merle
Cécile Coustillac
Tonin Palazzotto

production Extime compagnie, Studio-Théâtre de Vitry
avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / Direction Générale de la Création Artistique (dispositif de compagnonnage auteur / compagnie)
administration et production Jean-Baptiste Pasquier, Cécile Jeanson (bureau FormART)
conseil production diffusion Daniel Migairou


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© Juliette Dieudonné

Elle – J’irai seule.
Et je suis pleine d’effroi au bord de ce monde où je vais aller seule. Et je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas où je dormirai, où je trouverai du travail, je ne sais pas si je dois avoir peur ou pleurer de ce que j’ai des pieds pour me porter partout où je voudrais aller, où je voudrais voir. Car je n’ai rien vu. Je ne suis allée nulle part. Mais j’ai traversé la grève, parmi les autres j’ai crié. Mais la grève est finie. Et mon frère part avec elle.
Il faut que quelque chose s’impose à moi, il faudrait que j’aie envie de quelque chose.

Extrait d’Ok, nous y sommes. Adeline Olivier


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© Juliette Dieudonné

Les origines du projet

En juillet 2009, Jean-Pierre Baro, metteur en scène d’Extime Compagnie, m’a commandé un texte de théâtre. J’étais alors très frappée par la lutte désespérée d’ouvriers dans diverses régions de France et par la découverte de l’œuvre de Simone Weil (philosophe, militante et mystique). Chez cette femme dont la parole (son engagement militant) et le silence (son œuvre) se rejoignent absolument, et qui me semblait si contemporaine, je trouvais cette force de se demander comment le courage de penser lucidement peut s’accommoder de l’impossibilité d’agir, et d’y répondre, individuellement par des actions. C’est à partir de sa voie singulière et solitaire que j’ai commencé à réfléchir à l’écriture d’Ok, nous y sommes, m’appuyant sur son ouvrage La condition ouvrière.
Si au départ de l’écriture mon intention n’était pas politique (je souhaitais m’emparer de cette question d’un point de vue intime et poétique), il m’a paru intéressant de traiter de la condition ouvrière au théâtre, précisément parce que c’est l’un des derniers refuges de la parole, parce que les ouvriers ne l’ont pas.
Avec la désindustrialisation et la déconcentration industrielle, l’existence même du monde ouvrier est mise en doute. Et toujours d’un point de vue poétique, c’est-à-dire sensible et personnel, j’ai travaillé à partir de l’idée de sa disparition, mettant en parallèle une catastrophe naturelle (une tempête dans une forêt de pins), la perte du travail (une usine à la fin d’une longue grève) et la perte de l’amour. L’amour est devenu le thème central de la pièce. Objet dont on ne peut maîtriser la circulation, il constitue une échappatoire au désespoir. J’ai travaillé à un monde où le système de médiation est brisé, jusque dans l’intime des êtres, suscitant des actions violentes et radicales. L’attention tenace de Simone Weil à ce qu’on ne réduise pas la vie humaine à une force matérielle brute, et sa vision obsessionnelle de la joie au travail m’apparaissent cinglantes aujourd’hui, et m’ont inspirée Ok, nous y sommes, poème d’un monde finissant.

Adeline Olivier


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© Juliette Dieudonné

Adeline Olivier

Née en 1980, Adeline Olivier est comédienne et auteure de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle a dirigé des chantiers-laboratoires à partir de ses textes dramatiques. Elle a également réalisé plusieurs court-métrages de fiction au sein de l’association Tribudom. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie. Elle a publié surtout en revues (dans Encre Vagabonde, Algérie/Littérature/Action) et publications collectives (« Mes Algéries autour de ma chambre », Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour). Elle est en résidence d’écriture au Studio-Théâtre de Vitry de mars à décembre 2011.

Jean-Pierre Baro

Jean-Pierre Baro est comédien et metteur en scène, formé à l’ERAC (entre autres auprès de David Lescot, Valérie Dréville, Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen…) Il joue sous la direction de Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Thomas Ostermeier, Didier Galas, David Lescot, Romain Bonnin, Enrico
Stolzenburg, Gilbert Rouvière, Stéphanie Loïk, Lazare… Il dirige la compagnie Extime avec laquelle il met en scène l’Epreuve du feu de Magnus Dahlström (Friche de la belle de mai), L’Humiliante histoire de Lucien Petit de Jean-Pierre Baro (Odéon/Ateliers Berthier, Théâtre Nanterre Amandiers), Léonce et Léna/Chantier de G. Büchner à (l’Odéon/Ateliers Berthier), Je me donnerai à toi toute entière d’après V. Hugo. (Théâtre Antique de Vaison-la-Romaine) Il est également l’assistant de Gildas Milin sur plusieurs créations (L’Homme de Février, Force faible). Il participe en 2010 au « directors lab » au Lincoln Center de New York. En 2010, il met en scène Ivanov {Ce qui reste dans vie…} d’après A. Tchekhov (CDN Orléans, Théâtre Monfort…) et joue en 2011 sous la direction de Jacques Allaire dans La liberté pour quoi faire ? Ou la proclamation aux imbéciles d’après G. Bernanos (Scène Nationale de Sète, Théâtre du Périscope-Nîmes…) Avec la compagnie Extime, Jean-Pierre Baro prépare pour la saison 2012-2013 sa prochaine création Woyzeck {Je n’arrive pas à pleurer}, d’après G. Büchner.