La Poème

une POEME (3)

Jeanne Mordoj transporte toutes sortes de mondes avec elle. Nous la suivons d’année en année, semant plumes et poils et coquilles d’œuf. Depuis quelques mois elle nous visite régulièrement, accompagnée de ses créatures. Elle s’arrêtera chez nous tout le mois de janvier, y plantera ses tentes de papier, nous accueillera dans ses antres…


vendredi 23 janvier à 20h30
samedi 24 janvier à 20h30
dimanche 25 janvier à 16h
lundi 26 janvier à 20h30

LA POÈME, grand format

conception, dessins, interprétation Jeanne Mordoj
mise en scène Isabelle Vellay
création sonore Isabelle Surel
participation à l’élaboration de la lumière Claire Villard, Julien Poupon, Anne Vaglio
conception et construction du dispositif scénique Mathieu Delangle
costumes Isabelle Pasquier
recherche graphique Camille Sauvage
régie plateau Annabelle Pirlot
régie lumière et régie générale  Marianne Pelcerf
régie son  Raphaëlle Chevalier
collaboration artistique Hervé Pierre, Daniel Jeanneteau

production Compagnie Bal, co-production Studio-Théâtre de Vitry, La Brèche-pôle national des arts du cirque, Les Subsistances-Laboratoire international de création artistique à Lyon, La Scène nationale de Besançon, Le Merlan – scène nationale à Marseille. La Poème, grand format a reçu l’aide à la production dramatique de la DRAC Franche-Comté, le soutien du Conseil Général du Doubs, de la Région Franche-Comté et de la SPEDIDAM. Avec le soutien des Transversales / Verdun, du Centre Culturel Pablo Picasso / Homécourt, de l’Espace Pierre Jeliote / Oloron-Sainte-Marie, des Treize Arches – scène conventionnée de Brive, de CirQ’ônflex / Dijon. LA POÈME, grand format a bénéficié d’une résidence de création à La Brèche – pôle national des arts du cirque, à l’Espace Germinal / Fosses, aux Subsistances – Laboratoire international de création artistique à Lyon et au Studio-Théâtre de Vitry. 


LA POÈME, grand format - photo 2

© Réjane Michel

LA POÈME, grand format, est un agrandissement, un déploiement de LA POÈME, pièce courte. Apporter une nouvelle dimension en habitant une scénographie vivante, grotte ou forêt peuplée de dessins, représentations de corps de femmes en mouvement. Porter un masque naïf et goulu et donner vie à ces figures en se jouant intensément des transformations. LA POÈME est un hommage au monde sauvage et archaïque, une rêverie sur la beauté et la liberté du féminin dans ses états de transformation. Le corps est à l’œuvre, en prise avec des forces qui l’emportent et le débordent, le possèdent et le libèrent tout à la fois. La voix cherche ses mots, en chemin ça chante, ça grogne, ça borborise, ça barbaracte, ça ventripote, ça se joue des formes, ça dessine des figures. On est dans le conte, on est dans la peau, dans le mystère et le résolument vivant, on est en route vers la femme contemporaine en quête de sa parole.

Dessins La Poème, grand format
La féminité, le féminin, continuer à labourer ce champ de mystère, ce lieu si proche de moi et si secret, sans cesse en mouvement, en interrogation. Poursuivre le tissage de ce lien avec cette puissance créative et archaïque.

En 2012, à l’occasion du festival Mode d’Emploi, Les Subsistances de Lyon me proposent une carte blanche. C’est l’occasion d’élaborer une première étape de La Poème.
Cette première proposition est une pièce courte de 30 minutes, dense et organique. Je suis partie de cette question, moi femme de 43 ans, qu’est-ce-qui m’habite, comment j’habite ce corps, comment je le célèbre et je l’interroge.
En observant comment cet âge, ce corps est perçu dans notre société.
Désir de donner à voir et à sentir, la puissance de liberté du vivant à travers ce corps de femme, corps à la fois jeune et vieux, joueur, tendu, sensuel, drôle, sombre, beau, laid, sauvage, possédé, libre de l’image donnée.

L’œuf comme fil conducteur.
En prenant appui sur des sensations, des qualités d’urgence, d’intériorité, d’émotions, je suis transportée d’un lieu à un autre, je me transforme sans cesse, de ma bouche sortent des œufs, puis j’en ingurgite jusqu’au gavage et je continue à ingurgiter des œufs tout en semant des coquilles. Équilibre entre drame et drôlerie. Donner à ressentir dans le corps du spectateur.
Le ventre prend vie, ondule, à la fois beau et monstrueux, lieu de transformation, de gestation. Les seins se mettent à danser, débordent, comme emportés par leur vie propre, des œufs encore. Puis la femme plus sombre entre dans une transe, invitation dans un lieu secret, l’œuf est là toujours, son jaune s’étale sur le visage, se recouvre de coquilles d’œufs, pour aller vers une danse sauvage, chamanique. C’est un voyage à travers le féminin, le vivant, des états de corps.

J’éprouve maintenant la nécessité d’agrandir la pièce courte, en lui apportant une autre dimension, en approfondissant la dramaturgie et le jeu, l’intensité de la présence. En mettant en résonance le personnage féminin et ses métamorphoses avec des dessins grandeur nature, qui lui ressemblent, tel un prolongement, visages et corps de femmes en mouvement, intenses, expressifs, drôles, tordus, sombres, monstrueux, autoportraits en noir et blanc réalisés les yeux fermés. Un travail d’accumulation en mouvement, une façon de convoquer, sans la maîtriser, mon image, mes différents visages, en étant à l’écoute des mouvements intérieurs.
C’est une autre approche de mon exploration du féminin et c’est intimement lié.
Chaque dessin est sur un portant autonome et mobile. Par leur nombre, une trentaine, et par leur présence singulière, ils ouvrent des espaces oniriques. Ils sont une multitude face à la solitude du personnage féminin, elle pourrait tout à fait sortir de l’un d’eux, elle est du même moule.
Naissance de la première femme.
Rendre hommage à la nature et aux mystères des origines qui sont à chaque instant intimement vivants en chacune de nos cellules.
En quête de retrouvailles, les personnages sont ici en lien avec la source de leur animalité, tantôt à l’origine de celle-ci tantôt débordés par elle.
Donner à ressentir quelque chose d’enfoui, d’oublié.

Notes sur l’espace du jeu
L’espace est sobre, il va être habité par la présence des dessins, des coquilles d’œufs, des miettes de coquilles d’œuf, des morceaux de dessins, qui au fil su spectacle vont vider le costume, comme un déshabillage, une mise à nu progressive. Les dessins vont se déplacer en direct, manipulé par une accessoiriste plateau, une ombre accompagnante. Une circulation va se dérouler à la fois de façon artisanale et magique pour donner vie et bruissement au papier, aux corps dessinés.
La présence de ces grands formats apporte une dimension d’intranquilité et de mystère.

La lumière soutient ce mystère, le son est très présent, à la fois subtil et enveloppant.
Nous poursuivons la collaboration avec Isabelle Surel créatrice de son et Claire Villard pour la lumière, Mathieu Delangle pour la conception et la construction du décor. Hervé Pierre, Daniel Jeanneteau et Isabelle Vellay dans un rôle de compagnonnage.
Jeanne Mordoj – décembre 2014

LA POÈME, grand format - dessin

«L’avez-vous vu danser ? L’avez-vous entendu grogner, geindre, haleter, c’est la poème!
Elle est l’origine de l’humanité quelque part en Afrique. Elle est secoué par des forces redoutables.
Elle est la Vénus Hottentote.

Un corps exhibé, fantasmé, tatoué. C’est l’origine du monde.
Une pondeuse qui desquame des coquilles d’œufs.

Une magicienne, maîtresse du désordre et de la création .

Le trouble et la joie de voir Jeanne entreprendre ce voyage, l’accompagner dans cette transformation sensuelle et vitale , rien d’autre.»

Hervé Pierre – octobre 2013

 

« …. Ainsi sommes-nous façonnés par l’initiale perfection
Par cet état de prodigieux bien être
Qui pendant quelques mois a imprégné le non encore né en chacune de ses fibres
Ainsi est il probable que subsiste en notre part la plus enfouie
L’obscur souvenir de cet état
Un souvenir parfaitement insaisissable
Qui ne renvoie à aucun vécu particulier à aucune circonstance précise
Rien qui puisse être remémoré
Mais qui n’en continue pas moins d’entretenir en nous la brûlure d’un manque
La lancinante sensation que nous sommes jetés dans un monde et une vie qui ne nous conviennent pas
Que nous sommes définitivement maintenus au dehors
A jamais coupés de ce dedans vers lequel nous ne pouvons pas ne pas tenter de revenir
Combler ce manque, retrouver la jouissance première
D’où cette inlassable et avide et aveugle recherche de plaisirs
De tout ce qui va permettre de réinsérer l’être dans la joie
De tout ce qui va lui donner l’illusion qu’il se trouve à nouveau porté, baigné,bercé
Réchauffé nourrit par les riches eaux de l’origine… »

Charles Juliet
extrait de Pouvoirs du Poème / Thélème 2003


JEANNE MORDOJ par JEANNE MORDOJ
De la femme sujette aux objets dans mon travail

Naissance à Paris en 1970, enfance à la campagne, parents sculpteurs recyclés dans l’élevage de chèvres.
Depuis toujours, une relation toute particulière avec les objets, attachements étranges, rituels, collections de pierres triées sur le volet mises en sachets avec étiquettes, fabrication de petites sculptures, lien fort avec la matière peinture, le trait, le mot. Puis les objets de jonglage, les balles cousues mains.
Découvre le cirque à 13 ans, à l’école des Saltimbanques de Chenôve.
Passion immédiate, 4 ans de pratique amateur au sein de cette école ; acrobatie, contorsion et jonglage.
A 17 ans entre à l’école de Chalons en Champagne, mise à la porte après une année rude. Débute l’apprentissage sur le tas et les expériences diverses ; petits rôles dans le cinéma, l’opéra, le théâtre. Il y a les rencontres qui vont compter dans le temps comme Lan N’Guyen, pédagogue, alors professeur à l’école du Cirque Plume, qui m’enseigne la contorsion par le jeu et la créativité, Jérôme Thomas qui influence mon travail et m’encourage dans mes projets.
Il y a les stages marquants, avec Marc Michel Georges, Yoshi Oida et Guy Alloucherie pour le théâtre ; la pratique du dessin, du BMC (Boby Mind Centering) avec Lula Chourlin et Janet Amato.
Et plus récemment, la formation Transmettre avec Bénédicte Pavelak.

Les spectacles en compagnies

Les premières tournées, à 18 ans, c’est avec le Cirque Bidon – 300 spectacles – en roulottes et chevaux sur les routes d’Italie. Avec la compagnie de rue La Salamandre, spectacles et évènementiels entre 1990 et 1998, j’expérimente là cette qualité propre à la rue : apprendre à s’adapter à toutes sortes de lieux. Pratique de l’improvisation et création du spectacle Ça Roule avec les musiciens Matthieu Léon et Patrick Sapin. Avec la compagnie Jérôme Thomas je participe entre 1995 et 1997 au groupe de recherche le GR12, et joue dans Le Banquet, pièce pour 10 acteurs, jongleurs, danseurs.
En 1993, avec le jongleur Vincent Filliozat – membre fondateur du Cirque Plume – et le musicien Bertrand Boss, nous créons le Trio Maracassé. Bal jouera 300 fois dans le monde entier, cinq ans de tournées, de voyages. Entre 2002 et 2006 avec la compagnie Cahin Caha, il y a le cabaret Imprudent avec Arthur H, puis la création du spectacle Grimm sous chapiteau.

Les solos

En 2000, premier solo, 3 p’tits sous, solo de femmes , mis en scène par Vincent Lorimy et Jérôme Thomas. Portraits de femmes fortement inspirés des voyages.
En 2001, deuxième solo, Chez moi, pièce d’extérieur pour une femme et une caravane, mis en scène par Vincent Lorimy et Gulko, commande du centre des Arts du Cirque de Cherbourg et de la Grande Halle de La Villette dans le cadre du projet « les baraques ». J’aborde avec ces deux solos ma poétique propre et, de façon plus intimes, mes interrogations autour de la féminité et du sens.

2007, je continue de creuser avec Éloge du poil, troisième solo, mis en scène par Pierre Meunier. Cette création a bénéficié d’une aide à la recherche de l’AFAA – Villa Medicis Hors les Murs 2006 – 3 mois de recherche sur la femme à barbe, à parcourir les pays de l’Est. Ce spectacle est au répertoire de la compagnie, il a joué plus de 200 fois en France et à l’étranger.

En 2010, après Éloge du poil qui a été une sorte d’aboutissement de 10 ans de travail ; je crée Adieu Poupée , co-écrit et mise en scène par Julie Denisse. Avec ce quatrième solo, il y a un besoin de rompre assez radicalement avec les matières de cirque, je passe commande d’un texte à François Cervantes et choisi d’aller vers le jeu et la parole.
Pour la première fois, je fabrique mes objets compagnons, ici, des poupées de chiffons.

En 2012, à l’occasion d’une carte blanche aux Subsistances à Lyon, je crée La Poème, pièce courte et évolutive, travaille ici joyeusement autour du corps féminin. Renouer avec là d’où je viens tout en abordant de nouveaux langages, ici la voix chantée pour la première fois.

Isabelle Surel – création son

Après une licence de musiques vivantes à Paris VIII, dans un premier temps, elle s’intéresse à l’électro-acoustique pour s’orienter ensuite vers la création sonore au théâtre pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. Elle a collaboré pendant 14 ans avec la compagnie La Rumeur / Patrice Bigel et a aussi travaillé avec Anne-Marie Lazarini, Alain Bézu, Claude Yersin, Ricardo Lopez-Munoz et plus récemment avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, pour la danse avec la cie Fatoumi/Lamoureux et Brigitte Seth/Roser Montllo-Guberna.
Elle a travaillé au cinéma avec Christophe Loizillon et Eric Guirado.

Claire Villard – création lumières

Elle entre en 2007 à l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Technique du Théâtre) en département Réalisation Lumière. Durant 3 ans elle apprend le métier de régisseur lumière et aiguise sa sensibilité à la lumière. Elle travaille entre autre avec Mathias Langhoff, Christian Schiaretti et Jean-Pierre Vincent.
En 2011, sortant de l’école, elle commence à travailler pour Jeanne Mordoj en tant que régisseuse lumière pour Adieu Poupée. Après une saison de tournée, elle continue cette collaboration pour Éloge du poil pendant 2 ans de tournée tant en France qu’à l’étranger. En 2012, elle crée la lumière pour La Poème pièce courte.
Elle travaille également pour d’autres compagnies: création lumière, régie générale et régie lumière de 2011 à 2013 pour la compagnie de marionnettes La Pendue. En 2011 et 2012 en tant que régisseuse lumière pour la pièce La Petite d’Anna Nozières.
Elle se tourne également vers la régie générale et l’organisation logistique en travaillant pour différents festivals et évènements: régisseuse de site pour la biennale de la danse (2010 et 2012), responsable logistique pour Chalon dans la rue (2012), régisseuse de site off de Chalon dans la rue (2013), assistante de direction technique festival Cully Classique en Suisse (2011), co-régisseuse générale festival de la marionnette de Grenoble (2008 à 2010).