Milf

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En mars-avril nous accueillerons la création en résidence de MILF, pièce chorégraphique de Katalin Patkaï, en collaboration avec le graphiste Frédéric Teschner. MILF est un conte futuriste, une promenade sans but « dans des mondes inconnus et invisibles ».


vendredi 12 avril à 20h30
samedi 13 avril à 20h30
dimanche 14 avril à 16h
lundi 15 avril à 20h30

MILF

chorégraphie, interprétation Katalin Patkaï
interprétation Anna d’Annunzio
interprétation Justine Bernachon
interprétation Zsuzsa Féjer

collaboration artistique Frédéric Teschner
Coproduction : Studio-Théâtre de Vitry / CCAS / KBOX & CO
Mécénat : Diderot RealEstate


 » Je vais ouvrir un café à Pantin. Un café où les femmes seront les bienvenues.
Parce que dans mon quartier à Pantin aucune femme ne rentre dans les cafés, ils sont réservés à la clientèle masculine.
Ce n’est qu’à l’heure du pain au chocolat qu’elles apparaissent pour repartir bambins sous le coude.
Mais avant, je vais faire MILF. MILF ou ouvrir un café aux femmes à Pantin c’est pareil.
Même logique.
Cela se passe dans un NO MAN’S LAND, à entendre par land of women, terre de femmes, terre de feu.
Un petit îlot répandu
« Dans les forêts, dans les villes en braises rouges, au-dessus de la mer, sur les collines parfumées… »* C’est là.
Il faut se déchausser, se camoufler et se tapir, ne plus faire un bruit, chut, à coup sûr, Elles viennent.
Je flaire, Elles sont légions

Endurantes, pas endurcies
Larmes ou serpillières
Je pense donc j’essuie.

Au-dessus du volcan marmite,
Bout le ragoût dégoût

C’est délicat ou pas,
Ça a la rage, sûrement

Pas pas pas pas encore encore encore encore
Un volcan ça couve ?

L’enfant lave toutes tes peines
Mystère de l’amour au-delà
Dans ses yeux se reflète la bête bonheur

Maintenant, Médée regrettes-tu ?
J’ose comprendre ton geste à la mesure de tes amours
Immense d’horreur
Le volcan crache son sang

Le goût de l’enfant
Une chanson jazzy fredonnée qui t’accompagne pour toujours
Chair de ta chair délicieuse
Peau de chagrin  »

Louves, MILF.
Katalin Patkaï
* Brigitte Fontaine, Areski, le bonheur 1975


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© Piroska Simonyi

La chorégraphie s’élabore à partir de témoignages oraux de femmes ayant (eu) des enfants.
Les états de corps et les mouvements des interprètes expriment un état psychique et physique de femmes en (r)évolution avec leur corps.
Ils rendent compte d’une expérience de métamorphose.
Ils joignent deux états, physique et moral, différents.

Je nomme parcours (chorégraphique), le développé du mouvement qui modifie la vision d’un corps ordinaire.
A le point de départ : une femme se tient debout on peut percevoir le corps dans sa vérité ordinaire.
B point d’arrivée : la femme n’offre plus à voir qu’une partie de son corps sous un angle déformant.
Le mouvement : le parcours entre A et B et l’enjeu chorégraphique.

Mouvement
J’établie le mouvement comme une suite/gamme de poses.
Dans ma tête une série de dessins inscrite au fur et à mesure d’improvisations guidées.
Un mouvement cinétique à la Muybridge qui dévoile l’organisation du corps.
Un corps qui semble obéir à une loi inconnue.
Cette manière d’écrire un mouvement me permet de m’attarder et de m’attacher à la structure du corps, à son expression morphologique.

Rythme
Ici la lenteur d’exécution agit sur la rétine comme une suite d’images.
Le principe tiendrait presque des peintres expressionnistes, si je ne leurs préférais le plus contemporain Francis Bacon. On y discerne les formes mais également la trace ayant donné naissance à cette forme. La netteté de cette dernière n’étant pas totale cela permet au spectateur de porter sa vision « au-delà » du tableau.

« A » comme animal
Bien qu’inspirée par la peinture, je m’inspire aussi de la grâce naturelle de l’animal en mouvement. J’aime par dessus tout la pesanteur molle et assurée du félin, la détente d’une biche surprise, et l’état d’alerte de la plupart des animaux.
Sans faire d’anthropomorphisme, la qualité organique de leurs déplacements atteint des sommets d’émotion. Je recherche cette qualité.
La lenteur évoquée plus haut, rejoint l’idée de l’animal aux aguets, renvoie à la transformation biologique, au rythme de la nature dans son ensemble. Même si ce rythme peut s’accompagner de violents à-coups, d’accélérations et d’immobilités.
Ici, précisément sur ce spectacle, je me suis intéressée à l’isolement de parties du corps. Le loup par exemple, a la capacité d’isoler sa tête sans engager la globalité de son corps. Appliquée à l’homme, cette qualité de mouvement produit un effet déshumanisant et inquiétant.

Registre
Encore un peintre en référence : Jérôme Bosch.
La stupeur engendrée par le grotesque, l’absurde et le débordement dans les scènes de Bosch relègue en second la qualité et la composition de sa peinture.
C’est un phénomène que j’admire : le fond prend le pas sur la forme alors même qu’il dépend d’elle.
Pour moi c’est le caricaturiste du moyen-âge Flamand, un artiste qui peint son actualité et démasque sa société.
Les hybridations et les monstres que ma chorégraphie engendre passe par une étude empathique de mes semblables. Héroïne et victime à la fois, la femme dont je parle est double, triple et plus encore.
Perpétuel processus de métamorphose : adaptation, camouflage, mutation ?

 


Katalin Patkaï
Fille du sculpteur hongrois Ervin Patkaï, Katalin cherche avant tout à fuir une filiation trop évidente en s’inscrivant à la Sorbonne. Après une licence de lettres modernes, elle passe le concours de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. En 2000, avec son diplôme de scénographe, elle s’engage dans la danse contemporaine qu’elle vient de découvrir : d’abord comme scénographe auprès des chorégraphes Arco Renz, Marion Ballester et Marie-Jo Faggianelli, puis avec ses propres pièces : Spatialisation sonore pour un danseur (2002), qui soude une collaboration avec l’interprète et chorégraphe flamand Ugo Dehaes.
Vient ensuite X’XY (2004), Appropriate clothing must be worn (2006), Rock Identity (2007), Sisters (2008), la même année Daniel Larrieu lui remet le prix SACD du Nouveau talent chorégraphique. Puis, de sa rencontre avec l’artiste pluridisciplinaire Yves-Noël Genod, naît C’est pas pour les cochons (2009), une fable improbable qui réconcilie Nature et Artifice, Rousseau et Baudelaire.