LE POEME ET LA VOIX

Parallèlement aux ateliers libres du jeudi et pour approfondir la recherche sur un temps plus long, nous proposons régulièrement des stagesamateurs le temps d’un week-end, portant sur des sujets liés à l’activité du Studio-Théâtre. Ce mois d’avril 2010, nous invitons Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin, de la Compagnie des Limbes en résidence au Studio-Théâtre, à poursuivre avec des comédiens amateurs leur travail sur l’œuvre poétique d’Henri Meschonnic.


Stage amateurs avec Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin / Compagnie des Limbes

LE POEME ET LA VOIX
à travers l’œuvre d’Henri Meschonnic

les samedi 24 et dimanche 25 avril 2010
de 13h30 à 18h30

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Le temps d’un week-end, nous explorerons les poèmes d’Henri Meschonnic à la rencontre de notre propre inconnu. Le poème dans la voix, notre traversée, de Dédicaces proverbes à De monde en monde, se fera dans l’écoute sensible de la manière dont le mouvement de la parole s’organise. Dans le partage aussi, de documents sonores et de lectures de l’œuvre théorique. Puisqu’un poème transforme la vie par le langage et le langage par la vie, selon la définition d’Henri Meschonnic, peut-être alors, le bonheur de s’inventer langage vous transformera-t-il à votre tour…

Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin


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« Il faut que le texte qui va porter le théâtre soit déjà ce qu’un corps fait au langage, le maximum de corps dans le langage. Pas écrit pour être mis en voix, non, mais lui-même une voix qui va de mot en mot, et tellement que ce n’est plus ce que le texte dit qu’on doit entendre, mais cette voix continue, la bête en nous qui a mal ou qui est en bonheur, quelle que soit l’histoire racontée. »

Henri Meschonnic
Le théâtre comme voyage de la voix,
Académie expérimentale des théâtres 1990-2001.

« Chaque fois qu’on donne de la voix, on se donne dans la voix. Elle est bien alors de tout le corps, sans pour autant crier. Chuchoter aussi peut être de tout le corps. La voix ne dit pas. Ce qu’on dit, on le dit, en parlant, par la voix. Mais ce n’est pas la voix qui dit, c’est vous qui dites, ou c’est moi. La voix, elle, fait. Elle fait le climat, l’humeur. Elle fait une prosodie, qui n’est pas celle du discours, mais celle du corps, et de la relation entre les corps. C’est parce qu’elle agit que la voix a une affinité avec le poème. Le poème non plus ne dit pas, en tant qu’il est poème, mais il fait. Ce que seul un poème fait. »

Henri Meschonnic
Le théâtre dans la voix,
dans Penser la voix, La Licorne N°41

« Je passerai ma vie à ressembler à ma voix »

Henri Meschonnic
>Dédicaces proverbes, Ed. Gallimard 1972.


il est temps
d’entendre
ce qu’on ne veut pas entendre
entendre ce qui ne fait pas de bruit
le sang ne fait pas de bruit
l’oiseau mort
ne fait pas de bruit
marcher sur un nuage
ne fait pas de bruit
laisser faire
ne fait pas de bruit
se taire
ne fait pas de bruit
mais tout ce silence
de tous ceux qui se taisent
fait un bruit à ne plus vivre
mentir ne fait pas de bruit
mais mentir mentir sur mentir
finit par faire un bruit à ne plus
s’entendre
un bruit de fin du monde
la mort
ne fait pas de bruit

Poème extrait de Et la terre coule, éd.Arfuyen, 2005.

je parle
pour partager le silence
qui pousse tous les mots
oui ce qu’on appelle
s’entendre
entendre ce que tu n’as pas dit
ce que les autres allaient dire
je parle
pour transformer le silence
c’est ainsi qu’on s’entreparle
quand ce qu’on dit
n’étouffe pas
ce silence


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Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin, comédiens et metteurs en scène. Formés au conservatoire de Bordeaux où ils ont notamment suivi l’enseignement de Pilar Anthony. Ils fondent la compagnie des Limbes en 2001 et mettent en scène, ensemble : Mues sur des textes d’Antonin Artaud, Ghérasim Luca et Kurt Schwitters en 2003, Hiver de Jon Fosse en 2005, Les Vagues de Virginia Woolf en 2006, Dépeçage de Kurt Schwitters en 2006, Vivre dans le secret et Matin et soir de Jon Fosse en 2007, No man’s langue poèmes de Ghérasim Luca, Écrire c’est créer un lieu où on peut vivre, triptyque Jon Fosse en 2009. Projets à venir : Enfants Perdus d’Arnaud Rykner.


Le stage est gratuit et limité à douze personnes.
Il a lieu de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.
Candidatures à envoyer par mail avant le 8 avril 2010.
Réponse le 13 avril.
Inscriptions au stage :
studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

 

Ce n’est pas un rêve, Mamadou !

Parallèlement aux ateliers libres du jeudi et pour approfondir la recherche sur un temps plus long, nous proposons régulièrement des stages amateurs le temps d’un week-end, portant sur des sujets liés à l’activité du Studio-Théâtre. Ce mois de novembre 2010, nous invitons Marlène Saldana & Jonathan Drillet à poursuivre avec des comédiens amateurs leur travail sur l’art, la société, la politique et les crocodiles…


Stage amateurs avec Marlène Saldana & Jonathan Drillet / The United Patriotic Squadrons of Blessed Diana

Ce n’est pas un rêve, Mamadou !

les samedi 6 et dimanche 7 novembre 2010
de 13h30 à 18h30

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Un stage sur la Françafrique, la France à Fric et l’Afrique en France, sur l’enfouissement de l’Avenue Charles De Gaulle, sur l’enfant de Joal bercé par les rhapsodies des griots, sur les vraies valeurs, et la force de la France, qui est dans l’esprit des Lumières.

Les 6 et 7 novembre, à l’instar d’Hegel, Victor Hugo, Henri Guaino, et Nicolas Sarkozy, nous nous interrogerons sur l’Afrique : l’Art moderne lui doit-elle tout, faut-il l’aider à entrer davantage dans l’Histoire, l’Africain est-il un enfant, un paysan ou un poète?  Nous organiserons une fête costumée, une soirée échangiste dans une ambassade congolaise, une soirée à thème à Neuilly-sur-Seine ou bien une soirée d’adieux au Safari Club de Kakaméga, lorsque le champagne coule à flot et qu’on danse sur Saga Africa en grignotant un peu de manioc. Nous discuterons avec Nadine Morano, Omar Bongo, Mouammar Kadhafi, Liliane Bettencourt, Jean Bedel Bokassa ou Jean-François Copé. Nous en apprendrons davantage sur le moment où, enfin, l’enfant de Joal, à genoux dans le silence de la nuit africaine, pourra lever la tête. Après avoir évoqué diverses affaires franco-africaines, allant de la vente de porte-avions à la suggestion d’autosuffisance alimentaire pour la prochaine Eurafrique, nous trinquerons aux crocodiles, avant de nous réunir, discutant d’un ordre international équilibré, autour d’une bonne fondue. Nous réfléchirons au fait que la Suisse a traversé ce siècle dernier sans guerre, et nous danserons, que ce soit sur des rythmes africains, avec la Obama Dance de DjKadhafi, ou sur des symphonies du bonheur, avec les chorégraphies de Patrick Swayze et Lisa Niemi.

« Ce n’est certes pas la chronologie qui compte, mais le sens, qui si souvent n’est pas dans l’ordre. »
P.P. Pasolini

Grâce à l’étude de nombreux textes et documents (journaux, magazines, interviews, enregistrements télévisés et radiophoniques, rapports de débats de l’Assemblée Nationale, du Sénat, de l’Élysée, biographies et autobiographies…), c’est donc une étourdissante plongée au cœur de l’Histoire, où palpitent pouvoir, violence, et amour, que nous vous proposons. Une épopée furieuse et démentielle mêlant philosophies politiques orientale et occidentale, oscillant entre réalisme et mysticisme, parlant aussi bien de l’Afrique que de la France, du Brésil que de la Libye, de la Suisse ou des États-Unis.


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Marlène Saldana, actrice hors du commun, bestiale et poétique, travaille avec Yves-Noël Genod, Sophie Perez & Xavier Boussiron, Thomas Lebrun, Moving Theater (New York)…

Jonathan Drillet, acteur éclectique et sensationnel, d’une violente douceur, travaille avec Raimund Hoghe, Alexis Fichet, Moving Theater (NY), Christophe Honoré, Daniel Larrieu…
À l’instar de Friedrich Nietzsche, ils savent que l’art nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité, mais ils se demandent parfois, comme Rodrigo Fresán, pourquoi être artiste quand on peut parler d’art et appeler son chat angora Orson et son caniche Muddy Waters ? Pour répondre à cette question, ils ont fondé THE UNITED PATRIOTIC SQUADRONS OF BLESSED DIANA, dont on a pu récemment suivre Le Prix Kadhafi, une trilogie tiers-mondiste, à la Park Avenue Armory à New York, au Nouveau Festival du Centre Georges Pompidou et au Théâtre de Vanves, ainsi que  Déjà, mourir c’est pas facile au festival Belluard Bollwerk de Fribourg et Un alligator deux alligators ohé ohé au Théâtre de La Ville pour le concours Danse Élargie.

« Nous avons le désir de faire bouger les lignes et de marquer notre époque, et pour cela nous faisons des propositions pour permettre au futur d’exister. Suivant les conseils pour la création artistique, nous prenons toute notre part, en tant que force de proposition au service des français et en réponse à la crise économique mondiale, à la révolution engagée le regard tourné vers l’avenir. Notre travail se situe quelque part entre Merce Cunningham et Justin Timberlake chantant les Fondements de la Métaphysique des Mœurs, et c’est bien vers là comme l’annonçait le Général De Gaulle, que nous irons puiser l’ardeur nouvelle! »

Lien vers le site de UPSBD : http://patrioticsquadronsofblesseddiana.blogspot.com


Candidatures à envoyer par mail avant le 25 octobre 2010.

Réponse le 29 octobre.

Le stage est gratuit et limité à quinze personnes. Il a lieu de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

DES MOTS ET DES CHOSES

Parallèlement aux ateliers libres du jeudi et pour approfondir la recherche sur un temps plus long, nous proposons régulièrement des stages amateurs le temps d’un week-end, portant sur des sujets liés à l’activité du Studio-Théâtre. Ce mois de mars 2011, nous invitons Marie Vayssière et Philippe Gorge à poursuivre avec les stagiaires amateurs du Studio-Théâtre leurs recherches sur l’objet et le burlesque…


Stage amateurs avec Marie Vayssière et Philippe Gorge

les samedi 5 et dimanche 6 mars 2011 de 13h30 à 18h30

DES MOTS ET DES CHOSES

Dans le théâtre traditionnel l’objet n’est souvent qu’un accessoire. Nous chercherons comment nous en emparer autrement, nous en amuser, le dépouiller de ses attributs traditionnels, esthétiques ou formels, immédiatement utilitaires, en le privant de ses fonctions habituellement reconnues.
A partir de quoi, l’objet n’illustre plus le contenu d’un spectacle. L’objet est là dans toute sa nudité et sa grandeur. Nous travaillerons à partir d’objets issus directement de la réalité quotidienne, pour les imaginer dans de nouvelles fonctions purement théâtrales.
Chaque participant apportera une dizaine d’objets de son choix.
Le travail prendra la forme d’une vaste improvisation collective s’inspirant d’extraits d’un texte proposé par Marie Vayssière. Elle s’appuiera sur les principes de recherche et de création de la compagnie : gravité et grande pitrerie…

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Qu’elle joue ou qu’elle mette en scène, Marie Vayssière ouvre par son théâtre un rapport inédit au temps, une sorte de « trou dans la réalité ».
Spectacle après spectacle, elle développe une démarche où le singulier (nom dont elle baptise sa compagnie), émerge du rapport très artisanal qu’elle entretient au métier. Du cousu main si l’on peut dire. Sa recherche va piocher à travers d’autres pratiques comme le clown, la marionnette, la foire… tout ce qui permet, en bref, de déplacer le trait, de le forcer même à certains moments, pour atteindre à une sorte de déséquilibre scénique ambiant. Un vertige concret, généré par le jeu des acteurs et par le traitement de l’espace qu’elle favorise. Les choses dans son travail se présentent de biais, les extrêmes se frôlent, grotesque et gravité se côtoient, énormité et grâce rivalisent. Sous cet éclairage à effet grossissant, on peut parler de tout avec légèreté. Evoquer le meilleur comme le pire, le génial et le pas reluisant.
Et Marie Vayssière ne s’en prive pas. Qu’elle amène sur scène les figures mythiques de Zarathoustra, Panurge, ou Tartarin, c’est toujours au bout du compte, pour pousser dans ses retranchements l’homme, ses grandeurs et son éternelle bêtise.

Suzanne Joubert (auteur associé du Théâtre des Bernardines. Marseille)

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Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 17 février 2011.
Les personnes retenues pour le stage recevront un mail de confirmation le 22 février 2011.
Le stage est gratuit et limité à quinze personnes.
Il a lieu les samedi 5 et dimanche 6 mars de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.
Inscriptions : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

De la page blanche au plateau

Née en 1980, Adeline Olivier est comédienne et auteur de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie. Elle est en résidence d’écriture au Studio-Théâtre de Vitry de mars à décembre 2011. Nous lui avons proposé de diriger un atelier d’écriture inspiré de son propre parcours, partant de l’intime de la page à l’aventure du plateau…


Atelier d’écriture avec Adeline Olivier

De la page blanche au plateau

samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 juin
de 13h30 à 18h30

La page serait une piste d’atterrissage, elle ne supporterait de nous que de l’inattendu, nous ne pourrions rien y poser que nous aurions décidé d’avance.
Seulement accepter que la main soit emportée par un flux de mots qui s’écrivent comme étrangers à soi, des mots qui réfléchissent sur la page ce qu’on ne soupçonnait pas, un monde en soi.
Nous appréhenderons ce monde que l’écriture ouvre, en nous déplaçant de la page au plateau le troisième jour.

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Déroulement de l’atelier :

Chacun aura devant lui deux feuilles blanches et un feutre. Une feuille qui restera vierge et qui servira de support au regard, comme une image. Et une autre pour écrire.
Nous y jetterons en vrac les mots, les phrases qui nous passeront par la tête, ou nous y dessinerons.
Après une mise en commun de cette étape, nous déterminerons pour chacun, ce qui pourra, à partir de ces premières notes ou premiers dessins, constituer notre point de départ d’écriture.
Puis nous écrirons…
Puis nous échangerons sur ce premier temps d’écriture, nous nous lirons les uns les autres. Nous lire les uns les autres nous permettra de nous demander comment continuer.
Puis nous penserons, réfléchirons au plateau. Pour dire/jouer ce texte sur le plateau, est-ce qu’il faut en reprendre l’écriture, le réajuster, ou aménager le plateau pour ce texte écrit ainsi ?
Puis nous envisagerons le passage au plateau, texte à la main, ou selon la méthode du « texteur » (que pratique pour ses créations le metteur en scène Gildas Milin).
Enfin nous verrons comment les textes peuvent être agencés les uns les autres pour construire un « objet » final, nous séparer sur une dernière traversée.

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« Pour pouvoir écrire, il faut pouvoir oublier et faire travailler l’absence » « Écrire c’est toucher, prendre contact avec la réalité intérieure »

Céline Masson, in L’écriture est un voir

PARCOURS NOCTURNE

Rien ne peut se comparer. Qu’est-ce qui n’est pas entièrement
seul avec soi, en effet, et y eut-il jamais chose à dire;
nous ne nommons rien, il nous est seulement permis d’endurer
et de nous persuader que çà et là un éclat,
çà et là un regard nous a peut-être effleurés
comme si précisément cela qui est notre vie
vivait à l’intérieur. À qui résiste,
le monde n’advient pas. Et à qui comprend trop,
l’éternel se dérobe. Parfois
dans de grandes nuits pareilles à celle-ci nous sommes comme
hors de danger, partagés en fragments égaux,
répartis en étoiles. Comme elles sont pressantes.

Rainer-Maria Rilke, in Poèmes à la nuit, éd. Verdier 1994


Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 27 mai 2011, accompagnées de quelques lignes de motivation et de vos coordonnées (nom, adresse, téléphone, mail).

Les personnes retenues pour le stage recevront un mail de confirmation le 31 mai 2011.

L’atelier est gratuit et limité à douze personnes.
Il a lieu les samedi 11, dimanche 12 et lundi 13  juin de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.

RÉDUIRE L’OFFRE

Parallèlement aux présentations de sa performance JE PENSAIS VIERGE MAIS EN FAIT NON, Thibaud Croisy dirigera en février 2012 un stage pour amateurs autour de la notion de « déproduction »…


Stage amateurs avec Thibaud Croisy et Sophie Demeyer

les week-ends des 4, 5 et 11, 12 février 2012 de 13h30 à 18h30

RÉDUIRE L’OFFRE

À l’heure où se multiplient les « workshops » sur tous les sujets et où le marché de l’art se flatte de proposer une offre toujours plus large, il me semble urgent de ménager un espace qui oppose le vide au remplissage, le rien à la prolifération, la perte aux gains que les consommateurs culturels sont censés retirer de chaque prestation.

Ce stage invite donc des participants à aller à l’encontre des exigences de productivité par des stratégies de ralentissement, de retard, de stagnation voire même d’« inactivité ». Dans un contexte où un grand nombre d’artistes cherche à apparaître sans discontinuer et à produire le plus possible pour exister, les participants seront enjoints, au contraire, à envisager leur disparition, l’effacement de leurs gestes et la mise entre parenthèses de leur posture singulière. En ce sens, il ne leur sera pas tant demandé de « ne rien faire » que de « faire rien », c’est-à-dire d’expérimenter des actions qui se situent à la lisière du domaine de l’art et de la vie ordinaire et qui « [construisent] des intensités par soustraction » (Thierry Davila). Une démarche de ce type, fondée sur la présence, la précision et le souci du détail, implique de prendre part à des propositions confidentielles ou « fantômes », imperceptibles ou invisibles, pouvant s’inscrire en dehors de l’espace scénique et aller jusqu’à se dispenser de la présence d’un public. Dans tous les cas, il s’agira de penser l’absence de création et de développer un comportement plutôt que d’élaborer un objet – démarches évidemment politiques.

Ce stage s’articule autour de deux sessions : lors d’un premier week-end, les participants seront impliqués dans différentes expériences en lien avec la notion de « déproduction » (production sur un mode mineur), qu’ils aborderont aussi sous un angle théorique grâce à la présentation de quelques œuvres ; dans la continuité de ce premier temps, ils s’empareront d’un deuxième week-end pour concevoir une proposition qu’ils devront réaliser individuellement. Conçu comme une matrice, ce stage est amené à se configurer en fonction de l’identité et de l’engagement des participants. Pour cette raison, il est ouvert en priorité aux amateurs mais aussi aux personnes plus expérimentées qui souhaiteraient s’investir pour formuler un geste critique avec leur corps.

Thibaud Croisy


Thibaud Croisy

En 2007, Thibaud Croisy entame une recherche qui se traduit par la mise en scène de trois pièces : Rixe de Jean-Claude Grumberg (2007), Le Frigo de Copi (2008) et un fragment d’Au But de Thomas Bernhard (2010). Toutes trois se fondent sur des normes (langagières, sociales, sexuelles) mises en crise par différentes formes de violence, voire de barbarie.
Avec Je pensais vierge mais en fait non, il conçoit un projet qui s’inscrit en dehors de l’espace scénique et prend en compte la sphère de l’habitat.
Il travaille également en tant que dramaturge avec Hauke Lanz, Olivier Normand mais aussi comme interprète avec les chorégraphes Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan).
Ancien élève du département de théâtre de l’École normale supérieure et de l’Université Paris-X, il mène parallèlement des recherches sur les dramaturgies autrichiennes contemporaines (Werner Schwab) et publie occasionnellement des textes.


Sophie Demeyer

Sophie Demeyer s’est formée grâce aux multiples approches pédagogiques et expérimentales proposées par la cellule d’insertion professionnelle « Passerelle 03 » à Bruxelles (interprète les pièces courtes de Ted Stoffer, Louise Vanneste, Yasuyuki Endo) puis au Centre national de danse contemporaine d’Angers où elle rencontre, entre autres, Carlos Cueva et Iztok Kovac.
Depuis septembre 2006, elle travaille avec Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan) et participe notamment aux créations X-Event 1, X-Event 2, Home-Clubbing, re | action.
Elle travaille avec Geisha Fontaine et Pierre Cottreau (Cie Mille Plateaux associés) sur Ne pas toucher aux œuvres, créé en janvier 2011 dans le cadre du festival « Faits d’hiver ».


Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 23 janvier 2012, accompagnées de quelques lignes de motivation et de vos coordonnées (nom, adresse, téléphone). Les participants peuvent éventuellement mentionner leurs expériences artistiques ainsi que toute information qui leur semblerait pertinente.

Les personnes retenues pour le stage recevront un mail de confirmation le 26 janvier 2012.

Le stage est gratuit et limité à dix personnes.

Il a lieu les week-ends des 4, 5 et 11, 12 février de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

Stage amateurs avec Daniel Jeanneteau et Jean-Louis Coulloc’h

Parallèlement aux ateliers libres du jeudi et pour approfondir la recherche sur un temps plus long, nous proposons régulièrement des stages amateurs d’un ou deux week-ends, portant sur des sujets liés à l’activité du Studio-Théâtre. Ce mois d’octobre 2012, Daniel Jeanneteau et Jean-Louis Coulloc’h proposent un stage pour comédiens amateurs autour de l’une des œuvres les plus radicales du grand auteur symboliste Maurice Maeterlinck.


Stage amateurs avec Daniel Jeanneteau et Jean-Louis Coulloc’h

Les week-ends des 6, 7 et 13, 14 octobre 2012 de 13h30 à 18h30

autour de

Les Aveugles

de Maurice Maeterlinck

« Une banalité trouée d’abimes. »
Maurice Maeterlinck

Douze aveugles en pleine nature attendent le retour d’un prêtre qui les a guidé jusque là. Mais ce prêtre est mort parmi eux. Il est absent d’être mort. Le dénouement est donné d’emblée au spectateur voyant, à l’insu des protagonistes aveugles : ils sont perdus, ils ne le savent pas encore.

Dans ce poème visionnaire et très simple, presque immobile, la seule action réside dans la lente découverte, par un groupe disparate de personnes traversées par les mêmes sensations, de leur solitude dans un monde qu’ils ne comprennent pas, et de l’imminence de leur disparition.

Le texte est un entrelacs complexe de motifs simples, une partition précise de silences et de mots, de répétitions, de cris confus et de respirations. Il ne raconte rien, mais il produit de l’espace, du froid, du temps, un monde de visions affectant les sens.

Il appelle une mise en œuvre chorale de la parole, avec une attention particulière aux questions du son, de la spatialité des voix, des tessitures. Plus qu’une scénographie, il exige la constitution d’un véritable paysage de la voix, à travers l’expérience d’une perception de l’espace qui ne passe plus exclusivement par le visible.

Sur scène, les seuls moyens à la disposition des interprètes résident dans leur capacité d’imagination : pratiquement aucun geste, aucun déplacement, aucune interprétation. Pas de mise en scène, pas de jeu d’acteur, mais une grande force psychique, un cerveau actif et à l’affût, tirant de chaque mot, de chaque silence et du rythme commun, la faculté de produire de la réalité.

Pendant deux weekends, le stage proposera une exploration détaillée de cette œuvre courte, une approche aussi bien textuelle que sensible de la partition, dans la mise en jeu collective de ce qu’on pourrait appeler une polyphonie dramatique.

Ils sera dirigé par Daniel Jeanneteau, metteur en scène, scénographe et directeur artistique du Studio-Théâtre, et Jean-Louis Coulloc’h, comédien. 


Maurice Maeterlinck est un écrivain belge d’expression française, né à Gand le 29 août 1862 et mort à Nice le 5 mai 1949, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1911. Auteur emblématique du mouvement symboliste, il a profondément bouleversé l’écriture théâtrale de la fin du dix-neuvième siècle, en recentrant notamment les enjeux de la représentation sur les questions du psychisme et de la vie profonde, loin du naturalisme qui régnait sur les scènes de l’époque. Ses pièces courtes, toutes écrites avant 1900, et dont il disait qu’elles étaient destinées aux marionnettes, ont influencé, avec les théâtres d’Ibsen et de Strindberg, la plupart des grandes dramaturgies du vingtième siècle. Il est l’auteur de La Princesse Maleine, L’Intruse, Les Aveugles, Les Sept Princesses, Pelléas et Mélisande (adapté en opéra par Claude Debussy), Alladine et Palomides, Intérieur, La Mort de Tintagiles, Aglavaine et Sélysette, L’Oiseau Bleu


Jean-Louis Coulloc’h a joué au théâtre sous la direction de Jean-Claude Fall, Platonov de Anton Tchekhov ; Sylvie Jobert, le Charme et l’épouvante de Marcel Moreau ; Thierry Bédard, Pathologie verbale ;  Claude Régy, Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel, Mélancholia de Jon Fosse ; François Tanguy, Choral, la Bataille du Tagliamento, Orphéon ; Pierre Meunier, le Tas, les Égarés ; Madeleine Louarn, la Légende de Saint-Triphine ; Nadia Vonderheyden, Médée de Sénèque ; Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, Feux d’August Stramm ; Laurent Fréchuret, Médée, Théatre de Sartrouville ; Sophie Langevin, Hiver de Jon Fosse, Grand Théâtre du Luxembourg ; Benoit Giros, May Bouhada, 1939 au jour le jour.
A la radio: La marée fait flotter les villes de Kay Mortley et Alain Mahé, France Culture.
Au cinéma, courts-métrages : Synopsis de Florent Trochel ; Le début de l’hiver d’Eric Guiradeau ; Bake a cake d’Aliocha Allard.
Longs métrages : Lady Chatterley, de Pascale Ferran ; Circuit Carole, d’Emmanuelle Cuault ; Skylab, de Julie Delpy ; Je suis un vagabond, de Charlie Najman.
Il a participé également en 2006 au projet collectif Ultimo Round qui l’a emmené jusqu’à Valparaiso au Chili…

Daniel Jeanneteau. Après des études à Strasbourg aux Arts Décoratifs et à l’École du TNS, il rencontre le metteur en scène Claude Régy dont il conçoit les scénographies pendant une quinzaine d’années. Il travaille également avec de nombreux metteurs en scène et chorégraphes (Catherine Diverrès, Jean-Claude Gallotta, Alain Ollivier, Nicolas Leriche, Jean-Baptiste Sastre, Trisha Brown, Jean-François Sivadier, Pascal Rambert…) Depuis 2001, et parallèlement à son travail de scénographe, il se consacre à la création de ses propres spectacles, en collaboration avec Marie-Christine Soma. (Racine, Strindberg, Boulgakov, Sarah Kane, Labiche, Daniel Keene, Anja Hilling, Tennessee Williams). Daniel Jeanneteau dirige le Studio-Théâtre de Vitry depuis 2008.


Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 28 septembre 2012, accompagnées de quelques lignes de présentation et de vos coordonnées (nom, adresse, téléphone). Vous pouvez éventuellement mentionner vos expériences artistiques ainsi que toute information qui vous semblerait pertinente.

Les personnes retenues recevront un mail de confirmation le 1er octobre 2012.

Le stage est gratuit et limité à quinze personnes.

Il a lieu les week-ends des 6, 7 et 13, 14 octobre de 13h30 à 18h30, au Studio-Théâtre de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

Casser une noix

Au cours du mois d’octobre, le Studio-Théâtre propose un stage avec le metteur en scène et comédien Yves-Noël Genod. Le stage est ouvert à tous, amateurs ou professionnels.


CASSER UNE NOIX

du lundi 14 au vendredi 25 octobre 2013 de 10h à 16h

« Casser une noix n’a vraiment rien d’un art, aussi personne n’osera rameuter un public pour casser des noix sous ses yeux afin de le distraire. Mais si quelqu’un le fait néanmoins, et qu’il parvienne à ses fins, alors c’est qu’il ne s’agit pas simplement de casser des noix. Ou bien il s’agit en effet de cela, mais nous nous apercevons que nous n’avions pas su voir qu’il s’agissait d’un art, à force de le posséder trop bien, et qu’il fallait que ce nouveau casseur de noix survienne pour nous en révéler la vraie nature — l’effet produit étant peut-être même alors plus grand si l’artiste casse un peu moins bien les noix que la majorité d’entre nous. »

Franz Kafka

On mettra cette citation énigmatique en résonance (puisqu’elle l’est) avec celle, célèbre, de  Shakespeare : « I could be bounded in a nutshell and count myself
a king of infinite space
» (Hamlet, Act 2, Scene 2).

Les places étant limitées, on tentera de privilégier les « vraies » demandes. Qu’est-ce que c’est que ça, les « vraies demandes » ? Eh bien, c’est difficile à dire… Toutes les demandes sont flatteuses. Mais il y a une erreur souvent faite pour un stage, qui me semble venir du fait qu’on y va pour y apprendre (prendre). Or quand je réunis des gens pour une audition (pour un spectacle), je constate que c’est tout à fait différent : on y vient pour y donner (parce qu’on ne fait pas un spectacle en prenant, mais bien au contraire). Les mots « donner » et « prendre » sont assez secs, mais c’est pour me faire comprendre… Essayons ensemble d’oublier un peu le charme de l’apprentissage et d’imaginer plutôt une troupe, 10 personnes, 10 jours — parce qu’après tout, dans mon cas, 10 jours suffisent pour créer un spectacle — et créons-le ! C’est une manière de raccourci. C’est ce que nous faisons sur un plateau: prendre des raccourcis. Des « wormholes », en astrophysique. En français: « trous de ver ». Tiens, « trou de ver », je dérive, c’est comme « trouvère », n’est-ce pas ? Et, trouvère, troubadour, c’est littéralement: « celui qui trouve ». Cela veut dire — c’est Pierre Guyotat qui le fait remarquer — que dans notre métier de poète, on peut certes un peu chercher, mais il faut surtout trouver !

C’est bien évidemment ouvert à tous les corps de métier — et même aux rentiers (il n’y a pas de sot métier), amateurs ou professionnels.

Yves-Noël Genod

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© DR


Yves-Noël Genod est un distributeur de spectacles, de poésie et de lumière, il n’invente rien, il fait passer le furet, « passé par ici, il repassera par là ». En effet, c’est ici et là qu’est la révolution : dans la redistribution des richesses. Ainsi les « contenus » ne sont que de peu d’importance, dans le meilleur des cas entièrement inventés par le public — comme dans le spectacle dans le noir qui a fait sa renommée : Le Dispariteur — et chaque soirée est d’une couleur très différente, cauchemar ou rêve selon l’âme de votre bon vouloir, noirceur ou bonheur. Il utilise les lieux souvent comme les instruments mêmes — et uniques — à faire sonner, ceux-ci quand ils sont beaux : Ménagerie de verre, grande salle du théâtre de Gennevilliers, La Condition des soies (Avignon), Hôtel Palace (Bologne), théâtre de la Bastille, Friche de la Belle de mai (Marseille), ancienne salle de réparation des tramways à Berlin, grands salons de l’hôtel de la Mirande à Avignon ou du château de Montfrin… Prochainement au théâtre des Bouffes du Nord. Quand les lieux le sont moins — beaux —, mais qu’ils ont des fenêtres, il joue en lumière du jour (théâtre de la Cité internationale, théâtre du Rond-Point). Il a travaillé avec des dizaines de comédiens, danseurs, chanteurs, acrobates… Citons, parmi les plus connus : Lorenzo de Angelis, Jeanne Balibar, Audrey Bonnet, Cecilia Bengolea, Jonathan Capdevielle, Valérie Dréville, Papy Ebotani, Julien Gallée-Ferré, Julie Guibert, Nicolas Maury, Kate Moran, Jean-Paul Muel, Felix Ott, Lucien Reynes, Marlène Saldana, Wagner Schwartz, Thomas Scimeca, Dominique Uber, Charles Zevaco… Il a « fabriqué » depuis 2003 — parfois avec l’aide de collaborateurs éclairagistes, ingénieurs du son, vidéastes, dessinateurs… comme Philippe Gladieux, Patrick Laffont, Sylvie Mélis, François Olislaeger, Benoît Pelé… — quarante-six spectacles et un nombre non répertorié de « performances ». Il vit à Paris (et partout : citoyen du monde) de l’amabilité des institutions et de ses amis mécènes. Il est d’une santé de fer et prétend qu’il n’a pas dit « son dernier mot ». Car — ainsi que l’a prononcé Pascal : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».

Le dispariteur, blog d’Yves-Noël Genod

liens vidéos :

(— je peux / — oui)

(Chic by Accident) / critique de Jean-Pierre Thibaudat

(Je m’occupe de vous personnellement)

(La Mort d’Ivan Ilitch)


Candidatures

Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 26 septembre 2013, accompagnées d’une photo, de votre CV et de quelques mots adressés à Yves-Noël Genod pour exprimer votre motivation.

Vous recevrez une réponse le 1er octobre 2013.

Le stage est gratuit et limité à dix personnes.

Il a lieu du lundi 14 au vendredi 18 octobre et du lundi 21 au vendredi 25 octobre 2013 de 10h à 16h, au Studio-Théâtre de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr

 


Entretien avec Daniel Jeanneteau

Lignes de fuite

Entretien avec Daniel Jeanneteau

Bulbus est une pièce énigmatique. La lisant même plusieurs fois, on a le sentiment qu’elle ne cesse de contenir un mystère. On croit suivre une piste, ou une autre, et on se rend compte qu’elles nous échappent.

D. J. : La pièce est énigmatique, et elle le reste jusqu’à la fin. Comme si elle portait en elle une sorte d’étrange exigence à ne pas se résoudre, à ne pas s’accomplir en une parabole clairement lisible. Elle ne conduit pas à un savoir qui serait la somme de ses détails, ou le résultat d’un raisonnement, elle reste sans réponse. Les pièces d’Anja Hilling ont en commun qu’elles empruntent au monde, à la vie, à la réalité, au présent, des bribes de ce que nous connaissons, en les organisant dans un ensemble qui se dérobe à l’interprétation logique. Dans Bulbus, une sorte de glissement dans l’écriture nous entraîne d’hypothèse en hypothèse sans qu’aucune, sans doute, ne soit la bonne. Ses pièces comportent des éléments de réalité familiers, mais elles conservent une étrangeté inaltérable, qui pourtant nous concerne. Un peu comme une nasse, un filet, qui saisirait dans ses réseaux un certain nombre de thèmes, d’affects, d’images, les agencerait et les ferait parler entre eux. Si on sent que l’auteur porte un regard personnel sur la société de consommation, l’histoire du terrorisme, l’histoire de l’Europe ou les problématiques de filiation, son écriture n’est, en revanche, soumise à aucune idéologie. Elle réunit des matériaux, les fait s’entrechoquer et les installe dans des « lignes de fuite », comme dirait Deleuze, produisant des dynamiques, des rencontres, probablement aussi de la pensée, sans pour autant produire un discours.

Cette pièce semble appeler une relation très sensible au réel et aux êtres. L’aspect du conte prédomine : l’image de ces jeunes gens nus, prisonniers de la glace, nous renvoie aux contes de notre enfance, et à l’intimité qu’on entretient avec eux. Et on ne sait pas très bien où commence et où finit ce conte, comme on ne sait pas, au départ, comment se figurer les lieux de la pièce, ces deux espaces décrits : « sous la glace » et « sur la glace ». La chronologie du récit est également perturbée.

D. J. : L’image de départ est aussi celle de la fin : deux jeunes gens blottis dans la glace, heureux dans ce refuge paradoxal. On a le sentiment que la pièce est née de cette vision. Cela évoque le merveilleux des contes, ceux de Grimm ou d’Andersen… C’est l’histoire de deux enfants voués à s’aimer, marqués par le destin, séparés, menacés, et réunis enfin dans une vision étrange et lumineuse. Le caractère de conte vient aussi de l’écriture qui alterne des scènes théâtrales, distribuées en répliques, et de grandes plages narratives, portées par une seule voix. Alors les forces visionnaires de l’imagination prennent le relais, peuplent l’espace d’images : le conteur voit en lui ce qu’il nous raconte, et, parce que lui-même voit ce qu’il dit, nous pouvons à notre tour voir en nous les visions qu’il suggère…

Et c’est un autre mystère de la pièce, qu’à partir d’un présent figé, il soit tellement question du passé, plusieurs passés qui s’entremêlent. On dirait que la pièce mène une sorte d’enquête. Le jeune homme (Manuel) semble être là aussi pour enquêter.

D. J. : Oui et c’est en cela que la pièce est assez inracontable. Les circonstances, les situations agissent dans la pièce comme autant d’alibis, de leurres peut-être, permettant, sous couvert d’apparences familières, de faire vivre un autre plan, où des notions, des images, des sensations dialoguent entre elles plus librement. Au fond, si plutôt que de tenter de la comprendre, on regarde comment la pièce s’organise – sa géographie, sa morphologie – vue de l’extérieur, on voit deux êtres saisis dans un présent qui s’éternise, placés dans un espace hors temps (on dit que l’inconscient est un espace sans durée) et qui sont explorés, déployés intérieurement : leur naissance, la vie de leurs parents, leur abandon, leur prédestination. Anja Hilling fait jouer entre eux des blocs de réalité qui dialoguent mais ne s’assemblent pas.

À l’image des associations d’idées et d’images qu’on trouve dans les rêves ?

D. J. : Exactement. Comme dans les rêves ou les contes, la pièce avance en imposant les éléments de son paysage et de sa trame de façon inexpliquée, ouvertement arbitraire. Manuel, le jeune homme narrateur, le formule lui-même : « L’arbitraire. / L’arbitraire de l’intrigue / L’imbrication des circonstances… / Tu ne me crois pas. / Aucune importance. / Embrasse-moi et je retire tout. » Il y a sans doute là comme un manifeste de la liberté de l’auteur, qui exprime sa prérogative de créateur à agencer des mondes, sans souci de les rendre plausibles, pourvu qu’ils soient doués de vie, qu’ils « fonctionnent ». Son projet ne se réduit pas au fait de « raconter une histoire », mais consiste à agencer organiquement des blocs de vie, qui, dans un deuxième temps, produisent du sens. Il me semble que cela a à voir avec la poésie. La pièce avance en crabe, de façon latérale et non-linéaire, offre des pistes, des hypothèses, et s’arroge le droit de les contredire l’instant d’après. Un élément s’impose, nous oriente dans un certain registre de pensées, puis on l’abandonne pour un autre élément, un autre territoire, produisant d’autres images, d’autres émotions. Chaque couche laisse des traces qui finissent par constituer, sur un plan moins conscient, un paysage émotionnel singulier, violemment poétique. Les cinémas de David Lynch ou de Tarkovski construisent les émotions de cette façon.

Comme dans les jeux vidéos ou divers niveaux de réalité s’interpénètrent ?

D. J. : Les écritures contemporaines sont probablement travaillées par les nouvelles technologies de communication, qui elles-mêmes empruntent aux structures profondes du cerveau. On sait que notre cerveau est capable de mettre en relation des choses qui ne le sont pas dans la vie matérielle. Une couleur peut entrer en interaction avec un souvenir, qui lui-même peut conditionner la perception d’un geste. Une syntaxe hétéroclite est capable de produire une parole continue : l’esprit voyage d’élément en élément, d’affect en pensée. Le cerveau organise des éléments qui, selon les catégories de la raison, n’ont pas de lien entre eux, mais produisent une forme de langage. Nous ne savons pas déchiffrer consciemment ce langage, mais notre cerveau enregistre, pense, agit par lui.

La pièce contient d’ailleurs une métaphore physiologique très forte.

D. J. : Toute la pièce est saisie dans la métaphore de l’œil. Bulbus est le terme latin qui désigne le globe oculaire, et comme au début du Chien andalou de Buñuel, il est question d’inciser la rétine pour y pénétrer. Placées à l’intérieur de ce globe transparent – monde où règnent d’autres lois, d’autres temporalités, d’autres logiques –, les scènes de la pièce se donnent à observer comme des phénomènes étranges et inconnus : des situations, des comportements, des rapports. La pièce obéit à des lois qui nous échappent mais n’ont rien de gratuit. Pour s’en approcher, il faut se déplacer. Elle nous demande à nous, interprètes et spectateurs, de nous élargir, d’opérer sur nous-mêmes un travail de conquête et d’ouverture.

De façon énigmatique, les personnages semblent par moments se mettre à créer entre eux des jeux de rôles. Sans que l’on sache très bien s’ils rejouent des scènes de leur propre passé ou du passé des autres ?

D. J. : C’est un peu comme dans les dessins d’Escher où, dans une représentation d’architecture en perspective parfaitement maîtrisée, avec des points de fuite clairement repérables, un élément du premier plan entre en contact et se soude avec un élément du dernier plan dans un raccourci aberrant, impossible. Dès le premier coup d’œil on sent que quelque chose ne va pas, sans pouvoir dire exactement quoi. L’image est inquiète, troublée, vaguement pénible. Dans la pièce, certains personnages s’associent pour rejouer à un troisième une scène de son passé, alors qu’eux-mêmes n’y ont pas participé. Mais ils lui infligent le ressassement de ce passé, généralement catastrophique, dans un étrange raccourci du temps et de l’espace. « La responsabilité commence dans les rêves » disait Yeats. La pièce a la densité et la mouvance d’un rêve dans lequel on remâcherait sans cesse un passé problématique.

Autre motif important, outre la glace, le gel : ce sont les éclairs, l’orage, ces jeunes gens ont tous deux dans l’enfance été marqués par la foudre.

D. J. : Les deux enfants sont abandonnés par leurs parents la même nuit, au même moment. Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais rencontrés et, à l’instant même où ils sont abandonnés, tous deux sont simultanément frappés par un éclair qui les marque définitivement, sur le dos, du signe de l’œil. L’image est presque naïve, mais elle emprunte aux mythes, peut-être à l’histoire de Caïn et de sa descendance. À Dieu qui le chasse du paradis, Caïn demande comment survivre à la faute qu’il vient de commettre (le meurtre d’Abel). Dieu lui répond que lui et les siens seront marqués d’un signe qui perpétuera la mémoire de la faute, tout en les protégeant des autres vivants. Les deux enfants de Bulbus sont abandonnés chacun de leur côté dans des contextes qui correspondent à des problématiques importantes de l’Allemagne des années 80. D’un côté, les derniers avatars de la lutte armée issue de la contestation étudiante et de la Fraction Armée Rouge, de l’autre, la consommation de masse machinale, morose, aliénante. Par une espèce de raccourci à la fois merveilleux et bizarre, l’impossible héritage des parents s’inscrit sur le corps même des enfants en un signe brisé qui les rassemble, les désigne, les isole. Anja Hilling ne démontre rien, elle n’a pas de théorie, mais elle procède par touches discrètes. Il n’est pas anodin que Manuel soit l’enfant de parents terroristes, qui se sont suicidés pour ne pas dénoncer leur compagnon de lutte, pour échapper au jugement, mais aussi pour sauver leur peau, échapper à ce qui allait les confondre et les aliéner. De même que les parents d’Hänsel et Gretel, dans le conte des frères Grimm, abandonnent leurs enfants dans la forêt pour sauver leur peau, parce qu’il y a trop de bouches à nourrir et qu’il n’y a plus rien à manger. Plutôt que de se sacrifier eux-mêmes, ils commettent le péché fondamental, la faute contre l’espèce, qui consiste à sacrifier les enfants, l’avenir, les générations futures. C’est alors aux enfants, privés de soutien, d’amour, sans formation à la vie, d’inventer leur propre chemin, de créer l’intelligence et l’amour qui leur permettront de vivre et fonder, peut-être, une autre humanité.

On a le sentiment que ces deux jeunes gens ne savent pas exactement ce qui pèse sur eux. Ils sont marqués, physiquement, la marque de la foudre, formant un demi-œil au dos de chacun. Le poids du passé est indéniable, mais ils semblent en être traversés comme par une vision, un état visionnaire ?

D. J. : Exactement ! Quand Manuel parle, qu’il porte le long récit narratif qui traverse la pièce, on a l’impression qu’il est train de voir ce qu’il dit. Il ne s’en souvient pas, il ne s’agit pas non plus de choses apprises, il les voit. On dit de Mozart qu’il ne concevait pas sa musique, qu’il ne la pensait pas, mais qu’il la voyait, qu’elle était devant ses yeux au moment où il la notait sur le papier. Cela renvoie peut-être à la liberté dont use Anja Hilling dans chacune de ses pièces, agençant entre eux des blocs de réalité, les frottant les uns aux autres, créant un halo de sens et d’émotions accompagnant l’action, le présent du moment. La pièce ne nous conduit pas vers une destination certaine mais, dans le cours de la représentation, nous aurons caressé toutes sortes de pensées, créé des liaisons nouvelles entre des éléments que nous avions l’habitude de ranger autrement. La fin est paradoxale, peu interprétable. Elle ne se referme pas, et laisse comme une blessure qu’il nous revient de soigner en la pensant. La gageure de la mise en scène, au milieu de cette constellation de blocs et de mouvements, c’est de lever un monde, inventer un biotope qui mette en vie sans rien élucider, qui préserve la part d’incertitude, d’inaccomplissement. La pièce ne s’achève pas sur une conclusion. Elle s’interrompt, ou plutôt s’amenuise, progressivement, et s’interrompt. Peut-être à l’image de la vie. Que peut-on conclure de l’existence ? Nos existences trouvent-elles un sens à l’instant où elles s’achèvent ? Les deux jeunes, sous la glace, se disent : on est bien là, on reste. Ils s’embrassent longuement, en silence.

Entretien réalisé à la Colline le 2 novembre 2010.

Réponse de Daniel Keene au spectacle de Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau.

AFTERWARDS / AFTERWORDS

À Daniel, Marie-Christine, Carlo, Marie-Paule, Camille et Philippe

En prenant place pour regarder votre spectacle, je regrettais de ne pas être comme n’importe quel autre spectateur ; un participant anonyme de cet étrange et magnifique rituel que nous nommons théâtre. J’avais envie d’être innocent, d’assister à une histoire que je ne connaissais pas déjà, me demandant si cette histoire me toucherait, espérant qu’elle serait empreinte de vérité.

Bien évidemment, cela était pour moi impossible. Je savais déjà ce qui allait se passer. Je connaissais chaque mot que Kevin prononcerait. Je savais comment sa femme, sa fille et son ami réagiraient. Je connaissais déjà l’histoire et son dénouement.

Puis la pièce a commencé. Une jeune fille dansait d’un bout à l’autre du plateau. Son énergie sauvage était électrique, mais elle semblait aussi très seule, dansant dans sa solitude. Et, soudain, je n’étais plus l’auteur de cette pièce que je regardais. Ma connaissance de ce qui allait se passer était oubliée. De ces premières minutes de la pièce jusqu’à ce qu’elle prenne fin, avec la déclaration d’amour angoissée que Kevin adresse à sa famille, mes sensations et mes émotions étaient concentrées sur l’instant présent, sur ce qui était en train de se passer sur scène, sous mes yeux.

Ce n’est que plus tard que j’ai été véritablement frappé par la force du spectacle. Ses images, ses bruits et ses voix semblaient m’habiter. Ce n’est que le lendemain que j’ai pleuré devant sa beauté.

Tout était mis à nu. Ni les acteurs ni le public n’avaient nulle part où se cacher.

Votre spectacle invite le public à envisager sa signification, à accepter sa beauté. Accepter sa beauté, c’est aussi accepter sa douleur, son mystère et les difficiles questions qu’il pose.

S’il peut le faire, c’est parce que ce spectacle est, sans aucune honte, un geste théâtral ; il ne prétend pas être autre chose. Est-ce enfoncer une porte ouverte ? Il arrive pourtant si souvent que le théâtre cherche à échapper à sa nature, à dissimuler ses réalités, ses détails pratiques, ses mécanismes ; à séduire son public au moyen d’illusions.

Rien dans le spectacle n’était une illusion. Tout ce qui se passait, tout ce qui était dit, chaque image, était réel.

Comment expliquer ce que je veux dire ?

Le jeu des acteurs, la mise en scène, la scénographie, tous ces éléments possédaient une pureté d’intention : raconter l’histoire de ce tailleur de pierre, cet homme égaré, et de sa famille aussi clairement et honnêtement que possible. Cette intention était aussi dénuée d’indulgence que pleine de compassion.

La scène où Kevin s’adressait à la statue de la Madone était sans doute le plus bel accomplissement de mon écriture qu’il m’ait jamais été donné de voir. Je tremblais. C’était exactement ce que j’avais écrit, mais c’était davantage que ce que j’avais pu imaginer. C’était une scène que, à mon sens, tout auteur de théâtre devrait espérer : une scène où la pièce qu’il écrit fait naître dans l’imagination de ceux qui la créent un moment, une image, qui existent entièrement pour et par eux-mêmes et viennent se consumer sur la mémoire de ceux qui en sont les témoins.

Les scènes qui étaient jouées derrière l’écran étaient extrêmement émouvantes. J’avais conscience de la profonde intimité des scènes dont j’étais le témoin, sans pour autant avoir le sentiment d’être un voyeur. L’intimité des scènes demeurait intacte ; elle était inviolée. La tendresse de ces scènes était sidérante.

Les moments où Kevin s’adressait directement au public étaient des moments saisissants de révélation. Ils mettaient soudain en évidence le lien immédiat, vivant, entre l’acteur et le public, tout en nous révélant un peu plus de la vie de Kevin, ses pensées, ses émotions, d’une manière totalement nue.

C’était comme si un profond silence circulait sous la pièce, comme un fleuve sous la terre. Et on avait souvent le sentiment que les personnages puisaient les mots qu’ils prononçaient dans ce profond fleuve de silence.

Mais je ne fais là que décrire votre spectacle. Peut-être est-ce tout ce que je peux faire.

Votre spectacle est votre création. Il a une vie indépendante de la pièce que j’ai écrite. Je sais que mon imagination sera enrichie de l’avoir vu et que le souvenir que j’en garderai m’aidera à continuer à croire en la valeur et la beauté du théâtre.

ciseaux, papier, caillou est mon œuvre, c’est votre œuvre ; ensemble, elles créent une sorte d’illumination, une lumière au centre de laquelle la voix humaine parle d’amour.

La pièce appartient désormais au public. Et c’est à lui qu’elle doit appartenir.

J’ai envie de clore cette lettre par une citation d’un auteur que j’adore. Je pense qu’elle n’est pas sans lien avec l’œuvre que vous avez créée. Il s’agit d’un extrait des Élégies de Duino de Rainer Maria Rilke (la première élégie) :

Qui, si je criais, m’entendrait donc, d’entre
les ordres des anges ? et supposé même que l’un d’eux
me prît soudain contre son cœur, je périrais
de son trop de présence.
Car le beau n’est rien
que ce commencement du Terrible que nous supportons encore,
et si nous l’admirons, c’est qu’il dédaigne,
indifférent,
de nous détruire…

(Traduction Philippe Jaccottet)

Daniel Keene
Paris, 21 mai 2010

Traduction Séverine Magois

 

Lecture publique, Noémi Lefebvre

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Lire un texte c’est aussi rencontrer l’univers d’une personne, et entamer un dialogue qui peut, parfois, ouvrir sur de nouvelles formes d’écriture. Depuis sa création en 2008, le Comité des lecteurs du Studio-Théâtre a tenté d’organiser aussi souvent que possible de telles rencontres, pour que, le temps d’un après-midi, les auteurs, travaillant le plus souvent dans la solitude, ouvrent aux lecteurs passionnés l’atelier de leur écriture.


samedi 26 novembre à 19h
entrée libre sur réservation

Pourquoi tu dis rien ?

lecture publique avec Noémi Lefebvre

en compagnie de Wafa Abida, Stéphanie Béghain, Geneviève de Buzelet, Annie Deux, Françoise Gautier-Gouriou, Laurent Grappe, Catherine Jabot, Céline Laurentie, Caroline Lejeune, Françoise Lenoir, Régis Lerda, Adeline Olivier, Isabelle Vellay.

Noémi Lefebvre est écrivain ; ses romans sont publiés aux éditions Verticales. Son écriture est acérée, vive et politique, tant par la gamme de motifs qu’elle puise dans la philosophie ou les sciences sociales, que par son attention aux rythmes qui portent la langue. Sur le site du journal Médiapart où elle tient un blog, Noémi publie des dialogues, dont certains sont issus de conversations entendues. Ces courts textes, qui permettent de se ressaisir de choses dont elle dit que nous n’avons pas le temps de nous soucier la plupart du temps, sont autant d’échos de sa résistance à ce qui oppresse.
Une première rencontre a eu lieu en mars 2016 avec le comité des lecteurs du Studio-théâtre ; elle nous avait alors fait parvenir une pièce de théâtre intitulée Kiki. Le travail entamé avait suscité une curiosité à l’égard de ses textes. En mai dernier, nous l’avons donc invitée à prolonger cette rencontre lors d’un atelier d’écriture et de lecture au sein de notre groupe. L’expérience fut suffisamment forte, oscillant entre la découverte de nouveaux textes de Noémi et la composition d’écrits guidée pas ses soins, pour nous donner l’envie de partager un moment de lecture publique en sa compagnie au Studio-Théâtre.


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© Catherine Hélie

Noémie Lefebvre est née en 1964 à Caen ; elle vit aujourd’hui à Lyon. Auteur d’une thèse de science politique sur l’enseignement musical et les idéologies nationales en Allemagne et en France (1994), elle s’intéresse, dans le cadre de ses recherches comme dans l’écriture, à la rencontre entre idées politiques et idées sur l’art. Après plusieurs années d’enseignement à l’IEP de Grenoble et de recherche associée au laboratoire Pacte, elle est responsable, depuis 2012, du Centre d’études sur l’enseignement et les pratiques musicales au Cefedem Rhône-Alpes, et y développe, dans un esprit aussi exigeant qu’indisciplinaire, l’implication de la création dans le processus de recherche, et vice-versa.

Elle est l’auteur de deux essais de référence sur la politique musicale en France : Maurice Fleuret : une politique démocratique de la musique (avec Anne Veitl, La Documentation Française, 2000), et Marcel Landowski, une politique fondatrice de l’enseignement musical, 1966-1974 (Cefedem Rhone-Alpes, 2014), et de plusieurs articles, dont « L’enseignement musical sous le IIIe Reich, la perversion d’un modèle » dans l’ouvrage collectif Le IIIe Reich et la musique (Fayard, 2004) ou encore « De la natation appliquée à l’enseignement musical » (Cahiers de recherche du Cefedem Rhone-Alpes, juin 2007.)
Elle a publié un premier roman L’autoportrait bleu (Verticales), en septembre 2009, et en février 2012 L’état des sentiments à l’âge adulte (Verticales). L’enfance politique est son troisième roman.

Pour accéder au blog de Noémi Lefebvre cliquer ici.
Verticales éditions cliquer ici.


Atelier d’écriture et de lecture / mai 2016 / Studio-Théâtre de Vitry


Microlycée 16/17 PORTRAIT(S) Clara Chabalier & Alexandre Pallu

Portrait(s) copie

 

Poursuivant notre dialogue avec le microlycée de Vitry, nous inaugurons un nouveau type de collaboration prenant la forme d’un projet de spectacle dirigé par les metteurs en scène et comédiens Clara Chabalier et Alexandre Pallu. Sur l’ensemble de l’année scolaire les élèves de seconde vivront toutes les étapes, de la conception dramaturgique à la réalisation scénique, de la création d’une forme théâtrale centrée sur la question (poétique, artistique, politique) du portrait. Cette création, portée conjointement par les équipes du microlycée et du Studio-Théâtre, sera présentée en fin d’année scolaire au Studio-Théâtre, dans les conditions d’une ouverture professionnelle.


 

Portrait(s)

Une résidence territoriale artistique et culturelle menée par Clara Chabalier et Alexandre Pallu
avec les élèves de seconde du Microlycée 94
restitution  juin 2017

Les partenaires : Microlycée 94 / Studio-Théâtre de Vitry / DRAC Île-de-France

Découvrez une étape de création, une pièce sonore intitulée Radio du lac

La pratique professionnelle de Clara Chabalier et Alexandre Pallu, jeunes artistes formés au sein des écoles nationales de théâtre, est intrinsèquement liée à la question de la transmission.

Ils n’imaginent pas cette transmission dans un rapport de maître à élève, mais cherchent à faire partager et mûrir des réflexions qui sont souvent à la source de leurs propres créations, à développer des axes de réflexion, à prendre le temps d’explorer des thèmes ou des terrains qui leurs sont chers. Ce projet est autant transmission qu’exercice de leur art à part entière.

Du public au privé

« Nous prendrons pour matière première des portraits de personnalités recueillis dans la presse, écrite de préférence.

Une première phase consistera pour chaque élève à « instruire » un personnage choisi. Ils enquêteront sur lui, se questionneront sur son environnement, familial, social… : dans quel environnement évolue-t-il ? Qui l’influence ? Quel est son rêve ? Son comportement en public est-il conforme à ses convictions intimes ? Qu’est-ce qui l’a poussé à agir de la sorte ? Où est-il à présent ? Quel regard porte-t-il sur l’acte qui l’a rendu célèbre ? Quelles conséquences sur sa vie intime a eu la médiatisation de sa personne ?…

Un portrait, qu’il soit photographique ou écrit, contient toujours une trace de ce qui est passé, d’un état des choses qui est fixé et défini. C’est une empreinte qu’on laisse de soi, dont l’aspect définitif laisse transparaître en germe un inaccomplissement. Que la personne soit embellie ou critiquée, c’est bien ce qui est absent qui va nous intéresser, ce que l’on pourra se raconter et qui n’est que suggéré par le portrait. C’est ce manque qui permettra à l’acteur de créer la matière vivante de son personnage. Il ne s’agit donc pas tant de s’attacher à un réalisme des personnages qu’à une faille, une blessure, d’aller ouvrir une brèche et à partir de celle-ci, construire une fiction.

Nous commencerons par isoler une particularité qui nous parait symptomatique de la figure choisie. Il s’agira de définir les moyens de représenter le personnage puis de le mettre en jeu : par la posture, la gestuelle, le rythme mais aussi la rhétorique qui lui est propre, sa voix, sa façon de s’exprimer. Nous pourrons alors créer des rencontres de personnages, pour favoriser l’écoute entre les différents partenaires, et la construction collective d’une situation théâtrale par l’improvisation, puis peut être par l’écriture de petits fragments de textes pouvant être répétés.

L’écart entre vie privée et vie publique est également un axe central de réflexion, car il interroge notre mode de fonctionnement au sein d’une société hyper médiatisée.

Cet écart peut être rendu visible depuis le personnage (pense-t-il la même chose en privé et en public ?) ou depuis le contexte : la même phrase peut prendre des sens tout à fait différents selon qu’elle est énoncée dans un lieu privé ou prononcée devant des milliers de téléspectateurs. Une photographie de presse n’est pas porteuse du même message selon qu’elle apparaît dans un coin de page d’un journal gratuit, ou qu’elle est agrandie mille fois et exposée dans un musée.

Sensibiliser au langage médiatique, en déchiffrer les arcanes, et maitriser le contexte à partir duquel on parle sont des pistes essentielles de travail. C’est aussi sensibiliser au monde dans lequel on s’inscrit, à partir duquel on parle, c’est établir un lien avec l’espace extérieur.

Il y a bien entendu l’envie de leur faire découvrir et chercher par eux-mêmes une matière qui pourra être reprise dans différents cours. Les enseignants reprendront les thèmes principaux de l’atelier en cours de français et d’histoire-géographie, et nous pensons aussi profiter de leur apprentissage de langues étrangères (anglais, espagnol, ou leurs langues maternelles éventuellement) pour les intégrer sur scène. Le théâtre développe des compétences individuelles : éloquence, confiance en soi, expression sous toutes ses formes, écoute, communication… autant de qualités essentielles pour raccrocher à l’univers scolaire, à la vie en société.

Nous avons également l’espoir que chacun livre un peu de lui-même dans la fiction, et puisse analyser le monde qui l’entoure sous un jour différent. Il s’agit d’exciter la curiosité, de se saisir de tous les prétextes pour utiliser ce qui a été appris en classe, de le mettre en application dans une recherche personnelle, afin de stimuler le désir de découvrir et d’apprendre par soi-même, pour soi-même, puis de le rendre visible aux autres.

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Du personnel au collectif

Chaque séance commencera par un échauffement collectif permettant de favoriser l’écoute de groupe et la concentration. Un travail physique peut permettre de réveiller une attention et des émotions qui semblaient peu accessibles, nous tacherons de les révéler et de les « muscler ». Cette étape préliminaire est absolument essentielle afin de créer une ambiance de respect et de bienveillance commune. C’est un sas important pour apprendre à se connaitre, et appréhender une liberté du plateau. Une fois les personnages choisis, nous chercherons à créer des situations afin de construire une fiction qui permette de les réunir. Il est absolument essentiel que cette étape ne soit pas le fruit d’une décision préalable, mais provienne de ce qui aura été proposé sur le plateau.

Toutefois deux directions se dessinent:

– si une fiction fait l’unanimité, et permet à chacun d’y trouver sa place, nous pourrons nous concentrer sur un seul univers qui constituera une forme commune.

– nous pourrons également développer des situations imaginaires réunissant des combinaisons improbables de personnages: quelle conversation auraient Beyonce et Jacques Chirac? Ce braqueur, qu’aurait-il envie de raconter à l’acteur qui joue Batman?

La mise en situation et l’improvisation sont des moyens ludiques de faire émerger des problématiques qui nous engagerons vers une création. Qu’est ce qui nous parle ? Qu’est-ce qu’il nous importe de défendre publiquement ? De quoi est fait notre inconscient collectif ? Le plateau peut devenir un laboratoire d’observation des représentations de nos figures contemporaines, pour analyser la place des médias aujourd’hui. Comment parle le politique ? Qu’est ce qui le définit dans la cité ? Comment se comporte-t-il dans la sphère publique ? Et en privé ?

Nous apprendrons ensemble à peindre, dépeindre, repeindre ces figures, ces portraits qui constituent les archétypes de notre société moderne, et nous intéresser à leur fonction sociale.

Le théâtre a de tout temps représenté les visages qui constituaient son monde. Nous pourrons alors comparer les époques, et analyser les représentations modernes à l’aulne du répertoire théâtral. Qu’ont de commun Agamemnon et Vladimir Poutine ? Le bourgeois gentilhomme et Michel Platini ?

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Une écriture au plateau

Il s’agit à tous moments de se placer en créateurs, en inventeurs. À force de discussions et de questionnements sur ce qu’il nous importe le plus de représenter, nous ferons naître un cadre fictionnel ou documentaire.

Nous chercherons à donner consistance aux personnages de cette forme, à travailler la matière brute qu’est l’improvisation en abordant les différentes techniques du théâtre (espace, rythme, corps, voix). Il est essentiel pour nous que le texte (s’il advient) ne soit pas un préalable au travail de plateau mais que la scène en génère la nécessité. Nous donnerons des indications d’espace, de style, d’époque, d’environnement afin de poser des contraintes suffisamment fortes pour guider le travail, mais également prêtes à dévoiler l’absurde et le comique du monde dans lequel nous nous inscrivons. Car c’est aussi le message qu’il s’agit de faire passer : peu importe la célébrité ou la reconnaissance d’une personne, les troubles, les doutes, les espoirs, les gloires et les défaites constituent notre étoffe d’humain.

Nous chercherons à inciter la création d’expériences communes, en favorisant certains projets fédérateurs : faut-il aller visiter un site ? organiser une série d’interviews qui pourront constituer le fil rouge du spectacle ? La situation du cours le vendredi soir, de 15h à 17h, nous laisse la possibilité de prolonger vers une autre activité, et de nous autoriser à utiliser tous les moyens à notre disposition pour enrichir un univers collectif.

Nous inviterons également plusieurs personnalités qui viendront nous aider dans cette

Construction : avocats, journalistes, pourront nous aider à cerner certains enjeux dramaturgiques ou documentaires, tandis que musiciens, danseurs, vidéastes, donneront les outils adéquats pour transposer cette recherche sur la scène. Choisis parmi nos collaborateurs artistiques, les personnalités invitées viendront apporter une attention accrue sur un sujet particulier.

Pendant la phase dramaturgie de choix des portraits, le journaliste Jean-Pierre Thibaudat, ancien rédacteur à Libération et critique théâtral, pourra donner des clés de lecture et de rédaction.

Cette intervention pourra être développée par l’invitation d’un auteur ou d’un dramaturge, qui pourra l’appliquer à l’écriture théâtrale et expliquer la mécanique d’une écriture de plateau.

Le danseur et chorégraphe Sébastien Ly créée des formes courtes dans lesquelles il s’inspire de tableaux de peinture pour créer une danse. Il pourra enrichir un langage physique proposé par les élèves, et inciter à des traductions synesthésiques : traduire un texte en images, en mouvement, en chant, en dessin…

L’intervention d’un musicien, tel que David Bichindaritz ou Julien Fezans, viendra alimenter les premières intuitions en donnant des pistes scéniques concrètes : utilisation de voix transformées, composition d’une chanson réunissant tout le groupe, recherche d’un univers sonore… Ils pourront également donner des outils de prise de son et leur permettre de réaliser des interviews, qui viendront enrichir leurs premières investigations et créer une matière sonore pour le spectacle.

Le metteur en scène et scénographe Daniel Jeanneteau sera sollicité pour nous aider à établir une scénographie.

La rencontre avec des professionnels du spectacle est essentielle car elle légitime leur démarche et leur donne les outils nécessaires pour réaliser le spectacle final.

Ainsi, une présentation publique au Studio-Théâtre de Vitry clôturera l’année scolaire : ce sera pour nous l’occasion d’entrer dans un processus de création plus intense, par exemple au cours d’un week-end entier de répétitions au Studio. »

Clara Chabalier & Alexandre Pallu, mai 2016.

 

présélection des candidats à la direction du Studio-Théâtre

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Annonce de la présélection des candidats à la direction du Studio-Théâtre

Le jury présidé par Nicole Gautier et composé des partenaires institutionnels du Studio-Théâtre (DRAC Île-de-France, Ville de Vitry, Département du Val-de-Marne et Région Île-de-France) a désigné les 6 candidats qui seront auditionnés le 20 décembre prochain.

Il s’agit de :

– Olivier Coulon-Jablonka

– Chloé Dabert

– Joris Lacoste

– Lazare

– Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna

– Bérangère Vantusso

Le jury a relevé la qualité et la richesse de tous les dossiers reçus, et remercie l’ensemble des candidats pour l’attention qu’ils ont eue à l’égard du Studio-Théâtre.

Le Studio-Théâtre de Vitry recrute son directeur/sa directrice artistique

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Le Studio-Théâtre de Vitry recrute son directeur / sa directrice artistique

À Vitry-sur-Seine, territoire d’une grande diversité artistique et culturelle, inscrit dans une dynamique de profondes mutations, le Studio-Théâtre est un lieu singulier et unique. Dédié à la recherche et l’expérimentation théâtrale mais aussi aux échanges et au partage des processus de création, il est pour les artistes un lieu de travail et de réflexion profondément ancré dans le monde et ouvert sur son environnement.

La direction de ce lieu, cofinancé par le Ministère de la Culture, la Ville de Vitry-sur-Seine, le Département du Val-de-Marne et la Région Île-de-France, sera confiée à un/une artiste.
Tout en s’inscrivant dans l’héritage et l’histoire de ce lieu, il/elle aura toute liberté pour y développer un projet qui saura articuler son travail de recherche et de création personnel avec l’accompagnement fort et engagé d’autres équipes artistiques. Dans cette perspective, il/elle devra notamment définir les conditions de l’équilibre économique du lieu. Il/elle sera également attendu sur ses capacités d’audace, d’ouverture et d’échange pour proposer une vision inventive de la place que doit occuper le Studio-Théâtre au sein du territoire dans lequel il se situe.

Modalités de recrutement :

Dépôt des candidatures au plus tard le 14 novembre 2016.

Les candidats devront remettre :
– un pré-projet où devront figurer les orientations artistiques retenues, les modalités d’articulation du projet personnel de l’artiste et de l’accompagnement des autres, la présentation d’une traduction budgétaire et son modèle économique, la vision de la place du Studio-Théâtre et des relations à créer ou à développer sur le territoire.
– un cv présentant leur parcours artistique.
Pour élaborer leur projet, les candidats pourront se procurer les documents nécessaires (budgets, bilans comptables, organisation actuelle du Studio-Théâtre, plans du bâtiment, comptes-rendus d’activité) en écrivant à l’adresse suivante: infos-stv@orange.fr
Les candidatures devront être envoyées par mail uniquement à la Présidente du Studio-Théâtre, à l’adresse suivante: candidature-stv@orange.fr

Une présélection sera annoncée le 5 décembre.

Les candidats présélectionnés développeront leur projet en audition le 20 décembre, devant un jury composé de la Présidente de l’association et des partenaires financeurs du Studio-Théâtre.

La direction du Studio-Théâtre est à pourvoir à compter du 1er janvier 2017.

La nuit porte caleçon

© Amandine Ferrando

© Amandine Ferrando

En octobre 2014 le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre avait déjà accueilli Hakim Bah pour l’étude de plusieurs de ses textes. Nous le retrouvons en octobre 2016 pour la première mise en scène de l’une de ses œuvres. Fable portant sur les tragédies de l’intime dans le contexte de la coupe du monde de football, La Nuit porte caleçon est le second volet de la trilogie Face à la mort ; elle a été écrite en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris dans le cadre de « Visa pour la création » de l’Institut Français, en partenariat avec le Tarmac, scène internationale francophone. Lauréat du comité de lecture du Tarmac en 2015, accompagné par « à mots découverts » association vitriote, le texte a été mis en lecture par l’auteur au Théâtre du Vieux Colombier – Comédie Française en mai 2016. Hakim Bah vient d’obtenir le Prix RFI Théâtre pour son texte Convulsions.

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LA NUIT PORTE CALEÇON

jeudi 6 octobre à 20h30
vendredi 7 octobre à 20h30
samedi 8 octobre à 20h30
dimanche 9 octobre à 16h

texte et mise en scène Hakim Bah
collaboration à la mise en scène Diane Chavelet
scénographie Irène Marinari
création sonore Guillaume-Van Roberge
création vidéos  Amandine Ferrando et John Bardakos
création lumière Gabriele Smiriglia
costumes Sara Bartesaghi Gallo assistée de Simona Grassano
administration Ninon Argis

avec Nicolas Blandin, Adrien CalendronRégis ChaussardClémence Laboureau et Clément Lejeune 

production Compagnie Paupières Mobiles  ; coproduction Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien de la DRAC Île-de-France, de Confluences (lieu d’engagement artistique), de la Fondation de France (bourse déclic jeune), de Lilas en scène, de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et du Crous de Versailles


À l’heure où sa ville s’apprête à accueillir la coupe du monde de football, la vie de Gaspard vire au tragique. Tout commence lorsqu’il est témoin du suicide d’un vendeur ambulant pris dans une opération de ratissage. Tandis que Gaspard est emporté dans une suite d’événements et de révélations inattendus sur ses propres origines, les autorités en font le coupable idéal pour calmer la population qui réclame justice suite à la mort du vendeur ambulant. Il ne faudrait pas entacher l’image du pays avant la grande rencontre sportive…


Note d’intention de mise en scène

George Orwell déclarait dans un article de 1945 : « Au niveau international le sport est ouvertement un simulacre de guerre ».

Aujourd’hui cela est d’une actualité criante, avec l’Euro 2016 en France marqué par des actes de violence et de vandalisme.

Longtemps j’ai été grand supporteur de football. Dans ce spectacle, j’ai envie de questionner ce sport qui a bercé mon adolescence où (au lieu d’aller au théâtre comme on n’avait pas de théâtre) on faisait des kilomètres de marche pour voir des matchs de foots dans des vidéos clubs. S’en suivait des discussions, qui pouvaient même amener au coup de poing. A cela d’ailleurs Orwell ajoutera : « Je suis toujours stupéfait d’entendre des gens déclarer que le sport favorise l’amitié entre les peuples. »

 Pour la mise en scène de « La nuit porte caleçon », j’ai envie de puiser dans les règles du football pour faire du théâtre. Eugène Ionesco écrit dans Notes et contre-notes : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Le match nous donne en effet l’idée la plus exacte de ce qu’est le théâtre à l’état pur : antagonismes en présence, oppositions dynamiques, heurts sans raison de volontés contraires. »

Le football comme théâtre donc. Car au théâtre comme au foot, on parle d’action. De même on joue une pièce, de même on joue un match. Dans les deux cas, on a affaire à un spectacle donné devant un public venu y assister, dans un lieu déterminé. Acteurs et joueurs sont des êtres humains en chair et en os qui font vivre le jeu. Chaque acteur se voit attribuer un rôle, un personnage, comparable à l’une des positions occupée par un joueur dans un match. L’affrontement est à la source de la dynamique sportive qui se construit sur la lutte entre deux joueurs ou deux équipes. Au théâtre, l’action repose aussi sur des oppositions.

Par contre, le théâtre donne une vision du monde et de l’homme. Le match, lui, ne prétend pas donner à réfléchir sur la condition humaine. Le joueur n’ouvre pas le chemin de la pensée à son supporteur.

C’est pourquoi, j’ai choisi le théâtre pour m’interroger, interroger et donner à réfléchir sur le football aujourd’hui. Ce qu’est devenu ce sport au-delà du simple fait sportif.

Avec le monopole des gros sponsors, le football est une grande manne financière où l’enjeu n’est plus que sportif, mais économique et politique. Il ne s’agit plus que de jeu, mais aussi de rentabilité et de pouvoir. N’a-t-on pas vu en 2014 au Brésil ou en 2010 en Afrique du Sud des populations entières violentées, délogées, chassées de force de leur maison pour l’organisation de la coupe du monde de football ? Un des dirigeants de la FIFA avait même dit en 2014 : «Je vais vous dire quelque chose qui peut paraître fou mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une coupe du monde ». Ou encore : «  Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays où il faut négocier à plusieurs niveaux ».

© Amandine Ferrando


La Compagnie Paupières Mobiles

La compagnie créée à Paris, en novembre 2015, est animée par le besoin de rencontre, d’ouverture, à d’autres cultures, d’autres façons de voir le monde, de dire le monde, de penser le monde. Animée toujours et à chaque fois par la volonté forte de croisement. Permettre à des artistes de continents différents, de cultures différentes, de se rencontrer dans un monde miné par les frontières.

Et.

Parce que nous croyons (fortement) que, sortir de chez soi, changer de lieu, tendre la main, aller à la rencontre des autres, à la rencontre du monde, c’est questionner sa propre identité, sa relation au monde et voir autrement, et entendre autrement, et penser autrement. Se déplacer, partir ailleurs, c’est provoquer le déséquilibre, le mouvement et permettre le renouveau nécessaire à l’artiste.

Mais pas seulement.

Nous pensons que les frontières se tissent aussi au sein des politiques culturelles, et de cloisonnements disciplinaires, que c’est en commençant par s’entre-écouter que se déferont les réseaux cousus et inhibant de la pensée et de la création. C’est des lieux de paroles et de rencontres que nous cherchons à créer, à développer. C’est l’opportunité de penser, simplement, le monde contemporain, dans ses écritures, dans ses paroles, dans ses apocalypses. Car ce qui guide notre pensée, notre parole, nos écritures, dans nos migrations et nos recherches, est une quête d’inconfort.

La nuit porte caleçon est la première création de la compagnie.


Hakim BAH, né à Mamou en Guinée. Il est sortant du Master mise en scène et dramaturgie à l’Université de Paris-Ouest Nanterre. Depuis 2012 il est invité régulièrement en résidences d’écriture en France (Maison des auteurs des Francophonies en Limousin, Théâtre de l’aquarium, Cité Internationale des Arts à Paris, Centre Intermonde de la Rochelle), au Burkina Faso (RECREATRALES), en Guinée (Univers des Mots), au Maroc-Tanger (Espace Pandora avec le soutien de la Région Rhône-Alpes). Ses textes sont créés et joués en Afrique et en Belgique et présentés sous forme de lectures dans différents lieux et festivals en France (Avignon, Francophonies en Limousin, Regards croisés, Text’Avril, Printemps des inédits, Comédie de l’Est, L’Apostrophe, Théâtre de l’aquarium, Ecritures en partage dirigée par Monique Blin, Comédie-Française, Le Tarmac, Théâtre 13…). Son travail reçoit de nombreux prix (Prix des Journées Lyon des Auteurs de Théâtre, Prix d’écriture Théâtrale de la ville de Guérande, Prix des Inédits d’Afrique et d’Outremer, Prix du public au festival Text’Avril) et bourses (Institut Français, Beaumarchais, CNL, CNT). Ses pièces À bout de Sueurs, Ticha-Ticha, Sur la pelouse et Le Cadavre dans l’œil sont publiées chez Lansman Éditeur. Il a par ailleurs suivi des stages de mise en scène avec François Rancillac et Jean-Lambert Wild.

Diane CHAVELET est née à Paris. Elle a suivi des études de Lettres et Arts à Paris 7 jusqu’à l’obtention de son Master. Elle a ensuite voyagé en Allemagne et aux Etats-Unis, où elle a enseigné la langue et la littérature française et suivi les cours de doctorat à l’Université de Pennsylvanie. Depuis qu’elle est retournée en France en 2010, elle est traductrice pour les éditions Robert Laffont, a travaillé pour la revue Feuilleton (Edition du sous-sol, Seuil), enseigne le français et l’anglais au lycée et anime des formations en entreprise. Elle conduit depuis trois ans une thèse à Paris 7 en littérature comparée, sous la direction de Catherine Coquio, intitulée, « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte autour de Dieudonné Niangouna (Congo- Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) ». Dans ce cadre elle réalise un film documentaire sur la place de l’évènement d’art dans la vie politique du Congo-Brazzaville et publie des articles scientifiques. Elle est à l’initiative d’un événement d’art intitulé « On ne paye pas », laboratoire d’expérimentation artistique et d’échanges. Elle vient d’achever son premier roman, Devenir, et un texte de théâtre, Mouvements. Ses nouvelles sont publiées dans la revue « Rue Saint-Ambroise ». Elle est co-directrice de la compagnie Paupières Mobiles et collabore à la mise en scène de La nuit porte-caleçon aux côtés d’Hakim Bah.

Nicolas BLANDIN, diplômé d’histoire à la Sorbonne, Nicolas se forme aux cours Florent au jeu d’acteur (caméra et théâtre), à l’écriture et à la  mise en scène. Il suivra également une formation de clown, pantomime et masque auprès de François Frapier. Il joue dans différents spectacles, du classique au contemporain, en passant par le spectacle pour enfant Venus et Eros au Purgatoire de Philippe Ulysse ; Monsieur de Pourceaugnac de Molière, mise en scène Clément Hervieu-Léger ; Le Saperleau de Gildas Bourdet mise en scène François Frapier ; Les Métamorphoses d’Ovide, création collective ; Grignotin et Mentalo mis en scène par Océane Pivoteau. En 2012 il participe à la création de la compagnie Grappa avec laquelle il crée plusieurs spectacle dont Britannicus de Jean Racine, mais aussi J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, présenté au festival Préliminaire 2014 et joué au théâtre de Vanves. Parallèlement, il se lance dans la réalisation, et plus particulièrement de courts-métrages d’animation.  Ainsi il réalise Look at me qui sera récompensé à la Journée du Court-Métrage de 2012. Il rejoint en 2015 les ateliers Joffrine qui proposent des ateliers de créations dans les hôpitaux et travaille régulièrement de la section pédopsychiatrique de la Pitié Salpetrière de Paris. Les films réalisés dans ces ateliers sont remarqués et exposés. On peut le retrouver également dans  plusieurs courts-métrages, notamment Terminus d’Iris Chassaigne et Clara Mary.

Adrien CALENDRON s’est formé aux cours Florent avant d’entrer dans une compagnie de théâtre pour jouer Atteintes à sa vie de Crimp, puis Roberto Zucco de Koltès, et Oncle Vania de Tchékhov. Il joue en parallèle dans des courts-métrages, et prépare pour la saison 2015-2016 Le 20 novembre avec sa propre compagnie, Quatrelements.

Régis CHAUSSARD, formé à l’école de la scène, il joue depuis l’âge de 9 ans. Il débute sous la caméra de Jacques Tréfouël puis se dirige naturellement vers le théâtre. Alternant les auteurs classiques et contemporains, il travaille Molière, Goldoni, De Obaldia, Vian, Dubillard, Kane, Handke. Il est également chanteur et a participé à plusieurs comédies musicales, dernièrement Blanche-Neige à Bobino, ou encore Phi-Phide Christine au Théâtre du Trianon, ainsi que de multiples soirées cabaret sous la direction de Victor Bianco en chantant Brel, Ferré ou Montand. Il est à l’affiche du spectacle Peter Pan depuis sa création en 2005, et toujours joué actuellement à Bobino. Il travaille également régulièrement pour France Culture où il enregistre des fictions radiophoniques sous la direction de Jean-Matthieu Zahnd, Michel Sidorof ou Étienne Valles. Dernièrement il tournait pour France 2 sous la direction de Frédéric Berthe, dans Silences d’État et plus récemment pour la nouvelle série Leibovitz contre Leibovitz.

Clémence LABOUREAU. Après un Master en Lettres Modernes à Diderot-Paris VII et en Littératures Anglophones à La Sorbonne-Paris IV, Clémence suit une formation en art dramatique au Conservatoire National de Région de Saint-Maur, au conservatoire du Centre à Paris puis en classe CEPIT  à l’ENMDAD. Elle collabore ensuite régulièrement avec Marie-Christine Mazzola – La charmante compagnie (Le temps et la chambre de Botho Strauss, Hiver de Jon Fosse, L’entre-deux de Marie-Christine Mazzola, Tu trembles de Bruno Allain) et Léonce Henri Nlend – La bande de Niaismans (Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, Big shoot de Koffi Kwahulé, Djeuhdjoah, keske tu fela de Koffi Kwahulé). En 2016-2017, elle joue dans Ogres de Yann Verburgh, voyage au cœur de l’homophobie, mis en scène par Eugen Jebeleanu – Compagnie des Ogres ; dans Colonies,  artifice familial sur la crise agricole, mis en scène par Nadège Cathelineau – Groupe Chiendent ; dans L’Atome, théâtre-documentaire sur le nucléaire, écrit et mis en scène par Julien Avril – Compagnie Enascor. Elle est également chanteuse au sein du quartet de jazz Oléo.

Clément LEJEUNE, est né à Melun en 1985. Il suit une formation scientifique. Après une expérience de journaliste sportif, il se tourne vers le théâtre. Participant à de nombreux ateliers notamment ceux du Vélo volé ainsi qu’à de stages avec Elisabeth Tamaris et Nita Klein, il continu actuellement sa formation auprès de Margaux Lecolier et de Victor Quezada Pérez. Il rencontre Hakim Bah aux ateliers du Studio-Théâtre de Vitry en janvier 2015 et embarque dans la foulée sur le projet La nuit porte Caleçon.

Hakim Bah vient de recevoir le Prix Théâtre RFI pour Convulsions, troisième volet de sa trilogie intitulée Face à la mort.

La nuit porte Caleçon sera également présenté à Lilas en scène les 14 et 15 octobre prochains.
Pour en savoir plus sur la compagnie Paupières Mobiles

Nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du T2G

T2G

Nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du Centre dramatique national de Gennevilliers

Daniel Jeanneteau a été nommé directeur du Théâtre de Gennevilliers le 27 juin dernier. Il prendra ses fonctions le 1er janvier 2017. D’ici-là, lui et son équipe poursuivront les activités qu’ils ont mises en place et programmées. Les Ateliers Libres continueront d’être proposés sous leur forme actuelle jusqu’à la fin du mois de décembre, et les Ouvertures(S) dont la production est d’ores et déjà engagée pour l’année prochaine, seront maintenues au cours du premier semestre 2017. Une nouvelle équipe de direction devrait être recrutée à l’automne 2016 par les partenaires du Studio-Théâtre (État, Ville de Vitry et Département du Val-de-Marne).

Voici le communiqué du Ministère de la Culture :

« Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, en plein accord avec Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, a donné son agrément à la nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du Centre dramatique national de Gennevilliers.

Metteur en scène et scénographe, Daniel Jeanneteau dirige le Studio-Théâtre de Vitry depuis 2008. Formé à l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg et au Théâtre national de Strasbourg, il a été le scénographe de Claude Régy avant de devenir artiste associé au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, au Théâtre national de la Colline puis à la Maison de la Culture d’Amiens.
Daniel Jeanneteau a pour ambition de faire du Théâtre de Gennevilliers un lieu ouvert sur la ville, où la rencontre entre les artistes, les publics et le théâtre sera au cœur de la création.
Il travaillera avec des artistes singuliers tels que Lazare et Adrien Béal, qui seront impliqués dans l’ensemble des actions menées. Parmi ses projets, des ateliers de théâtre ouverts et gratuits, un comité de lecture animé par la comédienne Stéphanie Béghain, et Îlots, porté par Yoann Thommerel et Sonia Chiambretto, laboratoire de création et de recherche sur les mécanismes d’exclusion et de repli, rassemblant des habitants, des artistes et des chercheurs.
Il entend faire du Théâtre de Gennevilliers un lieu fertile de création, dont le rayonnement à l’international s’appuiera sur le jumelage avec le Shizuoka Performing Arts Center (Japon)

Daniel Jeanneteau succèdera le 1er janvier 2017 à Pascal Rambert, dont la ministre tient à saluer l’action exemplaire menée a la tête du Théâtre de Gennevilliers, et qui continuera, quant à lui, son parcours artistique en compagnie. »

Publication officielle le 27.06.2016 À 17H00

Bérangère Vantusso nommée directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry

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Le jury présidé par Nicole Gautier et composé des partenaires institutionnels du Studio-Théâtre (DRAC Île-de-France, Ville de Vitry, Département du Val-de-Marne et Région Île-de-France) a nommé Bérangère Vantusso directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry. Succédant à Daniel Jeanneteau, elle prendra ses fonctions à partir du 2 janvier 2017.

COMMUNIQUÉ

Nomination du nouveau directeur du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine

Comme annoncé lors de l’appel à projet pour le recrutement à la direction du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine, le jury de sélection, présidé par Nicole GAUTIER (présidente de l’association Studio-Théâtre) et constitué de Jean-Claude KENNEDY (maire de Vitry-sur-Seine), d’Evelyne RABARDEL (1ère vice-présidente du Conseil Départemental du Val-de-Marne), d’Elisabeth HENRY (Directrice du service Spectacle Vivant au Conseil Régional d’Ile-de-France) et de Jean-Pascal LANUIT (Directeur Régional Adjoint des Affaires Culturelles d’Ile-de-France), a reçu le mardi 20 décembre 2016 les candidats des 6 dossiers présélectionnés.

A l’issue de ces entretiens, Bérangère VANTUSSO a été retenue pour diriger le Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine à compter du 1er janvier 2017.

Le jury tient cependant à souligner la qualité exceptionnelle des 5 autres candidatures portées par Joris LACOSTE, LAZARE, Roser MONTLLO GUBERNA et Brigitte SETH, Olivier COULON-JABLONKA et Chloé DABERT. Tous les candidats ont su exprimer un projet artistique d’excellence tout en proposant des modes de fonctionnement tous singuliers mais toujours intelligents pour ce lieu de création et d’expérimentation. Le jury tient à les remercier pour la pertinence de leurs propositions qui conforte les différents partenaires du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine dans la nécessité de prolonger leur implication.

Le jury profite de cette annonce pour remercier encore Daniel JEANNETEAU qui a su, durant ces 9 dernières années, porter le Studio-théâtre pour en faire un espace unique d’accompagnement, de création et de rencontres. Nous lui souhaitons bon vent dans ses nouvelles responsabilités.

Nicole Gautier et les membres du jury de sélection

Bérangère Vantusso

Bérangère Vantusso est née en Lorraine en 1974.

Comédienne formée au CDN de Nancy, elle aborde pour la première fois la marionnette en 1998, alors qu’elle étudie à la Sorbonne Nouvelle. Reconnaissant d’emblée dans cet art le point crucial de son questionnement quant à l’incarnation et à la prise de parole scéniques, elle devient marionnettiste auprès de François Lazaro, Emilie Valantin, Michel Laubu ou Sylvie Baillon.

En 1999, elle réunit autour d’elle plusieurs artistes et crée la compagnie trois-six-trente, dont elle met en scène tous les spectacles. La démarche de création s’oriente dès le début vers un théâtre de recherche où se rencontrent marionnettes, acteurs et compositions sonores au service des écritures contemporaines. En 2006, avec la création de Kant de Jon Fosse, la compagnie affirme son identité en faisant de l’hyperréalisme le lien qui unit le théâtre et la marionnette contemporaine. Bérangère Vantusso conçoit avec Marguerite Bordat d’étranges figures au seuil du vivant et met en scène Les Aveugles de Maeterlinck, L’Herbe folle d’Eddy Pallaro, Violet de Jon Fosse et Le Rêve d’Anna d’Eddy Pallaro.

Elle a créé L’Institut Benjamenta d’après Robert Walser en juillet 2016 au 70° Festival d’Avignon.

Après avoir été artiste associée au Théâtre national de Toulouse, elle est aujourd’hui membre de l’ensemble artistique du Théâtre du Nord – CDN de Lille, du CDN de Sartrouville et du T° – CDN de Tours.

En 2015, elle est lauréate du programme hors les murs de l’Institut Français et part deux mois au Japon pour rencontrer les maîtres du Théâtre national de Bunraku.

Elle a collaboré avec différents metteurs en scène : Arnaud Meunier, Antoine Caubet, Paul Desvaux, Sylvain Maurice et Guillaume Vincent.

Formatrice, elle dirige régulièrement des stages ou des ateliers autour de la marionnette et de l’écriture contemporaine.

Depuis 2002 elle enseigne l’interprétation avec marionnettes aux élèves d’hypokhâgne du lycée Victor Hugo à Paris.

Elle est régulièrement invitée à témoigner de sa pratique au cours de colloques ou de tables rondes.

Enfin, elle est intervenue avec les élèves de L’ENSATT à Lyon (2009) et de l’ENSAD à Montpellier (2015).

Lien vers le site de la compagnie trois-six-trente.

ACCÈS JUIN 2016

plan d'accès
La circulation du RER C a été rétablie dans Paris intra-muros, avec une fréquence néanmoins réduite (un train toutes les 30mn).  Vous pouvez également rejoindre Vitry en empruntant les bus 182 depuis MAIRIE D’IVRY (métro ligne 7) et 217 depuis MAISON ALFORT / ALFORVILLE (RER D). Voir plus bas.
UNE NAVETTE ASSURERA LE RETOUR VERS BIBLIOTHÈQUE FRANÇOIS MITTERRAND ET CHÂTELET CHAQUE SOIR 30MN APRÈS LA FIN DU SPECTACLE.

 

EN TRAIN

rer C
Station : Vitry-sur-Seine (10mn depuis gare d’Austerlitz)

Trains MONA, direction Massy-Palaiseau,
Trains ROMI, direction Pont de Rungis,
Trains CITY, direction Juvisy.

En sortant côté « Vitry centre-ville » emprunter l’avenue Paul Vaillant-Couturier, puis suivre le fléchage « studio-théâtre » (3mn à pied).

EN BUS

bus index
Depuis le métro Mairie d’Ivry sur la ligne 7 / direction Villeneuve-Triage, arrêt République – Vaillant Couturier (3mn à pied).

bus217
Depuis la station de RER D Maison Alfort – Alfortville / direction Vitry RER, arrêt Vitry RER (3mn à pied).

EN VOITURE

Si vous venez de Paris :

tout droit de la gare d’Austerlitz à la gare de Vitry-sur-Seine
en longeant les quais de Seine (15 mn environ)
à la gare de Vitry passer sous le pont
et prendre l’avenue Paul Vaillant-Couturier
au 1er feu prendre à gauche l’avenue Gambetta
à 450 m prendre à droite la rue de l’Argonne
puis la première à droite rue de la Marne
qui devient avenue de l’Insurrection (en sens unique)

L’art du théâtre, Julien Bouffier /Pascal Rambert

Vignette site Bouffier

© Marc Ginot


Le Studio-Théâtre et le Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine sont associés depuis septembre 2015 pour le soutien et l’accompagnement de jeunes compagnies. L’ART DU THÉÂTRE est le deuxième spectacle que nous présentons dans ce cadre, et nous sommes heureux d’accueillir Julien Bouffier avec ce court texte de Pascal Rambert. Déclaration d’amour pour un théâtre vivant et violent, affranchi de tout jeu social, L’art du théâtre n’est pas sans rappeler, selon Julien Bouffier, les fulgurances romantiques du Lorenzaccio d’Alfred de Musset…

vendredi 11 décembre 20h30
samedi 12 décembre 20h30
dimanche 13 décembre 17h30
au STUDIO-THÉÂTRE

L’ART DU THÉÂTRE

de Pascal Rambert publié aux Éditions les Solitaires Intempestifs
mise en scène Julien Bouffier
avec Alex Selmane et Alex Jacob
scénographie Emmanuelle Debeusscher et Julien Bouffier
création musicale Alex Jacob
vidéo Julien Bouffier
lumières Christophe Mazet
chargée de production Nathalie Carcenac
chargée de diffusion Claire Fournié

durée 50 minutes – à partir de 14 ans – création 2015

production Compagnie Adesso e sempre, co-programmation Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar
ce spectacle a reçu lors de sa création le soutien de Réseau en scène Languedoc-Roussillon et de la Spedidam.
remerciements à Domaine d’O, hTh CDN Montpellier, La Salle 3.
la Compagnie Adesso e Sempre est subventionnée par le Ministère de la Culture -DRAC L-R, la Région Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier.

logo theatre jean vilar vitry-noir

lecture de Répétition, texte de Pascal Rambert lors de la présentation de saison du Théâtre Jean-Vilar, juin 2015

Un manifeste

PASCAL RAMBERT : « L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
ALFRED DE MUSSET : « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge. »

Pascal Rambert écrit une vraie fausse leçon de théâtre que donnerait un acteur à un chien. Pourquoi un chien ? Évidemment des expressions de théâtre nous reviennent : « Quel cabot cet acteur ! » et on connaît le pouvoir d’un animal sur un plateau, il aimante tous les regards. Il ne joue pas, il est juste là, ici et maintenant. Alors qui donne la leçon à qui ? Qui se confie sur la difficulté de renouveler chaque jour une présence du premier jour, du premier instant ?
Qui demande à l’autre de l’attention ? Qui est le chien ? Y-a-t-il seulement un chien ?
Cet acteur est loin d’être un débutant. Il a beaucoup joué mais ne se reconnaît plus dans la pratique dominante de son métier. Est-ce son aigreur qui alimente son ironie ou est-il le seul à percevoir que le théâtre est malade ?
Alfred de Musset, au XIXème siècle, établit le même constat et décide de ne plus écrire du théâtre pour la scène. Son Lorenzaccio, en particulier, refuse les règles de la représentation théâtrale comme celles de la société. Des extraits sont joués par les deux interprètes autant pour leur valeur de miroir que de mise en jeu pour l’acteur de Rambert. Ainsi, nous avons une figure démultipliée allant du dandy romantique à celui contemporain « Rambertien ».


Une déclaration d’amour

Cet acteur intransigeant utilise l’insolence pour mieux déployer sa quête d’absolu. La cible qu’il vise est plus large que celle du théâtre. Ou plutôt est-ce la portée qu’on assigne au Théâtre qui est plus étendue ? Le Théâtre qu’il défend est avant tout amour. Ce n’est pas un art de classe ni un plaisir onaniste. Jouer est un acte charnel.
« L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
L’acteur de Pascal Rambert fait une déclaration d’amour au théâtre et au public. On oublierait même qu’il est acteur. Il nous apparaît comme un amant. Un amant délaissé. Cet amant malheureux dialogue avec un chien pour mieux encore percevoir sa solitude face au « meilleur ami de l’homme ». Le chien ne lui répondra pas, il le sait. Cette déclaration d’amour n’attend pas de réponse.

Un théâtre adressé

Une des premières questions que je remets en jeu à chaque projet, est, comment cette fois-ci, s’adresse-t-on au public ? Elle décide bien évidemment de la théâtralité que nous allons choisir. Elle est souvent l’enjeu pour moi de mon rapport à la tradition et donc à la modernité. La projection de la voix au théâtre empêche le plus souvent mon imaginaire de fonctionner. Quand je suis spectateur au théâtre, je peux parfois l’oublier  mais, en ce qui concerne mes spectacles, non. Très attaché au schéma d’identification produit par le cinéma, depuis de nombreuses années, je cherche mon chemin entre un théâtre sensible, onirique et une théâtralité assumée nous faisant basculer  à la réflexion le par choc de l’émotion.
La présence de la voix amplifiée permet à l’acteur de n’exister que dans l’engagement physique. Le corps de l’acteur est ainsi bien présent et le filtre de la voix amplifiée brise la distance du cadre de scène.
Je voudrais expérimenter aujourd’hui le rapport traditionnel de perception de la voix. Une voix, un corps qui nous regarde. Une frontalité assumée, sans masque qui éloigne tout spectaculaire. Je suis à la recherche d’un théâtre qui s’adresse à chacun de nous, sensible, introspectif et émancipateur.
Avec l’acteur Alex Selmane, nous avons déjà traversé ensemble l’œuvre de Pascal Rambert (il était le Pascal du Début de l’A en 2003). Sa présence de chien fou exhale tout à la fois une violence sourde et une mélancolie désarmante.

Entre surexposition et invisibilité

Face au public, un rectangle blanc de la taille d’un cercueil posé au sol au centre du plateau. Une boîte-écran de cinquante centimètres de profondeur d’où dépasse à son sommet de la terre, du charbon. Du lointain, des planches conduisent jusqu’au toit de ce monolithe blanc de plus d’un mètre de haut.
De cet espace en noir et blanc, passant de la lumière crue des néons à la noirceur de la pénombre, nous assistons au procédé photographique du développement, de la révélation chimique, mais le sujet est instable et l’image, difficile à fixer. L’acteur est toujours en déséquilibre, cherche le cadre, en quête d’appui dans un espace précaire.
Alex Jacob, chanteur et guitariste du Skeleton Band, l’accompagne dans le jeu. Cet autre, habité par les mêmes doutes, n’est pas un double. Il est plutôt sa mise en abîme.
Parfois l’acteur et le musicien interprètent ensemble des extraits de Lorenzaccio, ils associent leur solitude pour retrouver le sens de leur fonction, de leur rôle. La figure péremptoire de Lorenzo oscille entre une ironie très proche du personnage de l’Art du Théâtre et la dénonciation de la société dans laquelle il évolue.
À « L’art du théâtre se transmet dans le sang. (…) Prends-moi mon sang. Avale mon sang. Rentre-toi mon sang dans toi. Refile le sang que je t’ai donné à un autre.» que prône l’acteur de Rambert, Musset, par la bouche de Lorenzo lui répond « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge ».
La superposition des deux œuvres, leur noirceur commune, cette animalité, leur sens de la provocation  révèlent le romantisme de l’écriture de Rambert dans une fougue revigorante.
Alex Jacob nourrit le spectacle de son rock de fête foraine à la fois mystérieux et cabossé. Sa guitare électrique et son chant amplifié se confrontent à la voix nue d’Alex Selmane dans un combat où chacun provoque l’autre dans ses retranchements.

Des images carbonisées

Sur le plateau, une caméra filme l’acteur nous le donnant à voir alors qu’il nous est caché. Il connaît sa présence et il joue avec. C’est son métier de jouer avec les cadres. Cette caméra est fixe et offre un angle interdit au public, celui du lointain, de l’oubli de l’acteur, de son repli.
S’ajoutent des images filmées antérieurement qui figurent le rapport aux éléments, qui relient les corps des interprètes en représentation (et donc fictionnels), à la nature, à la sève du réel.
Cette image est très contrastée, en noir et blanc aussi. Elle a le grain d’une photographie sous exposée, charbonneuse, floue. Cette image consumée, carbonisée parle du feu passé, de nos entrailles, de nos motivations, de nos racines.


Julien Bouffier dirige la compagnie Adesso e sempre depuis sa création en 1991 en Languedoc-Roussillon. Comédien et metteur en scène, il a été formé par Jean-Michel Winling, Philippe Girard, Redjep Mitrovitsa et Yves Steinmetz. Depuis 1991, il a monté Angèle Box de Durringer, Squatt de Jean-Pierre Milovanoff, Suerte de Claude Lucas, Narcisse Autobiographie – commandée à Bernard Pingaud, Joseph Danan, Jean-Marc Lanteri, Hernani de Victor Hugo, La nuit je mens inspirée de l’œuvre de Sophie Calle, Le Début de l’A. de Pascal Rambert, Nos Nuits américaines, diptyque sur la désillusion du rêve américain (1ère partie : L’Échange de Paul Claudel, 2ème partie : Remember the Misfits), Perlino Comment de Fabrice Melquiot, Les Yeux rouges de Dominique Féret. En 1997, il se consacre à Suerte de Claude Lucas qui obtient le prix de la jeune création au Festival d’Alès. C’est ce spectacle « peep-show » qui le distinguera, au-delà de la région Languedoc- Roussillon. L’état reconnaît son travail et signe une convention avec la compagnie, qui est accueillie dans le même temps par la Scène nationale de Sète jusqu’en 2004. En 2007, la compagnie entre en résidence pour trois années au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier Languedoc- Roussillon. En 2007 et 2008, il y crée Les Vivants et les Morts (saison 1 et saison 2) de Gérard Mordillat. En mars 2009, il lance la première édition du festival Hybrides dans le cadre de la résidence de la compagnie au théâtre des Treize Vents, CDN de
Montpellier L-R. Dix lieux montpelliérains s’associent à cette première édition, La Chartreuse / CNES à Villeneuve-lès-Avignon, Kawenga, le Théâtre de l’Université Paul Valéry, le Crous / Trioletto de Montpellier, l’École supérieure d’art dramatique de Montpellier Agglomération, le Frac Languedoc-Roussillon, le Rockstore, le Diagonal, la Chapelle, la Fnac de
Montpellier. En avril 2013, le festival Hybrides est à sa cinquième édition, et rassemble douze lieux et onze organismes partenaires et institutionnels de Montpellier et son Agglomération. En octobre 2009, Julien Bouffier crée Hiroshima mon amour de Marguerite Duras au théâtre des Treize Vents, CDN de Montpellier L-R. En janvier 2011, il crée Costa Le Rouge, d’après le texte de Sylvain Levey dans cinq théâtres du Val-de-Marne. En janvier 2010, la Compagnie entre en résidence au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier pour deux années. En mars 2011, dans le cadre du festival Hybrides 3, il crée MANIFESTEment à Montpellier, la première partie d’une pièce en trois volets Les Témoins qui s’est jouée en octobre 2012 au théâtre Jean-Vilar de Montpellier. La compagnie est également en compagnonnage avec le théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine depuis 2009. Le travail développé est axé sur le monde du travail en adéquation avec le projet du lieu. En 2013, la résidence longue au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier s’achève. La même année, Julien Bouffier crée Le jour où j’ai acheté ton mépris au Virgin Megastore en région parisienne : à L’Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay, et au théâtre Jean-Vilar de Vitry. La sixième édition du festival Hybrides, du 9 au 19 avril 2014, s’est inscrite dans le cadre de la plénière du réseau IETM à Montpellier ; elle a rassemblé neuf lieux partenaires de la Ville.

Alex Selmane, se forme auprès de Philippe Adrien, Daniel Mesguich et Philippe Duclos. Acteur professionnel depuis 1983. Alex Selmane a travaillé avec : – Jean-Marc Bourg dans Richard II de Shakespeare (1995), Casimir et Caroline d’Odon Von Horvath, Antigone de Sophocle (1998), Pas bouger d’Emmanuel Darley (2000) puis L’Entrée des musiciens de Michaël Glück et Cendres sur les mains de Laurent Gaudé (2001), Six hommes grimpent sur la colline de Gilles Granouillet (2004) – Julien Bouffier dans Trilogie Joseph Danan (1996), Le Début de l’A. de Pascal Rambert (2002) – Patrik Haggiag dans Le Chant des chants (1996), La Trilogie de la villégiature de Goldoni (2007) – Gilbert Rouvière dans la trilogie Dormir, mourir, rêver peut-être d’après Copi, Shakespeare et Christine Angot (1996), Mon royaume pour un canal de Guy Vassal (1998) – Dag Jeanneret dans Au bout du comptoir, la mer, monologue de Serge Valetti (1997), Cendres de cailloux de Daniel Danis (2000) – Jean-Claude Fall dans Les Trois Sœurs de Tchekhov (2000), La Décision et Mauser de Bertolt Brecht et Heiner Muller (2002), Richard III et Le Roi Lear de Shakespeare (2008) – Michel Belletante dans L’Autre, monologue de Brahim Bendhari (2003) – Pierre Astrié dans Hôtel Sinclair (2004) et Fou de la Reine (2007) dont il est l’auteur – Guy Delamotte dans La Terre aux oliviers ! Écrire la Palestine (laboratoire théâtral) de Philippe Ducros et Mohamed Kacimi (2005), Plus loin que loin de Zinnie Harris (2006), L’Affiche de Philippe Ducros (2009), Tristesse animal noir d’Anja Hilling (2014) – Nicolas Oton dans Platonov de Tchekov (2010) – Fredéric Roustand et Christophe Lombard dans King A., opéra des champs de Purcell (2010) – Luc Sabot dans Le Pays lointain de Jean-Luc Lagarce (2012) – Patrick Sueur dans Monsieur Le d’Emmanuel Darley (2012) – en collaboration artistique avec Michel Quidu dans Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier (2013), monologue/projet personnel. En 2000, commande d’écriture à Emmanuel Darley de Qui va là ?, monologue joué à domicile de 2001 à 2003. Mises en scène de La Pièce du scirocco de Jean-Loup Rivière et diverses mises en espace.

Alex Jacob est né en 1986, il a suivi des études théâtrales à l’université Paul Valéry ainsi qu’au Conservatoire d’art dramatique de Montpellier. Il obtient un Master Arts du Spectacle Théâtre. Il s’intéresse durant ces années à la musique et fonde en 2007 Le Skeleton Band. Il chante, joue de la guitare et du banjo. Son univers musical navigue entre le blues, le bastringue et le rock’n’roll. On y entend des élans cinématographiques et des humeurs de musique latine. Depuis la sortie de son premier album, Preacher Blues, le groupe tourne très régulièrement en France et en Europe. Leur deuxième disque, Bella Mascarade, a eu une reconnaissance de leurs pairs (Printemps de Bourges, Chaînon manquant). La Castagne, sorti en avril 2014, a reçu un bel accueil de la part des publics et des critiques. Le Skeleton Band a composé de nombreuses bandes-son pour le théâtre, la radio ou le cinéma. En 2012, le groupe a participé à un spectacle d’Adesso e sempre, Épreuves. Aujourd’hui, Alex Jacob poursuit la création musicale avec son groupe, en France ou à l’étranger, avec un désir de confronter ses chansons aux publics.

Emmanuelle Debeusscher, scénographe, constructrice, régisseur  plateau, est membre fondateur de la compagnie Adesso e sempre. Conçoit et réalise la plupart des décors des
mises en scène de Julien Bouffier depuis 1994, dont quatre d’entre eux avec le soutien de l’atelier de construction du Centre dramatique national / théâtre des Treize Vents. Elle poursuit un travail régulier avec la chorégraphe Hélène Cathala depuis 2002. Assiste Gillone Brun et Julien Bureau, scénographes de Jean-Marc Bourg En une quinzaine d’années, elle crée des espaces ou des éléments de plateau pour Marc Baylet, Yann Lheureux, Fabrice Ramalingom, Claire Le Michel, Florence Saul, Fabrice Andrivon, Christophe Laluque, Frédéric Borie, Lonely Circus, Anna Delbos Zamore, Claire Engel. Aujourd’hui, elle engage un travail avec Hélène Soulié, Mitia Fedotenko, et bientôt Vanessa Liautey. En 2010 et 2012, elle intervient à la faculté Paul Valéry de Montpellier, auprès de Licence 3 et Licence 2 pour mener un atelier de pratiques scénographique. Récemment, elle a participé à l’élaboration d’une pièce en trois dimensions du peintre André Cervera, et à la mise en espace de l’exposition de Guillaume Robert, vidéaste-plasticien.

Christophe Mazet Concepteur Lumière, se consacre depuis vingt cinq années au travail de l’éclairage. À ses débuts, il collabore avec de nombreuses formations musicales avec lesquelles il crée les lumières et part exercer sa profession dans différents continents comme l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Dix années au cours desquelles il enrichit son expérience artistique et professionnelle avec des groupes musicaux tels que Rinôcèrose, Digitalis’m, The shoes, Superfunk, Souad Massi, Les Négresses vertes, Dimoné, Enzo Enzo, Le grand David, Regg’lyss, The Chase, Lunatic Age, Les Acrobates, Roé, Denis Fournier, Laurent Montagne, Pascal Corriu… ainsi qu’une trentaine d’autres formations. Son approche singulière de la lumière l’amène au théâtre, où il collabore avec Julien Bouffier depuis 2002 en résidence au Centre dramatique national des Treize Vents (Montpellier). Il travaille aussi avec Jacques Allaire et la Scène nationale de Sète depuis 2003, ainsi qu’avec les metteurs en scène tels que Jean-Marc Bourg, Bela Czuppon, Bernadette Bindaude, Yves Gourmelon, Alain Béhar, Gilbert Rouvière, Claire Engel, Flavio Polizzy, Lucas Franceschi… En danse, il signe la création lumière du spectacle de Mathilde Monnier Rino in Dance au Zénith de Montpellier en septembre 2007. En Août 2009, il crée la société MB Conceptlight spécialisée dans l’éclairage architectural et muséographique. Ce qui lui permet de signer en septembre 2009, la mise en lumière du Grand Palais (Paris) pour l’événement La Nuit Electro. Son travail depuis toujours s’attache à trouver la lumière juste pour chaque projet, celle qui donne du sens.

La compagnie Adesso e sempre est née dans la tête de dix lycéens sortis des cours de théâtre des comédiens d’Antoine Vitez au lycée Molière à Paris, il y a plus de 20 ans. Après la représentation de leur première création à Clermontl’Hérault, ils font le pari de s’installer dans l’Hérault pour éprouver plus simplement leur rapport au public. Après six ans de résidence à la Scène nationale de Sète, la compagnie, dirigée par Julien Bouffier, est associée au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier L-R, pendant trois ans puis au théâtre Jean Vilar de Montpellier pendant deux ans et en compagnonnage avec le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine pendant quatre ans. Pour suivre l’actualité de la compagnie Adesso e sempre.

Presse

— Bruno Paternot, dans Inferno Entretien : Julien Bouffier, voyage à l’intérieur

— Jean-Marie Dinh dans La Marseillaise Un souffle pour dire

— L’Humanité
Pascal Rambert se joue de l’art du théâtre comme de celui de la fugue. Par
son refus du théâtre avec un « T » majuscule, celui qui s’abreuve de
conventions, il défend un théâtre nourri de la respiration et de la chair
du présent.
Dans un dispositif scénique ciselé comme un diamant noir, Alex Selmane,
l’acteur, et Alex Jacob, le chanteur/ guitariste du groupe de rock Le
Skeleton Band, engagent leur souffle et leur corps et déclarent leur
passion du vivant, du théâtre et de l’amour.

« (…) Alex Selmane est touchant, dévoilant avec pudeur force et
fragilité. À ses côtés, Alex Jacob se révèle au il des accords dissonants.
Son allure mystérieuse donne chair à un personnage virtuel. »

 

REVUE INCISE

maquette couv Incise 3

REVUE INCISE est née à Vitry-sur-Seine au Studio-Théâtre de Vitry et y a passé 3 ans. Son quatrième numéro se prépare maintenant depuis Gennevilliers (Théâtre de Gennevilliers). A retrouver en septembre comme chaque année. D’ici là vous pouvez suivre l’actualité de la revue, retrouver la liste des librairies qui la diffusent ou la commander en ligne (bientôt) ici.

L’un des paradoxes étonnants de la vie théâtrale actuelle réside dans l’absence de débat (esthétique, politique, sensible) qui accompagne la création, à un moment où les termes de résistance, d’engagement, de radicalité ou d’exigence circulent beaucoup. Tout le monde se plaint mais on se parle peu. Et toute parole critique semble bannie, ravalée par la peur de déplaire. Ce constat qui n’est pas vraiment nouveau était déjà à l’origine de notre candidature à la direction du Studio-Théâtre, que nous entendions comme une façon d’ouvrir un dialogue manquant. De fait l’accueil et la rencontre d’équipes portant d’autres visions du théâtre que la nôtre nous a donné de l’air, et je ne pense pas exagérer en disant que cette pratique de la rencontre a sensiblement déplacé notre travail de création. Il nous a paru aujourd’hui nécessaire de pousser un peu plus loin cette exigence en créant une revue, non de théâtre, mais depuis le théâtre. Que le Studio-Théâtre ouvre un lieu de pensée et d’échange, indépendant, avec l’idée d’une contribution active au débat critique général, concernant aussi bien la pratique théâtrale que des questions plus larges, dans le domaine de la pensée, de la littérature ou des arts.

C’est ainsi que REVUE INCISE est née, menée par Diane Scott dont la réflexion critique, stimulante et libre, donne le ton et l’esprit.

Daniel Jeanneteau


REVUE INCISE 3

(…)
Nous reviendrons foule sans nombre,
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons nous serrant les mains.

La mort portera la bannière ;
Le drapeau noir crêpe de sang ;
Et pourpre fleurira la terre,
Libre sous le ciel flamboyant.

Louise Michel
Chanson des prisons, mai 1871

Mobilisations sociales à peine suspendues par l’été, montée qu’on dirait sans limite de la xénophobie en France, crise historique du droit d’asile en Europe : notre entrée dans le théâtre et le monde par la question « Qu’est-ce qu’un lieu ? » résonne beaucoup cette année, même un peu trop.

Par rapport à « l’actualité », l’espace d’une revue est un lieu particulier : il permet qu’elle se fasse histoire. Non pas monument, mais écart et pensée. Ce numéro 3 s’y emploie. Et, par chance, l’histoire s’excède ici en poèmes, aussi.

Construire des lieux communs pour l’esprit, lire nos objets de l’art, penser notre manière même de lire, et puis écrire: New York, les années 1980, la culture elle-même… Ce numéro 3 creuse son incise, engagée, ouverte.

Diane Scott


Actualités 

Le N°3 est disponible en librairie depuis le 15 septembre 2016.

– vous pouvez acheter REVUE INCISE ici

– vous pouvez suivre l’actualité de REVUE INCISE sur Facebook


SOMMAIRE

À QUOI BON ENCORE L’UNIVERSITÉ ? UN TEXTE D’HUMEUR
Antonia Birnbaum
+
LES VAGABONDES
Alain Béhar
+
FAIRE DES LISTES —THÉÂTRE ET HISTOIRE
Diane Scott
+
L’ART LATINO-AMÉRICAIN N’EXISTE (TOUJOURS) PAS
Annabel Tournon
+
ÉTATS-UNIS VERSUS AMÉRIQUE LATINE
Marta Traba, traduit par Annabela Tournon
+
À LA RECHERCHE DU SIGNE PERDU
Marta Traba, traduit par Annabela Tournon
+
LA MÉTHODE SANS MAÎTRE, OU COMMENT CUISINER LES ABSTRACTIONS
Florent Lahache
+
TRIANGULER BRECHT
Fredric Jameson, 3e chapitre de Brecht and Method, traduit par Florent Lahache
+
POÉSIE CLASSE MOYENNE
Gilles Amalvi
+
AU HAUT DU VIEIL HÔTEL
Joseph Mitchell, traduit par François Tizon

et un petit cahier de jeux disséminé


EXTRAITS

Antonia Birnbaum : À quoi bon encore l’université ?
Aujourd’hui, la question «à quoi bon encore l’université ? » est posée à plusieurs titres. Il y a ceux qui la posent pour nous inviter à la déserter. Il y a ceux qui la posent pour la défendre. Il y a ceux qui les premiers en dictent les termes, et qui possèdent déjà la réponse, à savoir les tenants d’un pouvoir au service de la rationalité économique et du contrôle permanent de tous qui informent sa logique. Dans les remarques qui suivent, je voudrais tenter de nommer le malaise que j’éprouve à enseigner aujourd’hui en université. J’écris donc un texte d’humeur.

Alain Béhar : Les Vagabondes
C’est au Théâtre Molière, la prise de son est catastrophique mais joyeuse – on entend un brouhaha de gens en colère dans les coursives et Françoise court dans tous les sens pour essayer d’obtenir le silence – le décor ne tient pas sur la scène en pente. Le jardin, la cour, le grillage, le bâtiment en fils, le cheval blanc, les cinq poutres de La Dernière Image et la première pierre du Centre Dramatique Potentiel, tout glisse vers la fosse et Roland refuse de fixer quoi que ce soit. On monte, on descend, on remonte des choses, on fait rouler des kilos d’oranges à jus de haut en bas. On rit beaucoup. Caroline fait de la luge avec Suzanne sur des bouts de moquettes, mais c’est annulé à cause du couvre-feu. Alors on creuse à quelques-uns pendant l’entracte un tunnel sous la fosse d’orchestre jusqu’au bar d’en face, le Roule ma poule, rebaptisé pour l’occasion L’Eldorado des récalcitrants. Une chorale nomade d’enfants sédentaires y chante une version quasi slamée d’Agamemnon. Bien sûr, même sur invitation, on imagine mal entrer à 850 au bar d’en face, tous les volets fermés, même nus, même avec le décalage horaire. Aux environs de Saint-Pierre-et-Miquelon, il est six heures de moins au bar d’en face.

Diane Scott : Faire des listes — théâtre et histoire
Tout ceci se déploie sous l’égide d’un énoncé-maître qui a intensément cours depuis les années 1990 : le théâtre pense. Énoncé qui est la trame d’une revendication à double fond : 1) le théâtre n’est pas du spectacle, il est autre chose que du divertissement, il a trait à l’esprit et c’est à ce titre qu’il mérite du public (dans les deux sens du mot – qu’il faut aller voir ces spectacles et qu’il faut les subventionner) ; 2) c’est depuis la pensée que nous pourrons régénérer notre rapport au politique, miné par le consumérisme, la dépolitisation et la droite extrémiste.

Annabela Tournon : l’Art Latino-Américain n’existe (toujours) pas 
Faire circuler la pensée de Marta Traba en français aujourd’hui nous a semblé pertinent pour deux raisons principales : d’une part, parce que sa position permet de nuancer la représentation caricaturale du modernisme qu’un certain nombre d’études sur l’art contemporain tendent, par la négative, à fixer ; d’autre part, parce qu’elle permet de discuter la position «humaniste» défendue par un certain nombre de médias de gauche au sujet de l’art et de la politique.

Marta Traba : États-Unis versus Amérique Latine à la recherche du signe perdu — traduit par Annabela Tournon
Reprenant Freud là où ce dernier considère que malheur et répression doivent nécessairement exister pour que prévale la civilisation, Marcuse inspire une révolution libératrice dont il reste le penseur le plus dévoué. Les contributions de la plus jeune critique nord-américaine, Susan Sontag, ne sont pas étrangères à tout cela, quand elle en appelle à une érotisation de l’approche et du jugement critique. Cependant, la libération sexuelle qui s’est produite aux États-Unis sur de nombreux plans n’a pas débouché sur l’érotisme, mais sur la représentation libérée de la sexualité ou sur la tolérance totale de la pornographie.

Florent Lahache : la méthode sans maître, ou comment cuisiner les abstractions
En un sens, le matérialisme brechtien a quelque chose d’un remède-poison, d’un pharmakon marxiste : une anti-pensée destinée à radicaliser la pensée, à défaire la dimension trop générique des raisonnements, à en déloger les aspects autoritaires. Son adversaire, ce sont les effets d’intimidation produits par les énoncés de savoir – ce qui paralyse la réflexion à l’intérieur même de la réflexion. À ce titre, la méthode brechtienne s’op- pose aussi bien aux procédures de la généralisation qu’à celles de la spécialisation, de l’expertise, aux figures de l’intellectuel en petit propriétaire de son domaine.

Fredric Jameson : Trianguler Brecht — traduit par Florent Lahache
Dans un cas comme dans l’autre, nous aurons délivré Brecht d’une conception du modernisme désormais convenue (le style remarquablement subjectif, l’attitude typiquement ironique) ; mais, par la même occasion, nous nous trouvons dans l’incapacité de définir une caractéristique que chacun peut reconnaître, y compris les non-germanophones : les qualités sèches, spirituel- les et ironiques de son usage de la langue, qui poussent à ajouter Brecht à la liste proposée par Nietzsche (dans un esprit relativement anti-allemand) des trois meilleurs livres allemands (la Bible de Luther, les Conversations de Goethe avec Eckermann, et le sien propre).

Gilles Amalvi : Poésie classe moyenne
maintenant
il faut écrire le poème-classe-moyenne
il faut l’écrire
si tu ne veux pas qu’il t’écrive
qu’il s’écrive dans ton dos
qu’il écrive à ta place
une poésie moyenne
fade et indolore

[poésie-classe-moyenne
contre poésie-classe-moyenne]

Joseph Mitchell : Au haut du vieil hôtel — traduit par François Tizon
Je suis curieux mais pas à ce point. Pour vous dire la vérité, je veux juste ne pas monter dans cette cabine tout seul. Je sens quelque chose, et c’est le nœud du problème. Cela me met mal à l’aise – tout enfermé, et tous ces moutons de poussière. Cela me fait penser à un cercueil, l’intérieur d’un cercueil. Ça ou tout aussi bien une grotte, l’entrée d’une grotte. Si je pouvais trouver quelqu’un pour m’accompagner, quelqu’un à qui parler, de façon à ce que je ne sois pas tout seul là-dedans, j’irais ; j’y grimperais aussitôt. Quelquefois, j’y suis presque arrivé.


REVUE INCISE 2 

REVUE INCISE 1 

REVUE DE PRESSE 

direction : Daniel Jeanneteau
rédaction en chef : Diane Scott
conception : Élise Garraud, Diane Scott, Juliette Wagman
développement : Delphine Lavergne
correction : Guillaume Rannou

contact : redaction@revueincise.fr

Le Kabuki derrière la porte

© JP Estournet

© Philippe Domengie

Par le prisme du Kabuki, Gaël Baron et Laurent Ziserman fouillent, creusent l’essence de ce qu’est pour eux le travail de l’acteur en convoquant, non sans humour, leurs souvenirs de comédiens et le rêve qu’ils se font de cet art lointain et fantasmé. Nous sommes heureux de les accueillir en résidence pour la re-création de ce spectacle drôle et surprenant. Les représentations auront lieu au Studio-Théâtre du jeudi 19 au dimanche 22 novembre.


jeudi 19 novembre à 20h30
vendredi 20 novembre à 20h30
samedi 21 novembre à 20h30
dimanche 22 novembre 16h

Le Kabuki derrière la porte

direction artistique, création et jeu Gaël Baron / Laurent Ziserman
regard et direction d’acteur Julie Denisse
travail du corps Jérôme d’Orso
scénographie Emmanuel Clolus / Laurent Ziserman
lumière Diane Guérin
son Isabelle Surel
vidéo Philippe Domengie
régisseur général Fabrice Duhamel
administration et production Pauline Barascou La table verte productions

coproduction 3BisF / Aix-en-Provence, La Criée / Théâtre National de Marseille, Le Merlan / Scène Nationale de Marseille, du CNCDC Châteauvallon et du Pôle des Arts de la Scène-Friche de la Belle de Mai / Marseille ; coproduction de la reprise Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien et l’accompagnement du Bois de l’Aune / Aix-en-Provence ; avec l’aide du JTN / Jeune Théâtre National ; sous le patronage du Consulat Général du Japon à Marseille et du mécénat Bastide Médical à Nîmes ; la compagnie Panier-Piano est soutenue par le Ministère de la Culture – DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Région PACA

pour suivre l’actualité de la compagnie Panier-Piano
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Krystian Lupa dit que la vie d’un artiste dure 20 ans. Et que s’il veut continuer à pratiquer son métier il lui faut renaître. Il n’a pas d’autre choix pour rester un créateur, rester en vie. Cela fait un peu plus de 20 ans que Gaël Baron et moi sommes comédiens de théâtre. Comment continuer, c’est à dire comment renaître si l’on croit, comme nous le faisons tous deux, en la formule de Lupa ? En repartant à la source, en questionnant notre désir pour le théâtre, pour l’art de l’acteur. Et ceci de façon profonde et ludique. Que cela puisse entièrement se partager avec le public. Que cela soit du jeu, l’objet même d’un spectacle. Et aussi en le faisant seuls. De même qu’un musicien ou un danseur a besoin à certains moments de son développement personnel de se confronter au solo, nous ressentons la nécessité de travailler cette fois-ci sans metteur en scène, l’un à côté de l’autre, l’un en face de l’autre. Deux acteurs seuls sur un plateau avec, au centre, la question brûlante du jeu. Un questionnement très intime donc. Alors pourquoi le Japon? Pourquoi le Kabuki ? Parce que si l’on creuse en nous pour atteindre le noyau de notre amour du théâtre, de notre désir d’être comédiens, de notre goût pour le jeu, on en revient tous deux aux chocs esthétiques de Kabukis vus en France, aux films de Kurosawa, de Mizogushi, d’Ozu, à l’intensité spécifique aux grands acteurs japonais. Nous allons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Au tout début du XXeme siècle, deux acteurs de Kabuki ont quitté le Japon pour aller à la rencontre du théâtre européen. Ils se sont frottés au naturalisme, ont vu jouer Ibsen, et sont revenus dans leur pays, ensemençant leur grande tradition théâtrale avec ce qu’ils avaient découvert de la modernité. Nous proposons le voyage dans l’autre sens, mais un voyage intérieur : depuis nos enveloppes d’acteurs occidentaux vers le corps d’acteurs de Kabuki. Et ceci à vue, sous le regard des spectateurs rendus complices de cette métamorphose. Dans le Kabuki, l’acteur est roi. Il répond à lui seul à toutes les attentes du public, tout repose sur l’art de son jeu.

Laurent Ziserman


Mon plus ancien souvenir touchant le théâtre de KabuKi remonte à l’année 1889. J’avais dans les quatre ans et c’était au théâtre Nakamura, situé dans le secteur de Torikoé du parc d’AsaKusa. DanJûrô IchiKawa y interprétait « Nachi No taKi chiKai No Mongaku » (« le vœu de Mongaku à la cascade de Nachi »).

Tanizaki Junichiro Années d’enfance

Lorsque devant l’orient le spectateur occidental préserve une bénéfique dose d’ignorance et le comédien un juste pourcentage de désinvolture, il y a une chance pour que cet orient aide à féconder et non pas seulement à informer.

Paul Claudel Connaissance de l’Est


– À L’ORIGINE

En 1989, Gaël Baron et Laurent Ziserman se rencontrent dans la classe de Madeleine Marion, en première année du Conservatoire National Supérieur de Paris.
Ils passent beaucoup de temps à travailler ensemble et assouvissent leur soif commune de théâtre en allant voir de nombreux spectacles.
Ils sont frappés durablement par quelques mises en scène mémorables d’artistes étrangers (Ingmar Bergman, Luca Ronconi, Klaus-Michael Grüber, Deborah Warner, Lev Dodine…), des spectacles sur-titrés où le théâtre semble total : Eugène O’Neil joué en suédois avec Bibi Anderson, Peer Gynt interprété par un grand acteur italien, Labiche par de grands acteurs allemands… Les époques se mêlent, les langues se croisent, les cultures dialoguent sur la scène du théâtre-monde.
Au début des années 2000, Gaël et Laurent sont comédiens depuis plusieurs années, tous deux engagés dans des aventures de troupe qui les passionnent (Gaël Baron avec Stanislas Nordey au TGP, Laurent Ziserman avec Claire Lasne).

A cette époque une question occupe Laurent Ziserman : « À quoi ressemblerait un spectacle qui aurait pour seul sujet l’acteur, le jeu de l’acteur, l’art de l’acteur? ». Un spectacle dont l’acteur serait le centre, le roi. Une ode à l’acteur. Une fête du jeu. Non plus l’auteur ou le metteur en scène comme grands maîtres de la cérémonie, mais l’acteur seul, animant la scène par la seule force de son art et sa passion du jeu. Le projet murit au fil de quelques années. Le travail à mener n’a de sens qu’à deux, partagé, en dialogue. Il s’agit bien d’un projet sur l’altérité, l’autre, l’étranger.

Vingt années ont passé lorsque Laurent Ziserman propose à Gaël de le rejoindre. C’est le bon moment pour eux de confronter leurs deux pratiques singulières, leurs deux rêves de théâtre. Et ce que Laurent ignorait en lui racontant son projet, c’est la passion ancienne de Gaël pour le Kabuki, pour certains de ses très grands acteurs (Bando Tamasaburo et Kataoka Takao) qu’il avait eu la chance de voir jouer en France des années auparavant.

– L’ARGUMENT

Deux grands acteurs de Kabuki, Ichi et Onoé, ouvrent un soir les portes de leur théâtre pour prendre à témoin journalistes et spectateurs de leurs recherches : ils ont décidé d’aller à la rencontre de l’art occidental, de mêler le jazz européen à leurs danses traditionnelles, de jouer Molière sous leur maquillage de Kabuki, de faire dialoguer Shakespeare et la musique Gidayu. Chaque tentative porte en elle autant de réussites miraculeuses que d’échecs cuisants, l’équilibre de l’ensemble restant toujours précaire. Mais l’aiguillon du désir et l’esprit d’aventure sont pour eux de puissants moteurs…
Or il se trouve que ces deux acteurs japonais sont interprétés par deux acteurs bien occidentaux, qui eux-mêmes font sous nos yeux une plongée dans une des grandes formes du théâtre oriental, un voyage où ils abandonnent leur langue (Ichi et Onoé dialoguent en japonais, et ont quelques notions d’anglais), leurs visages, qui disparaissent sous les traits puissants des maquillages du Kabuki, jusqu’à leurs corps, soumis à des codes de jeu si étrangers à leur pratique habituelle.
Entraîner les spectateurs au bout de ce périple théâtral, en ignorant tout de son issue, voilà leur ambition.

– LE PROCESSUS DE CRÉATION

Nous avons souhaité écrire ce spectacle comme une variation, au sens musical du terme, ayant pour thème central le jeu de l’acteur.
Notre intuition, tout autant que notre goût profond pour l’art des acteurs japonais, nous a conduit vers le Kabuki, l’une des formes traditionnelles du théâtre japonais. Nous sommes donc partis de très loin, du plus lointain envisageable, nous présentant au public comme deux grandes vedettes du Kabuki.

De ce point de départ improbable, invraisemblable, hautement fantaisiste, mais nourri d’une passion et d’un goût véritables, nous tournons autour de notre thème comme des planètes affolées autour de leur soleil.
Nous prétendons être des maîtres dans un art ancestral extrêmement stylisé, à des lieues de nos codes de jeu occidentaux. Nous plongeons dans cet univers de formes, non pas pour en proposer une reconstitution ou un hommage, mais pour nous affranchir, par la fantaisie de ce voyage, de tout ce qui nous encombre bien souvent sur nos scènes: la psychologie, la construction du personnage, la dramaturgie héritée de notre âge classique, nos vieux débats esthétiques.

Les acteurs de Kabuki pratiquent la distanciation Brechtienne, mais comme le font les enfants quand ils jouent. Ils jouent à jouer, avec une conviction et un engagement inouïs.

Nous voulons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Nous nous exprimons dans une langue étrangère (ou plutôt nous feindrons de posséder cette langue : du jeu, encore), et si nous tentons d’aborder Molière ou Shakespeare, c’est en tant qu’acteurs japonais fascinés par le théâtre occidental. tout est donc jeu, fantaisie, inversion des miroirs, dialogue mutuel des cultures.

Pour ce qui est de l’esthétique du spectacle, nous souhaitons rendre compte de l’incroyable richesse de tous les éléments scéniques qui entrent en œuvre dans le Kabuki (décors, costumes, accessoires…), par des moyens volontairement pauvres, aisément repérables par un spectateur occidental.

Là encore il s’agit de fantaisie, de traduction, d’échos poétiques. Par un travail rigoureux, exigeant et ludique, nous cherchons à créer une illusion qui soit à la fois la plus belle possible, la plus convaincante, tout en ayant une dimension de drôlerie. Car le rire est aussi au cœur de ce voyage, où merveilles et catastrophes se mêlent certainement

– LE KABUKI DERRIÈRE LA PORTE, AU STUDIO-THÉÂTRE DE VITRY

Après trois résidences de recherche entre mai 2013 et février 2014, un mois de répétitions en janvier-février 2015 suivies de huit représentations à la Criée et au Bois de l’Aune, Gaël Baron et Laurent Ziserman repartent pour dix jours de travail au Studio-Théâtre de Vitry, du 8 au 18 novembre 2015.
Dès le départ, tous deux savaient que la forme singulière de cette proposition artistique, basée sur l’improvisation, demanderait toujours des ajustements plus ou moins importants.
Lors des premières représentations, la présence du public leur a permis de sentir ce qui participait pleinement de la rencontre, mais aussi ce qui pouvait la compliquer, la retarder, ou l’empêcher par moments.
Aussi n’ont-ils eu de cesse lors de la création, de remettre en jeu soir après soir leur façon d’entrer en scène, de se présenter au public, de commencer le récit.
Aujourd’hui, l’écriture est précise, arrêtée.
Reste à revenir à une forme plus artisanale, fragile, intime. La salle du Studio-Théâtre sera un espace idéal pour retrouver cette proximité avec les gens, cette qualité d’échange rêvée depuis le tout début. Une part importante du travail concernera la lumière, qui sera entièrement repensée dans cet esprit.

 


Kabuki B
© Philippe Domengie

GAËL BARON après des études initiées au conservatoire de région d’Angers, et au cour d’ateliers animés par Christian Rist, Jean Dautremay, ou Nelly Borgeaud, Gaël Baron devient élève, de 1989 à 1991, au conservatoire de Paris (classes de Madeleine Marion, Pierre Vial, Stuart Seide). Dès sa sortie du conservatoire, il entame un riche parcours avec Stanislas Nordey, avec qui il joue Pasolini, Koltès, Wyspianski, Lagarce, Schwab. Au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis il sera à deux reprises acteur permanent de la compagnie nordey, en 1992, puis en 1998. il joue aussi sous la direction de Stéphanie Loïk, Christian Rist, Claude Régy, Éric Didry (Boltansky interview), Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Antoine Caubet, Jean-Baptiste Sastre, Gérard Watkins (suivez-moi, et la tour de Gérard Watkins), Gislaine Drahy, Gilles Bouillon, Françoise Coupat, Jean-Michel Rivinoff, Daniel Jeanneteau (la sonate des spectres de Strinberg, et Anéantis de Sarah Kane), Jean-François Sivadier (la folle journée ou le mariage de figaro de Beaumarchais), Roland Auzet (Panama al brown)… Il participe à plusieurs spectacles pour le jeune public : la légende de siegfried, de S. Nordey ; Abou et Maïmouna dans la lune, mis en scène par Frédéric Fisbach ; Abou et Maïmouna à l’école, co-écrit avec Josée Schuller ; Même pas peur et facteur/sapin de Sarah Chaumette. en 2008, pour le festival d’Avignon, avec Valérie Dréville, Charlotte Clamens, J.f. Sivadier, et Nicolas Bouchaud, il a co-mis en scène et joué Partage de midi de Paul Claudel. il aussi mis en scène et joué Adieu, Institut Benjamenta…, un spectacle qu’il a créé d’après le roman de Robert Walser, l’Institut Benjamenta. À partir de 1999 il engage un travail suivi avec Bruno Meyssat et sa compagnie théâtres du shaman, et la saison 2011-2012 verra la reprise des deux dernières créations auxquelles il a participé: Observer, et Le Monde extérieur. en 2012-2013, il a joué dans : Un ennemi du peuple d’Ibsen, mis en scène par Guillaume Gatteau, 15%, de Bruno Meyssat, et Lost (replay), écrit et mis en scène par Gérard Watkins. en novembre 2014, il crée Apollo de Bruno Meyssat à la Mc2-grenoble, et en décembre 2014 la nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès mis en scène par Jean-Michel Rivinoff.

LAURENT ZISERMAN après une formation à l’école de la rue blanche (Marcel Bozonnet) et au conservatoire de paris jusqu’en 1991 (Madeleine Marion, Stuart Seide), il commence à travailler au théâtre avec Marcel Bozonnet (Scènes de la grande pauvreté de Sylvie Péju), Jean-louis Jacopin (Joko fête son anniversaire de Roland Topor), Bérangère Bonvoisin (le salon transfiguré de Philippe Clévenot), Jacques Nichet (le magicien prodigieux de Calderòn de la Barca), Mario Gonzales (Caliban dans La tempête de Shakespeare). Il participe ensuite à des aventures d’équipe. Trois étés à hérisson avec Jean-Paul Wenzel et la nombreuse troupe d’acteurs conviés à ces « vacances studieuses ». Cinq spectacles avec Gilberte Tsaï, pour la plupart construits autour de textes de Jean-Christophe Bailly. enfin, le parcours aux côtés de Claire Lasne Darcueil, depuis les premiers spectacles de la compagnie les acharnés: Les acharnés et Les nouveaux bâtisseurs de Mohamed Rouabhi, Ivanov de Tchekhov (tous ces spectacles joués au Théâtre Paris-Villette), jusqu’à l’aventure des « printemps chapiteau » qui a réuni, pendant une dizaine de saisons, une équipe fidèle d’acteurs et de techniciens, des villages du Poitou-Charentes au festival d’Avignon (Sganarelle dans Don Juan de Molière, L’homme des bois de Tchekhov, Joyeux anniversaire de Claire Lasne Darcueil). D’autres rencontres essentielles : Alain Enjary et Arlette Bonnard (animaux, suivis d’autres animaux), et François Cervantes croisé sur le plateau d’Ivanov. en 2004, François Cervantes écrit pour lui Jamais avant, une pièce de théâtre en appartement jouée près de 200 fois depuis sa création. depuis, il travaille en étroite collaboration avec l’entreprise-compagnie François Cervantes. il joue dans une île (2008), le dernier quatuor d’un homme sourd (2009), la distance qui nous sépare (2012), et carnages (2013). ces dernières saisons, il a joué aussi dans: dans la compagnie des hommes d’Edward Bond, mis en scène par Sélim Alik (création La Criée 2011), et Désir de théâtre, un spectacle de Claire Lasne Darcueil (rencontres d’Alloue 2012). Enfin, il a participé aux deux chantiers de recherche dirigés par Krystian Lupa (le corps rêvant en 2012, et l’élan intérieur en 2014).

JULIE DENISSE avant de se destiner au théâtre, elle tourne de nombreuses années avec le cirque bidon, où elle est, tour à tour : accordéoniste, contorsionniste, trapéziste. elle pratique aussi la voltige à cheval et le clown avec le cirque en déroute. ensuite elle entame une formation de comédienne, d’abord à l’école de la rue blanche, puis au conservatoire national supérieur d’art dramatique de paris dont elle sort en 1998. Elle travaille au théâtre avec, notamment : François Wastiaux (Paparazzi), Michel Didym (Le langue à langue des chiens de roche), Jacques Bonnafé (Comme des malades), Julie Bérès (Poudre), Victor Gauthier-Martin (Ambulance, la cuisine, ailleurs tout près), Gildas Milin (Anthropozoo), Julie Brochen (Hanjo, Oncle vania, Penthésilée), Daniel Jeanneteau et Marie-christine Soma (Feux, Adam et Eve), Patrice Chéreau (Elektra), Julien Fisera (Belgrade), Claire Lasne-Darcueil (Désir de théâtre). Elle est aussi engagée comme danseuse par Caroline Marcadé (Terres d’ailes, La nuit de l’enfant cailloux). Elle a enregistré de nombreuses dramatiques et lectures de poèmes pour France Culture, avec : Claude Guerre, Xavier Carrère, André Welter, Marguerite Gateau, Juliette Heymann… Ces dernières années, elle a mis en scène deux spectacles de Jeanne Mordoj : Adieu poupée et La poème. Elle est en tournée avec Trois sœurs d’après Les trois sœurs de Tchekhov, mis en scène par Claire Lasne-Darcueil à l’automne 2014 (Mc2-grenoble, théâtre de la tempête…).

JÉRÔME D’ORSO diplômé de biologie et de psychologie, il se professionnalise dans le spectacle vivant en 2001. L’art du mouvement qu’il pratique repose sur trois types d’apprentissage et de recherche : le théâtre acrobatique, lié aux arts du cirque et à l’enseignement de Jonathan Sutton ; l’axis syllabus développé par le danseur Frey Faust ; et enfin les arts Martiaux tels que les enseigne le maître vietnamien Luong Truong My. Il crée en 2001 la compagnie les Art’s Felus, dédiée aux spectacles de cirque de rue, dans laquelle il est danseur, fil-de-fériste, metteur en scène (créations 2011-2014 : Les paysagismes acrobatiques). Il a toujours associé son travail de recherche et de création artistique à la transmission. depuis 2008 il enseigne les arts du cirque et de la danse en milieu hospitalier, en prison, en milieu scolaire. Il est aujourd’hui enseignant certifié axis syllabus, et anime de nombreux stages, en France et à l’étranger. Il est danseur pour la compagnie Thierry Thieu Niang, pour le collectif de performers Ornic’art, pour la compagnie Hors Commerce (Montpellier). Ces dernières saisons, il a dansé dans Au fil de soi avec la compagnie Félicette Chazerand (Belgique), Ellipse avec la compagnie Mouvimento. Il a aussi animé de nombreux workshops à Berlin et à Bruxelles (fil de fer, contact improvisation).

EMMANUEL CLOLUS après ses études à Olivier de Serres (école d’arts appliqués), Emmanuel Clolus est assistant du décorateur Louis Bercut. Ensuite, il réalise de nombreux décors pour le théâtre : Le prince travesti de Marivaux, L’annonce faite à Marie de Claudel, Le Maître et Marguerite de Boulgakov, Bérénice de Racine, Affabulazione de Pasolini, Les paravents de Genet, Le président de Thomas Bernhard, Oh les beaux jours de Beckett, Les estivants de Gorki et Tartuffe de Molière avec des metteurs en scène tels que Frédéric Fisbach, Arnaud Meunier, Blandine Savetier et Éric Lacascade. Il collabore très régulièrement avec Stanislas Nordey au théâtre : La dispute et Le triomphe de l’amour de Marivaux, Tabataba de Koltès, Calderon et Pylade de Pasolini, Splendid’s de Genet, Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Les comédies féroces de Schwab, Violences et contention de Gabily, La puce à l’oreille de Feydeau, Électre de Hofmannsthal, Incendies de Wajdi Mouawad, Les justes de Camus, La conférence de Christophe Pellet, Se trouver de Pirandello et à l’opéra : Pierrot lunaire de Schönberg et Le rossignol de Stravinsky sous la direction de Pierre Boulez (Théâtre du Châtelet), Le grand macabre de Ligeti, Trois sœurs et Le balcon de Peter Eötvös, Kopernikus de Claude Vivier, Héloise et Abélard de Ahmed Essyad, Jeanne au bûcher de Honegger, Les nègres de Michael Levinas (opéra de Lyon), et La métamorphose de Kafka (Opéra de Lille), i capuletti e i Montecchi de bellini, saint-françois d’assise de Messiaen (opéra Bastille de Paris), Pelléas et Mélisande de debussy (festival de Salzbourg et Covent Garden à Londres), Melancholia à l’Opéra Garnier, Lohengrin de Wagner à Stuttgart. Depuis 2006, il collabore avec l’auteur/metteur en scène Wajdi Mouawad et a réalisé les décors de Forêts, Littoral, Seul puis le sang des promesses et ciels pour le Festival d’Avignon 2009, temps pour la Schaubühne de Berlin et les Trachiniennes, Electre et Antigone de Sophocle pour le Festival d’Avignon 2011. Dernièrement il vient de signer les scénographies de Tristesse animal noir de Anja Hilling et Par les villages de Peter Handke mis en scène par Stanislas Nordey à La Colline, de deux opéras : Lucia de Lammermoor de Donizetti pour Lille et La vestale de Spontini pour le Théâtre des Champs-Elysées ; ainsi que Ajax et Oedipe-roi de Sophocle (mise en scène de Wajdi Mouawad).

DIANE GUÉRIN elle débute sa formation en intégrant en 2008 le centre de formation artistique du spectacle vivant et de l’audiovisuel (cfpts), en option lumière. En tant qu’apprentie, elle suit pendant deux ans cet enseignement, en alternance avec le Théâtre National de La Colline (alors sous la direction d’Alain Françon, puis de Stéphane Braunschweig). Elle y participe notamment aux spectacles de : Sylvain Creuzevault, Michaël Thalheimer, Stanislas Nordey, et travaille avec les éclairagistes : Joël Hourbeig, Marie-Christine Soma, André Diot et Alain Poisson. En 2010, elle intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg (sous la direction de Julie Brochen), en section régie-techniques. elle y participe à des ateliers d’élèves, avec : Jean-Louis Hourdin, pierre Meunier, Georges Lavaudant, Jean-Yves Ruf, Christiane Burges, Robert Shuster, Alain Françon (lumière, son, vidéo, plateau). En juin 2013, elle sort de l’école et assure la régie lumière pour les metteurs en scène Laurent Gutmann et Martial Di Fonzo Bo. elle assiste Marie-Christine Soma sur les créations lumière d’Amphitryon et De l’ombre, deux spectacles mis en scène par Jacques Vincey. Cette collaboration se poursuit. Elle devient éclairagiste pour la compagnie Le Thaumatrope (Karim Belkacem), avec qui elle crée les lumières pour deux spectacles : Blasted en 2013, et Gulliver (création été 2014, en coproduction avec le Théâtre des Amandiers de Nanterre).

MARCO BENIGNO avant d’obtenir en 2011 sa licence d’arts du spectacle à l’université Montpellier III (mention très bien), il commence à travailler comme régisseur son, lumière et vidéo au théâtre de l’adresse (Avignon off), et en tant qu’éclairagiste avec Armand Gatti, Julie Mejean-Perbost, Maurice Fouilhé, Laura Fouqueré et Cyrille Olivier. Dans le même temps, il participe en tant que comédien aux ateliers travaux pratiques animés par Marie-José Malis. en 2011, il intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg, section régie-techniques. Dans le cadre des ateliers-spectacle, il travaille comme créateur lumière avec Cécile Garcia-Fogel et Vincent Thépaut, et comme créateur son avec Sacha Todorov et Éric Vigner. En 2013, il effectue un stage en régie lumière sur Twin Paradox de Mathilde Monnier, et assiste Xavier Jacquot pour la création son d’Ali Baba, de Macha Makeïeff. Il sort de l’école en juin 2014, et est régisseur son, lumière et vidéo pour la tournée du Prince, mis en scène par Laurent Gutmann (saison 2014-2015).

PHILIPPE DOMENGIE après des études de sciences à Lyon, il quitte les bancs de la faculté pour une école de Jazz. il est musicien et joue dans de nombreux groupes. son chemin le mène à Grenoble, où il se retrouve aux commandes d’un studio d’enregistrement. il y croise la route de Sinsemillia, Gnawa Diffusion, les Barbarins Fourchus. Puis il part à Annonay et découvre le spectacle de rue. Il habite au dessus d’une imprimerie : l’image, la photo, la vidéo entrent dans son quotidien. Il rejoint ensuite un cirque contemporain près d’Aix-en-Provence, à cette époque il réalise aussi le premier album de la chanteuse Anaïs (qui sera disque de platine). Enfin il s’installe à Marseille et collabore avec de nombreux artistes en tant que musicien, comédien, danseur, et vidéaste. Son goût pour l’image l’amène à suivre une formation professionnelle d’une année à la Femis. De retour d’un voyage au Japon, il fonde le collectif le nomade village, dont la vocation est de rassembler tous ces univers, ces artistes, croisés en chemin. Au sein de ce collectif, il est metteur en scène et réalisateur (il est notamment artiste associé au, Théâtre des Salins-Scène Nationale de Martigues en 2012-2013). Il collabore aussi en tant que vidéaste avec d’autres compagnies : l’Entreprise (François Cervantes), le Dynamo Théâtre (Joëlle Catino)…

ISABELLE SUREL après une licence de « musiques vivantes » à paris VIII, elle s’intéresse dans un premier temps à l’électro-acoustique pour s’orienter ensuite vers la création sonore au théâtre, pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. elle a collaboré pendant 14 ans avec la compagnie La Rumeur / Patrice Bigel, et a aussi travaillé avec de nombreux metteurs en scène : Anne-Marie Lazarini, Alain Bézu, Claude Yersin, Ricardo Lopez-Munoz, Laurent Fréchuret, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, plus récemment avec Sébastien Derrey et Jeanne Mordoj. Elle a travaillé pour la danse avec la compagnie Fatoumi/ Famoureux et Brigitte Seth/Roser Montllo-Guberna; pour le cinéma avec Christophe Loizillon et Éric Guirado.


Entretien de Laurent Ziserman avec Laurence Perez
Pour le Théâtre de la Criée, avril 2014

La pièce que vous créez la prochaine saison à la criée s’intitule le Kabuki derrière la porte. pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Kabuki ?
le Kabuki est l’une des trois formes du théâtre traditionnel japonais. Il y a le Nò, qui est un théâtre de masques, le Bunraku, qui est un théâtre de marionnettes, et puis il y a le Kabuki, que l’on pourrait qualifier de théâtre d’acteurs. Le Kabuki repose en effet sur l’art de ses grands interprètes, tout à la fois comédiens, danseurs, chanteurs,musiciens, acrobates et bien plus encore. C’est un art de l’acteur complet.

Est-ce là ce qui vous plait dans le Kabuki, au point d’en faire aujourd’hui la matière première de votre spectacle ?
Le point de départ du Kabuki derrière la porte réside dans l’envie de remettre le jeu de l’acteur au centre du théâtre. Quand j’ai commencé à penser à ce spectacle, je rêvais d’une trilogie qui me permettrait d’assouvir trois de mes plus grands fantasmes de comédien, à savoir : donner la réplique à Toshiro Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa (qui est aussi le mien ! ), devenir un acteur de la royal Shakespeare Company capable de jouer le grand William en anglais, et enfin, interpréter Hamlet en suédois sous la direction d’Ingmar Bergman. C’est en laissant libre cours à ces intuitions-là que j’ai commencé à travailler. Je me suis notamment rendu à la Maison de la culture du Japon, où je suis tombé sur un véritable trésor : des heures d’interviews de grandes stars du Kabuki par une speakerine de la NHK, la télévision publique japonaise. Le contraste entre les hommes empreints de modestie qu’ils étaient dans la vie et les acteurs époustouflants qu’ils étaient sur scène m’a tout simplement sidéré. J’ai été fasciné par leur maîtrise d’un art qui leur permet de se glisser avec autant de facilité dans la peau d’une femme que dans celle d’un chef samouraï. Je me suis dit que je tenais là une formidable piste pour mener à bien mon projet, une porte d’entrée d’un intérêt inouï.

Votre spectacle n’est pas un hommage au Kabuki, qui passerait par une reconstitution plus au moins fidèle, mais plutôt une rêverie contemporaine autour de cette forme théâtrale ancestrale… pourquoi l’avoir voulu ainsi ?
Je n’ai vraiment aucune raison intime de vouloir rendre hommage au Kabuki. Par contre, je revendique pleinement l’idée d’une rêverie à partir du Kabuki. Une rêverie d’acteurs, tentant d’entraîner le public à leur suite, à la découverte d’un monde à priori très lointain qui se révèle toutefois très accessible, presque familier. Car c’est aussi ce que j’aime dans le Kabuki : le fait que ce soit un art majeur de l’acteur et, en même temps, une forme extrêmement populaire. Dès sa naissance au début du 17e siècle, il a su toucher la société dans son ensemble et s’adresser aux petites gens comme aux grands lettrés.

Vous avez invité un autre acteur, Gaël Baron, à partager cette aventure avec vous. Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin d’avoir un compagnon et comment avez-vous travaillé ensemble ?
Seul, il me manquait un ressort, celui de l’autre, celui de la confrontation des idées. J’ai alors pensé à Gaël Baron, que j’ai connu au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris. Pendant nos années d’études communes, nous avons beaucoup partagé mais depuis notre sortie de l’école, nous n’avions jamais eu l’occasion de jouer dans un même spectacle. Travailler avec Gaël autour de cette création inspirée du Kabuki m’est apparue comme une évidence. J’ai tout de suite vu en lui le camarade de jeu idéal pour mener à bien ce projet. Et la réalité a dépassé mes espérances lorsque j’ai découvert que lui aussi nourrissait une véritable passion pour le Kabuki, qu’il connaissait d’ailleurs bien mieux que moi ! Nos deux rêveries se sont alors rejointes, l’imagination de l’un est venue féconder l’univers de l’autre pour donner naissance à ces deux acteurs occidentaux, qui se présentent devant le public comme deux grandes vedettes de Kabuki…

S’ils s’approchent des codes du Kabuki, les deux personnages que l’on découvre sur scène ne sont pas tout à fait conformes aux modèles originaux. Ils parlent d’ailleurs une langue qui rappelle les sonorités du Japonais mais qui n’en est pas, une langue totalement imaginaire. pourquoi ce choix ?
Tant qu’à ramener le théâtre au jeu de l’acteur, nous avons pensé qu’il fallait le faire dans une langue étrangère. Avec cette langue qui sonne comme du japonais mais qui n’en est pourtant pas, nos deux personnages apparaissent comme des passagers clandestins de cette culture, mais aussi comme de fervents amoureux de celle-ci. Dès leur arrivée sur scène, personne n’est dupe : on sent qu’ils se sont maquillés et habillés avec soin, mais leurs costumes ressemblent plus à des rideaux de salon recyclés pour l’occasion qu’à de véritables kimonos. Pour la langue, c’est pareil. On imagine qu’ils ont appris leurs rudiments de langue dans une méthode du style parler le japonais en voyage, mais cela ne fait pas d’eux des bilingues. Tout l’enjeu de notre travail réside dans le fait que les spectateurs acceptent de s’embarquer dans leur monde, de s’inventer une histoire avec eux, au-delà de cette langue qui n’est pas une barrière mais bien un langage commun.

Ce couple d’acteurs, que vous constituez sur scène avec Gaël Baron, tient un peu de Laurel et Hardy, de Bouvard et Pécuchet, en d’autres termes d’un duo comique.Le rire est-il quelque chose qui vous intéresse particulièrement ?
Le rire est pour nous quelque chose de central. Lorsque j’ai commencé à rêver à ce spectacle, cela faisait déjà quelques années que je pratiquais mon métier avec passion. En même temps, je me rendais compte qu’une part importante de ma personnalité, de ce qui m’avait conduit instinctivement vers le théâtre, ne trouvait pas sa place dans mon quotidien d’acteur. Faire rire les gens a été l’une des principales préoccupations de mon enfance et de mon adolescence et je me suis dit, en allant vers le théâtre, que j’allais pouvoir en faire un métier. faire rire est un exercice passionnant et beaucoup plus mystérieux qu’il n’y paraît… on ne pouvait pas préméditer du comique de telle ou telle séquence avant de se lancer dans une improvisation. Mais les répétitions nous ont très vite révélés comme un couple burlesque, proche du Bouvard et Pécuchet de faubert, du Mercier et Camier de Beckett. Voire même de Don Quichotte et Sancho Panza, car on a tout de même l’impression que les deux personnages que nous incarnons courent après une forme de rêve, une chimère qu’ils n’atteindront jamais : être de grandes vedettes de Kabuki. Malgré leur foi qui semble inébranlable, leur entreprise est aussi fragile que le décor dans lequel ils évoluent. ils se prennent sans cesse les pieds dans le tapis, ou plutôt les socques dans le kimono.
le rire provient aussi de leurs ratages…

Les pérégrinations de ces deux acteurs de Kabuki nous amènent naturellement au Japon, mais nous amènent également à revisiter comme une petite histoire du théâtre puisqu’ils s’essaient, à un certain moment de la pièce, à travailler du Molière et du Shakespeare et évoquent, à d’autres, les univers de Pina Bausch, de Maurice Béjart et de Nijinski…
Portés par un immense plaisir de jouer, ils en viennent effectivement à aborder le Misanthrope de Molière et richard III de Shakespeare, ou à esquisser des pas de danse du Sacre du Printemps de Pina Bausch, mais toujours de leur point de vue d’acteurs de Kabuki. C’est comme s’ils se retrouvaient sur des terres étrangères et qu’ils décidaient, avec beaucoup d’entrain, de les explorer et de tout faire pour les conquérir. Leurs pérégrinations finissent donc par constituer une traversée clownesque du théâtre et de ses traditions. c’est encore une manière d’inverser les miroirs, de brouiller les repères : on ne sait bientôt plus quelle poupée russe enferme l’autre…

Vous évoquiez tout à l’heure l’idée du ratage, comme possible source de rire. L’improvisation, à laquelle Gaël Baron et vous-même êtes rompus, a-t-il une place dans votre spectacle ?
Le spectacle est né de l’improvisation, dont Gaël et moi sommes en effet coutumiers. Lui, de par son travail avec le metteur en scène Bruno Meyssat et moi, de par mon compagnonnage avec François Cervantès. Je pense que c’est notamment pour cela que Gaël et moi réussissons si bien à travailler ensemble. Bien sûr, au final, le spectacle sera très écrit, mais nous pensons qu’il faut qu’il reste sur scène un peu de ce souffle de l’improvisation. Il faut que, comme dans les vieux couples, on puisse encore se surprendre ! d’ailleurs, dans le théâtre de Kabuki, il y a cela. Il y a des moments où, tout d’un coup, l’acteur s’autorise à partir dans une improvisation. Il faut absolument préserver cette liberté, cette légèreté qui ramène de la fragilité. La fragilité doit être au cœur de notre spectacle pour que le spectateur puisse s’immiscer dans ces failles, s’inviter dans notre monde et le partager joyeusement avec nous.