Casser une noix

Au cours du mois d’octobre, le Studio-Théâtre propose un stage avec le metteur en scène et comédien Yves-Noël Genod. Le stage est ouvert à tous, amateurs ou professionnels.


CASSER UNE NOIX

du lundi 14 au vendredi 25 octobre 2013 de 10h à 16h

« Casser une noix n’a vraiment rien d’un art, aussi personne n’osera rameuter un public pour casser des noix sous ses yeux afin de le distraire. Mais si quelqu’un le fait néanmoins, et qu’il parvienne à ses fins, alors c’est qu’il ne s’agit pas simplement de casser des noix. Ou bien il s’agit en effet de cela, mais nous nous apercevons que nous n’avions pas su voir qu’il s’agissait d’un art, à force de le posséder trop bien, et qu’il fallait que ce nouveau casseur de noix survienne pour nous en révéler la vraie nature — l’effet produit étant peut-être même alors plus grand si l’artiste casse un peu moins bien les noix que la majorité d’entre nous. »

Franz Kafka

On mettra cette citation énigmatique en résonance (puisqu’elle l’est) avec celle, célèbre, de  Shakespeare : « I could be bounded in a nutshell and count myself
a king of infinite space
» (Hamlet, Act 2, Scene 2).

Les places étant limitées, on tentera de privilégier les « vraies » demandes. Qu’est-ce que c’est que ça, les « vraies demandes » ? Eh bien, c’est difficile à dire… Toutes les demandes sont flatteuses. Mais il y a une erreur souvent faite pour un stage, qui me semble venir du fait qu’on y va pour y apprendre (prendre). Or quand je réunis des gens pour une audition (pour un spectacle), je constate que c’est tout à fait différent : on y vient pour y donner (parce qu’on ne fait pas un spectacle en prenant, mais bien au contraire). Les mots « donner » et « prendre » sont assez secs, mais c’est pour me faire comprendre… Essayons ensemble d’oublier un peu le charme de l’apprentissage et d’imaginer plutôt une troupe, 10 personnes, 10 jours — parce qu’après tout, dans mon cas, 10 jours suffisent pour créer un spectacle — et créons-le ! C’est une manière de raccourci. C’est ce que nous faisons sur un plateau: prendre des raccourcis. Des « wormholes », en astrophysique. En français: « trous de ver ». Tiens, « trou de ver », je dérive, c’est comme « trouvère », n’est-ce pas ? Et, trouvère, troubadour, c’est littéralement: « celui qui trouve ». Cela veut dire — c’est Pierre Guyotat qui le fait remarquer — que dans notre métier de poète, on peut certes un peu chercher, mais il faut surtout trouver !

C’est bien évidemment ouvert à tous les corps de métier — et même aux rentiers (il n’y a pas de sot métier), amateurs ou professionnels.

Yves-Noël Genod

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© DR


Yves-Noël Genod est un distributeur de spectacles, de poésie et de lumière, il n’invente rien, il fait passer le furet, « passé par ici, il repassera par là ». En effet, c’est ici et là qu’est la révolution : dans la redistribution des richesses. Ainsi les « contenus » ne sont que de peu d’importance, dans le meilleur des cas entièrement inventés par le public — comme dans le spectacle dans le noir qui a fait sa renommée : Le Dispariteur — et chaque soirée est d’une couleur très différente, cauchemar ou rêve selon l’âme de votre bon vouloir, noirceur ou bonheur. Il utilise les lieux souvent comme les instruments mêmes — et uniques — à faire sonner, ceux-ci quand ils sont beaux : Ménagerie de verre, grande salle du théâtre de Gennevilliers, La Condition des soies (Avignon), Hôtel Palace (Bologne), théâtre de la Bastille, Friche de la Belle de mai (Marseille), ancienne salle de réparation des tramways à Berlin, grands salons de l’hôtel de la Mirande à Avignon ou du château de Montfrin… Prochainement au théâtre des Bouffes du Nord. Quand les lieux le sont moins — beaux —, mais qu’ils ont des fenêtres, il joue en lumière du jour (théâtre de la Cité internationale, théâtre du Rond-Point). Il a travaillé avec des dizaines de comédiens, danseurs, chanteurs, acrobates… Citons, parmi les plus connus : Lorenzo de Angelis, Jeanne Balibar, Audrey Bonnet, Cecilia Bengolea, Jonathan Capdevielle, Valérie Dréville, Papy Ebotani, Julien Gallée-Ferré, Julie Guibert, Nicolas Maury, Kate Moran, Jean-Paul Muel, Felix Ott, Lucien Reynes, Marlène Saldana, Wagner Schwartz, Thomas Scimeca, Dominique Uber, Charles Zevaco… Il a « fabriqué » depuis 2003 — parfois avec l’aide de collaborateurs éclairagistes, ingénieurs du son, vidéastes, dessinateurs… comme Philippe Gladieux, Patrick Laffont, Sylvie Mélis, François Olislaeger, Benoît Pelé… — quarante-six spectacles et un nombre non répertorié de « performances ». Il vit à Paris (et partout : citoyen du monde) de l’amabilité des institutions et de ses amis mécènes. Il est d’une santé de fer et prétend qu’il n’a pas dit « son dernier mot ». Car — ainsi que l’a prononcé Pascal : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».

Le dispariteur, blog d’Yves-Noël Genod

liens vidéos :

(— je peux / — oui)

(Chic by Accident) / critique de Jean-Pierre Thibaudat

(Je m’occupe de vous personnellement)

(La Mort d’Ivan Ilitch)


Candidatures

Les candidatures sont à envoyer par mail avant le 26 septembre 2013, accompagnées d’une photo, de votre CV et de quelques mots adressés à Yves-Noël Genod pour exprimer votre motivation.

Vous recevrez une réponse le 1er octobre 2013.

Le stage est gratuit et limité à dix personnes.

Il a lieu du lundi 14 au vendredi 18 octobre et du lundi 21 au vendredi 25 octobre 2013 de 10h à 16h, au Studio-Théâtre de Vitry.

Inscriptions au stage : studio.theatre.vitry@wanadoo.fr