Archives pour octobre 2013

Lecture publique, Noémi Lefebvre

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Lire un texte c’est aussi rencontrer l’univers d’une personne, et entamer un dialogue qui peut, parfois, ouvrir sur de nouvelles formes d’écriture. Depuis sa création en 2008, le Comité des lecteurs du Studio-Théâtre a tenté d’organiser aussi souvent que possible de telles rencontres, pour que, le temps d’un après-midi, les auteurs, travaillant le plus souvent dans la solitude, ouvrent aux lecteurs passionnés l’atelier de leur écriture.


samedi 26 novembre à 19h
entrée libre sur réservation

Pourquoi tu dis rien ?

lecture publique avec Noémi Lefebvre

en compagnie de Wafa Abida, Stéphanie Béghain, Geneviève de Buzelet, Annie Deux, Françoise Gautier-Gouriou, Laurent Grappe, Catherine Jabot, Céline Laurentie, Caroline Lejeune, Françoise Lenoir, Régis Lerda, Adeline Olivier, Isabelle Vellay.

Noémi Lefebvre est écrivain ; ses romans sont publiés aux éditions Verticales. Son écriture est acérée, vive et politique, tant par la gamme de motifs qu’elle puise dans la philosophie ou les sciences sociales, que par son attention aux rythmes qui portent la langue. Sur le site du journal Médiapart où elle tient un blog, Noémi publie des dialogues, dont certains sont issus de conversations entendues. Ces courts textes, qui permettent de se ressaisir de choses dont elle dit que nous n’avons pas le temps de nous soucier la plupart du temps, sont autant d’échos de sa résistance à ce qui oppresse.
Une première rencontre a eu lieu en mars 2016 avec le comité des lecteurs du Studio-théâtre ; elle nous avait alors fait parvenir une pièce de théâtre intitulée Kiki. Le travail entamé avait suscité une curiosité à l’égard de ses textes. En mai dernier, nous l’avons donc invitée à prolonger cette rencontre lors d’un atelier d’écriture et de lecture au sein de notre groupe. L’expérience fut suffisamment forte, oscillant entre la découverte de nouveaux textes de Noémi et la composition d’écrits guidée pas ses soins, pour nous donner l’envie de partager un moment de lecture publique en sa compagnie au Studio-Théâtre.


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© Catherine Hélie

Noémie Lefebvre est née en 1964 à Caen ; elle vit aujourd’hui à Lyon. Auteur d’une thèse de science politique sur l’enseignement musical et les idéologies nationales en Allemagne et en France (1994), elle s’intéresse, dans le cadre de ses recherches comme dans l’écriture, à la rencontre entre idées politiques et idées sur l’art. Après plusieurs années d’enseignement à l’IEP de Grenoble et de recherche associée au laboratoire Pacte, elle est responsable, depuis 2012, du Centre d’études sur l’enseignement et les pratiques musicales au Cefedem Rhône-Alpes, et y développe, dans un esprit aussi exigeant qu’indisciplinaire, l’implication de la création dans le processus de recherche, et vice-versa.

Elle est l’auteur de deux essais de référence sur la politique musicale en France : Maurice Fleuret : une politique démocratique de la musique (avec Anne Veitl, La Documentation Française, 2000), et Marcel Landowski, une politique fondatrice de l’enseignement musical, 1966-1974 (Cefedem Rhone-Alpes, 2014), et de plusieurs articles, dont « L’enseignement musical sous le IIIe Reich, la perversion d’un modèle » dans l’ouvrage collectif Le IIIe Reich et la musique (Fayard, 2004) ou encore « De la natation appliquée à l’enseignement musical » (Cahiers de recherche du Cefedem Rhone-Alpes, juin 2007.)
Elle a publié un premier roman L’autoportrait bleu (Verticales), en septembre 2009, et en février 2012 L’état des sentiments à l’âge adulte (Verticales). L’enfance politique est son troisième roman.

Pour accéder au blog de Noémi Lefebvre cliquer ici.
Verticales éditions cliquer ici.


Atelier d’écriture et de lecture / mai 2016 / Studio-Théâtre de Vitry


Microlycée 16/17 PORTRAIT(S) Clara Chabalier & Alexandre Pallu

Portrait(s) copie

 

Poursuivant notre dialogue avec le microlycée de Vitry, nous inaugurons un nouveau type de collaboration prenant la forme d’un projet de spectacle dirigé par les metteurs en scène et comédiens Clara Chabalier et Alexandre Pallu. Sur l’ensemble de l’année scolaire les élèves de seconde vivront toutes les étapes, de la conception dramaturgique à la réalisation scénique, de la création d’une forme théâtrale centrée sur la question (poétique, artistique, politique) du portrait. Cette création, portée conjointement par les équipes du microlycée et du Studio-Théâtre, sera présentée en fin d’année scolaire au Studio-Théâtre, dans les conditions d’une ouverture professionnelle.


 

Portrait(s)

Une résidence territoriale artistique et culturelle menée par Clara Chabalier et Alexandre Pallu
avec les élèves de seconde du Microlycée 94
restitution  juin 2017

Les partenaires : Microlycée 94 / Studio-Théâtre de Vitry / DRAC Île-de-France

Découvrez une étape de création, une pièce sonore intitulée Radio du lac

La pratique professionnelle de Clara Chabalier et Alexandre Pallu, jeunes artistes formés au sein des écoles nationales de théâtre, est intrinsèquement liée à la question de la transmission.

Ils n’imaginent pas cette transmission dans un rapport de maître à élève, mais cherchent à faire partager et mûrir des réflexions qui sont souvent à la source de leurs propres créations, à développer des axes de réflexion, à prendre le temps d’explorer des thèmes ou des terrains qui leurs sont chers. Ce projet est autant transmission qu’exercice de leur art à part entière.

Du public au privé

« Nous prendrons pour matière première des portraits de personnalités recueillis dans la presse, écrite de préférence.

Une première phase consistera pour chaque élève à « instruire » un personnage choisi. Ils enquêteront sur lui, se questionneront sur son environnement, familial, social… : dans quel environnement évolue-t-il ? Qui l’influence ? Quel est son rêve ? Son comportement en public est-il conforme à ses convictions intimes ? Qu’est-ce qui l’a poussé à agir de la sorte ? Où est-il à présent ? Quel regard porte-t-il sur l’acte qui l’a rendu célèbre ? Quelles conséquences sur sa vie intime a eu la médiatisation de sa personne ?…

Un portrait, qu’il soit photographique ou écrit, contient toujours une trace de ce qui est passé, d’un état des choses qui est fixé et défini. C’est une empreinte qu’on laisse de soi, dont l’aspect définitif laisse transparaître en germe un inaccomplissement. Que la personne soit embellie ou critiquée, c’est bien ce qui est absent qui va nous intéresser, ce que l’on pourra se raconter et qui n’est que suggéré par le portrait. C’est ce manque qui permettra à l’acteur de créer la matière vivante de son personnage. Il ne s’agit donc pas tant de s’attacher à un réalisme des personnages qu’à une faille, une blessure, d’aller ouvrir une brèche et à partir de celle-ci, construire une fiction.

Nous commencerons par isoler une particularité qui nous parait symptomatique de la figure choisie. Il s’agira de définir les moyens de représenter le personnage puis de le mettre en jeu : par la posture, la gestuelle, le rythme mais aussi la rhétorique qui lui est propre, sa voix, sa façon de s’exprimer. Nous pourrons alors créer des rencontres de personnages, pour favoriser l’écoute entre les différents partenaires, et la construction collective d’une situation théâtrale par l’improvisation, puis peut être par l’écriture de petits fragments de textes pouvant être répétés.

L’écart entre vie privée et vie publique est également un axe central de réflexion, car il interroge notre mode de fonctionnement au sein d’une société hyper médiatisée.

Cet écart peut être rendu visible depuis le personnage (pense-t-il la même chose en privé et en public ?) ou depuis le contexte : la même phrase peut prendre des sens tout à fait différents selon qu’elle est énoncée dans un lieu privé ou prononcée devant des milliers de téléspectateurs. Une photographie de presse n’est pas porteuse du même message selon qu’elle apparaît dans un coin de page d’un journal gratuit, ou qu’elle est agrandie mille fois et exposée dans un musée.

Sensibiliser au langage médiatique, en déchiffrer les arcanes, et maitriser le contexte à partir duquel on parle sont des pistes essentielles de travail. C’est aussi sensibiliser au monde dans lequel on s’inscrit, à partir duquel on parle, c’est établir un lien avec l’espace extérieur.

Il y a bien entendu l’envie de leur faire découvrir et chercher par eux-mêmes une matière qui pourra être reprise dans différents cours. Les enseignants reprendront les thèmes principaux de l’atelier en cours de français et d’histoire-géographie, et nous pensons aussi profiter de leur apprentissage de langues étrangères (anglais, espagnol, ou leurs langues maternelles éventuellement) pour les intégrer sur scène. Le théâtre développe des compétences individuelles : éloquence, confiance en soi, expression sous toutes ses formes, écoute, communication… autant de qualités essentielles pour raccrocher à l’univers scolaire, à la vie en société.

Nous avons également l’espoir que chacun livre un peu de lui-même dans la fiction, et puisse analyser le monde qui l’entoure sous un jour différent. Il s’agit d’exciter la curiosité, de se saisir de tous les prétextes pour utiliser ce qui a été appris en classe, de le mettre en application dans une recherche personnelle, afin de stimuler le désir de découvrir et d’apprendre par soi-même, pour soi-même, puis de le rendre visible aux autres.

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Du personnel au collectif

Chaque séance commencera par un échauffement collectif permettant de favoriser l’écoute de groupe et la concentration. Un travail physique peut permettre de réveiller une attention et des émotions qui semblaient peu accessibles, nous tacherons de les révéler et de les « muscler ». Cette étape préliminaire est absolument essentielle afin de créer une ambiance de respect et de bienveillance commune. C’est un sas important pour apprendre à se connaitre, et appréhender une liberté du plateau. Une fois les personnages choisis, nous chercherons à créer des situations afin de construire une fiction qui permette de les réunir. Il est absolument essentiel que cette étape ne soit pas le fruit d’une décision préalable, mais provienne de ce qui aura été proposé sur le plateau.

Toutefois deux directions se dessinent:

– si une fiction fait l’unanimité, et permet à chacun d’y trouver sa place, nous pourrons nous concentrer sur un seul univers qui constituera une forme commune.

– nous pourrons également développer des situations imaginaires réunissant des combinaisons improbables de personnages: quelle conversation auraient Beyonce et Jacques Chirac? Ce braqueur, qu’aurait-il envie de raconter à l’acteur qui joue Batman?

La mise en situation et l’improvisation sont des moyens ludiques de faire émerger des problématiques qui nous engagerons vers une création. Qu’est ce qui nous parle ? Qu’est-ce qu’il nous importe de défendre publiquement ? De quoi est fait notre inconscient collectif ? Le plateau peut devenir un laboratoire d’observation des représentations de nos figures contemporaines, pour analyser la place des médias aujourd’hui. Comment parle le politique ? Qu’est ce qui le définit dans la cité ? Comment se comporte-t-il dans la sphère publique ? Et en privé ?

Nous apprendrons ensemble à peindre, dépeindre, repeindre ces figures, ces portraits qui constituent les archétypes de notre société moderne, et nous intéresser à leur fonction sociale.

Le théâtre a de tout temps représenté les visages qui constituaient son monde. Nous pourrons alors comparer les époques, et analyser les représentations modernes à l’aulne du répertoire théâtral. Qu’ont de commun Agamemnon et Vladimir Poutine ? Le bourgeois gentilhomme et Michel Platini ?

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Une écriture au plateau

Il s’agit à tous moments de se placer en créateurs, en inventeurs. À force de discussions et de questionnements sur ce qu’il nous importe le plus de représenter, nous ferons naître un cadre fictionnel ou documentaire.

Nous chercherons à donner consistance aux personnages de cette forme, à travailler la matière brute qu’est l’improvisation en abordant les différentes techniques du théâtre (espace, rythme, corps, voix). Il est essentiel pour nous que le texte (s’il advient) ne soit pas un préalable au travail de plateau mais que la scène en génère la nécessité. Nous donnerons des indications d’espace, de style, d’époque, d’environnement afin de poser des contraintes suffisamment fortes pour guider le travail, mais également prêtes à dévoiler l’absurde et le comique du monde dans lequel nous nous inscrivons. Car c’est aussi le message qu’il s’agit de faire passer : peu importe la célébrité ou la reconnaissance d’une personne, les troubles, les doutes, les espoirs, les gloires et les défaites constituent notre étoffe d’humain.

Nous chercherons à inciter la création d’expériences communes, en favorisant certains projets fédérateurs : faut-il aller visiter un site ? organiser une série d’interviews qui pourront constituer le fil rouge du spectacle ? La situation du cours le vendredi soir, de 15h à 17h, nous laisse la possibilité de prolonger vers une autre activité, et de nous autoriser à utiliser tous les moyens à notre disposition pour enrichir un univers collectif.

Nous inviterons également plusieurs personnalités qui viendront nous aider dans cette

Construction : avocats, journalistes, pourront nous aider à cerner certains enjeux dramaturgiques ou documentaires, tandis que musiciens, danseurs, vidéastes, donneront les outils adéquats pour transposer cette recherche sur la scène. Choisis parmi nos collaborateurs artistiques, les personnalités invitées viendront apporter une attention accrue sur un sujet particulier.

Pendant la phase dramaturgie de choix des portraits, le journaliste Jean-Pierre Thibaudat, ancien rédacteur à Libération et critique théâtral, pourra donner des clés de lecture et de rédaction.

Cette intervention pourra être développée par l’invitation d’un auteur ou d’un dramaturge, qui pourra l’appliquer à l’écriture théâtrale et expliquer la mécanique d’une écriture de plateau.

Le danseur et chorégraphe Sébastien Ly créée des formes courtes dans lesquelles il s’inspire de tableaux de peinture pour créer une danse. Il pourra enrichir un langage physique proposé par les élèves, et inciter à des traductions synesthésiques : traduire un texte en images, en mouvement, en chant, en dessin…

L’intervention d’un musicien, tel que David Bichindaritz ou Julien Fezans, viendra alimenter les premières intuitions en donnant des pistes scéniques concrètes : utilisation de voix transformées, composition d’une chanson réunissant tout le groupe, recherche d’un univers sonore… Ils pourront également donner des outils de prise de son et leur permettre de réaliser des interviews, qui viendront enrichir leurs premières investigations et créer une matière sonore pour le spectacle.

Le metteur en scène et scénographe Daniel Jeanneteau sera sollicité pour nous aider à établir une scénographie.

La rencontre avec des professionnels du spectacle est essentielle car elle légitime leur démarche et leur donne les outils nécessaires pour réaliser le spectacle final.

Ainsi, une présentation publique au Studio-Théâtre de Vitry clôturera l’année scolaire : ce sera pour nous l’occasion d’entrer dans un processus de création plus intense, par exemple au cours d’un week-end entier de répétitions au Studio. »

Clara Chabalier & Alexandre Pallu, mai 2016.

 

présélection des candidats à la direction du Studio-Théâtre

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Annonce de la présélection des candidats à la direction du Studio-Théâtre

Le jury présidé par Nicole Gautier et composé des partenaires institutionnels du Studio-Théâtre (DRAC Île-de-France, Ville de Vitry, Département du Val-de-Marne et Région Île-de-France) a désigné les 6 candidats qui seront auditionnés le 20 décembre prochain.

Il s’agit de :

– Olivier Coulon-Jablonka

– Chloé Dabert

– Joris Lacoste

– Lazare

– Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna

– Bérangère Vantusso

Le jury a relevé la qualité et la richesse de tous les dossiers reçus, et remercie l’ensemble des candidats pour l’attention qu’ils ont eue à l’égard du Studio-Théâtre.

Le Studio-Théâtre de Vitry recrute son directeur/sa directrice artistique

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Le Studio-Théâtre de Vitry recrute son directeur / sa directrice artistique

À Vitry-sur-Seine, territoire d’une grande diversité artistique et culturelle, inscrit dans une dynamique de profondes mutations, le Studio-Théâtre est un lieu singulier et unique. Dédié à la recherche et l’expérimentation théâtrale mais aussi aux échanges et au partage des processus de création, il est pour les artistes un lieu de travail et de réflexion profondément ancré dans le monde et ouvert sur son environnement.

La direction de ce lieu, cofinancé par le Ministère de la Culture, la Ville de Vitry-sur-Seine, le Département du Val-de-Marne et la Région Île-de-France, sera confiée à un/une artiste.
Tout en s’inscrivant dans l’héritage et l’histoire de ce lieu, il/elle aura toute liberté pour y développer un projet qui saura articuler son travail de recherche et de création personnel avec l’accompagnement fort et engagé d’autres équipes artistiques. Dans cette perspective, il/elle devra notamment définir les conditions de l’équilibre économique du lieu. Il/elle sera également attendu sur ses capacités d’audace, d’ouverture et d’échange pour proposer une vision inventive de la place que doit occuper le Studio-Théâtre au sein du territoire dans lequel il se situe.

Modalités de recrutement :

Dépôt des candidatures au plus tard le 14 novembre 2016.

Les candidats devront remettre :
– un pré-projet où devront figurer les orientations artistiques retenues, les modalités d’articulation du projet personnel de l’artiste et de l’accompagnement des autres, la présentation d’une traduction budgétaire et son modèle économique, la vision de la place du Studio-Théâtre et des relations à créer ou à développer sur le territoire.
– un cv présentant leur parcours artistique.
Pour élaborer leur projet, les candidats pourront se procurer les documents nécessaires (budgets, bilans comptables, organisation actuelle du Studio-Théâtre, plans du bâtiment, comptes-rendus d’activité) en écrivant à l’adresse suivante: infos-stv@orange.fr
Les candidatures devront être envoyées par mail uniquement à la Présidente du Studio-Théâtre, à l’adresse suivante: candidature-stv@orange.fr

Une présélection sera annoncée le 5 décembre.

Les candidats présélectionnés développeront leur projet en audition le 20 décembre, devant un jury composé de la Présidente de l’association et des partenaires financeurs du Studio-Théâtre.

La direction du Studio-Théâtre est à pourvoir à compter du 1er janvier 2017.

La nuit porte caleçon

© Amandine Ferrando

© Amandine Ferrando

En octobre 2014 le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre avait déjà accueilli Hakim Bah pour l’étude de plusieurs de ses textes. Nous le retrouvons en octobre 2016 pour la première mise en scène de l’une de ses œuvres. Fable portant sur les tragédies de l’intime dans le contexte de la coupe du monde de football, La Nuit porte caleçon est le second volet de la trilogie Face à la mort ; elle a été écrite en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris dans le cadre de « Visa pour la création » de l’Institut Français, en partenariat avec le Tarmac, scène internationale francophone. Lauréat du comité de lecture du Tarmac en 2015, accompagné par « à mots découverts » association vitriote, le texte a été mis en lecture par l’auteur au Théâtre du Vieux Colombier – Comédie Française en mai 2016. Hakim Bah vient d’obtenir le Prix RFI Théâtre pour son texte Convulsions.

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LA NUIT PORTE CALEÇON

jeudi 6 octobre à 20h30
vendredi 7 octobre à 20h30
samedi 8 octobre à 20h30
dimanche 9 octobre à 16h

texte et mise en scène Hakim Bah
collaboration à la mise en scène Diane Chavelet
scénographie Irène Marinari
création sonore Guillaume-Van Roberge
création vidéos  Amandine Ferrando et John Bardakos
création lumière Gabriele Smiriglia
costumes Sara Bartesaghi Gallo assistée de Simona Grassano
administration Ninon Argis

avec Nicolas Blandin, Adrien CalendronRégis ChaussardClémence Laboureau et Clément Lejeune 

production Compagnie Paupières Mobiles  ; coproduction Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien de la DRAC Île-de-France, de Confluences (lieu d’engagement artistique), de la Fondation de France (bourse déclic jeune), de Lilas en scène, de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et du Crous de Versailles


À l’heure où sa ville s’apprête à accueillir la coupe du monde de football, la vie de Gaspard vire au tragique. Tout commence lorsqu’il est témoin du suicide d’un vendeur ambulant pris dans une opération de ratissage. Tandis que Gaspard est emporté dans une suite d’événements et de révélations inattendus sur ses propres origines, les autorités en font le coupable idéal pour calmer la population qui réclame justice suite à la mort du vendeur ambulant. Il ne faudrait pas entacher l’image du pays avant la grande rencontre sportive…


Note d’intention de mise en scène

George Orwell déclarait dans un article de 1945 : « Au niveau international le sport est ouvertement un simulacre de guerre ».

Aujourd’hui cela est d’une actualité criante, avec l’Euro 2016 en France marqué par des actes de violence et de vandalisme.

Longtemps j’ai été grand supporteur de football. Dans ce spectacle, j’ai envie de questionner ce sport qui a bercé mon adolescence où (au lieu d’aller au théâtre comme on n’avait pas de théâtre) on faisait des kilomètres de marche pour voir des matchs de foots dans des vidéos clubs. S’en suivait des discussions, qui pouvaient même amener au coup de poing. A cela d’ailleurs Orwell ajoutera : « Je suis toujours stupéfait d’entendre des gens déclarer que le sport favorise l’amitié entre les peuples. »

 Pour la mise en scène de « La nuit porte caleçon », j’ai envie de puiser dans les règles du football pour faire du théâtre. Eugène Ionesco écrit dans Notes et contre-notes : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Le match nous donne en effet l’idée la plus exacte de ce qu’est le théâtre à l’état pur : antagonismes en présence, oppositions dynamiques, heurts sans raison de volontés contraires. »

Le football comme théâtre donc. Car au théâtre comme au foot, on parle d’action. De même on joue une pièce, de même on joue un match. Dans les deux cas, on a affaire à un spectacle donné devant un public venu y assister, dans un lieu déterminé. Acteurs et joueurs sont des êtres humains en chair et en os qui font vivre le jeu. Chaque acteur se voit attribuer un rôle, un personnage, comparable à l’une des positions occupée par un joueur dans un match. L’affrontement est à la source de la dynamique sportive qui se construit sur la lutte entre deux joueurs ou deux équipes. Au théâtre, l’action repose aussi sur des oppositions.

Par contre, le théâtre donne une vision du monde et de l’homme. Le match, lui, ne prétend pas donner à réfléchir sur la condition humaine. Le joueur n’ouvre pas le chemin de la pensée à son supporteur.

C’est pourquoi, j’ai choisi le théâtre pour m’interroger, interroger et donner à réfléchir sur le football aujourd’hui. Ce qu’est devenu ce sport au-delà du simple fait sportif.

Avec le monopole des gros sponsors, le football est une grande manne financière où l’enjeu n’est plus que sportif, mais économique et politique. Il ne s’agit plus que de jeu, mais aussi de rentabilité et de pouvoir. N’a-t-on pas vu en 2014 au Brésil ou en 2010 en Afrique du Sud des populations entières violentées, délogées, chassées de force de leur maison pour l’organisation de la coupe du monde de football ? Un des dirigeants de la FIFA avait même dit en 2014 : «Je vais vous dire quelque chose qui peut paraître fou mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une coupe du monde ». Ou encore : «  Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays où il faut négocier à plusieurs niveaux ».

© Amandine Ferrando


La Compagnie Paupières Mobiles

La compagnie créée à Paris, en novembre 2015, est animée par le besoin de rencontre, d’ouverture, à d’autres cultures, d’autres façons de voir le monde, de dire le monde, de penser le monde. Animée toujours et à chaque fois par la volonté forte de croisement. Permettre à des artistes de continents différents, de cultures différentes, de se rencontrer dans un monde miné par les frontières.

Et.

Parce que nous croyons (fortement) que, sortir de chez soi, changer de lieu, tendre la main, aller à la rencontre des autres, à la rencontre du monde, c’est questionner sa propre identité, sa relation au monde et voir autrement, et entendre autrement, et penser autrement. Se déplacer, partir ailleurs, c’est provoquer le déséquilibre, le mouvement et permettre le renouveau nécessaire à l’artiste.

Mais pas seulement.

Nous pensons que les frontières se tissent aussi au sein des politiques culturelles, et de cloisonnements disciplinaires, que c’est en commençant par s’entre-écouter que se déferont les réseaux cousus et inhibant de la pensée et de la création. C’est des lieux de paroles et de rencontres que nous cherchons à créer, à développer. C’est l’opportunité de penser, simplement, le monde contemporain, dans ses écritures, dans ses paroles, dans ses apocalypses. Car ce qui guide notre pensée, notre parole, nos écritures, dans nos migrations et nos recherches, est une quête d’inconfort.

La nuit porte caleçon est la première création de la compagnie.


Hakim BAH, né à Mamou en Guinée. Il est sortant du Master mise en scène et dramaturgie à l’Université de Paris-Ouest Nanterre. Depuis 2012 il est invité régulièrement en résidences d’écriture en France (Maison des auteurs des Francophonies en Limousin, Théâtre de l’aquarium, Cité Internationale des Arts à Paris, Centre Intermonde de la Rochelle), au Burkina Faso (RECREATRALES), en Guinée (Univers des Mots), au Maroc-Tanger (Espace Pandora avec le soutien de la Région Rhône-Alpes). Ses textes sont créés et joués en Afrique et en Belgique et présentés sous forme de lectures dans différents lieux et festivals en France (Avignon, Francophonies en Limousin, Regards croisés, Text’Avril, Printemps des inédits, Comédie de l’Est, L’Apostrophe, Théâtre de l’aquarium, Ecritures en partage dirigée par Monique Blin, Comédie-Française, Le Tarmac, Théâtre 13…). Son travail reçoit de nombreux prix (Prix des Journées Lyon des Auteurs de Théâtre, Prix d’écriture Théâtrale de la ville de Guérande, Prix des Inédits d’Afrique et d’Outremer, Prix du public au festival Text’Avril) et bourses (Institut Français, Beaumarchais, CNL, CNT). Ses pièces À bout de Sueurs, Ticha-Ticha, Sur la pelouse et Le Cadavre dans l’œil sont publiées chez Lansman Éditeur. Il a par ailleurs suivi des stages de mise en scène avec François Rancillac et Jean-Lambert Wild.

Diane CHAVELET est née à Paris. Elle a suivi des études de Lettres et Arts à Paris 7 jusqu’à l’obtention de son Master. Elle a ensuite voyagé en Allemagne et aux Etats-Unis, où elle a enseigné la langue et la littérature française et suivi les cours de doctorat à l’Université de Pennsylvanie. Depuis qu’elle est retournée en France en 2010, elle est traductrice pour les éditions Robert Laffont, a travaillé pour la revue Feuilleton (Edition du sous-sol, Seuil), enseigne le français et l’anglais au lycée et anime des formations en entreprise. Elle conduit depuis trois ans une thèse à Paris 7 en littérature comparée, sous la direction de Catherine Coquio, intitulée, « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte autour de Dieudonné Niangouna (Congo- Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) ». Dans ce cadre elle réalise un film documentaire sur la place de l’évènement d’art dans la vie politique du Congo-Brazzaville et publie des articles scientifiques. Elle est à l’initiative d’un événement d’art intitulé « On ne paye pas », laboratoire d’expérimentation artistique et d’échanges. Elle vient d’achever son premier roman, Devenir, et un texte de théâtre, Mouvements. Ses nouvelles sont publiées dans la revue « Rue Saint-Ambroise ». Elle est co-directrice de la compagnie Paupières Mobiles et collabore à la mise en scène de La nuit porte-caleçon aux côtés d’Hakim Bah.

Nicolas BLANDIN, diplômé d’histoire à la Sorbonne, Nicolas se forme aux cours Florent au jeu d’acteur (caméra et théâtre), à l’écriture et à la  mise en scène. Il suivra également une formation de clown, pantomime et masque auprès de François Frapier. Il joue dans différents spectacles, du classique au contemporain, en passant par le spectacle pour enfant Venus et Eros au Purgatoire de Philippe Ulysse ; Monsieur de Pourceaugnac de Molière, mise en scène Clément Hervieu-Léger ; Le Saperleau de Gildas Bourdet mise en scène François Frapier ; Les Métamorphoses d’Ovide, création collective ; Grignotin et Mentalo mis en scène par Océane Pivoteau. En 2012 il participe à la création de la compagnie Grappa avec laquelle il crée plusieurs spectacle dont Britannicus de Jean Racine, mais aussi J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, présenté au festival Préliminaire 2014 et joué au théâtre de Vanves. Parallèlement, il se lance dans la réalisation, et plus particulièrement de courts-métrages d’animation.  Ainsi il réalise Look at me qui sera récompensé à la Journée du Court-Métrage de 2012. Il rejoint en 2015 les ateliers Joffrine qui proposent des ateliers de créations dans les hôpitaux et travaille régulièrement de la section pédopsychiatrique de la Pitié Salpetrière de Paris. Les films réalisés dans ces ateliers sont remarqués et exposés. On peut le retrouver également dans  plusieurs courts-métrages, notamment Terminus d’Iris Chassaigne et Clara Mary.

Adrien CALENDRON s’est formé aux cours Florent avant d’entrer dans une compagnie de théâtre pour jouer Atteintes à sa vie de Crimp, puis Roberto Zucco de Koltès, et Oncle Vania de Tchékhov. Il joue en parallèle dans des courts-métrages, et prépare pour la saison 2015-2016 Le 20 novembre avec sa propre compagnie, Quatrelements.

Régis CHAUSSARD, formé à l’école de la scène, il joue depuis l’âge de 9 ans. Il débute sous la caméra de Jacques Tréfouël puis se dirige naturellement vers le théâtre. Alternant les auteurs classiques et contemporains, il travaille Molière, Goldoni, De Obaldia, Vian, Dubillard, Kane, Handke. Il est également chanteur et a participé à plusieurs comédies musicales, dernièrement Blanche-Neige à Bobino, ou encore Phi-Phide Christine au Théâtre du Trianon, ainsi que de multiples soirées cabaret sous la direction de Victor Bianco en chantant Brel, Ferré ou Montand. Il est à l’affiche du spectacle Peter Pan depuis sa création en 2005, et toujours joué actuellement à Bobino. Il travaille également régulièrement pour France Culture où il enregistre des fictions radiophoniques sous la direction de Jean-Matthieu Zahnd, Michel Sidorof ou Étienne Valles. Dernièrement il tournait pour France 2 sous la direction de Frédéric Berthe, dans Silences d’État et plus récemment pour la nouvelle série Leibovitz contre Leibovitz.

Clémence LABOUREAU. Après un Master en Lettres Modernes à Diderot-Paris VII et en Littératures Anglophones à La Sorbonne-Paris IV, Clémence suit une formation en art dramatique au Conservatoire National de Région de Saint-Maur, au conservatoire du Centre à Paris puis en classe CEPIT  à l’ENMDAD. Elle collabore ensuite régulièrement avec Marie-Christine Mazzola – La charmante compagnie (Le temps et la chambre de Botho Strauss, Hiver de Jon Fosse, L’entre-deux de Marie-Christine Mazzola, Tu trembles de Bruno Allain) et Léonce Henri Nlend – La bande de Niaismans (Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, Big shoot de Koffi Kwahulé, Djeuhdjoah, keske tu fela de Koffi Kwahulé). En 2016-2017, elle joue dans Ogres de Yann Verburgh, voyage au cœur de l’homophobie, mis en scène par Eugen Jebeleanu – Compagnie des Ogres ; dans Colonies,  artifice familial sur la crise agricole, mis en scène par Nadège Cathelineau – Groupe Chiendent ; dans L’Atome, théâtre-documentaire sur le nucléaire, écrit et mis en scène par Julien Avril – Compagnie Enascor. Elle est également chanteuse au sein du quartet de jazz Oléo.

Clément LEJEUNE, est né à Melun en 1985. Il suit une formation scientifique. Après une expérience de journaliste sportif, il se tourne vers le théâtre. Participant à de nombreux ateliers notamment ceux du Vélo volé ainsi qu’à de stages avec Elisabeth Tamaris et Nita Klein, il continu actuellement sa formation auprès de Margaux Lecolier et de Victor Quezada Pérez. Il rencontre Hakim Bah aux ateliers du Studio-Théâtre de Vitry en janvier 2015 et embarque dans la foulée sur le projet La nuit porte Caleçon.

Hakim Bah vient de recevoir le Prix Théâtre RFI pour Convulsions, troisième volet de sa trilogie intitulée Face à la mort.

La nuit porte Caleçon sera également présenté à Lilas en scène les 14 et 15 octobre prochains.
Pour en savoir plus sur la compagnie Paupières Mobiles

Effleurement, Clara Chabalier, Asja Srnec Todorović

visuel Effleurement ciseaux

Nous suivons le travail de Clara Chabalier depuis plusieurs années et nous aimons l’opiniâtreté avec laquelle elle creuse une voie personnelle faite d’exigence et de curiosité. Concevant le théâtre comme un tout complexe rassemblant toutes les disciplines artistiques, elle imagine des formes scéniques mettant en jeu aussi bien les arts plastiques que l’écriture et la création sonore… Elle mettra en scène pour la première fois en France Effleurement d’Asja Srnec Todorović, auteure croate à laquelle notre Comité des Lecteurs a déjà consacré une séance…


vendredi 18 mars à 20h30
samedi 19 mars à 20h30
dimanche 20 mars à 16h
lundi 21 mars à 20h30

le 24 mars 2016 au Théâtre de Vanves dans le cadre du festival ARTDANTHE

Effleurement

texte d’Asja Srnec Todorović
traduction du croate par Christine Chalhoub
mise en scène Clara Chabalier 
scénographie Jean-Baptiste Née
création sonore Julien Fezans
création lumière Philippe Gladieux
conseil coiffure Judith Scotto
régie générale Adrien Geiler
production / diffusion Sébastien Lepotvin

avec Caroline Darchen, Pauline Jambet
et les voix de Clara Chabalier, Alexandre Pallu, Pierre et Anselme Barché

durée estimée 2h

production compagnie Pétrole ; co-production Studio-Théâtre de Vitry, Comédie de Reims ̶ CDN, Théâtre Ouvert ̶ Centre National des Dramaturgies Contemporaines ; la compagnie Pétrole bénéficie de l’aide au projet de la DRAC Île-de-France ̶ Ministère de la Culture et de la Communication ; avec le soutien de la Région Île-de-France, du Théâtre de Vanves et de la SPEDIDAM

LOGOS spedidam


derrière la vitre
© Anna Di Prospero

Dans un salon de coiffure en banlieue, Bouboule reçoit la visite de Puce, sa mère, qui souhaite l’inviter à fêter un anniversaire dont on ne sait si il est celui d’une naissance ou d’une mort.
Les gestes de la coiffure (shampoing, coupe, teinture, séchage) sont une tentative à renouer contact: un effleurement sensuel et destructeur entre les deux femmes, par lequel le corps de la mère, obèse, passif, par opposition à celui de sa fille, très maigre, tente de changer d’apparence.
Dans leur éternelle soumission – à leur environnement, aux hommes, figures cruelles, violentes, mais aimées – apparaît l’impossibilité pour ces femmes de sortir de l’enfermement. Elles parlent une langue approximative, bégayante, trouée, langue de la zone qui s’oppose au discours haché et standardisé d’une radio grésillante qui interfère dans leur tentative de (se) parler et fait rejaillir les souvenirs qu’elles préfèreraient oublier. Leur conversation est rythmée par les bruits étranges des voisins, qui tous les soirs se lancent dans une étrange course poursuite à la recherche de leur bébé perdu, et par les coupures de courant, qui les plongent dans une obscurité inquiétante et rédemptrice.
Asja Srnec Todorović, avec noirceur, déploie l’extraordinaire tension de la culpabilité réciproque d’une mère et de sa fille. Comment pardonner sans oublier ? Question douloureuse, que son écriture affine et aiguise en plaçant au centre le caché, l’invisible, l’absent.


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Entretien avec Clara Chabalier
– Comment avez-vous découvert cette pièce d’Asja Srnec Todorovic, inédite en français ?
En mars 2013, j’ai été invitée à intervenir à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes, dans le cadre des Ateliers d’Écritures Contemporaines . Cet atelier débute par un comité de lecture qui rassemble un grand nombre de textes contemporains français et étrangers. Parmi les textes issus des sélections du Centre National du Théâtre et de la Mousson d’Été, Michel Corvin, professeur d’histoire du théâtre et dramaturge, avait glissé ce texte qu’il avait jugé intéressant mais qui n’était passé par aucune commission. J’ai choisi de le travailler, et 6 élèves-acteurs m’ont suivi. Nous avons répété trois semaines, et l’atelier s’est clôt par une présentation publique. Enthousiasmée par la découverte de ce texte inédit, d’une auteure dont l’œuvre est encore peu connue en France (seulement 3 de ses pièces sont traduites et publiées en français), je ressens la nécessité de continuer ce travail.

– Quel est le lien entre le titre de la pièce et le salon de coiffure dans lequel elle se situe ?
Le titre original croate, Dodir, est intraduisible en français. Ce mot désigne la tentative d’un toucher, d’un contact, à la fois sensuel et meurtrier. Il est représenté précisément par le rapprochement du doigt de Dieu et de l’homme dans la fresque La création d’Adam de Michel Ange, qui orne la Chapelle Sixtine. Il se réfère donc également à l’acte de création : par le toucher, Dieu donne naissance à l’homme. Le mystère entourant la naissance de Bouboule est mis en lien avec l’histoire de l’Art. Puce vient pour fêter l’anniversaire de sa fille, mais cet anniversaire est-il celui de sa naissance ou de sa résurrection, le jour où sa mère a choisi de la faire vivre et de l’accepter comme « son unique enfant »? Pourquoi sommes-nous nés ? Y a-t-il une raison à notre passage sur Terre ? L’acte de création est aussi lisible dans la coiffure à laquelle travaille Bouboule. En agissant ainsi sur le corps de sa mère, sur son apparence physique, sur son identité, elle cherche à la transformer, elle agit par le toucher et tache de « faire œuvre ». La précision mécanique des gestes de coiffure est sans cesse perturbée car Puce n’est pas une cliente normale. Ce conflit entre l’artificiel et le vivant, entre la réalité et son mime, est un moteur principal de jeu, qui sous-tend toute la pièce. L’effleurement est ainsi au cœur de l’écriture, qui cherche à s’emparer de sujets aussi violents que l’inceste, le viol, le non-dit dans la relation mère-fille avec délicatesse, avec fébrilité : comme une main hésite à frôler une plaie à vif.

– La relation entre la mère et la fille est peu explicite, et à la fin de la pièce le suspens reste intense sur ce qu’il s’est passé entre elles. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette écriture fragmentée ?
Au cœur même de l’écriture cohabitent sans cesse plusieurs niveaux de sens, dont une partie restent ouverts, non résolus. A travers la situation quotidienne (mais peu fréquente sur les plateaux de théâtre) de la coiffure, le non-dit qui plane entre ces deux femmes apparait en creux, dans le silence d’une phrase suspendue, dans l’esquisse d’un geste qui sortirait du cadre. Cette langue ouverte, trouée, bégayante, amène le spectateur à écrire avec les personnages, en reconstituant les fragments, en remplissant les béances.
Leur langue simple et concrète s’oppose à la langue standardisée de la radio, avec ses publicités, ses appels, ses alertes. Tout le génie de cette écriture consiste à considérer les éléments du dispositif théâtral comme une langue en soi, à créer un espace narratif, dont le dialogue n’est qu’un des éléments. Le vocabulaire sonore mêle la citation de tubes radiophoniques (I will survive, The Man I Love, Elvis Presley…) à l’utilisation de sons concrets (fracas, rires d’enfants, jeux, cris venus d’au-dessus) et à toutes les possibilités de grésillement et de grincement émis par la radio.
La spatialisation du son est extrêmement importante car elle ouvre un hors-champ : ce qui est caché est beaucoup plus vaste que ce qui est montré, l’espace narratif n’est pas seulement celui que peut voir le spectateur, mais aussi celui qu’il projette au-dehors, à l’extérieur du plateau.
Le vocabulaire lumineux rythme la pièce de manière organique, d’abord en déployant toutes les nuances du crépuscule, puis en brisant violemment l’action par des coupures de courant qui plongent brutalement les personnages dans le noir.
Parfois agressifs, parfois apaisants, ces éléments dialoguent littéralement avec les personnages, qui n’hésitent pas à leur répondre. Ils sont également des organes dont les deux femmes subissent l’influence. Ils agissent à certains moments comme un baume, un encouragement à parler, à exprimer l’invisible, l’indicible, ce qui ne peut être regardé de face, agissent en écho comme dans ce moment où la radio s’apprête à dire le poème primé, ce qui incite Bouboule à faire rejaillir ses souvenirs.
Cette écriture se déploie en creux, entre les trous des textes, et en cela se rapproche du théâtre de Beckett. Elle fait de la réalité quotidienne une oeuvre poétique, passe brutalement du banal au sublime. C’est dans la rupture et le passage d’un état à un autre que se loge le burlesque et jaillit l’émotion, toujours pudique ; c’est alors dans un silence, dans un regard prolongé, que l’espace auparavant saturé s’ouvre, et que le sens apparait.
C’est tout l’enjeu du travail avec les actrices: chercher ce qui se loge dans les blancs du textes, dans ses suspensions, sans refermer le sens. Cela demande une extrême tenue de la langue et une grande virtuosité, au niveau de la construction des images mentales et de la qualité des rapports physiques, sans pour autant sombrer dans la gravité: l’humour permet de créer de la tension, du conflit.

– Certains symboles, comme la roue du destin, ou l’image du mur, reviennent fréquemment. En avez-vous l’explication?
L’image de la roue du destin revient plusieurs fois par la radio. C’est d’abord par la très célèbre cellule rythmique du premier mouvement de la 5e symphonie de Beethoven, appelée aussi Symphonie du destin, qu’apparait l’idée d’une fatalité qui mènerait toujours à la catastrophe. Puis, prétextant un jeu de « la phrase la plus longue », la radio demande que cette roue de l’univers, qui d’habitude est changeante et alterne entre bonheur et malheur, soit « la plus grande, la plus belle et la plus fiable, qui ne pourra jamais et ne devra jamais se détraquer dans la lutte sans fin… »
Cette image de la roue donne aussi à la pièce sa dimension cyclique. La pièce se clôt sur la même image qu’au début : Bouboule est penchée sur sa mère pour la laver, les notes grésillantes du standard de jazz The Man I Love résonnent dans la pièce, un sourire mélancolique se dessine sur le visage de Bouboule. Mais les rôles s’inversent : à la fin, c’est la mère qui s’occupe de la fille…
Ce symbole appelle à la quête éperdue d’un bonheur constant et stable, à la recherche d’un paradis perdu, mais il pose également la question centrale : peut-on pardonner sans oublier ? Peut-on faire son deuil du passé ? Peut-on revenir à « comme c’était avant », un état d’innocence originelle? L’image du mur est plus complexe : c’est l’endroit où Puce prend de la hauteur, regarde la ville de haut (« ce petit biscuit inoffensif »), un lieu où elle est enfin « paisible… en sécurité… ». Elle décide de se jeter en bas avec son bébé, dans une pulsion suicidaire, mais renonce en cours de route et bat des bras pour remonter sur le mur. C’est également un endroit où il fait frais, L’image du mur est plus complexe : c’est l’endroit où Puce prend de la hauteur, regarde la ville de haut (« ce petit biscuit inoffensif »), un lieu où elle est enfin « paisible… en sécurité… ».
Elle décide de se jeter en bas avec son bébé, dans une pulsion suicidaire, mais renonce en cours de route et bat des bras pour remonter sur le mur. C’est également un endroit où il fait frais,

– Le salon de coiffure désigne un univers particulièrement féminin où les hommes, et en particulier Dédé, sont évoqués fréquemment…
Les figures masculines évoquées (Dédé et le mari de la patronne du salon de coiffure) sont à la fois absentes, aimées et coupables. Le fantôme de Dédé – figure du père, de l’amant, de l’homme, virilisé par l’image du cheval à la crinière blanche et luisante qu’il chevauche avec sa fille – plane de manière obsessionnelle. Il est celui qu’elles aiment éperdument, dont elles ne peuvent se détacher. Il appartient lui aussi à l’univers du Centre. On apprend également que Bouboule a une relation avec le mari de sa patronne, qu’ils ont tous les deux décidé de liquider. Condamné pour vol, viol et meurtre, il se déshabille dans les bars. Pourtant il tourne de l’œil à la vue du sang, et Bouboule est obligée de prendre les choses en main pour arriver à ses fins. Les deux femmes sont complètement dépendantes des hommes, pour qui elles montrent une soumission malgré la souffrance qu’elles endurent. Pourtant, Puce rêve encore de sa famille réunie (« Nous tous qui respirons profondément… la rencontre dans un champ de camomille en fleurs… ») et incite sa fille à trouver un homme qui prendra soin d’elle.

– Les éléments extérieurs, et en particulier sonores, jouent un rôle fondamental dans la compréhension de l’histoire. Comment envisagez-vous de traiter ce hors-champ ?
Avec Julien Fezans, ingénieur du son, nous travaillons sur une dispersion des sources de diffusion, et sur leur vibration. La résonance de fréquences proches du son blanc permet de charger l’espace de manière presque imperceptible, et augmente la sensation du vide quand le silence tout d’un coup envahit l’espace. Le son de la radio provient d’un point bien précis, mais qui peut aussi envahir l’espace en étant diffusé également à la face. Les sons produits par les voisins seront soit enregistrés et diffusés au-dessus des spectateurs, soit produits en direct derrière le public.
Le miroir, vers lequel Puce est sans cesse attirée mais où elle n’a pas le droit de se regarder, est aussi un endroit où elles s’abandonnent. Un micro caché permettra au public d’amplifier l’intimité de la confidence, comme si le personnage chuchotait à l’oreille du spectateur. Le rideau qui cache le cagibi sera le principal élément scénographique, avec le fauteuil et le lavabo. Son agrandissement met en valeur toute la part cachée, absente, le voile de la vérité qui ne peut être déchiré impunément.


Asja Srnec Todorović. Née en 1967 est auteur dramatique, metteur en scène, scénariste, romancière, vit et travaille à Zagreb (Croatie). Ses pièces sont lues, mises en ondes et jouées tant en Croatie, où elle a monté ses propres textes au théâtre ITD (Zagreb), qu’à l’étranger (Royaume-Uni, France, Allemagne). Elle a reçu le prix de la meilleure pièce radiophonique de la BBC (1997), le prix Marulić (1992), et le prix du président de l’université de Zagreb (1988). En 2000, elle reçoit le prix du Meilleur texte dramatique au Festival International du Théâtre de Chambre d’Umag pour la version originale d’Effleurement. Ses autres pièces traduites en français sont : Mariages morts (Les Solitaires intempestifs, 1998), Bienvenue aux délices du gel et Respire ! (Éditions l’Espace d’un instant, 2008), ainsi que Failles et Compte à rebours (textes non publiés). Un extrait de Respire ! figure dans Une parade de cirque – anthologie des écritures théâtrales contemporaines de Croatie, réalisé sous la direction de Nataša Govedić. Mariages morts a été mis en scène au Théâtre National de Bretagne en 1994 par Christian Colin, puis mis en lecture par Stanislas Nordey au Théâtre Gérard Philippe en 1998. Bienvenue aux Délices du Gel a été présenté au Festival Regards croisés de Grenoble en 2005 et diffusé sur France Culture. Respire ! a été lu au Festival Regards croisés (2006) et mis en scène par Dominique Dolmieu (2014). Failles a été créé par Miloš Lazin, dans le festival Nous n’irons pas à Avignon 2009.

Clara Chabalier. Formée à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes, elle intègre en 2012 le deuxième cycle du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Elle joue notamment sous la direction de Jean-François Peyret (Re:Walden), Roméo Castellucci (Four Season’s Restaurant), Pauline Bourse (Voyage au Bout de la Nuit), César Vayssié (Un Film Évènement)… Elle créée en 2009 la compagnie les ex-citants, qui devient en 2015 la compagnie Pétrole, en hommage au livre inachevé de Pier Paolo Pasolini. Sa première création, Calderón de Pier Paolo Pasolini, a été programmée notamment au Festival Théâtre en Mai (CDN Dijon-Bourgogne). Elle créée ensuite Autoportrait en se basant sur les démarches photographiques de Cindy Sherman, Robert Mapplethorpe, Francesca Woodman et Edouard Levé (Théâtre de Vanves, Théâtre les Ateliers – Lyon). Une performance dérivée de ce spectacle est présentée à Ancone (Italie) pour la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de Méditerranée. Elle est invitée à intervenir dans des écoles d’acteurs : l’EDT91 (Par les villages de Peter Handke, 2012) et l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (Effleurement d’Asja Srnec Todorovic, 2014). Elle travaille avec des amateurs en partenariat avec le Théâtre de la Cité Internationale et le Théâtre des Amandiers – Nanterre. Elle réalise également des performances, des installations sonores et des documentaires radiophoniques.

Caroline Darchen. Formée à l’École du Studio d’Asnières avec Jean-Louis Martin-Barbaz et à l’École Internationale de Théâtre Jacques Lecoq. Au théâtre, elle joue dans les mises en scène de Sylvain Creuzevault (Le père tralalère, création collective d’ores et déjà), elle-même (Les Simone, Entre chien et loup), Damien Mongin ( A memoria perduda), Jeanne Candel (Le Goût du Faux et autres Chansons, Nous brûlons, Some kind of monster), Bénédicte Guichardon ( Les Vilains Petits, l’œuf et la Poule), Antoine Cegarra (Léonce et Léna de G.Büchner), Thomas Quillardet (le Repas de V.Novarina et Villégiature de Goldoni), Julie Deliquet (Amorphe, La noce de B.Brecht), Karine Tabet (Auschwitz et après… une connaissance inutile de Charlotte Delbo, Mort accidentelle d’un anarchiste de Dario Fo), Lionel Gonzalez (Le Médecin malgré lui de Molière, Escurial de Michel de Ghelderode, Sganarelle ou le cocu imaginaire de Molière).

Pauline Jambet. En 2007, elle obtient son master de philosophie de l’Art à la Sorbonne puis intègre l’École Régionale d’Acteurs de Cannes où elle suit l’enseignement entre autres de Catherine Marnas, Gildas Milin, Nadia Vonderheyden et s’initie à diverses disciplines telles que le clown, la marionnette ou le Krump. Depuis la fin de son cursus en 2010, elle a joué dans J’ai 20 ans, qu’est-ce qui m’attend ? mise en scène par Cécile Backès à Théâtre Ouvert, avant de travailler comme comédienne et assistante à la mise en scène avec Catherine Marnas sur l’adaptation de Lignes de Faille (Théâtre de la Passerelle-Gap-, Théâtre National de Strasbourg…) et Cécile Backès sur Requiem.
En 2012, elle joue le Futur dans le spectacle de Théo Mercier, Du futur faisons table rase. Elle participe aussi régulièrement à des fictions radiophoniques pour France Culture et France Inter, ainsi qu’à de nombreuses lectures (Paris en toutes Lettres, les Correspondances de Manosque, la Société des Gens De Lettres…).
Elle travaille avec Clara Chabalier sur les spectacles Autoportrait et Blasted [Anéantis].

Jean-Baptiste Née. Scénographe, peintre et plasticien, après une Hypokhâgne option cinéma au Lycée de Sèvres il intègre l’Académie Charpentier où il s’initie aux Beaux-arts. Il est diplômé des Arts-Décoratifs de Paris en 2012, son mémoire, “Le Chemin du Regard”, s’intéresse au parcours de l’œil dans les images et dans l’espace. Jean-Baptiste Née travaille pour les expositions (A.Hollan) et le théâtre (S. Seide), réalise des installations parallèlement à son travail pictural centré sur le motif de la montagne. Les différentes pratiques se font écho et se nourrissent mutuellement.

Philippe Gladieux. Sa recherche s’inscrit dans un espace résolument organique où les percepts du corps sont à la naissance du jeu. Il collabore avec le groupe T’chang (Didier-George Gabily), et créée l’outil shape dans le cadre d’un accueil au Théâtre de la Bastille sur la recherche d’un procédé d’interprétation de l’organicité en lumière. Il collabore régulièrement avec les chorégraphes Fabrice Lambert (Topo, Im-posture, Solaire, Nervures), Caterina et Carlotta Sagna (Heil Tanz!, Basso Ostinato, Exercices Spirituels, P.O.M.P.E.I… Tourlourou, Ad Vitam, Nuda Vita et Bal en Chine), Yves-Noël Genod (Chic by Accident, Je m’occupe de vous personnellement, Un petit peu de Zelda), Olga de Soto (Débords), François Chaignaud (ДУМИ МОЇ).
Avec Clara Chabalier, il compose les lumières d’Autoportrait et Blasted [Anéantis].

Julien Fezans. Après des études en image et son à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, il travaille à l’Université du Québec à Montréal aux côtés de Daniel Courville afin de créer des outils permettant de traiter le format ambisonique. Il travaille ensuite en tant que chef opérateur et assistant son en fiction et documentaire. Parallèlement il participe à différents projets en tant qu’ingénieur du son ou créateur son, tout d’abord pour le théâtre, aux côtés d’Elzbiéta Jeznach – Miettes de spectacles, Judith Depaule – Mabel Octobre, Jacques Dor – Désordre alphabétique, Noelle Keruzoré – Dellie Compagnie, Sarah Oppenheim – Le Bal Rebondissant, Katia Ponomareva – L’ Ensemble à Nouveau, puis pour la radio avec le festival Longueur d’Ondes de Brest et au sein de l’équipe de 37.2, émission diffusée sur Radio Campus Paris. En 2011, il participe au groupe de recherche Gangplank, regroupant techniciens lumière, son, vidéo, musiciens, chorégraphes, metteurs en scène autour des interactions de la technologie et de la dramaturgie dans nos pratiques de fabrication scénique, soutenue par les Laboratoires d’Aubervillers. Avec Clara Chabalier, ils mennent une expérimentation sur la technique binaurale dans le projet G., ils réalisent des interviews d’artistes pour le spectacle Autoportrait dont ils offrent une forme radiophonique intitulée Portrait Of Something I’ll Never Really See (Radio Campus). Il créée également le dispositif sonore de Blasted [Anéantis].

// Actualités récentes //
Clara Chabalier a travaillé à l’ENSAD (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier) avec les élèves de la 18eme promotion à la mise en scène du  LE VOYAGE D’HIVER d’Elfriede Jelinek. Les présentations se sont déroulées les 21 et 22 janvier dernier.
Elle vient également tout juste de participer au Festival JT16. Y créer CASSANDRE MATÉRIAUX à La Commune d’Aubervilliers (présentations les samedi 13 février et dimanche 14 février).
Vous pouvez suivre enfin l’actualité de la compagnie Pétrole


 

 

 

 

Lazare, Petits contes d’amour et d’obscurité

Petits contes

 

en co-programmation aver le CENTQUATRE-PARIS, au Studio-Théâtre

mardi 7 juin à 20h30
mercredi 8 juin à 20h30
jeudi 9 juin à 20h30
vendredi 10 juin à 20h30
lundi 13 juin à 20h30
mardi 14 juin à 20h30
mercredi 15 juin à 20h30
jeudi 16 juin à 20h30

PETITS CONTES D’AMOUR ET D’OBSCURITÉ

écriture et mise en scène Lazare
lumière Sonny Zouania
son Loïc Le Roux
régie générale du Studio-Théâtre Pierre-Damien Crosson
administration Olivia Bussy pour  la Gestion des Spectacles /Les 2 Bureaux
diffusion Jérôme Broggini

remerciement à Bruno Brinas

avec Anne Baudoux, Laurie Bellanca, Axel Bogousslavsky, Laurent Cazanave, Julien Lacroix, Claire Nouteau, Philippe Smith et Florent Vintrigner (musicien)

production Vita Nova ; coproduction  Théâtre National de Bretagne / Rennes, Théâtre Liberté / Toulon, le Granit / Scène nationale de Belfort, Théâtre des Bernardines / Marseille, Comédie de Saint-Étienne, le Grand T / théâtre de Loire-Atlantique ; coproduction de la reprise Studio-Théâtre de Vitry, CENTQUATRE-PARIS ; avec le soutien de H.A.S. Claire Lacombe / Marseillele Bois de l’Aune / Aix-en Provence ; le Studio-Théâtre de Vitry et le CENTQUATRE-PARIS sont partenaires pour l’accueil d’équipes artistiques en résidence de création

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« L’état amoureux transforme toute notre perception. Il est une porte ouverte aux émotions sourdes et indicibles, un passage du quotidien au merveilleux. C’est à l’instant du trouble que nous cherchons à définir notre réel. Au fond de nos peurs, tout fait semblant de se tenir droit alors qu’en réalité nous ne sommes qu’une chute perpétuelle. L’éclat du jour est devenu aussi étrange que le tumulte de la nuit. »

Petits contes d’amour et d’obscurité, dernière création de Lazare, présente la texture d’un puzzle dont les éléments en désordre animent un foisonnement luxuriant. Constitué de deux pièces, Les Illisibles et Quelqu’un est Marie, ce spectacle brasse un matériau composite en proximité télépathique avec le surréalisme, le cinéma, le théâtre de Feydeau, l’enfance, et où domine l’impulsion du sentiment amoureux.

Lazare est auteur et metteur en scène d’une œuvre dont la fantaisie débridée, proche de l’art brut, se joue des codes de représentation. Petits contes d’amour et d’obscurité, sa dernière création, brasse un matériau composite en amitié – avec le surréalisme, le théâtre de Feydeau, le cinéma, l’enfance – où domine l’impulsion du sentiment amoureux. À l’écoute du fourmillement du monde, cette parole rythmée allegretto traverse le corps des acteurs et leur donne une énergie vitale.

Petits contes...
© Hélène Bozzi


Entretien avec Lazare

Je vous ai rencontré la première fois au Théâtre de Gennevilliers pour le spectacle de Rabah Robert, et pour moi ce fut un véritable choc. D’où vient votre écriture, d’où vient votre langue ? On dit que vous êtes improvisateur, pourtant vos textes sont très écrits. Sont-ils écrits avant ou après l’expérience du plateau ?
Enfant et adolescent, j’avais beaucoup de mal à écrire, une impossibilité d’écrire. Mais là où c’est le plus empêché, ça pousse le mieux. Il y a des manques, et on sait des choses à notre insu, ça part
de là. Mon écriture vient d’improvisations, de surgissements de rêves, de croisements de personnes, d’éléments disparates qui n’ont d’abord rien à voir les uns avec les autres. Les différences provoquent le désir du croisement. Je rencontre des personnages dans la vie réelle ensuite je les rêve ou alors c’est l’inverse. Ma langue est faite du mouvement même de leur vie. Dans un songe je leur ai arraché le cœur et je le fais vibrer dans l’oreille des acteurs. Cette écriture n’est finalement rien d’autre qu’une indisponibilité à accepter la fatalité et la brutalité d’un monde. Mon désir est de trouver un équilibre entre un langage quotidien, une prose plus élaborée et une écriture poétique très ouverte. Que tout cela ne se juxtapose pas, mais se mélange. Ainsi, le fourmillement du monde est-il présent et concret sur le plateau.

Écrivez vous pour les acteurs ?
C’est une langue pour les acteurs. Elle part du corps. Celui qui porte la parole doit dire quelque chose au delà de ce qu’il profère… le langage derrière le langage, voilà les vrais enjeux de l’écriture portée par les acteurs… la vie est sur le plateau. Ce qui me demande d’accepter entièrement l’acteur, sa personnalité, et de travailler avec. Pas de parole sans qu’il y ait le corps avant. Je demande au corps de l’acteur d’ouvrir des temps de l’ordre de l’imaginaire, de les ouvrir comme étant un espace habitable. Par exemple, je dis à l’acteur : « Maintenant, tu marches sur l’eau ». Ce qui m’intéresse, c’est qu’il marche sur l’eau, qu’il le fasse en temps réel avec nous, que ça passe par son corps tout en parlant d’autre chose. Dans Alice au pays des merveilles, Alice aide la reine à mettre un chandail et la reine dit : « Maintenant, je vais bientôt me piquer ». Elle pleure, elle crie : « Je saigne ! », elle ne s’est pas encore piquée. Et le corps rentre dans une espèce d’intensité sans qu’elle se soit piquée, et bien plus tard, parce qu’elle s’est excitée, elle se pique. Au théâtre comme dans cette scène d’Alice, le temps peut être devancé par une énergie. Le geste vient, et après on dit ce qui a eu lieu, on peut jouer avec le temps, le changer, le déformer, le sceller. La question du temps est souvent posée dans ce théâtre-là : temps d’existence, temps des mémoires, temps du maintenant, temps impossible. Le temps impossible est lié au temps du rêve ou à des choses qui ne devraient pas être là, mais se trouvent là. Dans Au pied du mur sans porte, Loula morte d’une overdose ne devrait pas être là, mais elle est là avec un corps, un corps que Libellule a créé, une vision de Libellule. Ce qui m’intéresse, c’est de rentrer dans des temps de perceptions. Dans mes pièces, les personnages sont des ensembles, ils ressemblent à une page d’écriture où tout est déjà presque déterminé par des mouvements. Est-ce que, finalement, ce sont des monologues ? Je ne crois pas. Ils tissent un terrain ensemble, les corps donnent l’espace dans leur enjeu à eux, leur enjeu personnel d’acteur et de personnage. Ce à quoi j’aspire, c’est de travailler sur du temps réel. La fiction naît du corps, le réel est tissé de fiction. C’est parce que mon corps rentre dans un endroit précis, ou une forme ou un mouvement, que se crée de nouveau du réel.

Vous travaillez avec une équipe qui porte avec vous cette envie de dire à l’unisson toute la complexité d’un monde. Toute sa violence et toute sa poésie aussi. Qui sont-ils ? Vous accompagnent-ils depuis longtemps?
Je travaille depuis plusieurs années entouré d’une constellation de personnalités très différentes les unes des autres. Une bande très soudée, cosmopolite, mélangeant les générations, issue d’aventures artistiques très fortes et très différentes les unes des autres. Mourad Musset, un des chanteurs de la rue Kétanou qui a reçu une formation au Théâtre du Fil et qui connaît mieux les codes de la rue et du spectacle musical que ceux de l’art dramatique ; Axel Bogousslavski, l’acteur pour qui Marguerite Duras a fait une adaptation cinématographique de  La pluie d’été  ; Anne Baudoux, actrice qui depuis huit ans assiste à la naissance des textes, des premières improvisations jusqu’à l’édition ; Benjamin Colin, poète, musicien, inventeur avec qui j’ai créé il y a huit ans   Les chambres de hasard , un duo d’improvisations, Julien Lacroix, acteur et danseur qui partage sa vie d’artiste entre le collectif de Quark, Toméo Verges et moi, est un compagnon de la première heure ; Marion Faure, chorégraphe, qui m’accompagne dans le dessin du geste pendant toutes les répétitions. Pour les petits contes…, il y aura des nouveaux venus, Laurent Cazanave, jeune acteur révélé par Claude Régy dans  Brumes de Dieu  ; certains du groupe ne seront pas parmi nous pour ces premiers Petits contes… et d’autres qui étaient partis vers d’autres aventures reviendront, dont Philippe Smith, acteur, notre premier Libellule…. Cette équipe se retrouve autour du poème, chacun y apporte sa dissemblance, son champ, sa manière d’entendre le texte, c’est vraiment ce qu’on peut appeler une compagnie de théâtre. Des gens avec qui je chemine, j’écris en pensant à eux.

Votre compagnie s’appelle Vita Nova, depuis quand l’avez-vous créée ?
Officiellement en juin 2006, quand le Centre National du Livre m’a soutenu pour que je poursuive l’écriture de  Passé – je ne sais où, qui revient . Mais ça faisait déjà plusieurs années que le chantier était ouvert, et des travaux avaient vu le jour, beaucoup d’improvisations en duo avec des musiciens. Dés 1999, j’étais alors jeune ouvreur au Théâtre Gérard Philippe à Saint Denis, et j’y avais présenté  Orsime et Faïence , ma première pièce. Dans votre trilogie, l’espace de jeu est un espace de tréteaux, presque rien, un arbre qui bouge dans un pot, une table, des couleurs et des lumières assez crues. Une esthétique pas raffinée, pas en dentelles, mais bruyante. Comment dessinez-vous ces espaces de jeu et avec qui ? Au départ de notre aventure de compagnie, avec les moyens du bord, c’est à dire, pas grand chose, les acteurs étant quasiment mes uniques coproducteurs. Marguerite Bordat, scénographe et plasticienne, nous a rejoint assez vite, et petit à petit m’a aidé à structurer dans l’espace mes visions, mes intuitions, avec très peu de moyens. Nous avons beaucoup répété à la Fonderie, au Mans, le berceau du Théâtre du Radeau, et un certain nombre d’objets, structures, panneaux et végétaux construits et récoltés par François Tanguy nous ont adoptés ou se sont incrustés dans notre travail. Pour les Petits contes d’amour et d’obscurité, je fais appel à Vincent Gadras, constructeur et scénographe, compagnon de longue date de François Verret. Pour situer Les Illisibles, ainsi que Quelqu’un est Marie j’imagine un espace miroitant et réfléchissant, comme la pensée, minéral. Des grandes vitres, des matériaux transparents, miroirs déformants, tout ça pour dédoubler l’espace et le temps. Pouvoir donner place à cet ailleurs de la pensée, à des reflets déformants de notre réel, à notre subjectivité et notre imaginaire. Puis d’un seul coup toutes choses disparaissent derrière des voiles noirs, et la présence de l’être-là au monde, en face de nous, dans un récit et une adresse directe au spectateur.

Dans la trilogie, les personnages sont les membres d’une même famille, la mère, Ouria, Libellule, à l’esprit d’enfant, les soeurs, Ouistiti, Faïence, le père, absent. Les retrouvera-t-on dans cette prochaine pièce ?
Non, cette trilogie a représenté six années de travail. Une gigantesque toile d’araignée tissée sur les silences de l’histoire. Aujourd’hui je laisse reposer cette épopée et je passe à autre chose.

 

propos recueillis par Daniel Migairou et Magalie Olivier



Lazare est né 1975 à Fontenay aux Roses. Il suit une formation d’acteur au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire de l’enfance) de 1995 à 1996, puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 dirigé par Stanislas Nordey. Il a franchi un jour les portes du Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis. Depuis, il n’a plus quitté les salles et les plateaux, écrivant ses premières pièces et multipliant les rencontres avec des metteurs en scène tels François Tanguy, Claude Régy ou Stanislas Nordey qui l’invite à rejoindre l’École du Théâtre National de Bretagne. Auteur dès son adolescence, improvisateur dans les lieux publics, il devient acteur et metteur en scène avant de créer, en 2006, sa compagnie Vita Nova, dont le nom est une référence à la Divine Comédie de Dante. Il écrit et met en scène un triptyque. Passé – je ne sais où, qui revient, créée au Théâtre L’Échangeur à Bagnolet, en 2009, reprises Aux Ateliers Berthiers – Théâtre de l’Odéon pour le Festival Impatience, en juin 2010, puis en tournée en 2011. Au pied du mur sans porte Créée au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010, reprise au Festival d’Avignon In en 2013. Le texte figure au palmarès des cinq finalistes du grand prix de l’œuvre dramatique 2011 décerné par le Centre National du Théâtre. La création de la pièce a reçu le soutien de Beaumarchais- SACD. Rabah Robert (touche ailleurs que là où tu es né) créée au Festival Mettre en scène au Théâtre National de Bretagne à Rennes en novembre 2012, puis repris ensuite au T2G en février 2014, puis enfin en tournée. Parallèlement à son travail d’écriture et de mise en scène il fait de nombreuses improvisations, accompagné de musiciens au Festival La voix est libre au théâtre des Bouffes du Nord, de 2005 à 2009, avec entre autres, Balaké Sissoko, Jean François Pauvros, Benjamin Colin. Résident à la Fondation Royaumont en 2008, il participe à la tournée franco Malienne Du griot au slameur, de mai à décembre 2008. Il joue sous la direction du chorégraphe Josef Nadj dans le Sherry Brandy (2011), et des metteurs en scène Stanislas Nordey, Pascal Kisrch, Claude merlin, Ivan Stanev. Il dirige des ateliers d’écriture par l’improvisation. En 2012, il accompagne pendant trois mois l’atelier d’écriture hebdomadaire du T2G. En 2014, la classe de Terminale pro en plasturgie du Lycée Galilée à Gennevilliers.

Anne Baudoux est comédienne. Depuis 2008, elle participe à l’aventure artistique de Lazare et joue dans toutes les pièces du triptyque (Passé- je ne sais où qui revient/ Au pied du mur sans porte/ Rabah Robert). Sortie du Conservatoire national de région d’art dramatique à Rennes en 1989. Elle a joué au théâtre sous la direction des metteurs en scène : Marie Christine Soma (Les vagues de V.Woolf), Thierry Roisin (Woyzeck de Georg Büchner, Manque de Sarah Kane, L’Émission de télévision de Michel Vinaver), Didier Bezace (Une femme sans importance d’Alan Bennett, Grand-Peur et misère du IIIe Reich et La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht;) et des auteurs Jean-Paul Queïnnec (Les tigres maritimes), Sophie Renauld (Hantés, Exercices et échauffements pour princesses au chômage). Au cinéma et à la télévision, elle joue entre autre sous la direction de : Fabrice Gobert et Frédéric Mermoud, Thomas Vincent, Antoine de Caunes, Nicolas Klotz, Philippe Bérenger, Edwin Baily, Elisa Mantin, Hervé Balais. Entre 2009 et 2012, elle est conseillère pédagogique à l’École du Théâtre national de Bretagne
dirigée par Stanislas Nordey. En 2013, elle participe à la création du Théâtre du Radeau : Passim, à la Fonderie, au Mans.

Axel Bogousslavski. Acteur depuis plus de trente ans dans de nombreux spectacles de Claude Régy. Au cinéma, il est Ernesto dans « Les enfants » de Marguerite Duras. Il a tourné dans de nombreux films dont la liste s’est égarée… (En 2008 Adieu de Arnaud De La Pallière).

Laurent Cazanave. Il commence le théâtre à l’âge de 5 ans en 1993 avec Karin Catala et Les Enfants de la Comédie. En 2006 admis à l’École du TNB à Rennes. Depuis sa sortie en 2009 il joue avec S. Nordey, J. C. Saïs, R. Fichet, C. Letailleur, T. Bouvet, C.Bergon, S. Valensi, E. De Dadelsen, A. Preljocaj et Claude Régy. Il tourne également dans des courts métrages et dans « EDEN » réalisé par Mia Hansen-Love. En 2011 il est nominé au Molière du jeune talent masculin pour son rôle dans  Brume de Dieu de T. Vesaas mis en scène par Claude Régy. En Parallèle il crée sa compagnie La Passée  avec laquelle il monte  Tes yeux se voilent  extrait de sa pièce  4 saisons  qui a reçu les encouragements du CNT. La Passée est désormais en compagnonnage avec les Ateliers contemporains de Claude Régy. Il continue son travail d’écriture et est membre de LAMA collectif d’auteurs dirigé par R. Fichet.

Laurie Bellanca. Née en 1982 à Avignon, Laurie Bellanca est diplômée du Conservatoire National de Région de Marseille (musique) et d’une licence en philosophie et musicologie, elle rejoint en 2000 les Bancs Publics (Marseille) puis développe ensuite sa propre recherche (Les Hivernales d’ Avignon/2002). Elle participe depuis à plusieurs créations et laboratoires en tant qu’interprète ou créatrice sonore auprès de différentes compagnies (Adrien Mondot, Veronica Vallecillo, Hervé Diasnas, Yoann Bourgeois, Vincent Thomasset, Annie Abrahams, Maya Boquet). En 2007 elle est invitée à l’ École des beaux arts d’ Avignon (ESAA) comme artiste en résidence et créé avec les étudiants Contre-Clichés , mémoires du corps adolescent. Elle dessine dans les mêmes murs, le Foyer du spectateur, scénographie d’ un lieu de halte pour le public du festival in d’ Avignon en 2008 puis initie en 2009 un collectif de jeunes artistes et chercheurs ; Kom.post* (ICI /Berlin, La Chartreuse /Villeneuve-Les-Avignon, le 104/ Paris, Musée Bénaki / Athènes, Biennale de Moscou, Transmediale / Berlin, Reims Scènes d’ Europe / Reims, La Gaîté Lyrique/ Paris). Articulant pratique et théorie elle intervient régulièrement aux beaux-arts de Grenoble (ESAG) d’Avignon (ESAA) et de Poitiers (EESI) tout en continuant de développer les projets collaboratifs au sein de kom.post (REadWithUs, La Fabrique du Commun). Depuis 2012 elle expérimente plus particulièrement le médium radiophonique (Je n’ai qu’un toit du ciel, vous aurez de la place, Cnes / Paris , L’occupation des Ondes, La Panacée / Montpellier , Sonosphères / La Gaîté Lyrique, Ville- Mondes / France Culture).

Julien Lacroix est metteur en scène, interprète, dramaturge. Au théâtre il joue dans les trois créations de Lazare. Il est membre du collectif De Quark dont le spectacle La Fête de Spiro Scimone tourne toujours (l’Échangeur–Bagnolet, 104, Théâtre de Vanves …) et  Barbecues est créée en 2015. Il travaille aussi avec Laurence Mayor, Florence Giorgetti, Jacques Vincey, Patrick Haggiag, François Wastiaux, Robert Cantarella… Il danse pour Toméo Verges dans Anatomia Publica (2012-2013) ainsi que dans la prochaine création Troubles du rythme. Il crée trois performances En vacance au Musée des Abattoirs à Toulouse ainsi que dernièrement Fassbinderologie avec le romancier Alban Lefranc (Festival Hors- limites, Correspondances de Manosque..). Et Julian et Julien avec le comédien Julian Eggerickx au Palais de Tokyo en 2014. Il performe aussi avec Tomeo Verges (French Chicken au Palais de Tokyo), Robert Cantarella (au 104, à la Nuit Blanche, Faire le Gilles à la Ménagerie de verre). Il met en scène au Théâtre de Vanves un texte de Werner Schwab Excédent de poids; insignifiant : amorphe. Il joue au cinéma pour Nicolas Klotz, Renaud Cohen, Pierre Duculot, Eric Veniard, Jalil Lespert.

Philippe Smith. Après une formation à l’école du Théâtre National de Strasbourg, il travaille au théâtre, notamment sous la direction de Yann-Joël Collin, dans Violences de Didier Georges Gabily (Festival d’Avignon) ; Stéphane Braunschweig dans Tout est bien qui finit bien de William Shakespeare (Théâtre de la Cité Universitaire) ; Jacques Vincey, dans Le Belvédère d’Odön von Horvath (Théâtre de Gennevilliers) ; Laurence Mayor, dans Le Chemin de Damas d’August Strindberg (Cirque d’Elbeuf) ; Daniel Jeanneteau, dans Adam et Eve de Mikhaïl Boulgakov (Théâtre Gérard Phillipe) ; Lazare dans Passé je ne sais où qui revient (Théâtre de l’Échangeur-Bagnolet); Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, dans Ciseaux, papier, caillou de Daniel Keene (Théâtre National de la Colline) ; JF Auguste dans La Tragédie du Vengeur de Thomas Middleton (Ferme du Buisson) ; Guillaume Vincent dans Second Woman  (Bouffes du Nord) ; R. Vontobel dans Dans la Jungle des Villes de B. Brecht (Théâtre National de la Colline) ; Marc Lainé et les Moriarty dans Memories from the Missing Room (Théâtre de la Bastille); Mathieu Cruciani dans
Moby Dick, de H.Melville (Comédie de St Étienne).

Claire Nouteau. Acrobate, aérienne sur corde lisse. Après quatre années de formation à l’académie Fratellini en 2008, elle crée avec d’autres artistes de cirque, la Compagnie Mesdemoiselles, ainsi qu’un lieu d’accueil et de création à coté de Saumur. Son travail sur la corde est un voyage dans l’instant présent, une danse verticale en apesanteur.

Yohann Pisiou a grandi en Guadeloupe, puis a fini son lycée en Normandie. Comédien formé à la Compagnie Maritime (Pierre Castagné) à Montpellier et à l’ERAC. Au théâtre, il joue sous la direction d’Anne Alvaro et David Lescot, Jean Pierre Vincent, Laetitia Guédon, Brigitte Barilley et Lazare.

 


Au Pied du mur sans porte a été présenté du 7 avril au 17 avril dernier au Théâtre des Abbesses à Paris.

Les précédents projets de Lazare présentés au Studio-Théâtre
Du 19 au 22 février 2010
Au Pied du mur sans porte
Du 18 au 20 décembre 2012
Rabah Robert, Touche ailleurs que là où tu es né

© Hélène Bozzi

Nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du T2G

T2G

Nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du Centre dramatique national de Gennevilliers

Daniel Jeanneteau a été nommé directeur du Théâtre de Gennevilliers le 27 juin dernier. Il prendra ses fonctions le 1er janvier 2017. D’ici-là, lui et son équipe poursuivront les activités qu’ils ont mises en place et programmées. Les Ateliers Libres continueront d’être proposés sous leur forme actuelle jusqu’à la fin du mois de décembre, et les Ouvertures(S) dont la production est d’ores et déjà engagée pour l’année prochaine, seront maintenues au cours du premier semestre 2017. Une nouvelle équipe de direction devrait être recrutée à l’automne 2016 par les partenaires du Studio-Théâtre (État, Ville de Vitry et Département du Val-de-Marne).

Voici le communiqué du Ministère de la Culture :

« Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, en plein accord avec Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, a donné son agrément à la nomination de Daniel Jeanneteau à la direction du Centre dramatique national de Gennevilliers.

Metteur en scène et scénographe, Daniel Jeanneteau dirige le Studio-Théâtre de Vitry depuis 2008. Formé à l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg et au Théâtre national de Strasbourg, il a été le scénographe de Claude Régy avant de devenir artiste associé au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, au Théâtre national de la Colline puis à la Maison de la Culture d’Amiens.
Daniel Jeanneteau a pour ambition de faire du Théâtre de Gennevilliers un lieu ouvert sur la ville, où la rencontre entre les artistes, les publics et le théâtre sera au cœur de la création.
Il travaillera avec des artistes singuliers tels que Lazare et Adrien Béal, qui seront impliqués dans l’ensemble des actions menées. Parmi ses projets, des ateliers de théâtre ouverts et gratuits, un comité de lecture animé par la comédienne Stéphanie Béghain, et Îlots, porté par Yoann Thommerel et Sonia Chiambretto, laboratoire de création et de recherche sur les mécanismes d’exclusion et de repli, rassemblant des habitants, des artistes et des chercheurs.
Il entend faire du Théâtre de Gennevilliers un lieu fertile de création, dont le rayonnement à l’international s’appuiera sur le jumelage avec le Shizuoka Performing Arts Center (Japon)

Daniel Jeanneteau succèdera le 1er janvier 2017 à Pascal Rambert, dont la ministre tient à saluer l’action exemplaire menée a la tête du Théâtre de Gennevilliers, et qui continuera, quant à lui, son parcours artistique en compagnie. »

Publication officielle le 27.06.2016 À 17H00

Bérangère Vantusso nommée directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry

Bérangère-Vantusso-2

 

Le jury présidé par Nicole Gautier et composé des partenaires institutionnels du Studio-Théâtre (DRAC Île-de-France, Ville de Vitry, Département du Val-de-Marne et Région Île-de-France) a nommé Bérangère Vantusso directrice artistique du Studio-Théâtre de Vitry. Succédant à Daniel Jeanneteau, elle prendra ses fonctions à partir du 2 janvier 2017.

COMMUNIQUÉ

Nomination du nouveau directeur du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine

Comme annoncé lors de l’appel à projet pour le recrutement à la direction du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine, le jury de sélection, présidé par Nicole GAUTIER (présidente de l’association Studio-Théâtre) et constitué de Jean-Claude KENNEDY (maire de Vitry-sur-Seine), d’Evelyne RABARDEL (1ère vice-présidente du Conseil Départemental du Val-de-Marne), d’Elisabeth HENRY (Directrice du service Spectacle Vivant au Conseil Régional d’Ile-de-France) et de Jean-Pascal LANUIT (Directeur Régional Adjoint des Affaires Culturelles d’Ile-de-France), a reçu le mardi 20 décembre 2016 les candidats des 6 dossiers présélectionnés.

A l’issue de ces entretiens, Bérangère VANTUSSO a été retenue pour diriger le Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine à compter du 1er janvier 2017.

Le jury tient cependant à souligner la qualité exceptionnelle des 5 autres candidatures portées par Joris LACOSTE, LAZARE, Roser MONTLLO GUBERNA et Brigitte SETH, Olivier COULON-JABLONKA et Chloé DABERT. Tous les candidats ont su exprimer un projet artistique d’excellence tout en proposant des modes de fonctionnement tous singuliers mais toujours intelligents pour ce lieu de création et d’expérimentation. Le jury tient à les remercier pour la pertinence de leurs propositions qui conforte les différents partenaires du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine dans la nécessité de prolonger leur implication.

Le jury profite de cette annonce pour remercier encore Daniel JEANNETEAU qui a su, durant ces 9 dernières années, porter le Studio-théâtre pour en faire un espace unique d’accompagnement, de création et de rencontres. Nous lui souhaitons bon vent dans ses nouvelles responsabilités.

Nicole Gautier et les membres du jury de sélection

Bérangère Vantusso

Bérangère Vantusso est née en Lorraine en 1974.

Comédienne formée au CDN de Nancy, elle aborde pour la première fois la marionnette en 1998, alors qu’elle étudie à la Sorbonne Nouvelle. Reconnaissant d’emblée dans cet art le point crucial de son questionnement quant à l’incarnation et à la prise de parole scéniques, elle devient marionnettiste auprès de François Lazaro, Emilie Valantin, Michel Laubu ou Sylvie Baillon.

En 1999, elle réunit autour d’elle plusieurs artistes et crée la compagnie trois-six-trente, dont elle met en scène tous les spectacles. La démarche de création s’oriente dès le début vers un théâtre de recherche où se rencontrent marionnettes, acteurs et compositions sonores au service des écritures contemporaines. En 2006, avec la création de Kant de Jon Fosse, la compagnie affirme son identité en faisant de l’hyperréalisme le lien qui unit le théâtre et la marionnette contemporaine. Bérangère Vantusso conçoit avec Marguerite Bordat d’étranges figures au seuil du vivant et met en scène Les Aveugles de Maeterlinck, L’Herbe folle d’Eddy Pallaro, Violet de Jon Fosse et Le Rêve d’Anna d’Eddy Pallaro.

Elle a créé L’Institut Benjamenta d’après Robert Walser en juillet 2016 au 70° Festival d’Avignon.

Après avoir été artiste associée au Théâtre national de Toulouse, elle est aujourd’hui membre de l’ensemble artistique du Théâtre du Nord – CDN de Lille, du CDN de Sartrouville et du T° – CDN de Tours.

En 2015, elle est lauréate du programme hors les murs de l’Institut Français et part deux mois au Japon pour rencontrer les maîtres du Théâtre national de Bunraku.

Elle a collaboré avec différents metteurs en scène : Arnaud Meunier, Antoine Caubet, Paul Desvaux, Sylvain Maurice et Guillaume Vincent.

Formatrice, elle dirige régulièrement des stages ou des ateliers autour de la marionnette et de l’écriture contemporaine.

Depuis 2002 elle enseigne l’interprétation avec marionnettes aux élèves d’hypokhâgne du lycée Victor Hugo à Paris.

Elle est régulièrement invitée à témoigner de sa pratique au cours de colloques ou de tables rondes.

Enfin, elle est intervenue avec les élèves de L’ENSATT à Lyon (2009) et de l’ENSAD à Montpellier (2015).

Lien vers le site de la compagnie trois-six-trente.

ACCÈS JUIN 2016

plan d'accès
La circulation du RER C a été rétablie dans Paris intra-muros, avec une fréquence néanmoins réduite (un train toutes les 30mn).  Vous pouvez également rejoindre Vitry en empruntant les bus 182 depuis MAIRIE D’IVRY (métro ligne 7) et 217 depuis MAISON ALFORT / ALFORVILLE (RER D). Voir plus bas.
UNE NAVETTE ASSURERA LE RETOUR VERS BIBLIOTHÈQUE FRANÇOIS MITTERRAND ET CHÂTELET CHAQUE SOIR 30MN APRÈS LA FIN DU SPECTACLE.

 

EN TRAIN

rer C
Station : Vitry-sur-Seine (10mn depuis gare d’Austerlitz)

Trains MONA, direction Massy-Palaiseau,
Trains ROMI, direction Pont de Rungis,
Trains CITY, direction Juvisy.

En sortant côté « Vitry centre-ville » emprunter l’avenue Paul Vaillant-Couturier, puis suivre le fléchage « studio-théâtre » (3mn à pied).

EN BUS

bus index
Depuis le métro Mairie d’Ivry sur la ligne 7 / direction Villeneuve-Triage, arrêt République – Vaillant Couturier (3mn à pied).

bus217
Depuis la station de RER D Maison Alfort – Alfortville / direction Vitry RER, arrêt Vitry RER (3mn à pied).

EN VOITURE

Si vous venez de Paris :

tout droit de la gare d’Austerlitz à la gare de Vitry-sur-Seine
en longeant les quais de Seine (15 mn environ)
à la gare de Vitry passer sous le pont
et prendre l’avenue Paul Vaillant-Couturier
au 1er feu prendre à gauche l’avenue Gambetta
à 450 m prendre à droite la rue de l’Argonne
puis la première à droite rue de la Marne
qui devient avenue de l’Insurrection (en sens unique)

La Ménagerie de verre

Visuel Ménagerie de verre 2

Après une première mise en scène de la pièce au Japon (Shizuoka 2011), Daniel Jeanneteau poursuivra son travail sur Tennessee Williams avec la création d’une version française de La Ménagerie de verre. Le spectacle répété au Studio-Théâtre sera créé à la Maison de la Culture d’Amiens, avant une tournée qui passera notamment par le théâtre national de La Colline. Nous y retrouverons avec plaisir une équipe de comédiens familiers : Dominique Reymond (Feux d’après Stramm – 2008), Olivier Werner (Adam et Eve de Boulgakov – 2007), Solène Arbel (Les Aveugles de Maeterlinck – 2014), Pierric Plathier (L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche – 2008).


tournée saison 16 / 17
Théâtre National de Bretagne – Rennes du 18 au 21 janvier 2017
Théâtre de St Quentin  (Picardie) le 24 janvier 2017
Théâtre Anne de Bretagne – Vannes le 4 mars 2017
La Comète, Scène Nationale de Chalons en Champagne les 23 et 24 mars 2017
Théâtre du Nord – Lille du 29 mars au 2 avril 2017
Scène Nationale d’Angoulême du 5 au 7 avril 2017

répétitions au Studio-Théâtre en janvier 2016
création à la Maison de la Culture d’Amiens du 24 au 29 février 2016

tournée :
Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté du 3 au 5 mars 2016
Théâtre National de Bretagne – Rennes du 8 au 12 mars 2016
Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne le 19 mars 2016
Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône les 22 et 23 mars 2016
La Colline-théâtre national du 31 mars au 29 avril
Maison de la Culture de Bourges du 11 au 13 mai 2016
Le Quartz – Scène nationale de Brest les 18 et 19 mai 2016
Comédie de Reims – CDN du 24 au 27 mai 2016

La Ménagerie de verre

de Tennessee Williams

traduction de l’anglais Isabelle Famchon
mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau

avec Solène Arbel, Pierric Plathier, Dominique Reymond, Olivier Werner
avec la participation de Jonathan Genet

lumières Pauline Guyonnet
costumes Olga Karpinsky
son Isabelle Surel
vidéo Mammar Benranou
collaboration à la scénographie Reiko Hikosaka
assistant à la scénographie et à la mise en scène Olivier Brichet
régie générale Jean-Marc Hennaut
remerciements à Marie-Christine Soma

avec la collaboration des élèves de première année de CAP et Bac Pro de la section verrerie scientifique du lycée Dorian à Paris et son professeur Ludovic Petit
remerciements à l’entreprise V.S.N (Verrerie Soufflée et Normalisée – Paris)

production déléguée Maison de la Culture d’Amiens
production Maison de la Culture d’Amiens, Studio-Théâtre de Vitry
coproduction La Colline – théâtre national, Shizuoka Performing Arts Center (Japon), Institut Français, Maison de la Culture de Bourges, Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône, CDN Besançon Franche-Comté ; décor construit dans les Ateliers de la MCB° Maison de la Culture de Bourges – Scène Nationale ; l’auteur est représenté dans les pays de langue française par l’Agence MCR, Marie Cécile Renauld, Paris, www.paris-mcr.fr, info@paris-mcr.com, en accord avec Casarotto Ramsay Ltd, London ; la traductrice est représentée dans le monde par l’Agence MCR ; La Ménagerie de verre est présentée en vertu d’un accord exceptionnel avec ‘The University of the South, Sewanee, Tennessee’

REVUE DE PRESSE…


Perdre encore est à nous ; l’oubli garde sa forme
dans l’inchangé royaume des métamorphoses.
L’abandonné gravite ; et si nous sommes
au centre rarement de telle orbite : autour
de nous elles vont traçant l’intacte figure.
Rainer Maria Rilke, « Le vent du retour »

La Ménagerie de verre se déroule dans un petit appartement de Saint Louis et met en scène trois membres de la même famille, les Wingfield : une mère, Amanda, abandonnée par son mari, un fils, Tom, poète et employé dans une usine de chaussures, une fille, Laura, fragile, solitaire et qui collectionne de petits animaux en verre. À ce triangle s’ajoute un quatrième personnage extérieur : Jim, jeune collègue de Tom, invité le temps d’une soirée.

Puisant au plus intime de sa propre vie, dans une histoire insignifiante et très locale, Tennessee Williams construit une œuvre universelle, subtilement déceptive, parlant de la perte et du deuil, de la permanence en nous de ce qui a disparu.

Amanda Wingfield, hantée par sa propre jeunesse perdue, harcèle ses enfants en voulant leur bien, incapable de discerner clairement sa vie fantasmatique de leur réalité. Elle organise une soirée au cours de laquelle un « galant » doit venir, un mâle qu’il s’agit de présenter à sa fille déficiente, frappée d’un handicap indéfinissable mais la rendant inapte à toute vie normale. Mélangeant le sexe et la survie, échafaudant des plans scabreux de mariages devant résoudre les problèmes de leur vie matérielle et sentimentale, Amanda provoque la catastrophe ultime qui finira de les faire basculer dans le repli et la misère…

La Ménagerie de verre présente la vie comme une expérience dépourvue de sens mais traversée par des moments d’intense beauté. D’une beauté dont on ne se remet pas. Dans la bulle de cette soirée où les frontières vacillent, quelque chose est sur le point de se produire qui pourrait bouleverser leurs vies. Laura s’approche de très près de ce qui serait pour elle un miracle, pendant un temps très court elle vit l’inconcevable. Puis tout redevient comme avant, avec le poids nouveau de cette joie inaccomplie. A l’infini cette scène douloureuse et proche du ridicule hante le narrateur, Tom, qui nous parlant des années plus tard se remémore la prison affective que représentait pour lui la vie avec sa mère et sa sœur. Il a fui, disparu comme son propre père l’avait déjà fait, les laissant sans nouvelles et sans moyens. C’est tout, la pièce s’arrête là et nous laisse pantelants, démunis devant l’expérience de l’irréparable mis à nu…

 

 

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© Olivier Brichet

« La pièce se passe dans la mémoire et n’est donc pas réaliste. La mémoire se permet beaucoup de licences poétiques. Elle omet certains détails ; d’autres sont exagérés, selon la valeur émotionnelle des souvenirs, car la mémoire a son siège essentiellement dans le cœur. »

« La vérité, la vie ou la réalité, est un tout organique que l’imagination poétique ne peut représenter dans son essence que par transformation, en empruntant des formes qui ne sont pas celles des apparences. »

Tennessee Williams

C’est par le détour du Japon que j’ai découvert le théâtre de Tennessee Williams. En 2011, à l’invitation de Satoshi Miyagi à Shizuoka, j’ai mis en scène La Ménagerie de verre en japonais. C’était une commande, et c’est dans ce cadre que j’ai pour la première fois lu ce théâtre que je pensais ne pas aimer. J’y ai découvert, loin du réalisme psychologique auquel on l’a souvent réduit, une œuvre complexe et novatrice, en évolution constante dans sa forme. La distance culturelle avec laquelle j’abordais ce travail (distance aussi bien avec le Japon qu’avec les États-Unis), et l’extraordinaire richesse humaine de la pièce, ouvrirent pour moi un champ de liberté et de rêve inattendu.

Rien n’est matériel dans cette pièce, les figures sont des spectres traversant la mémoire du narrateur, fruits de ses obsessions, de ses affects. C’est un voyage dans une conscience malade, entre l’angoisse et le rire.

Tennessee Williams lui-même encourage le metteur en scène à s’évader des contraintes du réalisme, et propose des configurations de jeu, des agencements de rapports traduisant les structures profondes du psychisme. Il s’éloigne de l’imitation de la réalité pour inventer une dramaturgie du décalage, de la faille, de l’absence. Ses créatures sont affectées par d’étonnants troubles de la présence, les unes et les autres n’existant pas sur les mêmes plans de réalité, selon les mêmes modes d’apparition ni les mêmes densités physiques… Dans ce monde sans gravitation universelle, chaque entité pèse d’un poids singulier, selon un système de masse inventé pour lui seul.

Les pièces de Williams sont des agencements de solitudes. Les échanges sont improbables, les sentiments fusent hors des êtres et s’abattent comme des pluies, par l’effet d’une inconséquence fondamentale, originelle.

Les figures de La Ménagerie de verre sont perdues, et leur principale modalité d’occupation de l’espace est l’errance. Amanda erre dans sa maison, dans la ville, entre son fils et sa fille. Elle se maintient perpétuellement dans un entre-deux qu’elle voudrait sans limites. Sa volonté, implacable, s’applique à effacer tout obstacle qui pourrait s’opposer à cette errance : que son fils s’incline, s’absente de lui-même, serve le quotidien et l’absolve de tout poids matériel ; que sa fille se taise, taise sa féminité, s’absente en spectatrice perpétuelle du théâtre obsessionnel de sa mère ; que Jim se prète à représenter en effigie le corps désirant de l’homme perdu et toujours désiré, qu’il se tienne en leurre et n’intervienne pas, n’existe, littéralement, pas. Elle est seule, elle erre enfermée dans un système clos.

La Ménagerie de verre exige la mise en place par le jeu d’une sorte de graduation de la présence, de perspective dans la densité, conférant à chaque être une pesanteur, un rythme, une opalescence variable. Chaque comédien doit jouer seul, en soi, mais avec les autres. Comme dans un système planétaire, beaucoup de vide sépare chaque corps. Beaucoup d’énergie circule entre ces corps.

La scénographie est un volume translucide qui expose et enclos les corps dans une matrice impalpable. Posés sur un socle duveteux et pâle, Amanda, Laura, Tom et Jim circulent et se heurtent, s’évitent, s’ignorent, se cherchent. C’est par Tom que nous pénétrons cette matrice, il se tient au seuil et vacille, hésite, entre son aspiration au monde et l’appel angoissant de ses remords. La pièce contient une succession d’espaces mentaux gigognes, encastrés les uns dans les autres. Tom se souvient et revit, dans une confusion totale du présent et du passé, le piège affectif qu’ont représenté pour lui sa mère et sa sœur. Amanda, dans un déni perpétuel du présent, revit à l’infini son passé idéalisé de jeune fille. Laura se réfugie dans un monde inventé par elle, sans référence à l’extérieur, où tout est fragile, transparent, lumineux et froid. Jim est prisonnier du rêve social majoritaire, il a subi le dressage idéologique et s’apprète à faire de son mieux pour ne pas en sortir.

Tout cela est en mouvement, selon une cosmologie complexe, régie par les sentiments, les peurs, les désirs… Plus qu’une histoire, La Ménagerie de verre est un paysage, un ensemble de distances séparant des blocs d’affectivité, traversé par des lumières, des obscurités, des vents et des pluies. La temporalité y est multiple, combinée en strates, en cycles, en réseaux.

L’idée de poursuivre ce travail en France s’est formée très tôt, en repensant à l’aventure vécue avec Dominique Reymond et le théâtre halluciné d’August Stramm (Feux, festival d’Avignon 2008). C’est autour de Dominique que je construis cette version française, dans la lumineuse évidence de sa rencontre avec la figure d’Amanda.

Daniel Jeanneteau, octobre 2014


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© Mammar Benranou

Isabelle Famchon. De retour en France, après des études de théâtre à l’Université de Yale aux Etats-Unis et de longs voyages d’étude en Asie, Isabelle Famchon participe à l’aventure de la compagnie « MA/Danse Rituel Théâtre » avec son ami le chorégraphe Hideyuki Yano ainsi qu’à la création de la compagnie Roger Blin où elle exerce de multiples fonctions et signe plusieurs mises en scène. Membre de longue date de la Maison Antoine-Vitez (Centre International de Traduction Théâtrale), auteur d’adaptations, d’articles sur l’histoire du théâtre et sur la traduction théâtrale, elle s’attache surtout à découvrir, traduire et faire connaître les dramaturgies contemporaines de langue anglaise dans ses formes les plus métissées. Elle a traduit notamment :
 Athol Fugard pour l’Afrique du Sud, Edna O’Brien, Tom Murphy, Franck McGuinness, Sebastian Barry pour l’Irlande ; Howard Barker, John Retallack pour l’Angleterre, Elaine Acworth pour l’Australie,
 John Murrell et Kent Stetson pour le Canada, et pour les USA José Rivera, Sarah Ruhl, Marcus Gardley et surtout Tennessee Williams (notamment La pièce à 2 personnages, ainsi qu’un ensemble de pièces et d’écrits divers pour beaucoup inédits en France et jusqu’à récemment inédits aux USA.) Ces dernières années, elle signe également les sur-titrages de plusieurs spectacles à la MC 93 de Bobigny (Peter Sellars), au Théâtre Nanterre-Amandiers (Théâtre de Complicité) et au Festival d’Avignon (William Kentridge).

Solène Arbel a étudié le théâtre et la danse à l’Université Lyon II et au Conservatoire de Bordeaux, où elle suit notamment l’enseignement de Pilar Anthony. Depuis 2005, elle entretient une complicité artistique avec la compagnie des Limbes et interprète des textes de Virginia Woolf, Henri Meschonnic, Jon Fosse, Ghérasim Luca ou prochainement du poète japonais Ishikawa Takuboku. De 2006 à 2008, elle joue pour le Groupe Anamorphose dans Le Cid de Corneille, Le cocu magnifique de Ferdinand Crommelinck et Aliénor exagère dans le cadre de Campagnes et compagnie en région Aquitaine. Ces dernières années, elle s’inscrit en tant qu’actrice dans des créations théâtrales telles que Crave de Sarah Kane mise en scène par Christine Monlezun, Jon Fosse saison 1 mise en scène par Séverine Astel, des installations multimédia avec la compagnie Iatus, et participe à des performances et films d’artistes : conférence / Walter Benjamin et exposition d’Elise Florenty et Marcel Turkowsky au Plateau-Frac île-de-France, La porte court-métrage d’Hervé Coqueret, Clos quand apparu de Julien Crépieux dans lequel elle dit « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » de Mallarmé. Elle continue à pratiquer la danse à l’occasion de workshops à la Ménagerie de Verre.

Pierric Plathier intègre l’Ecole du TNS en 2005, après être passé à la Scène-sur-Saône à Lyon sous la direction de Didier Vignali. Il sort en 2007 avec des spectacles de Caroline Guiela Nguyen, Richard Brunel, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma. Il travaille ensuite avec Benoit Lambert, Jean-Charles Massera, Bernard Lévy, Rémy Barché, Caroline Guiela Nguyen, Adrien Béal. Il a joué récemment dans Elle brûle mis en scène par Caroline Guiela Nguyen, Le Pas de Bême mis en scène par Adrien Béal, et dans Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux mis en scène par Laurent Laffargue.

Dominique Reymond étudie l’art dramatique à Genève, suit des cours à l’école du Théâtre National de Chaillot avec Antoine Vitez, puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Au théâtre, elle a notamment joué sous la direction d’Antoine Vitez dans La Mouette de Tchekhov et L’Échange de Paul Claudel ; Klaus Michael Grüber dans La Mort de Danton de George Büchner ; Bernard Sobel dans La Ville de Paul Claudel, La Forêt d’Alexandre Ostrovski et Tartuffe de Molière ; Jacques Lassalle dans L’Heureux Stratagème de Marivaux ; Pascal Rambert dans John & Mary de Pascal Rambert ; Jacques Rebotier dans Éloge de l’ombre de Junichiro Tanizaki ; Luc Bondy dans Une pièce espagnole de Yasmina Reza et Les Chaises d’Eugène Ionesco ; Marc Paquien dans Le Baladin du monde occidental de John Millington Synge ; Georges Lavaudant dans La Nuit de l’iguane de Tennessee Williams. À l’automne 2013, elle joue dans Rome-Nanterre de Valérie Mréjen mis en scène par Gian Manuel Rau au Théâtre Vidy-Lausanne. Au Festival d’Avignon, on a pu la voir dans Feux d’Auguste Stramm mis en scène par Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, Visites de Jon Fosse dans une mise en scène de Marie-Louise Bischofberger et récemment dans La Mouette d’Anton Tchekhov mis en scène par Arthur Nauzyciel dans la Cour d’honneur du Palais des Papes. Également actrice de télévision, elle travaille par exemple pour Nina Companeez dans Un pique-nique chez Osiris et Benoît Jacquot dans Princesse Marie. Au cinéma, elle accompagne aussi bien les réalisateurs débutants qu’expérimentés dans Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset pour lequel elle reçoit le Prix d’interprétation au festival du Film de Paris, La Naissance de l’amour de Philippe Garrel, Les Destinées sentimentales, Demonlover et L’Heure d’été d’Olivier Assayas, La Maladie de Sachs de Michel Deville, Les Murs porteurs de Cyril Gelblat, Le Nouveau Protocole de Thomas Vincent, Adieu Gary de Nassim Amaouche. On l’a vue récemment dans Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot et dans Populaire de Régis Roinsard.

Olivier WERNER a suivi sa formation d’acteur et de metteur en scène à l’école de la rue Blanche (Ensatt -1988/90), au TNS (1991/92) et à l’Institut Nomade de la Mise en scène (1999). Il crée L’ANNEAU, sa première compagnie (1996), avec laquelle il monte Pelléas et Mélisande (Maurice Maeterlinck), Les Revenants (Ibsen), Les Perses (Eschyle) et Les hommes dégringolés (Christophe Huysman, création collective). Il met en scène Béatrice et Bénedicte à l’Opéra comique (Opéra-concert d’Hector Berlioz) pour l’Orchestre de Paris. Il devient par la suite artiste associé de la Comédie de Valence ; structure pour laquelle il met en scène Rien d’humain (Marie N’diaye), Par les villages (Peter Handke), Saint Elvis (Serge Valletti) et Mon conte Kabyle (Marie Lounici). Puis il monte Occupes-toi du bébé (Dennis Kelly), commande du CDR de Vire. En 2012, il crée FORAGE, sa nouvelle compagnie indépendante qu’il implante à Valence (Drôme). Avec cette nouvelle structure, il monte After the end (Dennis Kelly), La Pensée (Leonid Andreïev) et prépare actuellement trois spectacles (Le vieux juif blonde d’Amanda Sters / création septembre 2015 à Lausanne, Le dernier feu de Dea Loher / Création novembre 2016 à Bruxelles et Lazare de Catherine Benhamou / production en cours…) En tant qu’acteur, il a joué sous la direction de Gérard Vernay, Lluis Pasqual, Jean-Marie Villégier, Christian Rist, Marc Zammit, Claudia Morin, Adel Hakim, Jean-Christophe Marti, Urszula Mikos, Simon Eine, Richard Brunel, René Loyon, Christophe Perton, Yann-Joël Colin, Pauline Sales, Jorge Lavelli, Daniel Jeanneteau, Yves Beaunesne, Christophe Rauck, et dans certaines de ses propres mises en scène.

Ménagerie22 © Elisabeth Carecchio
© Elisabeth Carecchio

Ménagerie10 © Mammar Benranou© Mammar Benranou

 

© Mammar Benranou

Delphine Hecquet, Les Évaporés

Les Évaporés

© Laure Chichmanov

LES ÉVAPORÉS

Ouverture(s) d’octobre 

Traduction Akihito Hirano
scénographie Victor Melchy
création lumière Catherine Verheyde
réalisation des séquences filmées Akihiro Hata
collaboration artistique et dramaturgie Lara Hirzel
costumes Oria Steenkiste
création vidéo Melchior Delaunay
création sonore en cours
Production, développement Dantès Pigeard

jeu Hiromi Asai, Yumi Fujitani,  Kaori Ito (vidéo), Masato MatsuuraAkihiro NishidaMarc PlasKaori SuzukiTokio Yokoi et Kana Yokomitsu

production Cie Magique-Circonstancielle ; coproduction Théâtre de Lorient-CDN de Bretagne ; OARA (Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine) ; Scène nationale de Sud-Aquitain ; Studio-Théâtre de Vitry ; Théâtre de l’Union-CDN du LimousinL’Odyssée, Scène conventionnée de Périgueux  ; avec le soutien du CentQuatre-PARIS ; de l’ARCAL et de la Chartreuse-Centre national des écritures du spectacle ; mécénat Pylônes, créateur d’objets ; Delphine Hecquet a reçu une bourse de l’OARA en 2016 pour l’écriture des Évaporés


Il y a deux ans tandis que j’étais en train de préparer un travail de recherche pour un prochain projet d’écriture dramatique sur la mémoire, j’avais lu un article dans Le Monde relatant un ouvrage sur le phénomène des évaporés du Japon. J’avais aussitôt eu envie d’en savoir plus sur ce phénomène de ces évaporations massives de personnes, sur ces gens qui disparaissaient sans laisser de traces, changeaient d’identité et s’inventaient de nouvelles vies.

Tout cela me semblait si loin… et en même temps très proche des questions que je me posais à ce moment de ma vie. A travers le phénomène des évaporés que je venais de découvrir grandissait en moi une autre question. Je n’étais pas seulement impressionnée par le phénomène -symptôme ou conséquence du fonctionnement d’une culture et d’une société en crise qui n’offrait pas d’autres choix que de s’évaporer- mais j’entrais dans une zone plus sensible, essentielle pour moi, qui touchait l’évaporation : la question de l’identité. Commençait l’aventure du spectacle à venir,  Les Evaporés. Je décidais de prendre un billet et de partir au Japon.

J’avais besoin, pour écrire un spectacle sur le phénomène de l’évaporation, d’en comprendre le processus mental, de le voir autrement que comme une simple blessure qui représenterait une société qui va mal. J’ai découvert que johatsu, le mot japonais pour dire évaporé, comporte la même teneur symbolique qu’en français : il signifie la disparition et désigne aussi le passage de l’état liquide à l’état gazeux. S’évaporer ce n’est donc pas disparaître, c’est se transformer, devenir autre, se métamorphoser, c’est un passage. Là encore il est question d’identité. Même si l’identité qui fonde le rapport au monde nous semble assurée, irréfutable, […] l’individu avance dans son existence en tâtonnant. […] L’identité est toujours un processus. nous rappelle David Le Breton.  Alors qu’est-ce que c’est qu’être soi, si on ne parvient jamais à être, et qu’on devient ?

Je n’entrevoyais plus alors l’évaporation comme une rupture d’une grande brutalité, le résultat d’un empêchement, d’une voie sans issue apparente, mais comme une continuité, comme un mouvement, une liberté, un choix. 

Nos identités et non plus « notre » identité, sont donc des fictions. Ce que les autres projettent sur moi (une image) constitue aussi ce que je suis, et pour correspondre à cette image, je m’invente une identité qui resterait en accord avec l’idée qu’on se fait de moi. Je suis donc dans une fiction perpétuelle de moi-même, une vraie vérité fausse, en quelque sorte. Ce qui m’interpelle dans ce phénomène des évaporations, ce sont les fictions qu’il déclenche. D’un côté, les évaporés choisissent de redéfinir leur identité en s’éloignant de leur identité de départ, en tentant de vivre une nouvelle vie. De l’autre, ceux qui restent, les proches, sont eux aussi forcés de se définir autrement, brutalement, avec l’absence, n’être plus femme de, mari de, fils de, mais en attente. Ceux qui restent débordent d’imagination pour sauver leur esprit de la tristesse qui les guette après une évaporation. Ils laissent des messages à la radio, distribuent des tracts, gardent la chambre de l’évaporé intacte au cas où il reviendrait,… L’espoir, l’imagination, l’attente sont le quotidien de ces familles, et autant de thèmes possibles à explorer.

Delphine Hecquet


Les Évaporés

© Delphine Hecquet


NOTES SUR L’ÉCRITURE DE LA PIÈCE ET LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE

Lors du premier stage organisé en janvier 2016 pour dé- terminer la distribution du spectacle, j’ai demandé aux acteurs japonais présents de faire l’exercice de venir un à un se dé nir, en commençant toutes leurs phrases par je suis (watashi wa, en japonais). Une jeune actrice vient timidement nous con er qu’elle est la mer, mais très vite elle continue en disant qu’elle aime le soleil, le vent, être au bord de l’eau, etc… J’interroge donc le traducteur qui m’explique qu’en japonais ce n’est pas comme en fran- çais, on ne se dé nit pas vraiment en disant je suis, mais par ce qui nous arrive, ce que nous aimons, etc… La langue elle-même conditionne d’une certaine manière la façon de concevoir l’identité.  C’est notamment pour cette différence de conception du langage, et donc d’imagination, que j’ai choisi d’écrire et de mettre en scène ce spectacle en japonais.

Ecrite pour sept acteurs japonais et un acteur français qui jouera le personnage d’un journaliste venu faire au Japon un reportage sur le phénomène des évaporations massives, la pièce montre que dès la formulation même de qui on est, de par une différence linguistique et cultu- relle, on ne peut pas se dé nir avec les mêmes outils, les mêmes possibles.

L’ECRITURE DRAMATIQUE, EN JAPONAIS ET EN FRANCAIS

Je pars donc de l’écriture au plateau pour ensuite écrire la pièce. Je crois qu’on ne peut pas faire surgir ce texte sans l’avoir déclenché d’abord avec l’expérience du pla- teau, avec la force de proposition des acteurs. Je dois penser la pièce en japonais pour l’inscrire dans son pay- sage d’origine, pour être au coeur du phénomène social, et en faire surgir toute la complexité, et le choc culturel qu’il représente pour nous, Occidentaux. Aussi, d’avoir expérimenté les improvisations en japonais a permis de plonger dans cette langue qui m’est si étrangère, d’en ressentir la puissance poétique, sa différence. Le fait de créer un spectacle en japonais impose un rythme nouveau pour moi. Les acteurs improvisent en japonais, aussi, il y a un décalage entre ce qui se passe en direct sur scène et le temps de la compréhension. Au lieu d’en faire un obstacle, j’envisage cette distance comme un espace de rêverie, où sans rien vraiment comprendre, je peux ressentir et imaginer. Les acteurs savent que je ne comprends pas ce qu’ils disent en temps réel, et cela les rend plus libres de ‘’se tromper’’, de ‘’rater’’, de ne pas se concentrer sur la langue puisque je ne peux pas encore en saisir l’épaisseur, les détails, l’originalité.
L’acteur français Marc Plas, qui joue le journaliste, a pu ainsi expérimenter les dif cultés de communication, se sentir étranger, ce qui était important pour la suite de l’écriture. Ce personnage est un lien entre la langue étrangère et le spectateur, il accompagne la compréhen- sion, puisqu’il parle dans sa langue maternelle (le français). Il joue également avec le problème de communication créé par la rencontre avec des Japonais. Il ne s’agit pas de contourner la dif culté d’un spectacle dans une langue étrangère, mais bien d’en utiliser toute la cocasserie, toute la richesse de l’échange, des impossibilités, de faire apparaître ce qui nous échappe.


LA COMPAGNIE MAGIQUE CIRCONSTANCIELLE

La Magique Circonstancielle est l’autre nom du hasard pour les surréalistes, ou comment des éléments indépendants se retrouvent au même endroit par un étonnant concours de circonstances. J’ai choisi d’appeler la compagnie « Magique- Circonstancielle » car les imprévus, les hasards sont depuis toujours, pour moi, source de création. Il faut savoir d’abord les regarder, lorsqu’ils nous arrivent, et les écouter. Ce n’est pas tout de les remarquer, il faut s’en réjouir, et décider qu’ils ne sont pas là pour rien. De ces hasards qui n’ont jamais cessés de croiser ma route, j’en ai fait un principe de travail. Les surréalistes tentaient de les provoquer et de les sublimer en faisant des ‘’expériences’’. Ce ‘’hasard objectif’’ comme le nomme André Breton, nous permet de décrypter la vie, de se saisir des évènements inattendus, des rencontres, des signes, des coïncidences pour créer, de provoquer une phy- sique de la poésie (Paul Eluard).

J’aime l’idée que les acteurs, mais aussi bien la costumière, l’éclairagiste, le danseur, le metteur en scène, le scénographe, le musicien, se rencontrent par un hasard heureux, qui ne serait pas totalement décidé. C’est souvent par ce qui nous échappe que l’on se révèle, et c’est souvent le point de dé- part des idées qui composent mon écriture. Les dérapages, les hasards m’amusent, parce qu’ils nous mettent en péril. C’est dans le déséquilibre que l’on ressent tout son poids, et s’il faut sans cesse le chercher, cet équilibre, c’est bien plus sa recherche qui m’intéresse que son résultat.

C’est le hasard sous toutes ses formes que nous essaierons d’approcher : de l’écriture à partir du réel (interviews, enre- gistrements), au texte classique qui se retrouve sur ma table de chevet par un étonnant concours de circonstances. Heureusement qu’il y a du magique pour que nous échappent encore des secrets bien enfouis. Reste à les écrire.


Delphine Hecquet, formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (promotion 2011), elle a entre autres pour professeurs Dominique Valadié, Alain Françon, Olivier Py,Yves Beaunesne, Jacques Doillon, Andrzej Seweryn. Au théâtre, elle joue dans Ivanov d’Anton Tchekhov (CDN des Alpes 2011, tournée 2011), Woyzeck de Georg Büchner (CDNA et TNS, 2012), George Dandin de Molière (CDNA et tournée 2012), Don Juan revient de Guerre de Ödön Von Horváth (CDNA 2013 et Théâtre Athénée Louis-Jouvet à Paris 2014) et Medealand de Sara Stridsberg (MC2 Grenoble, Comédie de Valence et Studio-Théâtre de Vitry 2014-2015), mise en scène Jacques Osinski. Elle joue également dans Fragments d’un discours amoureux d’après Roland Barthes mise en scène de Julie Duclos (La Loge, Paris, 2011), et dans Suite n°1 ABC de Joris Lacoste (Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles, festival d’automne à Paris et tournée 2014-2015) Elle interprète Edith Piaf dans Hymne à l’amour, ballet musical, mise en scène de Misook Seo (Centre d’Art National, Corée du Sud, 2012). Au cinéma, elle tourne avec Bruno Ballouard, Lili-Rose – Cécile Télerman, Les yeux jaunes des crocodiles – Eugène Green, Correspondances (prix du Jury Fes- tival de Locarno 2007) – Philippe Garrel, Un été brûlant – Gaël De Fournas, La bataille de Jéricho (court-métrage). En 2012, installée à Moscou, elle écrit une pièce pour 3 interprètes, Balakat, qui interroge la naissance et la possibilité de l’écriture. Créée au théâtre de La Loge à Paris en septembre 2014, la pièce est sélectionnée dans le cadre du festival Impatience 2015. Delphine Hecquet bénéficie d’une bourse d’écriture de l’OARA pour Les Evaporés.

Hiromi Asai, née à Kobé au Japon. Après des études de littérature française, elle suit un enseignement théâtral à l’université Paris III. Comédienne, elle participe dès son arrivée en France à plusieurs spectacles à l’espace culturel de l’ambassade du Japon dans le cadre des échanges franco-japonais. Au théâtre, elle joue sous la direction de Frédéric Fisbach : Gens de Séoul (Festival Avignon, Th.Sétagaya à Tokyo), Illusion Comique (Festival Avignon,Th. Odéon, Th. National de Strasbourg…), Agrippine (Th.Rennes, Th.St.Quentin enYvelines…); de Bruno Boëglin dans Brautigan ou la vallée du paradis (Th. National La Criée,TILF…), Le prix Martin d’E. Labiche (Th.des Célestins à Lyon) et sous la direction d’ Arnaud Meunier : Tori no tobu takasa (Comédie de St.Etienne, CDN de Besançon et Th. National de Nice). Elle travaille réguliè- rement en tant que interprète-traductrice pour plusieurs metteurs en scène sur des projets théâtraux franco-japonais (Claude Régy, F. Fisbach, Omar Poras, Oriza Hirata, Satoshi Miyagi, Yôji Sakaté, etc.). Ses traductions de pièces de théâtre sont éditées en France; Freetime de Toshiki Okada par Edition 104, et Les baleines de Sétouchi et Le goûteur d’eau deYôji Sakaté par les éditions de la Gare. Elle a aussi joué dans des longs-métrages (L’Arnacoeur réalisé par Pascal Chaumeil, Tokyo Fiancée réalisé par Stefan Liberski…) et des courts-métrages. Elle pratique la danse traditionnelle japonaise, le tango argentin (niveau com- pétition), les danses de salon (niveau compétition), le flamenco, et le taïchi. Depuis 2011, elle réalise ses propres spectacles. Trois Histoires Courtes du Pays du Soleil Levant, répertoire sur les contes japonais traduits par ses soins, et tourne en France, souvent accompagnée par des musiciens. Sa prochaine création sera tirée d’une histoire écrite par Kenji Miyazawa sur l’homme et la terre.

Yumi Fujitani, née à Tokyo. Elle suit d’abord une formation de danse classique et de théâtre à Kobe. Puis elle se forme à la danse jazz, à la danse contemporaineet au butô. A Tokyo, elle fait une rencontre déterminante avec Kô Murobushi et Carlotta Ikeda, co-fondatrices de la Compagnie Ariadone. Elle rentre alors dans la Com- pagnie comme 1ère danseuse. De 1985 à 1995, elle s’y produit dans des créations telles que HiméBlack Gray WhiteLe Langage du SphinxEn chasse… En dehors des tournées internationales, elle enseigne le butô à Tokyo, tout en poursuivant sa formation à New York et à Paris, où elle expérimente de nouvelles formes d’expressions corporelles, à travers le masque, l’art du clown la vidéo, les arts plastiques. Elle s’installe à Paris en 1996. Danseuse de la troisième génération du butô, elle développe sur cet art une réflexion et une approche personnelles. Elle entame alors des collaborations avec des comédiens , des metteurs en scène et des musiciens. En 1996, elle présente ainsi Cinq Nô Modernes de Mishima Yukio, avec des comédiens, au festival d’Avignon. Elle travaille également avec Urszula Mikos, metteuse en scène, pour les créations de Terra Incognita en 2002, Uberyou en 2003 d’après Louis Cervin et Thomas Bernhard., avec le compositeur André Serre Milan ou encore Jacques Rebotier et Dominique Raymond pour L’éloge de l’ombre de Tanizaki Junichiro à la maison de poé- sie. Elle crée également de nombreuses chorégraphies solos : Frontières, dans lequel elle s’aventure vers les limites et les chemins de la mort, Vertige de mémoire, spectacle dans lequel elle explore les tréfonds de la mémoire et de l’inconscient. Téfu-Téfu dans laquelle elle revisite la fameuse question du rêve du papillon. Fujin-Raîjin invoque, avec le graphiste japonais Tatsuya Oka, les esprits du vent et de l’orage. Elle a également créé une libre interprétation du Journal d’Adam, Journal d’Eve de Mark Twain, avec 2 comédiens. Elle enseigne notamment à l’Ecole du jeu, à Micadanses et donne de nombreux stages partout en France et en Europe. Ce qui motive son travail aujourd’hui c’est d’explorer le corps physiologique. Elle a inventé sa façon d’enseigner et dans ses trainings, elle parle de ce corps physiologique, un corps animal. Yumi Fujitani n’apprend pas à jouer l’animal mais à se servir de lui pour changer l’état de son corps.

Kaori Ito, née à Tokyo. Elle étudie le ballet classique dès l’âge de 5 ans. En 2000, elle part aux Etats-Unis pour intégrer la section danse de l’Université Purchase de l’Etat de NewYork. De retour au Japon, elle obtient, en 2003, un diplôme de sociologie et d’éducation à l’Université de Saint-Paul à Tokyo. La même année, elle obtient une bourse et repart à NewYork dans le cadre du Programme d’Etude International pour les Artistes du gouvernement japonais. De 2003 à 2005, elle tient le premier rôle dans la création de Philippe Decouflé, Iris. Elle intègre le Ballet Preljocaj et travaille sur Les 4 saisons d’Angelin Preljocaj. En 2006, elle danse dans Au revoir Parapluie de James Thierrée et continue sa collaboration avec lui sur Raoul et Tabac Rouge. En 2008, elle assiste Sidi Larbi Cherkaoui pour le film Le bruit des gens autour avec Léa Drucker et travaille de nouveau avec lui en tant que soliste dans l’opéra de Guy Cassiers : House of the sleeping beauties. Cette même année elle crée son premier spectacle : Noctiluque au Théâtre de Vidy-Lausanne. En 2009, elle présente sa deuxième création SoloS au Théâtre Le Merlan. Elle le recrée à la biennale de Lyon en 2012. Island of no memories, sa troisième chorégraphie, naît en 2010 lors du concours (Re)connaissance et obtient le premier prix. Ce spectacle sera sélectionné pour le programme Modul-Dance du Réseau EDN (European Dance Network). Elle reçoit également le prix du meilleur jeune chorégraphe pour l’année 2010, et le prix de JADAFO au Japon. En 2011, elle collabore avec Denis Podalydes pour Le Cas Jekyll 2 et en 2012 sur Le bourgeois gentilhomme et L’homme qui se hait et elle danse pour Plexus son portait par Aurélien Bory. Après avoir dansé et collaboré avec Alain Platel sur le spectacle Out of  content, Kaori Ito crée Asobi, produite par Les Ballets C de la B. En 2015, elle crée Je danse parce que je me méfie des mots, portrait dans lequel elle explore ses racines, au travers d’une rencontre artistique et humaine avec son père Hiroshi Ito. Pour cette mise en scène, elle invente un langage étrange, qui leur ressemble, à l’intersection des mots et de la danse. Par des questions brutes, incisives, profondes ou futiles, elle brise la glace et joue avec les silences de ce père, chargé de secrets.

Masato Matsuura, né en 1965 à Takarazuka au Japon, Masato Matsuura se forme au théâtre Nô. Il participe à de nom- breuses représentations dans différents théâtres au Japon (National Noh Theatre…), et notamment à des spectacles dirigés par Hideo Kanze. A partir de 1992, il étudie le théâtre contemporain pour diversifier ses techniques de scène, ainsi que le théâtre classique japonais. Parallèlement, il se forme au karaté du style Kyokushin, puis dans une école de sabre au style Hokushin Ito Ryû, au Kenjutsu et au Kendo moderne (Gendaï-Kendo). Mais l’agressivité des techniques l’amène à chercher une autre voie, plus respectueuse du corps. Il se forme au sabre à l’école Niten de Tokyo, à l’Aiki jyujitsu avec Maître Daitoryu Yoshimaru Keisetsu (Tokyo) et au Tai-chi. La double approche du théâtre et des arts martiaux lui permet de réfléchir à l’essence du mouvement et de développer une expression corporelle fondée sur une conscience aigüe de la fluidité et de la construction du corps. Rejoignant le fondement des théâtres traditionnels japonais, il réalise une union des arts du chant et des armes, du texte et de la danse. Il partage son activité entre l’enseignement et la scène. Il a fondé l’école Sayu et le dojo des Deux Spirales à Paris. Il donne régulièrement des cours et des stages à Paris et Bruxelles, ainsi que des master classes en Europe. Il s’est produit à la Maison de la culture du Japon à Paris, au Festival d’Avignon, au Festival d’Ambronay, au Festival baroque de Pontoise, au Festival de Lanvellec, au Festival Wunderkammer 2008 (Trieste), à la Maison de la Bellone (Bruxelles); en France, Bosnie, Italie, Hollande, Belgique, Japon, Emirats, Bahrein, Koweit et Yémen. En 2013, il a été invité d’honneur au Festival international Masqu’alors au Québec.

Akihiro Nishida, né au Japon en 1953, Akihiro Nishida fait des études de mime à Osaka, puis choisit Paris pour poursuivre sa formation en expression corporelle (avec Monika Pagneux) et théâtrale avec (Philippe Gaulier). Pratiquant parallèlement les arts martiaux, il continue ses études à l’Université Paris VIII et obtient la « Maîtrise Art du Spectacle ». En 1988, il travaille avec Peter Brook pour le Mahabharata (porté au cinéma), et avec Ariane Mnouchkine pour La Nuit miraculeuse (film du Théâtre du Soleil). L’année suivante, il entre dans la compagnie Pokkowa-pa où il joue dans Clodo Mélodie, puis rejoint la compagnie de l’Atelier International de l’Acteur. Il y interprète Les mille et une nuits et Mesure pour Mesure de Shakespeare. Il ap- paraît au cinéma dans Pullman Paradis (Michèle Rosier), The Pillow Book (Peter Greenaway), Tang le onzième (Daï Siji), Wasabi (Gérard Krawczyk), Fais-moi plaisir (Emmanuel Mouret), Safari (Olivier Baroux), Le capital (Costa-Gravas) et dans les téléfilms L’Etat de Grâce (Pascal Chaumeil), Katz (Arnauld Merca- dier), Le Boeuf Clandestin (Gérard Jourd’hui). Au théâtre, il se produit dans Notre-Dame de Paris (Théâtre sans Frontière), Messe pour le temps présent (compagnie Béjart Ballet Lausanne), Le Concours (compagnie Béjart Ballet Lausanne) à l’Opéra national de Paris, L’Enfant Peul (compagnie britannique,Théâtre sans Frontière), La caravane de verrevoyage au paye d’Emile Gallé (compagnie Oposito), Triomphe ! Une vie de Judo (com- pagnie Muses & Samurais), The King and I au théâtre du Châtelet. Il crée également ses propres spectacles, On m’a dit que (1999), M & m Show (2004) et Les tribulations linguistiques d’un japonais découvrant la France (2013).

Marc Plas commence le théâtre au sein de l’association culturelle de son lycée St-Michel-de-Picpus où il travaille avec Jean Bellorini, Michel Jusforgues et Coralie Salonne. Après un baccalauréat littéraire, il rentre à l’école Claude Mathieu en 2004. Il y reste 3 ans avant d’entrer au Conservatoire national supérieur dramatique de Paris (promotion 2011) dans la classe de Sandy Ouvrier. Il joue en 2012 avec Joel Dragutin au théatre de Cergy 95 dans Une maison en Normandie puis avec Benjamin Porée au théatre de Vanves dans Platonov de Tchekov. Il joue à nouveau avec Jean Bellorini sur plusieurs spectacles Liliom de Ferenc Molnar au Printemps des comédiens puis en tournée dans toute la France ainsi qu’au théâtre Gérard Philipe (2014) puis à l’Odéon (2015), La bonne Âme du Setchouan de Brecht, création au TNT puis reprise à l’Odéon aux ateliers Berthier, Tempête sous un crâne d’après Les Misérables de Victor Hugo au théâtre des quartiers d’Ivry en 2014. Il prépare actuellement la prochaine création avec la troupe de Jean Bellorini Les frères Karamazov d’après Dostoïevski.

Kaori Suzuki, se forme à la danse classique à Singapour et au Japon à l’école du Tokyo Ballet et de Saburo Yokose. De 1989 à 1996, elle travaille au Japon comme soliste du répertoire classique et collabore avec di- vers chorégraphes japonais et enseigne la danse classique. Depuis 1997, elle vit à Paris et travaille pour Matthew Hawkins au Royal Ballet à Londres dans Angel et Exile (backstage project), Carlotta Ikeda dans Le sacre du printemps, Karry Kamal Karry dans Siamois et Jacky Auvray dans Parenthèse et d’ x, Philippe Dormoy et Valérie Joly pour Silence (théâtre chanté), Bando Sengiku dans L’été Chushigura (danse traditionnelle japonaise Kabuki) et Stradivarius légende (duo acrobatique avec Cyril Jacqmin). Elle danse dans des opéras lyriques à l’Opéra de Paris et au théâtre du Châtelet mis en scène par Ennoské 3, Yannis Kokkos, La Fura del Baus, Micha Van Hoecke et Gilbert Deflo, Chen Shi-Zeng. Elle danse aussi pour la comédie musicale King and I de Lee Blakeley. Avec sa compagnie, Cie Tsurukam, elle crée en 2006 Kagomé (danse, marionnette et masque) joué au In du festival de Charleville-Mézières. En 2007, elle crée Satori (danse, masque), adaptation du Roi Lear de Shakespeare pour la ville d’Argenteuil. En 2013, sa création Tomoki (danse, objets) participe au festival international du théâtre Mont-Laurier au Québec, à Dubrovnik en Croatie, à Hanko en Finlande, STSPOT à Yokohama au Japon. En 2014, elle crée Qui-Koto. La Cie Tsurukam a créé le festival Ningyo (point de conver- gence entre l’homme et la matière) avec l’espace Bertin Poirée.

Tokio Yokoi, Né en avril 1945 au Japon, il suit ses études au département de langues étrangères de la Nanzan University, puis au département des Beaux-Arts de la University of South California où il devient membre d’une troupe de théâtre, East West Players. Responsable des investissements dans le secteur touristique du groupe japonais Plaza pour l’Europe, il est nommé Directeur Général du groupe Plazana Espagne. En 2013, il joue dans le film Tokyo Fiancée de Stefan Liberski.

Kana Yokomitsu, est diplômée d’une licence de littérature japonaise de l’Université Hosei de Tokyo, Kana Yokomitsu a suivi les cours de théâtre de Vera Gregh. Elle a notamment joué au théâtre dans Beatles Story, de Renaud Siry, Mid summer nightdream, Kim-M. Broderick, Marciel de Marc Hollogne, Vers la route de Tokaido de Nicolas Bataille, La mort d’Empedocle de Philippe Lanton, Ecrit sur l’eau d’Éric-Emmanuel Schmitt mis en scène par Niels Arestrup, Tokyo de Nicolas Bataille, Cendre Cendrillon d’Axandre Colpacci et dans Ludwig Leitmotiv de Katiana Kowalski. Au cinéma, elle a joué dans Silent City de Threes Anna (2012).

Akihiro Hata, né en 1984 à Nishinomiya, au Japon. Il part à Paris après le lycée en 2003. Il obtient la licence Cinéma à Paris 1 Panthéan-Sorbonne en 2006 et intègre la Fémis (École Nationale Supérieur des métiers de l’Image et du Son) en département réalisation et obtient la bourse du gouvernement français en 2007. Dîplomé en 2010, il réalise plusieurs courts-métrages et des films documentaires dont Les invisibles en 2015, sélectionné en compétition nationale au festival de Clermont Ferrand. Il prépare actuellement La mer verte, un film documentaire sur une forêt au pied de Mont Fuji soutenu par l’Institut Français et À la chasse, un film de fiction qui sera tourné en mars 2016, soutenu par le CNC, la région Pays de la Loire et Arte.

Michel Cerda, LA SOURCE DES SAINTS, John Millington Synge

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© Erik Prunier

En partenariat avec le Théâtre Jean-Vilar, nous retrouvons Michel Cerda pour la découverte d’un texte peu connu de l’auteur irlandais John Millington Synge, dans une version française de l’auteure Noëlle Renaude.
Dans une terre désolée, – presque – abandonnée de Dieu, un couple d’aveugles est rendu à la communauté des villageois par miracle ; cet « enchantement » éclaire avec une ironie féroce le destin poignant des humbles.
Synge, cet homme « enraciné à en perdre les mots » comme le dit son ami le poète Yeats, attiré pour les « pays », chants et langues de la culture paysanne traditionnelle irlandaise, nous secoue et nous surprend dans ce conte plein d’une virulente malice.
Tel le soc de la charrue qui retourne terre et cailloux, la langue épaisse et rugueuse de Synge révèle un certain nombre de questions. Qu’est-ce que voir ? Quelle image a-t-on de soi ? Faut-il souscrire à la vision dominante, majoritaire, convenue, pour se frayer un chemin dans la vie et inventer sa part de bonheur ? Quelle valeur peut avoir aujourd’hui un sacré qui prétend corriger le monde ?

au Studio-Théâtre du vendredi 13 au mardi 17 janvier 2017 à 20h30 excepté  le dimanche à 16h
RÉSERVATION 01 46 81 75 50

LA SOURCE DES SAINTS

texte John Millington Synge
texte français Noëlle Renaude (éditions Théâtrales)
mise en scène Michel Cerda

avec Anne Alvaro, Yann Boudaud, Chloé Chevalier, Christophe Vandevelde, Arthur Verret
et la participation de Silvia Circu

scénographie Olivier Brichet
lumière Marie-Christine Soma assistée de Diane Guérin
son et régie son Arnaud De la Celle
costumes Olga Karpinsky
collaboration artistique, Charles Dubois (bruiteur)
assistanat à la mise en scène Silvia Circu
régie générale Florent Gallier
administration de production Sophie-Danièle Godo

production déléguée Compagnie Le Vardaman / Paris ; coproductions Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar de Vitry
le spectacle est soutenu par le Ministère de la culture et de la communication – DRAC Ile de France, ARCADI Ile de France, le Jeune Théâtre National, l’ADAMI et LA SPEDIDAM

Logo Jean-Vilar

À l’occasion de la création du spectacle, le texte est publié aux éditions Théâtrales.

autres représentations :
du mercredi 25 janvier au jeudi 2 février 2017 au Théâtre de la Commune – CDN d’ Aubervilliers
du mardi 7 février au vendredi 10 février 2017 au Théâtre de Dijon Bourgogne – CDN


UNE PIECE QUI REFUSE LE MAGIQUE

Cette pièce ne veut pas des marchands de bonheur, de charlatans, de Saints ni de prestidigitateurs qui veulent rendre invisible le visible !

Au contraire cette pièce donne une force et une puissance aux hommes : même démunis – pauvres et aveugles – les personnages de Synge ne sont pas pour autant anéantis, il ont toutes les ressources pour inventer leurs réels et toutes les projections nécessaires à construire leurs utopies.

Martin et Mary sont aveugles. Pauvres. Affreux. Mendient au croisement des routes. On leur a dit pour rire, qu’ils sont beaux. Ils s’aiment peut-être. En tout cas ils parlent, ça occupe leur vie. Mais le forgeron Timmy vient leur annoncer la nouvelle : un vrai saint du bon Dieu passant par-là va leur faire voir les beautés du monde, grâce aux vertus d’une eau sacrée. Le Saint guérit d’abord Martin puis voilà Mary guérie à son tour : ils voient leur laideur réciproque, leur misère, s’insultent, se battent. Et se quittent. Mais la cécité reviendra…


 

Ils sont aveugles. Pauvres. Affreux. Mendient au croisement des routes.

On leur a dit, pour rire, qu’ils sont beaux. Ils s’aiment peut-être. En tout cas ils parlent, ça occupe leur vie. Mais le forgeron, Timmy, vient leur annoncer la nouvelle : un vrai saint du bon Dieu passant par là va leur faire voir les beautés du monde grâce aux vertus d’une eau sacrée. Le saint guérit d’abord Martin : et Martin, dans l’ivresse du miracle, se trompe de femme. Il prend la merveilleuse Molly Byrne pour l’affreuse Mary. Voilà Mary guérie à son tour : ils voient leur laideur réciproque, leur misère, s’insultent, se battent. Et se quittent.

Le Saint reparti vaquer à ses actions pieuses, Martin est engagé comme commis à la forge. Il fait un temps de glace. La vie de voyant est rude, quand il faut travailler pour son pain. Quand Timmy est aussi rude que l’air. Quand il annonce que le Saint va revenir. Qu’il va lui demander de le marier à Molly Byrne. Et que Mary n’y voit déjà plus, et que les ténèbres guettent de nouveau Martin. Et que Martin tente de faire croire à Molly qu’elle doit partir avec lui. Tant qu’il y voit encore. On le chasse.

Les revoilà l’un et l’autre, Martin et Mary, aveugles, pauvres, affreux et le sachant, mendiant au croisement des routes.

Ils s’aiment peut-être de nouveau. En tout cas ils parlent comme avant, ça occupe leur vie. Mais ils entendent la cloche du saint de retour chez eux, tentent d’échapper à la guérison ultime, n’y arrivent pas, sont repris par la populace rigolarde ; Mary va accepter une nouvelle vue, Martin se révolte, puis feint d’accepter, puis renverse l’eau sacrée. Harcelés par les gens, maudits, ils s’en vont, aveugles et pauvres, tous deux par les chemins trempés vers les villes du sud où Martin voulait emmener Molly.

Noëlle Renaude


John Millington Synge (16 avril 1871 – 24 mars 1909)
Synge, fut dramaturge, prosateur et poète, l’un des principaux artisans du Celtic Revival mouvement littéraire formé pour redonner vie à la culture irlandaise. Il est l’un des fondateurs du Théâtre de l’Abbaye, à Dublin.

D’origine protestante, il s’est surtout intéressé au monde des paysans catholiques de son pays, chez lesquels il croyait retrouver le vieux fond culturel païen de l’Irlande. La première représentation de sa pièce la plus célèbre, Le Baladin du monde occidental, provoqua des émeutes à Dublin en 1907.

Synge fréquenta des écoles privées de Dublin et étudia la théorie de la musique ainsi que plusieurs instruments au Royal Irish Academy of Music. Il étudia l’irlandais et l’hébreu au Trinity College, où il obtint sa licence en 1892. Il lut également Darwin et s’intéressa à la vieille civilisation irlandaise, particulièrement aux îles d’Aran. En 1893, il publie son premier poème fortement influencé par William Wordsworth. L’époque de sa lecture de Darwin fut aussi une époque de crise spirituelle, et il renia la religion protestante dans laquelle il avait été élevé.

Après sa licence, Synge décida de devenir musicien professionnel et se rendit en Allemagne pour y compléter sa formation. Il séjourna à Coblence et à Würzburg. Cependant, éprouvant de cruelles difficultés à jouer en public, et doutant de ses capacités, il rentra en Irlande en en juin 1894. En janvier de l’année suivante, il partit pour Paris afin d’étudier les langues et la littérature à la Sorbonne.

La même année, de retour à Paris, il rencontre William Butler Yeats, qui l’incita à aller vivre un moment dans les îles d’Aran. À Paris, il fut également quelque temps du cercle de Maud Gonne, mais s’en dissocia bientôt. Il publia bon nombre de critiques et de poèmes de style décadent dans la revue Irlande libre de Gonne. Il assista aussi à des conférences à la Sorbonne par l’éminent spécialiste des questions celtiques Henri d’Arbois de Jubainville. En 1897, il eut sa première attaque due à la maladie de Hodgkin.

Il exprime l’idée que, sous le catholicisme apparent des paysans et des pêcheurs des îles d’Aran peut se retrouver un vieux fond de paganisme. L’expérience des Aran forme la base de la plupart de ses pièces.

Michel Cerda met en scène des pièces depuis 1986, date à laquelle il monte Tandis que j’agonise de W. Faulkner. Son répertoire est large, il met aussi bien en scène en 1987 Kleist ou la mort d’un poète – correspondance de Kleist, en 1989 La Double inconstance de Marivaux, en 1991 Mademoiselle Rose ou le langage des fleurs de Garcia Lorca. Il privilégie dans son parcours les écritures contemporaines et monte en 1995 Nuit bleue au coeur de l’Ouest de James Stock.
Durant sa résidence au Théâtre Gérard Philipe (Saint André les Vergers/Troyes) en région Champagne Ardenne, il s’intéresse tout particulièrement aux auteurs comme Serge Valletti, Eugène Durif, et Noëlle Renaude dont il monte les textes. En 1999, il crée le spectacle La Douce Léna, texte de Gertrude Stein. En 2000 il met en scène le texte de François Morel Les Habits du dimanche. En 2002, pour continuer son travail sur les auteurs contemporains, il crée le spectacle Maison du peuple, texte de Eugène Durif au Théâtre du Muselet, partenaire de la compagnie. Il diversifie en tant que metteur en scène ses collaborations artistiques en travaillant avec la compagnie de cirque Baro d’Evel sur le spectacle Bechtout ; avec Sylvie Louche, artiste Lyrique pour le cabaret lyrique Embrasse-moi beaucoup et avec la structure Opening Night sur le texte Monstre(s) de Yann Allégret, À coups de Bec avec la compagnie Nushka. Sur la saison 2004/2005 il participe à la manifestation Festivalletti où il présente deux textes de Serge Valletti à la MC2 de Grenoble puis au Théâtre 71 de Malakoff. Il met en scène également l’actrice Ariane Ascaride dans un texte intitulé Pour Bobby écrit par Serge Valletti. Ce spectacle a été créé en novembre 2004 à la MC2 de Grenoble puis repris au Théâtre de l’Est Parisien en décembre 2004. De 2009 à 2012, sa compagnie est en résidence au Forum/Scène conventionnée du Blanc-Mesnil où ses dernières créations sont présentées : Et pourtant ce silence ne pouvait être vide, de Jean Magnan, crée le 8 octobre 2008 au TNS ; In- fluences en collaboration avec Thierry Collet, crée en novembre 2009. Il s’intéresse également à la formation de l’acteur et est intervenu notamment au TNS, au Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne et à la Femis. Il a enseigné de 2010 à 2016 au Département des arts du spectacle de l’Université Paris Ouest-Nanterre La Défense, et enseigne actuellement à l’Université de Aix Marseille, en qualité de maître de conférence associé en Arts du spectacle.

Anne Alvaro, actrice de théâtre et de cinéma depuis 1970. Au théâtre elle a travaillé régulièrement entre autres avec Denis Llorca , André Engel , Georges Lavaudant et Giorgio Corsetti pour lequel elle obtient le Molière de la meilleure actrice en 2009 dans Cri. Elle s’aventure également sur des projets plus fragiles et rencontre des metteurs d’une autre génération comme Gérard Watkins, Patrick Pineau ou Claire Lasne. Au cinéma elle a travaillé avec des réalisateurs d’horizon très différents tels que Andrzej Wajda, Raoul Ruiz, Romain Goupil, Noémie Lvovsky, Sébastien Jaudeau.  Elle obtient le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1999 Le goût des autres d’Agnès Jaoui. En 2010, elle sera récompensée par le même César pour Le bruit des glaçons de Bertrand Blier. En 2016 elle travaille avec Roland Auzet qui monte Dans la solitude des champs de coton  de Bernard Marie Koltes, première fois que cette pièce est jouée par un duo féminin, l’accompagne au plateau Audrey Bonnet. Retrouvailles avec Michel Cerda pour La source des saints qui l’avait déjà dirigé en 2008 dans Et pourtant ce silence ne pouvait être vide de Jean Magnan.

Yann Boudaud commence sa formation de comédien au Conservatoire de Rennes, la poursuit à l’École du Passage de Niels Arestrup et à Théâtre en Actes. Il travaille alors avec Dominique Valadié, Laurence Mayor, Jacques Lassalle et Lucien Marchal. En 1996 il rencontre Claude Régy à l’occasion d’un stage autour de Fernando Pessoa au Théâtre Vidy-Lausanne. De 1997 à 2011, il participe à toutes ses créations : La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck (TGP Saint-Denis), Holocauste de Charles Reznikoff (Théâtre National de la Colline, puis tournée en France), Quelqu’un va venir de Jon Fosse (Théâtre Nanterre Amandiers), Des couteaux dans les poules de David Harrower (Théâtre Nanterre Amandiers), Melancholia Théâtre de Jon Fosse (Théâtre National de la Colline, puis tournée), Carnet d’un disparu de Leos Janacek (France et Belgique). Il a aussi travaillé avec Marc François Hubert Colas, Laurence Mayor, Noël Casale. Actuellement il poursuit sa collaboration avec Claude Régy : il joue dans La barque le soir d’après Voguer de Tarjei Vesaas, créé en 2012 et repris en 2015 au Théâtre Nanterre Amandiers et en tournée européenne. Yann Boudaud est aussi l’acteur de la dernière création de Claude Régy Rêve et folie de Georg Trakl, (créé en 2016 et repris prochainement).

Chloé Chevalier obtient en 2004 le Diplôme d’Etudes Théâtrales du Conservatoire d’art dramatique du Grand Avignon sous la direction de Pascal Papini et Eric Jakobiak. Elle écrit et joue En attendant les beaux jours ou une tragédie du bonheur. Elle joue dans L’Opéra de Quat’ sous de B. Brecht, mis en scène par Pascal Papini. En 2005, elle intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de la ville de Paris avec comme professeurs, entre autres, Dominique Valadié, Andrzej Seweryn, Daniel Mesguich et Caroline Marcadé… Elle est diplômée du CNSAD en 2008. En 2009, elle joue dans Sainte Jeanne des abattoirs de B. Brecht, mis en scène par Bernard Sobel, puis dans Baal, du même auteur, mis en scène par Jean-François Matignon. Elle joue ensuite dans Pylade de Pier Paolo Pasolini, mis en scène par Damien Houssier. Avec la compagnie du Hasard Objectif, elle joue dans Les deux nobles cousins de Shakespeare, et dans Théâtre à la campagne de David Lescot, mis en scène par Sara Llorca. Elle travaille avec la compagnie Kobal’t. Elle joue dans T.D.M 3 de Didier Georges Gabily sous la direction de Mathieu Boisliveau et récemment dans le Misanthrope de Molière, sous la direction de Thibault Perrenoud. En 2017, elle jouera dans la prochaine création de la compagnie : la Mouette d’Anton Tchekhov. Elle rejoint la compagnie de Brigitte Jacques Wajeman pour une reprise de rôle dans Sophonisbe et la mort de Pompée de Corneille. Elle joue Molly, monologue adapté du dernier chapitre d’Ulysse de James Joyce, mis en scène par Pascal Papini.

Christophe Vandevelde, formé au CNSAD, est acteur de théâtre et de cinéma depuis 1993. Il a travaillé régulièrement au théâtre avec entre autre Jean-Marie Patte, David Lescot, Georges Lavaudant et Patrick Pineau avec, qui en 2016, il participe à L’art de la comédie de Eduardo de Filipo. Il accompagne beaucoup de premiers courts métrages comme récemment Première nuit  de Sylvain Certain. On le voit régulièrement au cinéma, notamment sa dernière apparition dans le film de Julie Delpy, Lolo.

Arthur Verret, formé au CNSAD de Paris de 2012 à 2015, il suit des cours de théâtre depuis 2009 et pratique la musique de longue date. En 2011 il joue dans Je suis un Monstre sur cette terre magnifique d’après les Brigands de Schiller. En 2012 dans Fragments d’un pays lointain de Jean Luc Lagarce mise en scène par Jean-Pierre Garnier et Prix Olga Horstig 2012, mise en scène par Pétronille de Saint-Rapt. En 2013 Europeana, une brève histoire du 20ème siècle de Patrick Ourednik, mis en scène par Raouf Rais. En 2016  Le misanthrope(s), portraits d’Alceste d’après Molière, mis en scène par Alexis Moati et Pierre Laneyrie (Cie Vol Plané). 2 autres projets sont en cours sur l’année 2017. L’abattage rituel de Gorge Mastromas de Dennis Kelly, mis en scène par Chloé Dabert et le Déluge sans animaux,  mis en scène par Sandrine Righeschi (Cie Demeter).

 

 

 

 

 

 

 

DÉTRUIRE, Jean-Luc Vincent, cie Les Roches Blanches

Détruire

Dans détruire, Marguerite Duras est sur scène. Là, devant nous, elle transforme la fiction romanesque de Détruire dit-elle en théâtre. Dans un hôtel isolé près d’une forêt, deux hommes et deux femmes se rencontrent. De ses quatre personnages, Duras dirait qu’ils sont des mutants, qu’ils aiment tout et tout le monde et veulent la fin du monde. Elle dirait que la destruction capitale de la société de classe, ou plutôt de l’être de classe, en passerait nécessairement par eux.

DÉTRUIRE

vendredi 3 mars à 20h30
samedi 4 mars à 20h30
dimanche 5 mars à 16h
lundi 6 mars à 20h30
// Toutes les représentations sont complètes //
DÉTRUIRE jouera le 21 mars au Théâtre de Vanves 

d’après Détruire dit-elle de Marguerite Duras  aux Éditions de Minuit
adaptation et mise en scène Jean-Luc Vincent 
collaboration artistique Anne-Elodie Sorlin
scénographie Magali Murbach
lumières Christian Pinaud
son Isabelle Fuchs
musique originale Christophe Rodomisto
costumes Séverine Thiébault
régie générale Yvon Julou
administration et diffusion Claire Nollez
attachée de presse Nadia Ahmane

jeu Édith Baldy, Isabelle Catalan, Xavier Deranlot, Julien Dérivaz, Airy RoutierAnne-Élodie Sorlin, et Jean-Luc Vincent

Production Les Roches Blanches ; Production déléguée  Comédie de Béthune, Centre Dramatique National des Hauts-de-France ; coproduction, accueil en résidence et création Studio-Théâtre de Vitry ; coproduction Théâtre Dijon Bourgogne, Centre Dramatique National ; Scènes du Golfe – Théâtres Arradon Vannes ; avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de la SPEDIDAM et du dispositif d’insertion de l’ESAD du THEATRE NATIONAL DE BRETAGNE Accompagnement production, diffusion, communication Maison Jaune

Le travail de répétitions a été amorcé grâce au Théâtre de Vanves, scène conventionnée, et grâce au Théâtre de la Bastille et à son soutien technique. Il a aussi bénéficié d’une résidence à La Ferme du Buisson / Scène nationale de Marne-la-Vallée. Une première étape de travail a été présentée en novembre 2015 au Jeune Théâtre National dans le cadre du festival FRAGMENT(S) #3, puis en juin 2016 au Théâtre 95 dans le cadre du Festival Jeune Création.


Je suis pour qu’on ferme toutes les facultés, toutes les universités, toutes les écoles. Profondément. On recommence tout. C’est l’esprit profond de Détruire, dit-elle. Le départ à zéro. Je suis pour qu’on oublie l’histoire. L’histoire de France, l’histoire du monde. Complètement. Qu’il n’y ait plus aucune mémoire de ce qui a été vécu. C’est-à-dire de l’intolérable. Sur tous les fronts, sur tous les points. Tout casser. Dans Détruire, j’essaie de situer le changement de l’homme, enfin le stade révolutionnaire au niveau de la vie intérieure. Je crois que si on ne fait pas ce pas intérieur, si l’homme ne change pas dans sa solitude, rien n’est possible. Toutes les révolutions seront truquées. Ça, je le crois profondément. Si vous ne consentez pas librement à la révolution, vous n’y consentez pas. C’est faux et tout est truqué. Ce n’est pas la peine de la faire. 

Marguerite Duras à propos du film Détruire dit-elle, 1969


les Roches Blanches 1

De la littérature, du théâtre et du cinéma, donc. Littérature, parce que l’auteure est présente et s’aventure devant nous dans l’inconnu de l’écriture. Théâtre parce que nous sommes bien dans l’espace abstrait de la représentation, marqué par l’absence de décor figuratif. Théâtre aussi parce que nous sommes dans la confiance absolue en la puissance imaginaire des mots et de la langue. Théâtre encore parce que le travail de la présence, du vide et de la disponibilité des acteurs, est central. Théâtre toujours parce que le mouvement de la mise en scène orchestre comme une chorégraphie invisible le mouvement des corps et des présences. Et cinéma encore pour le jeu, le son et les lumières : des voix off, de la musique, du noir et blanc, des effets spéciaux. Et cinéma surtout parce que Duras a osé, pensé, inventé un nouveau rapport du texte à l’image dans ses films, et donc un autre rapport à l’idée de représentation.

Pour porter ce projet, il ne fallait pas de simples interprètes, mais des artistes avec une grande autonomie et une grande singularité. Ma partenaire et amie des Chiens de Navarre : Anne-Elodie Sorlin. Mais aussi Isabelle Catalan, danseuse et chorégraphe, et également actrice de cinéma et réalisatrice. Xavier Déranlot, acteur (sorti de l’école du TNB il y a plus de dix ans), mais aussi vidéaste et performer dans sa propre compagnie (Fanadeep). Edith Baldy, actrice, mais aussi danseuse et performeuse. Airy Routier, comédien mais aussi metteur en scène. Et enfin Julien Derivaz, jeune acteur sorti de l’École du TNB en 2015. Une équipe, ou plutôt une bande, réunie autour d’une certaine maturité artistique et d’un goût commun pour la recherche, l’amusement et l’engagement artistique.

Jean-Luc Vincent


Détruire dit-elle est pour Duras un texte éminemment politique qu’elle écrit à la suite des événements de 1968. Pourtant, pas de grande tirade politique, pas d’idéologie explicite, mais des personnages qui errent, se rencontrent et discutent dans un hôtel aux allures de maison de repos, entouré d’une inquiétante forêt. Une fiction typiquement durasienne donc. Et pourtant s’y révèle aussi un récit de genre, un récit d’anticipation, d’horreur ou de science fiction. Stein et Alissa, des êtres mutants, sans âge et débarrassés de la notion de propriété, font du désir une force de contamination et de destruction positive. On assiste ainsi à l’achèvement de la mutation de Max Thor (le professeur qui n’a rien à enseigner et qui n’a plus d’élèves) et à la contamination d’Élisabeth Alione (la femme mariée en cure de sommeil) par ces trois mutants.

détruire est une adaptation. Parce que Détruire dit-elle est avant tout un livre, un texte mutant qui deviendra un film. En l’adaptant, j’ai voulu montrer le caractère hydride du texte et jouer avec la littérature du récit tout en donnant à voir des « scènes ». Jouer avec la représentation et le théâtre. Je voulais aussi mettre Duras sur scène. M’amuser avec le « monstre » Duras et son omniprésence dans ses livres, dans ses films, à la radio, à la télévision… Trouver une irrévérence et une distance nécessaires. Grâce à sa présence, on assiste au passage du livre à la représentation de la fiction, au théâtre.
détruire est un jeu. Un jeu avec les codes durassiens, un jeu avec la représentation, un jeu avec les genres. Un jeu inspiré des expériences cinématographiques de Duras elle-même. Pour se poser une question: quel progrès avons-nous fait aujourd’hui individuellement et collectivement dans cette « révolution intérieure » dont parle Duras et qu’elle juge être un préalable nécessaire à toute révolution politique ?


Les Roches Blanches est créée en septembre 2014. Elle n’a donc pas encore d’histoire, si ce n’est celle de sa création et celle de ses membres. Le nom « Les Roches Blanches » signifie assez l’importance qu’occupe Duras dans le projet même de la création de cette compagnie. Certes il n’y aura sans doute pas que Détruire, il y aura certainement d’autres textes et d’autres auteurs. Mais se placer sous le signe du Duras, c’est affirmer l’importance de la liberté, de l’imaginaire, de l’engagement et de la recherche artistique. C’est avoir le désir de trouver une « chambre à soi », un lieu où la création devient possible à la fois dans la sérénité et le tremblement.
La création de la compagnie s’est faite sous l’impulsion de Jean-Luc Vincent. Acteur et membre fondateur de la compagnie des Chiens de Navarre dirigé par Jean-Christophe Meurisse, il joue avec ce groupe sur de nombreuses scènes du théâtre subventionné en France et à l’étranger. Avec les Chiens de Navarre, il acquiert une puissante expérience d’acteur au sein d’un travail collectif iconoclaste et performatif qui l’amène à jouer notamment sur la scène des Bouffes du Nord ou celle du Théâtre du Rond-Point. Il poursuit par ailleurs une collaboration artistique riche avec le metteur en scène Bernard Levy pour lequel il travaille comme assistant et dramaturge depuis 2005. Il adapte notamment avec lui Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard, qui est joué au Théâtre National de Chaillot en 2008 avec Serge Merlin, ou participe à la création d’un diptyque Beckett : En attendant Godot et Fin de Partie au Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet à Paris en 2007 et 2009.
Fort de ces deux expériences, il décide de développer désormais son propre travail de metteur en scène – un travail qu’il a amorcé dès 2006 en étant artiste résident au Pavillon-Laboratoire de Recherche Artistique du Palais de Tokyo (pour lequel il conçoit et réalise plusieurs œuvres vidéos et installations). En octobre 2015, il présente Notes de cuisine de Rodrigo Garcia au théâtre de La Loge à Paris. Un travail plastique qui mêle théâtre et performance.
Le travail des Roches Blanches est un travail de groupe, fait des expériences d’acteurs/artistes curieux et singuliers. Un travail qui mêle à la fois le goût de Jean-Luc Vincent pour le texte, goût hérité non seulement de sa formation littéraire à l’École Normale Supérieure, mais aussi et surtout de son expérience comme assistant à la mise en scène et dramaturge, et son intérêt pour la recherche scénique, recherche qu’il a entamée notamment avec les Chiens de Navarre.


Jean-Luc Vincent est ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de Lettres Classiques, né en 1973. Il se forme comme comédien à l’École du Samovar (1998-2000). Il appartient à la compagnie Les Chiens de Navarre, dirigé par J.-C. Meurisse, depuis leur création en 2005 : leurs spectacles Une Raclette, Nous avons les machines, Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet et Quand je pense qu’on va vieillir ensemble sont joués à Paris et tournent en France et à l’étranger depuis 2010. Le Théâtre du Rond- Point leur a consacré un festival en février 2014 et leur nouvelle création (Les armoires normandes) a été créée au théâtre des Bouffes du Nord en mars 2015. En février 2016, il joue à Covent Garden à Londres un rôle parlé dans l’opéra bouffe français L’étoile d’Emmanuel Chabrier mis en scène par Mariame Clément. Récemment, on l’a vu au cinéma dans le rôle de Paul Claudel dans Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont avec Juliette Binoche (Berlinale 2013) ou dans Gaz de France de Benoit Forgeard (Sélection ACID, Cannes 2015). Il retrouve Bruno Dumont pour Ma loute (Sélection officielle, Festival de Cannes 2016), une comédie dans laquelle il joue aux côtés de Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valéria Bruni-Tedeschi. Il joue aussi dans Apnée de Jean-Christophe Meurisse (Semaine de la critique, Festival de Cannes 2016). Depuis 2005, il travaille comme dramaturge et assistant avec le metteur en scène Bernard Levy : Bérénice de Racine (Scène Nationale de Grenoble, 2006), Fin de partie et En attendant Godot de Samuel Beckett (Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, 2007 et 2009), Le neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard (Théâtre National de Chaillot, 2008), L’échange de Paul Claudel (Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, 2010), Histoire d’une vie de Aharon Appelfeld (Scène Nationale de Sénart, 2014). En 2006-2007, il est artiste résident (vidéo et performance) au Pavillon– Laboratoire de recherche artistique du Palais de Tokyo (Paris). Dans le cadre de cette résidence, il réalise deux installations vidéo : India S. pour l’exposition « L’Inde, peut-être » (Espace Louis Vuitton, avril 2007) et Feelings pour l’exposition Versus (Palais de Tokyo, juin 2007). Il commence alors à développer son propre travail de mise en scène. En 2014, il créé la compagnie Les Roches Blanches. Il présente en octobre 2015 une forme courte à partir de la pièce de Rodrigo Garcia, Notes de cuisine, au Théâtre de La Loge à Paris (avec Céline Fuhrer, Cédric Moreau et Maxence Tual).

Anne-Elodie Sorlin est née en 1975, formée au conservatoire du IXème arrondissement de Paris puis à l’école du Studio-Théâtre d’Asnières de 1994 à 2000, Anne-Élodie Sorlin reçoit un prix d’interprétation aux Espoirs du TBB, en 1997, pour le rôle de Véra dans Un dimanche à la campagne de Tourgueniev. La même année elle joue dans Don Juan ou la mort qui fait le trottoir de Montherlant au Théâtre de la Madeleine avec Georges Wilson, mise en scène par Jean-Luc Tardiez. À partir de 1999, elle fait partie de la troupe du Studio-Théâtre d’Asnières et joue notamment dans Barouf à Chioggia de Carlo Goldoni mis en scène par Jean-Louis Martin Barbaz et dans Bajazet de Racine mis en scène par Hervé van der Meulen. Très vite intéressée par le travail en compagnie, elle participe dès leurs débuts aux créations de la Cie du Souffleur (La Locandiera de Goldoni, 1997), de la Cie itinérante des Petits Pieds dirigée par Joséphine de Meaux (Médée d’Euripide, 2001 et L’équilibre de la croix de Valère Novarina, 2004). Elle est co-auteure et comédienne au sein de la compagnie Les Chiens de Navarre, dirigé par Jean- Christophe Meurisse, depuis leur création en 2005 et jusqu’à la création du spectacle Les armoires normandes (Théâtre des Bouffes du Nord, 2015). Elle travaille aussi avec Daniella Labbé-Cabrera au sein du collectif I am a bird now. Ensemble, elles conçoivent et interprètent un spectacle tout public, Le voyager record, joué au Studio-Théâtre d’Alfortville, au Théâtre de Vanves, et au Théâtre Paris-Villette en mai 2014 et au Théâtre du Jeu de Paume en septembre 2015. En septembre 2016, elle joue au Théâtre du Rond-Point dans Fumier mis en scène par Thomas Blanchard et elle collabore artistiquement à la performance BOUM de Xavier Déranlot. Au cinéma, elle tourne aux débuts des années 2000 dans les premiers courts-métrages d’Emmanuel Mouret. En 2003, elle tient le rôle féminin principal dans le premier long-métrage de Sébastien Gabriel, Et si je parle. Elle participe aussi à tous les films d’Orest Romero Morales et joue dans les films de son frère, Philippe-Emmanuel Sorlin. En 2013, on la voit dans le long-métrage Le Temps de l’aventure de Jérôme Bonnel (Rectangle Productions) et dans le moyen métrage Il est des nôtres de Jean-Christophe Meurisse (Ecce Films). En 2016 dans le premier court métrage de Xavier Déranlot, JOIE.

Edith Baldy après avoir suivi les cours du conservatoire de Béziers, elle intègre dans les années 90 la formation professionnelle du Conservatoire Régional de Montpellier. Elle rencontre Jean-Luc Vincent lors d’un stage en 2007, Parler et agir au cinéma, organisé par les Ateliers Nomades et dirigé par Laurence Ferreira Barbosa et Isabelle Catalan. Du milieu des années 90 au milieu des années 2000, elle travaille avec plusieurs compagnies montpelliéraines dans des projets qui mêlent théâtre et danse. En 2011, elle joue avec Jean-Luc Vincent dans le spectacle Œdipe sur la route, créé à partir du livre d’Henri Bauchau par la compagnie L’Hiver nu (Scènes Croisée de Lozère, reprise au Festival Chalon dans la rue). En 2012, elle collabore avec Xavier Déranlot et la Cie Fanadeep pour la création de la performance P.i paradise isle au Théâtre de Vanves. En 2015, elle joue dans Sick conçu et mis en scène par Alexis Armengol. Au cinéma, elle joue en 2013 dans le premier film d’Isabelle Catalan, Rage, librement inspiré de Médée de Sénèque et produit par le G.R.E.C. (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques).

Isabelle Catalan est danseuse, performeuse, comédienne et chorégraphe, elle a collaboré avec le Collectif 12 entre 1996 et 2003, elle y a créé le solo Prise en 2001, Fantômes en 2005 d’après La douleur de Marguerite Duras, L’imprudence en 2007 à l’issue d’un laboratoire de recherche et de création réunissant danseurs et comédiens, DIRTY d’après Le Bleu du ciel de Georges Bataille en 2011 et la performance Chaukemare en collaboration avec le musicien Sébastien Noiré en 2011. Elle est à l’origine de la pièce Exquis cadavre dont elle est l’interprète, avec le musicien Sébastien Noiré mise en scène et chorégraphiée par Jean Luc Vincent, Edith Baldy, Renaud Bertin, Nasser Martin Gousset, Aina Alegre, Lamya Régragui, Xavier Deranlot et Jeanne Candel en 2015. Elle a été également interprète notamment pour Marie Cambois, Nasser Martin Gousset, Fanadeep. Elle collabore comme chorégraphe, regard extérieur et à l’accompagnement physique des acteurs avec Jean Christophe Meurisse et Les Chiens de Navarre notamment pour la création collective Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet, Christophe Perton pour sa mise en scène de L’avantage avec les animaux c’est qu’ils t’aiment sans poser de question de Rodrigo Garcia, Xavier Deranlot/Fanadeep pour la performance Boum, Jeanne Candel pour l’opéra Brundibar, Daniela Labbé Cabrera et Aurélie Leroux pour la création de Chroma, Lucie Valon pour la création de Funny birds, la cinéaste Laurence Feirrera Barbosa dans le cadre de deux chantiers nomades, ainsi que comme dramaturge avec la chorégraphe Aina Alegre. Au cinéma, elle a chorégraphié les séquences dansées du film Cap Nord, long-métrage de Sandrine Rinaldi. Elle a joué dans quatre films courts et long d’Olivier Séror avec qui elle a également collaboré comme co-scénariste notamment pour l’écriture de L’expérience long métrage en production. En 2013, lauréate du programme Hors les murs de l’institut français elle a écrit et réalisé Rage une fiction de 52 minutes produite par le G.R.EC., adaptation de Médée de Sénèque tournée à Los Angeles et dans le désert du Mojave.

Xavier Déranlot né en 1975, il se forme comme acteur à l’École du Théâtre National de Bretagne. Il y travaille notamment avec les metteurs en scène Claude Régy, Mathias Langhoff, François Verret et les chorégraphes Catherine Diverrès et Bernardo Montet. À partir de 2000, il joue dans de nombreuses pièces. Il crée notamment le rôle de Richard dans Le pire du troupeau de Christophe Honoré, puis participe au projet européen L’École des Maîtres avec le metteur en scène Giam Carlo Cobelli et la chanteuse Giovanna Marini pendant deux ans en Italie. Il interprète alors le rôle du Docteur dans Woyzeck de G. Büchner. Décidé à mener son propre travail aux croisements de plusieurs disciplines plutôt que de rester acteur, il crée en 2004 la Cie Fanadeep. Il se renomme alors Mr X. et met en scène Le Village en flammes de R.W. Fassbinder pour le festival de jeune création du Théâtre du Soleil. De 2006 à 2012, il est rejoint dans son projet par Julien Herrault alias Mr J. En 2008, il adapte, met en scène et interprète le texte Fils de D. de Franck Meyrous à la première édition du Next International Arts Festival. En 2009, Fanadeep est lauréat de la résidence Les inclassables de l’Institut Français et du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, à Montréal. S’en suivent plusieurs pièces performatives, expositions photos et vidéos d’art (A.H aptitude héréditaire ; P.i paradise isle ; Les Cornes du Diable ; Possession & more ; Je veux tout le temps mourir au moins j’y arrive à chaque fois). En 2014, sur une proposition de Paris dernière pour la chaîne Paris Première, il adapte Possession pour la télé. De 2014 à 2015, il écrit BOUM, un solo joué au Carreau du Temple au Jerk-Off festival et à l’UNSECO dans le cadre de la Nuit de la Philosophie à Paris. En 2016, il tourne pour Dominic Savage aux côtés de Gemma Arterton, réalise son premier court métrage JOIE et écrit la seconde partie de la pièce BOUM qui sera interprétée par Anne-Elodie Sorlin.

Julien Derivaz après une licence en sciences cognitives et des années de théâtre en amateur, Julien Derivaz, né en 1987, suit une formation d’acteur au Conservatoire Régional de Lyon. Il entame des projets professionnels en Rhône-Alpes, puis intègre l’École du Théatre National de Bretagne à Rennes (2012-2015). Il collabore avec Éric Lacascade à l’École du Théatre d’Art de Moscou, avec Daria Lippi à la Fabrique Autonome des Acteurs et participe à des stages menés par Marcial Di Fonzo Bo, Arnaud Pirault, Célie Pauthe, Richard Brunel. Il fonde avec huit de ses collègues de promotion le collectif BAJOUR, qui a présenté en novembre 2016 Un homme qui fume c’est plus sain, à Rennes (TNB/La Paillette) et Brest (Le Quartz/la Maison du Théâtre). En 2016/17, il apparaît dans un opéra mis en scène par Anna Teresa de Keersmaeker, mène divers ateliers pédagogiques (Conservatoire de Brest, Sam’Aide entreprise adaptée, École Primaire à Rennes) et joue dans Baisse les yeux !, spectacle jeune public, à Brest, avec la compagnie Théâtre du Grain et dans Amours et solitudes mis en scène par Frank Vercruyssen du TG Stan lors des Talents Adami Paroles d’acteurs, dans le cadre du Festival d’Automne.

Airy Routier Après la Classe libre du cours Florent, l’atelier de Blanche Salan/Paul Weaver et l’Ecole du Théâtre National de Chaillot, il se forme lors d’ateliers auprès de Jean-François Sivadier ou d’Anatoli Vassiliev. Au théâtre il a joué dans des spectacles de Lukas Hemleb Je suis le vent de Jon fosse, de Galin Stoev Le triomphe de l’amour, Émilie Anna-Maillet, Franck Manzoni, Philippe Carbonneaux, Pierre Yves Chapalain, Sophie Renauld, Yves Chenevoy, Sava Lolov, Nicolas Moreau, Fabrice Heberard, Max Denes, etc. Il jouera en 2017 sous la direction de Julia Vidit dans Dernières pailles, de Guillaume Cayet. Directeur artistique de la compagnie du Hérisson, il met en scène au Théâtre Paris Villette : Idiots d’après Dostoïevski, Trouée dans les nuages de Chi Li, Faust de Goethe, La Nuit juste avant les forêts de Koltès. Il met également en scène Mémoires d’un fou de Flaubert, L’immortel de Jorge Luis Borges. Il prépare actuellement un monologue adapté du roman Mes amis d’Emmanuel Bove. Pour le cinéma et la télévision, il a joué sous la direction de Marc Dugain, Étienne Chatillez, Philippe-Emmanuel Sorlin, Jean-Pierre Mocky, Didier Le Pêcheur, Joaquim Lafosse, Serge Moati, Chantal Richard, Denys Granier-Deferre, Patrick Dewolf, Nina Companeez, Emmanuel Parraud, Stan Neumann, Vincent Lobelle, Caroline Chomienne, Bénédicte Brunet, etc. Il écrit, réalise et autoproduit Le fils de l’éléphant et Entre les gouttes, court métrage soutenu par la Région Basse Normandie (2013).

L’art du théâtre, Julien Bouffier /Pascal Rambert

Vignette site Bouffier

© Marc Ginot


Le Studio-Théâtre et le Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine sont associés depuis septembre 2015 pour le soutien et l’accompagnement de jeunes compagnies. L’ART DU THÉÂTRE est le deuxième spectacle que nous présentons dans ce cadre, et nous sommes heureux d’accueillir Julien Bouffier avec ce court texte de Pascal Rambert. Déclaration d’amour pour un théâtre vivant et violent, affranchi de tout jeu social, L’art du théâtre n’est pas sans rappeler, selon Julien Bouffier, les fulgurances romantiques du Lorenzaccio d’Alfred de Musset…

vendredi 11 décembre 20h30
samedi 12 décembre 20h30
dimanche 13 décembre 17h30
au STUDIO-THÉÂTRE

L’ART DU THÉÂTRE

de Pascal Rambert publié aux Éditions les Solitaires Intempestifs
mise en scène Julien Bouffier
avec Alex Selmane et Alex Jacob
scénographie Emmanuelle Debeusscher et Julien Bouffier
création musicale Alex Jacob
vidéo Julien Bouffier
lumières Christophe Mazet
chargée de production Nathalie Carcenac
chargée de diffusion Claire Fournié

durée 50 minutes – à partir de 14 ans – création 2015

production Compagnie Adesso e sempre, co-programmation Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar
ce spectacle a reçu lors de sa création le soutien de Réseau en scène Languedoc-Roussillon et de la Spedidam.
remerciements à Domaine d’O, hTh CDN Montpellier, La Salle 3.
la Compagnie Adesso e Sempre est subventionnée par le Ministère de la Culture -DRAC L-R, la Région Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier.

logo theatre jean vilar vitry-noir

lecture de Répétition, texte de Pascal Rambert lors de la présentation de saison du Théâtre Jean-Vilar, juin 2015

Un manifeste

PASCAL RAMBERT : « L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
ALFRED DE MUSSET : « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge. »

Pascal Rambert écrit une vraie fausse leçon de théâtre que donnerait un acteur à un chien. Pourquoi un chien ? Évidemment des expressions de théâtre nous reviennent : « Quel cabot cet acteur ! » et on connaît le pouvoir d’un animal sur un plateau, il aimante tous les regards. Il ne joue pas, il est juste là, ici et maintenant. Alors qui donne la leçon à qui ? Qui se confie sur la difficulté de renouveler chaque jour une présence du premier jour, du premier instant ?
Qui demande à l’autre de l’attention ? Qui est le chien ? Y-a-t-il seulement un chien ?
Cet acteur est loin d’être un débutant. Il a beaucoup joué mais ne se reconnaît plus dans la pratique dominante de son métier. Est-ce son aigreur qui alimente son ironie ou est-il le seul à percevoir que le théâtre est malade ?
Alfred de Musset, au XIXème siècle, établit le même constat et décide de ne plus écrire du théâtre pour la scène. Son Lorenzaccio, en particulier, refuse les règles de la représentation théâtrale comme celles de la société. Des extraits sont joués par les deux interprètes autant pour leur valeur de miroir que de mise en jeu pour l’acteur de Rambert. Ainsi, nous avons une figure démultipliée allant du dandy romantique à celui contemporain « Rambertien ».


Une déclaration d’amour

Cet acteur intransigeant utilise l’insolence pour mieux déployer sa quête d’absolu. La cible qu’il vise est plus large que celle du théâtre. Ou plutôt est-ce la portée qu’on assigne au Théâtre qui est plus étendue ? Le Théâtre qu’il défend est avant tout amour. Ce n’est pas un art de classe ni un plaisir onaniste. Jouer est un acte charnel.
« L’art du théâtre réclame que l’on jouisse. Il faut jouir. Il faut faire jouir. La vie est assommante. Il faut faire sortir les larmes. »
L’acteur de Pascal Rambert fait une déclaration d’amour au théâtre et au public. On oublierait même qu’il est acteur. Il nous apparaît comme un amant. Un amant délaissé. Cet amant malheureux dialogue avec un chien pour mieux encore percevoir sa solitude face au « meilleur ami de l’homme ». Le chien ne lui répondra pas, il le sait. Cette déclaration d’amour n’attend pas de réponse.

Un théâtre adressé

Une des premières questions que je remets en jeu à chaque projet, est, comment cette fois-ci, s’adresse-t-on au public ? Elle décide bien évidemment de la théâtralité que nous allons choisir. Elle est souvent l’enjeu pour moi de mon rapport à la tradition et donc à la modernité. La projection de la voix au théâtre empêche le plus souvent mon imaginaire de fonctionner. Quand je suis spectateur au théâtre, je peux parfois l’oublier  mais, en ce qui concerne mes spectacles, non. Très attaché au schéma d’identification produit par le cinéma, depuis de nombreuses années, je cherche mon chemin entre un théâtre sensible, onirique et une théâtralité assumée nous faisant basculer  à la réflexion le par choc de l’émotion.
La présence de la voix amplifiée permet à l’acteur de n’exister que dans l’engagement physique. Le corps de l’acteur est ainsi bien présent et le filtre de la voix amplifiée brise la distance du cadre de scène.
Je voudrais expérimenter aujourd’hui le rapport traditionnel de perception de la voix. Une voix, un corps qui nous regarde. Une frontalité assumée, sans masque qui éloigne tout spectaculaire. Je suis à la recherche d’un théâtre qui s’adresse à chacun de nous, sensible, introspectif et émancipateur.
Avec l’acteur Alex Selmane, nous avons déjà traversé ensemble l’œuvre de Pascal Rambert (il était le Pascal du Début de l’A en 2003). Sa présence de chien fou exhale tout à la fois une violence sourde et une mélancolie désarmante.

Entre surexposition et invisibilité

Face au public, un rectangle blanc de la taille d’un cercueil posé au sol au centre du plateau. Une boîte-écran de cinquante centimètres de profondeur d’où dépasse à son sommet de la terre, du charbon. Du lointain, des planches conduisent jusqu’au toit de ce monolithe blanc de plus d’un mètre de haut.
De cet espace en noir et blanc, passant de la lumière crue des néons à la noirceur de la pénombre, nous assistons au procédé photographique du développement, de la révélation chimique, mais le sujet est instable et l’image, difficile à fixer. L’acteur est toujours en déséquilibre, cherche le cadre, en quête d’appui dans un espace précaire.
Alex Jacob, chanteur et guitariste du Skeleton Band, l’accompagne dans le jeu. Cet autre, habité par les mêmes doutes, n’est pas un double. Il est plutôt sa mise en abîme.
Parfois l’acteur et le musicien interprètent ensemble des extraits de Lorenzaccio, ils associent leur solitude pour retrouver le sens de leur fonction, de leur rôle. La figure péremptoire de Lorenzo oscille entre une ironie très proche du personnage de l’Art du Théâtre et la dénonciation de la société dans laquelle il évolue.
À « L’art du théâtre se transmet dans le sang. (…) Prends-moi mon sang. Avale mon sang. Rentre-toi mon sang dans toi. Refile le sang que je t’ai donné à un autre.» que prône l’acteur de Rambert, Musset, par la bouche de Lorenzo lui répond « Ouvre-lui les entrailles ! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons ! J’en ai jusqu’au coude. Fouille dans la gorge ».
La superposition des deux œuvres, leur noirceur commune, cette animalité, leur sens de la provocation  révèlent le romantisme de l’écriture de Rambert dans une fougue revigorante.
Alex Jacob nourrit le spectacle de son rock de fête foraine à la fois mystérieux et cabossé. Sa guitare électrique et son chant amplifié se confrontent à la voix nue d’Alex Selmane dans un combat où chacun provoque l’autre dans ses retranchements.

Des images carbonisées

Sur le plateau, une caméra filme l’acteur nous le donnant à voir alors qu’il nous est caché. Il connaît sa présence et il joue avec. C’est son métier de jouer avec les cadres. Cette caméra est fixe et offre un angle interdit au public, celui du lointain, de l’oubli de l’acteur, de son repli.
S’ajoutent des images filmées antérieurement qui figurent le rapport aux éléments, qui relient les corps des interprètes en représentation (et donc fictionnels), à la nature, à la sève du réel.
Cette image est très contrastée, en noir et blanc aussi. Elle a le grain d’une photographie sous exposée, charbonneuse, floue. Cette image consumée, carbonisée parle du feu passé, de nos entrailles, de nos motivations, de nos racines.


Julien Bouffier dirige la compagnie Adesso e sempre depuis sa création en 1991 en Languedoc-Roussillon. Comédien et metteur en scène, il a été formé par Jean-Michel Winling, Philippe Girard, Redjep Mitrovitsa et Yves Steinmetz. Depuis 1991, il a monté Angèle Box de Durringer, Squatt de Jean-Pierre Milovanoff, Suerte de Claude Lucas, Narcisse Autobiographie – commandée à Bernard Pingaud, Joseph Danan, Jean-Marc Lanteri, Hernani de Victor Hugo, La nuit je mens inspirée de l’œuvre de Sophie Calle, Le Début de l’A. de Pascal Rambert, Nos Nuits américaines, diptyque sur la désillusion du rêve américain (1ère partie : L’Échange de Paul Claudel, 2ème partie : Remember the Misfits), Perlino Comment de Fabrice Melquiot, Les Yeux rouges de Dominique Féret. En 1997, il se consacre à Suerte de Claude Lucas qui obtient le prix de la jeune création au Festival d’Alès. C’est ce spectacle « peep-show » qui le distinguera, au-delà de la région Languedoc- Roussillon. L’état reconnaît son travail et signe une convention avec la compagnie, qui est accueillie dans le même temps par la Scène nationale de Sète jusqu’en 2004. En 2007, la compagnie entre en résidence pour trois années au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier Languedoc- Roussillon. En 2007 et 2008, il y crée Les Vivants et les Morts (saison 1 et saison 2) de Gérard Mordillat. En mars 2009, il lance la première édition du festival Hybrides dans le cadre de la résidence de la compagnie au théâtre des Treize Vents, CDN de
Montpellier L-R. Dix lieux montpelliérains s’associent à cette première édition, La Chartreuse / CNES à Villeneuve-lès-Avignon, Kawenga, le Théâtre de l’Université Paul Valéry, le Crous / Trioletto de Montpellier, l’École supérieure d’art dramatique de Montpellier Agglomération, le Frac Languedoc-Roussillon, le Rockstore, le Diagonal, la Chapelle, la Fnac de
Montpellier. En avril 2013, le festival Hybrides est à sa cinquième édition, et rassemble douze lieux et onze organismes partenaires et institutionnels de Montpellier et son Agglomération. En octobre 2009, Julien Bouffier crée Hiroshima mon amour de Marguerite Duras au théâtre des Treize Vents, CDN de Montpellier L-R. En janvier 2011, il crée Costa Le Rouge, d’après le texte de Sylvain Levey dans cinq théâtres du Val-de-Marne. En janvier 2010, la Compagnie entre en résidence au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier pour deux années. En mars 2011, dans le cadre du festival Hybrides 3, il crée MANIFESTEment à Montpellier, la première partie d’une pièce en trois volets Les Témoins qui s’est jouée en octobre 2012 au théâtre Jean-Vilar de Montpellier. La compagnie est également en compagnonnage avec le théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine depuis 2009. Le travail développé est axé sur le monde du travail en adéquation avec le projet du lieu. En 2013, la résidence longue au théâtre Jean-Vilar de la Ville de Montpellier s’achève. La même année, Julien Bouffier crée Le jour où j’ai acheté ton mépris au Virgin Megastore en région parisienne : à L’Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay, et au théâtre Jean-Vilar de Vitry. La sixième édition du festival Hybrides, du 9 au 19 avril 2014, s’est inscrite dans le cadre de la plénière du réseau IETM à Montpellier ; elle a rassemblé neuf lieux partenaires de la Ville.

Alex Selmane, se forme auprès de Philippe Adrien, Daniel Mesguich et Philippe Duclos. Acteur professionnel depuis 1983. Alex Selmane a travaillé avec : – Jean-Marc Bourg dans Richard II de Shakespeare (1995), Casimir et Caroline d’Odon Von Horvath, Antigone de Sophocle (1998), Pas bouger d’Emmanuel Darley (2000) puis L’Entrée des musiciens de Michaël Glück et Cendres sur les mains de Laurent Gaudé (2001), Six hommes grimpent sur la colline de Gilles Granouillet (2004) – Julien Bouffier dans Trilogie Joseph Danan (1996), Le Début de l’A. de Pascal Rambert (2002) – Patrik Haggiag dans Le Chant des chants (1996), La Trilogie de la villégiature de Goldoni (2007) – Gilbert Rouvière dans la trilogie Dormir, mourir, rêver peut-être d’après Copi, Shakespeare et Christine Angot (1996), Mon royaume pour un canal de Guy Vassal (1998) – Dag Jeanneret dans Au bout du comptoir, la mer, monologue de Serge Valetti (1997), Cendres de cailloux de Daniel Danis (2000) – Jean-Claude Fall dans Les Trois Sœurs de Tchekhov (2000), La Décision et Mauser de Bertolt Brecht et Heiner Muller (2002), Richard III et Le Roi Lear de Shakespeare (2008) – Michel Belletante dans L’Autre, monologue de Brahim Bendhari (2003) – Pierre Astrié dans Hôtel Sinclair (2004) et Fou de la Reine (2007) dont il est l’auteur – Guy Delamotte dans La Terre aux oliviers ! Écrire la Palestine (laboratoire théâtral) de Philippe Ducros et Mohamed Kacimi (2005), Plus loin que loin de Zinnie Harris (2006), L’Affiche de Philippe Ducros (2009), Tristesse animal noir d’Anja Hilling (2014) – Nicolas Oton dans Platonov de Tchekov (2010) – Fredéric Roustand et Christophe Lombard dans King A., opéra des champs de Purcell (2010) – Luc Sabot dans Le Pays lointain de Jean-Luc Lagarce (2012) – Patrick Sueur dans Monsieur Le d’Emmanuel Darley (2012) – en collaboration artistique avec Michel Quidu dans Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier (2013), monologue/projet personnel. En 2000, commande d’écriture à Emmanuel Darley de Qui va là ?, monologue joué à domicile de 2001 à 2003. Mises en scène de La Pièce du scirocco de Jean-Loup Rivière et diverses mises en espace.

Alex Jacob est né en 1986, il a suivi des études théâtrales à l’université Paul Valéry ainsi qu’au Conservatoire d’art dramatique de Montpellier. Il obtient un Master Arts du Spectacle Théâtre. Il s’intéresse durant ces années à la musique et fonde en 2007 Le Skeleton Band. Il chante, joue de la guitare et du banjo. Son univers musical navigue entre le blues, le bastringue et le rock’n’roll. On y entend des élans cinématographiques et des humeurs de musique latine. Depuis la sortie de son premier album, Preacher Blues, le groupe tourne très régulièrement en France et en Europe. Leur deuxième disque, Bella Mascarade, a eu une reconnaissance de leurs pairs (Printemps de Bourges, Chaînon manquant). La Castagne, sorti en avril 2014, a reçu un bel accueil de la part des publics et des critiques. Le Skeleton Band a composé de nombreuses bandes-son pour le théâtre, la radio ou le cinéma. En 2012, le groupe a participé à un spectacle d’Adesso e sempre, Épreuves. Aujourd’hui, Alex Jacob poursuit la création musicale avec son groupe, en France ou à l’étranger, avec un désir de confronter ses chansons aux publics.

Emmanuelle Debeusscher, scénographe, constructrice, régisseur  plateau, est membre fondateur de la compagnie Adesso e sempre. Conçoit et réalise la plupart des décors des
mises en scène de Julien Bouffier depuis 1994, dont quatre d’entre eux avec le soutien de l’atelier de construction du Centre dramatique national / théâtre des Treize Vents. Elle poursuit un travail régulier avec la chorégraphe Hélène Cathala depuis 2002. Assiste Gillone Brun et Julien Bureau, scénographes de Jean-Marc Bourg En une quinzaine d’années, elle crée des espaces ou des éléments de plateau pour Marc Baylet, Yann Lheureux, Fabrice Ramalingom, Claire Le Michel, Florence Saul, Fabrice Andrivon, Christophe Laluque, Frédéric Borie, Lonely Circus, Anna Delbos Zamore, Claire Engel. Aujourd’hui, elle engage un travail avec Hélène Soulié, Mitia Fedotenko, et bientôt Vanessa Liautey. En 2010 et 2012, elle intervient à la faculté Paul Valéry de Montpellier, auprès de Licence 3 et Licence 2 pour mener un atelier de pratiques scénographique. Récemment, elle a participé à l’élaboration d’une pièce en trois dimensions du peintre André Cervera, et à la mise en espace de l’exposition de Guillaume Robert, vidéaste-plasticien.

Christophe Mazet Concepteur Lumière, se consacre depuis vingt cinq années au travail de l’éclairage. À ses débuts, il collabore avec de nombreuses formations musicales avec lesquelles il crée les lumières et part exercer sa profession dans différents continents comme l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Dix années au cours desquelles il enrichit son expérience artistique et professionnelle avec des groupes musicaux tels que Rinôcèrose, Digitalis’m, The shoes, Superfunk, Souad Massi, Les Négresses vertes, Dimoné, Enzo Enzo, Le grand David, Regg’lyss, The Chase, Lunatic Age, Les Acrobates, Roé, Denis Fournier, Laurent Montagne, Pascal Corriu… ainsi qu’une trentaine d’autres formations. Son approche singulière de la lumière l’amène au théâtre, où il collabore avec Julien Bouffier depuis 2002 en résidence au Centre dramatique national des Treize Vents (Montpellier). Il travaille aussi avec Jacques Allaire et la Scène nationale de Sète depuis 2003, ainsi qu’avec les metteurs en scène tels que Jean-Marc Bourg, Bela Czuppon, Bernadette Bindaude, Yves Gourmelon, Alain Béhar, Gilbert Rouvière, Claire Engel, Flavio Polizzy, Lucas Franceschi… En danse, il signe la création lumière du spectacle de Mathilde Monnier Rino in Dance au Zénith de Montpellier en septembre 2007. En Août 2009, il crée la société MB Conceptlight spécialisée dans l’éclairage architectural et muséographique. Ce qui lui permet de signer en septembre 2009, la mise en lumière du Grand Palais (Paris) pour l’événement La Nuit Electro. Son travail depuis toujours s’attache à trouver la lumière juste pour chaque projet, celle qui donne du sens.

La compagnie Adesso e sempre est née dans la tête de dix lycéens sortis des cours de théâtre des comédiens d’Antoine Vitez au lycée Molière à Paris, il y a plus de 20 ans. Après la représentation de leur première création à Clermontl’Hérault, ils font le pari de s’installer dans l’Hérault pour éprouver plus simplement leur rapport au public. Après six ans de résidence à la Scène nationale de Sète, la compagnie, dirigée par Julien Bouffier, est associée au théâtre des Treize Vents, Centre dramatique national de Montpellier L-R, pendant trois ans puis au théâtre Jean Vilar de Montpellier pendant deux ans et en compagnonnage avec le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine pendant quatre ans. Pour suivre l’actualité de la compagnie Adesso e sempre.

Presse

— Bruno Paternot, dans Inferno Entretien : Julien Bouffier, voyage à l’intérieur

— Jean-Marie Dinh dans La Marseillaise Un souffle pour dire

— L’Humanité
Pascal Rambert se joue de l’art du théâtre comme de celui de la fugue. Par
son refus du théâtre avec un « T » majuscule, celui qui s’abreuve de
conventions, il défend un théâtre nourri de la respiration et de la chair
du présent.
Dans un dispositif scénique ciselé comme un diamant noir, Alex Selmane,
l’acteur, et Alex Jacob, le chanteur/ guitariste du groupe de rock Le
Skeleton Band, engagent leur souffle et leur corps et déclarent leur
passion du vivant, du théâtre et de l’amour.

« (…) Alex Selmane est touchant, dévoilant avec pudeur force et
fragilité. À ses côtés, Alex Jacob se révèle au il des accords dissonants.
Son allure mystérieuse donne chair à un personnage virtuel. »

 

REVUE INCISE

maquette couv Incise 3

REVUE INCISE est née à Vitry-sur-Seine au Studio-Théâtre de Vitry et y a passé 3 ans. Son quatrième numéro se prépare maintenant depuis Gennevilliers (Théâtre de Gennevilliers). A retrouver en septembre comme chaque année. D’ici là vous pouvez suivre l’actualité de la revue, retrouver la liste des librairies qui la diffusent ou la commander en ligne (bientôt) ici.

L’un des paradoxes étonnants de la vie théâtrale actuelle réside dans l’absence de débat (esthétique, politique, sensible) qui accompagne la création, à un moment où les termes de résistance, d’engagement, de radicalité ou d’exigence circulent beaucoup. Tout le monde se plaint mais on se parle peu. Et toute parole critique semble bannie, ravalée par la peur de déplaire. Ce constat qui n’est pas vraiment nouveau était déjà à l’origine de notre candidature à la direction du Studio-Théâtre, que nous entendions comme une façon d’ouvrir un dialogue manquant. De fait l’accueil et la rencontre d’équipes portant d’autres visions du théâtre que la nôtre nous a donné de l’air, et je ne pense pas exagérer en disant que cette pratique de la rencontre a sensiblement déplacé notre travail de création. Il nous a paru aujourd’hui nécessaire de pousser un peu plus loin cette exigence en créant une revue, non de théâtre, mais depuis le théâtre. Que le Studio-Théâtre ouvre un lieu de pensée et d’échange, indépendant, avec l’idée d’une contribution active au débat critique général, concernant aussi bien la pratique théâtrale que des questions plus larges, dans le domaine de la pensée, de la littérature ou des arts.

C’est ainsi que REVUE INCISE est née, menée par Diane Scott dont la réflexion critique, stimulante et libre, donne le ton et l’esprit.

Daniel Jeanneteau


REVUE INCISE 3

(…)
Nous reviendrons foule sans nombre,
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons nous serrant les mains.

La mort portera la bannière ;
Le drapeau noir crêpe de sang ;
Et pourpre fleurira la terre,
Libre sous le ciel flamboyant.

Louise Michel
Chanson des prisons, mai 1871

Mobilisations sociales à peine suspendues par l’été, montée qu’on dirait sans limite de la xénophobie en France, crise historique du droit d’asile en Europe : notre entrée dans le théâtre et le monde par la question « Qu’est-ce qu’un lieu ? » résonne beaucoup cette année, même un peu trop.

Par rapport à « l’actualité », l’espace d’une revue est un lieu particulier : il permet qu’elle se fasse histoire. Non pas monument, mais écart et pensée. Ce numéro 3 s’y emploie. Et, par chance, l’histoire s’excède ici en poèmes, aussi.

Construire des lieux communs pour l’esprit, lire nos objets de l’art, penser notre manière même de lire, et puis écrire: New York, les années 1980, la culture elle-même… Ce numéro 3 creuse son incise, engagée, ouverte.

Diane Scott


Actualités 

Le N°3 est disponible en librairie depuis le 15 septembre 2016.

– vous pouvez acheter REVUE INCISE ici

– vous pouvez suivre l’actualité de REVUE INCISE sur Facebook


SOMMAIRE

À QUOI BON ENCORE L’UNIVERSITÉ ? UN TEXTE D’HUMEUR
Antonia Birnbaum
+
LES VAGABONDES
Alain Béhar
+
FAIRE DES LISTES —THÉÂTRE ET HISTOIRE
Diane Scott
+
L’ART LATINO-AMÉRICAIN N’EXISTE (TOUJOURS) PAS
Annabel Tournon
+
ÉTATS-UNIS VERSUS AMÉRIQUE LATINE
Marta Traba, traduit par Annabela Tournon
+
À LA RECHERCHE DU SIGNE PERDU
Marta Traba, traduit par Annabela Tournon
+
LA MÉTHODE SANS MAÎTRE, OU COMMENT CUISINER LES ABSTRACTIONS
Florent Lahache
+
TRIANGULER BRECHT
Fredric Jameson, 3e chapitre de Brecht and Method, traduit par Florent Lahache
+
POÉSIE CLASSE MOYENNE
Gilles Amalvi
+
AU HAUT DU VIEIL HÔTEL
Joseph Mitchell, traduit par François Tizon

et un petit cahier de jeux disséminé


EXTRAITS

Antonia Birnbaum : À quoi bon encore l’université ?
Aujourd’hui, la question «à quoi bon encore l’université ? » est posée à plusieurs titres. Il y a ceux qui la posent pour nous inviter à la déserter. Il y a ceux qui la posent pour la défendre. Il y a ceux qui les premiers en dictent les termes, et qui possèdent déjà la réponse, à savoir les tenants d’un pouvoir au service de la rationalité économique et du contrôle permanent de tous qui informent sa logique. Dans les remarques qui suivent, je voudrais tenter de nommer le malaise que j’éprouve à enseigner aujourd’hui en université. J’écris donc un texte d’humeur.

Alain Béhar : Les Vagabondes
C’est au Théâtre Molière, la prise de son est catastrophique mais joyeuse – on entend un brouhaha de gens en colère dans les coursives et Françoise court dans tous les sens pour essayer d’obtenir le silence – le décor ne tient pas sur la scène en pente. Le jardin, la cour, le grillage, le bâtiment en fils, le cheval blanc, les cinq poutres de La Dernière Image et la première pierre du Centre Dramatique Potentiel, tout glisse vers la fosse et Roland refuse de fixer quoi que ce soit. On monte, on descend, on remonte des choses, on fait rouler des kilos d’oranges à jus de haut en bas. On rit beaucoup. Caroline fait de la luge avec Suzanne sur des bouts de moquettes, mais c’est annulé à cause du couvre-feu. Alors on creuse à quelques-uns pendant l’entracte un tunnel sous la fosse d’orchestre jusqu’au bar d’en face, le Roule ma poule, rebaptisé pour l’occasion L’Eldorado des récalcitrants. Une chorale nomade d’enfants sédentaires y chante une version quasi slamée d’Agamemnon. Bien sûr, même sur invitation, on imagine mal entrer à 850 au bar d’en face, tous les volets fermés, même nus, même avec le décalage horaire. Aux environs de Saint-Pierre-et-Miquelon, il est six heures de moins au bar d’en face.

Diane Scott : Faire des listes — théâtre et histoire
Tout ceci se déploie sous l’égide d’un énoncé-maître qui a intensément cours depuis les années 1990 : le théâtre pense. Énoncé qui est la trame d’une revendication à double fond : 1) le théâtre n’est pas du spectacle, il est autre chose que du divertissement, il a trait à l’esprit et c’est à ce titre qu’il mérite du public (dans les deux sens du mot – qu’il faut aller voir ces spectacles et qu’il faut les subventionner) ; 2) c’est depuis la pensée que nous pourrons régénérer notre rapport au politique, miné par le consumérisme, la dépolitisation et la droite extrémiste.

Annabela Tournon : l’Art Latino-Américain n’existe (toujours) pas 
Faire circuler la pensée de Marta Traba en français aujourd’hui nous a semblé pertinent pour deux raisons principales : d’une part, parce que sa position permet de nuancer la représentation caricaturale du modernisme qu’un certain nombre d’études sur l’art contemporain tendent, par la négative, à fixer ; d’autre part, parce qu’elle permet de discuter la position «humaniste» défendue par un certain nombre de médias de gauche au sujet de l’art et de la politique.

Marta Traba : États-Unis versus Amérique Latine à la recherche du signe perdu — traduit par Annabela Tournon
Reprenant Freud là où ce dernier considère que malheur et répression doivent nécessairement exister pour que prévale la civilisation, Marcuse inspire une révolution libératrice dont il reste le penseur le plus dévoué. Les contributions de la plus jeune critique nord-américaine, Susan Sontag, ne sont pas étrangères à tout cela, quand elle en appelle à une érotisation de l’approche et du jugement critique. Cependant, la libération sexuelle qui s’est produite aux États-Unis sur de nombreux plans n’a pas débouché sur l’érotisme, mais sur la représentation libérée de la sexualité ou sur la tolérance totale de la pornographie.

Florent Lahache : la méthode sans maître, ou comment cuisiner les abstractions
En un sens, le matérialisme brechtien a quelque chose d’un remède-poison, d’un pharmakon marxiste : une anti-pensée destinée à radicaliser la pensée, à défaire la dimension trop générique des raisonnements, à en déloger les aspects autoritaires. Son adversaire, ce sont les effets d’intimidation produits par les énoncés de savoir – ce qui paralyse la réflexion à l’intérieur même de la réflexion. À ce titre, la méthode brechtienne s’op- pose aussi bien aux procédures de la généralisation qu’à celles de la spécialisation, de l’expertise, aux figures de l’intellectuel en petit propriétaire de son domaine.

Fredric Jameson : Trianguler Brecht — traduit par Florent Lahache
Dans un cas comme dans l’autre, nous aurons délivré Brecht d’une conception du modernisme désormais convenue (le style remarquablement subjectif, l’attitude typiquement ironique) ; mais, par la même occasion, nous nous trouvons dans l’incapacité de définir une caractéristique que chacun peut reconnaître, y compris les non-germanophones : les qualités sèches, spirituel- les et ironiques de son usage de la langue, qui poussent à ajouter Brecht à la liste proposée par Nietzsche (dans un esprit relativement anti-allemand) des trois meilleurs livres allemands (la Bible de Luther, les Conversations de Goethe avec Eckermann, et le sien propre).

Gilles Amalvi : Poésie classe moyenne
maintenant
il faut écrire le poème-classe-moyenne
il faut l’écrire
si tu ne veux pas qu’il t’écrive
qu’il s’écrive dans ton dos
qu’il écrive à ta place
une poésie moyenne
fade et indolore

[poésie-classe-moyenne
contre poésie-classe-moyenne]

Joseph Mitchell : Au haut du vieil hôtel — traduit par François Tizon
Je suis curieux mais pas à ce point. Pour vous dire la vérité, je veux juste ne pas monter dans cette cabine tout seul. Je sens quelque chose, et c’est le nœud du problème. Cela me met mal à l’aise – tout enfermé, et tous ces moutons de poussière. Cela me fait penser à un cercueil, l’intérieur d’un cercueil. Ça ou tout aussi bien une grotte, l’entrée d’une grotte. Si je pouvais trouver quelqu’un pour m’accompagner, quelqu’un à qui parler, de façon à ce que je ne sois pas tout seul là-dedans, j’irais ; j’y grimperais aussitôt. Quelquefois, j’y suis presque arrivé.


REVUE INCISE 2 

REVUE INCISE 1 

REVUE DE PRESSE 

direction : Daniel Jeanneteau
rédaction en chef : Diane Scott
conception : Élise Garraud, Diane Scott, Juliette Wagman
développement : Delphine Lavergne
correction : Guillaume Rannou

contact : redaction@revueincise.fr

Le Kabuki derrière la porte

© JP Estournet

© Philippe Domengie

Par le prisme du Kabuki, Gaël Baron et Laurent Ziserman fouillent, creusent l’essence de ce qu’est pour eux le travail de l’acteur en convoquant, non sans humour, leurs souvenirs de comédiens et le rêve qu’ils se font de cet art lointain et fantasmé. Nous sommes heureux de les accueillir en résidence pour la re-création de ce spectacle drôle et surprenant. Les représentations auront lieu au Studio-Théâtre du jeudi 19 au dimanche 22 novembre.


jeudi 19 novembre à 20h30
vendredi 20 novembre à 20h30
samedi 21 novembre à 20h30
dimanche 22 novembre 16h

Le Kabuki derrière la porte

direction artistique, création et jeu Gaël Baron / Laurent Ziserman
regard et direction d’acteur Julie Denisse
travail du corps Jérôme d’Orso
scénographie Emmanuel Clolus / Laurent Ziserman
lumière Diane Guérin
son Isabelle Surel
vidéo Philippe Domengie
régisseur général Fabrice Duhamel
administration et production Pauline Barascou La table verte productions

coproduction 3BisF / Aix-en-Provence, La Criée / Théâtre National de Marseille, Le Merlan / Scène Nationale de Marseille, du CNCDC Châteauvallon et du Pôle des Arts de la Scène-Friche de la Belle de Mai / Marseille ; coproduction de la reprise Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien et l’accompagnement du Bois de l’Aune / Aix-en-Provence ; avec l’aide du JTN / Jeune Théâtre National ; sous le patronage du Consulat Général du Japon à Marseille et du mécénat Bastide Médical à Nîmes ; la compagnie Panier-Piano est soutenue par le Ministère de la Culture – DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Région PACA

pour suivre l’actualité de la compagnie Panier-Piano
et sur facebook la table verte productions


Krystian Lupa dit que la vie d’un artiste dure 20 ans. Et que s’il veut continuer à pratiquer son métier il lui faut renaître. Il n’a pas d’autre choix pour rester un créateur, rester en vie. Cela fait un peu plus de 20 ans que Gaël Baron et moi sommes comédiens de théâtre. Comment continuer, c’est à dire comment renaître si l’on croit, comme nous le faisons tous deux, en la formule de Lupa ? En repartant à la source, en questionnant notre désir pour le théâtre, pour l’art de l’acteur. Et ceci de façon profonde et ludique. Que cela puisse entièrement se partager avec le public. Que cela soit du jeu, l’objet même d’un spectacle. Et aussi en le faisant seuls. De même qu’un musicien ou un danseur a besoin à certains moments de son développement personnel de se confronter au solo, nous ressentons la nécessité de travailler cette fois-ci sans metteur en scène, l’un à côté de l’autre, l’un en face de l’autre. Deux acteurs seuls sur un plateau avec, au centre, la question brûlante du jeu. Un questionnement très intime donc. Alors pourquoi le Japon? Pourquoi le Kabuki ? Parce que si l’on creuse en nous pour atteindre le noyau de notre amour du théâtre, de notre désir d’être comédiens, de notre goût pour le jeu, on en revient tous deux aux chocs esthétiques de Kabukis vus en France, aux films de Kurosawa, de Mizogushi, d’Ozu, à l’intensité spécifique aux grands acteurs japonais. Nous allons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Au tout début du XXeme siècle, deux acteurs de Kabuki ont quitté le Japon pour aller à la rencontre du théâtre européen. Ils se sont frottés au naturalisme, ont vu jouer Ibsen, et sont revenus dans leur pays, ensemençant leur grande tradition théâtrale avec ce qu’ils avaient découvert de la modernité. Nous proposons le voyage dans l’autre sens, mais un voyage intérieur : depuis nos enveloppes d’acteurs occidentaux vers le corps d’acteurs de Kabuki. Et ceci à vue, sous le regard des spectateurs rendus complices de cette métamorphose. Dans le Kabuki, l’acteur est roi. Il répond à lui seul à toutes les attentes du public, tout repose sur l’art de son jeu.

Laurent Ziserman


Mon plus ancien souvenir touchant le théâtre de KabuKi remonte à l’année 1889. J’avais dans les quatre ans et c’était au théâtre Nakamura, situé dans le secteur de Torikoé du parc d’AsaKusa. DanJûrô IchiKawa y interprétait « Nachi No taKi chiKai No Mongaku » (« le vœu de Mongaku à la cascade de Nachi »).

Tanizaki Junichiro Années d’enfance

Lorsque devant l’orient le spectateur occidental préserve une bénéfique dose d’ignorance et le comédien un juste pourcentage de désinvolture, il y a une chance pour que cet orient aide à féconder et non pas seulement à informer.

Paul Claudel Connaissance de l’Est


– À L’ORIGINE

En 1989, Gaël Baron et Laurent Ziserman se rencontrent dans la classe de Madeleine Marion, en première année du Conservatoire National Supérieur de Paris.
Ils passent beaucoup de temps à travailler ensemble et assouvissent leur soif commune de théâtre en allant voir de nombreux spectacles.
Ils sont frappés durablement par quelques mises en scène mémorables d’artistes étrangers (Ingmar Bergman, Luca Ronconi, Klaus-Michael Grüber, Deborah Warner, Lev Dodine…), des spectacles sur-titrés où le théâtre semble total : Eugène O’Neil joué en suédois avec Bibi Anderson, Peer Gynt interprété par un grand acteur italien, Labiche par de grands acteurs allemands… Les époques se mêlent, les langues se croisent, les cultures dialoguent sur la scène du théâtre-monde.
Au début des années 2000, Gaël et Laurent sont comédiens depuis plusieurs années, tous deux engagés dans des aventures de troupe qui les passionnent (Gaël Baron avec Stanislas Nordey au TGP, Laurent Ziserman avec Claire Lasne).

A cette époque une question occupe Laurent Ziserman : « À quoi ressemblerait un spectacle qui aurait pour seul sujet l’acteur, le jeu de l’acteur, l’art de l’acteur? ». Un spectacle dont l’acteur serait le centre, le roi. Une ode à l’acteur. Une fête du jeu. Non plus l’auteur ou le metteur en scène comme grands maîtres de la cérémonie, mais l’acteur seul, animant la scène par la seule force de son art et sa passion du jeu. Le projet murit au fil de quelques années. Le travail à mener n’a de sens qu’à deux, partagé, en dialogue. Il s’agit bien d’un projet sur l’altérité, l’autre, l’étranger.

Vingt années ont passé lorsque Laurent Ziserman propose à Gaël de le rejoindre. C’est le bon moment pour eux de confronter leurs deux pratiques singulières, leurs deux rêves de théâtre. Et ce que Laurent ignorait en lui racontant son projet, c’est la passion ancienne de Gaël pour le Kabuki, pour certains de ses très grands acteurs (Bando Tamasaburo et Kataoka Takao) qu’il avait eu la chance de voir jouer en France des années auparavant.

– L’ARGUMENT

Deux grands acteurs de Kabuki, Ichi et Onoé, ouvrent un soir les portes de leur théâtre pour prendre à témoin journalistes et spectateurs de leurs recherches : ils ont décidé d’aller à la rencontre de l’art occidental, de mêler le jazz européen à leurs danses traditionnelles, de jouer Molière sous leur maquillage de Kabuki, de faire dialoguer Shakespeare et la musique Gidayu. Chaque tentative porte en elle autant de réussites miraculeuses que d’échecs cuisants, l’équilibre de l’ensemble restant toujours précaire. Mais l’aiguillon du désir et l’esprit d’aventure sont pour eux de puissants moteurs…
Or il se trouve que ces deux acteurs japonais sont interprétés par deux acteurs bien occidentaux, qui eux-mêmes font sous nos yeux une plongée dans une des grandes formes du théâtre oriental, un voyage où ils abandonnent leur langue (Ichi et Onoé dialoguent en japonais, et ont quelques notions d’anglais), leurs visages, qui disparaissent sous les traits puissants des maquillages du Kabuki, jusqu’à leurs corps, soumis à des codes de jeu si étrangers à leur pratique habituelle.
Entraîner les spectateurs au bout de ce périple théâtral, en ignorant tout de son issue, voilà leur ambition.

– LE PROCESSUS DE CRÉATION

Nous avons souhaité écrire ce spectacle comme une variation, au sens musical du terme, ayant pour thème central le jeu de l’acteur.
Notre intuition, tout autant que notre goût profond pour l’art des acteurs japonais, nous a conduit vers le Kabuki, l’une des formes traditionnelles du théâtre japonais. Nous sommes donc partis de très loin, du plus lointain envisageable, nous présentant au public comme deux grandes vedettes du Kabuki.

De ce point de départ improbable, invraisemblable, hautement fantaisiste, mais nourri d’une passion et d’un goût véritables, nous tournons autour de notre thème comme des planètes affolées autour de leur soleil.
Nous prétendons être des maîtres dans un art ancestral extrêmement stylisé, à des lieues de nos codes de jeu occidentaux. Nous plongeons dans cet univers de formes, non pas pour en proposer une reconstitution ou un hommage, mais pour nous affranchir, par la fantaisie de ce voyage, de tout ce qui nous encombre bien souvent sur nos scènes: la psychologie, la construction du personnage, la dramaturgie héritée de notre âge classique, nos vieux débats esthétiques.

Les acteurs de Kabuki pratiquent la distanciation Brechtienne, mais comme le font les enfants quand ils jouent. Ils jouent à jouer, avec une conviction et un engagement inouïs.

Nous voulons faire un tour par le Japon pour contempler de loin notre pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à notre art de l’acteur. Nous nous exprimons dans une langue étrangère (ou plutôt nous feindrons de posséder cette langue : du jeu, encore), et si nous tentons d’aborder Molière ou Shakespeare, c’est en tant qu’acteurs japonais fascinés par le théâtre occidental. tout est donc jeu, fantaisie, inversion des miroirs, dialogue mutuel des cultures.

Pour ce qui est de l’esthétique du spectacle, nous souhaitons rendre compte de l’incroyable richesse de tous les éléments scéniques qui entrent en œuvre dans le Kabuki (décors, costumes, accessoires…), par des moyens volontairement pauvres, aisément repérables par un spectateur occidental.

Là encore il s’agit de fantaisie, de traduction, d’échos poétiques. Par un travail rigoureux, exigeant et ludique, nous cherchons à créer une illusion qui soit à la fois la plus belle possible, la plus convaincante, tout en ayant une dimension de drôlerie. Car le rire est aussi au cœur de ce voyage, où merveilles et catastrophes se mêlent certainement

– LE KABUKI DERRIÈRE LA PORTE, AU STUDIO-THÉÂTRE DE VITRY

Après trois résidences de recherche entre mai 2013 et février 2014, un mois de répétitions en janvier-février 2015 suivies de huit représentations à la Criée et au Bois de l’Aune, Gaël Baron et Laurent Ziserman repartent pour dix jours de travail au Studio-Théâtre de Vitry, du 8 au 18 novembre 2015.
Dès le départ, tous deux savaient que la forme singulière de cette proposition artistique, basée sur l’improvisation, demanderait toujours des ajustements plus ou moins importants.
Lors des premières représentations, la présence du public leur a permis de sentir ce qui participait pleinement de la rencontre, mais aussi ce qui pouvait la compliquer, la retarder, ou l’empêcher par moments.
Aussi n’ont-ils eu de cesse lors de la création, de remettre en jeu soir après soir leur façon d’entrer en scène, de se présenter au public, de commencer le récit.
Aujourd’hui, l’écriture est précise, arrêtée.
Reste à revenir à une forme plus artisanale, fragile, intime. La salle du Studio-Théâtre sera un espace idéal pour retrouver cette proximité avec les gens, cette qualité d’échange rêvée depuis le tout début. Une part importante du travail concernera la lumière, qui sera entièrement repensée dans cet esprit.

 


Kabuki B
© Philippe Domengie

GAËL BARON après des études initiées au conservatoire de région d’Angers, et au cour d’ateliers animés par Christian Rist, Jean Dautremay, ou Nelly Borgeaud, Gaël Baron devient élève, de 1989 à 1991, au conservatoire de Paris (classes de Madeleine Marion, Pierre Vial, Stuart Seide). Dès sa sortie du conservatoire, il entame un riche parcours avec Stanislas Nordey, avec qui il joue Pasolini, Koltès, Wyspianski, Lagarce, Schwab. Au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis il sera à deux reprises acteur permanent de la compagnie nordey, en 1992, puis en 1998. il joue aussi sous la direction de Stéphanie Loïk, Christian Rist, Claude Régy, Éric Didry (Boltansky interview), Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Antoine Caubet, Jean-Baptiste Sastre, Gérard Watkins (suivez-moi, et la tour de Gérard Watkins), Gislaine Drahy, Gilles Bouillon, Françoise Coupat, Jean-Michel Rivinoff, Daniel Jeanneteau (la sonate des spectres de Strinberg, et Anéantis de Sarah Kane), Jean-François Sivadier (la folle journée ou le mariage de figaro de Beaumarchais), Roland Auzet (Panama al brown)… Il participe à plusieurs spectacles pour le jeune public : la légende de siegfried, de S. Nordey ; Abou et Maïmouna dans la lune, mis en scène par Frédéric Fisbach ; Abou et Maïmouna à l’école, co-écrit avec Josée Schuller ; Même pas peur et facteur/sapin de Sarah Chaumette. en 2008, pour le festival d’Avignon, avec Valérie Dréville, Charlotte Clamens, J.f. Sivadier, et Nicolas Bouchaud, il a co-mis en scène et joué Partage de midi de Paul Claudel. il aussi mis en scène et joué Adieu, Institut Benjamenta…, un spectacle qu’il a créé d’après le roman de Robert Walser, l’Institut Benjamenta. À partir de 1999 il engage un travail suivi avec Bruno Meyssat et sa compagnie théâtres du shaman, et la saison 2011-2012 verra la reprise des deux dernières créations auxquelles il a participé: Observer, et Le Monde extérieur. en 2012-2013, il a joué dans : Un ennemi du peuple d’Ibsen, mis en scène par Guillaume Gatteau, 15%, de Bruno Meyssat, et Lost (replay), écrit et mis en scène par Gérard Watkins. en novembre 2014, il crée Apollo de Bruno Meyssat à la Mc2-grenoble, et en décembre 2014 la nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès mis en scène par Jean-Michel Rivinoff.

LAURENT ZISERMAN après une formation à l’école de la rue blanche (Marcel Bozonnet) et au conservatoire de paris jusqu’en 1991 (Madeleine Marion, Stuart Seide), il commence à travailler au théâtre avec Marcel Bozonnet (Scènes de la grande pauvreté de Sylvie Péju), Jean-louis Jacopin (Joko fête son anniversaire de Roland Topor), Bérangère Bonvoisin (le salon transfiguré de Philippe Clévenot), Jacques Nichet (le magicien prodigieux de Calderòn de la Barca), Mario Gonzales (Caliban dans La tempête de Shakespeare). Il participe ensuite à des aventures d’équipe. Trois étés à hérisson avec Jean-Paul Wenzel et la nombreuse troupe d’acteurs conviés à ces « vacances studieuses ». Cinq spectacles avec Gilberte Tsaï, pour la plupart construits autour de textes de Jean-Christophe Bailly. enfin, le parcours aux côtés de Claire Lasne Darcueil, depuis les premiers spectacles de la compagnie les acharnés: Les acharnés et Les nouveaux bâtisseurs de Mohamed Rouabhi, Ivanov de Tchekhov (tous ces spectacles joués au Théâtre Paris-Villette), jusqu’à l’aventure des « printemps chapiteau » qui a réuni, pendant une dizaine de saisons, une équipe fidèle d’acteurs et de techniciens, des villages du Poitou-Charentes au festival d’Avignon (Sganarelle dans Don Juan de Molière, L’homme des bois de Tchekhov, Joyeux anniversaire de Claire Lasne Darcueil). D’autres rencontres essentielles : Alain Enjary et Arlette Bonnard (animaux, suivis d’autres animaux), et François Cervantes croisé sur le plateau d’Ivanov. en 2004, François Cervantes écrit pour lui Jamais avant, une pièce de théâtre en appartement jouée près de 200 fois depuis sa création. depuis, il travaille en étroite collaboration avec l’entreprise-compagnie François Cervantes. il joue dans une île (2008), le dernier quatuor d’un homme sourd (2009), la distance qui nous sépare (2012), et carnages (2013). ces dernières saisons, il a joué aussi dans: dans la compagnie des hommes d’Edward Bond, mis en scène par Sélim Alik (création La Criée 2011), et Désir de théâtre, un spectacle de Claire Lasne Darcueil (rencontres d’Alloue 2012). Enfin, il a participé aux deux chantiers de recherche dirigés par Krystian Lupa (le corps rêvant en 2012, et l’élan intérieur en 2014).

JULIE DENISSE avant de se destiner au théâtre, elle tourne de nombreuses années avec le cirque bidon, où elle est, tour à tour : accordéoniste, contorsionniste, trapéziste. elle pratique aussi la voltige à cheval et le clown avec le cirque en déroute. ensuite elle entame une formation de comédienne, d’abord à l’école de la rue blanche, puis au conservatoire national supérieur d’art dramatique de paris dont elle sort en 1998. Elle travaille au théâtre avec, notamment : François Wastiaux (Paparazzi), Michel Didym (Le langue à langue des chiens de roche), Jacques Bonnafé (Comme des malades), Julie Bérès (Poudre), Victor Gauthier-Martin (Ambulance, la cuisine, ailleurs tout près), Gildas Milin (Anthropozoo), Julie Brochen (Hanjo, Oncle vania, Penthésilée), Daniel Jeanneteau et Marie-christine Soma (Feux, Adam et Eve), Patrice Chéreau (Elektra), Julien Fisera (Belgrade), Claire Lasne-Darcueil (Désir de théâtre). Elle est aussi engagée comme danseuse par Caroline Marcadé (Terres d’ailes, La nuit de l’enfant cailloux). Elle a enregistré de nombreuses dramatiques et lectures de poèmes pour France Culture, avec : Claude Guerre, Xavier Carrère, André Welter, Marguerite Gateau, Juliette Heymann… Ces dernières années, elle a mis en scène deux spectacles de Jeanne Mordoj : Adieu poupée et La poème. Elle est en tournée avec Trois sœurs d’après Les trois sœurs de Tchekhov, mis en scène par Claire Lasne-Darcueil à l’automne 2014 (Mc2-grenoble, théâtre de la tempête…).

JÉRÔME D’ORSO diplômé de biologie et de psychologie, il se professionnalise dans le spectacle vivant en 2001. L’art du mouvement qu’il pratique repose sur trois types d’apprentissage et de recherche : le théâtre acrobatique, lié aux arts du cirque et à l’enseignement de Jonathan Sutton ; l’axis syllabus développé par le danseur Frey Faust ; et enfin les arts Martiaux tels que les enseigne le maître vietnamien Luong Truong My. Il crée en 2001 la compagnie les Art’s Felus, dédiée aux spectacles de cirque de rue, dans laquelle il est danseur, fil-de-fériste, metteur en scène (créations 2011-2014 : Les paysagismes acrobatiques). Il a toujours associé son travail de recherche et de création artistique à la transmission. depuis 2008 il enseigne les arts du cirque et de la danse en milieu hospitalier, en prison, en milieu scolaire. Il est aujourd’hui enseignant certifié axis syllabus, et anime de nombreux stages, en France et à l’étranger. Il est danseur pour la compagnie Thierry Thieu Niang, pour le collectif de performers Ornic’art, pour la compagnie Hors Commerce (Montpellier). Ces dernières saisons, il a dansé dans Au fil de soi avec la compagnie Félicette Chazerand (Belgique), Ellipse avec la compagnie Mouvimento. Il a aussi animé de nombreux workshops à Berlin et à Bruxelles (fil de fer, contact improvisation).

EMMANUEL CLOLUS après ses études à Olivier de Serres (école d’arts appliqués), Emmanuel Clolus est assistant du décorateur Louis Bercut. Ensuite, il réalise de nombreux décors pour le théâtre : Le prince travesti de Marivaux, L’annonce faite à Marie de Claudel, Le Maître et Marguerite de Boulgakov, Bérénice de Racine, Affabulazione de Pasolini, Les paravents de Genet, Le président de Thomas Bernhard, Oh les beaux jours de Beckett, Les estivants de Gorki et Tartuffe de Molière avec des metteurs en scène tels que Frédéric Fisbach, Arnaud Meunier, Blandine Savetier et Éric Lacascade. Il collabore très régulièrement avec Stanislas Nordey au théâtre : La dispute et Le triomphe de l’amour de Marivaux, Tabataba de Koltès, Calderon et Pylade de Pasolini, Splendid’s de Genet, Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Les comédies féroces de Schwab, Violences et contention de Gabily, La puce à l’oreille de Feydeau, Électre de Hofmannsthal, Incendies de Wajdi Mouawad, Les justes de Camus, La conférence de Christophe Pellet, Se trouver de Pirandello et à l’opéra : Pierrot lunaire de Schönberg et Le rossignol de Stravinsky sous la direction de Pierre Boulez (Théâtre du Châtelet), Le grand macabre de Ligeti, Trois sœurs et Le balcon de Peter Eötvös, Kopernikus de Claude Vivier, Héloise et Abélard de Ahmed Essyad, Jeanne au bûcher de Honegger, Les nègres de Michael Levinas (opéra de Lyon), et La métamorphose de Kafka (Opéra de Lille), i capuletti e i Montecchi de bellini, saint-françois d’assise de Messiaen (opéra Bastille de Paris), Pelléas et Mélisande de debussy (festival de Salzbourg et Covent Garden à Londres), Melancholia à l’Opéra Garnier, Lohengrin de Wagner à Stuttgart. Depuis 2006, il collabore avec l’auteur/metteur en scène Wajdi Mouawad et a réalisé les décors de Forêts, Littoral, Seul puis le sang des promesses et ciels pour le Festival d’Avignon 2009, temps pour la Schaubühne de Berlin et les Trachiniennes, Electre et Antigone de Sophocle pour le Festival d’Avignon 2011. Dernièrement il vient de signer les scénographies de Tristesse animal noir de Anja Hilling et Par les villages de Peter Handke mis en scène par Stanislas Nordey à La Colline, de deux opéras : Lucia de Lammermoor de Donizetti pour Lille et La vestale de Spontini pour le Théâtre des Champs-Elysées ; ainsi que Ajax et Oedipe-roi de Sophocle (mise en scène de Wajdi Mouawad).

DIANE GUÉRIN elle débute sa formation en intégrant en 2008 le centre de formation artistique du spectacle vivant et de l’audiovisuel (cfpts), en option lumière. En tant qu’apprentie, elle suit pendant deux ans cet enseignement, en alternance avec le Théâtre National de La Colline (alors sous la direction d’Alain Françon, puis de Stéphane Braunschweig). Elle y participe notamment aux spectacles de : Sylvain Creuzevault, Michaël Thalheimer, Stanislas Nordey, et travaille avec les éclairagistes : Joël Hourbeig, Marie-Christine Soma, André Diot et Alain Poisson. En 2010, elle intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg (sous la direction de Julie Brochen), en section régie-techniques. elle y participe à des ateliers d’élèves, avec : Jean-Louis Hourdin, pierre Meunier, Georges Lavaudant, Jean-Yves Ruf, Christiane Burges, Robert Shuster, Alain Françon (lumière, son, vidéo, plateau). En juin 2013, elle sort de l’école et assure la régie lumière pour les metteurs en scène Laurent Gutmann et Martial Di Fonzo Bo. elle assiste Marie-Christine Soma sur les créations lumière d’Amphitryon et De l’ombre, deux spectacles mis en scène par Jacques Vincey. Cette collaboration se poursuit. Elle devient éclairagiste pour la compagnie Le Thaumatrope (Karim Belkacem), avec qui elle crée les lumières pour deux spectacles : Blasted en 2013, et Gulliver (création été 2014, en coproduction avec le Théâtre des Amandiers de Nanterre).

MARCO BENIGNO avant d’obtenir en 2011 sa licence d’arts du spectacle à l’université Montpellier III (mention très bien), il commence à travailler comme régisseur son, lumière et vidéo au théâtre de l’adresse (Avignon off), et en tant qu’éclairagiste avec Armand Gatti, Julie Mejean-Perbost, Maurice Fouilhé, Laura Fouqueré et Cyrille Olivier. Dans le même temps, il participe en tant que comédien aux ateliers travaux pratiques animés par Marie-José Malis. en 2011, il intègre l’école supérieur d’art dramatique du TNS à Strasbourg, section régie-techniques. Dans le cadre des ateliers-spectacle, il travaille comme créateur lumière avec Cécile Garcia-Fogel et Vincent Thépaut, et comme créateur son avec Sacha Todorov et Éric Vigner. En 2013, il effectue un stage en régie lumière sur Twin Paradox de Mathilde Monnier, et assiste Xavier Jacquot pour la création son d’Ali Baba, de Macha Makeïeff. Il sort de l’école en juin 2014, et est régisseur son, lumière et vidéo pour la tournée du Prince, mis en scène par Laurent Gutmann (saison 2014-2015).

PHILIPPE DOMENGIE après des études de sciences à Lyon, il quitte les bancs de la faculté pour une école de Jazz. il est musicien et joue dans de nombreux groupes. son chemin le mène à Grenoble, où il se retrouve aux commandes d’un studio d’enregistrement. il y croise la route de Sinsemillia, Gnawa Diffusion, les Barbarins Fourchus. Puis il part à Annonay et découvre le spectacle de rue. Il habite au dessus d’une imprimerie : l’image, la photo, la vidéo entrent dans son quotidien. Il rejoint ensuite un cirque contemporain près d’Aix-en-Provence, à cette époque il réalise aussi le premier album de la chanteuse Anaïs (qui sera disque de platine). Enfin il s’installe à Marseille et collabore avec de nombreux artistes en tant que musicien, comédien, danseur, et vidéaste. Son goût pour l’image l’amène à suivre une formation professionnelle d’une année à la Femis. De retour d’un voyage au Japon, il fonde le collectif le nomade village, dont la vocation est de rassembler tous ces univers, ces artistes, croisés en chemin. Au sein de ce collectif, il est metteur en scène et réalisateur (il est notamment artiste associé au, Théâtre des Salins-Scène Nationale de Martigues en 2012-2013). Il collabore aussi en tant que vidéaste avec d’autres compagnies : l’Entreprise (François Cervantes), le Dynamo Théâtre (Joëlle Catino)…

ISABELLE SUREL après une licence de « musiques vivantes » à paris VIII, elle s’intéresse dans un premier temps à l’électro-acoustique pour s’orienter ensuite vers la création sonore au théâtre, pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. elle a collaboré pendant 14 ans avec la compagnie La Rumeur / Patrice Bigel, et a aussi travaillé avec de nombreux metteurs en scène : Anne-Marie Lazarini, Alain Bézu, Claude Yersin, Ricardo Lopez-Munoz, Laurent Fréchuret, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, plus récemment avec Sébastien Derrey et Jeanne Mordoj. Elle a travaillé pour la danse avec la compagnie Fatoumi/ Famoureux et Brigitte Seth/Roser Montllo-Guberna; pour le cinéma avec Christophe Loizillon et Éric Guirado.


Entretien de Laurent Ziserman avec Laurence Perez
Pour le Théâtre de la Criée, avril 2014

La pièce que vous créez la prochaine saison à la criée s’intitule le Kabuki derrière la porte. pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Kabuki ?
le Kabuki est l’une des trois formes du théâtre traditionnel japonais. Il y a le Nò, qui est un théâtre de masques, le Bunraku, qui est un théâtre de marionnettes, et puis il y a le Kabuki, que l’on pourrait qualifier de théâtre d’acteurs. Le Kabuki repose en effet sur l’art de ses grands interprètes, tout à la fois comédiens, danseurs, chanteurs,musiciens, acrobates et bien plus encore. C’est un art de l’acteur complet.

Est-ce là ce qui vous plait dans le Kabuki, au point d’en faire aujourd’hui la matière première de votre spectacle ?
Le point de départ du Kabuki derrière la porte réside dans l’envie de remettre le jeu de l’acteur au centre du théâtre. Quand j’ai commencé à penser à ce spectacle, je rêvais d’une trilogie qui me permettrait d’assouvir trois de mes plus grands fantasmes de comédien, à savoir : donner la réplique à Toshiro Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa (qui est aussi le mien ! ), devenir un acteur de la royal Shakespeare Company capable de jouer le grand William en anglais, et enfin, interpréter Hamlet en suédois sous la direction d’Ingmar Bergman. C’est en laissant libre cours à ces intuitions-là que j’ai commencé à travailler. Je me suis notamment rendu à la Maison de la culture du Japon, où je suis tombé sur un véritable trésor : des heures d’interviews de grandes stars du Kabuki par une speakerine de la NHK, la télévision publique japonaise. Le contraste entre les hommes empreints de modestie qu’ils étaient dans la vie et les acteurs époustouflants qu’ils étaient sur scène m’a tout simplement sidéré. J’ai été fasciné par leur maîtrise d’un art qui leur permet de se glisser avec autant de facilité dans la peau d’une femme que dans celle d’un chef samouraï. Je me suis dit que je tenais là une formidable piste pour mener à bien mon projet, une porte d’entrée d’un intérêt inouï.

Votre spectacle n’est pas un hommage au Kabuki, qui passerait par une reconstitution plus au moins fidèle, mais plutôt une rêverie contemporaine autour de cette forme théâtrale ancestrale… pourquoi l’avoir voulu ainsi ?
Je n’ai vraiment aucune raison intime de vouloir rendre hommage au Kabuki. Par contre, je revendique pleinement l’idée d’une rêverie à partir du Kabuki. Une rêverie d’acteurs, tentant d’entraîner le public à leur suite, à la découverte d’un monde à priori très lointain qui se révèle toutefois très accessible, presque familier. Car c’est aussi ce que j’aime dans le Kabuki : le fait que ce soit un art majeur de l’acteur et, en même temps, une forme extrêmement populaire. Dès sa naissance au début du 17e siècle, il a su toucher la société dans son ensemble et s’adresser aux petites gens comme aux grands lettrés.

Vous avez invité un autre acteur, Gaël Baron, à partager cette aventure avec vous. Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin d’avoir un compagnon et comment avez-vous travaillé ensemble ?
Seul, il me manquait un ressort, celui de l’autre, celui de la confrontation des idées. J’ai alors pensé à Gaël Baron, que j’ai connu au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris. Pendant nos années d’études communes, nous avons beaucoup partagé mais depuis notre sortie de l’école, nous n’avions jamais eu l’occasion de jouer dans un même spectacle. Travailler avec Gaël autour de cette création inspirée du Kabuki m’est apparue comme une évidence. J’ai tout de suite vu en lui le camarade de jeu idéal pour mener à bien ce projet. Et la réalité a dépassé mes espérances lorsque j’ai découvert que lui aussi nourrissait une véritable passion pour le Kabuki, qu’il connaissait d’ailleurs bien mieux que moi ! Nos deux rêveries se sont alors rejointes, l’imagination de l’un est venue féconder l’univers de l’autre pour donner naissance à ces deux acteurs occidentaux, qui se présentent devant le public comme deux grandes vedettes de Kabuki…

S’ils s’approchent des codes du Kabuki, les deux personnages que l’on découvre sur scène ne sont pas tout à fait conformes aux modèles originaux. Ils parlent d’ailleurs une langue qui rappelle les sonorités du Japonais mais qui n’en est pas, une langue totalement imaginaire. pourquoi ce choix ?
Tant qu’à ramener le théâtre au jeu de l’acteur, nous avons pensé qu’il fallait le faire dans une langue étrangère. Avec cette langue qui sonne comme du japonais mais qui n’en est pourtant pas, nos deux personnages apparaissent comme des passagers clandestins de cette culture, mais aussi comme de fervents amoureux de celle-ci. Dès leur arrivée sur scène, personne n’est dupe : on sent qu’ils se sont maquillés et habillés avec soin, mais leurs costumes ressemblent plus à des rideaux de salon recyclés pour l’occasion qu’à de véritables kimonos. Pour la langue, c’est pareil. On imagine qu’ils ont appris leurs rudiments de langue dans une méthode du style parler le japonais en voyage, mais cela ne fait pas d’eux des bilingues. Tout l’enjeu de notre travail réside dans le fait que les spectateurs acceptent de s’embarquer dans leur monde, de s’inventer une histoire avec eux, au-delà de cette langue qui n’est pas une barrière mais bien un langage commun.

Ce couple d’acteurs, que vous constituez sur scène avec Gaël Baron, tient un peu de Laurel et Hardy, de Bouvard et Pécuchet, en d’autres termes d’un duo comique.Le rire est-il quelque chose qui vous intéresse particulièrement ?
Le rire est pour nous quelque chose de central. Lorsque j’ai commencé à rêver à ce spectacle, cela faisait déjà quelques années que je pratiquais mon métier avec passion. En même temps, je me rendais compte qu’une part importante de ma personnalité, de ce qui m’avait conduit instinctivement vers le théâtre, ne trouvait pas sa place dans mon quotidien d’acteur. Faire rire les gens a été l’une des principales préoccupations de mon enfance et de mon adolescence et je me suis dit, en allant vers le théâtre, que j’allais pouvoir en faire un métier. faire rire est un exercice passionnant et beaucoup plus mystérieux qu’il n’y paraît… on ne pouvait pas préméditer du comique de telle ou telle séquence avant de se lancer dans une improvisation. Mais les répétitions nous ont très vite révélés comme un couple burlesque, proche du Bouvard et Pécuchet de faubert, du Mercier et Camier de Beckett. Voire même de Don Quichotte et Sancho Panza, car on a tout de même l’impression que les deux personnages que nous incarnons courent après une forme de rêve, une chimère qu’ils n’atteindront jamais : être de grandes vedettes de Kabuki. Malgré leur foi qui semble inébranlable, leur entreprise est aussi fragile que le décor dans lequel ils évoluent. ils se prennent sans cesse les pieds dans le tapis, ou plutôt les socques dans le kimono.
le rire provient aussi de leurs ratages…

Les pérégrinations de ces deux acteurs de Kabuki nous amènent naturellement au Japon, mais nous amènent également à revisiter comme une petite histoire du théâtre puisqu’ils s’essaient, à un certain moment de la pièce, à travailler du Molière et du Shakespeare et évoquent, à d’autres, les univers de Pina Bausch, de Maurice Béjart et de Nijinski…
Portés par un immense plaisir de jouer, ils en viennent effectivement à aborder le Misanthrope de Molière et richard III de Shakespeare, ou à esquisser des pas de danse du Sacre du Printemps de Pina Bausch, mais toujours de leur point de vue d’acteurs de Kabuki. C’est comme s’ils se retrouvaient sur des terres étrangères et qu’ils décidaient, avec beaucoup d’entrain, de les explorer et de tout faire pour les conquérir. Leurs pérégrinations finissent donc par constituer une traversée clownesque du théâtre et de ses traditions. c’est encore une manière d’inverser les miroirs, de brouiller les repères : on ne sait bientôt plus quelle poupée russe enferme l’autre…

Vous évoquiez tout à l’heure l’idée du ratage, comme possible source de rire. L’improvisation, à laquelle Gaël Baron et vous-même êtes rompus, a-t-il une place dans votre spectacle ?
Le spectacle est né de l’improvisation, dont Gaël et moi sommes en effet coutumiers. Lui, de par son travail avec le metteur en scène Bruno Meyssat et moi, de par mon compagnonnage avec François Cervantès. Je pense que c’est notamment pour cela que Gaël et moi réussissons si bien à travailler ensemble. Bien sûr, au final, le spectacle sera très écrit, mais nous pensons qu’il faut qu’il reste sur scène un peu de ce souffle de l’improvisation. Il faut que, comme dans les vieux couples, on puisse encore se surprendre ! d’ailleurs, dans le théâtre de Kabuki, il y a cela. Il y a des moments où, tout d’un coup, l’acteur s’autorise à partir dans une improvisation. Il faut absolument préserver cette liberté, cette légèreté qui ramène de la fragilité. La fragilité doit être au cœur de notre spectacle pour que le spectateur puisse s’immiscer dans ces failles, s’inviter dans notre monde et le partager joyeusement avec nous.

 

Récits des évènements futurs

(C) DOUG DUBOIS (2)

© Doug Dubois

Depuis quelques années nous suivons le travail fin et exigeant d’Adrien Béal et de son équipe, alternant mises en scène de textes contemporains et écritures de plateau. Les auteurs (Michel Vinaver, Roland Schimmelpfennig) ainsi que les thématiques abordées (l’objection dans « Le Pas de Bême », la catastrophe dans « Récits des évènements futurs ») ne relèvent jamais de choix ordinaires ou faciles. Nous sommes heureux d’être associés avec le Théâtre Jean-Vilar de Vitry pour produire, accueillir en résidence et programmer leur prochaine création. Les représentations auront lieu au Studio-Théâtre du 9 au 12 octobre.


vendredi 9 octobre à 20h30
samedi 10 octobre à 20h30
dimanche 11 octobre à 17h30
lundi 12 octobre 20h30

au Studio-Théâtre, en co-programmation avec le Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine

Théâtre Jean-Vilar Vitry

et du 30 octobre au 7 novembre à l’Échangeur de Bagnolet
le 21 novembre au Théâtre du Garde-Chasse aux Lilas
les 24 et 25 novembre au Tandem Douai-Arras
les 27, 28 et 30 novembre au Théâtre de Vanves

récits des évènements futurs

mise en scène Adrien Béal
collaboration Fanny Descazeaux
scénographie Kim Lan Nguyen Thi
costumes Benjamin Moreau
lumières Jérémie Papin
création vidéo Jérémie Scheidler

avec
Benoit Carré, Bénédicte Cerutti, Charlotte Corman, Lionel Gonzalez et Zoumana Meïté

L’invention de la bombe atomique, arme absolue, et les préoccupations écologiques actuelles amènent une réalité nouvelle, celle selon laquelle l’humanité peut sa propre fin, et qu’elle la prépare. Cette donnée avec laquelle il nous faut vivre résonne avec les grandes catastrophes du XXe siècle et place l’individu face à la question de sa responsabilité. Plus largement, toutes les catastrophes qui nous environnent défient notre capacité de représentation, d’imagination. Comment appréhender un horizon catastrophique? Comment vivre avec ?
Le spectacle que nous préparons sera le fruit d’une recherche menée au plateau, par un travail d’improvisation. Traitant notre sujet à l’échelle des individus, nous tenterons, par le théâtre, de mettre en jeu les conflits intimes et politiques générés par notre rapport si particulier à la catastrophe.

production Compagnie Théâtre Déplié
coproduction Studio-Théâtre de Vitry et Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre de Vanves, TANDEM DOUAI-ARRAS ; coréalisation L’Échangeur – Cie Public Chéri ; avec le soutien d’Arcadi Île de France ; avec le soutien de la Drac Île-de-France- Ministère de la Culture et de la Communication ; avec le soutien du Fonds de dotation Porosus ; avec le soutien de Lilas en scène, de la Ville des Lilas, du Théâtre du Garde-Chasse et du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis dans le cadre d’une résidence partagée en 2015

logo_drac   logo Arcadi Porosus


 

« Si chaque jour, exactement à la même heure, on faisait la même chose, comme un rituel inaltérable, systématique, chaque jour, toujours à la même heure, le monde serait changé. Quelque chose changerait, il ne pourrait en être autrement. Supposons que tu te réveilles, tu te lèves à sept heures précises, tu vas dans la salle de bain, tu remplis un verre d’eau dans le robinet et tu le verses dans les toilettes. C’est tout. »

Andrei Tarkovski, Le Sacrifice

NOTES D’INTENTION

* Un horizon de catastrophes

L’intuition qui est à l’origine de cette nouvelle création, à partir de laquelle commence ma recherche, est un sentiment ambiant, celui qu’aujourd’hui, la perspective commune pour tous les individus prend l’apparence d’une catastrophe pour l’humanité. L’invention au XXe siècle de l’arme atomique, arme absolue, et les préoccupations écologiques actuelles ont amené une réalité nouvelle, celle selon laquelle l’humanité peut sa propre fin, et qu’elle la prépare.

Ces nouvelles données avec lesquelles il nous faut vivre résonnent avec le souvenir des grandes catastrophes du XXe siècle et placent toutes l’individu face à la question de sa responsabilité. Comment appréhender cet horizon ?

* L’individu face à la catastrophe

Le travail que je souhaite faire ne s’attachera pas à utiliser le théâtre pour alerter ou pour dénoncer le désastre. Il ne s’agira pas de porter une parole ou de décrire scientifiquement les raisons qui mènent à la catastrophe. Je me pencherai avec mon équipe sur l’être humain et sur les enjeux qui se dessinent pour lui dans le monde tel qu’il se présente. Il s’agira de saisir aussi précisément que possible l’état humain propre à cette situation. Je souhaite penser les différentes perspectives catastrophiques (écologique, nucléaire, terroriste, …) comme un ensemble, plutôt que de les distinguer par leurs spécificités. Cet ensemble forme un phénomène prégnant pour l’être humain, qui nécessite qu’il redéfinisse son rapport au monde. Nous étudierons donc, entre autres, la manière dont la question du « mal » est posée, ainsi que le paradoxe qui appelle l’homme à se responsabiliser tout en le maintenant dans un état de sidération.

Le plateau de théâtre sera le support sur lequel nous mettrons en jeu les conflits qui peuvent animer l’individu face aux autres et face à lui-même dans un monde guetté par les catastrophes. L’échelle minuscule de la petite communauté qui occupe une salle de spectacle, au regard de l’humanité, m’intéresse. Je souhaite travailler dans un rapport de cohérence avec ces dimensions qui orienteront la nature des relations – relation au public, relation entre les acteurs, entre les membres d’une équipe, relation à soi. Le cadre fictionnel que nous nous donnerons (fable, contexte ou personnages) devra également répondre à cette idée, et s’inspirer de ce qu’en dit Günther Anders :

« Il se peut que certains en sachent plus que nous sur la bombe, et même beaucoup plus. Mais quelles que soient nos connaissances, aucun d’entre-nous ne dispose d’un « savoir » qui serait à la mesure de ce que pourrait être une guerre atomique : le général et le président n’en savent pas plus que le fantassin et l’homme de la rue. Car le décalage entre savoir et comprendre ne tient aucun compte des personnes ni du rang qu’elles occupent dans la société. Aucun de nous ne fait exception. » Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme

* Des sentiments inadaptés

Le théâtre que nous cherchons, toujours, se doit de questionner la représentation : l’espace, le jeu des acteurs, la place faite aux spectateurs, ce qui est donné à regarder. Ici, la mise en question de la notion de représentation activera pleinement notre sujet. Nous serons face à l’impossibilité humaine de se représenter les conséquences de l’apocalypse. Cette limitation de l’imagination, mais aussi des sentiments qui vont avec, est un enjeu fondamental de notre rapport à la catastrophe, et est dû, selon Anders, au décalage qui s’est créé progressivement entre les capacités de productions de l’homme et ses capacités à ressentir, qui n’ont pas suivi la même évolution :

« S’il en est ainsi, la seule tâche morale décisive aujourd’hui, dans la mesure où tout n’est pas encore perdu, consiste à éduquer l’imagination morale, c’est-à-dire à essayer de surmonter le « décalage », à ajuster la capacité et l’élasticité de notre imagination et de nos sentiments à la disproportion de nos propres produits et au caractère imprévisible des catastrophes que nous pouvons provoquer, bref, à mettre nos représentations et nos sentiments au pas de nos activités. » Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme

Voilà, à ce stade du travail, le point sensible vers lequel je souhaite faire tendre les différents éléments de notre recherche. Comment mettre en jeu, par le théâtre, la nécessité politique que l’homme se rattrape lui-même, en développant ses sentiments et son imagination. Que compose-t-il, et vers où regarde-t-il, lorsque son imagination a atteint ses limites. C’est une expérience à faire, par le plateau, sans cesser de confronter les subjectivités, les pensées de chacun.

* Écrire

C’est d’abord par les grands penseurs de la catastrophe que nous étudierons notre sujet, en commençant par Hannah Arendt, Günther Anders ou Hans Jonas. Nous nous appuierons aussi sur les écrits de Jean-Pierre Dupuy dont le point de vue est actuel et place l’individu au centre de la question. Ces lectures, ainsi qu’une recherche dans le cinéma et la littérature me permettront de préciser la problématique, de cerner le sujet. Elles constitueront également une matière commune, choisie, pour les acteurs et l’ensemble de l’équipe.

L’objet du travail de recherche avec les acteurs au plateau sera l’élaboration d’une fiction théâtrale.

Elle s’inventera progressivement en relation avec le dispositif de représentation, que nous inventerons lui aussi. Nous la construirons par des allers-retours entre un cadre que je donnerai, et des propositions des acteurs sous forme d’improvisations ou de textes. Cette manière a moins pour but la profusion d’idées et de propositions autour de notre sujet qu’une mise en relation aigüe des subjectivités de l’équipe. Nous nous efforcerons d’imaginer à plusieurs la fiction. Par là, nous approfondissons le processus expérimenté lors de notre dernière création, Le Pas de Bême. Nous sommes partis d’un roman de 1952 de Michel Vinaver, L’Objecteur, et nous avons écrit avec les trois acteurs une fiction pour aujourd’hui. Ce chemin vers une nouvelle fiction a imposé à notre travail d’être rigoureux face au sujet, de le traiter sans détour.

Il s’agit de produire un théâtre de pensée, en passant par une représentation théâtrale active et sensible. L’articulation entre le politique et l’intime guidera notre travail, ce que cette élaboration avec les acteurs permettra.

Cet enjeu de l’écriture d’une fiction, qui induira ici de trouver la manière de raconter et de représenter, cet effort d’imagination à plusieurs est pour moi l’enjeu principal du travail. Il justifie à lui-seul que nous partions de presque rien, d’une intuition, que nous travaillions à partir d’un sentiment pas encore formulé, ou pas encore clairement. Cet effort d’imagination, c’est la responsabilité que nous nous donnons.

Adrien Béal, novembre 2014


Adrien Béal a étudié le théâtre à l’université Paris III et au cours de différents stages en jeu ou en mise en scène. En 2004, il intègre comme comédien la compagnie Entrées de Jeu spécialisée dans le théâtre d’intervention, dirigée par Bernard Grosjean. C’est le début d’un long compagnonnage. Parallèlement, il se consacre à la mise en scène, et après une première expérience en collectif, il crée rapidement la compagnie Théâtre Déplié avec laquelle il développe ses propres projets. Il met en scène des textes de Michel Vinaver (Dissident, il va sans dire), de Roland Schimmelpfennig (Une nuit arabe) et de Henrik Ibsen (Le Canard sauvage). Il dirige également des lectures et mises en espace de texte de Guillermo Pisani et Oriza Hirata. À partir de 2010, il ouvre sa recherche au travail d’improvisation et alterne les mises en scène de textes avec des créations issues directement du travail mené avec les acteurs. Il crée avec l’acteur Arthur Igual Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives, à partir d’Affabulazione de Pasolini (Atelier du plateau, puis tournée). Puis il poursuit son travail sur Roland Schimmelpfennig avec Visite au père (Th. de Vanves, Echangeur, 2013) et La Trilogie des animaux (projet en cours, 2017). En 2014, avec la création au plateau du Pas de Bême (Th. De Vanves, La Loge) et la mise en scène de la pièce Les Voisins (Festival de Villeréal), il revient de deux manières différentes à l’écriture de Michel Vinaver. Depuis 2009, Adrien Béal collabore régulièrement à la mise en scène d’autres projets, comme assistant ou dramaturge, avec Guillaume Lévèque, Stéphane Braunschweig, Damien Caille-Perret, Julien Fisera, Juliette Roudet, Guillermo Pisani. Il travaille aussi occasionnellement comme acteur, notamment avec Thomas Quillardet. Enfin, il anime de nombreux ateliers, principalement auprès d’adolescents, et participe entre autres au programme « Education et proximité » mené par la Colline – Théâtre National depuis 2013.

Benoît Carré s’est formé au Studio-théâtre d’Asnières puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (classes de Dominique Valadié, Daniel Mesguich et Muriel Mayette), Benoit Carré a travaillé au théâtre avec Jacques Osinski (Richard II), Antoine Caubet (Les fusils de la mère Carrar), Noël Casale (Antoine et Cléopâtre), Lionel González (la Moschetta, Sganarelle ou le cocu imaginaire), Karine Tabet (L’île des esclaves, Mort accidentelle d’un anarchiste), Sylvain Creuzevault (Baal, Le père Tralalère, Notre Terreur, Le Capital et son singe), Jeanne Candel (Some kind of monster). Il a également travaillé au cinéma sous la direction de Valérie Donzelli (La reine des pommes, La guerre est déclarée, Main dans la main, Marguerite et Julien), Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay) et à la télévision avec Nicolas & Bruno (Le bureau), Philippe Bérenger (Guy Môquet, Mon père dort au grenier).

Bénédicte Cerutti Après des études d’architecture, elle entre en 2001 à l’école du TNS. Elle intègre la troupe du TNS en 2004 et participe à la création de Brand d’Ibsen mes S. Braunschweig et de Titanica, la robe des grands combats d’Harrisson mes C.Duparfait. Elle travaille ensuite sous la direction d’A.Guillet pour Penthésilée paysage d’après Kleist et Müller, puis sous la direction d’E.Vigner pour Pluie d’été à Hiroshima d’après Duras et également pour Othello de Shakespeare. Elle travaille avec O.Py dans l’Orestie d’Eschyle. Puis elle retrouve S.Braunschweig pour Les trois soeurs de Tchekhov et pour Maison de poupée d’Ibsen. Elle joue dans La nuit des rois avec J-M Rabeux. En 2011 elle joue dans Mademoiselle Julie de Strindberg mes F.Fisbach. Elle reprendra Maison de poupée cette fois ci mes par J-L Martinelli. Avec S.Chavrier elle créera Epousailles et représailles d’après Levin, Crash d’après Ballard et Plage Ultime au festival d’Avignon en 2012. Avec A.Béal dans Visite au père de Schimelpfenning, et de nouveau avec E.Vigner dans le Procès Brancusi. En 2013 elle retrouve F.fisbach au festival d’Avignon pour Corps d’après A.Badéa. Elle joue ensuite Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck sous la direction de C.Pauthe et dans une adaptation de Tristan et Yseult par E.Vigner. Elle travaille également avec l’artiste Rémy Yadan sur différentes performances comme Les fumeurs noirs présenté à Artdanthé en 2014. Elle crée en 2015 avec J.Fisera Eau sauvage de Mréjen. Au cinéma elle travaille avec B.Cohen, M.Laleu, R.Edzard et C.Cogitore.

Charlotte Corman étudie au Conservatoire de Paris (CNSAD 2006) où elle travaille sous la direction d’Andrzej Seweryn, Dominique Valadié, Nada Strancar, Muriel Mayette, Mario Gonzales et Matthias Langhoff ; elle passe une année à la London Academy of Music and Dramatic Art de Londres (LAMDA). Elle fait des stages avec Joseph Nadj, Ariane Mnouchkine, Alexandre Del Perrugia et Laurence Mayor, Pascal Luneau et Régis Mardon, Joël Pommerat. À la radio elle enregistre des rôles dans des dramatiques et des feuilletons pour BBC4, France Culture et France Inter. Au Cinéma elle joue dans Paris de Cédric Klapisch, Malher dans 304, long métrage de Pascal Luneau, Betty dans le moyen métrage La ménagerie de Betty d’Isabelle Mayor ainsi que dans des courts métrages d’Isabelle Mayor, Cyprien Vial et Luca Governatori. En 2010, elle est sélectionnée «Talents Cannes» de l’ADAMI.  Au théâtre, elle joue dans des spectacles de Laurent Gutmann (Terre Natale), Jorges Lavelli (Himmelveg), Didier Ruiz (La guerre n’a pas un Visage de Femme), Julia Vidit (Fantasio), Aurélie Leroux (Pas encore Prêt), Jean-Pierre Vincent (Meeting Massera), Adrien Béal (Visite au père), ou Anne-Margrit Leclerc (Marguerite Duras) ou dans les créations collectives de La Vie Brève (A Memoria Perduda, Entre chien et loup) ainsi que dans des spectacles de Jeanne Candel (Icare, Nous Brûlons, Montre moi ta PinaB, Le Gout du Faux et autres chansons) ainsi que dans Le Pas de Bême, création collective d’Adrien Béal.

Lionel Gonzalez suit l’enseignement du Studio-Théâtre d’Asnières et de l’Ecole Jacques Lecoq (1998-2000). Il intègre ensuite la Compagnie du Studio, dans laquelle il sera à la fois acteur et assistant à la mise en scène. Très vite, il fonde sa compagnie, Le Balagan’ (2000-2004), avec laquelle il entreprend une recherche sur le théâtre masqué. En 2003, il commence à enseigner au Studio-Théâtre d’Asnières. C’est ainsi qu’il rencontre Sylvain Creuzevault, avec qui commence une étroite complicité artistique, qui accompagnera toute l’histoire du D’ores et déjà. Pendant 7 ans, ils font plus d’une dizaine de projets ensembles dont notamment, Visages de Feu de Marius von Mayenburg, Baal de Brecht, Le père tralalère, et Notre terreur, deux créations collectives. Quand D’ores et déjà est dissous en 2011, il s’éxile pour participer à un laboratoire autour de Pirandello, pendant deux ans, avec Anatoli Vassiliev. Depuis 2013, il participe aux nouvelles créations de Jeanne Candel dans La Vie Brève.

Zoumana Meïté. Formé au théâtre de rue (Compagnie Moz’art) et à l’improvisation théâtrale (Compagnie Déclic théâtre), il développe depuis ses débuts à Trappes en 1997, une pratique de comédien singulière. Toujours à la recherche d’un théâtre au coeur de la société, il donne de nombreux ateliers, puis suite à une rencontre avec Bernard Grosjean au cours de son DEUG d’études théâtrales à l’université Paris III, il intègre en 2002 la compagnie Entrées de jeu, spécialisée dans le théâtre d’intervention. En parallèle, il s’initie à des techniques aussi variées que le jeu masqué, le clown ou le buto, et pratique des arts martiaux tels que le Kalari payat et le Taï-jutsu qui lui permettront de développer un jeu corporel tout en maîtrise et en inventivité. Il poursuit cette recherche autour du corps et de l’espace, en intégrant en 2007 le Laboratoire d’études du mouvement de l’école Jacques Lecoq. Dans la continuité de cette recherche, il participe à la fondation de la compagnie Pavlov qui jouera le spectacle Vertige / Vestige à Los Angeles. En 2010, après plusieurs années de collaboration sur des ateliers d’improvisation avec David Farjon, ils fondent ensemble la Cie Légendes Urbaines. Leur spectacle Comme j’étais en quelque sorte amoureux de ces fleurs là qu’ils co-écrivent, mettent en scène et jouent sera créée en Janvier 2013 au théâtre de Vanves. Zoumana Meïté y explore avec David Farjon la dimension intime et politique des frontières imaginaires de l’identité banlieusarde.

Fanny Descazeaux travaille avec le Théâtre Déplié depuis 2009. Après être passée par La Colline – Théâtre National et le festival Jazz à Porquerolles, elle travaille avec Claire Guièze pendant deux ans au sein du petit bureau comme chargée de production. Elle collabore notamment comme administratrice de production avec différents artistes depuis 2010. Lucie Berelowitsch – Compagnie Les 3 sentiers (2010-2013), le Collectif Jakart (2010-2015) et récemment avec Joris Avodo et Fanny Santer – Jackie Pall Theater Group. Par ailleurs, elle travaille comme assistante à la mise en scène notamment avec Thomas Quillardet. Elle  fonde en 2014 le bureau d’accompagnement Les aiguilleuses, avec Sabrina Fuchs et Fanny Spiess.

Benjamin Moreau Après avoir suivi la formation Scénographie-Costume à l’École du TNS (2005-2008), il crée des costumes pour des spectacles de Marie Rémond, Caherine Hargreaves, Adrien Béal (Visite au père), Julien Fisera et Lucho smit pour Galapiat Cirque, Les compagnies du Détour et Voix public. Il collabore régulièrement avec Richard Brunel, ainsi qu’avec la compagnie des Hommes Approximatifs sur les mises en scène de Caroline Guiela Nguyen. Il participe aux éditions 2011, 2012 et 2013 du Festival des Nuits de Joux comme scénographe-costumier sur des spectacles mis en scène par Rémy Barché, Guillaume Dujardin, Gilles Granouillet et Raphaël Patou. Il a récemment créé les costumes de Elle Brûle (cie Les Hommes Approximatifs), et de Avant que j’oublie de Vanessa van Durme, mis en scène par Richard Brunel.

Kim Lan Nguyen Thi vit et travaille entre Paris et Bruxelles. Plasticienne et scénographe, elle est titulaire d’un diplôme de scénographie obtenu à l’ENSATT en 2004. Ses interventions artistiques sont aussi bien visibles en galerie d’art contemporain que dans l’espace public et au théâtre. Une grande partie du travail de Kim lan Nguyên Thi consiste à interroger les jeux de subordination réciproques entre les modes de représentation et de définition qui nous entourent. Ses obsessions sont celles d’une femme appartenant à diverses minorités ethniques, sociales et sexuelles pour lesquelles la définition est une question récurrente. Scénographe, elle utilise régulièrement l’in situ et entraîne le visiteur dans des expériences participatives autour des différentes formes d’expression de l’identité en tentant ainsi d’échapper au processus de fabrication des définitions des uns pour les autres. Au théâtre, elle a entre autre travaillé comme scénographe avec Richard Brunel, Martin Engler, Blandine Savetier, Catherine Hargreaves, Cyril Hernandez, Véronique Petit, le collectif Jakart, Adrien Béal…

Jérémie Papin se forme au métier d’éclairagiste au sein du DMA régie lumière de Nantes, et sort diplômé en 2008 de l’école du Théâtre National de Strasbourg. Il collabore comme éclairagiste avec Didier Galas entre 2008 et 2012 sur les créations La flèche et le moineau, Les pieds dans les étoiles, (H)arlequin Tengu au festival de Shizuoka au Japon, Trickster et Par la parole au TNB et en tournée en Afrique de l’Ouest. Il crée la lumière des spectacles de l’auteur/metteur en scène Lazare Herson-Macarel: L’enfant meurtrier au Théâtre de L’Odéon, Le Chat botté, Peau d’âne et Falstaff pour Avignon. Il fait partie de la compagnie Les Hommes Approximatifs depuis 2008, au sein de laquelle il créé les lumières de Macbeth, Violetta, le Bal d’Emma et Elle brûle au CDN de Valence. À la Philharmonie du Luxembourg, il travaille comme vidéaste et éclairagiste sur le spectacle musical Cordes de Garth Knox en avril 2010. Entre 2010 et 2014, il créé les lumières de Nicolas Liautard pour Le Misanthrope, Eric Massé pour Les Bonnes de Jean Genet, Yves Beaunesne pour L’intervention et Roméo et Juliette au Théâtre de la Place à Lièges et de Maëlle Poésy pour Purgatoire à Ingolstadt et Candide. Il réalise également les lumières des spectacles Peter Pan de Christian Duchange à Genève, Son Son de Nicolas Maury à la comédie de Reims, En route Kaddish de David Geselson au Théâtre de Vanves et Une saison en enfer avec Benjamin Porée au TQI. Pour l’opéra de Dijon, il réalise les lumières de l’Opéra de la Lune composé et dirigé par Brice Pauset et celle d’Actéon dirigé par Emmanuelle Haïm, tous deux mis en scène par Damien Caille-Perret. Toujours à Dijon, il réalise les lumières de La Pellegrina dirigé par Etienne Meyer et mis en scène par Andréas Linos. Au Festival de Salzburg il créé les lumières de l’opéra contemporain Meine bienen eine schneise, composé et dirigé par Andreas Schett et Markus Kraler dans un mise en scène de Nicolas Liautard. Plus récemment, il travaille aux côtés de Julie Duclos pour Nos Serments et de Caroline Guiela pour le Chagrin tous deux présentés au Théâtre National de la Colline.

Jérémie Scheidler né en 1983, Jérémie Scheidler est vidéaste, réalisateur et metteur en scène. Titulaire d’un D.E.A. de Philosophie, il est ancien élève de Khâgne au lycée Lakanal de Sceaux, et a travaillé sur le cinéma de David Lynch, les rapports entre documentaire et fiction dans le cinéma des années 70-80, et sur la métaphysique matérialiste de Gilles Deleuze. Depuis 2008, il collabore avec des artistes de théâtre et des musiciens (Julien Fišera, David Geselson, Caroline Guiela Nguyen, Marie Charlotte Biais, Kristoff K.Roll, Adrien Béal, Nicolas Fagart, Olivier Coyette), en concevant des dispositifs et des écritures « vidéographiques ». Ses films sont montrés pour des festivals et dans des expositions, et il conçoit un travail de longue durée, un journal filmé, sur internet (http://hypermnesie.net). En décembre 2014, il publie un texte dans la revue Revue & Corrigée : La vidéo dans les arts de la scène, un art de l’aura En avril 2014, il met en scène son premier spectacle, Un seul été, d’après L’Été 80 de Marguerite Duras, et il travaille actuellement à son deuxième spectacle, Layla, dans le cadre d’un compagnonnage avec le metteur en scène Dieudonné Niangouna.

 

Photo pauvreté

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© Réjane Michel

Portrait Clara Chabalier

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Clara Chabalier par Olivier Allard