© Laure Chichmanov
LES ÉVAPORÉS
Ouverture(s) d’octobre
Traduction Akihito Hirano
scénographie Victor Melchy
création lumière Catherine Verheyde
réalisation des séquences filmées Akihiro Hata
collaboration artistique et dramaturgie Lara Hirzel
costumes Oria Steenkiste
création vidéo Melchior Delaunay
création sonore en cours
Production, développement Dantès Pigeard
jeu Hiromi Asai, Yumi Fujitani, Kaori Ito (vidéo), Masato Matsuura, Akihiro Nishida, Marc Plas, Kaori Suzuki, Tokio Yokoi et Kana Yokomitsu
production Cie Magique-Circonstancielle ; coproduction Théâtre de Lorient-CDN de Bretagne ; OARA (Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine) ; Scène nationale de Sud-Aquitain ; Studio-Théâtre de Vitry ; Théâtre de l’Union-CDN du Limousin ; L’Odyssée, Scène conventionnée de Périgueux ; avec le soutien du CentQuatre-PARIS ; de l’ARCAL et de la Chartreuse-Centre national des écritures du spectacle ; mécénat Pylônes, créateur d’objets ; Delphine Hecquet a reçu une bourse de l’OARA en 2016 pour l’écriture des Évaporés
Il y a deux ans tandis que j’étais en train de préparer un travail de recherche pour un prochain projet d’écriture dramatique sur la mémoire, j’avais lu un article dans Le Monde relatant un ouvrage sur le phénomène des évaporés du Japon. J’avais aussitôt eu envie d’en savoir plus sur ce phénomène de ces évaporations massives de personnes, sur ces gens qui disparaissaient sans laisser de traces, changeaient d’identité et s’inventaient de nouvelles vies.
Tout cela me semblait si loin… et en même temps très proche des questions que je me posais à ce moment de ma vie. A travers le phénomène des évaporés que je venais de découvrir grandissait en moi une autre question. Je n’étais pas seulement impressionnée par le phénomène -symptôme ou conséquence du fonctionnement d’une culture et d’une société en crise qui n’offrait pas d’autres choix que de s’évaporer- mais j’entrais dans une zone plus sensible, essentielle pour moi, qui touchait l’évaporation : la question de l’identité. Commençait l’aventure du spectacle à venir, Les Evaporés. Je décidais de prendre un billet et de partir au Japon.
J’avais besoin, pour écrire un spectacle sur le phénomène de l’évaporation, d’en comprendre le processus mental, de le voir autrement que comme une simple blessure qui représenterait une société qui va mal. J’ai découvert que johatsu, le mot japonais pour dire évaporé, comporte la même teneur symbolique qu’en français : il signifie la disparition et désigne aussi le passage de l’état liquide à l’état gazeux. S’évaporer ce n’est donc pas disparaître, c’est se transformer, devenir autre, se métamorphoser, c’est un passage. Là encore il est question d’identité. Même si l’identité qui fonde le rapport au monde nous semble assurée, irréfutable, […] l’individu avance dans son existence en tâtonnant. […] L’identité est toujours un processus. nous rappelle David Le Breton. Alors qu’est-ce que c’est qu’être soi, si on ne parvient jamais à être, et qu’on devient ?
Je n’entrevoyais plus alors l’évaporation comme une rupture d’une grande brutalité, le résultat d’un empêchement, d’une voie sans issue apparente, mais comme une continuité, comme un mouvement, une liberté, un choix.
Nos identités et non plus « notre » identité, sont donc des fictions. Ce que les autres projettent sur moi (une image) constitue aussi ce que je suis, et pour correspondre à cette image, je m’invente une identité qui resterait en accord avec l’idée qu’on se fait de moi. Je suis donc dans une fiction perpétuelle de moi-même, une vraie vérité fausse, en quelque sorte. Ce qui m’interpelle dans ce phénomène des évaporations, ce sont les fictions qu’il déclenche. D’un côté, les évaporés choisissent de redéfinir leur identité en s’éloignant de leur identité de départ, en tentant de vivre une nouvelle vie. De l’autre, ceux qui restent, les proches, sont eux aussi forcés de se définir autrement, brutalement, avec l’absence, n’être plus femme de, mari de, fils de, mais en attente. Ceux qui restent débordent d’imagination pour sauver leur esprit de la tristesse qui les guette après une évaporation. Ils laissent des messages à la radio, distribuent des tracts, gardent la chambre de l’évaporé intacte au cas où il reviendrait,… L’espoir, l’imagination, l’attente sont le quotidien de ces familles, et autant de thèmes possibles à explorer.
Delphine Hecquet
© Delphine Hecquet
NOTES SUR L’ÉCRITURE DE LA PIÈCE ET LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE
Lors du premier stage organisé en janvier 2016 pour dé- terminer la distribution du spectacle, j’ai demandé aux acteurs japonais présents de faire l’exercice de venir un à un se dé nir, en commençant toutes leurs phrases par je suis (watashi wa, en japonais). Une jeune actrice vient timidement nous con er qu’elle est la mer, mais très vite elle continue en disant qu’elle aime le soleil, le vent, être au bord de l’eau, etc… J’interroge donc le traducteur qui m’explique qu’en japonais ce n’est pas comme en fran- çais, on ne se dé nit pas vraiment en disant je suis, mais par ce qui nous arrive, ce que nous aimons, etc… La langue elle-même conditionne d’une certaine manière la façon de concevoir l’identité. C’est notamment pour cette différence de conception du langage, et donc d’imagination, que j’ai choisi d’écrire et de mettre en scène ce spectacle en japonais.
Ecrite pour sept acteurs japonais et un acteur français qui jouera le personnage d’un journaliste venu faire au Japon un reportage sur le phénomène des évaporations massives, la pièce montre que dès la formulation même de qui on est, de par une différence linguistique et cultu- relle, on ne peut pas se dé nir avec les mêmes outils, les mêmes possibles.
L’ECRITURE DRAMATIQUE, EN JAPONAIS ET EN FRANCAIS
Je pars donc de l’écriture au plateau pour ensuite écrire la pièce. Je crois qu’on ne peut pas faire surgir ce texte sans l’avoir déclenché d’abord avec l’expérience du pla- teau, avec la force de proposition des acteurs. Je dois penser la pièce en japonais pour l’inscrire dans son pay- sage d’origine, pour être au coeur du phénomène social, et en faire surgir toute la complexité, et le choc culturel qu’il représente pour nous, Occidentaux. Aussi, d’avoir expérimenté les improvisations en japonais a permis de plonger dans cette langue qui m’est si étrangère, d’en ressentir la puissance poétique, sa différence. Le fait de créer un spectacle en japonais impose un rythme nouveau pour moi. Les acteurs improvisent en japonais, aussi, il y a un décalage entre ce qui se passe en direct sur scène et le temps de la compréhension. Au lieu d’en faire un obstacle, j’envisage cette distance comme un espace de rêverie, où sans rien vraiment comprendre, je peux ressentir et imaginer. Les acteurs savent que je ne comprends pas ce qu’ils disent en temps réel, et cela les rend plus libres de ‘’se tromper’’, de ‘’rater’’, de ne pas se concentrer sur la langue puisque je ne peux pas encore en saisir l’épaisseur, les détails, l’originalité.
L’acteur français Marc Plas, qui joue le journaliste, a pu ainsi expérimenter les dif cultés de communication, se sentir étranger, ce qui était important pour la suite de l’écriture. Ce personnage est un lien entre la langue étrangère et le spectateur, il accompagne la compréhen- sion, puisqu’il parle dans sa langue maternelle (le français). Il joue également avec le problème de communication créé par la rencontre avec des Japonais. Il ne s’agit pas de contourner la dif culté d’un spectacle dans une langue étrangère, mais bien d’en utiliser toute la cocasserie, toute la richesse de l’échange, des impossibilités, de faire apparaître ce qui nous échappe.
LA COMPAGNIE MAGIQUE CIRCONSTANCIELLE
La Magique Circonstancielle est l’autre nom du hasard pour les surréalistes, ou comment des éléments indépendants se retrouvent au même endroit par un étonnant concours de circonstances. J’ai choisi d’appeler la compagnie « Magique- Circonstancielle » car les imprévus, les hasards sont depuis toujours, pour moi, source de création. Il faut savoir d’abord les regarder, lorsqu’ils nous arrivent, et les écouter. Ce n’est pas tout de les remarquer, il faut s’en réjouir, et décider qu’ils ne sont pas là pour rien. De ces hasards qui n’ont jamais cessés de croiser ma route, j’en ai fait un principe de travail. Les surréalistes tentaient de les provoquer et de les sublimer en faisant des ‘’expériences’’. Ce ‘’hasard objectif’’ comme le nomme André Breton, nous permet de décrypter la vie, de se saisir des évènements inattendus, des rencontres, des signes, des coïncidences pour créer, de provoquer une phy- sique de la poésie (Paul Eluard).
J’aime l’idée que les acteurs, mais aussi bien la costumière, l’éclairagiste, le danseur, le metteur en scène, le scénographe, le musicien, se rencontrent par un hasard heureux, qui ne serait pas totalement décidé. C’est souvent par ce qui nous échappe que l’on se révèle, et c’est souvent le point de dé- part des idées qui composent mon écriture. Les dérapages, les hasards m’amusent, parce qu’ils nous mettent en péril. C’est dans le déséquilibre que l’on ressent tout son poids, et s’il faut sans cesse le chercher, cet équilibre, c’est bien plus sa recherche qui m’intéresse que son résultat.
C’est le hasard sous toutes ses formes que nous essaierons d’approcher : de l’écriture à partir du réel (interviews, enre- gistrements), au texte classique qui se retrouve sur ma table de chevet par un étonnant concours de circonstances. Heureusement qu’il y a du magique pour que nous échappent encore des secrets bien enfouis. Reste à les écrire.
Delphine Hecquet, formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (promotion 2011), elle a entre autres pour professeurs Dominique Valadié, Alain Françon, Olivier Py,Yves Beaunesne, Jacques Doillon, Andrzej Seweryn. Au théâtre, elle joue dans Ivanov d’Anton Tchekhov (CDN des Alpes 2011, tournée 2011), Woyzeck de Georg Büchner (CDNA et TNS, 2012), George Dandin de Molière (CDNA et tournée 2012), Don Juan revient de Guerre de Ödön Von Horváth (CDNA 2013 et Théâtre Athénée Louis-Jouvet à Paris 2014) et Medealand de Sara Stridsberg (MC2 Grenoble, Comédie de Valence et Studio-Théâtre de Vitry 2014-2015), mise en scène Jacques Osinski. Elle joue également dans Fragments d’un discours amoureux d’après Roland Barthes mise en scène de Julie Duclos (La Loge, Paris, 2011), et dans Suite n°1 ABC de Joris Lacoste (Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles, festival d’automne à Paris et tournée 2014-2015) Elle interprète Edith Piaf dans Hymne à l’amour, ballet musical, mise en scène de Misook Seo (Centre d’Art National, Corée du Sud, 2012). Au cinéma, elle tourne avec Bruno Ballouard, Lili-Rose – Cécile Télerman, Les yeux jaunes des crocodiles – Eugène Green, Correspondances (prix du Jury Fes- tival de Locarno 2007) – Philippe Garrel, Un été brûlant – Gaël De Fournas, La bataille de Jéricho (court-métrage). En 2012, installée à Moscou, elle écrit une pièce pour 3 interprètes, Balakat, qui interroge la naissance et la possibilité de l’écriture. Créée au théâtre de La Loge à Paris en septembre 2014, la pièce est sélectionnée dans le cadre du festival Impatience 2015. Delphine Hecquet bénéficie d’une bourse d’écriture de l’OARA pour Les Evaporés.
Hiromi Asai, née à Kobé au Japon. Après des études de littérature française, elle suit un enseignement théâtral à l’université Paris III. Comédienne, elle participe dès son arrivée en France à plusieurs spectacles à l’espace culturel de l’ambassade du Japon dans le cadre des échanges franco-japonais. Au théâtre, elle joue sous la direction de Frédéric Fisbach : Gens de Séoul (Festival Avignon, Th.Sétagaya à Tokyo), Illusion Comique (Festival Avignon,Th. Odéon, Th. National de Strasbourg…), Agrippine (Th.Rennes, Th.St.Quentin enYvelines…); de Bruno Boëglin dans Brautigan ou la vallée du paradis (Th. National La Criée,TILF…), Le prix Martin d’E. Labiche (Th.des Célestins à Lyon) et sous la direction d’ Arnaud Meunier : Tori no tobu takasa (Comédie de St.Etienne, CDN de Besançon et Th. National de Nice). Elle travaille réguliè- rement en tant que interprète-traductrice pour plusieurs metteurs en scène sur des projets théâtraux franco-japonais (Claude Régy, F. Fisbach, Omar Poras, Oriza Hirata, Satoshi Miyagi, Yôji Sakaté, etc.). Ses traductions de pièces de théâtre sont éditées en France; Freetime de Toshiki Okada par Edition 104, et Les baleines de Sétouchi et Le goûteur d’eau deYôji Sakaté par les éditions de la Gare. Elle a aussi joué dans des longs-métrages (L’Arnacoeur réalisé par Pascal Chaumeil, Tokyo Fiancée réalisé par Stefan Liberski…) et des courts-métrages. Elle pratique la danse traditionnelle japonaise, le tango argentin (niveau com- pétition), les danses de salon (niveau compétition), le flamenco, et le taïchi. Depuis 2011, elle réalise ses propres spectacles. Trois Histoires Courtes du Pays du Soleil Levant, répertoire sur les contes japonais traduits par ses soins, et tourne en France, souvent accompagnée par des musiciens. Sa prochaine création sera tirée d’une histoire écrite par Kenji Miyazawa sur l’homme et la terre.
Yumi Fujitani, née à Tokyo. Elle suit d’abord une formation de danse classique et de théâtre à Kobe. Puis elle se forme à la danse jazz, à la danse contemporaineet au butô. A Tokyo, elle fait une rencontre déterminante avec Kô Murobushi et Carlotta Ikeda, co-fondatrices de la Compagnie Ariadone. Elle rentre alors dans la Com- pagnie comme 1ère danseuse. De 1985 à 1995, elle s’y produit dans des créations telles que Himé, Black Gray White, Le Langage du Sphinx, En chasse… En dehors des tournées internationales, elle enseigne le butô à Tokyo, tout en poursuivant sa formation à New York et à Paris, où elle expérimente de nouvelles formes d’expressions corporelles, à travers le masque, l’art du clown la vidéo, les arts plastiques. Elle s’installe à Paris en 1996. Danseuse de la troisième génération du butô, elle développe sur cet art une réflexion et une approche personnelles. Elle entame alors des collaborations avec des comédiens , des metteurs en scène et des musiciens. En 1996, elle présente ainsi Cinq Nô Modernes de Mishima Yukio, avec des comédiens, au festival d’Avignon. Elle travaille également avec Urszula Mikos, metteuse en scène, pour les créations de Terra Incognita en 2002, Uberyou en 2003 d’après Louis Cervin et Thomas Bernhard., avec le compositeur André Serre Milan ou encore Jacques Rebotier et Dominique Raymond pour L’éloge de l’ombre de Tanizaki Junichiro à la maison de poé- sie. Elle crée également de nombreuses chorégraphies solos : Frontières, dans lequel elle s’aventure vers les limites et les chemins de la mort, Vertige de mémoire, spectacle dans lequel elle explore les tréfonds de la mémoire et de l’inconscient. Téfu-Téfu dans laquelle elle revisite la fameuse question du rêve du papillon. Fujin-Raîjin invoque, avec le graphiste japonais Tatsuya Oka, les esprits du vent et de l’orage. Elle a également créé une libre interprétation du Journal d’Adam, Journal d’Eve de Mark Twain, avec 2 comédiens. Elle enseigne notamment à l’Ecole du jeu, à Micadanses et donne de nombreux stages partout en France et en Europe. Ce qui motive son travail aujourd’hui c’est d’explorer le corps physiologique. Elle a inventé sa façon d’enseigner et dans ses trainings, elle parle de ce corps physiologique, un corps animal. Yumi Fujitani n’apprend pas à jouer l’animal mais à se servir de lui pour changer l’état de son corps.
Kaori Ito, née à Tokyo. Elle étudie le ballet classique dès l’âge de 5 ans. En 2000, elle part aux Etats-Unis pour intégrer la section danse de l’Université Purchase de l’Etat de NewYork. De retour au Japon, elle obtient, en 2003, un diplôme de sociologie et d’éducation à l’Université de Saint-Paul à Tokyo. La même année, elle obtient une bourse et repart à NewYork dans le cadre du Programme d’Etude International pour les Artistes du gouvernement japonais. De 2003 à 2005, elle tient le premier rôle dans la création de Philippe Decouflé, Iris. Elle intègre le Ballet Preljocaj et travaille sur Les 4 saisons d’Angelin Preljocaj. En 2006, elle danse dans Au revoir Parapluie de James Thierrée et continue sa collaboration avec lui sur Raoul et Tabac Rouge. En 2008, elle assiste Sidi Larbi Cherkaoui pour le film Le bruit des gens autour avec Léa Drucker et travaille de nouveau avec lui en tant que soliste dans l’opéra de Guy Cassiers : House of the sleeping beauties. Cette même année elle crée son premier spectacle : Noctiluque au Théâtre de Vidy-Lausanne. En 2009, elle présente sa deuxième création SoloS au Théâtre Le Merlan. Elle le recrée à la biennale de Lyon en 2012. Island of no memories, sa troisième chorégraphie, naît en 2010 lors du concours (Re)connaissance et obtient le premier prix. Ce spectacle sera sélectionné pour le programme Modul-Dance du Réseau EDN (European Dance Network). Elle reçoit également le prix du meilleur jeune chorégraphe pour l’année 2010, et le prix de JADAFO au Japon. En 2011, elle collabore avec Denis Podalydes pour Le Cas Jekyll 2 et en 2012 sur Le bourgeois gentilhomme et L’homme qui se hait et elle danse pour Plexus son portait par Aurélien Bory. Après avoir dansé et collaboré avec Alain Platel sur le spectacle Out of content, Kaori Ito crée Asobi, produite par Les Ballets C de la B. En 2015, elle crée Je danse parce que je me méfie des mots, portrait dans lequel elle explore ses racines, au travers d’une rencontre artistique et humaine avec son père Hiroshi Ito. Pour cette mise en scène, elle invente un langage étrange, qui leur ressemble, à l’intersection des mots et de la danse. Par des questions brutes, incisives, profondes ou futiles, elle brise la glace et joue avec les silences de ce père, chargé de secrets.
Masato Matsuura, né en 1965 à Takarazuka au Japon, Masato Matsuura se forme au théâtre Nô. Il participe à de nom- breuses représentations dans différents théâtres au Japon (National Noh Theatre…), et notamment à des spectacles dirigés par Hideo Kanze. A partir de 1992, il étudie le théâtre contemporain pour diversifier ses techniques de scène, ainsi que le théâtre classique japonais. Parallèlement, il se forme au karaté du style Kyokushin, puis dans une école de sabre au style Hokushin Ito Ryû, au Kenjutsu et au Kendo moderne (Gendaï-Kendo). Mais l’agressivité des techniques l’amène à chercher une autre voie, plus respectueuse du corps. Il se forme au sabre à l’école Niten de Tokyo, à l’Aiki jyujitsu avec Maître Daitoryu Yoshimaru Keisetsu (Tokyo) et au Tai-chi. La double approche du théâtre et des arts martiaux lui permet de réfléchir à l’essence du mouvement et de développer une expression corporelle fondée sur une conscience aigüe de la fluidité et de la construction du corps. Rejoignant le fondement des théâtres traditionnels japonais, il réalise une union des arts du chant et des armes, du texte et de la danse. Il partage son activité entre l’enseignement et la scène. Il a fondé l’école Sayu et le dojo des Deux Spirales à Paris. Il donne régulièrement des cours et des stages à Paris et Bruxelles, ainsi que des master classes en Europe. Il s’est produit à la Maison de la culture du Japon à Paris, au Festival d’Avignon, au Festival d’Ambronay, au Festival baroque de Pontoise, au Festival de Lanvellec, au Festival Wunderkammer 2008 (Trieste), à la Maison de la Bellone (Bruxelles); en France, Bosnie, Italie, Hollande, Belgique, Japon, Emirats, Bahrein, Koweit et Yémen. En 2013, il a été invité d’honneur au Festival international Masqu’alors au Québec.
Akihiro Nishida, né au Japon en 1953, Akihiro Nishida fait des études de mime à Osaka, puis choisit Paris pour poursuivre sa formation en expression corporelle (avec Monika Pagneux) et théâtrale avec (Philippe Gaulier). Pratiquant parallèlement les arts martiaux, il continue ses études à l’Université Paris VIII et obtient la « Maîtrise Art du Spectacle ». En 1988, il travaille avec Peter Brook pour le Mahabharata (porté au cinéma), et avec Ariane Mnouchkine pour La Nuit miraculeuse (film du Théâtre du Soleil). L’année suivante, il entre dans la compagnie Pokkowa-pa où il joue dans Clodo Mélodie, puis rejoint la compagnie de l’Atelier International de l’Acteur. Il y interprète Les mille et une nuits et Mesure pour Mesure de Shakespeare. Il ap- paraît au cinéma dans Pullman Paradis (Michèle Rosier), The Pillow Book (Peter Greenaway), Tang le onzième (Daï Siji), Wasabi (Gérard Krawczyk), Fais-moi plaisir (Emmanuel Mouret), Safari (Olivier Baroux), Le capital (Costa-Gravas) et dans les téléfilms L’Etat de Grâce (Pascal Chaumeil), Katz (Arnauld Merca- dier), Le Boeuf Clandestin (Gérard Jourd’hui). Au théâtre, il se produit dans Notre-Dame de Paris (Théâtre sans Frontière), Messe pour le temps présent (compagnie Béjart Ballet Lausanne), Le Concours (compagnie Béjart Ballet Lausanne) à l’Opéra national de Paris, L’Enfant Peul (compagnie britannique,Théâtre sans Frontière), La caravane de verre, voyage au paye d’Emile Gallé (compagnie Oposito), Triomphe ! Une vie de Judo (com- pagnie Muses & Samurais), The King and I au théâtre du Châtelet. Il crée également ses propres spectacles, On m’a dit que (1999), M & m Show (2004) et Les tribulations linguistiques d’un japonais découvrant la France (2013).
Marc Plas commence le théâtre au sein de l’association culturelle de son lycée St-Michel-de-Picpus où il travaille avec Jean Bellorini, Michel Jusforgues et Coralie Salonne. Après un baccalauréat littéraire, il rentre à l’école Claude Mathieu en 2004. Il y reste 3 ans avant d’entrer au Conservatoire national supérieur dramatique de Paris (promotion 2011) dans la classe de Sandy Ouvrier. Il joue en 2012 avec Joel Dragutin au théatre de Cergy 95 dans Une maison en Normandie puis avec Benjamin Porée au théatre de Vanves dans Platonov de Tchekov. Il joue à nouveau avec Jean Bellorini sur plusieurs spectacles Liliom de Ferenc Molnar au Printemps des comédiens puis en tournée dans toute la France ainsi qu’au théâtre Gérard Philipe (2014) puis à l’Odéon (2015), La bonne Âme du Setchouan de Brecht, création au TNT puis reprise à l’Odéon aux ateliers Berthier, Tempête sous un crâne d’après Les Misérables de Victor Hugo au théâtre des quartiers d’Ivry en 2014. Il prépare actuellement la prochaine création avec la troupe de Jean Bellorini Les frères Karamazov d’après Dostoïevski.
Kaori Suzuki, se forme à la danse classique à Singapour et au Japon à l’école du Tokyo Ballet et de Saburo Yokose. De 1989 à 1996, elle travaille au Japon comme soliste du répertoire classique et collabore avec di- vers chorégraphes japonais et enseigne la danse classique. Depuis 1997, elle vit à Paris et travaille pour Matthew Hawkins au Royal Ballet à Londres dans Angel et Exile (backstage project), Carlotta Ikeda dans Le sacre du printemps, Karry Kamal Karry dans Siamois et Jacky Auvray dans Parenthèse et d’ x, Philippe Dormoy et Valérie Joly pour Silence (théâtre chanté), Bando Sengiku dans L’été Chushigura (danse traditionnelle japonaise Kabuki) et Stradivarius légende (duo acrobatique avec Cyril Jacqmin). Elle danse dans des opéras lyriques à l’Opéra de Paris et au théâtre du Châtelet mis en scène par Ennoské 3, Yannis Kokkos, La Fura del Baus, Micha Van Hoecke et Gilbert Deflo, Chen Shi-Zeng. Elle danse aussi pour la comédie musicale King and I de Lee Blakeley. Avec sa compagnie, Cie Tsurukam, elle crée en 2006 Kagomé (danse, marionnette et masque) joué au In du festival de Charleville-Mézières. En 2007, elle crée Satori (danse, masque), adaptation du Roi Lear de Shakespeare pour la ville d’Argenteuil. En 2013, sa création Tomoki (danse, objets) participe au festival international du théâtre Mont-Laurier au Québec, à Dubrovnik en Croatie, à Hanko en Finlande, STSPOT à Yokohama au Japon. En 2014, elle crée Qui-Koto. La Cie Tsurukam a créé le festival Ningyo (point de conver- gence entre l’homme et la matière) avec l’espace Bertin Poirée.
Tokio Yokoi, Né en avril 1945 au Japon, il suit ses études au département de langues étrangères de la Nanzan University, puis au département des Beaux-Arts de la University of South California où il devient membre d’une troupe de théâtre, East West Players. Responsable des investissements dans le secteur touristique du groupe japonais Plaza pour l’Europe, il est nommé Directeur Général du groupe Plazana Espagne. En 2013, il joue dans le film Tokyo Fiancée de Stefan Liberski.
Kana Yokomitsu, est diplômée d’une licence de littérature japonaise de l’Université Hosei de Tokyo, Kana Yokomitsu a suivi les cours de théâtre de Vera Gregh. Elle a notamment joué au théâtre dans Beatles Story, de Renaud Siry, Mid summer nightdream, Kim-M. Broderick, Marciel de Marc Hollogne, Vers la route de Tokaido de Nicolas Bataille, La mort d’Empedocle de Philippe Lanton, Ecrit sur l’eau d’Éric-Emmanuel Schmitt mis en scène par Niels Arestrup, Tokyo de Nicolas Bataille, Cendre Cendrillon d’Axandre Colpacci et dans Ludwig Leitmotiv de Katiana Kowalski. Au cinéma, elle a joué dans Silent City de Threes Anna (2012).
Akihiro Hata, né en 1984 à Nishinomiya, au Japon. Il part à Paris après le lycée en 2003. Il obtient la licence Cinéma à Paris 1 Panthéan-Sorbonne en 2006 et intègre la Fémis (École Nationale Supérieur des métiers de l’Image et du Son) en département réalisation et obtient la bourse du gouvernement français en 2007. Dîplomé en 2010, il réalise plusieurs courts-métrages et des films documentaires dont Les invisibles en 2015, sélectionné en compétition nationale au festival de Clermont Ferrand. Il prépare actuellement La mer verte, un film documentaire sur une forêt au pied de Mont Fuji soutenu par l’Institut Français et À la chasse, un film de fiction qui sera tourné en mars 2016, soutenu par le CNC, la région Pays de la Loire et Arte.