Archives pour septembre 2013

NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE LE GOÛT DE L’ANANAS PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS – ÉPISODE 4 : André S. Labarthe

Bulle ananas 3

D’avril à mai nous accueillons Odile Darbelley et Michel Jacquelin pour la création du quatrième épisode de NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE LE GOÛT DE L’ANANAS PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS. Nous aimons leur approche singulière du plateau, nourrie de leur connaissance profonde des arts plastiques, et animée d’un humour délicat et toujours décalé. Entre autobiographie et auto-fiction, chaque épisode propose la restitution de la vie d’un artiste en sa présence et avec sa complicité. La tranche 4 de leur ANANAS aura pour invité André S. Labarthe, critique et réalisateur de cinéma


vendredi 23 mai à 20h30
samedi 24 mai à 20h30
dimanche 25 mai à 16h
lundi 26 mai à 20h30

NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE
LE GOÛT DE L’ANANAS
PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS

ÉPISODE 4 : André S. Labarthe

réalisation Odile Darbelley & Michel Jacquelin

avec
Jean-Marc Chapoulie
Odile Darbelley

Anna Gaïotti
Michel Jacquelin
André S. Labarthe

régie générale et lumière Guy Merlant

une production commune au fil des épisodes de l’Association Arsène ; Fondation Professeur Swedenborg pour l’Art Contemporain ; CCAM Scène Nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy ; Scène nationale 61 ; Frac Provence-Alpes-Côte d’azur ; Théâtre des Bernardines ; Actoral ; Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine ; Théâtre du Bois de l’aune d’Aix-en Provence ; MP13


ananas5
« Tant que les lions n’auront pas d’histoire, les histoires de chasse seront toujours à la gloire des chasseurs. »
Proverbe africain

Dans ce projet, des artistes bien réels venant d’horizons divers sont invités à être l’élément moteur dans l’élaboration d’une série de propositions théâtrales, entre autobiographie et autofiction. Une bulle gonflable transparente est donnée comme espace de création, à la fois cocon, loupe, lieu de projection physique et mentale.
A chacun de trouver une forme cohérente, un type de relation au public, pour faire partager les expériences qui l’ont constitué en tant qu’artiste. Au fil des rencontres, nous fabriquons, de notre côté, un prototype d’artiste tangent. Ce personnage récurrent inscrit son parcours fictif dans les différentes biographies dont il se nourrit.
Ces biographies, réelles ou imaginées, sont un des éléments qui constituent l’histoire de l’Art Tangent comme une œuvre d’art.

L’invité de cette quatrième tranche est André S. Labarthe. Critique cinématographique, dès 1956 aux Cahiers du Cinéma, producteur, auteur et réalisateur proche de la Nouvelle Vague, il coproduit à partir de 1964, avec Janine Bazin la collection « Cinéastes de notre temps » dont il réalise lui-même plusieurs numéros. Il a fait par ailleurs de nombreux documentaires sur la danse, la littérature et l’art contemporain…
Pour notre projet, André S. Labarthe a proposé d’être accompagné par Jean-Marc Chapoulie, artiste vidéaste, qui dans des formes hybrides, entre performance, conférence et installation, invente des dispositifs de fabrication et de monstration du cinéma.

ananas4


Odile Darbelley & Michel Jacquelin

Odile Darbelley a reçu une formation de comédienne (principalement auprès de Yorgos Sévasticoglou et Antoine Vitez) tout en poursuivant des études universitaires en particulier à Paris III (maîtrise de Lettres modernes et D.E.A. de Théâtre). Elle est co-responsable de la chronique Arrêt sur image à Théâtre/Public. Comme comédienne, elle participe au Petit Albert et à Pirates, des créations collectives en direction du jeune public, elle joue dans Thrène et Predelle de P. Kermann mis en scène par C. Bokhobza.

Après avoir été reçu en 1982 à l’Agrégation d’Arts Plastiques et avoir soutenu en 1990 sa thèse sur la photographie, Michel Jacquelin mène en parallèle deux activités : celle de plasticien (il expose entre autres au CREDAC et pour la Galerie Michèle Chomette) ; et celle de photographe pour le théâtre et la danse (il photographie en particulier les spectacles d’A. Vitez, T. Kantor, P. Bausch, C. Régy, W. Forsythe et collabore à de nombreuses revues comme Théâtre/Public, La Revue du Théâtre, Mouvement). Il aborde la scénographie en 1992 (spectacles de R. Dubelski, C. Jehanin, M. Guerre, C. Bokhobza, X. Marchand et O. Grandville).

Odile Darbelley et Michel Jacquelin créent ensemble, à partir de 1993, leurs propres spectacles/performances: Les Témoins Oculaires, Victor Singelshot scénographe, F.K./M.J. Séance de scrutation photographique, Hans K., un cas de figure , Le Vivarium (sur un texte de G. Didi-Huberman) et développent à partir de 1996 un triptyque de spectacles, Vvert Célacon The Living Ready- Made (une oeuvre de Duchamp Duchamp), La Chambre du Professeur Swedenborg et Dispositif pour une rencontre avec les Åsa chasseurs de météores (L’Antichambre D’A. Pophtegme). L’ensemble est créé au festival d’Avignon 2001 sous le titre: Un lièvre qui a des ailes est un autre animal. En 2003, ils créent Tout seul je ne suis pas assez nombreux, une pièce de Poussiv’Dance puis les 5 épisodes du Grand Feuilleton. En 2006, après plusieurs propositions autour de la performance, ils expérimentent une télévision d’art et essai avec Tout le Bonheur est à l’intérieur et entreprennent le travail sur l’Art Tangent qui donnera lieu à un livre et à une exposition en 2007. Ils créent Ur Asamlet en 2009, tout en continuant à tourner l’ensemble de leurs productions en France et à l’étranger.
« Conférenciers loufoques, savants illuminés, artistes dérisoires et grandioses, danseurs de hasard, les bouffons poétiques qu’inventent Odile Darbelley et Michel Jacquelin réveillent la drôlerie d’une création contemporaine et interactive, toujours en train de faire face à un public complice et hilare. Elle, comédienne, a suivi l’enseignement d’Antoine Vitez ou de Jacques Lassalle. Lui, plasticien, a photographié les spectacles de Tadeusz Kantor, Pina Bausch ou Claude Régy et réalisé des scénographies pour Richard Dubelski ou Xavier Marchand. Odile Darbelley et Michel Jacquelin explorent un rapport constructif au public, interrogeant la pérennité de l’objet culturel. Par leurs allocutions, exercices, démonstrations et réalisations en direct, ils torturent et triturent le bien fondé de la gravité de toute création artistique. » Pierre Notte (programme du Festival d’Avignon 2003)

 

ROUGE

rouge

 

En novembre et décembre nous accueillons la création en résidence de ROUGE d’Igor Bucharles, première mise en scène de l’un de ses textes par Charlotte Bucharles. Dans une langue d’une grande densité, Igor Bucharles explore les rémanences infinies d’une catastrophe dont la formulation semble aussi nécessaire qu’impossible… ROUGE a obtenu les aides à la production dramatique du Centre National du Théâtre et de la Drac Île-de-France.


vendredi 13 décembre à 20h30
samedi 14 décembre à 20h30
dimanche 15 décembre à 16h
lundi 16 décembre à 20h30

ROUGE

d’Igor Bucharles
mise en scène, scénographie et costumes Igor et Charlotte Bucharles
lumières Pauline Guyonnet
régie générale Pierre-Damien Crosson

avec
Damien Houssier
Maxime Kerzanet

production déléguée Studio-Théâtre de Vitry; coproduction La Compagnie de l’Entre; avec l’aide à la production dramatique de la DRAC Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication, et l’aide à la création du Centre National du Théâtre


Un homme (1) a eu un traumatisme qui l’a rendu presque amnésique et aphasique. Un autre (2) le fait parler. 1 doit alors raconter son histoire : un accident de voiture auquel il a survécu et dans lequel sa femme est morte.

Qui est ce 2 qui vient rendre visite à 1 et qui lui extorque sa parole ? On peut penser à un interrogatoire ou bien à une situation d’analyse. Mais n’est-ce pas aussi une voix intérieure ?

Peu à peu, 1 et 2 entrent dans un étrange processus. Ils repartent sans cesse sur la route de la mémoire. Le mouvement de la voiture les entraîne. La situation se transforme constamment, dérive. Des scènes reviennent, heureuses ou coupables. Ils voyagent dans l’espace et dans le temps. Le rêve et la fiction se mêlent au souvenir.

Entre 1, personnage qui a perdu son identité, et 2, personnage plastique qui a virtuellement toutes les identités, se mettent alors en place des rapports de force, de contradiction, de substitution.

En une série de variations, le texte tourne autour d’un seul point impossible à dire, et se transforme sans cesse. Ce qui est d’abord fixation sur une catastrophe, répétition immobile du passé, se met peu à peu à devenir autre. La parole fait varier les possibles, les différentes versions, les hypothèses, les fictions peut-être nécessaires pour survivre.

Dans une langue dense et rythmique, ROUGE donne à entendre un jeu d’absence et de présence, un jeu de deuil et de survie. Et tente d’atteindre, contre l’immobilité de la fixation, le mouvement du jeu, et la joie de recommencer.


2          Encore
Recommence encore

1          Nous partons

2          Oui

1          C’est un matin d’été

2          Oui

1          Nous sommes dans la voiture
tous les deux

2          Oui

1          La route roule devant nous
la route s’en va devant nous

2          Oui

1          Rien ne nous arrête
Nous sommes sur la route
dans le mouvement de la route
Il fait chaud déjà
dans ce matin d’été

2          Oui

1          Et tu es là
à côté de moi
Seulement là
à côté de moi

2          Oui

1          La route roule devant nous
la route s’en va devant nous

2          Oui

1          De part et d’autre
les arbres bougent le long de la route
calmement le long de la route

2          Oui

1          La chaleur sort de la route
et nous entoure

2          Oui

1          Tu es là
à côté de moi

2          Oui

1          Tu dis oui
pour me faire plaisir

2          Oui

1          Mais parce que c’est vrai aussi

2          Je ne sais pas

(…)

1          Où es-tu

Tu es là
Temps bref
Tu es toujours là

2          Non

1          Tu n’es plus là

2          Non

1          Pourquoi tu n’es plus là

2          Parce que je ne suis plus là

1          Tu étais là avant

2          Oui
C’était avant

1          Pourquoi tu n’es plus là

2          Parce que je ne suis plus là

1          Rit
Ce n’est pas vrai
Je t’entends

2          Oui

1          Tu es là alors

2          Non

1          Qui est là alors

2          Je ne sais pas

1          Qui parle alors

2          Je ne sais pas

1          Pourquoi tu ne sais pas

2          Parce que je ne sais pas


Igor Bucharles est né en 1979. Il a fait des études de lettres et de philosophie à l’Ecole normale supérieure et a enseigné quelques années à l’Université. Il écrit des poèmes, des récits et du théâtre.

Charlotte Bucharles est née en 1980. Elle a mis en scène Agatha de Marguerite Duras (2009, Paris Jeunes Talents) et Un jour en été de Jon Fosse (2011, coproduction le Grand T à Nantes, le Théâtre d’Arras et le Théâtre National de Bretagne).

La Ville

laville-00

En novembre nous accueillons la création en résidence de LA VILLE de Martin Crimp, dans une mise en scène de Rémy Barché, jeune metteur en scène rencontré à l’école du Théâtre National de Strasbourg. L’occasion de retrouver un grand auteur britannique contemporain dont nous aimons l’oeuvre complexe et troublante.


jeudi 10 novembre à 20h30
vendredi 11 novembre à 20h30
samedi 12 novembre à 20h30

La Ville

de Martin Crimp
traduction Philippe Djian

mise en scène Rémy Barché
dramaturgie Adèle Chaniolleau
son Mickaël Schaller
scénographie Héloïse Labrande, Jean-Baptiste Bellon
lumière Victor Egéa

avec
Marion Barché
Marianne Benne
Alexandre Pallu
Marie-Pierre Rodrigue

production Studio-Théâtre de Vitry, Compagnie Léna sur la charrette


la ville reims
“Ne nous faisons pas d’illusions au moment où elle nous imagine,
la réalité devient notre ennemi numéro un.”
Michelangelo Antonioni

Clair est traductrice, Christopher est informaticien. Elle rencontre un auteur, il perd son travail. Une série d’évènements étranges vont alors se produire, et la violence du monde va s’infiltrer dans le quotidien de ce couple jusqu’ici à l’abri. Une voisine infirmière vient pour se plaindre du bruit que font les enfants dans le jardin ; elle n’arrive pas à dormir à cause des images traumatiques qui la hantent depuis que son mari est parti à la guerre. Les enfants deviennent progressivement incontrôlables, jouant à des jeux atroces et sadiques. Clair et Chris se comprennent de moins en moins. En même temps que les éléments de la fiction sont déroulés, on commence à comprendre qu’ils sont peut-être inventés au moment où ils se produisent. Peut-être que ce que l’on voit, c’est le roman que Clair essaye d’écrire à partir de sa propre vie, de sa ville intérieure.


laville-01
A la fin de La Ville, comme les six personnages en quete d’auteur de Pirandello, les quatre figures de la pièce de Crimp sont reléguées dans un continent inconnu, où tout serait frappé d’inexistence. Au moment où chacun éprouve un doute profond quant à sa condition d’être vivant dans un monde réel, Clair avoue que ce qu’ils sont en train de vivre, c’est le brouillon d’une fiction qu’elle a tenté d’écrire. Ils seraient donc des personnages. Mais les personnages d’une histoire que Clair échoue à mettre en forme. La confusion qu’elle ressent devant la complexité du monde rend impossible la tentative d’écrire sa vie. Tous se retrouvent exclus du monde réel, et exclus de la fiction. A la différence des personnages de Pirandello, ceux de Crimp ne se révoltent pas. Les Six personnages en quête d’auteur avaient un “drame”, ils trouvaient légitime qu’on leur donne une forme, ceux de la Ville se sentent vides, ils ne voient pas très bien en quoi ils pourraient s’incarner.

Quel est ce monde fascinant et effrayant que décrit Crimp et où il serait impossible de s’incarner ? Il ressemble beaucoup à nos sociétés occidentales. C’est un monde où l’on peut perdre son travail du jour au lendemain, où l’on doit porter un badge pour être reconnu, un monde où la guerre est loin mais fait faire des cauchemars, où les enfants préfèrent se faire saigner que de regarder un merle construire son nid, un monde où l’on craint de mourir d’un cancer, où les mots ont un sens différent pour chacun. Un monde dépourvu de toute profondeur et où la peur est le motif de tous les agissements. La force de l’auteur est qu’il arrive à dépeindre cet univers à travers le délitement du couple que forment Chris et Clair. L’érosion du couple est le symptôme de l’absence de repères de la société dans laquelle ils évoluent. Chacun des deux traverse un moment de crise. Lorsqu’il perd son travail, Christopher sombre dans la dépression, il perd tout sentiment de dignité. Clair en a assez de traduire les mots des autres, mais n’arrive pas écrire avec ses mots à elle. A travers leurs doutes et leur incapacité à les communiquer, c’est tout ce monde en perte de sens que nous fait entrevoir Martin Crimp.

Ce qui est beau et surprenant, c’est que la structure de la pièce elle-même est progressivement contaminée par le malaise des personnages. La Ville est une pièce malade. Chaque scène semble inachevée, les situations se répètent, les personnages agissent de façon absurde… Le texte est plus labyrinthique que linéaire. A travers le personnage de Clair, Crimp semble parler de sa propre incapacité à construire un récit. Il interroge aussi de manière passionnante le statut d’un auteur aujourd’hui. Quel est le rôle d’un écrivain dans cette société de plus en plus superficielle qui s’apparente elle-même a une fiction ? La Ville répond à ces questions par son invention permanente et sa façon de sortir des codes habituels du théâtre. Si la pièce peut susciter l’effroi, elle rassure aussi par sa capacité rare à saisir avec beaucoup d’acuité et de sensibilité cette complexité parfois écrasante du monde.

Rémy Barché


Rémy Barché, metteur en scène

Parallèlement à sa formation en Arts du spectacle à l’université Bordeaux III, il monte La Semeuse de Fabrice Melquiot et Fairy Queen d’Olivier Cadiot. Il crée un audio-spectacle à partir de textes de Sarah Kane et Stig Dagerman pour l’édition 2004 du festival Novart.
Il entre en 2005 à l’École du TNS en tant qu’élève metteur en scène, et monte deux spectacles : Le
Cas Blanche-Neige d’Howard Barker et Cris et chuchotements d’après Ingmar Bergman. Il travaille avec Stéphane Braunschweig, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, Marie Vayssières, Frederic Fisbach, Bernard Sobel, Krystian Lupa.
En 2009/2010, il est assistant de Ludovic Lagarde sur le spectacle Un nid pour quoi faire d’Olivier
Cadiot (CDDB Lorient, Festival d’Avignon 2010). En 2010, il assiste Daniel Jeanneteau et Marie- Christine Soma pour la mise en scène de L’affaire de la rue de Lourcine d’Eugene Labiche.
Il est metteur en scène associé au festival des Nuits de Joux (Haut-Doubs), où il monte La Tempête de Shakespeare (été 2009) et Amphytrion de Kleist (été 2010).
Il prépare la mise en scène La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello pour la saison 2011/2012
(CDN de Bordeaux, Comédie de Reims, TNT de Toulouse…).
Il intervient régulièrement dans les classes de la Comédie de Reims et en option théâtre au lycée d’Asnières.

Le Cerceau

Cerceau

En novembre 2009 nous accueillons Laurent Gutmann et le Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine avec qui nous poursuivons une relation d’échange et de collaboration entamée la saison dernière (le stage professionnel dirigé par Daniel Jeanneteau s’est déroulé entre Thionville et Vitry ; « Feux » d’après August Stramm a été repris en résidence et joué quatre fois au Théâtre en Bois du CDN ; Marie-Christine Soma signe les lumières du « Cerceau »). Après une session de répétitions dans nos murs au mois d’août, nous présentons pour cinq représentations la mise en scène par Laurent Gutmann du «Cerceau » de Victor Slavkine. Magnifique chef-d’œuvre nourri de réminiscences de « La Cerisaie » de Tchékhov, « Le Cerceau » vient poursuivre la réflexion sur le monde postsoviétique que nous avions entamée en février 2009 avec « Ensorcelés par la mort » de Svetlana Alexievitch.


Le Cerceau

de Victor Slavkine

Le samedi 7 à 19 h
le dimanche 8 à 16 h
le lundi 9 à 19h

le samedi 14 à 19 h
et le dimanche 15 à 16 h

lecerceau-400
© Béatrice Minda

« Si je vous ai réunis, c’est parce que
nous avons tous quelque chose en commun.
Moi, nous, tous, nous sommes seuls. »

Traduction Simone Sentz-Michel, Editions Actes-Sud Papiers
Mise en scène Laurent Gutmann

Avec Jade Collinet, Bruno Forget, Daniel Laloux, Marie-Christine Orry, Eric Petitjean, François Raffenaud, Richard Sammut

Scénographie Laurent Gutmann et Mathieu Lorry Dupuy
Lumière Marie-Christine Soma
Costumes Axel Aust
Son Madame Miniature
Assistante à la mise en scène Anne-Margrit Leclerc

Petouchok, un ingénieur d’une quarantaine d’années, célibataire et urbain, a hérité, à la suite du décès d’une grand-mère, d’une maison à la campagne. Il décide de réunir cinq amis, plus ou moins proches, pour un week-end dans cette maison qu’il découvre en même temps qu’eux. Les six protagonistes ont en commun de vivre seuls et d’avoir sensiblement le même âge (hormis une jeune femme de 26 ans). Petouchok rêve de faire de cette maison le lieu de rassemblement d’une communauté amicale et informelle, rempart durable contre la solitude de ses membres. Un vieil homme les y rejoindra à l’improviste, ancien amant de la grand-mère décédée. Avec la redécouverte des lettres qu’elle et lui échangèrent pendant de longues années, c’est le passé de chacun des invités du week-end qui sera convoqué.

Par certains motifs, on pense à Tchékhov, (la villégiature, l’oisiveté, un monde qui chancelle – ici l’Union Soviétique –, l’ironie). C’est avec les coups de hache abattant les cerisiers que s’achevait La Cerisaie. C’est avec les coups de hache que donne Petouchok pour ouvrir la maison dont il vient d’hériter que commence Le Cerceau. Comme si Petouchok rouvrait la Cerisaie, quatre-vingts ans après. Mais ce qui pourrait n’être qu’un jeu littéraire assez vain, au mieux un aimable pastiche, débouche au contraire sur le constat d’une impasse, sur la nécessité de réinventer cet héritage.

S’éloignant peu à peu de Tchekhov, la voix de Victor Slavkine devient alors absolument singulière, qui ose, dans l’apparente unité de temps, de lieu et d’action de son texte, une écriture jamais linéaire, faite d’échappées belles, de collage, de rupture de style. Un air d’opérette, un tour de magie ou un compte rendu de voyage viennent interrompre le cours de dialogues eux-mêmes apparemment décousus. Le passé n’a plus de valeur en lui-même, mais est réinventé au gré des jeux des protagonistes. Le théâtre est dans tous ses états : l’identité des uns et des autres se brouille, tout comme la situation qu’on pensait familière.

Le texte porte la marque de ses origines : les années 1980 en URSS. Le projet communautaire de Petouchok était alors sans doute compris comme une réponse sympathique et dérisoire au délitement en cours de la société soviétique. Mais c’est bien une question plus générale – celle de la contemporanéité – qu’il soulève. Être contemporains, c’est partager un même temps. Qu’advient-il dès lors que le passé est la seule dimension du temps que l’on parvienne à partager ? « J’ai compris une chose : il n’y a rien. Rien d’autre que ce qui existait avant. », dit Petouchok, au début de la pièce, à la femme qu’autrefois il a aimé. Et plutôt que de signifier que rien n’a changé, que leur amour a survécu à l’usure du temps, il nous dit là que ce n’est qu’en disparaissant que leur amour a trouvé sa réalité. Comme si n’était partageable que ce qui était perdu.

Mais la pièce ne se complaît pas dans l’exploration du sentiment nostalgique. Elle en met au contraire en lumière les dangers et se fait apologie du jeu et du théâtre comme conditions d’un temps partagé. « J’ai eu l’impression… J’ai pensé que… maintenant, justement, nous pourrions vivre tous ensemble dans cette maison. » Ce sont là les derniers mots de la pièce et ils offrent (au moins) deux interprétations : soit l’idée d’une vie commune dans cette maison n’est devenue désirable qu’à l’instant où il était clair pour tous qu’elle n’était plus possible, soit la pièce s’arrête là parce qu’enfin vivre ensemble dans cette maison est devenu possible. Comme si le théâtre avait eu pour fonction de mettre à nu le cheminement permettant d’en arriver là, ou mieux, comme si le théâtre avait été le moyen de cette communauté. Au moins, le temps de la représentation aura été un temps partagé.
C’est cette seconde hypothèse qui, à mon sens, justifie qu’on s’intéresse aujourd’hui au Cerceau.

Laurent Gutmann

Production Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine, Grand Théâtre de Luxembourg, La dissipation des brumes matinales.
Avec le soutien de l’Équinoxe, Scène Nationale de Châteauroux et du Théâtre du Jarnisy


2nd-photo-Cerceau
Victor Slavkine

Victor Yosifovitch Slavkine est né en 1935 à Moscou. Il fait ses études à Moscou à l’Institut d’ingénieurs du transport ferroviaire et durant quelques années travaille sur des chantiers et dans des bureaux d’étude de construction.

Déjà à l’université, il participe activement aux ateliers artistiques amateurs et ses premières pièces sont jouées dans le fameux studio du théâtre universitaire de Moscou des années 60 : « Notre Maison ».

Dès 1961, il est publié dans les journaux et magazines comme auteur de récits humoristiques et écrit également pour la radio et la télévision. A partir de 1963, il se tourne définitivement vers le travail d’écriture. De 1967 à 1984, il travaille pour le journal populaire « Yunost » (Jeunesse) dont il est responsable de la rubrique satire et humour. En 1979, sa pièce Fille adulte d’un jeune homme est présentée au Théâtre Stanislavski à Moscou. La mise en scène est d’Anatoli Vassiliev qui par ailleurs réalisera la mise en scène du Cerceau au théâtre Taganka. Par la suite, cette pièce comme beaucoup d’autres (Le Mauvais appartement, Le Tableau, Une place pour fumeurs…) seront jouées dans de nombreux théâtres d’Europe et d’Amérique.

Victor Slavkine travaille aussi pour le cinéma. Certains de ses films d’animation dont il écrit les scénarios sont récompensés aux festivals internationaux de cinéma.
Le recueil de ses pièces et un livre, intitulé Mémorial pour un jeune zazou, sont publiés.
Ces dernières années, Victor Slavkine était occupé par un important projet de télévision «Le vieil appartement». Mêlant moyens documentaires et artistiques, 52 épisodes racontent l’histoire d’une journée dans la période allant de l’après guerre (1947) à l’an 2000. Pour ce scénario, Victor Slavkine a reçu le Prix d’État de la Fédération Russe et le Prix National de la Télévision «Téffi». « Gofmaniada » – un long-métrage, film d’animation d’après le scénario de Victor Slavkine, est actuellement en cours de tournage.

Laurent Gutmann

Il reçoit une formation de comédien à l’École de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, puis au Théâtre National de l’Odéon, avec notamment Antoine Vitez, Yannis Kokkos, Aurélien Recoing, Jean-Marie Winling, Andrej Sewerine… Parallèlement, et après une Maîtrise de Sciences Politiques, il obtient un DEA de philosophie à Paris X Nanterre.

Avant de réaliser ses propres mises en scène, il travaille comme assistant de Jean-Pierre Vincent sur Les Caprices de Marianne et Fantasio d’Alfred de Musset, au Théâtre des Amandiers à Nanterre (1991 et 1992), et comme comédien dans Jeanne d’Arc au bûcher, oratorio d’Arthur Honneger et Paul Claudel, mis en scène par Claude Régy à l’Opéra Bastille.
En 1994, il crée sa compagnie (Théâtre Suranné) avec laquelle il réalise ses propres mises en scène : Le Nouveau Menoza, de Jacob Lenz (1994-95) ; Le Balcon et Ce qui est resté d’un Rembrandt déchiré en petits carrés et foutu aux chiottes, de Jean Genet (1996), Les Décors sont de Roger H, création collective (1996) ; Le Coup de filet de Bertolt Brecht (1997), La Vie est un songe de Calderon de la Barca (1997-1998) ; Œdipe roi de Sophocle, En Fuite –textes de Georges Perec, Nathalie Sarraute et Jean Genet– (1999) ; Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès, En route, création collective (1999-2000) ; Les Légendes de la forêt viennoise d’Ödön von Horvath (2001). A partir de 1999, la compagnie s’installe en Région Centre, associée à la Halle aux grains – Scène Nationale de Bois.
En 2002, il est lauréat du concours « Villa Médicis hors les murs » pour un projet de collaboration à Tokyo avec l’auteur et metteur en scène japonais Oriza Hirata ; dans la continuité de ce projet, il met en scène India Song de Marguerite Duras, avec des comédiens japonais, au Théâtre Agora de Tokyo.
Il anime par ailleurs de nombreux ateliers à Orléans, Grenoble, Strasbourg, Lima (Pérou), Barcelone et Tokyo.

En janvier 2004, il prend la direction du Théâtre Populaire de Lorraine qui devient CENTRE DRAMATIQUE DE THIONVILLE-LORRAINE puis obtient la labellisation CDN en janvier 2009.
En mai 2004, il présente Nouvelles du Plateau S. d’Oriza Hirata.
Il crée Splendid’s de Jean Genet en septembre 2004 et Les Estivants d’après Maxime Gorki en mai 2005, spectacle de sortie du groupe XXXV de l’École du Théâtre National de Strasbourg, où Laurent Gutmann a été responsable pédagogique associé.
Il écrit et met en scène La Nuit va tomber, tu es bien assez belle, spectacle à installer partout.

En janvier 2006, il recrée à Thionville Terre Natale de Daniel Keene, puis en mai de la même année, Lorenzaccio de Musset dont il assure l’adaptation en langue allemande, avec la troupe du Saarländisches Staatstheater. En janvier 2007 il crée Chants d’Adieu, une pièce écrite pour lui par Oriza Hirata. Le spectacle part en tournée trois saisons consécutives.
Je suis tombé, d’après « Au-dessous du Volcan » de Malcolm Lowry, a été créé en mars 08 au Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine. Laurent Gutmann en a assuré l’adaptation et la mise en scène.

Création 12-17 octobre 09 – Centre Dramatique National de Thionville-Lorraine

Tournée 09-10 (sous réserve) :

Les 20, 22 et 23 octobre 09 – Luxembourg, Grand Théâtre

Le 27 janvier 10 – Vannes, Théâtre Anne de Bretagne

Le 9 février 10 – Saint-Brieuc, La Passerelle Scène Nationale

Le 24 mars 10 – Châteauroux, Équinoxe Scène Nationale

Le 30 mars 10 – Saintes, Gallia Théâtre

Anechoïcspeech

 

En septembre nous accueillons les jeunes comédiens et scénographes Fanny Sintes et Olivier Brichet pour la création de leur projet ANECHOÏC SPEECH, que nous présenterons au Studio-Théâtre du 27 au 30 septembre.


vendredi 27 septembre à 20h30
samedi 28 septembre à 20h30
dimanche 29 septembre à 16h
lundi 30 septembre à 20h30

ANECHOÏCSPEECH

site internet du projet

pièce électro-acoustique pour 3 voix et instrumentarium
de Olivier Brichet et Fanny Sintes

textes Christophe Tarkos, Alice Zeniter et Ghérasim Luca

avec
Olivier Brichet
Fanny Sintes
voix off Josseline Mayolle
régie et live sampling Julien Fezans

accompagnement à la mise en scène Alice Zeniter
collaboration à la recherche musicale Lawrence Williams
dispositif scénographique Olivier Brichet

Production Studio-Théâtre de Vitry avec le soutien des Laboratoires d’Aubervilliers.


AES
© Olivier Brichet

Deux voix forment deux voies parallèles.
Un couple tente de se parler. Chacun évoque ses souvenirs. Une litanie prend forme, les souvenirs reviennent, varient, formant une ritournelle contre l’oubli.
Jamais le dialogue au sens où nous l’entendons n’opère.
Mais un dialogue sonore s’esquisse entre les deux voix.

Le langage se fait geste sonore.
Le dialogue devient forme d’écho, de réponses et de mises en abîmes multiples.
Il effectue une mise en mémoire.

Contre l’oubli, la parole permet de s’entendre, de revivre et la voix par répétition entre en résistance contre l’effacement, contre l’oubli.
Se répéter – malgré soi – pour garder vive cette mémoire.
Le mot devient alors un pattern, un motif rythmique.
Le sens se mue en son.
Un nouveau type de langage plus poétique s’amorce.

Si l’écho participe à la perduration d’un son et ainsi à sa survivance,
il précipite également sa disparition en l’éloignant de la source.

Vie et mort se côtoient.

ANECHOÏCSPEECH
peut-être à la fois un hörspiel,
une pièce de théâtre,
un concert,
une performance.


AES
© « Still life » AvantGardenGroup

« Est-qu’en bougeant on rencontre plus de rencontres qu’en restant immobile? » Christophe Tarkos, Anachronisme

Ici le travail et l’esthétique radiophonique traités sur le plateau offre aux spectateurs un rapport ambigüe aux personnages, au(x) temps et au(x) lieu(x) de l’action. La question du hors-champ reste toujours active.  Cette prosodie elliptique, en creux, révèle un langage qui se veut en un sens «non-théâtral». Le sens du langage comme expression rationnelle est absent parce qu’empli d’incertitudes, d’oublis, de pertes.
Entre transe et somnambulisme, la communication semble alors être promise à l’échec. Le langage devient une poétique du langage.

Dans cette pièce, un couple tente de se parler. Chacun évoque des souvenirs personnels. Une litanie prend forme, les souvenirs reviennent, varient, comme une ritournelle luttant contre l’oubli. Se répéter pour garder vive cette mémoire.

A la manière de Echo qui ne peut parler que si un tiers amorce une parole, la mise en scène va distiller et expérimenter différents modes d’expression.L’enjeu étant de créer des instants qui semblent initier un dialogue.  L’inconscient parle et le silence crie. ANECHOÏCSPEECH est un espace de rencontres possibles pour qu’Une rencontre ait lieu. Confrontant les écritures sur le plateau, leurs résonances permettront une appréhension plus globale des événements et phénomènes langagiers. La partition des trois auteurs que sont Christophe Tarkos, Ghérasim Luca et Alice Zeniter vont interroger les différentes strates liées à l’émergence d’une parole. Considérant le langage comme une infime partie audible de ce qui se joue à un niveau plus souterrain de l’expression,  ANECHOÏCSPEECH explore la parole comme le fruit d’un système complexe au centre duquel se situe l’empathie et la mémoire.


Olivier Brichet ,scénographe-constructeur et créateur sonore

Après une formation aux Beaux-Arts d’Angers (2004-2007) où il entamera une recherche portée sur la perception/représentation visuelle et sonore de l’espace aux travers d’installations notamment, il poursuit ses recherches en intégrant la section scénographie de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (2008-2011). Il réalisa deux documentaires: Ljo Komoe_réalisé au Mali-2006 en collaboration avec des étudiants des Beaux-Arts d’Angers et du Conservatoire Balla Fasseké de Bamako; et In Dakar Off Dak’art biennal_ réalisé au Sénégal-2008 (commande de l’Harmattan-TV) en collaboration avec l’ONG Groupe Image et Vie (GIV) de Dakar. Entre 2009 et 2010, il collabora avec Gwenaël Morin sur le Théâtre Permanent ainsi que sur l’Encyclopédie de la Parole aux Laboratoires d’Aubervilliers en qualité de constructeur, machiniste et régisseur. Il rejoint l’équipe du théâtre de Bussang en 2009 en qualité de constructeur, régisseur plateau et son. Depuis 2010, il assiste Sylvain Ravasse en prototypage-nouvelle lutherie et Tanguy Nédélec (régisseur des Laboratoires d’Aubervilliers) à la construction. En 2012 il réalise le clip du groupe Mungo Park_Pilgrim (Third Side Records) avec Alexandra Epée. Il assiste le scénographe Julien Peissel sur le projet de fin d’étude du CFPTS au théâtre de Gennevilliers (m.e.s Ricardo Lopez Munoz_Home sweet home). Il créera la scénographie et les costumes pour la compagnie MoodMachine (création 2013-2014 ) avec Nicolas Marchand à la mise en scène. Il concevra en 2013 également, un jardin sonore dans le cadre de la 22è édition du festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire.
 
Fanny Sintes, comédienne

Suit une formation de comédienne au conservatoire d’Antony, au Studio Théâtre d’Asnière puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (promotion 11). En 2008, elle effectue un stage d’un an au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne et pratique la corde lisse. Elle a travaillé à Radio France et a joué dans plusieurs courts métrages. En 2011 elle joue dans le film « Les Lendemains » réalisé par Bénédicte Pagnot. Au théâtre, elle joue dans « Opus Magnum » mis en scène par Olivier Py. « Les Détraquées » mis en scène par Frédéric Jessua, «Love box, Boxons d’Amour» compositeur Benjamin Hertz, mis en scène par Olivier Fredj avec l’ensemble 2e2m (Chef d’orchestre : Pierre Roullier); « Le Lavoir » de Dominique Drurvin et Hélène Prevost, mis en scène par Brigitte Damiens. En juillet 2012, elle participe au festival de Villeréal dans la création de Marc Vittecoq «L’école». Elle joue dans “ Maitre puntilla et son valet Matti”de B.Brecht, mis en scène par Guy Pierre Couleau (création octobre 2012).

Julien Fezans, régisseur son et lumière

Après ses études en image et son à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, il travaille aux côtés de Daniel Courville afin de créer des outils permettant de traiter le format ambisonique à l’Université du Québec à Montréal. A son retour, il travaille en tant que chef opérateur et assistant son en fiction et documentaire. Parallèlement il participe à différents projets de création sonore, tout d’abord pour le théâtre, aux côtés de Clara Chabalier – Les Ex-citants, Elzbéita Jeznach – Miettes de spectacles, Judith Depaule – Mabel Octobre, Jacques Dor – Désordre alphabétique, Noelle Keruzoré – Dellie Compagnie, Sarah Oppenheim – Le Bal Rebondissant, Katja Ponomareva – L’ Ensemble à Nouveau, puis pour la radio avec l’émission 37.2 diffusée sur Radio Campus Paris. En 2011, il participe au groupe de recherche Gangplank, regroupant techniciens lumière, son, vidéo, musiciens, chorégraphes, metteurs en scène autour des interactions de la technologie et de la dramaturgie dans nos pratiques de fabrication scénique, soutenue par les Laboratoires d’Aubervillers.

Lawrence WILLIAMS, musicien

Saxophoniste britannique et compositeur, il joue du saxophone ténor et alto, de la musique électronique et travaille également avec divers musiciens à travers toute l’Europe. Il a étudié la musique au Kings College de Londres auprès de Silvina Milstein, Jonathan Colet George Benjamin. Auparavant, il a également étudié le saxophone avec Ian Dixon et Martin Speake à Londres et Irving Acao à La Havane. Il compose régulièrement pour le théâtre et la danse en mettant son expérience de la musique improvisée au service d’autres musiciens mais aussi d’acteurs, danseurs et artistes visuels dans le but de concevoir et développer des projets interdisciplinaires. Il utilise également ses connaissances de l’improvisation dans son travail éducatif lorsqu’il met en place des ateliers pour enfants ou pour des groupes amateurs aussi bien que pour des compositeurs et musiciens professionnels. Il a beaucoup travaillé avec Arpad Schilling au cours des deux dernières années (l’Apo- logie de l’escapologiste, notamment). Ses performances récentes incluent la Barbican, Londres, BLA, Oslo, et le Cha’ak’ab Paaxil Festival, Merida, Mexico.

Alice Zeniter, auteur et dramaturge

Alice Zeniter a 26 ans. Originaire de Normandie, elle a vécu entre Paris et Budapest au cours des quatre dernières années. Elle publie un premier roman en 2003, «Deux moins un égal zéro». Son second roman, «Jusque dans bras», sort en mars 2010 chez Albin Michel. Il reçoit le prix de la Porte Dorée en juin 2010. En janvier 2013, elle publie «Sombre Dimanche» (Albin Michel), saga familiale hongroise et roman lauréat du prix de la Closerie des Lilas. Alice travaille depuis près de sept ans comme dramaturge. Elle a été à plusieurs reprises collaboratrice artistique auprès de Brigitte Jaques Wajeman sur de nombreuses pièces classiques (Nicomède et Suréna de Corneille aux théâtres de la Tempête et de la Ville, ou encore Tartuffe de Molière au château de Grignan). Elle travaille également avec la compagnie Kobal’t sur un répertoire plus contemporain et, depuis peu, à la mise en scène de ses propres textes. Elle a écrit deux pièces, «Spécimens humains avec monstres» (lauréate de l’aide à la création du CNT en 2010) et «Trilogie inachevée», jouées et mises en espaces à plusieurs reprises, ainsi qu’un spectacle musical jeune public «un Ours, of cOurse». Le 3 juin 2013 elle obtient le 39ème Prix du Livre Inter pour son roman Sombre Dimanche.

Ensorcelés par la mort

ensorcelesBoulots-400

Ensorcelés par la mort

Le 31 janvier à 20h30
le 1er février à 16h
les 2, 6 et 7 février à 20h30

Des représentations hors-les-murs auront lieu durant la même période dans divers lieux de Vitry.

Texte français : Sophie Benech
Mise en scène : Nicolas Struve
Scénographie : Damien Caille-Perret
Lumière : Pierre Gaillardot

Avec :
Christine Nissim
Stéphanie Schwartzbrod
Bernard Waver

Production Studio-Théâtre de Vitry, coproduction Arcadi, en collaboration avec la Cie Trois-Quatre et L’oubli des cerisiers

Russie, début des années 90. L’URSS vient de cesser d’exister. Deux femmes, un homme parlent, tour à tour, du monde auquel ils ont cru. Des années durant ils ont fermé les yeux sur ce qui se passait au nom d’un rêve qu’ils avaient embrassé – un idéal de justice… Ils ont travaillé, se sont mariés, ils ont eu des enfants et, même s’ils ont parfois senti le vent de la répression passer sur eux, ils ont vibré pour Gagarine, les plans quinquennaux, le premier mai, pour un bonheur qui semblait venir ; puis, tout s’est effondré. Ils se sont retrouvés nus, leurs rêves enfuis, avec pour seule compagne une vie ayant perdu tout sens… Alors ils ont voulu mourir –– et ceux-là n’y sont pas parvenus. Un grand écrivain, Svetlana Alexievitch, les a rencontrés, les a fait parler.

Nicolas Struve

ensorceleparlamort-400
© Photo Luc Delahaye

SVETLANA ALEXIEVITCH

Née en 1948 en Ukraine, élevée en Biélorussie, Svetlana Alexievitch, après avoir été diplômée de l’école de journalisme de Minsk, travaille pour divers journaux et revues. Elle publie ses premiers récits en 1975 et se consacre, à partir de 1984, entièrement à l’écriture.
Titulaire d’une vingtaine de prix internationaux, figurant sur la liste des futurs lauréats du prix Nobel de littérature depuis 2001, Svetlana Alexievitch est d’abord un écrivain d’une probité rare possédant cette oreille d’une justesse absolue qui lui permet d’entendre au plus profond, au plus contradictoire, au plus humain, ceux avec qui elle s’entretient avant de rédiger ses ouvrages.
Ouvrages qui sont, le plus souvent, des polyphonies fouillant le cœur des hommes tout en se consacrant à de grands événements historiques : La guerre n’a pas un visage de femme pour la seconde guerre mondiale, les cercueils de zinc pour la guerre d’Afghanistan, La supplication pour la catastrophe de Tchernobyl, Ensorcelés par la mort pour la chute de L’URSS.
Ce caractère polyphonique ainsi que l’extraordinaire justesse des voix dont sa plume est la dépositaire expliquent le formidable intérêt des gens de théâtre pour l’écriture de Svetlana Alexievitch : rappelons les deux mises en scène de Les cercueils de Zinc par Didier-George Gabilly et Jacques Nichet, ainsi que les nombreuses mises en scène de La supplication.
Les livres de Svetlana Alexievitch ont été publiés en allemand, anglais, biélorusse, bulgare, chinois, finnois, hongrois, japonais, lituanien, néerlandais, roumain, russe, slovaque, suédois, tchèque, ukrainien, vietnamien.
En français : Cercueils de Zinc, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1991, 2002. Ensorcelés par la mort, Plon, Paris, 1995. La Supplication. Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse, Jean-Claude Lattès, Paris, 1998/J’ai lu, 2000. La guerre n’a pas un visage de femme, Presse de la renaissance, 2004. Derniers témoins, Presse de la renaissance 2005.

NICOLAS STRUVE

Il a travaillé au théâtre comme comédien notamment avec Lars Noren dans À la mémoire d’Anna Politkovskaia, Claude Buchvald dans Vous qui habitez le temps, Le repas, L’opérette imaginaire de Valère Novarina et Tête d’or de Paul Claudel ; Christophe Perton dans Hop la, nous vivons ! d’Ernst Toller ; Alfredo Arias dans La dame aux camélias d’Alexandre Dumas ; Jean-Louis Martinelli dans Andromaque de Jean Racine ; Claude Baqué dans Bobby Fisher vit à Passadena et Eaux dormantes de Lars Noren ; Maria Zachenska dans Le babil des classes dangereuses de V. Novarina et Cette Nuit de M. Zachenska d’après F. Dostoievski ; Adel Akim dans La toison d’or ; Lisa Wurmser dans le Maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov et La mouette d’A. Tchekhov ; Richard Brunel dans Casimir et Caroline de Odön von Horvath ; B. Lambert dans La gelée d’arbre d’Hervé Blutch ; Richard Demarcy dans Les voyageurs et les ombres de Richard Demarcy ; Bruno Abraham-Kremer dans Le pépin du raisin – Cabaret russe…
Il a mis en scène Une Aventure de Marina Tsvétaieva aux Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon, il a dirigé plusieurs lectures de pièces traduites du russe par ses soins que ce soit au festival d’Avignon, au Festival Passages à Nancy ou au C.N.S.A.D. Il a été assistant metteur en scène et collaborateur artistique dans Devant la parole de Valère Novarina interprété et mis en scène par Louis Castel à l’école des beaux-arts d’Avignon (spectacle repris, entre autres, au théâtre du Merlan à Marseille et au théâtre du Cargo à Grenoble et au Théâtre Vidy-Lausanne…)
Au cinéma il a travaillé avec C. Lelouch et C. Denis.
Il a traduit du russe une dizaines de pièces d’Olga Moukhina, Anton Tchekhov, Nikolaï Erdmann, des frères Presniakov, Marina Tsvetaeva dont il a traduit aussi une correspondance (Clémence hiver éditeur 2007 – mention spéciale du prix Russophonie 2008, récompensant les meilleures traductions du russe).

Contact pour la diffusion :
Frédérique Payn
frederiquepayn@gmail.com
06 23 78 38 66

En tournée :
Au Phénix à Valenciennes, le 13 février 2009
Au Théâtre des sources à Fontenay-aux-Roses, les 6 et 7 mars 2009
À la Maison de la poésie du 12 au 28 juin

Appareil-MC-047-400
© Photo Marie-Christine Soma

Visuel Effleurement

derrière la vitre

© Boris Mikhailov

Bulbus

bulbus

Bulbus a été lu par le Comité des Lecteurs du Studio en 2009, et a été retenu comme l’un des textes les plus marquants de l’année. Anja Hilling, née en 1975, propose dans chacune de ses pièces une forme aventureuse de théâtre, inventive et bousculant les conceptions habituelles de l’écriture. Chaque texte explore d’autres possibilités de représentation, associant, dans une vision profondément poétique, des dialogues très crus et proches de la réalité à des pages relevant de l’écriture romanesque.


en répétitions au Studio-Théâtre à partir du 22 novembre 2010
création au Théâtre National de la Colline le 19 janvier 2011, représentations jusqu’au 12 février
représentations au CDN des Alpes – Grenoble du 22 au 25 février 2011
tournée France en 2012

Bulbus

d’Anja Hilling
traduction Henri Christophe
(avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, 2007)

mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau
Collaboration artistique et lumière Marie-Christine Soma
création sonore Alexandre Meyer
costumes Olga Karpinsky
régie générale Pierre Staigre
conseiller pour la chorégraphie Éric Martin
assistante à la mise en scène Miriam Schulte

avec
Eve-Chems de Brouwer
Dominique Frot
Johan Leysen
Serge Maggiani
Julien Polet
Marlène Saldana

Production Studio-Théâtre de Vitry, Maison de la Culture d’Amiens.
Coproduction La Colline – Théâtre National, Centre Dramatique des Alpes – Grenoble.

Le texte est publié aux éditions Théâtrales/Cultures France, Coll. « Traits d’union » (2008).

Entretien avec Daniel Jeanneteau


Bulbus – Extrait 1 par M-Benranou


Bulbus – Extrait 2 par M-Benranou


bulbus01.32
« Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit que lui aussi était une apparence, qu’un autre était en train de le rêver. »

Borges, Les ruines circulaires, Fictions ; Coll. Folio/Gallimard

« Les habitants de Bulbus ne manifestent apparemment pas de signes particuliers.
Le ton de leurs conversations est rude et pourtant affectueux, leurs querelles sont sans importance, leur curiosité limitée.
Je les définirais comme des gens simples. Toute leur énergie tend vers l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes. Ils s’occupent de leurs affaires, des poules, ils préservent l’ordre dans le village.
Chaque jour semble pareil à l’autre.
Leur visage est légèrement rougi, leur peau semble robuste, résistant au froid.
J’ai du mal à évaluer leur âge, j’imagine que ça ne compte pas. Ils n’ont pas l’air malheureux.
Le soir venu, ils se révèlent conviviaux. Ils se rencontrent pour discuter et faire des parties de curling.
Vu d’en dessous, le glissement des palets sur la glace rappelle le mouvement de la pupille sur la rétine. Je vais approfondir cette observation. »

Bulbus, Anja Hilling

Nus dans le givre, deux jeunes gens se laissent lentement prendre par les glaces. Autour d’eux des humains jouent au curling et vivent comme si le froid ne les concernait pas. Au fond des montagnes dans le creux d’un village perdu.
Bulbus est un conte aux accents d’enquête policière. Une fable mêlant la trivialité du réel au mystère du songe dans un contexte crûment contemporain. Que reste-t-il en nous du passé de nos parents, d’un moment d’histoire, d’un état du monde, quand nous-mêmes n’en savons rien ? Dans un monde d’apparence simple, le poids d’une mémoire gelée vient affleurer dans les gestes les plus quotidiens d’un groupe d’humains prisonniers de leur passé, empêchant la génération suivante de lui succéder, la piégeant dans son désir d’immobilité, de calme, d’oubli…

Daniel Jeanneteau


bulbus02

ANJA HILLING

Née en 1975 en Allemagne, elle a suivi des études d’écriture dramatique à l’Académie des Beaux-Arts de Berlin entre 2002 et 2006. Durant cette période, elle écrit sa première pièce, Étoiles, invitée au festival Berliner Theatertreffen en 2003, et primée par le Prix des jeunes auteurs dramatiques. La pièce a été créée en janvier 2006 au théâtre de Bielefeld, ainsi qu’au Edingburgh Fringe Festival.
Depuis, Anja Hilling est devenue une des dramaturges les plus connues en Allemagne. Elle reçoit également un accueil très favorable au niveau international, comme le montre sa résidence au Royal Court Theater de Londres en 2003.
Elle a depuis écrit huit autres pièces, toutes créées à ce jour : Mon jeune cœur si jeune si fou (2004), Mousson (2005), Protection et Bulbus (2005 – année où elle est élue meilleure jeune dramaturge par la revue theater heute), Ange (2006), Sens (mise en scène en 2007 par Jean-Claude Berutti à la Comédie Saint-Etienne, en coproduction avec le Thaliatheater de Hambourg), Animal noir tristesse (2007) et Nostalgie 2175 (2008).