Archives pour novembre 2013

stv

Direction artistique : Bérangère Vantusso

Administratrice : Réjane Michel

Chargée de communication et des relations avec les publics : Murielle Schulze

Régie générale : Cédric Jaburek

Agent d’entretien : Dina Ferreira-Peireira

Le projet

Historique

http://archives.studiotheatre.fr/le-studio-matrice-de-theatre/

Capturer le silence

photo-adeline

En partenariat avec la Région Île-de-France et dans le cadre du dispositif de résidences d’écrivains, nous avons accueilli Adeline Olivier au Studio-Théâtre de mars à décembre 2011. Nous avions découvert l’écriture d’Adeline par le biais du Comité des lecteurs du Studio-Théâtre, et nous avons eu le désir de soutenir son travail, en produisant notamment la mise en scène de l’un de ses textes par Jean-Pierre Baro en mai 2011 (OK NOUS Y SOMMES), en l’accueillant dans nos murs au quotidien, en l’impliquant dans certaines de nos activités (ateliers, stages d’écriture), en lui consacrant en mai 2012 une soirée dédiée aux divers aspects de son travail, en clôture de sa résidence.


Capturer le silence

L’écriture d’Adeline Olivier

par Jean-Damien Barbin, Gildas Milin, Adeline Olivier

et Stéphanie Béghain, Steve Fleury, Flavien Gaudon,
Antoine Orhon, Catherine Vinatier

le lundi 21 mai 2012 à 19h30

– PAN DE MURAILLE poèmes (éditions alidades)
par Jean-Damien Barbin et Adeline Olivier

La voix qui parle ici ne s’offre pas d’emblée. Fragmentaire, heurtée, allusive elle est difficile, comme essoufflée. Le tiret qui coupe, sépare, en est la seule ponctuation. La voix qui parle ici se cherche. Et d’abord, dans le mouvement d’une eau omniprésente à travers ces pages […]. Une eau qui vous emporte, vous éblouit, mais où vous pouvez aussi vous perdre.

Jacques Ancet

SILENCE théâtre
mise en espace Gildas Milin
assistant Paco Cabezas
lumières Eric Da Graça Neves

avec
Stéphanie Béghain
Steve Fleury
Flavien Gaudon
Antoine Orhon
Catherine Vinatier

production Studio-Théâtre de Vitry

Le silence qu’on entend est un bourdonnement. Ce bourdonnement est en partie une conséquence de l’activité psychique, cérébrale, d’un homme. Ce bourdonnement, c’est aussi l’enchevêtrement des ondes venant ou plutôt « revenant » de ce qui anime encore cet homme plongé dans le coma. Ces ondes se mêlent à celles des machines cliniques qui l’assistent dans sa chambre. Cette chambre est dans la maison. La maison est un territoire dont on ne connaît pas la nature. La famille est dans la maison. La famille est dans l’inceste. Elle attend l’éveil de l’homme en question. Elle attend que le père sorte de son coma ou alors c’est lui qui attend l’éveil de sa femme, de ses enfants, du monde. Assez vite on se demande si la famille a existé, si elle existe ou si elle existera. Ici, non seulement l’interchangeabilité entre évènements passés, présents et futurs est complète, mais cette sorte de réel qui se dérobe sans cesse est peut-être rendu possible grâce à un multiplex à incarnations, aux frontières d’une mort. Ce multiplex à incarnations, c’est un théâtre où l’homme malade, blessé, entre deux mondes, refusant de se dire que « c’est impossible », invente des scenarii, des fictions, des incarnations, des histoires, laissant la porte ouverte à son retour.

Gildas Milin


adelineolivier01

Résidence d’Adeline Olivier

Mars 2011 / mai 2012

Adeline Olivier, née en 1980, est comédienne et auteure de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle a dirigé des chantiers-laboratoires à partir de ses textes dramatiques. Elle a également réalisé plusieurs court-métrages de fiction au sein de l’association Tribudom. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie.

Bibliographie

Elle a d’abord publié en revues (dans Encre Vagabonde, Algérie/Littérature/Action) et publications collectives (« Mes Algéries autour de ma chambre », Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour.), puis en 2011 aux éditions alidades le recueil de poèmes Pan de muraille, Postface de Jacques Ancet.
Son projet de résidence vise à poursuivre l’écriture de son premier roman, intitulé « Mouvements ». Elle animera des stages de théâtre, des ateliers libres, et travaillera en concertation avec le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre. La résidence se conclura par une Ouverture(s) au travail d’Adeline Olivier, présentation publique sous forme de lectures, rencontres et mises en espace.
Sur les liens qui suivent vous pouvez découvrir le dispositif de résidences d’écrivains ainsi que la liste des bénéficiaires depuis 2007.


La Fête + Bar

dequark02

En septembre nous accueillons en résidence le collectif toulousain DE QUARK qui viendra créer dans nos murs la pièce de Spiro Scimone BAR et reprendre LA FÊTE, du même auteur, sa précédente création. Les deux textes seront présentés en dyptique dans la même soirée.


jeudi 29 septembre à 20h30
vendredi 30 septembre à 20h30
samedi 1er octobre à 20h30

COLLECTIF DE QUARK

La Fête + Bar

de Spiro Scimone

Séverine ASTEL
Joke DEMAITRE
Julien LACROIX
Sébastien LANGE
Romain MERCIER
Renaud SERRAZ

www.collectifdequark.org


dequark01
« Depuis 2004 nous avons entamé un processus de mise en scène qui intègre différents textes contemporains de format relativement court à un dispositif scénique en évolution.
Pour des raisons artistiques mais aussi économiques et même politiques, nous envisageons la création sous l’angle d’un perpétuel recyclage, réinterrogeant sur plusieurs années les mêmes textes, le même dispositif que nous reformulons inlassablement dans des configurations radicalement différentes. Les lieux où nous nous produisons peuvent aller d’une scène de théâtre traditionnelle à une minuscule galerie d’art contemporain en passant par un ancien tri postal en friche, une salle de sport ou encore l’ensemble d’un immense musée d’art contemporain (Les Abattoirs de Toulouse).
Nous sommes tous comédiens et metteurs en scène et avons choisi la formation collective pour faire une œuvre singulière qui ne ressemble à aucune des créations que nous pouvons faire par ailleurs dans nos propres compagnies.
Le collectif – car il nous semble constitutif de ce projet qui s’attache à interroger les frontières au sens large : celles des identités d’une signature artistique, celles des différentes écritures que nous abordons dans un même continuum scénique, celles même qui définissent ce qu’est un artiste. Certains d’entre nous ont choisi de ne plus être intermittents du spectacle et de gagner leur vie dans d’autres métiers.
De Quark – car la notion de frontière s’estompe lorsque les scientifiques considèrent ces éléments constitutifs des particules élémentaires que sont les quarks.
Cette façon de concevoir le Projet De Quark nous permet d’inventer un autre rapport aux différents modes de production qui modèlent et parfois peuvent formater la création des arts vivants. Le rapport que nous entretenons avec le temps de création est par exemple une des libertés que nous permet ce processus de fabrique d’un objet (jamais fini et pourtant toujours assumé). »


la fête - De Quark
LA FÊTE

de Spiro Scimone
traduction Valeria Tasca – Éditions de l’Arche

La petite cuisine d’une famille. Le père, la mère et Gianni le fils, s’apprêtent à faire la Fête. C’est l’anniversaire des trente ans de mariage. La mère achète le gâteau, le père apporte le mousseux et « c’est Gianni qui paie ».
Partant du plateau nu, le collectif DE QUARK met en place un dispositif scénique qui se plait à décortiquer les mécanismes relationnels au sein d’une famille.
Un dispositif qui se joue également de son propre processus de représentation.
Lorsque l’image entre en scène avec l’introduction de caméras, c’est pour s’approcher au plus intime du familier tout autant que pour se jouer des codes visuels contemporains.
Une cinquantaine de mini-séquences s’enchaînent dans une langue du quotidien aussi drôle que rythmée. Un trio burlesque où l’on assiste aux préparatifs d’un événement qui met en abîme sa propre représentation : celle d’une famille qui semble se mettre elle-même en scène dans une comédie douce amère.

production Collectif De Quark avec l’Association La Catalyse, le Théâtre de la Digue et le théâtre Garonne – Toulouse
avec le soutien de la DRAC Midi-Pyrénées, de la Région Midi-Pyrénées et du Conseil Général de la Haute-Garonne, aide à l’export de la Région Midi-Pyrénées


dequark03
BAR

de Spiro Scimone
traduction Jean-Paul Manganaro– Éditions de l’Arche

Nino et Petru, deux losers échoués dans l’arrière-salle d’un bar miteux. L’un est barman l’autre chômeur. En 4 scènes courtes, la pièce décrit avec amusement des existences aussi quotidiennes qu’insignifiantes. Une arrière-salle, un jeu de carte, une poubelle remplie de verres cassés et une échelle qui permet d’accéder à l’extérieur sont les ingrédients qui permettent au collectif DE QUARK d’imaginer un jeu dont les protagonistes sont autant les joueurs que les pions du jeu. Nouvelle mise en abyme pour cette pièce que nous concevons comme un pendant de « La Fête »
Nino et Petru ressemblent aux petites frappes des films de Pasolini. Ils ont la grâce et ne le savent pas car ils sont innocents et enfantins.

production Collectif De Quark, Studio-Théâtre de Vitry
avec l’Aide à la création de la DRAC Midi Pyrénées


Spiro Scimone, né en 1964 à Messine, ville portuaire et industrielle du nord-ouest de la Sicile, est avant tout acteur. Avec son ami Francesco Sframelli, il a étudié l’art dramatique à Milan avant de rencontrer Carlo Cecchi qui les fait jouer tous deux dans sa célèbre trilogie shakespearienne – Hamlet, Le Songe d’une nuit d’été et Mesure pour mesure, dans l’impressionnant décor en ruine du théâtre Garibaldi de Palerme.
En 1990, Scimone et Sframelli fondent la compagnie qui porte leur nom, dans le but d’explorer plus intensément l’art de l’acteur, leur raison de vivre à tous deux. Quatre pièces – Nunzio (1993), Bar (1996), La Festa (1997) et Il cortile (2004) – naîtront de leur collaboration, toutes écrites par Scimone, et interprétées par le duo (avec la complicité d’un troisième acteur pour La Festa).
Le succès remporté par la création de ces pièces est tel que leur notoriété dépasse très vite le cadre de leur pays d’origine pour conquérir l’Europe.

De Quark

Séverine ASTEL est comédienne et metteur en scène. Après sa formation au conservatoire de Toulouse et à l’Atelier de Recherche et de Formation du Théâtre National de Toulouse, elle se dirige particulièrement vers les écritures et les formes contemporaines. Depuis 94 elle joue entre autres sous la direction de Jacques Rosner, Hervé Taminiaux, Michel Mathieu, Isabelle Luccioni, Jacques Nichet… Elle travaille au sein du groupe Merci sous la direction de Solange Oswald pendant 5 ans. En tant que metteur en scène, elle a monté 3 textes de Rodrigo Garcia et prépare actuellement un projet à partir de textes de Jon Fosse.

Joke Demaître. Comédienne formée au conservatoire de Bordeaux et aux Ateliers du Théâtre National de Toulouse, elle travaille depuis plus de quinze ans avec plusieurs compagnies autour de deux axes essentiels : l’écriture contemporaine et la pluridisciplinarité, notamment sous la direction de Florence Lavaud, Frédéric Maragnani, Pascal Dubois, Jean-Jacques Mateu. Elle a également été assistante à la mise en scène pour Laurence de la Fuente et Frédéric Maragnani.
Suite à un master en administration-production du spectacle à l’ENSATT à Lyon, elle a intégré l’équipe de l’Hexagone – Scène nationale de Meylan en tant qu’Attachée d’administration.

Julien Lacroix est interprète, dramaturge et metteur en scène. Il se forme entre autres avec Antoine Caubet, Claude Buchwald, Jean Yves Ruf, Nicolas Klotz, Jennifer Lacey, Francois Verret…Au théâtre il est interprète pour Laurence Mayor, Florence Giorgetti, Jacques Vincey, Patrick Haggiag, François Wastiaux, Lazare. Il intègre le collectif toulousain De Quark en 2008. Il tourne au cinéma sous la direction de Nicolas Klotz, Pierre Duculot et Renaud Cohen. Il performe avec Tomeo Verges (French Chicken au Palais de Tokyo) et collabore régulièrement aux mises en scène de Florence Giorgetti et Robert Cantarella. Il fait sa première mise en scène au Théâtre de Vanves en 2010 sur un texte de Werner Schwab Excédent de poids; insignifiant : amorphe

Sébastien Lange est comédien et metteur en scène. Formé au Théâtre National de Toulouse, il entreprend une longue collaboration avec le Groupe Merci (Solange Oswald) qui le conduira à travailler de nombreuses écritures contemporaines : P.Kerman, C.Tarkos, O.Cadiot, H.Barker… Il joue également dans les mises en scènes de Jacques Rosner. Il est aussi chargé de réalisation à France-Culture et réalise des fictions radiophoniques pour la Boutique d’écritures du grand Toulouse.
Il a récemment mis en scène Une sale histoire d’après Jean Eustache.

Romain Mercier vit à Lille. Formé à l’ISTS à Avignon (diplôme d’état de régisseur du spectacle), il a été régisseur pour le théâtre de la Digue (2000-2005), la cie Petit bois, la cie Mute in, technicien lumière pour le théâtre National de Toulouse, la cie La part manquante, le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse, le Zénith de Toulouse, la cie Baudrain de Paroi, technicien son à Radio France Bordeaux Gironde. Il est régisseur son au Vivat (Scène conventionnée d’Armentières) depuis 2008.

Renaud Serraz Après une formation de comédien au Théâtre National de Toulouse, il s’installe à Berlin en 1997 où il fait la rencontre de divers metteurs en scène issus de «l’Ernst Buch Schule » comme Claudia Bosse qui l’engage pour «Fatzer» de Brecht représenté à Genève. De retour en France, il joue dans les mises en scènes de Jacques Rosner, Alain Milianti, Alexis Forestier ou Patricia Allio et tourne sous la direction de Jean-Pierre Mocky. Il rédige son mémoire de maîtrise « Un Théâtre à l’heure de la physique quantique » sous la direction de Jean-François Peyret et travaille à la préfiguration du CENTQUATRE puis au Théâtre de l’Agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Soustraction du monde

photo-soustraction

© Isabelle Giovacchini – courtesy galerie Espace À VENDRE

Après JE PENSAIS VIERGE MAIS EN FAIT NON en février dernier, nous retrouverons Thibaud Croisy les 9, 10 et 11 mai avec SOUSTRACTION DU MONDE, une nouvelle performance donnée hors les murs.


mercredi 9 mai
jeudi 10 mai
vendredi 11 mai

Soustraction du monde

performance hors les murs
création 2012

conception Thibaud Croisy
interprétation Sophie Demeyer
son Pierre-Damien Crosson

remerciements Esther Gouarné, François Lagarde, Nicolas Martz, Nathalie Perrard
durée 30 minutes environ

production Studio-Théâtre de Vitry


Un lien est un rapport d’ordre social, affectif et intellectuel qui s’établit entre deux individus. Lorsqu’un lien se rompt, le sujet tend à oublier la personne qu’il ne fréquente plus. Par la suite, il peut néanmoins la revoir grâce à une représentation physique (une photographie), une représentation mentale (un souvenir) ou alors, si cela est possible, en essayant de la retrouver, de retrouver le corps réel.

Cette manifestation a lieu hors les murs. Une adresse sera communiquée aux spectateurs lors de leur réservation.


Thibaud Croisy

En 2007, Thibaud Croisy entame une recherche qui se traduit par la mise en scène de trois pièces : Rixe de Jean-Claude Grumberg (2007), Le Frigo de Copi (2008) et un fragment d’Au But de Thomas Bernhard (2010). Toutes trois se fondent sur des normes (langagières, sociales, sexuelles) mises en crise par différentes formes de violence, voire de barbarie.
Avec Je pensais vierge mais en fait non, il conçoit un projet qui s’inscrit en dehors de l’espace scénique et prend en compte la sphère de l’habitat.
Il travaille également en tant que dramaturge avec Hauke Lanz, Olivier Normand mais aussi comme interprète avec les chorégraphes Annie Vigier et Franck Apertet (les gens d’Uterpan).
Ancien élève du département de théâtre de l’École normale supérieure et de l’Université Paris-X, il mène parallèlement des recherches sur les dramaturgies autrichiennes contemporaines (Werner Schwab) et publie occasionnellement des textes.

Até

ate01

En janvier nous accueillons en résidence la création du spectacle d’Alain Béhar ATÉ, après une première session de répétitions au Studio en octobre 2011. Dans une vision unissant profondément l’écriture et la scène, Alain Béhar invente une dramaturgie de la vie intérieure qui n’appartient qu’à lui…


vendredi 13 janvier à 20h30
samedi 14 janvier à 20h30
dimanche 15 janvier à 16h
lundi 16 janvier à 20h30

Até

texte et mise en scène Alain Béhar
Compagnie Quasi

musique et création sonore Benoîst Bouvot et Denis Badault
création hypermédia  Stéphane Cousot, Benoit Delbroucq et Cherry Manga
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy et Alain Béhar
création lumière Alain Béhar et Céline Domy
costumes Élise Garraud
administratrice Dolores Davias

avec
Denis Badault, Renaud Bertin, Mathilde Gautry, Julien Mouroux, François Tizon

avec la participation de
Dolores Davias, Hope Abramovic, Ubique, Picnolepte

coproduction : Compagnie Quasi, Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, Théâtre de l’Archipel – Perpignan et El Canal, Centre d’Arts Scéniques (Salt-Girona), dans le cadre de la Scène Catalane Transfrontalière (ECT-SCT), Studio-Théâtre de Vitry, Théâtre Garonne – Toulouse, Le bois de l’Aune – Aix en Provence ; avec le soutien du Théâtre des Bernardines – Marseille, du CNES / La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon et La Fonderie au Mans, et la participation de ConnaiSciences / le réseau des cultures scientifiques en Languedoc-Roussillon, Kawenga / lieu régional d’expérimentation arts et cultures numériques; le spectacle a reçu l’aide à la production du DICRÉAM

la compagnie Quasi reçoit le soutien de la DRAC Languedoc Roussillon / Ministère de la culture au titre des compagnies conventionnées, du conseil régional du Languedoc-Roussillon et du conseil général de l’Aude ; elle est en compagnonnage avec la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

production déléguée : Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau


ate01
© Denise Oliver Fierro

« Quel avenir pour la réalité ? »

C’est avec cette question en forme de clin d’œil que s’ouvre Até. Poursuivant le jeu engagé avec le précédent spectacle Mô, nous parlons dans un « poème » de « tunnels sous la réalité », de l’entrelacement au quotidien de nos vies rêvées ou imaginaires, de « technomagie » et de mythologies contemporaines.

« Le franchissement de toutes les barrières jusqu’ici consolidées et l’effervescence qui meut le corps social dans des danses tourbillonnantes aux tonalités extatiques lacèrent la carapace que les dispositifs politiques et culturels modernes ont façonné dans le sens de la sécurité, de l’immunité, du contrôle de la vie et de ses remous démesurés. Sur la scène collective se dégagent alors les rayons – images, rêves, comportements, émotions – imprégnés d’un sentiment tragique de l’existence, celui ou l’exultation et la décadence, la jouissance et la douleur, la renaissance et la mort se correspondent continuellement. »

Vincenzo Susca, in « Joie Tragique »

Il est question de « natures ».
Il est question sans discours de liberté – celle qu’on éprouve avant d’avoir à la défendre – d’équilibre et de combinaisons à venir entre réalité et virtualité. Jouant de la confusion des deux, non pas comme d’un symptôme alarmant mais en tant que possibilité de vie, en tant que « monde » aussi pour des vivants actuels. L’usage pour nous de « médias » et technologies divers côtoyant des mécanismes anodins vise à produire une sensation d’harmonie, de « naturel », de complexités paisibles, des intensités, des émotions, à en effacer la valeur ostentatoire, il ne s’agit pas de « prouesses ». Il y aura – dans un dispositif où réalité – donc – et virtualité sont confondues, dans un poème, où son et sens se côtoient – le Mythe, le jeu, la loi, le Diable et moi. Pour jouer à notre endroit d’une petite métaphysique des mutations de nos rapports à l’autre, au temps et à l’espace, des géographies complexes qui se superposent à la cartographie. Pour tenter de dire et faire parler – d’imaginer – un (des) « humain(s) » augmenté (s) de diverses extensions « numériques » et autres avatars, avec ses réflexes et comportements pluriels, modifiés par ces usages et l’idée qu’il s’en fait (ou non), encombré – ou pas – par de nouvelles potentialités d’existence, de nouveaux désirs, sollicité perpétuellement entre « faire » et « imaginer faire » par des niveaux de réalités de plus en plus enchevêtrés.

Alain Béhar


ate02
Notes sur le texte, la mise en scène et la scénographie

1/
On trouve trace par-ci par là dans la mythologie grecque d’une divinité de «l’égarement» (déesse aussi de la «fatalité» voire de la «folie», de l’illégalité et du mouvement irréfléchi) nommée Até. Fille de la discorde.
Issue d’une division, non d’un accouplement, c’est un détail qui compte. Qui porte partout l’erreur… Une divinité néfaste chez les Grecs.
Chassée de l’Olympe par Zeus furieux pour une sombre histoire d’embrouille plus ou moins conjugale et de premier enfant héritier… lancée au milieu des œuvres des hommes… ses pieds ne touchent jamais le sol, elle plane sur la tête des humains, ses complices ou ses victimes… partout où elle s’arrête, ses pas sont marqués par le ravage et la destruction : Il ne faut plus qu’elle s’arrête et elle le sait… déesse malfaisante, odieuse aux mortels et aux dieux… n’a d’autre occupation que de troubler l’esprit des hommes pour les livrer au malheur… parcourt la terre avec une célérité incroyable, et se plaît dans les injustices et les calamités des mortels… (l’exégète lui en voulait, manifestement)
Je l’aime bien.
Les Lites, c’est à dire les Prières, ses sœurs boiteuses, la suivent de loin et réparent tardivement le mal qu’elle ne cesse de faire.

2/
Il y a d’abord un texte – post dramatique, on dit -, et puis peu à peu – comme apparaissant dans les flux – des personnages et une histoire.
L’histoire, ici ne précède pas, elle est en fin de compte.
J’essaye à ma façon de rendre sensible l’idée que naissent, au travers de flux d’informations hétérogènes, des noms, des personnages – cinq – qui peu à peu s’installent, et une « fable » presque par inadvertance qui les relieraient en fin de compte comme on rencontrerait un « nous » en route. Comme si l’identité, l’histoire venaient donc en travers et ne précédaient pas. Comme apparaissant dans la masse du texte, disparaissant à nouveau pour réapparaître, disparaître encore dans les flux, réapparaître pour finir par rester. De rendre ça sensible. Cette apparition du nom, du personnage et de la fable. Presque comme une histoire en soi. Un peu – toute proportion gardée – comme ces pièces inachevées de Michel-Ange à Florence me donnent cette sensation : des « personnages » qui sortent de la pierre.

3/
Le père. Un archi-joueur contemplatif de piano argentique et de jeux en réseau plus ou moins hacker et monsieur Loyal. Hacker comme on le disait des premiers libertaires de la révolution numérique, pas des pirates de carte Kangourou. Qui dit : « L’ineptie consiste à vouloir conclure. ». La sœur. Un(e) avocat(e) spécialiste en data mining et de « gouvernementalité algorithmique », addicte à la bourse et aux marchés, qui parle d’économie alternative et d’éventualités parfaites dans un système de prévisions complexes.
Un abbé – que j’ai pour l’instant appelé l’Abbé Migne – d’on ne sait quelle confession, encombré de métaphysique improbable, en charge entre autre chose de la question du « mal » qui dit : « Mais foutre Dieu pourquoi diable faudrait-il résoudre ce conflit ? ». L’ami « on line » et l’ami présent. Mô, qui subsiste du précédent spectacle, la mémoire faite des souvenirs des autres. En quelque sorte « moi » mais sans le « i ». Enfin la question d’un « soi » en travers. Une divinité mineure, instable et en image, moitié des mythologies grecques moitié de World of Warcraft sans doute imaginée à mesure par les cinq autres qui donne le titre : Até, qui dit : « Je vais mentir, attention je mens ».

4/
Il y a des acteurs, des gens.
On en voit (c’est ce qu’on voit) quatre qui sont là « vraiment », un autre qui est là aussi exactement dans la même temporalité mais depuis « sa chambre » et chez lui.
(On travaille comme ça avec lui et d’autres depuis le tout début du processus, nous répétons en réseau en quelque sorte.)
Ça n’est pas un effet, mais une façon d’être ensemble, c’est en tout cas ce que ça voudrait laisser entendre.
Il y a simplement un réseau de webcams installées à la fois un peu partout chez Julien et sur le plateau, des écrans ou des supports de projection chez lui comme sur le plateau, une diffusion permanente en streaming dans les deux sens, un système pour « switcher » de l’une à l’autre et des effets miroirs.
Le rôle titre, Até vit dans les projections quelles qu’elles soient, et sur tous les supports. Elle change de visage régulièrement, mêlant sur un personnage blanc « neutre » dessiné au féminin en 3D, des éléments de la pièce filmés avec des actrices pour la circonstance, des extraits de films, des détails de tableaux et des photographies, des collages divers, des avatars de jeux en réseau…
Nous travaillons par ailleurs sur Second Life avec une « buildeuse » Cherry Manga à l’élaboration d’un lieu virtuel avec lequel nous ferons également des va-et-vient. C’est-à-dire qu’on retrouvera sur Second Life des éléments de la scénographie utiles à l’histoire qu’on raconte et dans la scénographie des éléments projetés (eux aussi simultanément) de ce lieu virtuel.
Les voix qui parlent dans Até et les personnages qui y paraissent ont tous des avatars ou des pseudonymes sur Second Life, Word of Warcraft, Facebook, Myspace, Twitter…. et naviguent le plus simplement du monde d’un niveau de réalité à l’autre.
Il n’y a pas une multitude d’écrans, tous les éléments, tout l’espace qui se déplie peu à peu, tend à devenir un seul écran sur lequel les images se mêlent aux volumes.
Il y a enfin un autre qu’on ne voit pas à propos duquel la conversation tourne souvent. Celui-ci ne sort jamais de sa pièce archi connectée, on ne le voit pas mais il contribue et participe par écrit, une sorte de « chartreux » dans une contemplation qui nous échappe, si ça se trouve. Il a inventé un système logiciel en capacité d’intégrer une part d’oubli à la mémoire numérique.
« À celle de chacun seul, à celle de chacun ensemble, et à celle de l’ensemble sans personne. » Il dit. Son père, sa sœur et quelques amis – dont je suis – se demandent en festoyant à la fois ici et « on line », le soir du « nouvel an » sur trois fuseaux horaires, s’il faut « vendre les droits » de cette invention, s’il faut qu’il sorte ou non.
Ça fait du monde.

5/
Il y a seulement un cube, d’abord. Un caisson sonore – on entend comme c’est « bruyant » dedans – dans lequel tout serait contenu, un peu la boîte de Pandore, qu’on ouvre et qu’on referme. (On peut ici refermer d’un clic la boite de Pandore, ça change la donne.)
Depuis ce cube (pour origine) un monde de pixels et de tracés (il y a des lignes qui se tracent en permanence, certaines sont des fils guidés dans l’espace par des petits moteurs, d’autres sont projetées et se dessinent à vue), de formes en volume – gonflables en partie – opaques et transparentes (peuplées de plein de Soi, donc) s’ouvre à l’infini, se déplie (il y a des plis), ouvrant au passage des espaces « naturalistes » juxtaposés, combinés, toujours en devenir pour le jeu (l’intérieur d’un appartement, une cuisine, un coin de nature, le château de la reine Shawa, un café… moitiés projetés). Progressant tranquillement – dessus-dessous – jusqu’à remplir l’espace, jusqu’à la butée du cadre, combinant objets, image et dessin des objets. On dit (entre nous) un mouvement d’ajout et de décentrement perpétuel, « baroque » en quelque sorte. Il y a de multiples petites projections sur ces formes qui se confondent aux volumes sans ostentation. Sources et supports sont idéalement masqués. La sensation visée c’est une saturation douce, un mélange « parfait » et en un sens « magique » au fil du texte et de l’apparition de la « fable » entre objet, image et dessin de l’objet, qu’on puisse (par exemple) manger en famille vers la fin – l’air de rien – moitié dans un film sur une vraie table en partie dessinée avec la reine Shawa et le fantôme de mon père. Lorsque le cadre est « plein », un événement se produit, donnant la sensation d’un écrasement par le haut du plein, tassant comme des « couches historiques » et obsolètes tout ce qui est entré jusque là, pour que nous finissions par jouer sur un plateau nu en hauteur, un beau désert en quelque sorte, prolongé d’horizon dans la profondeur sur un simple cyclo.
Parmi les tâches qu’on assigne à nos ordinateurs, c’est l’effacement qui demande (consomme) le plus d’énergie.

6/
Qu’est-ce qui nous égare, au fond, quand on aime ça, s’il ne s’agit pas de se fourvoyer ? Et qu’est-ce que c’est «égaré» sans forcément s’y perdre ? Até fait systématiquement quand « ça y est » autre chose de ce qu’il y a, sans effacer. Elle parle d’abstraire et d’abstraction et de métamorphose comme de libérations.
Elle dit – elle insiste – ne pas « libérer » les choses, mais « autre chose » d’une chose quand « ça y est ».
Elle nous égare avec des «Si», fait des fausses pistes. Elle est « extravagante » au sens de l’étymologie, au sens d’un vagabondage hors des limites. C’est à chacun, au fond, et « en puissance », la potentialité incarnée. Elle est pour ainsi dire « l’émergence » pérenne en soi comme hors de soi du nouveau dans l’ancien, l’incertitude au voisinage de quoi que ce soit et en un sens « la liberté », enfin l’idée qu’on s’en fait avant d’en parler et de devoir la défendre le cas échéant. Até protège – comme on le dit pour les marins en mer – les ouvriers insensés que nous sommes de la contrepartie conforme.

7/
Je suis curieux de l’endroit d’humanité où sont les gens – j’en connais – qui « disparaissent » chez eux des semaines, des mois des années immergés dans des mondes virtuels. Ça me plaît de penser – certains jours, certains autres c’est plus confus forcément – qu’ils seraient une sorte d’avant-garde du temps en marche, des pionniers en quelque sorte. Je suis curieux des communautés virtuelles de solitaires, de ce qui charge le présent de temporalités parallèles, de « tunnels sous la réalité », de la place du corps
du sexe et des fantasmes dans tout ça, des avancées empiriques de la loi pour borner ces usages ou en contraindre la valeur, de ce qu’en pensent la morale et les églises… Enfin de toute sorte de choses – beaucoup trop de choses – sur ce terrain-là qu’à la fois nous habitons et qui nous contient. C’est truc de rêveurs, sans doute.

Alain Béhar


Alain Béhar

Après une période (notamment au Théâtre de l’Est Parisien) où il met en scène Goldoni, Marivaux, Sélim Nassib, Bertolt Brecht, Ödön von Horváth, Arthur Schnitzler ou encore J.D. Salinger et Maurice Blanchot, Alain Béhar se consacre, à partir de 1998, à la mise en scène de ses propres textes.
En 1996, Didier-Georges Gabily devient son « parrain d’écriture » en l’invitant à une « résidence de compagnonnage » initiée par le CNES, Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Il y écrit Comment ouvrir le volet pour voir le tableau en entier. Ce titre est révélateur de la démarche d’Alain Béhar : ses recherches, tant textuelles que scéniques s’inscrivent à la croisée de plusieurs disciplines : théâtre, arts plastiques (performances, installations, expositions), chorégraphie, etc. Il s’agit toujours de proposer des contrepoints pour faire émerger une forme ouverte qui trace des perspectives et offre des trouées, le sens circule sans jamais se figer dans un discours clos.
En 1998, Alain Béhar revient à la Chartreuse où il prend en charge la rédaction du Cahier de Prospero n°9. Il y finalise également le projet débuté en 1996. Le texte se décline alors sous la forme d’un spectacle en plusieurs volets : Monochrome 1234, Monochrome 567, Monochrome 8 à 15.
En 1999, boursier du CNL, Alain Béhar part en résidence trois mois à Montréal où il écrit Bord et bout(s).
En 2001, il obtient une bourse de la Villa Médicis Hors les Murs et part dans les Balkans afin d’y écrire Tangente.
Parallèlement, il répond à des commandes d’écriture : d’Yves Gourmelon et Le Chai du Terral (La Pierre fendue, 1997), de Gare au théâtre et Denis Lanoy (Grand travers, 1998), d’Yves Reynaud et Yves Gourmelon (Et(é), Manifeste potentiel du mouvement, 1998), de la chorégraphe Muriel Piqué (Solillogues, 2001) ou encore de la Compagnie Eclats d’Etats (Je vais, 2000).
Avec sa compagnie Quasi, il crée quatre pièces depuis 2003 : Sérénité des impasses* 26 sorties du sens atteint en 2003-2004 ; Des Fins (épilogues de Molière), une variation avec les 33 fins des 33 pièces de Molière, en 2005-2006 ; Manège en 2007-2008 ; Mô en 2009-2011.
Ses spectacles sont présentés au Théâtre des Bernardines à Marseille, au Théâtre de la Cité internationale à Paris, au Festival d’Avignon, au Théâtre Garonne à Toulouse, au TNB à Rennes, au Quartz de Brest, aux Subsistances à Lyon, au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, à L’Échangeur à Bagnolet, à la Scène Nationale de Dieppe, au Théâtre de l’Université Paul Valéry à Montpellier… Il intervient par ailleurs régulièrement dans des contextes de formation, dans des écoles et à l’université.

Yves-Noël Genod

P1010537-400

© Photo Patrick Lafont

Yves-Noël Genod occupe le Studio-Théâtre de Vitry  du 1er novembre au 15 décembre

et présente

MAMZELLE POESIE

une pièce de Liliane Giraudon

avec Bénédicte Le Lamer

les vendredi 5 et samedi 6 décembre 2008 à 20h30
le dimanche 7 décembre à 16 heures

au Studio-Théâtre

Je regrettais que le public ne soit pas présent aux premières improvisations de Jonathan Capdevielle et d’Éric Martin dans le noir absolu à la Ménagerie de Verre pour ce qui a donné le spectacle Le Dispariteur. Elles étaient infiniment plus « belles », plus folles encore que le spectacle finalement proposé. Je n’avais pas de « notes », je me levais du gradin et je m’avançais vers eux – encore dans le noir – je me souviens leur avoir dit que « c’était cool de faire un chef-d’œuvre ». La matière de la pièce de Liliane Giraudon, Mamzelle Poésie, est l’équivalent de cette plongée dans le noir. Nous la proposons sans mise en scène, sans répétitions, sans représentations, « dans l’état de l’apparition », comme disait Marguerite Duras. Ceci est possible grâce à Bénédicte Le Lamer, une actrice exceptionnellement poétique qui se charge de tout ce qui charge dans le voyage du noir et de la lumière. Il y eut un soir, il y eut un matin…

Yves-Noël Genod

Travail ouvert au public tous les jours à partir du 12 novembre (réservation indispensable par mail : ledispariteur@gmail.com ou à défaut au : 06 84 60 94 58)

Mere-2-400

Mamzelle Poésie est une « poérette », autrement dit un objet accidenté (entre poème et opérette). Les personnages (quatre) sont des couleurs (jaune, bleue, rouge, verte). Mamzelle Poésie a quelque chose à voir avec Marquise vos beaux yeux* et la disparition de l’autofiction par mixtion. Les voix y scintillent, légères, sur des trous. Comme elles ne racontent pas une histoire on ne peut pas leur reprocher de n’en proposer que des morceaux. « Comment on fait » pourrait être la question des « nous ». Ou « Comment on a fait ». « Pour vivre-écrire au vingtième siècle… Changer l’urine des cosmonautes en jus d’orange. »

Liliane Giraudon

*aux éditions Le bleu du ciel.

lien vers le site des éditions POL :
http://www.pol-editeur.fr/catalogue/ficheauteur.asp?num=86

Yves-Noël Genod dit tout de lui-même sur son blog. C’est là que sont archivées toutes les traces photographiques et textuelles de vingt-trois créations et de quelques reprises. Citons : Pour en finir avec Claude Régy ; Le Dispariteur ; Hommage à Catherine Diverrès ; Jésus revient en Bretagne ; Elle court dans la poussière, la rose de Balzac ; Hamlet ; Oh, pas d’femme, pas d’cri ; La Descendance ; En attendant Genod…

http://ledispariteur.blogspot.com

stage-400
© Photo Sophie Laly. Felix Ott et Yves-Noël Genod dans Felix, dancing in silence

Yves-Noël Genod dirigera également un stage professionnel du 8 au 14 décembre 2008.

Le Studio, matrice de Théâtre

A l’occasion des quarante ans du Théâtre Jean-Vilar de Vitry, Gérard Astor invite Daniel Jeanneteau à présenter le Studio-Théâtre et les états actuels de son travail de création, en compagnie de Jean-Pierre Thibaudat, chroniqueur de théâtre membre de la première équipe du Studio, et d’artistes amis…


mardi 5 février à 20h30

Le Studio, matrice de théâtre

soirée en compagnie de
Gérard Astor directeur du Théâtre Jean-Vilar, auteur
Daniel Jeanneteau directeur du Studio-Théâtre
Lazare auteur, metteur en scène
Lucien Marchal comédien, metteur en scène
Jean-Pierre Thibaudat chroniqueur de théâtre à Rue 89
Frank Williams compositeur, musicien

présentation d’extraits filmés, performances théâtrales et musicales

production Théâtre Jean-Vilar, Studio-Théâtre de Vitry

studio-matrice-theatre
Depuis plus de quarante-cinq ans, le Studio-Théâtre vit au cœur de Vitry d’une vie intense et discrète. Né du grand mouvement de décentralisation et de partage des années 60, il est apparu en même temps que les Maisons de la Culture de Malraux et les premiers Centres Dramatiques Nationaux. Son histoire est pourtant singulière et, à notre connaissance, unique. Prenant d’abord la forme d’un atelier amateur pour les jeunes du quartier, il est petit à petit devenu l’un des centres importants de la création théâtrale contemporaine. En quarante cinq années, la liste des comédiens et metteurs en scène qui sont venus y travailler est impressionnante. Pourtant le Studio n’a rien d’une grande maison prestigieuse, il est depuis 1986 installé dans un pavillon discret de l’Avenue de l’Insurrection, et les voisins ne soupçonnent pas toujours la richesse de ses activités. Dirigé aujourd’hui par Daniel Jeanneteau, metteur en scène et scénographe, le Studio poursuit son travail de recherche et de création, tant dans le domaine des écritures que celui de la scénographie et du jeu…En compagnie de Jean-Pierre Thibaudat (membre de la première équipe du Studio), Daniel Jeanneteau présentera l’histoire du Studio-Théâtre, les états actuels de son propre travail de création, et l’activité de défrichage, de rencontre et d’accompagnement qu’il mène avec son équipe…

Beur2kO

BEUR2KO-500

À partir d’octobre 2010 le Studio-Théâtre accueillera le collectif de jeunes vitriots BEUR2KO pour un atelier de création mené par le metteur en scène Jean-Paul Delore. Nous avons découvert le collectif BEUR2KO lors de la présentation de leur précédent travail sur le thème de la violence faite aux femmes, et nous avons été impressionnés par la justesse et la puissance de leur vision. Ils écriront et expérimenteront avec Jean-Paul une nouvelle matière théâtrale, qu’ils présenteront à la mi-décembre au Studio-Théâtre.


Vendredi 10 décembre à 20h30
Samedi 11 décembre à 17h et 20h30

Beur2kO

atelier de création avec Jean-Paul Delore

en collaboration avec Sean Hart ( photographe ) et Alexandre Meyer (musicien)

avec : Elmod Batantou, Lamia Benhenia, Frédéric Bindzi, Fayçal Bouyachou, Fatoumata Camara, Sonia Gareche, Ali Khassani, Ignace Leneus, Niaralé Samassa, Mariame Sissoko.

beur2ko - Vitry

beur2ko - Vitry 2

Conversation avec Frédéric, Lamia, Nyuma, Brice, Mohammed, Patrick, Fayçal, Mariame, Assia, Sonia, Niaralé, Anthony et Ali :

Pourquoi ce nom, Beur2kO ?

C’est très simple, il suffit de nous regarder [rires] ! Plus sérieusement : on forme une compagnie dans laquelle chacun a des racines et des histoires différentes. Certains sont beurs, d’autres sont blacks. Beur2kO, c’est le reflet de ce mélange culturel. En optant pour ce nom, on voulait aussi faire un clin d’œil au beurre de cacao que l’on trouve dans le Nutella : en fait, que tu sois blanc, jaune, vert, finalement tout le monde adore le beurre de cacao !

Comment s’est constituée la troupe ?

Un peu par hasard, en se retrouvant au PIJ (service jeunesse de la mairie de Vitry). Certains, comme Fayçal, venaient juste récupérer des clés. Au final, il n’est jamais reparti ! Nous ne nous connaissions donc pas vraiment et la plupart d’entre nous n’avait jamais pratiqué le théâtre, sauf deux ou trois fois à l’école. On a appris ensemble en débutant à partir d’improvisations, puis par l’écriture de saynètes. Il y a un an et demi, nous avons ainsi participé au projet « Parle et t’es toi », un rendez-vous qui vise à donner la parole aux jeunes. Sous forme de théâtre-forum, nous avions effectué un travail autour du sida. L’idée de faire de la scène nous a plu. On a voulu continuer : en 2009 nous avons alors mené plusieurs projets avec Gare au Théâtre et le Studio-Théâtre.

Et la suite ?

Depuis la semaine dernière nous travaillons sur un court métrage. Ce sera une fiction de huit minutes dont le sujet traitera de notre quotidien. Nous la présenterons les 27 et 28 octobre à Paris à l’occasion du Festival Regards jeunes sur la cité.

Propos recueillis par Anthony Leroi pour Vitry Hebdo, mars 2010.


Jean-Paul Delore à Beur2kO :

« Ah oui, Beur2kO, la dernière fois  j’ai oublié de vous dire une part des choses ; en fait je voulais parler de cette sensation que j’ai eue lors de notre première rencontre ; en fait j’ai oublié de vous dire que ce jour-là, j’ai su immédiatement que nous avions quelque chose de théâtral à tenter ensemble et que ce ne serait pas si difficile ; je ne me vante pas, ça ne se discute pas, c’est comme ça…
Nous pouvons nous regarder dans les yeux et commencer à mentir, car le théâtre se fout de la vérité, non ? d’ailleurs ne dit-on pas « jouer » pour parler du travail de l’acteur ? Quel programme !!! Finalement, vous et moi, on devient comédien par hasard et nécessité, non ?
Finalement, que l’on joue devant son miroir, son écran, ses amis, ses parents ou bien devant quelques têtes couronnées, qu’est ce que cela change ? Ces publics restent de toute façon d’une éducation discutable et, nous, notre tâche la plus rude est bien de demeurer mal élevés, non ?
Ah oui, j’oubliais, j’aime bien votre nom « Beur2kO » et si vous êtes d’accord je propose que ce soit le titre de ce que nous présenterons au Studio-Théâtre de Vitry qui nous accueillera en décembre ; car ce qui me semble le plus drôle et tragique dans ce que nous pouvons rapidement construire ensemble, c’est vous ; je veux dire chacun d’entre vous et le groupe que vous avez décidé de créer…
Ah oui, j’oubliais, la première fois que l’on m’a dit votre nom, j’ai cru que kO s’écrivait chaos, comme la confusion générale !
Comme quoi ! du Nutella au désordre il n’y a qu’une lettre, qu’un pas !
On y va ? »

Septembre 2010.


Jean-Paul Delore est metteur en scène, auteur et comédien, sous la direction de Bruno Boëglin, Yves Charreton, Robert Gironès, Marie-Christine Soma et dans ses propres spectacles. Directeur artistique de la compagnie lyonnaise LZD Lézard Dramatique, il écrit et crée : Départ (82), Encore (92), Dommages (95), Suite (97), Divagations régionales (98), Absences de problèmes (00), et met aussi en scène des textes de E. Delore (Départ, Artic Bay, À L’Ouest ), E.Joannes (La forêt des Zuckers) puis de M.Couto, M. Bey Durif, E.Durif, H.Michaux, Ph.Minyana, N. de Pontcharra, J.Y Picq, R.M. Rilke, J.M.Synge, S.L.Tansi. LZD a été en résidence jusqu’en 2002 à Vaulx-en-Velin.
À la frontière des genres (son travail le poussant, un temps, à la rencontre et à la création avec des « groupes » inhabituels : sportifs, jeunes en difficultés et lycéens) sa démarche l’amène progressivement à travailler dans la proximité de musiciens et de compositeurs contemporains dessinant les contours d’un théâtre musical original (Les Hommes en 99 ; Mélodies 6 en 2001). En 1996 il rencontre Dieudonné Niangouna et depuis travaille régulièrement avec lui.
Depuis 2002 il dirige les Carnets Sud/Nord, laboratoire itinérant de créations théâtrales et musicales en Afrique Subsaharienne, Australe, au Brésil et en France, et réalise alors les spectacles : Affaires Étrangères, Songi Songi , Kukuga Système Mélancolique, Un Grand Silence Prochain, Peut-Être et Carnet 17 (Le Récital), ainsi que de très nombreuses performances dans les grandes villes de ces régions et pays.
En 2009 il a créé Kukuga système mélancolique 10 à Johannesburg/Maputo/Paris/Saint-Étienne, puis Parhasards.fr Paris, une première expérience de théâtre on line. Prochaines créations : Langue et Lueur, Banlieues Bleues, Mars 2011 ; Ilda et Nicole, Rio De Janeiro, Avril 2011 ; Ster City, Studio-Théâtre de Vitry, Septembre 2O11.
Jean-Paul Delore est artiste associé au Théâtre Paris-Villette.

Ok, nous y sommes

En mai nous accueillons la création d’OK, NOUS Y SOMMES d’Adeline Olivier, jeune dramaturge en résidence au Studio-Théâtre de mars à décembre 2011, dans une mise en scène de Jean-Pierre Baro. Nous avons découvert l’écriture d’Adeline par le biais du Comité des Lecteurs, et nous avons été d’emblée séduits par le caractère poétique de son œuvre, appliqué au monde du travail, à l’usine, aux dernières limites de la résistance ouvrière…


vendredi 13 mai à 20h30
samedi 14 mai à 20h30
dimanche 15 mai à 16h
lundi 16 mai à 20h30

Ok, nous y sommes

d’Adeline Olivier

mise en scène Jean-Pierre Baro

scénographie, costumes Magali Murbach
lumière Bruno Brinas
son Loïc Le Roux
collaboration artistique Adeline Olivier

avec
Simon Bellouard
Roxane Cleyet-Merle
Cécile Coustillac
Tonin Palazzotto

production Extime compagnie, Studio-Théâtre de Vitry
avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / Direction Générale de la Création Artistique (dispositif de compagnonnage auteur / compagnie)
administration et production Jean-Baptiste Pasquier, Cécile Jeanson (bureau FormART)
conseil production diffusion Daniel Migairou


ok-nys-01-500
© Juliette Dieudonné

Elle – J’irai seule.
Et je suis pleine d’effroi au bord de ce monde où je vais aller seule. Et je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas où je dormirai, où je trouverai du travail, je ne sais pas si je dois avoir peur ou pleurer de ce que j’ai des pieds pour me porter partout où je voudrais aller, où je voudrais voir. Car je n’ai rien vu. Je ne suis allée nulle part. Mais j’ai traversé la grève, parmi les autres j’ai crié. Mais la grève est finie. Et mon frère part avec elle.
Il faut que quelque chose s’impose à moi, il faudrait que j’aie envie de quelque chose.

Extrait d’Ok, nous y sommes. Adeline Olivier


ok-nys-02-500
© Juliette Dieudonné

Les origines du projet

En juillet 2009, Jean-Pierre Baro, metteur en scène d’Extime Compagnie, m’a commandé un texte de théâtre. J’étais alors très frappée par la lutte désespérée d’ouvriers dans diverses régions de France et par la découverte de l’œuvre de Simone Weil (philosophe, militante et mystique). Chez cette femme dont la parole (son engagement militant) et le silence (son œuvre) se rejoignent absolument, et qui me semblait si contemporaine, je trouvais cette force de se demander comment le courage de penser lucidement peut s’accommoder de l’impossibilité d’agir, et d’y répondre, individuellement par des actions. C’est à partir de sa voie singulière et solitaire que j’ai commencé à réfléchir à l’écriture d’Ok, nous y sommes, m’appuyant sur son ouvrage La condition ouvrière.
Si au départ de l’écriture mon intention n’était pas politique (je souhaitais m’emparer de cette question d’un point de vue intime et poétique), il m’a paru intéressant de traiter de la condition ouvrière au théâtre, précisément parce que c’est l’un des derniers refuges de la parole, parce que les ouvriers ne l’ont pas.
Avec la désindustrialisation et la déconcentration industrielle, l’existence même du monde ouvrier est mise en doute. Et toujours d’un point de vue poétique, c’est-à-dire sensible et personnel, j’ai travaillé à partir de l’idée de sa disparition, mettant en parallèle une catastrophe naturelle (une tempête dans une forêt de pins), la perte du travail (une usine à la fin d’une longue grève) et la perte de l’amour. L’amour est devenu le thème central de la pièce. Objet dont on ne peut maîtriser la circulation, il constitue une échappatoire au désespoir. J’ai travaillé à un monde où le système de médiation est brisé, jusque dans l’intime des êtres, suscitant des actions violentes et radicales. L’attention tenace de Simone Weil à ce qu’on ne réduise pas la vie humaine à une force matérielle brute, et sa vision obsessionnelle de la joie au travail m’apparaissent cinglantes aujourd’hui, et m’ont inspirée Ok, nous y sommes, poème d’un monde finissant.

Adeline Olivier


ok-nys-03-500
© Juliette Dieudonné

Adeline Olivier

Née en 1980, Adeline Olivier est comédienne et auteure de théâtre – d’un théâtre situé aux lisières de plusieurs genres. Formée au conservatoire régional d’art dramatique de Nantes puis à l’ERAC (école régionale d’acteurs de Cannes), elle vit à Paris depuis 2005. Elle a dirigé des chantiers-laboratoires à partir de ses textes dramatiques. Elle a également réalisé plusieurs court-métrages de fiction au sein de l’association Tribudom. Elle collabore avec Jean-Pierre Baro, Extime compagnie. Elle a publié surtout en revues (dans Encre Vagabonde, Algérie/Littérature/Action) et publications collectives (« Mes Algéries autour de ma chambre », Leïla Sebbar, éditions Bleu Autour). Elle est en résidence d’écriture au Studio-Théâtre de Vitry de mars à décembre 2011.

Jean-Pierre Baro

Jean-Pierre Baro est comédien et metteur en scène, formé à l’ERAC (entre autres auprès de David Lescot, Valérie Dréville, Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen…) Il joue sous la direction de Jean-Pierre Vincent, Gildas Milin, Thomas Ostermeier, Didier Galas, David Lescot, Romain Bonnin, Enrico
Stolzenburg, Gilbert Rouvière, Stéphanie Loïk, Lazare… Il dirige la compagnie Extime avec laquelle il met en scène l’Epreuve du feu de Magnus Dahlström (Friche de la belle de mai), L’Humiliante histoire de Lucien Petit de Jean-Pierre Baro (Odéon/Ateliers Berthier, Théâtre Nanterre Amandiers), Léonce et Léna/Chantier de G. Büchner à (l’Odéon/Ateliers Berthier), Je me donnerai à toi toute entière d’après V. Hugo. (Théâtre Antique de Vaison-la-Romaine) Il est également l’assistant de Gildas Milin sur plusieurs créations (L’Homme de Février, Force faible). Il participe en 2010 au « directors lab » au Lincoln Center de New York. En 2010, il met en scène Ivanov {Ce qui reste dans vie…} d’après A. Tchekhov (CDN Orléans, Théâtre Monfort…) et joue en 2011 sous la direction de Jacques Allaire dans La liberté pour quoi faire ? Ou la proclamation aux imbéciles d’après G. Bernanos (Scène Nationale de Sète, Théâtre du Périscope-Nîmes…) Avec la compagnie Extime, Jean-Pierre Baro prépare pour la saison 2012-2013 sa prochaine création Woyzeck {Je n’arrive pas à pleurer}, d’après G. Büchner.

Au pied du mur sans porte

lazare

Lazare, ce fut d’abord Passé je ne sais où qui revient, un texte que nous avions reçu, Sabine Quiriconi et moi, à l’intention du Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre de Vitry, ignorant alors tout de son auteur.
Cette lecture fut pour toutes les deux un choc : choc face à une écriture totalement singulière, dont nous nous sommes immédiatement dit qu’elle était profondément liée à un travail scénique, tant le corps et la chair des acteurs transparaissaient entre les lignes ; écriture à la structure éclatée, kaléidoscopique, hors de toute convention, et surtout mue par une intense nécessité ; choc enfin devant les thèmes abordés, l’origine, la guerre d’Algérie, le langage, tout cela mêlé de manière absolument organique. En un mot : un texte de théâtre, où l’on sent que la scène est le lieu où mettre en tension et peut-être éclairer des questionnements paradoxaux, un texte pour jouer, « un appel à poursuivre le jeu de la vie ; appel à se mouvoir et à danser à côté de son destin ; accolé à lui. » (Daniel Sibony, Le Jeu et la passe)
Bien loin d’une autofiction complaisante, Passé je ne sais où qui revient, comme une sorte d’autoportrait en jeu cubiste et chaotique, et d’une surprenante vitalité, nous a donné envie de faire partager cette lecture aux membres du Comité de Lecteurs, de rencontrer Lazare, puis d’aller voir sa mise en scène à l’Échangeur de Bagnolet.
De cette rencontre, tout aussi étonnante et détonante que le texte, est né le désir de poursuivre plus loin le dialogue entamé, et de soutenir la prochaine création de Lazare.

Marie-Christine Soma, novembre 2009


du lundi 15 au jeudi 18 juillet 2013 – Festival d’Avignon – Tinel de la Chartreuse
jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2013 – Le Trident – Cherbourg
jeudi 21 et vendredi 22 novembre 2013 – Bois de l’Aune – Aix en Provence
du mercredi 4 au vendredi 6 décembre 2013 – TNBA – Bordeaux

Au pied du mur sans porte

Texte et mise en scène de Lazare

Résidence de création au Studio-Théâtre en janvier et février 2010

représentations :

vendredi 19 février à 20h30
samedi 20 février à 20h30
dimanche 21 février à 16h00
lundi 22 février à 20h30

lazare-270

avec
Jean-Pierre Baro
Anne Baudoux
Julien Lacroix
Claude Merlin
Mourad Musset
Claire-Monique Scherer

et les musiciens
Benjamin Colin
Frank Williams

Composition sonore : Benjamin Colin
Lumière : Bruno Brinas
Conseil chorégraphique : Marion Faure
Conseil scénographique: Marguerite Bordat

Production : Studio-Théâtre de Vitry, Compagnie Vita Nova.
Avec la participation exceptionnelle de la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication.


au-pied-du-mur-3

PROJET D’ECRITURE

« L’homme est aveugle, sourd, fragile comme un mur
Qu’abrite et que ronge un insecte. »

Charles Baudelaire

Ce qu’il y a d’étonnant dans le seul fait de marcher dans une immensité jamais inactive
Invité au printemps dernier à venir partager les derniers jours d’un quartier de Bagneux voué à la démolition, sur une invitation du festival Auteurs en actes, j’ai résidé pendant une semaine dans la cour de l’école primaire de la cité des Tertres.
Sous le préau de l’école, j’ai croisé des amis d’enfance, écouté des parents, des enfants, des institutrices. Dialogues ordinaires au milieu d’une immensité jamais inactive. Exploration du monde de l’enfance.
Au cours de cette résidence, j’ai pu établir, esquisser les principales problématiques de la pièce. Inventaire de « petits » problèmes, ceux de chacun, hésitant, s’approchant ou s’éloignant de sa vérité, avec la crainte des uns et l’espérance des autres ; « petits » problèmes auxquels on ne prête pas attention, où se trouvent la subtilité de la haine, du mépris et de l’amour des hommes.

« Les mots quelques fois nous parlent plus solennellement de l’être et de sa destiné. »

Maeterlinck

Fantasme de résumé

Un enfant au fond de la classe avec de « grosses difficultés » perd toujours toutes ses affaires.
Derrière le mur, un chemin, il l’emprunte et s’initie, touche de ses mains les limites de ce qui fait un homme…
Le chemin qui mène à l’école fait école. Les rencontres sont des lumières, ou assombries, des envoûtements, une série d’épreuves ; les magiciens sont des rebouteux, les toxicos roulent en trottinette et les maîtresses sont dictées…
Sur le tableau sont écrits les mots absents : piège, liberté, esclavage.
L’enfant ferme son cahier, sort et fait de ces mots les pierres à fouler d’un homme qui va et ne sait où.

Le regard jeté en arrière au delà de la certitude : Hypermnésie

En guise de trajectoire, je travaille toujours ma chute de feuille d’automne.
Chute continue avec les vents brusques de la violence, avec des bruits de famille partout où nous passons. Par là je suis déjà passé, j’ai à me battre avec ma mémoire Tout ce que nous n’avons pas su dire quand nous sommes passés par là.
Vielles godasses trouées que peuvent être nos vies : être libre serait peut-être ne se souvenir de rien.
Tendre le cou vers la vie et essayer d’ouvrir la fenêtre du monde / Frapper à la porte de ce que nous sommes / Nul autre paysage que les murs d’une cité et ce goût passionné de l’écriture et de l’obstacle / Yeux mélancoliques, voilà l’endroit et le lieu, les détails de ce monde avec des instants lunaires.
Nous entendons jusque dans nos rêves, là bas, derrière ce rideau de béton de la vie oppressée d’où il me faut extraire la beauté.

Au pied du mur sans porte

MÉTAPHYSIQUE D’UN ANALPHABÈTE
Là, de l’autre coté de la porte, sur le seuil de la vie, un frère mort.
Imbéciles, nous sortons du nid où nous avions rêvé le monde et à peine nous dévalons la pente qu’il nous faut des béquilles.
Infirmes, aveugles, il faut nous mettre sur le chemin.
Marcher sur la cime de la pensée quand tout nous enferme dans une coquille.
Un homme nous salue de la main et montre : « Ces arbres sont des arbres en général. »
Toutes choses toujours pareilles aux autres, langue blindée qui parle pour ne pas parler !
Me voici, sale, minable à ma vingtième année, étouffant mes pas.
En une inspiration l’univers entier s’est figé.
Homme qui remue ciel et terre sans rien toucher !
Je vais échouer comme le songe le long des cités, géantes de béton prêtes à s’effondrer.
Elles s’effritent, s’émiettent, tombent et continuent de tomber sur mon dos.
Au ciel s’amoncellent des nuages, tout est triste et rose, le murmure des prières ne m’envole pas sur leurs tapis.
Plein de came, je suis comme une suite qui ne viendra pas.
L’air même est devenu policier. Les murs voisins contrôlent et regardent.
Une porte trouée de balles sous la peau et personne qui ne me tire dessus.
Septembre est un mois terrible où les enfants rentrent à l’école ! Ils tordent leurs doigts, marchent le long des malédictions, sous leurs cartables trop lourds, chantent afin de délier le sort.
De ce coté de la rue, les bruits sont coupés au couteau, je tourne la tête devant les portes du Carrefour qui réclame la grandeur idéale et vous prescrit un check-up à la machine à fric.
Rien au dedans de rien.
Dans mon vêtement d’ombre, au milieu du troupeau, je ne trouve rien, j ai plein mon cœur d’incendie.

lazare2

À la marge

IL N’EST PLUS POSSIBLE DE PERDRE

« Les animaux se tassent pour éviter d’imaginaires prédateurs »… et pièges.
Roland Barthes

Au seuil d’un monde normé, s’éprouve l’exclusion inhérente à un système dogmatique qui procède par élimination.
Écrire : s’attaquer à ce principe de marginalisation qui réduit l’autre au silence.
Combien d’entre nous sont restés assis jusqu’à ce qu’on ne puisse plus leur répondre au pied d’une porte ?
Avec l’essor de la volonté à réveiller l’avenir / aux yeux des autres quand toutes les portes claquent sur nous / tandis que les araignées de la patience tissent leur toiles grises / Que faire de cette blessure narcissique qui nous étrangle ?
Décider de s’absenter, constituer un monde et une économie parallèles.
L’ailleurs se trouve alors à la marge, peuplé de la pugnacité des punaises, dealers, craquements des os des criquets, brûleurs de crack, chevaliers de la B.A.C. en bécane roulant à vive allure dans la constellation des banlieues, voisines aux yeux démultipliés observant au travers des murs.
La cité est un centre délaissé, annexée de manière parallèle.
Elle se définit, se positionne « hors de », en redessinant inévitablement les contours d’un autre centre. Et ce sont de fait les mêmes mécanismes d’exclusions qui rassemblent autour de préjugés utiles.
Possédé du démon de l’intolérance, du pouvoir et de nos luttes internes, de nos groupes, la diagonale inscrit une violence sans verbe. Franchir, s’affranchir, rentrer ou sortir, la contradiction est partout et l’écriture est cette lutte contre les murs. Elle fait manger des tours aux princes, coupe les têtes aux rois, fracasse les parois contre les têtes amollies et catapulte les cavaliers d’un pallier à l’autre. Elle joue de l’espace du centre à la périphérie.

Nous révéler au monde ?

Les mots sont morts et peut-être que personne ne veut les enterrer.
Langue épuisée, ces mots qui tombent, écorce de notre humanité.
Le langage fait le sujet humain et quand nous pensons parler seul dans notre tête, nous nous adressons d’une façon plus ou moins halluciné à un autre (Le Double).
Voix faite pour rencontrer l’autre et repasser par la main (l’écriture) dans la distance et tracer les mots.
Au désespoir de ne pas trouver d’ouverture dans un monde qui nous coupe, éclat fugitif, le couteau de la parole mu comme par un instinct animal ouvre les carapaces humaines.

Contre jour

La sensation de la pluie, les chaussures que l’enfant met à l’envers,
Les lampes anonymes de nos repères, les pâles reflets de la clarté de la rue
À cinq heures du matin, la silhouette de la dame qui part au travail,
Une marrée de caféine farouche avec les locataires de l’immeuble
Et leurs discours, de minute en minute les bus tracent leurs sillons numérotés.
Les malheurs familiaux que la morphine de la magie apaise,
Le dégoût enseveli dans l’incapacité d’agir, les fers à repasser de l’avenir…
Celui qui rêve de changer pour de bon et se lève avec une sorte de lenteur parce que le sort s’est jeté sur lui !
Un climat de chômage dans les halls dont les yeux vous fixent – sauvagerie déchaînée des jeunesses pauvres – une menace de tempête va s’éteindre dans le commerce illégal…
Les jouets de l’enfance cassée des tréfonds absurde de la mémoire
Les mecs regroupés les uns près des autres, l’un d’entre eux, un « Libellule », voudrait tomber dans l’abîme d’autrui. Hors de lui-même rien que le vide. Quelqu’un le repoussa, quelqu’un voulu qu’il revienne à lui.
Le poids remuant que doit supporter cet homme qui aurait voulu se mêler aux passants et parler de son amour – mais ils ne remarquent rien. Être à part à rester là, à regarder autour de lui sa bouche aller vers eux, de visage en visage, pour un bruit, pour une ombre, pour un clignement d’œil mais il passe au travers, et ils restent évasifs (dans cette adhérence à la banalité aveugle berçant nos incapacités à recevoir le monde).
Libellule – au pied du mur sans porte de l’école – rêve d’être un jour invisible et de zigouiller la vérité glaçante de la vie (avec ses revendications pressantes qui surgissent dans le cœur et en fait de la confiture toute la journée), traîne entre ciel et terre et l’échec cette présence en lui de l’écriture. Métaphysique d’un analphabète. Son papier dans les mains, plein de fautes d’orthographe, il en fait une boule et la jette au sol, s’en va et dit cadavre nu qui dort. Il sait que le monde est toujours autre chose et l’écartèle de sa propre douceur, esclave des circonstances.

« Au pied du mur sans porte c’est comme une obligation de rendre possible le seul impossible. On dirait les éclats d’une métaphysique analphabète. L’éventualité d’être conçu et de ne pas naître instaure un doute universel, ébranle le monde parce que, justement, ce n’est peut-être qu’une éventualité. »
Claude Régy


lazare3

LAZARE

Né le 29 mars 1975 à Fontenay aux Roses.
Nationalité française.

Est auteur, metteur en scène, acteur improvisateur.
Comédien formé au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire)
puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 par : Stanislas Nordey,
François Tanguy, Claude Régy, Loïc Touzet, Bruno Meyssat , Frederic Fisbach, Marie Vayssière,
Renault Herbin, Philippe Boulay, François Verret.

Il écrit et met en scène :
• Orcime et Faïence, présenté au T.G.P de Saint-Denis en 1999.
• Coeur Instamment Dénudé – présenté au Lavoir Moderne Parisien en 2000.
• Purgatoire – au Limonaire à Paris en 2000.
• Passé – je ne sais où, qui revient.

Cette pièce a reçu une bourse de création de la commission théâtre du Centre National du
Livre, en juin 2007.
En février 2008 : mise en voix du texte à la Fonderie, au Mans, puis au théâtre des Bouffes
du Nord à Paris.
Du 7 au 21 février 09 : création du texte et mis en scène par l’auteur au théâtre l’Échangeur à
Bagnolet. Cette pièce à reçu l’aide à la création de la DRAC Île-de-France.
• Les morts ne sont pas morts – les cendres sont germes – je ferme les yeux et viens me perdre dans l’eau qui dort (Le prélude de Passé – je ne sais où, qui revient) a obtenu une
bourse d’encouragement du Centre National du Théâtre en novembre 2007.
Création en août 2008 au festival de Langlade (Lozère)
• Au pied du mur sans porte (en cours de construction) sera présenté au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010

En 2006 il fonde la compagnie VITA NOVA

Il joue sous la direction de :

Au théâtre

Claude Merlin : Nocturne à tête de cerf (2000) et La Sirène de Pascal Mainard (2005) ;
Théâtre de bouche de Ghérasim Luca (2009)
Ivan Stanev : Le bleu du Ciel de George Bataille (Berlin, Lille Rose des vent / 2000)
Stanislas Nordey: Atteintes à sa vie de Martin Crimp (TNB à Rennes /2004) et Le triomphe de l’amour de Marivaux (TNB et Nanterre-Amandiers / 2005)
Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer : Mensch (Odéon – Ateliers Berthiers / 2007)

Au cinéma

Nicolas Sornaga : Mr Morimoto (2007) – Chose rose Loula (2009)

En tant qu’auteur et acteur improvisateur, Lazare travaille pour le chorégraphe François Verret pour la préparation de son spectacle Sans retour, en 2006.

Il fait de nombreuses improvisations (poésie spontanée, récits noirs, chutes et drames
instantanés), seul ou accompagné de musicien :

• Au théâtre des Bouffes du Nord pour le festival La Voix Est Libre:
en juin 2005 avec Elise Dabrovski ; en mai 2007 avec Benjamin Colin et
en mai 2008 avec Jean François Pauvros, en mai 2009 avec Balaké Sissoko

• En duo avec Benjamin Colin, il crée le spectacle d’improvisation Les chambres de hasard à la Guillotine, à Montreuil en 2006. Ils sont accueillis en résidence à la fondation Royaumont
en 2008, puis dans de nombreux festivals.
Ils participent tous les deux à la tournée franco Malienne du Griot au slameur
( de mai à décembre 2008 ).

Textes édités :

• Trajectoire : Revue trimestrielle FRICTIONS n°5 en 2002
• Passé – je ne sais où, qui revient :
Première parution aux éditions L’ELASTIQUE en février 2009.
Une deuxième parution aux éditions LES VOIX NAVIGABLES en novembre 2009

au-pied-du-mur-2

http://web.mac.com/zzlazare