Archives pour juin 2013

MANNEKIJN / TAHOE

TAHOE1

En mai-juin nous accueillons la création en résidence de TAHOE, nouvelle pièce de Frédéric Vossier écrite pour le metteur en scène Sébastien Derrey et ses comédiens. TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, du même auteur, et mis en scène par Sébastien Derrey en 2012. Après cinq semaines de travail dans nos murs, nous présenterons Tahoe (en étape de travail) et Mannekijn, pour la première fois réunis.


vendredi 7 juin à 20h30 – TAHOE
samedi 8 juin à 19h00 – MANNEKIJN + TAHOE
dimanche 9 juin à 16h – MANNEKIJN + TAHOE
lundi 10 juin à 20h30 – TAHOE

MANNEKIJN / TAHOE

texte Frédéric Vossier
mise en scène Sébastien Derrey
lumière Rémi Godfroy (MANNEKIJN), Coralie Pacreau (TAHOE)
scénographie Sallahdyn Khatir
son Régis Sagot (MANNEKIJN), Isabelle Surel (TAHOE)
costumes Elise Garraud
administration Silvia Mammano
conseil production Claire Devins

avec

Frédéric Gustaedt
Catherine Jabot
Nathalie Pivain

MANNEKIJN
spectacle créé à L’Échangeur en 2012 production migratori K merado, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide à la diffusion d’ARCADI, avec l’aide de Ramdam / Lyon, du Centquatre / Paris, d’Anis Gras / Arcueil et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri

TAHOE Production migratori K merado, co-production Studio-Théâtre de Vitry, avec l’aide à la production d’ARCADI – établissement culturel d’île-de-France, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC île-de-France, avec l’aide du Centquatre / Paris, de Théâtre Ouvert / Paris et de L’Échangeur / Bagnolet – Cie Public Chéri création à l’Échangeur en décembre 2013

le texte est édité aux éditions Quartett


TAHOE est la deuxième partie d’un diptyque commencé avec MANNEKIJN, une des premières pièces de l’auteur de théâtre Frédéric Vossier que Sébastien Derrey a mis en scène en 2012 à L’Echangeur. Après avoir vu le spectacle, l’auteur a souhaité prolonger l’expérience intense et joyeuse vécue avec l’équipe de MANNEKIJN, et a écrit, très vite, un texte sur mesure pour les mêmes acteurs et le même metteur en scène : TAHOE.

 » J’ai toujours pensé qu’il fallait aborder au théâtre la question de l’industrie du spectacle – de son pouvoir économique, social et idolâtrique. Le phénomène de la célébrité est un facteur de domination sociale qui s’exerce massivement sur les subjectivités. J’ai écrit Mannekijn il y a quelques années en partant de cette question. Sébastien Derrey et son équipe ont crée le texte. Il y a eu comme une évidence. L’évidence incalculable d’une rencontre artistique et d’une compréhension commune. Et donc est né un désir de continuer, d’apporter une étape qui suit. J’ai écrit pour eux, exclusivement, Tahoe. Avec ce texte, j’ai continué de tisser le fil de cette dramaturgie critique et cynique de l’Idole.  »

Frédéric Vossier

MANNEKIJN, sa pièce la plus à l’eau de rose selon l’auteur, est un théâtre de marionnettes vivant. Les clichés encombrent les têtes et collent les corps. S’y joue une description implacable de la violence de la domination, de son mécanisme. Au niveau moléculaire des mots on voit comment le langage devient instrument de la violence. Une deshumanisation est à l’œuvre. Malmenés, vulnérabilisés par la parole, les personnages ont des identités flottantes. Mots d’ordre, clichés, images publicitaires les recouvrent et rendent la perception de leurs vies très précaire. Derrière cette pellicule glacée perce pourtant la fragilité des corps et l’indéfini des vies.

Une mère rend visite à sa fille qui entretient une relation de couple très trouble avec un footballeur espagnol déchu. Cette ancienne star du football est l’objet de toutes ses curiosités. On ne le voit pas pendant longtemps. On l’attend. On l’imagine. Il n’apparaît que brièvement. Son apparition grotesque ébranle tout ce qu’on croyait établi. C’est un renversement. Quelque chose se trouble et notre regard en est contaminé.

Le néerlandais « mannekijn » a donné « mannequin ». L’étymologie dit : « petit homme », figure, « forme humaine », apparence, représentation de l’homme sous toutes ses formes, poupée, pantin, marionnette, statuette, figurine, avatar, point de jonction entre l’inanimé et l’animé, entre la chose et l’humain, entre le faux et le vrai.

MANNEKIJN a été créé en 2012 au Théâtre l’Échangeur – Avec l’aide de Ramdam/Lyon, du Centquatre/ Paris, d’Anis Gras /Arcueil – production Cie Migratori k. merado / avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise) / Le texte est publié aux éditions Quartett.

Dans TAHOE, les personnages ont pour nom les diminutifs des acteurs pour qui ils ont été écrits. Une succession de moments forment un récit elliptique librement inspiré des derniers jours de la vie d’Elvis Presley à Graceland, le manoir-mausolée où vivait « le King » entouré de sa cour. Mais on n’est pas obligé de s’attacher à cette référence. Ce qui compte ici, c’est moins les images telles quelles que leur force d’attraction et le jeu de regard qu’elles permettent d’instaurer avec le spectateur.

L’action se passe dans l’une des chambres de « la maison de la grâce ». Un lit grand et profond comme l’océan. Une salle de bains où l’on peut s’enfermer. On imagine autour un labyrinthe de pièces plus ou moins peuplé. On peut croiser des gens dans la propriété jusqu’aux abords du lac Tahoe. Les identités restent flottantes. On avance pas à pas. Voilà Freddy et Nath. L’intimité d’un couple. Kath pénètre cet espace clos. Sa fascination pour le pantin-roi (Freddy, star improbable) permet d’inventer, comme dans la reconstitution d’une scène symbolique, un semblant de distribution. Comme s’il suffisait que quelqu’un y croie pour que la fiction devienne réalité. Alors la vie arrive par improvisations successives. Vossier aime jouer avec ce que le spectateur peut reconnaître. Mais chez lui la sensation de « déjà vu » ne vaut que pour le moment où elle est contredite et troublée. Moment où le plus familier devient le plus étrange. La brèche ouverte alors laisse apparaître comme une blessure la domination des clichés sur les corps, dans les têtes, dans le langage. Quelque chose alors peut se décaler, gripper ou résister dans la machine. Un espace critique peut prendre forme. C’est ainsi que la lecture de MANNEKIJN nous a invitée à réagir au plateau, par une sorte de d’instinct de survie contre l’asphyxie. Nous avons choisi de nous engouffrer dans cet espace, qui est un espace de jeu, pour retrouver du mystère des vies et de la vulnérabilité des corps derrière les images. C’est ce même espace que nous allons continuer de creuser dans TAHOE, avec en plus la question de l’émotion.

MANNEKIJN nous entraîne avec des faux airs de vaudeville dans une zone trouble où on est suspendu entre violence glacée et burlesque. Mais TAHOE est un texte qui fait plus appel à l’émotion. Une émotion brute et directe qui lui donne des airs de mélo. Ce n’est pas vraiment un mélodrame, mais on y trouve des vrais moments mélodramatiques et des procédés qui visent à montrer l’émotion et à l’amplifier. Notamment par l’engagement dans le chant, afin sans doute, de réinvestir la parole et de l’écouter autrement. Le texte porte en son coeur la question dérangeante de l’émotion et de sa manipulation. En équilibre entre émotion transmise, spectacle de l’émotion et voyeurisme. C’est la question de la croyance au temps désenchanté où les rois solitaires, cyniques et dérisoires, ont perdu la capacité d’une écoute et d’une parole vivantes. Frédéric Vossier parle d’une sorte de « pourrissement du mélodrame », comme d’un coeur qui s’use.


La compagnie migratori k. merado est née en 2004 de la rencontre d’un groupe d’acteurs et de musiciens avec l’œuvre de l’écrivain Eugène Savitzkaya. Une équipe s’est constituée autour de Sébastien Derrey et Catherine Jabot, impliquant le plus souvent les mêmes acteurs et les mêmes partenaires techniques.
Concepteur et metteur en scène, Sébastien Derrey fait un travail de lecture. Il fore dans l’œuvre d’auteurs contemporains (Savitzkaya, Guyotat, Vossier), se ressaisit de questions qu’ils portent et qui toujours amènent à éprouver à nouveau et à s’interroger sur ce que le « commun » veut dire.
Avec ces auteurs apprendre à lire, à parler, et faire passer dans des corps vivants leur langue pour la donner et la recevoir.

Créations :
EST de Eugène Savitzkaya
Créé en 2005 au Théâtre de l’Echangeur, Bagnolet – Montevidéo Marseille, Ramdam Sainte-Foy-lès-Lyon, Théâtre Océan-Nord Bruxelles, NaxosBobine, Paris. Reprise en 2007 à Anis-Gras, Arcueil
production Cie Migratori k. merado

Célébration d’un mariage improbable et illimité, de Eugène Savitzkaya
Créé en 2006 au Théâtre de l’Echangeur – Anis Gras, Ramdam, La Fonderie, Le Mans, au Centre Wallonie Bruxelles, Paris et le « Lieu » à Tours.
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DMDTS et du DICREAM (aide à la création), d’ARCADI (aide à la production) et de l’ADAMI

EN VIE/Chemins dans la langue de Pierre Guyotat, adaptation de Sébastien Derrey, d’après les textes de Pierre Guyotat, Montesquieu et Buffon
Créé en 2010 au Théâtre de l’Echangeur – La Chartreuse de Villeneuve lès Avignon, au CENTQUATRE Paris, au CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin, et à Ramdam
production Cie Migratori k. merado – co-production CCN de Rillieux la Pape-cie Maguy Marin
avec le soutien de DRAC et d’ARCADI (aides à la production)

Mannekijn, de Frédéric Vossier,
Créé en 2012 au Théâtre de l’Echangeur –­ Le CENTQUATRE, Anis Gras, Ramdam
production Cie Migratori k. merado
avec le soutien de la DRAC (aide à la production) et d’ARCADI (aide à la reprise)

C’est à la suite de cette dernière aventure que l’auteur Frédéric Vossier a exprimé le désir de prolonger leur collaboration en écrivant un texte sur mesure pour la compagnie. Ce texte s’appelle Tahoe
Frédéric Vossier est né en 1968 à Saint-Martin de Ré. Docteur en philosophie (thèse sur Hannah Arendt et le totalitarisme), il enseigne la dramaturgie et la littérature dramatique contemporaine au Conservatoire de Poitiers, a fondé l’Atelier de Lecture Contemporaine en Poitou-Charentes, et intervient dans différentes universités en Arts du spectacle (Censier, Rennes, Poitiers, Tours). Il anime un atelier d’écriture au CDN de Nancy.

Frédéric Vossier assure les fonctions de dramaturge auprès du metteur en scène Jean-Pierre Berthomier (pour plusieurs créations dont Lisbeth de Fabrice Melquiot – coprod. TAP scène nationale de Poitiers), et auprès d’autres metteurs en scène pour lesquels il écrit des adaptations : Marie-Claude Morland, (La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset, Théâtre du Trèfle Poitiers), Jacques Vincey (d’après Le Banquet de Platon pour la Comédie Française, à venir l’adaptation de L’Ombre d’Andersen pour le Théâtre du Nord), Madeleine Louarn pour laquelle il adapte Les Oiseaux d’Aristophane pour le Festival Mettre en Scène à Rennes et le Festival d’Automne.

Ses pièces de théâtre Jours de France, C’est ma maison, Bedroom eyes, Rêve de Jardin, La Forêt où nous pleurons, Mannekjin suivi de Porneia, Bois sacré suivi de Passer par les Hauteurs, Ciel ouvert à Gettysburg, Lotissement sont publiées depuis 2005 par Les Solitaires Intempestifs, Théâtre Ouvert, Espaces 34, et aux Editions Quartett.

En 2011/2012 : deux de ses dernières pièces ont été créées : Mannekjin, mise en scène par Sébastien Derrey au Théâtre de l’Echangeur Bagnolet et Ciel ouvert à Gettysburg, mise en scène Jean-François Auguste à Théâtre Ouvert Paris ; et deux autres pièces ont été mises en chantier : Bedroom eyes au 104 par Cyril Teste (IRCAM / Comédie de Reims), C’est ma maison par Stuart Seide à Théâtre Ouvert / Théâtre Octobre / Théâtre de l’Aquarium.

A venir, Prairie, sera créé par le Théâtre du Trèfle Cie conventionnée en novembre 2012 en Poitou Charentes.
Les pièces de Frédéric Vossier ont aussi fait l’objet de productions radiophoniques sur France Culture, avec Jérôme Kirscher, Françoise Lebrun, Mireille Perrier.

Frédéric Vossier a écrit dernièrement en réponse à une commande de l’école du TNB pour Stanislas Nordey (L’Amour & l’Ennui).

Ciseaux, papier, caillou

ciseau

CISEAUX, PAPIER, CAILLOU est l’un des premiers textes abordés par le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre. Il est apparu à tous comme l’un des plus intéressants, tant par la profondeur de son propos que par la qualité poétique de son écriture. Il s’est imposé à nous comme notre prochain projet de mise en scène.


Répétitions au Studio-Théâtre en mars 2010
création à la Maison de la Culture d’Amiens le 20 avril 2010
représentations au Théâtre National de la Colline du 5 mai au 5 juin 2010

Tournée :
Théâtre National de Toulouse du 4 au 10 novembre 2010
Comédie de Reims du 17 au 20 novembre 2010
Maison de la Culture de Bourges les 30 novembre et 1er décembre
Théâtre National de Strasbourg du 14 au 22 janvier 2011
Le Carreau à Forbach les 27 et 28 janvier 2011
Théâtre de la Réunion les 30, 31 mars et 1er avril.

ciseaux, papier, caillou

de Daniel Keene

Traduction Séverine Magois, Éditions Théâtrales
Mise en scène, scénographie et lumière Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau
Costumes Olga Karpinski
Son Isabelle Surel

avec Carlo Brandt, Marie-Paule Laval, Camille Pélicier-Brouet, Philippe Smith

Production : Studio-Théâtre de Vitry, Maison de la Culture d’Amiens, Théâtre National de la Colline, Comédie de Reims, Maison de la Culture de Bourges.
Production déléguée : Maison de la Culture d’Amiens


« ciseaux, papier, caillou » (Extrait) par M-Benranou

Daniel Keene a choisi d’écrire des pièces courtes, aux dialogues raréfiés, dont les mots souvent restent coincés dans la gorge des protagonistes, nous laissant suspendus à leurs silences. C’est par ce silence, fait de pudeur et de manque que nous devons les approcher. « Au mieux, les mots peuvent suggérer la réalité d’une expérience, dit Daniel Keene, mais ils ne peuvent jamais la contenir ; ils sont, si vous voulez, l’ombre de l’expérience. Nous pourrions peut-être les appeler les résidus de l’expérience : ils sont tout ce qui reste, ils sont les cendres que nous tamisons, cherchant à découvrir l’énergie du feu qui les a créées»

Avec les moyens de l’ellipse, de la pause, du regard, de la respiration, Keene explore ce qui circule entre les êtres et ne trouve qu’incomplètement son chemin par les mots. Le corps entier est convoqué pour exprimer ce qui relève de l’informulé, proposant ce qu’on pourrait appeler une poétique de la présence.

Aucun discours dans ce théâtre, aucune théorie, mais des agencements, des rapports, saisis, entrevus, qui laissent sourdre avec une très grande justesse tout le désarroi dans lequel l’être humain – qui n’est pas un héros – peut se trouver, une fois privé des quelques repères que l’histoire et la société ont bien voulu lui concéder. Le texte de Keene ne dit pas, il agit. Au détour d’une phrase, d’un silence, d’un geste, les êtres de Keene nous bouleversent comme par inadvertance.

« Il devrait être possible d’écrire des pièces qui intensifient l’expérience en refusant d’inclure quoi que ce soit de superflu. » Dans ses pièces courtes Daniel Keene réalise ce paradoxe. Grâce à l’extrême précision de son écriture, à son économie rigoureuse, il matérialise des figures contemporaines d’une densité incroyable, leur conférant une dignité à la hauteur des grands personnages tragiques.

scenographie
Pré-maquette de la scénographie © DJ

CISEAUX, PAPIER, CAILLOU est l’une de ces pièces courtes qui prennent la forme du poème dramatique. Le réel y est abordé de plein fouet et pourtant rien n’y est ordinaire. Kevin, le tailleur de pierre au chômage, sa femme, sa fille, son ami et un chien ont les visages à la fois familiers et énigmatiques des statues aux porches des cathédrales. En-deçà et au-delà de la réalité que nous croyions connaître, Keene ouvre ces figures dessinées comme des bas-reliefs aux traits simples et les déploie sur un fond d’universelle obscurité.
Un homme a perdu son emploi. Tailleur de pierre, il a passé sa vie à la tâche simple et brute d’équarrir des blocs. Par son effort physique il donnait forme à de la matière et prenait ainsi part à l’effort général de vivre. Privé de ce qui donnait sens à son existence même, il vacille entre sa propre disparition et le sentiment d’appartenir à une humanité qui l’abandonne. Le tailleur de pierre aime sa famille, s’est donné entièrement à son travail, sans réserve, sans méfiance. Le vide creusé en lui par la privation de toute implication concrète, la trahison que représente la rupture du contrat social qui le liait au monde dans un rapport de double dépendance, ouvrent en lui un espace nouveau d’interrogation et de trouble. C’est cette interrogation qui constitue l’espace même du théâtre de Keene, baignant tous les échanges dans une sorte d’étonnement douloureux et lucide, dénudant les âmes et les laissant paraître dans leur pauvreté radicale.

Mais la pièce de Daniel Keene, loin de tout misérabilisme, nous fait aussi percevoir comment l’être humain, lorsqu’il est dépouillé de tout, lorsqu’il a les mains vides, sous un ciel tout aussi vide, se débat pour rester vertical, et d’une certaine manière fait acte de création, en se créant lui-même.

Passant de l’univers d’August Stramm à celui de Daniel Keene, du début du XXe siècle au début du XXIe, d’un langage qui par sa déconstruction tentait de saisir le tréfonds des pulsions humaines exacerbées à une langue plus linéaire, trouée de silences d’une densité minérale, qui saisit la tragédie du quotidien, nous nous aventurons sur un territoire nouveau, chaque projet nous obligeant à aller voir « ailleurs ». Dans ciseaux, papier, caillou, cet ailleurs est plus près de nous dans le temps, plus éloigné dans l’espace – Daniel Keene est australien –, et c’est aussi de cette terre-là qu’il parle.

Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau


L’origine de CISEAUX, PAPIER, CAILLOU par Daniel Keene

L’origine de la pièce est très simple ; elle m’a été inspirée par l’expression que j’ai vue sur le visage d’un homme. Cet homme, je l’avais croisé à plusieurs reprises. Ses deux petits enfants, un garçon et une fille, fréquentaient la même école que le plus jeune de mes fils.
J’attendais devant la grille de l’école pour récupérer mon fils à la fin de la journée. Cet homme, appelons-le K., attendait lui aussi. Il avait dans les quarante-cinq ans et portait une salopette grise. Il boitait légèrement. Nous nous sommes salués d’un signe de tête. Quand ses deux petits enfants ont franchi la grille en courant, il s’est penché et a pris la petite fille dans ses bras. Son fils s’agrippait à sa jambe. Tous les deux parlaient en même temps, racontant leur jour d’école à leur père. Il y avait beaucoup d’autres parents qui se pressaient autour de la grille. Deux femmes non loin parlaient justement de K. Elles avaient appris qu’il avait perdu son travail récemment. Les enfants continuaient de franchir la grille, s’agglutinant autour des adultes, riant, criant, courant, heureux que leur jour d’école ait pris fin. Quelqu’un derrière moi a lancé le nom de K. Il s’est retourné et j’ai vu sur son visage une expression difficile à décrire. Son visage paraissait terriblement nu, terriblement ouvert ; rien n’y était dissimulé. Son expression était celle d’un homme à la fois innocent et vaincu, plein d’espoir et pourtant perdu. C’était l’expression d’un jeune garçon, mais pleine d’une espèce de lassitude et de résignation. Il se tenait là, au milieu d’un océan d’enfants, à côté des deux qu’il aimait, mais pour moi c’était comme si la plus infime rafale de vent pouvait l’emporter, qu’une averse suffirait à le dissoudre. Il avait l’air d’un homme aussi fragile que du papier.

Son visage ensuite ne m’a plus quitté, pendant des semaines. J’ai même rêvé de lui. Dans mon rêve, il était seul, marchant quelque part, dans un lieu que je ne reconnaissais pas, vêtu de sa salopette grise, boitant légèrement. Je ne savais pas où il allait. Mais je me sentais obligé de le suivre.

Mon plus vif désir quand j’ai commencé à écrire ciseaux, papier, caillou, c’était de créer un personnage dont on puisse dire que c’est « un homme bien », quelqu’un dont la famille comptait plus que tout, qui était fier de pouvoir prendre soin d’elle. Quand un tel homme perd son travail, il perd beaucoup plus que ça. Il perd le sens de ce qu’il vaut, il perd la réalité qui le définit. Il doit essayer de se recréer. Comment peut-il faire ça ? De quels outils dispose-t-il ? Il doit s’atteler à la tâche les mains vides. Il doit créer quelque chose à partir de rien, c’est du moins ce qu’il doit ressentir.

Je voulais que le tailleur de pierre de ciseaux, papier, caillou ressemble à K., mais pas littéralement ; je voulais que le tailleur de pierre soit aussi nu et fragile, aussi innocent, aussi perdu. Je voulais créer quelque chose qui donne un sens à cette expression que j’avais vue si fugitivement sur le visage de K., une expression qui me semblait raconter l’histoire de sa vie.

(extrait d’un entretien réalisé à l’occasion de la création,
en portugais, de ciseaux, papier, caillou
au Teatro Municipal de Almada de Lisbonne, en avril 2007)

Traduction Séverine Magois


Daniel Keene

Daniel Keene est né en 1955 à Melbourne (Australie), il écrit pour le théâtre, le cinéma et la radio depuis 1979, après avoir été brièvement comédien puis metteur en scène. Cofondateur et rédacteur de la revue Masthead (arts, culture et politique), il a également traduit l’œuvre poétique de Giuseppe Ungaretti.

De 1997 à 2002, Daniel Keene a travaillé en étroite collaboration avec le metteur en scène Ariette Taylor. Ensemble ils ont fondé le Keene/Taylor Theatre Project qui a créé trois de ses pièces longues et une trentaine de ses pièces courtes (dont six ont été reprises au Festival de Sydney 2000).

Il a par ailleurs noué une fidèle relation de travail avec le réalisateur australien Alkinos Tsilimidos qui a porté à l’écran Silent Partner (2000), Tom White (scénario original – Festival International du Film de Melbourne, 2004) et Low (sous le titre EM 4 Jay, 2006).

Ses pièces ont été jouées en Australie, mais aussi à New York, Pékin, Berlin, Tokyo, Lisbonne… Certaines d’entre elles ont été distinguées par de prestigieux prix dramatiques et littéraires.

Après une assez longue traversée du désert dans son propre pays, The Serpent’s Teeth a été créée par la Sydney Theatre Company, au prestigieux Opera House, en avril-mai 2008.

Depuis 1999, nombre de ses pièces ont été créées en France, en particulier : Silence complice (Théâtre National de Toulouse, octobre 1999 / Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, mars 2000, mise en scène Jacques Nichet) ; La pluie (Théâtre de La Commune, avril 2001, manipulation et jeu Alexandre Haslé) ; Terminus (Théâtre national de Toulouse, mars 2002 / Théâtre de la Ville-Les Abbesses, mai 2002, mise en scène Laurent Laffargue) ; La Marche de l’architecte (Festival d’Avignon 2002, Cloître des Célestins, mise en scène Renaud Cojo) ; Moitié-moitié (L’Hippodrome, scène nationale de Douai, janvier 2003, mise en scène Laurent Hatat) ; Ce qui demeure (7 pièces courtes) (Maison des métallos, Paris, septembre 2004, mise en scène Maurice Bénichou) ; Avis aux intéressés (Théâtre de la Commune, septembre 2004, mise en scène Didier Bezace) ; Puisque tu es des miens (Théâtre de l’Opprimé, Paris, novembre 2004, mise en scène Carole Thibaut)…
Il écrit régulièrement des textes à la demande de compagnies et de metteurs en scène français : les paroles ; la terre, leur demeure ; Cinq Hommes ; Le Veilleur de nuit…

En juin 2009, L’Apprenti, son premier texte Jeune public, se voit décerner le prix « Théâtre en pages », mis en place par le Théâtre National de Toulouse et le Conseil Général de la Haute-Garonne.

Silence complice, Terminus, avis aux intéressés, le récit et Quelque part au milieu de la nuit ont également été diffusés sur France Culture.
Son œuvre, publiée pour l’essentiel aux éditions Théâtrales, est traduite et représentée en France et sur l’ensemble des territoires francophones par Séverine Magois.

Réponse de Daniel Keene au spectacle de Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau.

 

 

 

 

 

 

 

Rabah Robert

photo-rabah-robert

Nous retrouverons Lazare pour les Ouverture(s) de décembre avec la création de son prochain spectacle Rabah Robert. Rabah robert est le troisième volet d’un triptyque composé de Passé- je ne sais où, qui revient et Au pied du mur sans porte que nous avions accueillis en février 2010.


mardi 18 décembre à 20h30
mercredi 19 décembre à 20h30
jeudi 20 décembre à 20h30

Rabah Robert
Touche ailleurs que là où tu es né

texte et mise en scène Lazare

chorégraphie et assistanat à la mise en scène Marion Faure
scénographie, costumes Marguerite Bordat
lumières Bruno Brinas

conseil artistique Daniel Migairou

avec
Guillaume Allardi, Anne Baudoux, Benjamin Colin, Bianca Iannuzi, Julien Lacroix, Bénédicte Le Lamer, Mourad Musset, Giuseppe Molino, Yohann Pisiou

direction de production et diffusion Emmanuel Magis / ANAHI

production Vita Nova, coproduction Théâtre National de Bretagne/Rennes, Studio-Théâtre de Vitry, ARCADI, Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, le Grand T à Nantes.

avec le soutien de La Fonderie /Le Mans, du Théâtre de Gennevilliers – centre dramatique national de création contemporaine, de l’Institut Français – ministère des affaires étrangères et européennes
avec le soutien pour l’écriture de Montévidéo/Marseille et du Fonds SACD Théâtre
avec le soutien de l’association Beaumarchais – SACD
création du 13 au 17 novembre dans le cadre du festival Mettre en Scène au TNB.


L’avant et l’après de la mort d’un homme s’agite dans la mémoire d’une famille. Il y avait un monde et en voici un autre. Libellule et ses sœurs ont glissé d’entre les murs pour voyager et se heurter à la vie de leur père et ses mystères, Rabah Robert. Ouria, la mère n’attend plus au pied du mur sans porte mais saute par dessus. Elle se lève la nuit pour peindre des tableaux à la Van Gogh, des chemins avec houles de blé, et devant elle rien d’autre que le pur espace de la saison. Tous, ils embarquent dans le train qui part vers l’innommé. Fanfare et mesure du sentiment. Grincement de nerf à l’instant du départ avec le chœur effiloché de chacun chantant seul la chanson de plusieurs. Si les enfants rêvent de leur père c’est pour le voir vivant, mais autre, séparé. Ils arpentent l’enfer d’un passé sous le crâne, le soleil au dessus qui distille le sang, où nous sommes fait et défait les uns par les autres tandis que le train file à toute allure.

Extrait de Rabah Robert :

Derrière la gare
la marche creusée dans le mur
où le souvenir de Rabah Robert est assis.

Il me regarde.
Je le regarde.
Miroir loin comme la nuit face à face.
Je suis heureux, il me regarde.
Je suis heureux, je le regarde.

Nous sommes proches, proches et saisissables.

« J’ai cherché longtemps le titre, je m’en suis tenu à Rabah Robert parce qu’il est l’évocation de deux pays séparés, loin et si proches. La France, un pays soudé à un autre, l’Algérie, qui tantôt disparaît tantôt apparaît à la surface. »
Lazare


LAZARE

Né le 29 mars 1975 à Fontenay aux Roses. Nationalité française.

Est auteur, metteur en scène, acteur improvisateur. Comédien formé au Théâtre du Fil (théâtre de la protection judiciaire) puis à l’École du Théâtre National de Bretagne, de 2000 à 2003 par : Stanislas Nordey, François Tanguy, Claude Régy, Loïc Touzet, Bruno Meyssat , Frederic Fisbach, Marie Vayssière, Renault Herbin, Philippe Boulay et François Verret.

il écrit et met en scène :
• Orcime et Faïence, présenté au T.G.P de Saint-Denis en 1999.
• Cœur Instamment Dénudé – présenté au Lavoir Moderne Parisien en 2000.
• Purgatoire – au Limonaire à Paris en 2000.
• Les morts ne sont pas morts – les cendres sont germes – je ferme les yeux et viens me perdre dans l’eau qui dort (Le prélude de Passé – je ne sais où, qui revient) a obtenu une bourse d’encouragement du Centre National du Théâtre en novembre 2007. Création en août 2008 au festival de Langlade (Lozère)
• Passé – je ne sais où, qui revient. Cette pièce a reçu une bourse de création de la commission théâtre du Centre National du Livre, en juin 2007. En février 2008 : mise en voix du texte à la Fonderie, au Mans, puis au théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Du 7 au 21 février 09 : création du texte et mis en scène par l’auteur au théâtre l’Échangeur à Bagnolet. Cette pièce à reçu l’aide à la création de la DRAC Île-de-France.
• Au pied du mur sans porte a été créé au Studio-Théâtre de Vitry en février 2010, puis repris au festival « Mettre en scène » du Théâtre National de Bretagne en 2011.

en 2006 il fonde la compagnie VITA NOVA

au théâtre il joue sous la direction de : Claude Merlin (Nocturne à tête de cerf – 2000, et La Sirène de Pascal Mainard– 2005 ; Théâtre de bouche de Ghérasim Luca– 2009), Ivan Stanev (Le bleu du Ciel de George Bataille, Berlin, Lille Rose des vent – 2000) Stanislas Nordey (Atteintes à sa vie de Martin Crimp, TNB à Rennes – 2004) et Le triomphe de l’amour de Marivaux (TNB et Nanterre-Amandiers – 2005) Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer : Mensch (Odéon – Ateliers Berthiers – 2007)

Au cinéma il joue sous la direction de Nicolas Sornaga (« Mr Morimoto » – 2007, « Chose rose Loula » – 2009)

En tant qu’auteur et acteur improvisateur, Lazare travaille pour le chorégraphe François Verret pour la préparation de son spectacle Sans retour, en 2006. Il fait de nombreuses improvisations (poésie spontanée, récits noirs, chutes et drames instantanés), seul ou accompagné de musicien.

• en juin 2005 Au théâtre des Bouffes du Nord pour le festival La Voix Est Libre, avec Elise Dabrovski ; en mai 2007 avec Benjamin Colin, en mai 2008 avec Jean François Pauvros, et en mai 2009 avec Balaké Sissoko

• En duo avec Benjamin Colin, il crée le spectacle d’improvisation Les chambres de hasard à la Guillotine, à Montreuil en 2006. Ils sont accueillis en résidence à la fondation Royaumont en 2008, puis dans de nombreux festivals. Ils participent tous les deux à la tournée franco Malienne du Griot au slameur (de mai à décembre 2008 ).

Textes édités :

• Trajectoire : Revue trimestrielle FRICTIONS n°5 en 2002
• Passé – je ne sais où, qui revient :
Première parution aux éditions L’ÉLASTIQUE en février 2009.
Une deuxième parution aux éditions LES VOIX NAVIGABLES en novembre 2009

Photo ménagerie de verre

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Milf

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En mars-avril nous accueillerons la création en résidence de MILF, pièce chorégraphique de Katalin Patkaï, en collaboration avec le graphiste Frédéric Teschner. MILF est un conte futuriste, une promenade sans but « dans des mondes inconnus et invisibles ».


vendredi 12 avril à 20h30
samedi 13 avril à 20h30
dimanche 14 avril à 16h
lundi 15 avril à 20h30

MILF

chorégraphie, interprétation Katalin Patkaï
interprétation Anna d’Annunzio
interprétation Justine Bernachon
interprétation Zsuzsa Féjer

collaboration artistique Frédéric Teschner
Coproduction : Studio-Théâtre de Vitry / CCAS / KBOX & CO
Mécénat : Diderot RealEstate


 » Je vais ouvrir un café à Pantin. Un café où les femmes seront les bienvenues.
Parce que dans mon quartier à Pantin aucune femme ne rentre dans les cafés, ils sont réservés à la clientèle masculine.
Ce n’est qu’à l’heure du pain au chocolat qu’elles apparaissent pour repartir bambins sous le coude.
Mais avant, je vais faire MILF. MILF ou ouvrir un café aux femmes à Pantin c’est pareil.
Même logique.
Cela se passe dans un NO MAN’S LAND, à entendre par land of women, terre de femmes, terre de feu.
Un petit îlot répandu
« Dans les forêts, dans les villes en braises rouges, au-dessus de la mer, sur les collines parfumées… »* C’est là.
Il faut se déchausser, se camoufler et se tapir, ne plus faire un bruit, chut, à coup sûr, Elles viennent.
Je flaire, Elles sont légions

Endurantes, pas endurcies
Larmes ou serpillières
Je pense donc j’essuie.

Au-dessus du volcan marmite,
Bout le ragoût dégoût

C’est délicat ou pas,
Ça a la rage, sûrement

Pas pas pas pas encore encore encore encore
Un volcan ça couve ?

L’enfant lave toutes tes peines
Mystère de l’amour au-delà
Dans ses yeux se reflète la bête bonheur

Maintenant, Médée regrettes-tu ?
J’ose comprendre ton geste à la mesure de tes amours
Immense d’horreur
Le volcan crache son sang

Le goût de l’enfant
Une chanson jazzy fredonnée qui t’accompagne pour toujours
Chair de ta chair délicieuse
Peau de chagrin  »

Louves, MILF.
Katalin Patkaï
* Brigitte Fontaine, Areski, le bonheur 1975


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© Piroska Simonyi

La chorégraphie s’élabore à partir de témoignages oraux de femmes ayant (eu) des enfants.
Les états de corps et les mouvements des interprètes expriment un état psychique et physique de femmes en (r)évolution avec leur corps.
Ils rendent compte d’une expérience de métamorphose.
Ils joignent deux états, physique et moral, différents.

Je nomme parcours (chorégraphique), le développé du mouvement qui modifie la vision d’un corps ordinaire.
A le point de départ : une femme se tient debout on peut percevoir le corps dans sa vérité ordinaire.
B point d’arrivée : la femme n’offre plus à voir qu’une partie de son corps sous un angle déformant.
Le mouvement : le parcours entre A et B et l’enjeu chorégraphique.

Mouvement
J’établie le mouvement comme une suite/gamme de poses.
Dans ma tête une série de dessins inscrite au fur et à mesure d’improvisations guidées.
Un mouvement cinétique à la Muybridge qui dévoile l’organisation du corps.
Un corps qui semble obéir à une loi inconnue.
Cette manière d’écrire un mouvement me permet de m’attarder et de m’attacher à la structure du corps, à son expression morphologique.

Rythme
Ici la lenteur d’exécution agit sur la rétine comme une suite d’images.
Le principe tiendrait presque des peintres expressionnistes, si je ne leurs préférais le plus contemporain Francis Bacon. On y discerne les formes mais également la trace ayant donné naissance à cette forme. La netteté de cette dernière n’étant pas totale cela permet au spectateur de porter sa vision « au-delà » du tableau.

« A » comme animal
Bien qu’inspirée par la peinture, je m’inspire aussi de la grâce naturelle de l’animal en mouvement. J’aime par dessus tout la pesanteur molle et assurée du félin, la détente d’une biche surprise, et l’état d’alerte de la plupart des animaux.
Sans faire d’anthropomorphisme, la qualité organique de leurs déplacements atteint des sommets d’émotion. Je recherche cette qualité.
La lenteur évoquée plus haut, rejoint l’idée de l’animal aux aguets, renvoie à la transformation biologique, au rythme de la nature dans son ensemble. Même si ce rythme peut s’accompagner de violents à-coups, d’accélérations et d’immobilités.
Ici, précisément sur ce spectacle, je me suis intéressée à l’isolement de parties du corps. Le loup par exemple, a la capacité d’isoler sa tête sans engager la globalité de son corps. Appliquée à l’homme, cette qualité de mouvement produit un effet déshumanisant et inquiétant.

Registre
Encore un peintre en référence : Jérôme Bosch.
La stupeur engendrée par le grotesque, l’absurde et le débordement dans les scènes de Bosch relègue en second la qualité et la composition de sa peinture.
C’est un phénomène que j’admire : le fond prend le pas sur la forme alors même qu’il dépend d’elle.
Pour moi c’est le caricaturiste du moyen-âge Flamand, un artiste qui peint son actualité et démasque sa société.
Les hybridations et les monstres que ma chorégraphie engendre passe par une étude empathique de mes semblables. Héroïne et victime à la fois, la femme dont je parle est double, triple et plus encore.
Perpétuel processus de métamorphose : adaptation, camouflage, mutation ?

 


Katalin Patkaï
Fille du sculpteur hongrois Ervin Patkaï, Katalin cherche avant tout à fuir une filiation trop évidente en s’inscrivant à la Sorbonne. Après une licence de lettres modernes, elle passe le concours de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. En 2000, avec son diplôme de scénographe, elle s’engage dans la danse contemporaine qu’elle vient de découvrir : d’abord comme scénographe auprès des chorégraphes Arco Renz, Marion Ballester et Marie-Jo Faggianelli, puis avec ses propres pièces : Spatialisation sonore pour un danseur (2002), qui soude une collaboration avec l’interprète et chorégraphe flamand Ugo Dehaes.
Vient ensuite X’XY (2004), Appropriate clothing must be worn (2006), Rock Identity (2007), Sisters (2008), la même année Daniel Larrieu lui remet le prix SACD du Nouveau talent chorégraphique. Puis, de sa rencontre avec l’artiste pluridisciplinaire Yves-Noël Genod, naît C’est pas pour les cochons (2009), une fable improbable qui réconcilie Nature et Artifice, Rousseau et Baudelaire.

Photo Aveugles

Photo la dispute 2

photo de répétition 2

Photo la dispute

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Play House à l'Hôtel de Ville de Vitry (4)

Photo concert festival d’automne

Concert 2

Pauvreté

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Nous suivons le travail de Pascal Kirsch depuis des années, et nous aimons l’exigence de ses choix portant toujours sur des écritures rares et intenses. En mai et juin nous l’accueillons avec son équipe pour la création de PAUVRETÉ, RICHESSE, HOMME ET BÊTE, chef d’œuvre d’Hans Henny Jahnn, dont ce sera la première mise en scène en France. Figure majeure de la littérature allemande du XXème siècle, Hans Henny Jahnn est l’auteur notamment de Pasteur Ephraïm Magnus et d’une étonnante Médée


vendredi 19 juin à 20h*
samedi 20 juin à 20h*
dimanche 21 juin à 16h
lundi 22 juin 20h*

*NAVETTE RETOUR au départ du Studio-Théâtre direction Châtelet

reprise au théâtre L’ÉCHANGEUR à Bagnolet du 26 septembre au 9 octobre 2015
du lundi au samedi à 20h, le dimanche 17h, relâche les mercredis

PAUVRETÉ, RICHESSE, HOMME ET BÊTE
[Armut, Reichtung, Mensch und Tier]

d’ Hans Henny Jahnn
traduction Huguette et René Radrizzani

l’Arche est agent théâtral du texte représenté

mise en scène Pascal Kirsch

scénographie et costumes Marguerite Bordat assistée d’Anaïs Heureaux
stagiaires Laure Mirroir et Julie Dard Gervais
lumière Pascal Villmen assisté de Léandre Gans

avec Julien Bouquet, Arnaud Chéron, Raphaëlle Gitlis, Vincent Guédon, Loïc Le Roux, Marina Keltchewsky, Élios Noël, Florence Valéro et François Tizon
les enfants Melvil, Nora et Jacob

production, diffusion Marie Nicolini
remerciements Camilla Saraceni, Véronique Timsit, Jean-Pierre Baro, Collectif les 4 chemins

production COLLECTIF 2 PLUS, Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien de la DRAC Île-de-France, d’Arcadi, du TNB – centre européen théâtral et chorégraphique, de La Commune d’Aubervilliers – Centre Dramatique National et du Théâtre l’Échangeur de Bagnolet


PAUVRETÉ, RICHESSE, HOMME ET BÊTE (1933) est non seulement une œuvre dramatique mais aussi un poème, un conte. C’est un récit au long cours à propos de paysans du grand nord (les riches) et de leurs valets de ferme (les pauvres). À la fois réaliste et magique, c’est une réflexion violente et crue sur l’amour, loin des critères moraux d’une époque. On y voit à travers les êtres comme dans du verre. On y parle une langue rude, brutale même, intransigeante, voire lapidaire. Les acteurs du drame butent, sur des désirs inassouvis, des peurs, des superstitions, la volonté de posséder. Certains veulent, une fois, connaître la jouissance, d’autres le bonheur. Et dans leurs courses ils se heurtent les uns aux autres. Les plus sombres d’entre eux sont acharnés comme des chiens enragés. Les plus purs manquent de courage… Le tout compose une énigme brûlante, taillée dans une langue de roc.

Pascal Kirsch

Dans ce pays de montagnes, de vallées et de fermes, il y a des esprits, des trolls et des morts qui parlent. Il y a de l’eau qui coule vers le bas. Il y a des hommes et des femmes qui aiment et qui tuent. Des paysans et des valets de ferme. Des pierres qui font du bruit en marchant. Des enfants naissent. Une histoire se raconte, comme dans un conte : Un cheval arrive de La gardeuse d’oies, de Grimm, et ce cheval a l’air d’être magique.

« Ce monde est un équilibre de joie et de souffrance. Car il est la source de toutes les représentations qui étaient là avant la création. De formidables chants et harmonies traversent les battements d’ailes du temps. Et la matière, la chair qui nous tourmente, est la correspondance d’un mystère cristallin », dit Yngve.

Vincent Guédon


Pauvreté, Richesse, Homme et Bête, n’a jamais été mis en scène en France. Rarement elle l’a été en Allemagne. Nous sommes heureux d’être les premiers à en donner une version, dans la traduction de Huguette et René Radrizzani.

Pour la forme…
Je n’ai pas, en mettant en scène, d’apriori esthétique. Je pars d’impressions simples, à partir de l’écriture. Il s’agit d’une lente, longue et patiente lecture du texte qui m’est offert. L’image populaire, transposée, du monde paysan que propose Jahnn, pour moi qui viens d’un coin perdu du Centre de la France et connais bien des paysans, c’est le Western. C’est ma première impression. La seconde naît de l’intrigue, des tourments, des rapports souvent pervertis entre les couples ici présents (mensonges, complots, rivalités, chantages). C’est quelque chose du cinéma de Losey, et plus particulièrement de The Servant. Et puis il y a la dimension onirique, cauchemardesque de la pièce. Elle s’exprime particulièrement dans les apparitions à Manao, et vis à vis de son cheval, toutes les rumeurs dont il est le sujet et les fantasmes qu’il suscite. À cela, je voudrais donner corps, à travers des rêves entre les actes qui viendraient soulever tout ce qui reste en suspens dans la pièce.

Pour les acteurs…
Mon travail avec eux s’opère de deux manières. Il y a d’abord une écoute du récit, de l’intrigue proposée. Il s’agit d’éclaircir ce récit avec les acteurs, de le clarifier. Ici, la narration est essentielle, raffinée, énorme. Ce travail est d’autant plus important. Puis il y a le travail de la langue, de ce que la langue peut creuser en l’acteur, de ce qu’elle peut faire résonner de lui, et, par lui, en nous.
Il ne s’agirait pas de jouer les personnages, mais de laisser longuement entrer la langue dans la chair de l’acteur, jusqu’à ce qu’elle le modifie, ce qu’elle le modèle à l’image des êtres qui composent cette tragédie paysanne.
Mandelstam, le grand poète Russe qui composait ses poèmes à haute voix, pensait qu’on pourrait pour toujours retrouver son visage dans l’expression de celui qui dirait son poème. L’acteur devrait par les mots, en parcourant les sensations, les épreuves, les sentiments vécus de la pièce, retrouver une vérité voulue par Jahnn.
Faire descendre la langue dans le corps de l’acteur, cela veut dire qu’indépendamment du travail de compréhension, de transmission de l’intrigue qu’il porte, il doit perdre une certaine conscience. J’aime que l’acteur ne sache plus trop ce qu’il dit, qu’il cesse d’être raisonnable, logique, intelligent. Je le préfère instinctif, en train de rêver, bestial ou bouleversé. Je crois que le théâtre est essentiellement composé de situation extra-ordinaire, alors les états de plateau, d’acteurs, eux aussi doivent l’être.
Il reste la question du réalisme. Certes, on peut dire que la pièce de Jahnn est du genre « réaliste-magique ». Cela ne signifie pas pour moi que l’on doive avoir un jeu naturaliste. Je demande aux acteurs qu’ils nous aident à percevoir les situations depuis l’intérieur de ceux qui les subissent, et non de manière extérieure ou objective. Je leur demande de jouer ce que nous pouvons imaginer de la façon dont Sofia ou Manao, par exemple, entendent quand on leur parle et selon ce qui leur est raconté.
Il y a là quelque chose d’expressionniste, sans doute, mais en même temps de rêvé, un mélange de grotesque et d’effleuré, une déformation légère de la réalité des tons, des actes, et un tremblement, quelque chose qui doit rester invisible.
Cela demande du temps, du calme, et une grande confiance pour s’abandonner à ces états proches du sommeil, d’une forme de transe, d’une espèce de bouffée délirante de colère, d’accès d’amour, de désir… Pauvreté, Richesse, Homme et Bête propose beaucoup d’états limite, de situations limite. Ce serait une grande trahison, un mensonge, il me semble, de ne pas tenter, chaque soir, de les faire exister.

Pascal Kirsch

Pauvreté, Richesse HB


Hans Henny Jahnn, auteur notamment des pièces Le Pasteur Ephraïm Magnus, Médée, est l’un des prosateurs les plus importants et les plus singuliers du XXème siècle en Allemagne, et pourtant, il est encore peu connu en France. Son œuvre, écrite entre les années 1910 et 1950, se partage entre œuvres romanesques et œuvres dramatiques. Pauvreté, Richesse, Homme et Bête est contemporain de son roman le plus célèbre, énigmatique et noir : Le navire de bois. Bien que les récits qui les portent soient éloignés, le même thème traverse ces deux œuvres maitresses : l’amour en est le cœur obscur et brulant.

Pascal Kirsch, se forme comme comédien au Conservatoire de Tours puis à l’école de Lucien Marchal Parenthèses. Il y rencontre Marc François avec lequel il jouera Les Aveugles de Maeterlinck, Le Roi sur la place de Block et Victoria de Hamsun. Il est assistant à la mise en scène notamment avec Bruno Bayen (La Fuite en Egypte, Nicodème, Stella de Goethe), Thierry Bedard (La Bibliothèque censurée) et au cours de stages à l’école du Théâtre National de Bretagne et de Lausanne avec Claude Régy. Il fait ses premiers projets de mise en scène de 1998 à 2002 en travaillant sur les œuvres de Büchner, Celan ou Dostoïevski. En 2003, il fonde au Mans, avec Bénédicte Le Lamer, la compagnie pEqUOd qu’il dirige jusqu’en 2010. Ils conçoivent ensemble plusieurs pièces qu’il met en scène. Il mène également un travail d’intervenant pédagogique auprès d’élèves acteurs (École du T.N.B.), scénographes (E.N.S.A.D.) mais aussi pour des publics loin de la professionnalisation du théâtre. De 2010 à 2013 il s’occupe de Naxos-Bobine, micro lieu pluridisciplinaire au cœur du 11ème arrondissement de Paris. Il y organise résidences d’artistes, présentations de travaux en cours, concerts, performances, lectures, rencontres… le tout dans un esprit de partage, d’échange et de gratuité.
Il signe les mises en scène deEt hommes et pas d’après Uomini e no d’Elio Vittorini ‘2010 Comédie de Béthune, Théâtre d’Arras, Théâtre de l’Échangeur – Bagnolet), Guardamunt 34′ & 55’
d’après un poème et un extrait des Cahiers de Vaslav Nijinski La 25ème Heure (en Festival d’Avignon, Festival Les Rencontres du Court – Bordeaux, Utopies Festival – Bourgogone, Lavoir Moderne Parisien – Paris)

Arnaud Chéron, son expérience de la scène passe par l’interprétation, le chant, la régie, la technique de l’éclairage. Il a débuté chanteur dans un groupe de rock à Caen, Les fumiers, en 94. Comme acteur, il a notamment joué sous la direction d’Éric Lacascade en 2002 dans Platonov de Tchekhov, Les Barbares de Gorki en 2006, spectacles créés dans la Cour d’Honneur à Avignon, puis Les Estivants de Gorki, au Théâtre National de Bretagne/Rennes, Tartuffe de Molière, créé à Vidy-Lausanne. Il a interprété Pylade dans la pièce éponyme de Pasolini, dirigé par Lazare Gousseau, Bruxelles, 2010, 2012. Il a tenu dans Hamlet avec David Bobée le rôle d’Horatio, puis de Roméo pour Roméo et Juliette en 2013. Il a dirigé plusieurs pièces, notamment une adaptation d’Un fils de notre temps de Ödön Von Horvath, et Encore plus demain d’après les textes d’Isabelle Pinçon. Il a suivi une formation comme régisseur lumière et travaille aussi devant / derrière la scène. Il a interprété, depuis 1991, des textes de Marivaux, Artaud, Vincent Van Gogh, Marguerite Duras, Lewis Carroll, Fernando Pessoa, DAF de Sade, Henri Miller, Kurt Schwitters, Bukowski… : « Find what you love and let it kill you ».

Raphaëlle Gitlis, formée à l’École du TNS. Elle a joué Marivaux, Goldoni, Racine, Kleist, Beckett, Daniel Danis, Greggory Motton, Tsvetaeva… sous la direction de Penchenat, Villégier, Jeanneteau, Gilberte Tsaï, Adel Hakim, Edith Scob, Lukas Hemleb, Bernard Bloch…Depuis 2013, elle participe à des projets du flûtiste François Veilhan, qui mêlent musique, textes et vidéo La sentence, de Charlotte Delbo et prochainement, Matisse, ce vivant à la Fondation Maeght. Depuis quelques temps, elle développe un projet en plusieurs volets autour du thème du «rêve»: atelier «La Permanence du Rêve» (Maison des Femmes, Montreuil/ classe FLE d’un lycée professionnel, Chelles/ Fondation Casip, Paris), adaptation ou traduction de textes d’auteurs qui entretiennent un rapport avoué avec le rêve (Frankenstein de Mary Shelley, Else Lasker-Schüler…, SY Agnon) et série d’entretiens («Avez-vous un rêve marquant?), la majeure partie de ces textes ayant donné lieu à des lectures publiques à la MdF. Sa traduction des Quelques feuillets du Journal de Zürich (pot-pourri) de Else Lasker-Schüler (Ed.Héros-Limite, 2012), est au cœur d’un spectacle pour actrice seule, qu’elle a joué sous le titre de Une heure avec Else LS (Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, enregistré pour France-Culture/ Théâtre de la Vieille Grille, Paris/ Théâtre Berthelot, Montreuil/ Centre Romain Gary, Jérusalem). En 2010, elle est lauréate de la Villa Médicis Hors-Les-Murs avec son projet «Rêves/Else Lasker-Schüler/ Israël».

Vincent Guédon, après avoir suivi une formation au Conservatoire d’Angers, au Théâtre Universitaire d’Anger, aux Cours Véronique Nordey et aux Atelier Didier-George Gabily, il entre à l’École du TNB, de 1994 à 1997. Au théâtre il joue sous la direction de Jean-François Sivadier : Noli me tangere 1 (Jean-François Sivadier) , Le Mariage de Figaro (Beaumarchais), Italienne avec Orchestre (Jean-François Sivadier), La Mort de Danton (Geörg Büchner), Le Roi Lear (William Shakespeare), Noli me tangere 2 (Jean-François Sivadier), Le Misanthrope (Molière). Mais également avec Cédric Gourmelon, Dehors devant la porte (Wolfgang Borchert) et Haute-surveillance (Jean Genet), avec Rachid Zanouda, Quai Ouest (Bernard-Marie Koltès), La Conquête du Pôle Sud (Manfred Karge), Pascal Kirsch, Et Hommes et pas (Ellio Vittorini), Stanislas Nordey, Violence (Didier-George Gabily), Philippe Duclos et Hubert Colas, La Jungle des Villes (Bertold Brecht), Nadia Vonderheyden, Gibiers du Temps (Didier-George Gabily), Humanus Gruppo, Humanus gruppo, Guillaume Gateau, L’ennemi du Peuple (Ibsen).

Marina Keltchewsky, a grandi entre la Yougoslavie, le Maroc, la Russie (dont elle est originaire) et l’Argentine avant de se destiner au théâtre. Après une formation de lettre (hypokhâgne et khâgne puis une Licence de lettres modernes), elle entre au Conservatoire d’art dramatique du 7ème arrondissement avant d’intégrer l’École du Théâtre National de Bretagne sous la direction de Stanislas Nordey (2009-2012). De par sa culture familiale musicale, elle chante le répertoire tzigane russe et balkanique, accompagnée par son oncle Micha Makarenko. Elle a joué dans les spectacles Se Trouver (Pirandello) et Living !(Julian Beck) mis en scène par Stanislas Nordey en 2012, dans Casimir et Caroline (Ödön Von Horváth) mis en scène par Bernard Lotti en 2013. Par ailleurs, elle travaille régulièrement avec les compagnies rennaises Lumière d’Août et Mirelaridaine.

Loïc Le Roux, après des études en Art du spectacle à l’université Paris 8, il y suit notamment les cours de Michelle Kokosowski et Claude Buchvald et travaille parallèlement avec les compagnies Lézards Hurlants et Humeur Locale. En 2000, il intègre l’École du Théâtre National de Bretagne à Rennes, sous la direction de Stanislas Nordey. Il joue ensuite avec Stanislas Nordey dans La puce à l’oreille (Feydeau), Blandine Savetier L’Assassin sans scrupules, Arnaud Meunier 123 puis Gens de Séoul et enfin En quête de Bonheur, Pascal Kirsch Mensch puis Et Homme et pas, Madeleine Louarn En délicatesse, Cédric Gourmelon Edouard II, et récemment avec Christophe Laluque dans Le manuscrit des chiens de Jon Fosse. Il travaille également comme créateur sonore pour le théâtre depuis 2003 avec Laurent Sauvage, Jean-Pierre Baro, Éléonore Weber et Patricia Allio, Gilles Sampieri, Nathalie Garraud, Vincent Macaigne…

François Tizon, après des études de philosophie à Rennes et Reykjavìk (Island), il fait du théâtre avec Denis Lebert et Nadia Vonderheyden. Il travaille en Italie avec Analisa d’Amato Agnus Dei, avec Pierre Meunier Les Egarés, Éric Didry Les Récits, Compositions et participe au groupe d’acteurs Humanus Gruppo La Conquête du Pôle Sud et Quai Ouest mis en scène par Rachid Zanouda (La Dingoterie-Entretiens avec Françoise Dolto mis en scène par Éric Didry et Pôle E). Il joue avec Alain Béhar (Mô, Até, Angelus Novissimus), avec Monica Espina (Le Monstre des H.), avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma Trafic. Il réalise plusieurs spectacles L’Homme Probable, Antoine Tenté , La Dernière Partie , Les Jeunes Filles . Il publie Les Jeunes Filles retournement en 2010.

Florence Valéro, en parallèle d’une formation en cinéma, elle pratique le théâtre depuis l’âge de 15 ans : ateliers, conservatoire du XVIème à Paris, stages… Elle se professionnalise entre autre aux côtés de Jean-Paul Zennaker et de Didier Moine. Mais c’est surtout la rencontre avec l’auteur comédien et metteur en scène Julien Gaillard (fondateur de la cie l’oblio – di me) au Théâtre de la Danse en 2006 qui déterminera son cheminement de comédienne. Elle participe au projet Penthésilée de Kleist, puis renouvelle l’expérience avec Mallarmé, diptyque, 4.48 de Sarah Kane et Tryptique Douleur écrit par Julien Gaillard et dont le dernier texte a été publié aux éditions Quartet. Depuis 2011, elle collabore avec la metteuse en scène Maud Watel Kazak. En juin 2013, elle a croisé la route des metteurs en scène Jean-Pierre Baro et Pascal Kirsch sur La mort de Danton de Büchner. Également poète, son premier recueil a été publié aux Editions L’Herbe qui tremble en novembre 2013.

Elios Noël, depuis sa sortie de l’École Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Bretagne à Rennes en 2003, il joue à plusieurs reprises sous la direction de Stanislas Nordey (Atteintes à sa vie de Martin Crimp, Le Triomphe de l’amour de Marivaux et La nuit au cirque d’Olivier Py). Il participe au projet Pièces d’identités avec le théâtre de Folle Pensée en 2004. Il joue également dans les spectacles d’Éléonore Weber et de Patricia Allio (Je m’appelle Vanessa de Laurent Quinton puis dans Rendre une vie vivable n’a rien d’une question vaine au festival d’Avignon 2007 ainsi que dans Premier monde/Primer mundo en 2012). Il est acteur pour la compagnie Lumière d’aout dans le projet Ciel dans la ville d’Alexandre Koutchevsky entre 2007 et 2011 (à Rennes, Bamako et Ouagadougou) et dans À la racine de Marine Bachelot (au TNB en 2011). Il a travaillé avec la compagnie La nuit surprise par le jour : Le bourgeois, la mort et le comédien, mis en scène par Eric Louis, et dans Le songe d’une nuit d’été, mis en scène par Yann-Joël Collin à l’Odéon. Avec Jean Pierre Baro il joue dans Ivanov (ce qui reste dans vie), dans Woyzeck (je n’arrive pas à pleurer) et dernièrement dans Gertrud de Hjalmar Söderberg. Il a travaillé également avec Myriam Marzouki (Le début de quelque chose d’Hugues Jallon au festival d’Avignon 2013) ainsi qu’avec Christine Letailleur (Le Banquet de Platon lors du festival Mettre scène 2012 au TNB).

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