Les Vagues

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Marie-Christine Soma, Artiste associée au Studio-Théâtre et responsable du Comité des Lecteurs, présentera du 8 au 19 octobre 2010 au Studio-Théâtre son adaptation théâtrale du roman de Virginia Woolf LES VAGUES. Des premières années de la vie à la vieillesse, six personnes poursuivent un incessant dialogue intérieur, mêlant pensées, sensations, élans et solitude…


Création au Studio-Théâtre du 8 au 19 octobre 2010 
Reprise au théâtre National de la Colline du 14 septembre au 15 octobre 2011

Les Vagues

d’après le roman de Virginia Woolf
traduction Marguerite Yourcenar

adaptation et mise en scène Marie-Christine Soma
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy
lumière Anne Vaglio
vidéo Raymonde Couvreu
costumes Sabine Siegwalt
musique Alexandre Meyer
assistante à la mise en scène Marie Brillant

avec
Anne Baudoux
Valentine Carette
Frédérique Duchêne
Marion Barché
Jany Gastaldi
Laure Gunther

et
Jean-Damien Barbin
François Clavier
Jean-Charles Clichet
Jean-Paul Delore
Antoine Kahan
Alexandre Pallu

Production Studio-Théâtre de Vitry
Avec la participation du Jeune Théâtre National


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© Laura Letinsky

« J’ai une sorte d’ubiquité et d’éternité de principe, je me sens voué à un flux de vie inépuisable dont je ne puis penser ni le commencement ni la fin, puisque c’est encore moi vivant qui les pense, et qu’ainsi ma vie se précède et se survit toujours. »

LES VAGUES déploient les soliloques intérieurs de six personnages, ou plutôt de six figures : Rhoda, Jinny, Suzanne, Neville, Bernard et Louis de la petite enfance à la vieillesse ; ces soliloques se présentent sous forme de répliques, de dialogues intériorisés, une sorte de théâtre silencieux et pourtant peuplé de mots. «Cela » parle, de conscience à conscience, dans une sorte d’adresse muette. L’écriture de Woolf est une écriture de la sensation, des affects, des perceptions, qui rend compte de la simultanéité et de la conjonction de tout ce qui nous traverse à chaque instant, ce qui entre dans notre champ de vision, atteint notre oreille, nous fait frissonner : de la pensée la plus haute et la plus abstraite à la remarque la plus triviale, la plus banale. Tout ce qui fait que nous ne sommes jamais « un », précis, défini, déterminé, dans le moment présent, mais ouvert, multiple, paradoxal, contradictoire et toujours en deçà ou au-delà de ce moment.

De l’enfant, de l’adolescent que nous avons été, nous gardons, bien plus que des souvenirs, la trace indélébile, une forme inscrite pour toujours, un creuset dans lequel les milliers de jours passés viennent se couler, se teintant différemment, mais nous pensons toujours avec et par cette partie de nous qui tout à la fois a existé, n’existe plus et demeure. De cela Virginia Woolf a parlé mieux que quiconque. L’expérience, les évènements, les accidents, l’apparence qui se modifie, tout cela n’est rien. Au fond il y a cette cire fragile et blanche, prête à couler dans toutes les directions possibles, qui nous constitue ontologiquement, essentiellement.

D’une certaine façon, c’est le temps qui est le sujet des Vagues, comment saisir ce flux, cette catégorie de pensée, ce champ sur lequel les figures se développent, s’entrechoquent au gré de la contingence de leurs existences.

C’est pourquoi, dès le début, cette adaptation a été conçue en pensant que deux acteurs de génération différente prendraient successivement en charge chaque figure créée par Virginia Woolf. Ils seront donc douze comédiens sur scène. La communauté qu’ils forment constitue l’utopie essentielle de cette aventure, et je les en remercie.

Marie-Christine Soma


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© M.-C. Soma

Marie-Christine Soma est née à Marseille en 1958.
Elle a obtenu une licence de Lettres classiques et une maîtrise de Philosophie.

Éclairagiste depuis 1985, après avoir été régisseur lumière au Théâtre de la Criée à Marseille puis assistante d’Henri Alekan sur Question de géographie dans la mise en scène de Marcel Maréchal, ainsi qu’assistante de Dominique Bruguière pour le Temps et la chambre de Botho Strauss, mise en scène de Patrice Chéreau.

Entre Théâtre et Danse, elle crée les lumières des spectacles de Geneviève Sorin, Alain Fourneau, du groupe Ilotopie, puis à partir de 1990 de ceux de Marie Vayssière, François Rancillac, Alain Milianti, Jean-Paul Delore, Jérôme Deschamps, Éric Lacascade, Michel Cerda et plus récemment d’Éric Vigner, Arthur Nauzyciel, Catherine Diverrès, Marie-Louise Bischofberger, Jean-Claude Gallotta, Jacques Vincey , Frédéric Fisbach, Éléonore Weber, Laurent Gutmann…

En 2001 débute la collaboration avec Daniel Jeanneteau, avec Iphigénie de Jean Racine au CDDB Théâtre de Lorient. Elle se poursuit en 2003 avec La Sonate des spectres d’August Strindberg dans le même théâtre, puis en 2005 avec Anéantis de Sarah Kane au Théâtre National de Strasbourg. Elle participe en 2006 à la création de l’opéra de George Benjamin Into the Little Hill dans le cadre du festival d’Automne à l’Opéra Bastille, et en 2007 à la création d’Adam et Ève de Mikhaïl Boulgakov à l’Espace Malraux de Chambéry.

Elle cosigne avec Daniel Jeanneteau la mise en scène des Assassins de la charbonnière d’après Kafka et Labiche à l’école du TNS en 2008, celle de Feux (trois pièces courtes) d’August Stramm au Festival d’Avignon 2008, puis celle de Ciseaux, papier, caillou de Daniel Keene en 2010.

Parallèlement au travail de lumière scénique, elle conçoit les éclairages pour deux expositions‑spectacle à la Grande Halle de la Villette, Fêtes foraines en 1995 et le Jardin planétaire en 1999 ainsi que ceux de l’installation de la photographe Nan Goldin dans la Chapelle de la Salpêtrière lors du festival d’Automne 2004.

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© M.-C. Soma