© Amandine Ferrando
En octobre 2014 le Comité des Lecteurs du Studio-Théâtre avait déjà accueilli Hakim Bah pour l’étude de plusieurs de ses textes. Nous le retrouvons en octobre 2016 pour la première mise en scène de l’une de ses œuvres. Fable portant sur les tragédies de l’intime dans le contexte de la coupe du monde de football, La Nuit porte caleçon est le second volet de la trilogie Face à la mort ; elle a été écrite en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris dans le cadre de « Visa pour la création » de l’Institut Français, en partenariat avec le Tarmac, scène internationale francophone. Lauréat du comité de lecture du Tarmac en 2015, accompagné par « à mots découverts » association vitriote, le texte a été mis en lecture par l’auteur au Théâtre du Vieux Colombier – Comédie Française en mai 2016. Hakim Bah vient d’obtenir le Prix RFI Théâtre pour son texte Convulsions.
LA NUIT PORTE CALEÇON
jeudi 6 octobre à 20h30
vendredi 7 octobre à 20h30
samedi 8 octobre à 20h30
dimanche 9 octobre à 16h
texte et mise en scène Hakim Bah
collaboration à la mise en scène Diane Chavelet
scénographie Irène Marinari
création sonore Guillaume-Van Roberge
création vidéos Amandine Ferrando et John Bardakos
création lumière Gabriele Smiriglia
costumes Sara Bartesaghi Gallo assistée de Simona Grassano
administration Ninon Argis
avec Nicolas Blandin, Adrien Calendron, Régis Chaussard, Clémence Laboureau et Clément Lejeune
production Compagnie Paupières Mobiles ; coproduction Studio-Théâtre de Vitry ; avec le soutien de la DRAC Île-de-France, de Confluences (lieu d’engagement artistique), de la Fondation de France (bourse déclic jeune), de Lilas en scène, de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et du Crous de Versailles
À l’heure où sa ville s’apprête à accueillir la coupe du monde de football, la vie de Gaspard vire au tragique. Tout commence lorsqu’il est témoin du suicide d’un vendeur ambulant pris dans une opération de ratissage. Tandis que Gaspard est emporté dans une suite d’événements et de révélations inattendus sur ses propres origines, les autorités en font le coupable idéal pour calmer la population qui réclame justice suite à la mort du vendeur ambulant. Il ne faudrait pas entacher l’image du pays avant la grande rencontre sportive…
Note d’intention de mise en scène
George Orwell déclarait dans un article de 1945 : « Au niveau international le sport est ouvertement un simulacre de guerre ».
Aujourd’hui cela est d’une actualité criante, avec l’Euro 2016 en France marqué par des actes de violence et de vandalisme.
Longtemps j’ai été grand supporteur de football. Dans ce spectacle, j’ai envie de questionner ce sport qui a bercé mon adolescence où (au lieu d’aller au théâtre comme on n’avait pas de théâtre) on faisait des kilomètres de marche pour voir des matchs de foots dans des vidéos clubs. S’en suivait des discussions, qui pouvaient même amener au coup de poing. A cela d’ailleurs Orwell ajoutera : « Je suis toujours stupéfait d’entendre des gens déclarer que le sport favorise l’amitié entre les peuples. »
Pour la mise en scène de « La nuit porte caleçon », j’ai envie de puiser dans les règles du football pour faire du théâtre. Eugène Ionesco écrit dans Notes et contre-notes : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match de football, de boxe, de tennis. Le match nous donne en effet l’idée la plus exacte de ce qu’est le théâtre à l’état pur : antagonismes en présence, oppositions dynamiques, heurts sans raison de volontés contraires. »
Le football comme théâtre donc. Car au théâtre comme au foot, on parle d’action. De même on joue une pièce, de même on joue un match. Dans les deux cas, on a affaire à un spectacle donné devant un public venu y assister, dans un lieu déterminé. Acteurs et joueurs sont des êtres humains en chair et en os qui font vivre le jeu. Chaque acteur se voit attribuer un rôle, un personnage, comparable à l’une des positions occupée par un joueur dans un match. L’affrontement est à la source de la dynamique sportive qui se construit sur la lutte entre deux joueurs ou deux équipes. Au théâtre, l’action repose aussi sur des oppositions.
Par contre, le théâtre donne une vision du monde et de l’homme. Le match, lui, ne prétend pas donner à réfléchir sur la condition humaine. Le joueur n’ouvre pas le chemin de la pensée à son supporteur.
C’est pourquoi, j’ai choisi le théâtre pour m’interroger, interroger et donner à réfléchir sur le football aujourd’hui. Ce qu’est devenu ce sport au-delà du simple fait sportif.
Avec le monopole des gros sponsors, le football est une grande manne financière où l’enjeu n’est plus que sportif, mais économique et politique. Il ne s’agit plus que de jeu, mais aussi de rentabilité et de pouvoir. N’a-t-on pas vu en 2014 au Brésil ou en 2010 en Afrique du Sud des populations entières violentées, délogées, chassées de force de leur maison pour l’organisation de la coupe du monde de football ? Un des dirigeants de la FIFA avait même dit en 2014 : «Je vais vous dire quelque chose qui peut paraître fou mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une coupe du monde ». Ou encore : « Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays où il faut négocier à plusieurs niveaux ».
© Amandine Ferrando
La Compagnie Paupières Mobiles
La compagnie créée à Paris, en novembre 2015, est animée par le besoin de rencontre, d’ouverture, à d’autres cultures, d’autres façons de voir le monde, de dire le monde, de penser le monde. Animée toujours et à chaque fois par la volonté forte de croisement. Permettre à des artistes de continents différents, de cultures différentes, de se rencontrer dans un monde miné par les frontières.
Et.
Parce que nous croyons (fortement) que, sortir de chez soi, changer de lieu, tendre la main, aller à la rencontre des autres, à la rencontre du monde, c’est questionner sa propre identité, sa relation au monde et voir autrement, et entendre autrement, et penser autrement. Se déplacer, partir ailleurs, c’est provoquer le déséquilibre, le mouvement et permettre le renouveau nécessaire à l’artiste.
Mais pas seulement.
Nous pensons que les frontières se tissent aussi au sein des politiques culturelles, et de cloisonnements disciplinaires, que c’est en commençant par s’entre-écouter que se déferont les réseaux cousus et inhibant de la pensée et de la création. C’est des lieux de paroles et de rencontres que nous cherchons à créer, à développer. C’est l’opportunité de penser, simplement, le monde contemporain, dans ses écritures, dans ses paroles, dans ses apocalypses. Car ce qui guide notre pensée, notre parole, nos écritures, dans nos migrations et nos recherches, est une quête d’inconfort.
La nuit porte caleçon est la première création de la compagnie.
Hakim BAH, né à Mamou en Guinée. Il est sortant du Master mise en scène et dramaturgie à l’Université de Paris-Ouest Nanterre. Depuis 2012 il est invité régulièrement en résidences d’écriture en France (Maison des auteurs des Francophonies en Limousin, Théâtre de l’aquarium, Cité Internationale des Arts à Paris, Centre Intermonde de la Rochelle), au Burkina Faso (RECREATRALES), en Guinée (Univers des Mots), au Maroc-Tanger (Espace Pandora avec le soutien de la Région Rhône-Alpes). Ses textes sont créés et joués en Afrique et en Belgique et présentés sous forme de lectures dans différents lieux et festivals en France (Avignon, Francophonies en Limousin, Regards croisés, Text’Avril, Printemps des inédits, Comédie de l’Est, L’Apostrophe, Théâtre de l’aquarium, Ecritures en partage dirigée par Monique Blin, Comédie-Française, Le Tarmac, Théâtre 13…). Son travail reçoit de nombreux prix (Prix des Journées Lyon des Auteurs de Théâtre, Prix d’écriture Théâtrale de la ville de Guérande, Prix des Inédits d’Afrique et d’Outremer, Prix du public au festival Text’Avril) et bourses (Institut Français, Beaumarchais, CNL, CNT). Ses pièces À bout de Sueurs, Ticha-Ticha, Sur la pelouse et Le Cadavre dans l’œil sont publiées chez Lansman Éditeur. Il a par ailleurs suivi des stages de mise en scène avec François Rancillac et Jean-Lambert Wild.
Diane CHAVELET est née à Paris. Elle a suivi des études de Lettres et Arts à Paris 7 jusqu’à l’obtention de son Master. Elle a ensuite voyagé en Allemagne et aux Etats-Unis, où elle a enseigné la langue et la littérature française et suivi les cours de doctorat à l’Université de Pennsylvanie. Depuis qu’elle est retournée en France en 2010, elle est traductrice pour les éditions Robert Laffont, a travaillé pour la revue Feuilleton (Edition du sous-sol, Seuil), enseigne le français et l’anglais au lycée et anime des formations en entreprise. Elle conduit depuis trois ans une thèse à Paris 7 en littérature comparée, sous la direction de Catherine Coquio, intitulée, « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte autour de Dieudonné Niangouna (Congo- Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) ». Dans ce cadre elle réalise un film documentaire sur la place de l’évènement d’art dans la vie politique du Congo-Brazzaville et publie des articles scientifiques. Elle est à l’initiative d’un événement d’art intitulé « On ne paye pas », laboratoire d’expérimentation artistique et d’échanges. Elle vient d’achever son premier roman, Devenir, et un texte de théâtre, Mouvements. Ses nouvelles sont publiées dans la revue « Rue Saint-Ambroise ». Elle est co-directrice de la compagnie Paupières Mobiles et collabore à la mise en scène de La nuit porte-caleçon aux côtés d’Hakim Bah.
Nicolas BLANDIN, diplômé d’histoire à la Sorbonne, Nicolas se forme aux cours Florent au jeu d’acteur (caméra et théâtre), à l’écriture et à la mise en scène. Il suivra également une formation de clown, pantomime et masque auprès de François Frapier. Il joue dans différents spectacles, du classique au contemporain, en passant par le spectacle pour enfant Venus et Eros au Purgatoire de Philippe Ulysse ; Monsieur de Pourceaugnac de Molière, mise en scène Clément Hervieu-Léger ; Le Saperleau de Gildas Bourdet mise en scène François Frapier ; Les Métamorphoses d’Ovide, création collective ; Grignotin et Mentalo mis en scène par Océane Pivoteau. En 2012 il participe à la création de la compagnie Grappa avec laquelle il crée plusieurs spectacle dont Britannicus de Jean Racine, mais aussi J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, présenté au festival Préliminaire 2014 et joué au théâtre de Vanves. Parallèlement, il se lance dans la réalisation, et plus particulièrement de courts-métrages d’animation. Ainsi il réalise Look at me qui sera récompensé à la Journée du Court-Métrage de 2012. Il rejoint en 2015 les ateliers Joffrine qui proposent des ateliers de créations dans les hôpitaux et travaille régulièrement de la section pédopsychiatrique de la Pitié Salpetrière de Paris. Les films réalisés dans ces ateliers sont remarqués et exposés. On peut le retrouver également dans plusieurs courts-métrages, notamment Terminus d’Iris Chassaigne et Clara Mary.
Adrien CALENDRON s’est formé aux cours Florent avant d’entrer dans une compagnie de théâtre pour jouer Atteintes à sa vie de Crimp, puis Roberto Zucco de Koltès, et Oncle Vania de Tchékhov. Il joue en parallèle dans des courts-métrages, et prépare pour la saison 2015-2016 Le 20 novembre avec sa propre compagnie, Quatrelements.
Régis CHAUSSARD, formé à l’école de la scène, il joue depuis l’âge de 9 ans. Il débute sous la caméra de Jacques Tréfouël puis se dirige naturellement vers le théâtre. Alternant les auteurs classiques et contemporains, il travaille Molière, Goldoni, De Obaldia, Vian, Dubillard, Kane, Handke. Il est également chanteur et a participé à plusieurs comédies musicales, dernièrement Blanche-Neige à Bobino, ou encore Phi-Phide Christine au Théâtre du Trianon, ainsi que de multiples soirées cabaret sous la direction de Victor Bianco en chantant Brel, Ferré ou Montand. Il est à l’affiche du spectacle Peter Pan depuis sa création en 2005, et toujours joué actuellement à Bobino. Il travaille également régulièrement pour France Culture où il enregistre des fictions radiophoniques sous la direction de Jean-Matthieu Zahnd, Michel Sidorof ou Étienne Valles. Dernièrement il tournait pour France 2 sous la direction de Frédéric Berthe, dans Silences d’État et plus récemment pour la nouvelle série Leibovitz contre Leibovitz.
Clémence LABOUREAU. Après un Master en Lettres Modernes à Diderot-Paris VII et en Littératures Anglophones à La Sorbonne-Paris IV, Clémence suit une formation en art dramatique au Conservatoire National de Région de Saint-Maur, au conservatoire du Centre à Paris puis en classe CEPIT à l’ENMDAD. Elle collabore ensuite régulièrement avec Marie-Christine Mazzola – La charmante compagnie (Le temps et la chambre de Botho Strauss, Hiver de Jon Fosse, L’entre-deux de Marie-Christine Mazzola, Tu trembles de Bruno Allain) et Léonce Henri Nlend – La bande de Niaismans (Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, Big shoot de Koffi Kwahulé, Djeuhdjoah, keske tu fela de Koffi Kwahulé). En 2016-2017, elle joue dans Ogres de Yann Verburgh, voyage au cœur de l’homophobie, mis en scène par Eugen Jebeleanu – Compagnie des Ogres ; dans Colonies, artifice familial sur la crise agricole, mis en scène par Nadège Cathelineau – Groupe Chiendent ; dans L’Atome, théâtre-documentaire sur le nucléaire, écrit et mis en scène par Julien Avril – Compagnie Enascor. Elle est également chanteuse au sein du quartet de jazz Oléo.
Clément LEJEUNE, est né à Melun en 1985. Il suit une formation scientifique. Après une expérience de journaliste sportif, il se tourne vers le théâtre. Participant à de nombreux ateliers notamment ceux du Vélo volé ainsi qu’à de stages avec Elisabeth Tamaris et Nita Klein, il continu actuellement sa formation auprès de Margaux Lecolier et de Victor Quezada Pérez. Il rencontre Hakim Bah aux ateliers du Studio-Théâtre de Vitry en janvier 2015 et embarque dans la foulée sur le projet La nuit porte Caleçon.
Hakim Bah vient de recevoir le Prix Théâtre RFI pour Convulsions, troisième volet de sa trilogie intitulée Face à la mort.
La nuit porte Caleçon sera également présenté à Lilas en scène les 14 et 15 octobre prochains.
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