Blasted (Japon)

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13 juin à 16h, 14 juin à 16h30, 20 juin 17h30, 21 juin à 13h30 et 19h
au Box Theatre, Shizuoka Performing Arts Park, Shizuoka

11 juillet à 14h
au Shunjuza, Kyoto Performing Arts Center, Kyoto

BLASTED

de Sarah Kane

Texte japonais Ayaka Onishi
Mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau
Collaboration artistique Marie-Christine Soma

avec
Kazunori Abe
Asuka Fuse
Koichi Otaka

Régie générale Eri Fukasawa
Régie plateau et construction Reiko Hikosaka
Régie plateau Kazumi Ichikawa, Risa Ichikawa, Tomokuni Nakaya
Régie lumière Sachiko Kawashima
Conseiller à la lumière Michitomo Shiohara
Régie costumes Toru Takeda
Habilleuse Jungmin Kwack
Régie son Ryosuke Aoki
Interprètes Hiromi Yamada, Maï Yoshino
Attachée de production Takako Oishi

Production Shizuoka Performing Art Center (SPAC) avec le soutien de Cultures France


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© Spac

Anéantis commence comme un drame relationnel classique (Sarah Kane pensait à Ibsen) : un homme, une femme, la situation claustrophobique d’un lieu fermé (une chambre d’hôtel de luxe). Mais la forme traditionnelle est soudain et violemment interrompue par l’irruption d’un élément inattendu (un soldat) qui, sans explication logique, entraîne les personnages et la pièce dans une « dépression chaotique » (elle pensait à Beckett). Dans sa structure brisée, la pièce pose la question : quel est le rapport entre un viol ordinaire commis à Leeds et le viol en masse utilisé comme arme de guerre en Bosnie ? La réponse semble être que le rapport est très étroit. L’unité de lieu évoque l’idée d’un simple mur de papier qui séparerait la sécurité et la civilisation de l’Angleterre tranquille de la violence et du chaos de la guerre civile. Un mur qui pourrait être déchiré, sans prévenir, à tout moment. Comment ne pas penser à la déchirure du 11 septembre, et aux mille déflagrations, encore discrètes, qui travaillent la société occidentale.

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© Spac


Anéantis au Japon ?

J’ai rencontré le Japon il y a exactement 10 ans, lors d’un séjour déterminant à la Villa Kujoyama. Depuis j’y suis retourné souvent, notamment grâce à une bourse de la Villa Médicis Hors-les-Murs obtenue avec mon ami Pierre Duba pour un projet de bande dessinée. Je n’y ai encore jamais vraiment travaillé. J’y ai vécu, essentiellement. Il aura fallu tout ce temps d’imprégnation et d’étonnement pour envisager de me risquer à créer un spectacle là-bas. A la demande expresse de Satoshi Miyagi, ce projet porte sur Anéantis de Sarah Kane, que j’ai déjà monté en 2005. Étrange retour à un texte qui a marqué définitivement tout mon parcours d’homme de théâtre.
Les Japonais ont un long passé d’isolement. Cela se sent encore aujourd’hui : leur insularité, leur étonnement devant la différence, leur goût pour l’étrangeté, leur nationalisme aussi. Le reste du monde suscite en eux de l’inquiétude en même temps qu’une profonde et viscérale curiosité.
Anéantis raconte le retour catastrophique d’une hantise. La pièce se passe au point de rupture entre la fiction des vies surprotégées du monde dit civilisé, et la réalité de la barbarie la plus sauvage. Pourtant rien ne différencie vraiment les humains qui s’entredéchirent. Comme en Bosnie, comme au Proche-Orient. Le pire a surgi parmi eux, en eux. Les sociétés développées, obsédées par les idées de sécurité et de santé, voient grandir en elles la violence sourde de ce qu’elles nient.
L’imaginaire de la violence hante la culture japonaise. Il n’est pas impossible que cela soit lié au fait que le Japon, à un moment de son histoire, ait voulu se protéger de la différence. Anéantis, pièce européenne, peut trouver au Japon une évidence renouvelée…

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« Sarah Kane ne voulait pas qu’on prenne ses indications au pied de la lettre. Elle était étonnamment prude à propos de son oeuvre. Elle ne voulait pas que le public voit des pipes ou des mutilations ; pour elle, c’était des images. Elle avait lugé cynique la mise en scène d’Anéantis à Berlin. Elle l’avait trouvée choquante, branchée et stylisée, à l’image du cinéma de Tarantino qu’elle détestait. Ils avaient pris la pièce au pied de la lettre et la nudité y était trop présente. C’était fidèle au texte, mais ça manquait de sens métaphorique, de poésie, et elle trouvait cela détestable. »

D’après Nils Tabert,
traducteur allemand de Sarah Kane

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