Cavaliers vers la mer – 2006

Cavaliers vers la mer – 2006

De John Millington Synge
Traduction et mise en scène Benoit Résillot

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Avec
Vanda Benes : Cathleen
Pulchérie Gadmer : Nora
Jean-Stéphane Havert : Bartley
Laurence Mayor : Maurya
Giuseppe Molino: John

Assistante à la mise en scène Sarah Siré
Lumières Marie-Christine Soma
Costumes Olga Karpinsky
Réalisation costumes Martine Pichon

Production Studio-théâtre de Vitry
Jeudi 23 et vendredi 24 novembre à 20h
Jeudi 7, vendredi 8, samedi 9 décembre à 20h
Dimanche 10 décembre à 17h
Jeudi 14, vendredi 15, samedi 16 décembre à 20h
Dimanche 17 décembre à 17h

« Dans ce cri de douleur la conscience interne des gens semble s’étendre nue pour un instant et révéler l’humeur des êtres qui ressentent leur isolation face à un univers qui les combat par les vents et les mers. Ils sont d’ordinaire silencieux, mais en présence de la mort toute apparence d’indifférence ou de patience est oubliée, et ils poussent des cris avec un désespoir à faire pitié devant l’horreur du destin auquel ils sont tous condamnés. »
John M. Synge, Les Iles Aran, 1ère partie

C’est la nuit
Un poète, un homme voyageur, curieux, réservé, attentif et rêveur : John Millington Synge.
Des bribes du récit de ses cinq voyages dans les Iles Aran, entre 1898 et 1902, où il observe les vestiges d’une société maintenue archaïque par son combat permanent contre l’océan.
Une pièce, Cavaliers vers la mer, écrite en 1902, dans un moment foisonnant de la vie de l’écrivain. C’est sa deuxième pièce. La même année, il en écrira deux autres, l’Ombre de la vallée et les Noces du rétameur. En 1903, la Fontaine aux saints. Jusqu’à sa mort en 1909, il écrira deux pièces majeures : le Baladin du monde occidental et Deirdre des douleurs. Dans cette suite d’œuvres, les Cavaliers vers la mer font figure de drame bref, une tragédie imprégnée de nature et d’archaïsme ; écrite avec un élan qu’on aurait tort de qualifier de romantique par un jeune homme généreux, soucieux de restituer dans une fiction les couleurs de ses observations minutieuses.
Synge décrit l’imminence des désastres, la déploration. Les ressorts antiques de la tragédie semblent lui convenir. On peut en dresser une liste : l’exposition rapide, les présages et prémonitions, la tension du drame et la raréfaction de l’air, les suspensions de temps et d’action, comme des glaciations d’effroi, et le travail d’une langue appauvrie, précise et directe, au service d’une concision dramaturgique exemplaire où la parole n’est pas facile.
Toutes ces pistes qu’il développera dans Deirdre des douleurs, en y ajoutant la luxuriance d’un contexte d’Irlande pré-chrétienne.
Entre rêve sombre et réalité fatale, c’est par la poésie que Synge délivre son émotion, la gorge serrée dans la nuit.
Benoit Résillot – octobre 2006