Aurélia Steiner

Aurélia Steiner

Spectacles de Frédéric Fisbach au Studio-Théâtre
de Marguerite Duras

Atelier : juin 2003 – mai 2004 – février 2005
Juin 2003 : première étape de travail , deux semaines de recherche autour du texte et rencontre avec les amateurs du Studio.
Mai 2004 : deux semaines de répétition et première ouverture(s) au public.
Février 2005 : création au Studio du 16 au 20 février 2005.

Ouverture aux spectateurs associés le 30 mai à 17 heures et le 31 mai à 19 heures.
Représentations au Studio-théâtre : du 16 au 20 février 2005
Chantier mené par Valérie Blanchon, Séverine Batier, Pascale Nandillon et Nathalie Nambot du 18 août au 14 septembre.

« C’est une disparition. Il n’y a pas où aller prier. Où appeler… On peut appeler sur les fleuves ou sur les routes. Sur les fleuves. Dans les capitales. Ces appels, c’est l’écriture. »

M. D

Aurélia Steiner. Un appel. Un nom. Figure postée en trois points du globe : Melbourne, Vancouver, Paris. Epousant la géographie d’une terre marquée par les lignes d’errance des habitants, elle écrit. La vieille histoire de ceux qui n’ont plus de lieu où aller, où dormir. Ici, comme ailleurs, revient chez Duras cette figure née de et dans la catastrophe. Celle des camps. Aurélia, des différents points du monde, des déserts, appelle, crie, forme l’alphabet nécessaire à la survie. Celui d’Amour, d’aimer. Elle tisse un suaire de mots, de questions, aux victimes, à l’oubli, à elle-même.
Aurélia revient. C’est d’un monde avant l’histoire qu’il s’agit. D’un commencement, d’un désert. D’une page vierge. “Que le monde aille à sa perte” seule possibilité d’envisager. De voir encore. Comme si vivre ne pouvait se re-penser qu’à partir de ce néant, de cette absence.
Aurélia trace le territoire de cette perte à partir d’un jardin plein de roses, d’un ciel bleu d’orage, la plage, la mer animale ou le haut d’une tour noire au milieu d’une forêt. Elle s’adresse, à un homme, un père, une vielle dame, un vivant aimé. A nous. Elle écrit des lettres. Dépose l’existence informe des gestes et pensées. Trace. L’effort muet de l’encre. Donne naissance, nom, à ce qui vit et resterait dans le trou de l’oubli et de la mort s’il demeurait tu. Elle convoque les objets, les hommes, chats, mouche, papillon, le minéral et les arbres, les nuages et la mer, le corps mort du monde, sa vie silencieuse.
Figure, revenante, Aurélia n’a pas de visage. Elle a tous les visages.

Le plateau : l’espace du re-commencement. Donner forme à l’informe.
Nous voyant dans l’entre de nos emplois du temps, dans la difficulté matérielle de se retrouver, temps partagés entre travail et mobilisation ( c’était le mois de juin 2003 et cette année encore… ) nous essayons, sans metteur en scène, d’interroger nos façons de travailler, ensemble et dans le cadre. Penser la question politique qui traverse les écrits de Duras, sa vie, nos vies.
Nous en sommes là.

Comment transcrire par des voix et gestes simples, la matérialité de cet alphabet.
Donner lieu à l’appel. Devenir non seulement les témoins et dépositaires de l’écriture.
Mais aussi, les suivants d’un monde menacé, travaillés par l’idée folle et humaine que nos actes peuvent sauver de la catastrophe. Ou à défaut, la reconduire.
Ce texte nous invite à la question.