Archives pour février 2014

Daniel Jeanneteau

JeannetteauDaniel Jeanneteau

Daniel Jeanneteau est né en 1963 en Moselle. Il a étudié à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg puis à l’école du TNS.

Il a mis en scène et conçu les scénographies d’IPHIGÉNIE de Jean Racine (2001, CDDB – Théâtre de Lorient / TNS Strasbourg) ; de LA SONATE DES SPECTRES d’August Strindberg (2003, CDDB – Théâtre de Lorient / TGP St Denis) ; d’ANÉANTIS de Sarah Kane (2005, TNS Strasbourg / TGP St Denis) ; de INTO THE LITTLE HILL, opéra de George Benjamin et Martin Crimp (2006, Opéra Bastille) ; d’ADAM ET ÈVE de Mikhaïl Boulgakov (2007, Espace Malraux de Chambéry / TGP St Denis) ; de BLASTED de Sarah Kane (2009, Shizuoka, Japon) ; de BULBUS d’Anja Hilling (2011, Studio-Théâtre de Vitry / Maison de la Culture d’Amiens / La Colline-théâtre national) ; de THE GLASS MENAGERIE de Tennessee Williams (2011, Shizuoka, Japon ) ; de LES AVEUGLES de Maurice Maeterlinck (2014, Studio-Théâtre de Vitry / Ircam-Centre Pompidou) ; de FAITS (fragments de l’Iliade) d’après Homère (2014, Subsistances / Biennale de la Danse de Lyon) ; de MÔTEN TACHI (Les Aveugles) de Maurice Maeterlinck (2015, Shizuoka, Japon ) ; de MON CORPS PARLE TOUT SEUL, installation-performance avec Yoann Thommerel et Daniele Ghisi (2015, Studio-Théâtre de Vitry / Ircam-Centre Pompidou) ; de LA MÉNAGERIE DE VERRE de Tennessee Williams (2016, Studio-Théâtre de Vitry / Maison de la Culture d’Amiens / La Colline-théâtre national).

Il a cosigné avec Marie-Christine Soma les mises en scène de LES ASSASSINS DE LA CHARBONNIÈRE d’après Kafka et Labiche, (2008, École du TNS Strasbourg ) ; celle de FEUX (trois pièces courtes) d’August Stramm (2008, Studio-Théâtre de Vitry / Maison de la Culture d’Amiens / Festival d’Avignon) ; de CISEAUX, PAPIER, CAILLOU de Daniel Keene (2010, Studio-Théâtre de Vitry / Maison de la Culture d’Amiens / La Colline-théâtre national) ; de TRAFIC de Yoann Thommerel (2014, Studio-Théâtre de Vitry / Maison de la Culture d’Amiens / La Colline-théâtre national).

Il a rencontré Claude Régy en 1989, dont il a conçu les scénographies pendant une quinzaine d’années (notamment L’AMANTE ANGLAISE de Marguerite Duras, LE CERCEAU de Viktor Slavkine, CHUTES de Gregory Motton, JEANNE D’ARC AU BÛCHER de Honnegger / Claudel, PAROLES DU SAGE d’Henri Meschonnic, LA MORT DE TINTAGILE de Maurice Mæterlinck, HOLOCAUSTE de Charles Reznikov, QUELQU’UN VA VENIR de Jon Fosse, DES COUTEAUX DANS LES POULES de David Harrower, 4.48 PSYCHOSE de Sarah Kane, VARIATIONS SUR LA MORT de Jon Fosse…).

Il a conçu entre autres les scénographies de spectacles de Catherine Diverrès, Gérard Desarthe, Éric Lacascade, Jean-Claude Gallotta, Alain Ollivier, Marcel Bozonnet, Nicolas Leriche, Jean-Baptiste Sastre, Trisha Brown, Jean-François Sivadier, Pascal Rambert…

Il a réalisé avec Clotilde Mollet et Hervé Pierre les spectacles LE GARDEUR DE TROUPEAUX (2000) et CAEIRO ! (2005) d’après Fernando Pessoa (Le Volcan – Maison de la Culture du Havre / La Colline-théâtre national).

Metteur en scène associé au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis de 2002 à 2007, à l’Espace Malraux de Chambéry pour la création d’ADAM ET ÈVE, à la Maison de la Culture d’Amiens de 2007 à 2017, au Théâtre National de la Colline de 2009 à 2011.

Lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto en 1998.
Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs au Japon en 2002.

Grand prix du syndicat de la critique en 2000 pour les scénographies de QUELQU’UN VA VENIR et DES COUTEAUX DANS LES POULES, et en 2004 pour les scénographies de VARIATIONS SUR LA MORT et PELLÉAS ET MÉLISANDE.

Directeur artistique du Studio–Théâtre de Vitry de janvier 2008 à décembre 2016.
Directeur du Centre Dramatique National de Gennevilliers à partir de janvier 2017.

L’équipe du Studio-Théâtre de Vitry

L’équipe du Studio-Théâtre de Vitry

 

Direction artistique : Daniel Jeanneteau

Direction adjointe : Juliette Wagman

Direction du Comité des lecteurs : Stéphanie Béghain

Chargé des relations avec les publics : Jérémy Tourneur

Régie générale : Pierre-Damien Crosson

Chargée d’administration : Réjane Michel

Agent d’entretien : Dina Ferreira-Peireira

Le projet pour le Studio-théâtre de Vitry

Le projet pour le Studio-théâtre de Vitry

Par Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma

Le Studio-Théâtre de Vitry n’est pas un théâtre, c’est un lieu de recherche, un laboratoire où doit s’inventer un théâtre qui parle à son temps. La recherche n’induit pas nécessairement l’autarcie. Le Studio-Théâtre n’est pas un abri. C’est au contraire l’endroit où se risquer. Cette possibilité du risque est la condition d’une création vivante. Le paradoxe et la qualité de cet atelier idéal, c’est précisément de permettre suffisamment de retrait pour se risquer mieux.

Le théâtre est l’endroit où une société se pense, dans ses moindres recoins de subjectivité. Nous aimons nous prêter, c’est notre vocation, à cette pensée du monde. Mais il faut du temps et du calme pour se laisser traverser par ce qui se pense hors de nous. Le Studio-Théâtre de Vitry permet ce qu’aucun théâtre ne propose : la souplesse d’une recherche permanente. Certains textes nécessitent des mois, voire des années avant de dégorger la forme nouvelle qui les exprimera sur scène. D’autres peuvent s’accomplir dans la légèreté d’une expérience immédiate.

Nous ne voulons plus concentrer l’essentiel de nos efforts sur le temps trop court des répétitions, mais développer une pratique du théâtre régulière, continue, prendre le temps d’inventer la forme singulière propre à chaque projet, chaque écriture, comme une aventure en soi, un univers. C’est même l’une des caractéristiques essentielle de nos spectacles : la forme est à chaque fois revisitée, réévaluée, repensée. Elle n’est pas l’expression d’un style, d’un savoir-faire, mais elle se réinvente au contact des oeuvres, des comédiens, des lieux et des temps que nous vivons.

Après une carrière déjà longue de scénographe et d’éclairagiste au service des projets de nos aînés, nous avons entamé depuis 2001 une démarche de création personnelle :
Iphigénie de Racine en 2001, La Sonate des spectres de Strindberg en 2003, tous les deux créés au Centre Dramatique de Bretagne à Lorient ; Anéantis de Sarah Kane, créé en 2005 au Théâtre National de Strasbourg ; Adam et Ève de Boulgakov créé en 2007 à l’Espace Malraux de Chambéry. Ces quatre spectacles ont rencontré un large public, tant à la création qu’en tournée. Ils ont tous été joués plus d’une cinquantaine de fois à travers toute la France (Adam et Ève a été vu par près de 10000 spectateurs).

A partir de 2002 nos projets ont été coproduits et accueillis par Alain Ollivier et le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Aujourd’hui, nous éprouvons le besoin vital de nous engager dans la durée d’une vie locale. Nous voulons habiter le Studio-Théâtre, en faire le creuset d’une lente maturation ouverte sur l’extérieur. Le lieu et la structure sont un appui pour permettre à une compagnie de rayonner, et rayonner ne signifie pas seulement transporter ailleurs ce qui a pu naître à Vitry, rayonner c’est aussi devenir un foyer, petit certes mais vivant, un centre, un noyau, qui attire autant qu’il se dilate et essaime.

Le Studio, inscrit discrètement dans le tissu urbain, est une maison qu’il faut partager, faire vivre, une maison qui n’est pas isolée des autres.

Parler à son temps

La question de la distance qui s’est creusée entre la communauté et son théâtre se pose aujourd’hui avec une urgence inquiétante. Nous pensons que le théâtre appartient à la cité qui le voit naître, et qu’avant tout il doit s’offrir comme matière à penser le présent.

Aux époques de Shakespeare ou de Racine, on ne jouait que du théâtre contemporain. Il ne serait venu à l’idée de personne de reprendre un texte ancien. On les connaissait, on s’en imprégnait, on s’en inspirait, mais le théâtre parlait à son temps dans un dialogue immédiat et brûlant. Molière en est évidemment un très grand exemple.

Lors de notre dernière création (Adam et Eve), il nous a paru évident que l’isolement habituel du travail ne convenait pas à certaines formes de théâtre qui ont besoin, pour s’inventer, de s’éprouver au regard du public, dès les répétitions.

Le Studio-Théâtre de Vitry nous permettra d’ouvrir régulièrement l’intimité de nos recherches. Nous voulons établir, même fragile, même balbutiant, un lien de continuité entre le tissu imaginaire qui prélude à tout mouvement d’invention, et le contexte dont il est forcément issu, la société dans laquelle nous vivons. Ces moments doivent faire partie entière et nécessaire du processus de création. Ce ne seront pas des séances que nous proposerons en parallèle au vrai travail, mais un théâtre nu et en devenir, rien qui soit achevé, le processus d’apparition lui-même.

L’un des enjeux essentiels pour nous est de repenser nos pratiques en terme de nécessité : quelle fonction « anthropologique » le théâtre peut-il encore assumer dans une société comme la nôtre, si confuse, si difficile à lire ? Nous voulons nous concerter avec les habitants de Vitry, réunir des comités de spectateurs qui nous aideront à penser notre action, à lire des textes et en choisir.

C’est dans ce cadre que nous avons proposé à des auteurs contemporains de régulièrement nous rejoindre à Vitry afin d’élaborer, au contact de nos expériences sur le terrain, un corpus de textes qui seront mis en scène au fur et à mesure de leur écriture, cela dans l’idée d’inventer un répertoire propre au Studio-Théâtre.

Partager l’outil

Toute une part de la création, et souvent la plus inventive, s’opère hors des institutions et peine à rencontrer le public. Nous n’imaginons pas disposer d’un tel espace de travail sans l’ouvrir aux artistes que nous estimons et dont la présence enrichirait le foyer vivant que nous voulons y entretenir. Le Studio-Théâtre de Vitry, par la souplesse de son fonctionnement et sa qualité de laboratoire, pourrait permettre d’accueillir lors de rendez-vous réguliers (une fois par trimestre) les travaux de metteurs en scène et de comédiens dont nous pensons que les recherches doivent être vues par le public. Sur deux ou trois jours offrir au public la possibilité de traverser plusieurs univers singuliers, dans des formes simples, sans apprêts, mais centrées sur l’écriture et le jeu.